vendredi 4 avril 2008

Il y a 40 ans, mourait Martin Luther King.

C’est le 4 avril de cette fabuleuse année 1968, celle où la face du monde a failli changer que des fanatiques ont cru pouvoir tuer un rêve en assassinant Martin Luther King, le porte-parole des Noirs. Cinq ans plus tôt, au cours de la plus importante manifestation jamais organisée à Washington, le pasteur King s'était écrié :


«J'ai fait un rêve qu'un jour,
Les fils des anciens esclaves
Et les fils des anciens propriétaires d'esclaves

Pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité (...)

J'ai fait un rêve
Que mes enfants habiteront un jour une nation
Où ils seront jugés
Non pas par la couleur de leur peau,
Mais par le contenu de leur caractère
(...).

le 14 octobre1964, il devient le plus jeune de tous les Prix Nobel de la Paix.

Le mercredi 3 avril 1968, dans la nuit, des tempêtes balayaient les États de l’Arkansas, du Kentucky, du Tennessee, détruisant des maisons, arrachant des arbres, des lignes de haute tension. Le Tennessee justement où Martin Luther King était arrivé le matin même. Dans cette nuit d’apocalypse, le Révérend King prononça, au temple Mason, son dernier discours, sûrement l’un des plus prophétiques. Il se terminait ainsi :

« Eh bien, je ne sais pas ce qui va arriver maintenant.
Nous avons devant nous des journées difficiles.
Mais peu m'importe ce qui va m'arriver maintenant,
Car je suis allé jusqu'au sommet de la montagne.
Je ne m'inquiète plus.
Comme tout le monde, j’aimerais vivre longtemps.
La longévité a son prix.
Mais je ne m'en soucie guère maintenant.
Je veux simplement que la volonté de Dieu soit faite.
Et il m’a permis d’escalader la montagne et j’ai regardé au loin
Et j’ai vu la Terre promise.
Il se peut que je n'y pénètre pas avec vous.
Mais je veux que vous sachiez, ce soir,
Que notre peuple atteindra la Terre promise.
C’est pourquoi je suis heureux ce soir.
Je ne m’inquiète de rien,
Je ne crains aucun homme.
Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur ! »

Le lendemain, au « Motel Lorraine » à Memphis, Tennessee, vers 18 heures, Martin Luther King tombait, la gorge trouée …

Si Barack Obama devait devenir président des États Unis, à qui le devrait-il?
Il y a 40 ans, la perspective d'un Noir président ressemblait au mieux à un gag, au pire à un sacrilège...

Martin Luther King est mort quand à son combat pour les droits civiques s'est ajouté la dénonciation de la guerre du Vietnam et la lutte contre la pauvreté. À Memphis, il était venu soutenir les éboueurs!

La force de la non-violence tient à ce qu'elle ne se satisfait de rien, pas même de ses succès. Elle veut la perpétuelle avancée de la justice et affronte le pouvoir des violents.

Aujourd'hui un immense chemin à été parcouru mais celui qui reste à faire est plus long et plus difficile encore : passer de l'égalité formelle, légale, entre Blancs et Noirs, à l'égalité réelle, économique et sociale. On est loin aux USA et ailleurs. En 1968, en France, Dany Cohn-Bendit lançait : "nous sommes tous des Juifs allemands". Qui dira, en 2008, au nom de tous les peuples exploités, aliénés, dominés, humiliés, toujours plus nombreux, au Tibet comme ailleurs : "nous sommes tous des Noirs assassinés et nous voulons passer du rêve à la réalité"?


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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux