Décidément les Verts n'en finissent pas de se décalquer sur leur grand frère socialiste. Un Congrès suit l'autre. Six motions à Reims, pour le PS. Six motions à Lille, pour les Verts. Pas de majorité en Champagne; pas davantage chez les Ch'tis. Le PS se perd et se cherche. Les Verts se cherchent et se perdent. Vont-ils se retrouver chez... Martine Aubry, maire de Lille?
La similitude n'est pas qu'apparente. Quatre motions émergeaient chez les socialistes : entre 18 et 30%. Quatre aussi chez les Verts entre 14 et 28%. Cécile Duflot, en tête est toute grâce, comme Ségolène. Dominique Voynet est l'élue d'une très grande ville comme Martine Aubry. Yves Cochet est un grand solitaire déçu, comme Bertrand Delanoë. N'insistons pas trop : le pendant de Benoît Hamon est difficile à trouver, à moins d'aller chercher, à presque 12%, la motion que défendait Yves Contassot...
Comparaison n'est pas raison. Les socialistes vont soit porter Ségolène Royal à la tête d'une formation tournée alors vers la démocratie à l'américaine, "people" et présidentialiste, soit se choisir une forte tête capable de régénérer le parti de Jaurès qui n'avait plus de base populaire. Avec l'aide de la gauche dite réelle, très minoritaire et encore bien traditionnelle, celle qui va se compter d'abord sur Benoît Hamon, ça devrait passer pour la fille de Jacques Delors. La guerre des roses devrait donc s'achever, après force égratignures, par la défaite de celle qui devait gagner.
Les Verts, eux, sont en apné. L'oxygène verte est surabondante et pourtant ils manquent d'air. Ils ne comprennent pas que l'écologie soit triomphante et eux sans influence. L'alliance de la carpe et du lapin devrait pourtant leur assurer un succès mince mais acceptable aux prochaines Européennes, et cela devrait suffire à sauver l'équipe Dufflot. Voynet rongera son frein, à moins qu'elle ne réussisse un coup à la Delanoë, en faisant perdre une rivale à défaut de pouvoir faire gagner quelqu'un de ses proches.
Sur les deux partis aura soufflé un petit vent venant de la gauche. En bon navigateurs, les politiciens des deux esquifs auront su détourner le souffle et faire gonfler les voiles qui emportent non au large (c'est bien trop dangereux) mais vers des ports où caboter, où se montrer, où faire emplettes dans les magasins à élections.
Cette mascarade qui fait rire de la politique n'est pourtant pas drôle du tout. De vrais questions politiques sont à aborder autrement qu'en se cherchant des places dans les médias, les urnes, les sièges des partis et les hémcycles d'assemblées. On continue de confondre les moyens et les fins.
C'est la vie, dure, belle et cruelle qui va bousculer tous les beaux parleurs et les belles parleuses, incapables d'oser sortir des cadres de pensée où, ensemble, ils stagnent, débordés qu'ils sont par une évolution écologique et économique qui n'a jamais été aussi bouleversante.
Patience! D'ici quelques mois, tout ce théâtre, avec ses représentants et ses représentations d'un autre âge, qui occupent encore les journalistes aujourd'hui, semblera dérisoire, vieillot et inadéquat.
Que de temps perdu... À chacun maintenant d'oser créer et dire comment sortir de ces impasses, au risque de l'erreur, au risque du ridicule. Ce ne sera jamais pire que ce que nous avons connu, jusqu'à présent
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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux