samedi 17 janvier 2009

Définition d'un cessez-le-feu unilatéral.

Israël va interrompre son intervention militaire. Ce n'est ni de la générosité ni un retournement politique! Ce cessez-le-feu unilatéral a, aux yeux des Israéliens, un contenu précis :
1 - On ne négocie pas avec le Hamas, organisation terroriste.
2 - On a suffisamment montré qu'on était les plus forts.

3 - On va donc rester sur place et occuper le territoire le temps qu'on voudra.
4 - Il n'y aura plus de gouvernement du Hamas à Gaza.
5 - On ne gâchera pas la fête d'Obama, l'ami américain; on aura besoin de lui.
6 - On rejette toutes les interpositions envisagées.
7 - On rouvrira le feu à la première roquette lancée sur Israël.

8 - On a gagné la guerre : la communauté internationale n'a plus qu'à le reconnaître.

La réalité est toute autre :
1 - Le Hamas reste un interlocuteur de l'Égypte qui est au cœur du processus diplomatique.

2 - "Tsahal" ne pouvait être défaite, mais elle n'a pas éliminé toute résistance palestinienne.

3 - Le maintien d'une armée d'occupation est intenable dans la durée.
4 - Le renforcement du Hamas et l'affaiblissement de l'autorité palestinienne sont patents.

5 - Obama ne pourra, actuellement, se solidariser d'Israël, vue la réprobation mondiale apparue.

6 - L'ONU sera, tôt ou tard, impliquée dans le territoire de Gaza.

7 - Avant les lancers de roquettes, il y aura des violences suicidaires contre les occupants.

8 - Le rapport des forces militaires ne garantit pas un rapport de forces politiques favorable.


Bien davantage, ce cessez-le feu unilatéral est une reconnaissance de l'impossibilité de continuer à agir militairement dans le territoire palestinien et sous la réprobation internationale. Le prix payé par les Gazaouis est, certes, terrifiant, mais il s'ensuit qu'il n'y aura pas de pardon pour les Israéliens. L'Égypte affirme qu'Israël a été "ivre de puissance et de violence". Le ton s'est donc déjà durci. Nous entrons dans une période incertaine pendant laquelle Israël va devoir rendre des comptes et, ne pouvant s'y résigner, va commettre de nouvelles erreurs. Le cri "Israël assassin" hurlé à Paris signifie une rupture politique (et non confessionnelle!) avec un État dont nul ne contestait pourtant "l'existence et le droit à vivre en paix dans des frontières sûres et garanties". La seule issue serait la reconnaissance de l'État palestinien dans les mêmes conditions. Le gouvernement israélien, loin d'avoir atteint ses objectifs, a, de nouveau, comme au
Liban, dressé une très large partie de l'opinion planétaire contre lui. Si cela ne signifie pas avoir perdu la guerre, alors c'est qu'on s'aveugle. Au bout de soixante ans de conflit, Israël est rattrapé par l'histoire. Il peut s'installer à Gaza. Il devra en sortir sans gloire. Nul ne se réjouira de cette humiliation à venir. Que tous les Juifs du monde entier, et nous avec eux, mesurent l'ampleur du drame. À Gaza, Israël a commis l'irréparable. La presse, jusqu'ici interdite d'accès à Gaza, va venir le constater. Les citoyens d'Israël sauront vite qu'ils vont en subir les conséquences. Il est de l'intérêt de tous les peuples de la Terre d'arrêter cette confrontation historique entre Palestiniens et Israéliens et donc d'aider à l'émergence d'une paix qui ne se résume pas en un "cessez-le-feu unilatéral".

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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux