dimanche 16 août 2009

Marie mère de Jésus et le catholicisme droitier

Les catholiques constatent qu'ils sont de moins en moins nombreux en France, en dépit des processions du 15 août, très suivies, (y compris, cette année, à Paris, avec... une procession fluviale sur 13 bateaux-mouches!) Un sondage nous apprend, même, que les catholiques sont de plus en plus vieux, de plus en plus à droite, et de plus en plus extrémistes (1)!

Afficher l'image en taille réelleMarie, la Juive, la mère du condamné à mort le plus célèbre de l'histoire occidentale, n'avait rien d'une Sainte Vierge destinée à monter au Ciel. L'excellent catholique qu'est resté le journaliste, Jacques Duquesne, scandaleux pour bien des catholiques, reconnaissait, dans son livre Marie, mère de Jésus, que Marie n'était ni sainte, ni vierge, ni aérotransportée mais que cela ne l'empêchait pas d'avoir été celle que toute femme peut rêver d'être car elle a montré la voie libératrice que nous n'avons pas encore tous osé emprunter.

Jacques Duquesne

Car si, comme l'annonce l'Évangile, le Magnificat est jamais sorti de la bouche de Marie, un "catholique de droite" ne peut pas plus exister qu'une eau sèche, et tout le refus de la domination des puissants et des riches se trouve concentré dans des formules que même les prêtres aux ordres des pouvoirs n'ont jamais pu édulcorer. (Évangile selon saint Luc, chapitre 1, versets 46 à 56 : visite de Marie à Élisabeth).
Il a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles.
Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides.

Si ces mots ont un poids, une force, une exigence, si le catholicisme a encore un sens, alors voici la Bonne Nouvelle qu'attendent les Terriens : notre fraternité sera universelle. Les puissants perdront leur pouvoir. Les plus modestes des hommes ont même valeur que les plus célèbres. Les privés de tout, et d'abord de nourriture, ont l'immensité des richesses planétaires à leur disposition. Et si pour que cette hospitalité et cette justice adviennent, il faut priver les riches de leurs biens, qu'il en soit ainsi.

Avec une telle mère, (devant Élisabeth, Marie portait Jésus, non encore né), le Christ ne pouvait que devenir celui que les puissants et les riches devaient tuer. Il était bien plus dangereux qu'un "communiste" : il faisait du partage la première loi sacrée.


Élisabeth, mère de Jean le Baptiste et marie, mère de Jésus

Il y a quelque chose de surprenant, d'anachronique, de ridicule et pour tout dire de scandaleux dans ces processions, ces déguisements religieux, ces encouragements au fanatisme collectif qui dévoient le message de Marie, l'humble, la messagère d'un monde où les pauvres sont rois.

L'enlisement, la perte de signification du message évangélique est de la responsabilité des catholiques eux-mêmes. Prier n'est pas se confiner en dévotions mais rechercher, sans cesse,
la plus haute des lucidités en ouvrant, très grands, les yeux sur le monde où nous vivons.

Le Ciel d'aujourd'hui et ses milliards d'astres, immense, mystérieux, insondable, capable de nous emplir d'une angoisse métaphysique, n'a rien à voir avec le Ciel étriqué, qui n'est plus, où l'on prétend expédier Marie! Après Galilée, humilié et condamné par l'Église, pour avoir ouvert le Ciel, il en est encore, au XXIe siècle qui voudraient que tout se fige dans un savoir fixé par des théologiens! Ils vivent dans un passé obsolète et désastreux.

Pendant que notre espace terrestre se limitait et que notre espace céleste s'étendait au-delà des toute possibilité scientifique de s'en saisir, le temps des humains, lui-aussi a cessé d'être appréhendable! Les primates, dont nous sommes les descendants, existaient il y a des millions et des millions d'années. Il n'y a pas un siècle, on enseignait toujours, dans les catéchismes, que le Paradis terrestre avait été créé voici quelques milliers d'années. En 2009 après Jésus Christ, le lieu supposé de ce Paradis est terre de guerre et les trésors des civilisations passées qui s'y trouvaient conservés sont effacés par les œuvres de mort de grandes puissances elles-mêmes menacées d'être "renversées de leur trône".

Allons-nous, au lieu de chanter des cantiques et de brûler des cierges, nous
pré-occuper du sort des humbles, des prisonniers, des malades et de toutes les victimes du système économique "intrinsèquement pervers" dont nous sommes la proie? "Si tu n'aimes pas, tu es comme l'airain sonnant", dit l'apôtre Paul. (Paul de Tarse, Première lettre aux Corinthiens, Ch. 13, v. 1 à 8). Une fois que tu auras fait l'essentiel, partager, alors tu pourras, si tu le veux, entrer en méditation. Pas avant! "Il en est ainsi de la foi, dit encore Jacques l'apôtre, si elle n'a pas les œuvres, elle est morte en elle-même". (Jacques, Épitre, Ch. 2, v. 17). C'est, en tout cas, ce que le message évangélique, en de multiples occasions, exprime à mon sens, et en particulier, Marie.

Les pèlerins de Fatima, Lourdes, La Salette et de tous les autres lieux de dévotion mariale, mais surtout nous tous, pèlerins involontaires sur notre malheureuse planète, avons l'urgent besoin de bien d'autres miracles que ceux qu'on appelle et qu'on espère et dont des évêques décomptent les survenues exceptionnelles. Nous avons le besoin vital de miracles innombrables, à portée de mains humaines, et pouvant sauver l'humanité de la triste fin vers laquelle elle est, actuellement, entrainée.



(1) Selon l'enquête, le déclin du catholicisme s'est produit principalement au cours des vingt dernières années en parallèle avec la progression du nombre de personnes se déclarant sans religion. Celles-ci représentaient 21% des Français en 1987 (pour 75% de catholiques) contre 28% en 2009 (64% de catholiques). Au cours de la même période, la part des protestants est passée de 1% à 3% et celle des autres religions, dont l'islam, de 3% à 5%.

Comparés à la population française, les catholiques se distinguent essentiellement par leur pyramide des âges. Ils ne sont que 23% parmi les moins de 35 ans (30% dans la population française), mais atteignent 50% chez les plus de 50 ans (42% dans la population française). Ces écarts s'accentuent, souligne l'enquête, si l'on considère les catholiques pratiquants (réguliers ou occasionnels, un quart des catholiques) : 16% de moins de 35 ans et 65% de plus de 50 ans.

Enfin, les catholiques, selon l'enquête, "affichent une proximité pour les partis de droite plus élevée que l'ensemble des Français", avec 30,6% d'entre eux se disant proches de l'UMP contre 25,1% de l'ensemble des Français, une proximité encore plus marquée chez les catholiques pratiquants (38,9%).

http://actu.orange.fr/articles/france/Les-catholiques-de-France-une-communaute-en-declin-vieillissante-et-proche-de-l-UMP.html

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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux