jeudi 20 mars 2008

Chantal Sébire : n'oublions pas ce nom...

Chantal Sébire, cette femme défigurée par une tumeur, à la voix claire, intelligente, est morte hier, après qu'on lui ait refusé, lundi, un suicide assisté.
Les journalistes se sont emparés du "sujet" et nous inondent de commentaires plus ou moins pensés sur l'euthanasie.
Eh bien moi je n'entre pas dans ce faux consensus.
Le droit de chacun à quitter la vie n'est pas un droit légal.
Le suicide est si peu un crime qu'on ne peut jamais punir ceux qui y ont recours (et ne se ratent pas...).
Qu'André Gorz ou Roger Quillot, l'un et l'autre accompagnés de celle qu'ils aimaient, aient choisi leur mort a fait moins écrire.
On en vient à se demander si la presse ne regrette pas que Chantal Sebire ait, un peu tôt, mis fin au débat!
On confond le "tu ne tueras pas" et le "tu ne te tueras pas".
Nos démocraties ont du mal à supporter que quelque chose échappe à l'État de droit.
La loi doit donner des limites à la loi.
Qui ne sait que la légalisation de l'euthanasie peut générer des meurtres en série?
A-t-on oublié l'eugénisme qui a conduit non seulement dans les États criminels comme l'Allemagne nazie, mais au sein d'États parfaitement dignes comme la Suède, à l'élimination d'incurables ou d'handicapés gravement touchés?
Je chante, ici, une chanson à contre-ton. Tant pis. Je l'avoue : j'ai peur de l'homme.
Du massacre des innocents aux chambres à gaz, les pouvoirs se sont donnés les moyens de tuer sans contestation possible.
La mort ne se donne pas. Ne peut se la donner que celui qui renonce à la vie.
Comment? Avec quel soutien? Un livre qui donnait les informations sur les moyens du suicide a été interdit!
On ne peut, à la fois, recommander la possibilité de l'euthanasie et condamner l'existence de tels ouvrages!
En réalité, le débat philosophique est ailleurs : donner à chacun le pouvoir sur soi gêne les politiques de domination.
Passe encore qu'un médecin décide : lui appartient à un Ordre.
Qu'un individu puisse décider de son propre sort... fait désordre.
Tuer ne se règlemente jamais.
Se tuer est mon droit intime bien au-dessus du Droit!
Reste le cas de ceux qui ne sont plus en état de décider pour eux-mêmes.
Ce n'est pas du tout le même sujet, même s'il est, là aussi, question d'euthanasie.
Chantal Sébire ne nous a pas posé ce problème.
Je ne veux pas le mêler à celui de la liberté de mourir.
Car derrière ce corps mutilé il y avait un être libre.

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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux