lundi 24 mars 2008

Un Sous préfet qui n'est plus en odeur de sainteté.

Bruno Guigue, sous-préfet de Saintes est écarté de ses fonctions et redevient un simple administrateur civil. Le fait est rarissime!

Le ministère de l'Intérieur a démis Bruno Guigue, pour avoir manqué à son devoir de réserve en publiant une tribune anti-israélienne sur le site Web oumma.com. Dans ce texte intitulé «Quand le lobby pro-israélien se déchaîne contre l'ONU», l'ex-sous-préfet précise qu'il répond à un point de vue publié par Le Monde. Il y écrit qu'Israël est «le seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles» et ironise sur «les geôles israéliennes où, grâce à la loi religieuse, on s'interrompt de torturer durant le Shabbat».

Entrant dans sa 48ème année, exerçant ses fonctions de sous-préfet, depuis peu de temps, Bruno Guigue, le sous-préfet limogé par Michèle Alliot-Marie, est un contributeur prolixe de plusieurs sites internet et revues, qui vont de Oumma.com -où il a publié la tribune anti-israélienne qui lui vaut d'avoir été sanctionné- à la revue ETUDES, animée par les jésuites français. Le sous-préfet limogé, fait valoir ce 24 mars, dans Le Parisien, qu’il fait "des analyses géopolitiques depuis dix ans", "en dehors de ses fonctions". Il a publié cinq ouvrages aux éditions de l'Harmattan.

L'objet de la discorde est la critique de la pétition publiée dans Le Monde du 28 Février dernier. Les signataires y attaquaient Mme Louise Arbour la déléguée de l’ONU pour les Droits de l’Homme, pour son voyage en Iran. La pétition publiée par la LICRA (Ligue Internationale contre le racisme et l’antisémitisme), était soutenue par Elisabeth Badinter, Pascal Bruckner, Georges Charpak, Bernard Debré, Alain Finkelkraut, Claude Goasguen, Patrick Kessel, Claude Lanzmann, Corinne Lepage, Albert Memmi, Antoine Spire, Pierre-André Taguieff, Michèle Tribalat, Elie Wiesel...

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette décision gouvernementale :

1 - Bruno Guigue est soit naïf soit inconscient : il ne pouvait ignorer qu'il susciterait les réactions de sa tutelle et la critique, vigilante, des "amis d'Israël", qui ne laissent rien passer.
2 - La liberté de pensée ne peut être le fait d'un "serviteur de l'État". Dont acte.
3 - Il n'est pas sans conséquences de critiquer Israël, en France, actuellement.
4 - Le Gouvernement Sarkozy, plus que les précédents, est très solidaire de la politique de l'État hébreu.
5 - Les affirmations de Bruno Guigue sur les snippers de Tsahal et la torture dans les prisons israéliennes, réaffirmées par d'autres sources (1) depuis des mois , ne peuvent être lancées comme cela, dans l'opinion publique, sans passer pour une provocation! Il faut davantage prouver ce qu'on dit.
6 - Le texte de l'ex Sous-préfet, long et touffu, mêle plusieurs thèmes et perd, pour cela, de la crédibilité. Ce qu'il contient est trop grave pour autoriser de telles erreurs de communications.
7 - Le débat sur antisionnisme et antisémitisme est fort loin d'être clos.
8 - Critiquer Israël peut pourtant ne pas chercher à l'abattre mais à le sauver.
9 - L'antisémitisme est parfois nourri par les pro-Israéliens eux mêmes!
10 - Les Juifs, compte tenu de ce qu'ils ont subi, sont les mieux placés, parmi les hommes des générations de la période 1930-2030, pour ne pas sombrer dans la violence, violence d'État ou violence verbale. Alors pourquoi?

Hier, jour de Pâques, un document intitulé "Déclaration de Sanaa", évoquant la possibilité de "revenir à la situation palestinienne antérieure aux événements de Gaza, afin de confirmer l'unité de la patrie palestinienne en tant que terre, peuple et autorité", avait été signé au cours d'une cérémonie dans la capitale yéménite par Azzam al-Ahmad, chef du groupe parlementaire du Fatah, et le numéro deux du bureau politique du Hamas, Moussa Abou Marzouk, en présence du président yéménite Ali Abdallah Saleh. Ayman Taha, porte-parole du Hamas à Gaza, a déclaré dimanche que les leaders du Hamas et de son rival le Fatah ont accepté au Yémen de reprendre le dialogue le 5 avril et, cette fois, dans les territoires palestiniens.

Ce matin Israël, constatant une tentative de rapprochement entre le Fatah, qui domine en Cisjordanie, et le Hamas, qui s'est imposé à Gaza, menace de rompre tous pourparlers de paix. Il est donc, tout simplement, exigé des Palestiniens de Mahmoud Abbas (ces anciens Palestiniens "terroristes", fidèles d'Arafat) de choisir entre Israël et le Hamas (constitué de nouveaux Palestiniens "terroristes"). Sinon...

Il est des paroles indécentes prononcées ailleurs qu'en France, ailleurs qu'à Saintes, qui pèsent bien plus lourd que ce qu'a écrit Bruno Guigue.

(1) Voir, par exemple : http://www.legrandsoir.info/spip.php?article6117

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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux