mardi 13 janvier 2009

Le plomb et le fer

La "main de fer" d'Israël se resserre sur Gaza, titre le Monde du 12 janvier. Après "le plomb durci" voici "la main de fer"!



"Alors que l'armée israélienne s'apprête à lancer la troisième phase de son offensive dans la bande de Gaza, le Premier ministre israélien Ehoud Olmert a affirmé, lundi 12 janvier, que son pays frapperait "d'une main de fer" aussi longtemps que les tirs de Qassams se poursuivront. "Nous voulons mettre fin à l'opération quand deux conditions seront remplies : la fin des tirs de roquettes et la fin du réarmement du Hamas", a-t-il menacé lors d'une visite dans le sud d'Israël". /.../ Autant dire que la guerre prendra fin quand Israël le voudra...

"Israël justifie l'offensive par sa volonté de mettre fin aux tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza. Depuis le début de l'opération "plomb durci", plus de 660 de ces engins ont visé des localités du sud du pays. Dans la matinée de lundi, une vingtaine de roquettes et obus de mortier ont été lancées de l'enclave palestinienne sans faire de victime". /.../ N'est-il pas tombé sur Israël, plus de roquettes depuis l'intervention militaire israélienne qu'avant?

"Les plans militaires israéliens dans la bande de Gaza prévoient, entre autres scénarios, l'occupation de l'étroite bande de terre qui sépare le territoire palestinien de l'Egypte, connu sous le nom de couloir de Philadelphie. L'objectif : détruire les nombreux tunnels de contrebande qui permettent d'approvisionner la bande côtière". Et après? Ces tunnels approvisionnent les Gazaouis en armes, oui, et en vivres aussi...

Les questions qui se posent, à quelques jours de l'entrée en fonction de Barack Hussein Obama, sont, chaque jour, plus redoutables.

On défend l'indéfendable sans aucun scrupule : la justification de l'opération militaire est partout présente, notamment en France, et le fait que le marteau pilon broie la noix ne suffit pas à donner raison à la noix. Pourquoi cette tolérance?

Les États arabes de la région défendent mollement Gaza! À cela deux raisons : Israël a déjà montré qu'il est le plus fort; impossible de s'y frotter. Le Hamas est un partenaire gênant condamné comme "terroriste" par les puissances occidentales; impossible de s'en solidariser. Pourquoi cette lâcheté?

L'opposition a la guerre, en Europe, se heurte à une chappe de plomb et tombe dans un piège : ou bien tu dénonces Israël et tu es accusé d'antisémitisme, ou bien tu manifestes trop bruyamment ta désapprobation et l'on t'envoie la police. Résultat : la rage conduit à la haine et le risque de tomber dans l'antisémitisme devient bien réel. Pourquoi cette duplicité?

Il n'y a plus même de contestation religieuse, démocratique ou humanitaire de ce que les frappes israéliennes provoquent : la mort distribuée au hasard puisque les plus nombreuses victimes sont des civils et notamment des enfants et des femmes (les prétendues "lois de la guerre" sont violées, ouvertement); la force primant le droit, sans état d'âme (en bravant l'opinion internationale de plus en plus paralysée et muette); la rupture par Israël du symbole démocratique (dès lors, qu'avec l'approbation massive des Israéliens, aucune solution autre que l'emploi des armes les plus sophistiquées n'est désormais retenue). Pourquoi ce silence des "autorités morales"?

Même si le nombre des victimes n'est pas, au regard des crises traversées par l'humanité, considérable, la guerre de Gaza laissera des traces profondes dans l'histoire des hommes. Elle est la négation même de la possibilité d'agir pour la communauté internationale. La paix mondiale est donc fragilisée. Elle est la preuve que la compassion est absente des décisions politiques et que le sort particulier des humains que le hasard place au mauvais endroit ne compte plus. Il est donc inutile de parler de civilisation. Elle laissera sur Israël, les stigmates de l'infamie. Chacun de nous en sera durablement blessé, car, depuis la dernière guerre mondiale, les Juifs font partie de la vie de chacun de nous. Elle mettra, au cœur du monde arabe, un nouveau germe de ressentiment. L'indispensable cohabitation au Moyen-Orient en sera retardée pour longtemps. Elle afaiblit, enfin, sur le moyen terme, la politique israélienne qui va devoir affronter une réprobation universelle. L'avenir même de l'État d'Israël est remis en question, dans un contexte démographique, économique et politique qui ne lui sera plus longtemps favorable sans l'appui massif des USA!

Rien qui puisse réjouir les citoyens du monde, donc! Pire, les risques d'embrasement au Moyen-Orient croîtront au fur et à mesure qu'Israël se verra enfermé dans une impasse! Et pourtant, nous sommes interdits de désespoir! Le monde entier, en 2009, est suffisamment menacé poue que nous ne nous taisions pas. Prenons la parole. Exprimons-nous. Parlons et écrivons. Essayons de penser juste! Si, face aux forces matérielles, au plomb et au fer, les forces de l'esprit cèdent, nous n'aurions plus aucune raison de vivre!





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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux