vendredi 1 février 2008

Le retour du péché originel.

Les théologiens me le pardonnent : même si bien des catholiques pensent autrement, le plus grand nombre d’entre eux et beaucoup de Français non catholiques « croient » que le mal est inné. Autrement dit, avant même que de naître, l’homme est voué au péché. Le baptême seul peut l’effacer et encore faut-il, de loin en loin, procéder à des opérations de rénovation qu’on appelle confessions.

De telles hérésies(1) de la pensée conduisent à ce que les sénateurs, dans leur majorité, viennent, pour la honte de la France, d’adopter : quiconque est réputé dangereux restera en prison au terme de sa peine ! On ne juge plus les faits. On juge les personnes. On condamne à la mort carcérale ceux qui pourraient nuire.

Ce concept du bon et de mauvais, inscrit définitivement, et depuis toujours, au fond du cœur de l’homme, élimine tout espoir de voir l’humanité être autre chose que ce qu’elle est : un repère de monstres ! Il n’y a plus, dès lors, qu’a éliminer du champ social ces violents de naissance dès qu’on les a repérés. Et, si possible, dès l’école maternelle, avant qu’ils aient commis leurs forfaits.

La France n’était pas et n’est toujours pas le pire des régimes politiques, mais elle est mal partie ! Elle a déjà cessé d’être une référence pour les Droits de l’homme. Sur ce fondement idéologique de l’innéité du mal, le retour de la peine de mort est à la merci de la première horreur sociale venue. On peut prélever l’ADN des faucheurs de champs OGM. On peut karchériser les voyous (éradiquer la saleté humaine là où elle croupit). On peut incarcérer, juger et condamner, avec autorité et superbe, des innocents, comme c’est arrivé à Outreau, sans que rien ne s’ensuive puisque le juge devient le prêtre qui dit, sans jamais errer, le bien et le mal. On peut aussi entraîner tout un peuple dans cette course contre le mal et pour l’épuration de la société. Cela a mené les USA à la guerre d’Irak après le traumatisme du 11 septembre, au triomphe des ultra conservateurs religieux. Et là…

Si l’instituteur, aux yeux du Président de la République, est moins qualifié que le curé pour dire le bien, ce n’est pas parce qu’il n’est pas respectable, c’est parce qu’il ne sait pas que tout est écrit et que l’on ne fait pas un honnête homme, ni même un homme intelligent de celui qui est programmé pour devenir un assassin ou un sot.

La France regimbe, les sondages fragilisent le pouvoir en place, mais, en moins d’un an, une œuvre de destruction considérable a été accomplie sur la base de ces principes qui veulent que la sécurité ne s’installe que par la force, car l’homme est ainsi fait qu’il est un loup à museler !

Attention : beaucoup approuvent cette conception pessimiste de l’être humain ou s’inclinent devant cette doxa : depuis la Shoah et le Goulag , on sait que l’équilibre social ne tient qu’à un fil, le fil de l’épée.

Depuis qu’un sociologue, Max Weber, a affirmé que l’État seul détenait le monopole de la violence légitime, on ne se pose plus de questions : qui a le pouvoir détient aussi le droit de faire violence à la vérité. Qui ne se dresse pas contre cette folie n’est plus un citoyen.

(1) Le Robert donne une définition non confessionnelle du mot et je l’adopte : « théorie, qui heurte les opinions considérées comme justes et raisonnables »

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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux

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