dimanche 20 avril 2008

À la grâce de Dieu...



Nous vivons, comme l'avait bien vu André Gorz, dans son dernier livre Ecologica, les débuts d'un temps de gratuité. Un vaste débat s'est ouvert qui concerne le sens de cette gratuité : appas économique, dérive consommatrice ou don!

L'écologie s'empare, pour le moment dans l'ambiguïté, de la réflexion sur les différente formes de développement : la recherche de la mesure des avancées collectives prend de nouveaux noms. Le PNB (Produit National Brut) n'y suffisant plus, on parle, avec le PNUD, à l'ONU, des indicateurs de développement humain, de Produit intérieur brut vert ( intégrant la mesure des destructions), de produit intérieur doux (comme au Québec)...

Où est la richesse? Patrick Viveret relève que "la question du développement soutenable, marginale hier, est en train de devenir essentielle" (1).

Le gratuit, c'est pour le riche. Il peut répondre à la la gratuité incitative, à son gré.

Le gratuit, c'est aussi pour le consommateur. Il y répond soit en succombant aux tentations publicitaires, soit... en trichant, en cueillant, sur ordinateur, des richesses mobiles, telles que la musique ou des films à la mode (celui de Dany Boon, Bienvenue chez les Ch'tis, ajoute la fraude au succès en salle -l'une nourrissant l'autre-).

Le gratuit, c'est aussi ce qu'on donne à qui ne peut vivre sans aide. Ou bien à qui l'on aime et avec qui l'on partage.

En régime capitaliste, le gratuit est une aubaine suspecte. Ou bien il aide à élargir les marchés ou bien il les désorganise, ou bien il les nie!

Francine Pessel-Markovits, philosophe, remarque que, athée ou chrétien, l'occidental est sensible à la théologie de la gratuité (2), ce background culturel qui se rapporte aux dons de Dieu, à la grâce divine. La charité n'est pas que l'apport du surplus au pauvre -ce dont le capitalisme se contente volontiers-, c'est aussi l'idéologie du partage qui, portée à un certain niveau de gratuité (3), sent son communisme à plein nez.

(1) Libération du 31 mars 2008.
(2) Francine Pessel-Markovits, C'est gratuit, éditions Albin Michel, mars 2007.
(3) Jean-Louis Sagot-Duvauroux,
De la gratuité, éditions de l'Éclat, avril 2006.

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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux

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