Borloo : L'écologie, c'est aussi la croissance titre Valeurs actuelles, dans son édition du 4 avril.
La vérité oblige de préciser qu'à la question de la journaliste qui l'interrogeait : "Avez-vous le sentiment que cette économie durable peut se développer malgré le climat de sinistrose de la croissance ?", le ministre Jean-Louis Borloo avait exactement répondu : "elle constitue justement un moteur de croissance".
Le vrai débat est ouvert. Quand le ministre dit du Développement durable compte sur les emplois et l'activité économique engendrée dans tous les secteurs où il devient urgent d'intervenir pour pallier les pollutions, l'effet de serre, la chute des réserves énergétiques naturelles, l'effondrement de la biodiversité, etc..., on peut acquiescer. Quand le même ministre ne dispose pas des moyens d'empêcher la majorité, dont il dépend, de rendre possible la culture des semences OGM, le développement du nucléaire et la relance de l'automobile, il s'éloigne de l'écologie véritable et reste imbibé par l'idéologie productiviste.
Une écologie qui serait le moteur de la croissance (sans que rien ne soit dit du contenu de cette croissance) ne serait pas l'écologie mais une duperie géante qui apparaitra vite aussi vaine que le Grenelle de l'Environnement.
Le propre des leaders politiques est de parler haut et clair au bon moment, c'est-à-dire avant que les évènements ne les contredisent! Toute parole sans humilité est devenue une parole de mensonge. Dire avec assurance ce qu'il faut faire, alors que nous ne savons pas où aller, a quelque chose de ridicule mais surtout de tragique!
Chaque jour des informations nouvelles révèlent une crise de civilisation liée à une dégradation galopante de notre environnement. Jamais encore l'espèce humaine n'avait connu pareille accumulation de risques, risques qui sont là, devant nous, mais pas encore ressentis de façon directe et violente.
Et ne voilà-t-il pas que l'on demande à l'écologie de développer l'activité économique alors que c'est cette économie même -conçue, comme toujours, comme une rentabilité et non un équilibre- qui est à l'origine des perturbations gigantesques qui s'abattent sur la planète!
Oui, le débat est ouvert : il faudra soit choisir la voie de la sobriété soit celle du profit et chacune de ces voies ne conduit pas au même aboutissement. Sobriété et non rigueur; sobriété et non austérité; sobriété et non économies demandées à ceux qui sont en manque.
La chance de la France, aujourd'hui, est que la caricature qui sert de politique au pays est révélatrice. On ose y dire ce qu'on cache avec habileté ailleurs. Non que le discours des gouvernants actuels soit malhabile mais il est d'un cynisme absolu et annonce, sans vergogne, des réponses données à la crise qui font et feront souffrir, sans partage de l'effort demandé.
L'écologie de la croissance fait partie de cet attirail de formules faites pour masquer les réalités. Ceux qui ont pu, un instant, se laisser séduire par le brio du bonhomme Borloo vont vite déchanter.
Non seulement le débat est ouvert. Le vrai combat politique commence.
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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux