Il me vient qu'il est nécessaire de préparer mai 2008 et de s'y préparer.
Non pour commémorer.
Non pour un anniversaire!
Non pour "se rappeler".
Pour se mettre en situation d'avoir à repenser ensemble la politique.
Du moins pour essayer.
Car, si l'on devait ne retenir qu'un seul aspect des évènements de mai 68, quel serait-il?
Je crois bien que c'était : tout citoyen pouvait parler et le faisait.
Dans chaque lieu de vie, professionnel, familial ou de quartier, on parlait.
Et l'on ne parlait pas, le plus souvent, pour ne rien dire.
Ceux qu'on n'entendaient jamais... parlaient.
Ceux qui doutaient toujours de tout... espéraient.
Ceux qui "ne faisaient pas de politique"... en faisaient.
Quand la politique déborde du cercle où s'enferment les politiciens, la vie change.
Le temps où la politique cesse d'être l'affaire de ceux qui en vivent va-t-il se représenter?
Que ce soit en mai 2008, ou en décembre 2010, peu importe.
Ce qui s'entraperçoit, c'est que mai 68 n'est pas derrière nous.
L'évènement peut surgir; ce n'est pas sûr; ce n'est plus impossible.
Pourquoi?
Parce qu'un besoin de parole citoyenne se manifeste partout.
Parce que la tentative de mise aux archives des succès de luttes historiques est engagée.
Parce que la riposte des partis politiques de "gauche" à cette libéralisation de l'économie, au profit de ceux qui en sont déjà les bénéficiaires, est totalement insuffisante.
Parce que les organisations syndicales sont trop faibles.
Parce que le stress au travail, la violence contre les salariés, détruit des familles.
Parce que le système bancaire, économique et financier entre dans une crise longue.
Parce que l'écologie politique s'empare de la politique mondiale.
Parce qu'aucun homme ne peut se construire dans la résignation.
Que va-t-il se passer?
Beaucoup répugnent à agir sans savoir où aller...
C'était déjà, en 1968, ce qui engendrait la défiance des institutionnels de la politique et du syndicalisme.
C'est ce que la jeunesse ne craint pas, car l'avenir lui semble a priori ouvert.
C'est ce que les exploités ne craignent pas, dès qu'ils estiment que rien ne peut être pire que ce qu'ils vivent.
C'est ce que les pauvres ne craignent pas, si l'avenir s'annonce un peu moins dur.
Ce qui va se passer n'est plus hexagonal : l'espèce humaine se sait menacée et va réagir.
Quand et comment? Nul ne peut encore le savoir.
Mais se préparer à la mondialisation de la conscience politique s'impose.
Ce n'est pas une affaire de forme.
Ce n'est pas une affaire de partis.
Ce n'est pas une affaire d'élections.
Ce n'est pas une affaire de défense-du-pouvoir-d'achat!
C'est une question de survie.
Survie de la politique avalée, absorbée, phagocytée par l'économique.
Survie des habitants de la planète, bêtes et gens, placés sous la loi d'airain du Capital.
Se préparer à l'autre temps, l'autre politique, l'autre monde, n'a pas commencé hier.
Préparer mai 2008 n'est pas préparer un retour.
Ce n'est pas préparer un mois de retrouvailles, de rappels et de réminicences.
Avec l'espoir que ça re-vive et re-parte!
Non, c'est supprimer le "r", le "re" des mots qui re-commencent.
Le neuf ne jaillit pas à la commande!
Il ne surgit pas de la volonté de quelques uns.
Il se manifeste quand la parole déborde et que le peuple s'exprime.
Et cela ne se produit que quelques fois par siècle.
Nous sommes très prêts, ou encore loin, d'un nouveau bouleversement historique.
On ne déclenche pas de telles émergences de la conscience populaire.
On n'a ni le droit de se contenter d'y croire!
Ni celui de la voir passer sans s'y associer.
C'est cela être prêt : savoir que les conditions de l'événement sont désormais remplies.
Contribuer à mettre le feu dans le champ des possibles suppose qu'on commence, tout de suite, à projeter des étincelles sur la paille des mots.
Rien ne vaut tant que de chercher, penser, proposer, essayer, se rencontrer, se parler, s'écouter.
Dans la flambée des échanges, hier encore on ne voyait guère matière à changements.
Mais nous n'en sommes plus là.
Nous n'en sommes pas pour autant à l'aube du jour annonçant un Grand Soir!
L'événement ne sera pas rapide et brutal; il sera lent et presque invisible. Quotidien.
Du reste, il ne sera pas... Sans que nous le sachions, il est déjà engagé.
Il faut lire lire, mais avec tout son esprit critique, ce livre décapant; il n'annonce pas l'avenir; il révêle que d'autres façons de penser la politique existent :
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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux