dimanche 2 mai 2010

Regards depuis un 1er mai.

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1er mai : le jour d'un printemps que jamais l'on n'atteint... Les défilés sont devenus des traditions sans dynamique. La fête de travail est, moins que jamais, la fête des travailleurs. Qu'un homme vaille un homme en toutes circonstances n'a toujours aucun sens et les sacrifices reposent toujours sur les épaules des plus pauvres.

En Grèce, un Gouvernement de droite a ouvert les bras à tous les spéculateurs et enrichi les riches. Un gouvernement qui s'est fait élire sur des idées de gauche est contraint de plonger tous le pays dans une austérité généralisable à toutes les catégories sociales modestes, mais pas générale, car ceux qui tiennent en main l'économie échapperont au tour de vis économique. Quant aux banques géantes qui tiennent les finances de l'État en tutelle, elles se seront pas frappées. L'Europe libérale, le FMI, imposent au peuple grec cette cure et ces potions amères. Une solidarité conditionnelle est préconisée et, comme pour les pays les plus démunis d'Afrique ou d'Amérique du sud, on pressurera les humbles, assez nombreux pour être ponctionnés de façon rentable !

En Islande, le volcan se calme et les poussières abrasives qu'il crachait n'empêcheront plus les avions de reprendre leur course au nord de l'Europe. Un enseignement ne sera pas tiré : la faiblesse des sociétés complexes face à la manifestation de la puissance de la nature. Seuls sont déplorées les pertes que les industries du tourisme et les compagnies de transport aérien chiffrent et tentent de faire payer aux États. Des riverains des aéroports fermés ont goûté de façon provisoire la paix que le silence du ciel leur apportait. Brève satisfaction.



Dans le golfe du Mexique, une marée noire produite non plus par un bateau pétrolier en perdition mais par des puits sous marins et éventrés, impossibles à colmater, va entrainer la plus affreuse des pollutions que les USA aient jamais connues. Il y a peu, on se réjouissait de l'apport de pétrole que, depuis le fond des mers, on allait pouvoir exploiter. L'entreprise BP a fait vite, trop vite, et l'une des plateformes qu'elle a installées n'a pas résisté aux assauts de l'océan. Les conséquences de l'éventration de la source pétrolière sur la faune et la flore, donc sur l'humanité, vont être constatées, mais on n'en tirera sûrement pas les enseignements écologiques de l'événement. La société du pétrole ne peut échapper à son addiction.

Les religions, qu'elles soient politiques, idéologiques ou confessionnelles, sont toutes marquées par le même mépris de l'homme, dès lors qu'elles acceptent et favorisent l'inégalité et la loi du plus fort. L'aliénation de peuples entiers fait tenir des discours renversants à des hommes et des femmes intelligents. Une émission récente, sur la Corée du Nord, laisse pantois ! Le culte du Général (le fils du Guide décédé) y est décrit comme inévitable, permanent, ridicule et... accepté ! Ailleurs, la mort de l'opposant au nom de principes rigides, soit disant religieux, ou étatistes, est admise, voire préconisée et, que ce soit en Iran, en Israël, en Chine, au Nigéria, en Irak, en Afghanistan..., l'autre est une menace qu'il faut éliminer. L'efficacité de la violence est , à terme, douteuse, mais nul, qui aspire à exercer des responsabilités, n'ose mettre en question la nécessité de recourir à la force, celle de la police ou de l'armée. La mort de l'adversaire reste le plus sûr moyen de se débarrasser d'un obstacle au pouvoir. On masque, sous des paroles humanistes, la honte qu'on éprouve à se vautrer dans les plus cyniques et les plus cruelles politiques, on retarde, parfois, les coups qu'on porte aux peuples rebelles, mais on ne fait que gagner du temps et, finalement, on tue, au nom de Dieu et de la Nation.



Hors la loi
, un nouveau film de Rachid Bouchareb, après Les Indigènes, relate la cruauté du système colonial et rappelle qu'en Algérie, le jour même de la Victoire de 1945, le 8 mai, à Sétif, l'armée française a assassiné des foules entières, des milliers de manifestants après que des dizaines de colons aient été tués en voulant s'opposer aux revendications d'indépendance que ramenaient les soldats nord-africains ayant participé à la seconde guerre mondiale. Les protestations les plus véhémentes s'expriment et, en même temps donc, le refus de la reconnaissance d'un fait historique d'où est né le conflit qui allait bouleverser notre histoire. Il faut que les derniers survivants disparaissent pour que les faits avérés ne soient plus contestés.

Oui, les sociétés sont conditionnées par des idéologies que n'osent affronter les citoyens. Ces doxas ont en commun d'accepter la mort donnée comme une nécessité historique. Sont frappés, d'abord, les faibles, non équipés d'armes physiques et plus encore intellectuelles, et ne pouvant se défendre face aux pouvoirs dont disposent les États, légitimes ou non ! Tel est, en cette année 2010, cent vingt quatre ans après le 1er mai sanglant de 1886, à Chicago, le constat tragique que peuvent faire des démocrates conscients : le pouvoir politique est confisqué, inarrachable et les éléments naturels, imprévisibles et fulgurants, sont seuls en capacité, actuellement, de mettre de l'incertitude dans la domination des nantis.

Ce vieux, très vieux discours est, hélas, d'une actualité désespérante.

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