dimanche 20 mai 2007

Je suis un Rrom

Je sais où je vais.
Ma voie est tracée.
Sur mon chemin de vie,
j'ai fait mon choix.

Mon chemin est vert.
J'ai opté pour l'écologie.
J'ai pris parti.
Mais reste libre.

Aucun parti ne contient
ma prise de parti.
Je suis homme de mouvement,
pas de parti pris.

Il n'est d'écologie
qu'à gauche.
Il n'est de gauche
qu'écologique.

Pas n'importe quelle gauche.
Pas n'importe quelle écologie.
La gauche mal à droite.
L'écologie de l'écosophe.

Je marche vers.
Je ne marche pas Vert.
Je marche à gauche,
sans me retourner.

Qui, à gauche, se retourne,
se retrouve à droite.
Il revient en arrière,
et perd son chemin.

Ma voie est tracée.
Nul ne me l'a tracée.
Je l'ai longuement tracée.
En la suivant, je me suis.

Les repères sont fugitifs.
Quand la gauche n'est plus à gauche,
on n'est jamais tout à fait là
où l'on croit être.

Je me perdrais si...,
Si je ne restais qu'à gauche.
Et plus encore si...,
Si je me glissais à droite.

Il y a pire que de s'égarer,
c'est de rester immobile.
Qui ne bouge
est à jamais perdu.

La droite garde toujours la main.
Les gauchers sont des artistes.
La droite se pense et veut légitime.
Par nature! Mais quelle nature?

Je suis d'une gauche autre,
celle qui est et n'existe pas.
La gauche radicale
Des innombrables sans.

Celle des privés de tout,
mes alter égo,
mes semblables,
mes frères.

La gauche est morte.
Vive la gauche.
Vive la gauche utopique.
Celle qui ne se résigne jamais.

Cette gauche qui est d'ailleurs.
Celle qu'on ne voit nulle part.
La gauche qui est la droite de ce Dieu
qui renverse les puissants de leur trône.

J'aime la gauche incompatible.
Celle qui vide les églises.
Pour mettre le peuple là où est sa place,
dans la rue.

Car c'est la rue qui dirige
même si elle ne gouverne pas.
Qui gouverne tient le gouvernail.
Qui dirige tient le compas.

La gauche qui marche se dirige.
Elle se dirige vers son objectif,
Une utopie perpétuellement visée.
Jamais atteinte et toujours là.

La gauche qui sort et rit,
qui est dehors,
qui marche et chante,
la seule à même de tout changer.

Être mal à droite
n'est pas être malhabile
c'est n'être jamais à sa place
au milieu des nantis.

Être écosophe
c'est être hospitalier,
citoyen du monde,
haï.

Car celui qui veut que dure
l'injustice dont il profite
est un prédateur
d'une cruauté inouïe.

J'ai tracé ma voie.
Celle d'un cosmopolite.
Pour qui tout homme en vaut un autre.
Je suis un homme, je suis un Rrom.

La vérité n'est ni blanche ni noire

Je ne suis ni Blanc ni Noir.
Je suis homme.
Et pourtant, je suis blanc.
Ainsi l'a voulu mon histoire, de vie.

Je ne suis ni à droite ni à gauche.
Je suis un animal social.
Et pourtant, je suis à gauche.
Ainsi l'a voulu mon histoire, politique.

La vérité n'est ni blanche ni noire,
Ni grise.
La vérité n'est ni à droite ni à gauche
Ni au centre.

Elle est. Réelle.
Inapprochable.
Mais visible.
Elle est utopie. Réelle.

Non à l'Europe à la française

Curieux paradoxe.
La France qui n'a pas voulu d'une Europe au libéralisme constitutionnellement affiché, la France qui a dit non, est devenue la France qui dit oui à un autocrate.
Ce pourrait n'être qu'un épisode passager de la vie politique nationale qui ne concerne donc que la France. Il n'en est rien. Et, ce matin, la preuve en vient de l'autre bout de l'Europe, dans un pays francophile : la Roumanie.
Le conflit entre le Parlement roumain et le Président de la République roumaine s'est soldé par la victoire nette du Président à l'occasion d'un référendum portant sur la destitution éventuelle de M. Traian Basescu. On pourrait d'en tenir là. Moins de 50% des électeurs ont voté. Il reste un peu plus de deux ans au Président pour terminer son mandat. Mais, bien entendu, il va falloir trancher un conflit de pouvoir et le Président, réinstallé dans sa fonction, envisage de proposer une modification de la Constitution qui lui confèrerait un rôle et une autorité... à la française.
C'est dire que, dans une partie de l'Union européenne (et même à ses marges, en Russie, pays qui ne peut être totalement pensé comme non européen!), on considère qu'une démocratie efficace, et protégée de l'anarchie politique, est une démocratie monarchique, avec un chef, et un seul.
Dans un autre pays de l'Est de l'Europe, la même tentation autoritaire se manifeste d'une façon autant comique que symbolique : en Pologne, le Président et le Chef du gouvernement sont des clones, de vrais jumeaux, et ils ont gagné les élections, sans coup férir, si bien que le conservatisme le plus virulent s'est équipé d'outils modernes de direction de l'un des plus vastes et plus peuplés états de l'Union!
Partout, la démocratie piétine, est bousculée et trébuche. Les élus voient leurs responsabilités réduites à un rôle de faire-valoir du Leader. C'est une fonction qui, aux yeux des intéressés, n'a pas que des désavantages mais ce n'est plus une fonction de contrôle du pouvoir. On ne s'oppose pas au soleil; on ne peut que s'en approcher pour s'y réchauffer. Le Soleil : ce fut en France, le symbole de la monarchie absolue. On la croyait à jamais expulsée de notre champ de conscience politique. Il n'en est rien. Un Président peut vouloir devenir un Roi alors même que des rois, toujours en place, symboles honorifiques de leur pays, ont totalement renoncé à gouverner.
Il est avancé, dans les médias que la condition requise pour bénéficier du label de "majorité présidentielle" lors des prochaines élections législatives, serait, notamment pour les députés sortants, ayant été membres de l'UDF, l'engagement de ne jamais voter la censure! N'est-ce pas revenir avant... 1789?
Le conflit politique entre les partisans de la démocratie de type parlementaire et les partisans de la démocratie de type présidentiel est engagé.
Bien entendu, l'exemple américain pèse sur cette image douteuse de la démocratie efficace. Cependant, et quoi qu'on pense, par ailleurs de la politique étatsunienne, il y a des contre-pouvoirs forts outre Atlantique, et s'il leur est souvent difficile de s'exprimer, quand ils y parviennent, ils sont très influents, tant par la presse qu'au Parlement, comme il apparaît, actuellement, dans cette période de fin de règne que traverse George W. Bush.
Avec le système institutionnel français, hérité du gaullisme, il n'en est pas ainsi. Le Parlement (mais mérite-t-il encore une majuscule?) est une composante du pouvoir quasi mécaniquement déduite de la victoire électorale du Président. Il en fut ainsi en 1965, 1969 et 1974, sans surprise et, en 1981, la gauche socialiste crut, avec François Mitterrand, le seul président de gauche, avoir trouvé la martingale permettant à une formation minoritaire de garder, à coup sûr et durablement le pouvoir. On connait la suite : la gauche dite socialiste, de compromis en compromis, cessa d'être elle-même. En 1995 et 2002, elle connut des défaites cinglantes, aggravées par un dispositif constitutionnel voulu par un Lionel Jospin, certain de sa victoire face à un Chirac affaibli, et rêvant de parfaire le système mitterrandien : faire gagner la gauche dans la foulée des Présidentielles en instituant, après l'alternance, la concomitance! La même majorité toujours, en même temps, à l'Élysée et au Palais Bourbon (quel qualificatif royal pour le site d'une Assemblée nationale), tel était l'objectif. Le premier bénéficiaire de cette bévue géante se nommera : Sarkozy.
Quel homme politique de grande ambition n'envierait ce système politique à la française encore plus centralisé, plus autocratique qu'aux États-Unis mêmes! En Afrique, notamment francophone, l'un des avatars les plus pernicieux de la postcolonisation, aura été le calque du modèle politique français, appris dans les Universités françaises, et ayant conduit à ce que l'on désigne par le mot péjoratif de Franceafrique (qui ne signifie rien d'autre que domination néocoloniale maintenue, sous une forme indirecte et secrète). Le culte de la personnalité, qu'on a tant reproché aux chefs d'État-chefs de partis, au temps de l'URSS, loin de tomber en désuétude, est devenu un art de gouverner, une simple conséquence médiatique de la démocratie efficace et forte dont on loue la nécessité, en ces temps périlleux.
Si l'Europe succombe à cette tentation, elle connaitra deux nouveaux périls : ou bien l'impossibilité de poursuivre son autocréation politique, en juxtaposant des nations revigorées et limitant à la sphère économique, leur coopération, autant que faire se peut; ou bien, au contraire, et plus tard, la progressive présidentialisation de l'Europe tout entière, par la survenue d'un personnalité d'exception, ayant profité des faiblesses momentanées des États-nations.
Dire non à l'Europe à la française , c'est dire oui à l'Europe tout court.
Ou bien les institutions européennes, ce que ne prévoyait pas le projet de traité de 2005, inciteront à une généralisation de la démocratie parlementaire améliorable (on ne peut dire que le système électoral à l'anglaise soit exportable; lui aussi focalise le pouvoir au lieu de la répartir) ou bien l'Europe deviendra l'espace mondial où s'exprimera, une fois de plus, comme par le passé, des formes cruelles d'autoritarisme politique. L'ambition d' il y a un demi-siècle : éviter le retour de conflits épouvantables en Europe ne pourrait alors être maintenue.

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