Un Tour de France qui interpelle les honnêtes gens autant que les philosophes.
Ce jour, 16h. 15, à l'heure où j'écris, la course est lancée... Ce sera la neuvième arrivée au sommet du Ventoux dans l'histoire du Tour. Voici quatre ans qu'on ne l'avait pas escaladé. Le premier passage au sommet date de 1951.
Drogué, épuisé,
assoiffé, écrasé par le soleil, Tom Simson était mort sur les
pentes du Mont Ventoux,
le 13 juillet 1967 (1).
Eddy Mercx, en 1970,
vainqueur de l'étape du Ventoux, dut être assisté médicalement, compte tenu
de l'état inquiétant dans lequel il arriva au sommet.
Le 13 juillet 2000, Marco
Pantani et Lance Armstrong s'y distinguèrent ensemble, brillamment.
Marco Pantani, depuis, est mort drogué. Lance Armstrong a « gagné »
sept fois le Tour de France,
en trichant, et toutes ses victoires ont été annulées (2).
Richard Virenque, vainqueur au Ventoux, en 2002,
convaincu de dopage en 1998, avait été exclu du Tour avec toute son équipe. Il n'en resta pas moins très populaire.
Aujourd'hui, 46 ans après
la défaillance mortelle de Tom Simson, la France jubile : des
hommes vont, de nouveau, se « défoncer » pour arriver au
sommet du Ventoux, dans la souffrance, portés par les
applaudissements de vacanciers en liesse. Le Mont
Ventoux, aride, surchauffé, « venté »
évidemment, va rendre son verdict : l'affronter est
dangereux et, même si l'on n'y meurt plus,
organiser une course cycliste sur ses pentes ne peut que laisser des
traces dans les organismes (3).
Que l'on
continue à faire un culte du Tour après tous ces échecs, ces
tricheries, ces drames et qu'on aille provoquer le Géant, le 14
juillet, comme pour affirmer que la 100ème édition ne marque pas la
fin mais la relance de l'anti-sport (4), fait honte à notre pays bien
plus qu'elle ne valorise la nation française, laquelle n'a pas besoin
de majuscule.
Dans le cirque du Tour (5),
on joue avec la vie des hommes pour des raisons où le sport est
secondaire. Le Tour de France est une entreprise commerciale géante
et une manifestation cocardière qui, ce 14 juillet 2013, va
retrouver son sommet nationaliste en Provence ! Cette épreuve est en elle-même une drogue
qui s'empare des esprits autant et plus que des corps de coureurs. Qu'on la tolère et pire, qu'on la loue, est le signe d'une décadence culturelle.
"Est-ce ainsi que les hommes vivent ?" (Aragon-Ferré)
(1) Les analyses prouveront que la
prise d'amphétamines, alliée à la chaleur (35°), la privation
d'eau (pas de ravitaillement), la fatigue et l'alcool, est
responsable du décès du sportif.
Des cachets d'amphétamines ont d'ailleurs été retrouvés
dans une poche du maillot du Britannique. Le dopage fait une entrée
fracassante dans les débats... Pourtant, dès
1965, Simpson avait avoué dans un magazine anglais qu'il se
dopait. Personne
n'était alors choqué
par ce type de paroles. L'année précédente, les coureurs
s'étaient mis en grève contre l'adoption d'une loi anti-dopage en
France !http://www.linternaute.com/sport/cyclisme/dossier/les-derapages-du-tour-de-france/tom-simpson-s-ecroule-dans-le-ventoux.shtml
(2) http://www.lemonde.fr/sport/article/2013/06/28/avant-le-tour-lance-armstrong-brise-le-silence_3438032_3242.html
(2) http://www.lemonde.fr/sport/article/2013/06/28/avant-le-tour-lance-armstrong-brise-le-silence_3438032_3242.html
Coppi, double vainqueur du Tour, est mort de
malaria, à 40 ans.
Louison Bobet, triple vainqueur du Tour, est
mort à 42 ans.
Laurent Fignon, double vainqueur du
Tour, est mort d'un cancer des voies digestives, à 50 ans.
(4) Barne Riis, vainqueur du Tour en 1996, a avoué s'être drogué. Il a été radié de la liste des vainqueurs.
(4) Barne Riis, vainqueur du Tour en 1996, a avoué s'être drogué. Il a été radié de la liste des vainqueurs.
Ian Ullrich, vainqueur du Tour en 1996, puis « l'éternel second derrière Armstrong »,
a récemment avoué s'être drogué. Il n'a pas (encore ?) été radié de la liste des vainqueurs.
Marco Pantani, vainqueur du Tour en 1998, a
conservé post mortem, sa victoire, en dépit des doutes.
Alberto Contador, vainqueur du
Tour en 2007 puis en 2009, a été déclassé pour dopage pour ce
second tour, au profit d'Andy Schleck, mais... il recourt la « grande
Boucle » en 2013 !
(5) - Je dis cirque parce que c'est un circuit, une boucle, une arène hexagonale gigantesque, mais surtout par ce que c'est un vaste jeu qui permet de transformer des foules entières en tifosis fanatisés.