dimanche 14 juillet 2013

Mont Ventoux : à qui le Tour ?


Un Tour de France qui interpelle les honnêtes gens autant que les philosophes. 


Pantani et Armsrong sur le Ventoux

Ce jour, 16h. 15, à l'heure où j'écris,  la course est lancée... Ce sera la neuvième arrivée au sommet du Ventoux dans l'histoire du Tour. Voici quatre ans qu'on ne l'avait pas escaladé. Le premier passage au sommet date de 1951.

Drogué, épuisé, assoiffé, écrasé par le soleil, Tom Simson était mort sur les pentes du Mont Ventoux, le 13 juillet 1967 (1).

Eddy Mercx, en 1970, vainqueur de l'étape du Ventoux, dut être assisté médicalement, compte tenu de l'état inquiétant dans lequel il arriva au sommet.

Le 13 juillet 2000, Marco Pantani et Lance Armstrong s'y distinguèrent ensemble, brillamment. Marco Pantani, depuis, est mort drogué. Lance Armstrong a « gagné » sept fois le Tour de France, en trichant, et toutes ses victoires ont été annulées (2).

Richard Virenque, vainqueur au Ventoux, en 2002, convaincu de dopage en 1998, avait été exclu du Tour avec toute son équipe. Il n'en resta pas moins très populaire.

Aujourd'hui, 46 ans après la défaillance mortelle de Tom Simson, la France jubile : des hommes vont, de nouveau, se « défoncer » pour arriver au sommet du Ventoux, dans la souffrance, portés par les applaudissements de vacanciers en liesse. Le Mont Ventoux, aride, surchauffé, « venté » évidemment, va rendre son verdict : l'affronter est dangereux et, même si l'on n'y meurt plus, organiser une course cycliste sur ses pentes ne peut que laisser des traces dans les organismes (3).

Que l'on continue à faire un culte du Tour après tous ces échecs, ces tricheries, ces drames et qu'on aille provoquer le Géant, le 14 juillet, comme pour affirmer que la 100ème édition ne marque pas la fin mais la relance de l'anti-sport (4), fait honte à notre pays bien plus qu'elle ne valorise la nation française, laquelle n'a pas besoin de majuscule.

Dans le cirque du Tour (5), on joue avec la vie des hommes pour des raisons où le sport est secondaire. Le Tour de France est une entreprise commerciale géante et une manifestation cocardière qui, ce 14 juillet 2013, va retrouver son sommet nationaliste en Provence ! Cette épreuve est en elle-même une drogue qui s'empare des esprits autant et plus que des corps de coureurs. Qu'on la tolère et pire, qu'on la loue, est le signe d'une décadence culturelle. 



"Est-ce ainsi que les hommes vivent ?" (Aragon-Ferré)

(1) Les analyses prouveront que la prise d'amphétamines, alliée à la chaleur (35°), la privation d'eau (pas de ravitaillement), la fatigue et l'alcool, est responsable du décès du sportif. Des cachets d'amphétamines ont d'ailleurs été retrouvés dans une poche du maillot du Britannique. Le dopage fait une entrée fracassante dans les débats... Pourtant, dès 1965, Simpson avait avoué dans un magazine anglais qu'il se dopait. Personne n'était alors choqué par ce type de paroles. L'année précédente, les coureurs s'étaient mis en grève contre l'adoption d'une loi anti-dopage en France !http://www.linternaute.com/sport/cyclisme/dossier/les-derapages-du-tour-de-france/tom-simpson-s-ecroule-dans-le-ventoux.shtml

(2) http://www.lemonde.fr/sport/article/2013/06/28/avant-le-tour-lance-armstrong-brise-le-silence_3438032_3242.html

(3) - Anquetil, quintuple vainqueur du Tour, est mort d'un cancer de l'estomac, à 53 ans.
Coppi, double vainqueur du Tour, est mort de malaria, à 40 ans.
Louison Bobet, triple vainqueur du Tour, est mort à 42 ans.
Laurent Fignon, double vainqueur du Tour, est mort d'un cancer des voies digestives, à 50 ans.

(4) Barne Riis, vainqueur du Tour en 1996, a avoué s'être drogué. Il a été radié de la liste des vainqueurs.
Ian Ullrich, vainqueur du Tour en 1996, puis « l'éternel second derrière Armstrong », a récemment avoué s'être drogué. Il n'a pas (encore ?) été radié de la liste des vainqueurs.
Marco Pantani, vainqueur du Tour en 1998, a conservé post mortem, sa victoire, en dépit des doutes.
Alberto Contador, vainqueur du Tour en 2007 puis en 2009, a été déclassé pour dopage pour ce second tour, au profit d'Andy Schleck, mais... il recourt la « grande Boucle » en 2013 !

(5) - Je dis cirque parce que c'est un circuit, une boucle, une arène hexagonale gigantesque, mais surtout par ce que c'est un vaste jeu qui permet de transformer des foules entières en tifosis fanatisés.

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