lundi 31 décembre 2007

Chypre grecque ou Chypre turque?

Chypre et Malte, un peu plus d'un million d'habitants à elles deux, entrent lundi à minuit dans la zone euro. Chypre, à 22h00 GMT, et Malte, une heure plus tard, deviennent les 14e et 15e pays de la zone euro, un bloc qui passera à 318.000 millions d'habitants, dans l'attente d'une éventuelle intégration de la Slovaquie en janvier 2009. L'Euro et l'Europe se structurent. Et que vont devenir les Chypriotes turcs? Que pèsera leur livre?

Avec 800.000 habitants pour Chypre et 400.000 pour Malte, les deux îles de Méditerranée, anciennes possessions britanniques, indépendantes depuis les années 1960, font figure de petits poucets. A Chypre, où mêmes les deux bases britanniques de Dhekelia et Episkopi-Akrotiri (255 km2) passent à l'euro, la dernière semaine a en outre été marquée par une ruée sur la nouvelle monnaie, entraînant d'importantes queues dans les banques de la capitale Nicosie. L'événement est hautement politique: c'est la véritable indépendance par rapport à la Grande Bretagne qui commence.

Le tourisme, secteur clé de l'économie de l'île -la troisième de Méditerranée par la taille-, attire de nombreux Européens qui n'auront plus à payer des frais de change. L'arrivée de l'euro est toutefois perçue avec inquiétude par les populations, qui craignent une hausse des prix, comme dans d'autres pays. Selon des sondages récents effectués pour l'UE, près de 70% des Chypriotes estiment que l'euro engendrera une hausse de l'inflation (actuellement de 3%).
Dans les deux cas, la monnaie "sortante" est plus "forte": un euro équivaut à 0,429300 lire, la monnaie de Malte depuis 1986, et 0,585274 livre chypriote. D'un point de vue pratique, à Chypre, les livres pourront être utilisées jusqu'à fin janvier. Mais, selon des analystes, elles auront majoritairement disparu de la circulation sous 15 jours. Lors de mon voyage à Nicosie, j'avais découvert un pays riche. Ces îles en Europe font désormais partie de notre ère de vie mais qu'en sera-t-il quand l'avion sera moins utilisé?

31 décembre 2007

dimanche 30 décembre 2007

2008 : vers le quarantième anniversaire de la rupture politique

Guy Philippon est un Vert encore vert. Il est passé du PSU aux écologistes sans jamais trahir ni se trahir. Que ces quelques phrases de son blog accompagnent l'une de mes entrées dans l'année 2008. Il a écrit le jeudi 22 novembre 2007 :

" 1968 : des feux de rupture sur la planète entière

Incendies de 1968 sur tous les continents dans la même année ! Pourquoi cette concentration étonnante sur une année qui ne peut pas être due au hasard?

En France, on a traité les premiers révoltés « d’enragés » ! La rage est la plus contagieuse des maladies. Les idées circulent, les informations circulent. C’est le début de la « mondialisation ». Mais cette mondialisation de la contestation des modèles dominants, c’est l’horreur pour Sarkozy et ses amis ; d’où sa haine pour Mai 68. Ces ruptures de 68 ne sont pas ses ruptures à lui ! Elles ont eu des conséquences fondamentales sur les décennies suivantes, depuis le domaine des mœurs jusqu’à celui de la politique mondiale avec la dislocation du bloc soviétique, les forums sociaux mondiaux en lutte contre le libéralisme dominant, etc. Incendies de 1968 : causes diverses, mais partout rôle important des étudiants et des luttes contre l’autoritarisme dominant dans la société comme dans la vie politique. C’est valable aussi bien dans le monde communiste que dans le monde capitaliste. En France se rajoute le ras-le-bol de l’étouffoir gaulliste. Ne serait-ce pas, au moins en partie, ce rejet des « autorités politiques, économiques, religieuses » qui explique la haine des Sarkozys?"

jeudi 27 décembre 2007

L’humanitaire doit-il se taire ?

Huit ans de travaux forcés pour les six Français de L’Arche de Zoé. « Ce stupide amour collectif qu’il faut nommer l’humanitarisme » (Balzac) est-il responsable de l’action désastreuse sanctionnée par cette parodie de justice tchadienne ? La confusion dans les mots entraîne toujours vers l’erreur. Humanisme, humanitarisme, Droits de l’Homme, droits humains, «droit de l’hommisme», humanité, tout est mêlé… !

L’humanisme est une philosophie parmi d’autres. «L’existentialisme est un humanisme» disait Sartre.

L’humanitarisme est, dit le dictionnaire Robert, péjoratif. C’est un ensemble de « conceptions utopiques et dangereuses ».

Les Droits de l’Homme, depuis 1789, sont indissociables des droits du citoyen. C’est un rappel politique du caractère universel des droits de chaque homme face aux pouvoirs ? La Déclaration de 1948, écrite plus d’un siècle et demi après, sous le choc de la seconde guerre mondiale, est bien qualifiée d' «universelle».

Les droits humains sont, plus modestement, et face aux grands principes, ce que tout être humain peut revendiquer, avec ou sans l’appui des États. D’aucuns pensent que cette humilité est plus efficace que ne peut l’être une Déclaration mal respectée par les États de l’ONU.

Les « droits de l’hommisme » constituent une formule plus que péjorative ! Elle sert à ridiculiser et à fustiger les discours pompeux, sans rapport réel avec les conflits où sont mis en cause les droits humains.

Je relève, une fois encore, que chaque fois qu’apparaît le suffixe isme, l’esprit de système rend le vocable qui le porte restrictif, car la valeur magnifiée estompe toutes celles qui l’entourent et qui en sont, pourtant, indissociables. Mais l’homme est-il une valeur, la valeur ou un complexe de valeurs ? On ne peut le mettre en système ! L’homme a des droits ; ils sont communs à toute l’humanité ; ils sont universels ; c’est communément admis; mais il y a différentes conceptions de l’homme et point une seule. Dès lors il y a « des » humanismes et la totalité de l’homme planétaire ne saurait être inscrite dans ses droits !

Parler de l’homme et de l’humanité plutôt que de tous les dérivés qu’on a tirés de ces noms me semble une bonne discipline de pensée. L’homme-personne et l’humanité-espèce sont-ils au cœur de nos analyses ? Liberté, propriété, égalité, présents dans la déclaration de 1789, sont des droits qu’on a extrapolés jusqu’à les détourner de leur sens premier. La définition de l’homme reste et restera objet de débats. Dès lors, les Droits de l’homme, non seulement ne sont pas figés mais ne sauraient jamais être complets.

Humanitaire, que mot soit adjectivé ou nominalisé, est un vocable très ambigu. Pourquoi l’activité humaine serait-elle partagée entre ce qui regarde l’homme et ce qui ne le regarde pas? Qu’est-ce qu’une activité humaine non humanitaire? Pourquoi existerait-il une ère d’activités spécifique où l’on se pré-occupe des hommes en souffrance, de sorte que l’on puisse déléguer à des professionnels le soin de lutter contre le malheur ? Et puis, surtout, comment séparer l’action humaine de l’action politique ? Agir indépendamment des États, passe ! Agir sans juger des causes des tragédies qu’on rencontre. Impossible ! Alors, pour ne pas nuire, se taire ?

Les ONG ont ceci d’équivoque qu’elles refusent de se substituer aux États tout en s’y substituant. On le leur pardonne, à cause de leur utilité, mais il y a là, au cœur de leur action, un germe mortel de mensonge qui peut se révéler très pervers. La Croix Rouge est caractéristique de ce double jeu avec les pouvoirs. L’humanitaire devient alors une action diplomatique, une politique sans politique. Humanitaire et se taire riment bien ensemble… Et, quand n’a pas appris à se taire, on peut ou bien errer ou bien être contraint de se taire. S’ils rentrent en France les condamnés de l’Arche de Zoé seront invités à se taire. Sinon, on les fera taire.

mardi 25 décembre 2007

Noël 2007

Ce 25 décembre 2007, si j’avais quelque titre encore à me dire chrétien, en vérité, je devrais dire ceci…

Depuis le début de l’ère chrétienne, en tout lieu où a été prêché l’Évangile, au cœur du massage qui est parvenu jusqu’à nous, se trouvaient logées trois exigences que l’Église n’a jamais vraiment prises en compte : la non-violence, le non-avoir et le non-pouvoir.

La non-violence, selon Jésus, ne consiste pas seulement à tendre la joue gauche quand on est frappé sur la joue droite ! Elle signifie que tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. Autrement dit jamais la force n’est dans le meurtre. La paix n’est pas la non guerre et l’amour auquel sont appelés les hommes ne souffre pas l’exception de la domination par les armes.

Le non-avoir, selon le Christ, ne consiste nullement à gérer son bien avec honnêteté. Il signifie : « vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ». Autrement dit, sans la sobriété, il n’est pas de partage possible entre les hommes. C’est la pauvreté qui protège de la misère. La paix est dans la justice et l’amour auquel sont appelés les hommes ne souffre pas l’exception de la domination par l’argent.

Le non-pouvoir, selon le Fils de l’Homme , ne consiste pas à refuser les honneurs et les privilèges seulement ! Il consiste à refuser de fonder la société humaine sur une quelconque hiérarchie entre frères humains. L’homme ne vit pas que de pain et satisfaire les besoins de l’humanité ne suffirait pas. La paix n’est pas dans la soumission à des chefs et l’amour auquel sont appelés les hommes ne souffre pas l’exception de la domination par des élites.

« Le royaume de Dieu est à ceux qui ressemblent aux enfants » dit Jésus. Et il insiste : « Je vous le dis, en vérité : qui ne recevra pas, comme un petit enfant, le royaume de Dieu n'y entrera point. » Ni les coups, ni l’argent, ni les titres ne feront d’un enfant un homme ou une femme. Chaque enfant joue. Un enfant qui n’a pas assez joué ne sait rien du royaume de Dieu, c’est-à-dire de l’univers où le mot bonheur garde sens. Tout enfant est dépendant. Seul l’amour de ses parents lui permet de vivre. «Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère…» disait la chanson !

Noël pouvait signifier tout cela à la fois : non à la violence, non à la misère, non au pouvoir de l’homme sur l’homme. Jésus enfant en a été le témoin. L’enfant de la crèche a échappé au massacre des Innocents ; mais il est resté à la merci des soldats qui le traquaient. Marie n’a trouvé aucune auberge où accoucher ; et dans la bergerie où elle a trouvé refuge, elle est pauvre parmi les pauvres. Le roi Hérode craint le pouvoir du futur et imaginaire «Roi des Juifs», et le fait rechercher ; de même, les Grands Prêtres et les Romains qui le tueront quelque trente ans plus tard, à Jérusalem.

Sans moyens d’agir (par les armes), sans moyens de détenir (par la propriété) et sans moyens de régir (par la loi), le Christ ne dispose que de sa parole, la seule force qui puisse et va changer le monde. « Mon royaume n’est pas de ce monde » s’exclame-t-il. Cela n’a jamais voulu dire : mon royaume est dans le ciel ! Du reste le Royaume de Dieu n’est pas un royaume. C’est la société des hommes vivants et morts, avec ou sans roi. C’est notre histoire tout entière. Une histoire qui souffre atrocement des trois dominations : par la violence, l’argent et les puissants.

Noël est devenu une utopie dévoyée. La fête de Noël est célébrée par des foules qui oublient la violence faite à ceux qui sont privés de tout, par des citoyens-clients qui dépensent leur avoir et consomment dans la frénésie pour oublier leurs angoisses, par des célébrités qui étalent leurs fastes et leurs frasques avec ostentation, en oubliant le regard de ceux qui les voient s’exhiber devant eux, superbes et méprisants.

Accueillir l’utopie évangélique, qui est négation d’un tel monde où devient rare l’amour actif, devient fort dangereux. C’est pourtant le seul choix qui reste ouvert à l’homme véridique, que rien, pas même la menace de mort, la privation d’argent et l’inaccessibilité aux plus brillantes fonctions, n’empêche de réussir sa vie. « Ne pas dominer » ne deviendrait-il pas alors le maître mot ? N’être, ne pas se sentir, ou ne pas vouloir devenir supérieur à autrui : là est, peut-être, l’ascèse joyeuse, l’ambition véritable, la seule gloire qui vaille. Avec ou sans religion.

Oui, mais Dieu justement, me diront les « fidèles »? Et l’au-delà ? Et l’âme ? Et le péché ? Dieu ? S’il est, il est amour et nous voilà revenu au problème précédent, c’est-à-dire à ce que dit l’apôtre Jacques , ou Paul de Tarse , ou même Augustin d’Hippone qui affirment, chacun à sa manière : sans amour il n’y a… rien. Rien qui vaille ! Ne pas aimer est a-thée, plus encore si l’on « croit » en Dieu. L’au-delà ? Il n’a rien avoir avec un autre monde ; le nôtre est insondable, immense et bien plus que complexe ; il est déjà au-delà de l’espace et du temps tels que nous les avions pensés. Pourquoi s’y interdire l’espoir d’une vie meilleure qui nous conduirait au-delà… de nos vies brutalisées. L’âme ? Elle est ce que chacune des personnes vivantes porte au plus profond d’elle-même, son je, et c’est autant impénétrable qu’unique. Tout autre essai de définition constitue une extrapolation imprudente, philosophiquement. Quant au péché, c’est un mot-piège qui décrit les insuffisances et les crimes des humains, et culpabilise les fautifs alors que le « ne jugez point » devrait dire notre incapacité à sonder les reins et les cœurs. Les actes qui blessent gravement l’humanité ont des ressorts qui sont impossibles à mesurer et aucune confession n’en peut mesurer la gravité, ni en effacer l’erreur.

Noël, c’est la lucidité et la sérénité de retour, au moment où rejaillit la lumière dans notre hémisphère nord. C’est, par avance, parier sur l’au-delà du froid, l’au-delà de la nuit, l’au-delà de l’impuissance, l’au-delà du désespoir. À qui serait devenue impossible cette foi en la vie, en l’amour, en la solidarité, en la réussite de tous et de chacun, il resterait bien sûr, les cadeaux et la table du réveillon, dérisoire mais touchant sursaut de qui veut, en dépit de toutes ses ignorances, croire en « quelque chose » de bon et d’heureux, fut-ce un seul soir…

Le réveillon est le moment où l’on n’accepte de ne pas dormir pour rester ensemble. Réveillons-nous donc ! Mais pour ouvrir les yeux, pas pour ignorer une réalité qui, de toute façon, nous submergera. 2008 s’avance avec son cortège d’épreuves et d’espérances. Ceux qui ont choisi de fonder leur temps de vie sur le partage vont entrer dans un combat plein de risques. Agir par la seule force de la pensée et de l’amour est une gageure. Mais la violence, la richesse et la puissance ne cessent d’échouer. L’histoire de l’humanité et les événements de ce début de siècle le démontrent abondamment. Ou bien les hommes emprunteront une autre voie, ou bien ils quitteront la scène planétaire. À qui laisse, après lui, des êtres qui constituent de nouvelles générations, il ne reste plus qu’à passer du conte de Noël à la parole de Noël, celle qui peut encore donner à croire que la paix, la fraternité et la parité sociale ont un avenir.

dimanche 23 décembre 2007

... Et n'en parlons plus!

Après avoir lu Alain Badiou et Alain Brossat, tous deux professeurs de philosophie à l'université Paris 8, qui, l'un comme l'autre, ont écrit, chez le même éditeur, Lignes, un pamphlet politique virulent et lucide (1) concernant Nicolas Sarkozy, qu'y a-t-il encore à dire, concernant ce fantoche qui encombre notre espace politique?
Rien.
Tout est dit.
Il faut s'efforcer de vivre, de penser et d'agir sans se laisser prendre aux pièges de mots et de décisions qui seront vite obsolètes. Résister, c'est ne pas parler, désormais, en bien ou en mal, de ce personnage qui ridiculise la France. Il faut traiter les questions qui s'imposent à nous et pas celles que Sarkozy nous impose.
Oui, il faut tourner la page avant qu'elle ne se tourne d'elle-même ou que les Français ne ferment, brutalement, ce livre et, en même temps,ce chapitre pitoyable de notre histoire.
(1) Alain Badiou, De quoi Sarkozy est-il le nom, éditions Lignes, 2007.
Alain Brossat,
Bouffon imperator, éditions Lignes, 2008.

jeudi 20 décembre 2007

Le chanoine impudique.

"Bouffon imperator" est devenu aujourd'hui, selon le dictionnaire Le Robert : "dignitaire ecclésiastique, membre du chapitre d'une église cathédrale, collégiale, ou de certaines basiliques". Est-il "Chanoine titulaire, prébendé (oh!) ou honoraire"? La prébende, précisons-le, est un "Revenu fixe accordé à un ecclésiastique (dignitaire d'une cathédrale ou chanoine)" précise encore le dictionnaire, bref c'est un moyen de gagner plus en travaillant plus (un peu)...

Mais soyons sérieux. Par où qu'on l'aborde, Saint Nicolas, quasi évêque, est un catholique qui ne saurait pourtant être en odeur de sainteté. Qu'il puisse à la fois vivre ce qu'il vit tout en se faisant le défenseur des valeurs chrétiennes a de quoi surprendre! Un catholique intégriste, ou simplement traditionaliste, s'offusquera que ce double divorcé s'affiche à Rome, auprès du Pape, juste après s'être choisi une nouvelle et médiatique maîtresse. Un catholique pratiquant comprendra mal que ce qui est interdit aux humbles soit accordé aux grands par le Pape Benoît XVI, pourtant si attentif à la protection de la doctrine, (la politique aurait-elle ses quartiers réservés dans l'univers pontifical)? Un catholique simplement exigeant, pour qui l'accueil de l'étranger, le refus de l'argent roi, le partage et l'hospitalité font partie du message évangélique aura quelque peine à accepter la mise en scène télévisuelle de cette rencontre ambiguë.

Le citoyen français, chrétien ou pas, se trouve, une nouvelle fois enfermé dans une contradiction : le Président de la république a des droits et s'en sert, d'une part; mais il en abuse avec effronterie, d'autre part, et montre au monde entier qu'il se moque totalement des conventions ou des habitudes, les mieux fondées comme les plus infondées, qui sont celles qui accompagnaient jusqu'à présent, l'exercice du pouvoir. Nicolas Sarkozy, en quelques mois, a réussi a incarner, seul, ce pouvoir qu'il délègue, reprend ou distribue, à son gré. Il est le Maître. Il est le Chef. Il est l'Imperator, le Conducator, le Caudillo et le Leader Maximo tout à la fois. Je n'ose écrire le Führer, le Guide suprème. En tout cas, il est le Prince (attention à la visite en Andorre). Et par-dessus tout, il est le Chanoine.

Trop, c'est trop. Et le culot d'enfer de ce personnage d'opérette à spectacle atteint ses limites. Il est l'impudeur même.

À quand la photo, dans Paris-Match, de Nicolas Sarkozy, à l'Élysée, cigare à la main et Carla Bruni sur les genoux, entouré de ses ministres, une coupe de champagne à la main, fêtant l'entrée dans l'année nouvelle, en présence du cardinal de Paris ou du primat des Gaulles venus dire la gratitude des catholiques pour la réinstallation de la fille ainée de l'Église au premier rang de la cour européenne?

mardi 18 décembre 2007

La décroissance n'est pas la non croissance, mais l'anti-croissance

La décroissance n'est pas la non croissance, c'est l'anti-croissance! Décroissance est un mot provocateur qui révèle que le culte de la croissance débouche sur la mise à sac de la planète tout entière. La décroissance est un solde à établir entre le plus de croissance utile et le moins de croissance nuisible, en sachant bien que, désormais le moins l'emporte sur le plus! N'acheter que ce qui est nécessaire est insupportable en économie de marché quand le marché est nourri par les sollicitations énormes et souvent mensongères de la publicité! La décroissance, c'est la sobriété.

Si tous les hommes vivaient sobrement, il y aurait un plus de vie matérielle convenable pour la majorité des hommes et moins de déperdition d'énergie, de matières premières et d'alimentation pour les autres. S'il fallait, et ce n'est même pas indispensable, que tous les humains mangent, en moyenne, afin que personne ne meure plus de faim ou de malnutrition, un peu moins que ne le peuvent la majorité des seuls habitants des pays occidentaux, cela vaudrait grandement la peine! La décroissance n'exige même pas cela. Elle est simplement l'ardente obligation de ne plus rien gaspiller et de cesser d'augmenter, puis de réduire la production de ce qui n'a pas besoin d'être consommé. La difficulté ne serait pas de ne pas pas produire l'inutile; la difficulté est idéologique : changer de logique pour en finir avec le mythe trop bien installé de la croissance. La décroissance va devenir la condition du mieux être général mais il faudra sans doute encore bien des drames avant qu'on s'y résolve!

"Une charge démesurée"

Les Rroms roumains qui vivent en France dans la précarité (mais moins quand même que s'ils étaient restés en Roumanie...) constitueraient, quand ils sont sans emploi, "une charge démesurée" pour les services sociaux de notre pays. À présent, l'argument suffit à fonder l'obligation d'avoir à quitter le territoire français (OQTF), au bout de trois mois de
présence. En fait, la charge financière est proportionnelle au nombre de ces étrangers sans ressources qui fréquentent les hôpitaux pour se soigner, y accoucher ou se faire vacciner. Pour une population de quelques milliers de personnes, la charge n'est donc point aussi démesurée qu'il est dit. Ce qui est démesuré, c'est de recourir à des moyens de transports importants, y compris l'avion, pour reconduire chez eux, des familles qui n'effectuent de "départs volontaires" que contraints et forcés. Ce qui devient exorbitant, c'est de payer des fonctionnaires de police ou de l'ANAEM pour "accompagner" les Roumains jusqu'à l'entrée de la Roumanie. Les quelques centaines d'euros "offerts" aux familles pour qu'elles puissent rentrer dans leur ville ou village ne sont pas pris en compte dans le calcul de la charge démesurée... À vrai dire, on ne songe qu'à "faire du nombre", c'est à dire à renvoyer loin de nos frontières des indigents dont on veut se débarrasser quitte à le payer, cette fois, très cher.

lundi 17 décembre 2007

Extimité

C’est, paraît-il, Jacques Lacan qui a lancé le mot : « extimité », c'est-à-dire l’intimité extériorisée. Nicolas Sarkozy a remplacé Cécilia par Carla. On s'en foutrait s'il ne fallait pas qu'on le sache! Or, il nous impose de le savoir! Un homme public ne peut pas cacher sa vie privée, semble-t-il... Le Président de la République l'expose donc. Point d'hypocrisie, certes, mais mépris du peuple sans aucun doute. Un bras d'honneur est fait à l'ensemble des citoyens. "Je vis comme je le veux et vous emmerde!" J'ai tous les droits et c'est comme ça... Le Roi Soleil multipliait les bâtards et nul ne pouvait rien en dire. Retour au temps de la Cour de Versailles : un bon confesseur suffit à effacer les frasques. Un bon journaliste devrait pouvoir remplacer un curé! Peu après la Saint Nicolas, on nous apprend simplement que notre puissant monarque s'est choisi une nouvelle belle. Il n'y a pas six mois, les élans tendres du nouveau Président à l'égard de son ex femme, émouvait les gazetiers. Il va falloir s'habituer à une nouvelle star du showbiz politique qui sait chanter et conquérir tous les publics. Ce spectacle me lève le cœur. Il donne à penser que le pouvoir permet tout, y compris de coucher avec qui l'on veut. J'avoue que la discrétion des prédécesseurs de Sarkozy me convenait mieux. Je pouvais critiquer les cavalcades des coureurs de jupon qu'ils soient princes ou qu'ils soient roturiers. Là, je dois accepter que l'État incarné soit cynique y compris dans l'intimité. Cette philosophie des rapports humains m'est insupportable. Alain Brossat va la décrire, en son prochain livre, intitulé Bouffon impérator. J'y avais vu l'annonce d'un pamphlet politique. Je crains qu'il ne s'agisse de tout autre chose : la description d'une impudeur bien pire que celle de exhibitionnistes, l'impudeur de l'âme. Si les Français se font une raison, eh bien, eux aussi donneront d'eux-mêmes, à nouveau, l'image de ces veaux que Charles de Gaulle stigmatisait. Ils acceptent tout, supportent tout et en redemandent? Je ne crois pas. Le pays ne peut courir, à un tel rythme, vers le néant de ses espoirs en laissant un seul homme ne tenir compte que de lui-même.

vendredi 14 décembre 2007

Décolonisation sans repentance

Repentance signifie, pour Le Robert, "souvenir douloureux" et "regret de ses fautes". Décolonisation signifie, pour le même Robert, "cessation pour un pays de l'état de colonie; processus par lequel une colonie devient indépendante"; et encore : "libération de groupes humains ou de secteurs socioéconomiques tenus dans un état de dépendance, de subordination".

Décolonisation sans repentance voudrait donc dire : fin de la colonie mais sans "regret de ses fautes", sans "souvenir douloureux", sans reconnaissance de l'importance de la "libération", de la nécessité de "l'indépendance", de l'injustice de la "subordination"! Les colonisateurs passeraient aux oubliettes de l'histoire, mais sans jugement. Dans cet état d'esprit, on déplore sans accuser. On tourne la page sans avoir à assumer de responsabilité.

Un grand pays ne se déjuge pas, nous dit-on. Avouer ses crimes le déshonorerait-il? Surement pas. Ce qui prolonge la décolonisation, et continue à lui faire porter les fruits les plus amers, c'est qu'on ne la déracine pas. Refuser de la mettre au ban de l'histoire de l'humanité, c'est continuer à vouloir que la puissance des riches s'impose. Et si elle ne l'emporte plus par les armes, par l'administration, ou par la religion elle y parvient toujours par l'argent. Ainsi, les peuples, hier sous domination, souvent, le restent.

La colonisation des esprits (mais aussi celle des richesses matérielles) n'a pas cessé. Ce n'est pas seulement de repentance qu'il faudrait parler, mais de rupture, de vraie rupture, de rupture sincère avec des pratiques et des idéaux qui, loin d'être obsolètes, sont restés actifs dans la pensée de bien des dirigeants occidentaux.

Éloge de la minorité

Qui vit dans la majorité s'y avachit.
Les majorités sont structurellement conservatrices.
Les majorités sont construites pour durer.

Les minorités luttent pour exister.
Les minorités sont en perpétuelle recherche de développement.
Les minorités peuvent entrer dans des majorités changeantes.

Une majorité devrait n'être constituée que de minorités associées.
Une telle majorité n'existerait que par le débat.
Une majorité monolithe et massive devient, tôt ou tard, dictatoriale.

Un idéal démocratique voudrait que pour que s'épanouissent les sociétés, elles ne comptent que des minorités.
Car ils n'est pas bon que les minorités s'enferment dans leur statut de minorité irresponsable.
Parce qu'il n'est pas bon que des majorités soient sans contestation réelle "aux affaires".

Une opposition qui n'est que de mots est inutile.
Une opposition qui n'est jamais, et en rien, associée aux décisions se crispe et devient systématiquement négative.
Il n'y a de démocratie réelle et de majorité que grâce aux minorités actives qui s'unissent.

mercredi 12 décembre 2007

Propos iconoclastes

Je me suis sinon endormi, du moins éloigné de ce lieu d'écriture. J'y reviens avec ce texte qui risque d'en inspirer d'autres.

Feu la gauche.

Mieux vaut être à gauche que se dire de gauche.
Le mot gauche est obsolète.
Il ne signifie plus que « la non-droite »
Il est mort parce qu’il cloisonne.
Il empêche d’entraîner les peuples vers d’autres solidarités que celles des partis.
Il bloque y compris la signification du mot gauche tel qu’il fut employé par le passé.

Car ce vocable ne contient plus les valeurs suivantes :
- Refus de tous les privilèges dans l’esprit des Lumières.
- Solidarité active et préférentielle avec les plus démunis.
- Promotion collective organisée et militante.
- Rejet du profit comme moteur de l’activité humaine.
- Reconnaissance de l’égalité des hommes comme semblables.
- Défense de la liberté de conscience et non de celle de dominer.
- Recherche constante de la fraternité coopérative.
- Contestation de la hiérarchie sociale fondée sur des élites.
- Modestie et sobriété comme mode de vie des responsables.
- Contestation de l’organisation économique capitaliste.
- Valorisation du partage dans la justice.
- Engagement résolu contre le racisme et le colonialisme.
- Égalité de vie entre hommes et femmes.
-
L’objectif d’une politique de notre temps est de réintégrer ces valeurs abandonnées.
Mais aussi d’y ajouter des valeurs nouvelles :
- Prise en compte des limites planétaires physiques et démographiques.
- Redynamisation du concept de partage entre tous les peuples.
- Rejet de la mondialisation monoculturelle.
- Affirmation d’un altermondialisme respectueux des diversités humaines.
- Intégration de la dimension écologique dans toute politique économique.
- Contestation du système des États-nations, destructeur des peuples.
- Fin du mythe de la démocratie représentative sans démocratie effective.
- Sortie des limites : privé/public, entreprises/État.
- Redéploiement de l’associatif, du coopératif, de la solidarité économique.
- Mise en œuvre de politiques de formations à échelle mondiale.
- Lutte contre toutes les fermetures rendant impossible l’hospitalité universelle.
- Priorité accordée aux luttes contre l’exploitation généralisée des femmes.
- Recherche constante des moyens d’action non-violents efficaces.
- Information libre et complète, ouverte en toutes langues.
- Contestation du seul travail salarié et reconnaissance du travail volontaire.

L’opposition simple entre détenteurs du capital et détenteurs de la force de travail a vécu. Mais la lutte des classes s’est maintenue sous la forme de l’exploitation d’un nombre croissant d’êtres humains par un nombre restreint de profiteurs de plus en plus riches. Non seulement l’injustice génère toujours de la violence allant jusqu’à la guerre, mais, à présent, le monde entier est sous la menace de destructions irréversibles plus épouvantables encore que les guerres parce qu’elles proviennent de déséquilibres naturels affectant des populations innombrables et produits par une activité humaine prédatrice motivée par le seul profit.

La gauche traditionnelle est passé à côté de ce constat. Elle est restée prisonnière d’un schéma dual : nous retournerons au pouvoir chaque fois que les électeurs seront lassés des politiques conservatrices. Ce schéma est faux. Il ne faut pas craindre d’en sortir. Quitte à abandonner des mots (gauche, socialisme, communisme), privés de leur sens et qui ont servi à trahir.




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