L'invocation du droit est devenu une incantation.
Les défenseurs des droits de l'homme s'y réfèrent constamment.
Malheureusement les mots lancés, qu'ils soient écrits ou criés,
cèdent devant les faits.
Sous nos yeux, la discrimination s'étend et s'étale au rythme
de la richesse.
Moins de pauvreté statistique ne peut freiner l'augmentation de
la misère.
Car l'écart entre les plus riches et les plus pauvres est devenu
abyssal.
Toujours plus d'humains sur terre exigerait toujours plus de
partage.
Mais il n'en est rien et c'est la cause première de l'extension
de la violence.
Le droit religieux du Décalogue biblique est passé sous silence
ou ridiculisé.
L'absolu du « Tu ne tueras pas » est désormais
obsolète et prête à sourire.
Il est même des droits assassins : la charia en est un.
Le droit de la République, lui-même, est, soit violé soit
détourné.
Les Droits de l'Homme ne sont nulle part prioritaires.
Les États font reposer leur légitimité sur la force.
L'élitocratie, la ploutocratie, l'oligarchie occupent la
République.
La res publica, la « chose
publique » est passée sous le joug du privé.
Il ne suffit pas de changer des lois
pour constituer un État de droit.
Le droit peut être « la raison
du plus fort » comme le dit la Fable de La Fontaine.
Le droit sans droiture, sans vertu, est
la justification des puissants.
Le droit, s'il n'est que l'affaire de
juristes s'éloigne de la justice.
Les religions monothéistes, en créant l'absolu des dogmes, ont
justifié l'implacable.
Leur droit est une soumission à une volonté qu'elles disent être
celle de Dieu.
Le droit n'est pas sacré et n'est que ce qu'impose l'homme à
l'homme.
Les sociétés d'obéissance, tôt ou tard, deviennent
meurtrières.
Pour qu'existe une société de
droit doit régner l'équilibre.
Les régimes dits démocratiques
produisent un droit de plus en plus inégalitaire !
II est vain d'« aimer son
prochain comme soi-même » s'il n'est son semblable.
Non identiques mais équivalents
dans notre être, nous avons tous droit à une parité effective .
La fraternité, qui n'est pas un droit,
peut seule cimenter les droits véritables.
Une loi n'est pas bonne parce que c'est
la loi.
L'accumulation de lois vaines et vite
abolies détourne du droit.
Le seul droit qu'on peut aimer est
celui qui résulte du débat citoyen.
Il est désespérant de devoir rabâcher
ce que nous savons depuis des siècles.
Rabelais, La Boétie, Montaigne, La
Fontaine, Rousseau, Hugo sont nos phares.
En France, ils ont tracé un chemin
dont on s'est sciemment détourné.
On y a vu la voie de l'anarchie alors
qu'il s'agissait de la voie de l'autonomie.
À présent, le droit est non ce qui
libère mais ce qui oblige, il a perdu son sens.
On en est si loin que le droit est
devenu la forme donnée à un ordre haïssable.
C'est pourquoi le droit ne suffit
plus : il est la lettre qu'a déserté l'esprit.
Il est « l'organisation des
pouvoirs publics » au lieu d'être la charte de l'en commun.
On a figé la démocratie dans des
processus électoraux qui la ruinent.
Sans projet pour la cité, choisir les
élus qui légifèrent n'est plus crédible.
Tant que le plus fort, le plus riche et
le plus puissant dominent, le droit est leur droit.
Les Déclarations générales et
généreuses, universelles, alors deviennent creuses.
Une loi n'est pas bonne parce que
c'est la loi.
L'accumulation de lois vaines et
vite abolies détourne du droit.
L'unique droit qu'on peut aimer est
celui qui résulte du débat citoyen.
La fraternité, qui n'est pas un
droit, peut seule cimenter les droits véritables.
Et il n'est pire dictature que celle
des textes morts.
Sans la spiritualité de penseurs
libres rien de neuf ne peut jaillir.
Or, les Terriens ont besoin de croire
en autre chose que ce qui les contraint.
Il faut oser sortir de la religion du
droit qui ne vaut pas mieux que les autres.
Quand les traditions sont
l'interdiction du changement, elles trahissent.
Quand les sachants prostituent leur
savoir pour conserver leur rôle, ils trahissent.
Quand les citoyens confient la
politique à des professionnels, ils se trahissent.
Quand les économies dévorent,
aliènent, gaspillent et gavent, elles nous trahissent.
Non, tout ne va pas droit dans notre
société occidentalisée et mondialisée.
Le droit non plus ne va pas droit dès
qu'il régule les dérégulations.
Il est deux droits : celui de nos
choix communs de vie et celui des maîtres de ce temps.
L'un est souple, adaptable, modifiable
mais l'autre est intransigeant et violent.
Dans « l'Ancien Régime »,
le droit dépendait du pouvoir divin du Roi.
Le Prince avait droit de vie et de mort
sur ses sujets.
Nous avions cru échapper à cet ordre
fatal par des révolutions populaires.
Le retour de monarques, escortés
de leur cohorte de valets, s'est effectué en douceur.
Dis moi où la loi se fonde sur la
violence et je te dirai où meurt le droit.
Plus, observe où la mort donnée est
banale et tu sauras quel droit triomphe.
Le droit aura plus tué que protégé.
Tous les dictateurs se justifient par
le rappel du droit qu'ils instaurent.
Il nous faut cesser de prendre le moyen
pour la fin !
Aucun droit républicain ou religieux
n'a de caractère absolu.
S'en remettre à un droit n'assure plus
la paix civile.
Imposer des lois transforme les hommes
en esclaves.
Si les droits de l'homme ne sont
pas les droits des humains, ils sont vains.
Le droit n'est que la forme de la
règle et pas la règle elle-même.
Le droit est plus qu'un texte :
c'est une entente et un accord qui engagent.
C'est la quête d'une vérité
impossible à figer.
Qui
ne professe pas la foi considérée comme vraie serait un mécréant !
Je le suis donc en affirmant que la
foi de toutes les idéologies totalitaires détruit l'humanité.
Penser
droit, c'est penser libre et pas penser comme.
Ne
cherchons plus la voie droite, unique et indiscutable : elle
fait errer.