lundi 14 mars 2011

Transparence ! Vous avez dit transparence !

Rien n'autorise à suspecter les bonnes intentions de ceux qui en appellent à la transparence. Toutefois, sous le mot, se cachent des sens qui ne convergent pas ! Pour les uns, la transparence signifie le partage total de la seule l'information ; pour les autres, il s'agit du partage de tous les éléments de la décision.

On peut ouvrir les dossiers sans laisser les citoyens y introduire des modifications pesant sur l'objectif à atteindre. On peut, au contraire, associer les citoyens à la compréhension mais aussi à la détermination des choix à opérer.



La transparence est souvent un alibi. On croit être transparent parce qu'on rend compte. Tout se passe comme si on laissait les passants voir à l'intérieur d'une maison, en ouvrant les volets, mais sans leur permettre de franchir la porte. La transparence des vitres, incassables, fait du citoyen un spectateur ou un voyeur, pas un acteur.

La démocratie a besoin d'une transparence d'une toute autre limpidité. Quand il devient nécessaire de recourir à des sites d'informations tel Wikileaks pour savoir ce que disent, pensent et font les dirigeants de nos pays, il est évident qu'il y a tromperie sur la réalité qu'on nous montre. Constater qu'il y a un grand écart entre ce qui est présenté dans les médias "légitimes" et ce que nous dévoilent les "voleurs" d'information fait chuter la confiance !

Qu'il soit nécessaire de faire état de sa volonté de transparence produit l'effet inverse de celui qui est recherché. Y a-t-il donc quelque chose à dissimuler ? La transparence n'est qu'apparence. Elle n'a pas de contenu. Elle ne laisse voir que ce qu'on veut laisser voir.



Un des moyens de se montrer transparent en restant maître de la décision consiste à proférer des vérités partielles qu'on présente comme complètes. L'art oratoire pervers d'un acteur politique repose sur un talent qui, mieux que le mensonge, permet de donner à croire qu'on se livre à des confidences. Bref, la transparence ainsi pratiquée tue la concurrence : on séduit pour empêcher un rival de proposer une alternative.

La transparence des partisans de l'énergie nucléaire est d'une habileté redoutable mais, bien entendu, leur dossier n'est qu'entr'ouvert et les portes des centrales, elles, sont closes pour les contestataires.

La transparence des comptes des entreprises, des associations et même des collectivités publiques, est relative. La complexité des chiffres, pourtant affichés et lisibles par quiconque, rend incontrôlable les activités et les choix effectués.

La transparence des jugements des magistrats laisse souvent pantois les bénéficiaires autant que les victimes des décisions de justice. Un langage abscons, l'obligation de confier sa défense à un spécialiste du droit, enlève au plaideur le pouvoir de s'exprimer librement. C'est "en toute clarté", dans la lumière des tribunaux qu'on cherche une vérité, nue sous ses voiles transparents, mais inaccessible.



Décidément, je renâcle quand j'entends prononcer ce mot, transparence, où, comme dans l'eau la plus pure, on peut se retrouver noyé.

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