samedi 26 décembre 2015

Noël est la fête de tous les petits


Noël est une double fête : une fête païenne et une fête chrétienne superposées.
La fête païenne est fête de la lumière, de son retour irréversible, de l'espérance des beaux jours.
La fête chrétienne est fête de l'enfant, pauvre, menacé, mais qui annonce le partage et la paix.

La société des riches nous a volé Noël deux fois.
Elle nous accable de publicité pour nous faire acheter.
Elle nous interdit la joie si l'on ne fait pas ripaille.

Nous fêtons mal Noël : ce ne peut être le triomphe de la surconsommation et de la goinfrerie.
Ce n'est pas la fête des cadeaux mais la fête du don.
Bref, ce n'est pas la fête du capitalisme mais celle de de la sobriété heureuse.

Noël reste Noël, même sans foie gras et sans huîtres.
Le « double réveillon » : les 25 et 31 décembre fait injure aux milliards de démunis.
Noël n'a besoin ni de sapins, ni d'alcools, ni de Père Noël.

L'esprit de Noël a été détourné.
Le Noël ancien, avec son émerveillement devant une seule et simple orange, valait tout autant.
Le Noël de toutes les époques, aura été la foi en la recherche d'un avenir meilleur.

Noël est une fête politique puisqu'il rappelle que même les pauvres ont droit au bonheur.
C'est la fête du feu qui réchauffe et nous éclaire.
C'est la fête des nouveaux départs vers un monde plus clément et plus solidaire.

Noël est la fête de l'accueil, et donc du refuge offert aux réfugiés.
Noël est jour d'une fraternité qui s'étend afin d'être portée en tous lieux.
Noël est plaisir d'être ensemble avec des réjouissances sans excès.

Noël, chaque année, nous renvoie, souvent en vain, à l'essentiel.
Il invite à l'illumination de la vie libre et simple et à ce que plus petit soit le premier servi.
Il est la rencontre de qui l'on aime déjà et de tous ceux que l'on à aimer aussi.

Bref, Noël n'est que secondairement dans la tradition et les paillettes.
Il est manifestation de la joie de vivre au plein sens du mot.
Il nous ouvre les yeux sur ce réel : rien n'équivaut au partage dans la justice.

Noël est une utopie qui réussit et qui peut durer si nous le voulons assez.
Ne nous trompons pas de Noël : ce n'est pas le Noël des marchands mais celui de l'enfance.
Cette enfance qui en nous perdure, tournée, dans le monde entier, vers un futur plus heureux.

Dans un monde d'horreurs, le désir de faire excès de plaisirs pour s'en venger se comprend.
Mais Noël brise cet engrenage de peurs et de fuite dans l'inconscience des satisfactions futiles.
La crèche est faite d'une paille qui vaut plus que l'or, l'encens et la myrrhe.

La galette des rois n'est qu'un jeu. Le 6 janvier, avec l'épiphanie, commence le carnaval.
Inutile de se cacher derrière un masque ou de se noyer dans la bière.
 Ouvrons grands les yeux : avec Noël commence le triomphe non des nantis mais des modestes.

Il n'est nulle autre espérance qui vaille, nulle autre lumière qui nous ensoleille.
Tout peut être résumé en Noël : contre toute apparence, l'amour l'emporte sur la mort.
Cela vaut bien une fête, mais à condition de garder l'esprit éveillé.

25 décembre 2015

jeudi 24 décembre 2015

Nous sommes la République

Voici venu le temps de l'impatience.
Renonçons à jamais aux faux compromis.
Quand la gauche meurt, inutile de la re-susciter !
Quant la droite s'exacerbe, il faut s'y opposer.

La gauche-caricaturale et la droite-brutale sont condamnées.
Elles ne peuvent que sortir de l'histoire.
Quant au nationalisme pervers, il n'est pas l'alternative,
Il est le poison qui diffuse dans toute la société.

Les citoyens ont fait la grêve du vote.
C'était nécessaire mais pas suffisant.
À présent, il faut bâtir, pas re-bâtir, bâtir.
Pas refonder, fonder, changer toutes les fondations.

Du socialisme ne gardons que le partage et la solidarité.
De la société libérale et autoritaire, ne gardons rien.
Ouvrons un espace politique nouveau.
Mettons en pratique les valeurs républicaines, les vraies...

Car la République, c'est la chose publique et le service public.
Il n'est pas de république sans démocratie.
Et la démocratie n'est pas ce que produit l'élection.
L'élection vient après le débat démocratique, pas avant.

Quand droite et gauche ne font qu'un, chassons-les de nos esprits.
La démocratie représentative nous a trahis, floués, désespérés.
Passons à autre chose : la démocratie délibérative et participative.
Ne nous en remettons plus aux « élites », mais à nous-mêmes.

Qu'il soit clair qu'il n'y pas de république sans démocratie véritable.
Et pas de démocratie authentique sans mode de scrutin proportionnel.
Pas de de démocratie parlementaire sans l'abandon du cumul des mandats.
Pas de République démocratique sans l'abolition effective des privilèges.

Osons l'écrire : le système économico-politique actuel est périmé.
Là où le capitalisme domine, la volonté populaire ne peut s'imposer.
La servitude volontaire perdure là où la monocratie s'institutionnalise.
La République de ce siècle n'est pas à renuméroter mais à remplacer.

Tous les totalitarismes sont assassins, y compris le totalitarisme de l'argent.
Tous les nationalismes sont violents, y compris l'État-nation à la française.
Non, l'État ne détient pas le privilège de la violence légitime1.
Oui, une société sans état2 a existé et existera encore.

Ouvrons notre pensée à une organisation de la vie société jamais encore conçue.
Ce n'est pas une utopie ; c'est une quête à laquelle nous voici obligés.


1 Comme l'affirme Max Weber, dans Le Savant et le Politique, réédition La Découverte, 2003.
2 « Les sociétés primitives, ce sont des sociétés du multiple; les sociétés non-primitives, à Etat, ce sont des sociétés de l'un. L'Etat, c'est le triomphe de l'un ». Pierre Clastres, La société contre l'État, éd. de Minuit, réédition 2011.

mercredi 23 décembre 2015

Vérité au-delà des Pyrénées ?


« Vérité en deça des Pyrénées, erreur au-delà. » ( Blaise Pascal, Les Pensées )

Et vice-versa... Vérité au-delà des Pyrénées, erreur en deçà ?
La vérité politique est-elle devenue espagnole.
Elle nous prévient, en tout cas, qu'il faut en finir avec les bi-partismes.
Mais pas en y ajoutant la variante nationaliste qui ne change rien.
Le tripartisme à la française, surgi les 6 et 13 décembre, n'a pas brisé le bipartisme.

PSOE et PPP, en Espagne, ou PS et « Républicains-ex UMP, à quoi s'ajoute le FN en France :
c'était déjà comme ça, avant le 20 décembre 2015.
On pouvait, certes, multiplier les partis candidats, mais, à la fin...
c'était toujours la droite ou la fausse gauche qui gagnait.
Or, c'est ça, qui va mourir.

En Ibérie, la droite autoritaire, antisociale et corrompue est sans majorité parlementaire.
Elle n'a même plus l'appoint des nostalgiques franquistes.
Dans l'Hexagone, la fausse gauche, après quatre échecs successifs depuis 2012, est défaite.
Et le Front républicain (comprendre la confusion du PS et des Républicains) n'a aucun avenir.
Quant à tout miser sur les présidentielles et le rejet du FN, c'est un jeu très dangereux.

Comme à Lisbonne, une majorité parlementaire « de gauche » naîtra-t-elle aussi à Madrid ?
Ce qui s'est passé est neuf et bien trop complexe pour être totalement analysé aujourd'hui.
Il faut compter avec les Indignés de Podemos passés de 0 à 69 élus !
mais aussi avec la nouvelle et jeune droite de Ciadadanos passée de 0 à 40 élus.
Sans compter, parmi les 10 « petites » formations représentées1, les 6 qui regroupent 28 élus !

Le rapport des forces définitif apparaitra le 13 janvier 2016.
Ce qui permet l'apparition de nouvelles forces politique, c'est le mode de scrutin proportionnel,
Ce système électoral, le plus répandu en Europe, est récusé, par avance, en France.
Quand le thermomètre ne donne pas la température voulue, faut-il le casser ?
Bipartisme et scrutin majoritaire à un ou deux tours sont intimement liés.

Proportionnelle, non-cumul des mandats, revenu universel, audit de la dette, énergies vertes...
Rien de révolutionnaire dans ces revendications rejetées en bloc par les oligarques.
Podemos cherche moins la victoire électorale que le triomphe de ses idées.
Refuser de figer les électeurs en deux blocs : droite et gauche, et débattre : là est l'avenir.
D'au-delà des Pyrénées vient de souffler un vent fécond qui nous réchauffe.

Sortons de l'impuissance : sortons de l'électoralisme.
Faisons non pas « de la politique » mais faisons la politique.
L'élection n'engendre pas la démocratie mais l'accompagne et la suit après débat public.
La leçon nous vient du sud de l'Europe, de nouvelles générations.
Recevons-la avec plaisir et développons notre propre créativité : « nous pouvons », podemos.


1 - Résultats : Inscrits : 34 631 581 électeurs. Votants : 73,20%. Abstention 26,80%. Blancs : 0,75%. Nuls : 0,90%.
Parti populaire (PP) 28,72 % - 123 élus. Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) 22,01 % - 90 élus. Podemos et alliés 20,66 % - 69 élus. Ciudadanos (C's) 13,93 % - 40 élus. Esquerra Republicana de Catalunya-Catalunya Sí (es) (ERC-CAT SÍ) 2,39 % - 9 élus. Democràcia i Llibertat (ca) (DL) 2,25 % - 8 élus. Parti nationaliste basque (EAJ-PNV) 1,20 % - 6 élus. Unité populaire (UP) 3,67 % - 2 élus. Euskal Herria Bildu (EH Bildu) 0,87 % - 2 élus Coalition canarienne (CC) 0,33 % - 1élu.

samedi 12 décembre 2015

Pour l'écologie politique libre

J'appelle écologie politique libre la pensée de l'en-commun, en relation avec l'ensemble du vivant (humains, animaux, plantes) et tout le prétendu "'inanimé" (minéraux, terres, eau, vent, feu...), sans référence à un parti ou une organisation en quête de pouvoir sur autrui.

" Nous disposons aujourd’hui d’un immense faisceau de preuves et d’indices qui suggèrent que nous faisons face à des instabilités systémiques croissantes qui menacent sérieusement la capacité de certaines populations humaines - voire des humains dans leur ensemble - à se maintenir dans un environnement viable", écrivent Pablo Servigne et Raphaël Stevens dans leur livre ayant pour titre : Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, paru aux éditions du Seuil, début 2015.

Nous sommes sûrs, disent-ils :
• que la croissance physique de nos sociétés va s'arrêter dans un futur proche,
• que nous avons altéré l'ensemble du système-Terre de manière irréversible (à échelle humaine),
• que nous allons vers un avenir instable, non-linéaire, dont les grandes perturbations seront la norme,
• que nous serons soumis à un effondrement global.
 

L'urgence de la prise de conscience des habitants de la Planète apparaît, ce jour, à la clôture de la COP 21, au Bourget, plus importante que l'accord des 195 délégations nationales, lequel ne fait et ne pouvait faire qu'un pas en avant. Ne faire qu'un pas en avant est déjà beaucoup. On l'avait pas fait à Copenhague. Les bonnes intentions ne peuvent, cependant, permettre de faire face à "l'état d'urgence climatique". 

Il faut nous laisser du temps disent les Chinois, conscients d'être économiquement dépendants des sources d'énergie carbonées et à tel point qu'ils ne peuvent changer leurs modes de production industrielle avant des années. Ils ont raison, mais tort ! Raison d'admettre que même s'ils commencent maintenant, les effets des changements opérés ne seront visibles qu'à l'approche des années 2030. Tort parce que la pollution, qui tue à Pékin, n'est plus supportable et il faut donc davantage d'actions en Chine autant qu'ailleurs, ce dont la Chine est, du reste, capable. L'imitation du modèle de croissance occidental dans un pays de plus d'un milliard et trois cent millions d'habitants aura été ravageuse.

L'erreur des peuples qui critiquent, aujourd'hui, le modèle économique capitaliste, source des désastres écologiques, c'est d'y avoir sombré. L'Inde, à son tour, demain le l'État le plus peuplé de la planète, résiste aux changements que nécessitent la maîtrise du climat. Elle a pourtant toutes les capacités, techniques et  culturelles, lui permettant d'échapper aux déréglements particulièrement importants dans ce pays de moussons, au pied de l'Himalaya.

Le calendrier que proposent les auteurs du rapport de la COP 21 est frappé de la même contradiction que celle rencontrée en Chine et en Inde : ceux qui ont déclenché les actions humaines responsables du réchauffement climatique, depuis deux siècles, sont, certes, davantage coupables que les pays dits "émergents" qui se sont pliés aux lois du marché et au modes de vie occidentaux. Les USA et les pays d'Europe sont à la source de ces dégradations qui touchent toute la planète à présent.

La décroissance (ou mieux : l'abandon du culte de ce toujours plus nommé croissance) n'est pas au rendez-vous de Paris. Les conséquences funestes de la financiarisation de l'économie ne sont pas reconnues. L'énergie nucléaire, qui aura dévoré les crédits de la recherche en faveur de l'exploitation des énergie renouvelables, n'est pas mise en cause puisqu'elle produit pas ou peu de gaz à effet de serre !

Ce qui est positif est que ni les États ni leurs conseillers scientifiques ne puissent plus jamais nier ce que la communauté scientifique internationale, représentée par le GIEC, a démontré. Ce qui est positif est que l'opinion publique sait que l'on ne pourra pas continuer à vivre comme nous vivions au XXe siècle. Ce qui est positif, surtout, c'est que de multiples initiatives écologiques voient le jour et réussissent.

Si, bientôt, les énergies du soleil, du vent, du sous-sol terrestre (géothermiques), hydroliques (de tous les mouvements des eaux, dont ceux de la mer), deviennent prioritaires, sont financées et mises en place sur toute l'étendue de la planète, alors la COP 21 aura marqué une rupture avec le passé, mais on en est loin parce que l'écologie politique libre reste balbutiante face aux politiques installées et sous la pression énorme, constante, des lobbies du système "libéral" que les États n'ont pas la volonté de mettre au pas..


vendredi 11 décembre 2015

Je voterai blanc ou je m'abstiendrai.


Si je vote, je voterai blanc parce qu'il ne m'est proposé aucun choix conforme à ma pensée.
Si je vote, je voterai blanc pour donner du poids à cette expression reconnue par la loi.
Si je vote, je voterai blanc afin de manifester mon refus du tripartisme installé.

Si je ne vote pas blanc, je m'abstiendrai pour dire que je veux une tout autre démocratie.
Si je ne vote pas blanc, je m'abstiendrai afin de n'apporter aucun soutien au gouvernement.
Si je ne vote pas blanc, je m'abstiendrai pour rejeter autant les droites que la fausse gauche.

Si je ne vote pas blanc, ce sera parce que les suffrages blancs ne sont pas exprimés !
Si je ne vote pas blanc, ce sera parce que l'abstention massive contient une volonté politique.
Si je ne vote pas blanc, ce sera parce que la démocratie représentative meurt : inutile de voter.

Si je vote, toutefois, je voterai blanc faute de pouvoir voter vert dans la clarté.
Si je vote, je voterai blanc car il n'est pas de gauche unie : le PS est mort, inutile de le ranimer.
Si je vote, je voterai blanc pour ne pas me laisser représenter par un seul homme : Claude Bartolone.

ll serait très ambigu de voter seulement pour battre la droite et l'extrême-droite,
dans notre Ile-de-France, sous l'égide de l'actuel président de l'Assemblée nationale,
trop solidaire du Président de la République et de son premier ministre,

Car ce serait alors voter :

pour l'état d'urgence à prolonger
pour la modification autoritaire de la Constitution,
pour la militarisation de la politique française,

Ce serait aussi voter :

pour la politique anti-écologique du gouvernement, en pleine COP21,
pour des pratiques policières brutales vis à vis de jeunes écologistes,
pour le rejet des réfugiés, à Calais et ailleurs et pour le repli nationaliste de la France.

Ce serait enfin voter :

pour faire du FN un bouc émissaire, au risque de le renforcer et au lieu de l'affronter,
pour des alliances contre nature, voulues par le PS, en trois régions
et pour la droitisation générale du pays,

Oui, dimanche, je voterai blanc ou je m'abstiendrai.

Jean-Pierre Dacheux

jeudi 3 décembre 2015

Citoyen du monde ou citoyen national ?

Je sais que je suis, avant tout, un Terrien.
Je suis né sur une planète minuscule au sein d'un univers incommensurable pour tout esprit humain.
Je n'ai donc, en toute certitude, qu'une unique patrie, c'est cette Terre d'où je ne puis partir.
Suis-je, pour autant, comme je me plais à le dire, citoyen du monde ?

Le citoyen est l'habitant d'une cité.
La Terre est le village qu'habitent les humains mais ce n'est pas une cité.
La cité est, sous son aspect juridique, la communauté politique, affirme le Robert.
 La Terre n'est pas une communauté politique, un État, une République, une... nation.

Je me veux donc citoyen du monde mais je ne suis pas encore, en droit, citoyen du monde.
Tout juste suis-je un citoyen européen parce que "Union européenne" figure sur mon passeport.
L’article 17 du traité instituant la Communauté européenne stipule :
" Est citoyen de l'Union toute personne ayant la nationalité d'un État membre."

La citoyenneté nationale prime donc et je sais que je suis de nationalité française.
Français, je le suis par hasard, n'ayant pas choisi le lieu de ma naissance.
La France est la partie du monde où j'ai trouvé, en y grandissant, une langue et une culture.
Mais suis-je, pour autant, comme on me le rappelle sans cesse, un citoyen français ?

J'accepte cette appartenance mais ma liberté m'oblige à ne pas y réduire ma personnalité.
Je me veux, tout autant, pleinement citoyen européen et citoyen du monde.
Je me refuse à vivre enfermé dans des frontières, qu'elles soient physiques ou formelles.
L'État-nation s'impose à moi, mais je ne lui appartiens pas.

Au reste sa forme et son avenir n'ont jamais été et ne peuvent rester pérennes.
Je ne suis point apatride mais j'entends me déplacer librement sur toute la Terre.
L'article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme me sert de sauf-conduit :
  Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. 

Les droits et devoirs des citoyens évoluent avec le temps.
La mondialisation  ne saurait permettre que seuls s'écoulent les flux marchands et financiers !
Les êtres humains doivent pouvoir, sans nuire, habiter la Terre, y résider, y circuler sans obstacle.
Les plus difficiles questions que se posent les Terriens n'ont point de réponse État par État. 

Je suis, de fait, citoyen du monde et citoyen national.
La bi-nationalité existe et il ne me choquerait pas que la plurinationalité soit reconnue.
Mais, dans mon cas, je me constate "du monde" avant d'être "de la nation".
Ma citoyenneté est universelle et le sort de n'importe quel Terrien m'importe.

La conférence, dite COP.21, et ses195 chefs d'États, révèle qu'il n'est qu'une seule humanité.
Les menaces climatiques qui pèsent sur les populations  ne seront pas conjurées sans changements.
Or, les nationalismes et leurs égoïsmes  poussent à l'absence de changement réel.
Une mondialisation véritable, (pas celle du profit !), conduit à de nouveaux modes de vie.

Y sommes-nous prêts ?
Ils surviendront.
De toute façon.
Le risque serait d'attendre...




mercredi 18 novembre 2015

Résistons

Un ami m'adresse le texte ci-dessous.
J'entends le faire connaître, sans en changer un mot.
De telles expressions sont nécessaires, actuellement.
Jean-Pierre Dacheux.

Résister.

Résister, entrer en Résistance, ces termes ont pris une charge affective et politique très lourde pendant l'Occupation. Entre 1940 et 1945, des Français sont entrés en Résistance contre le régime de Vichy et contre l'occupant nazi. En France même, dans nos colonies, à l'Étranger. Les Résistants, en France étaient minoritaires, voués à la clandestinité, poursuivis sans relâche par la Gestapo et la Police française de Vichy. Ils risquaient la torture, la déportation, la mort. Les nazis et les autorités de Vichy les qualifiaient de terroristes...

A la suite des attentats du 13 novembre, nous sommes appelés à résister. Aux terroristes de Daech, il va de soi. En continuant de vivre, d'aller au bistro, aux spectacles, à prendre les transports en commun, etc... Il y a des formes de résistance plus risquées, plus douloureuses ...

Il nous faut aussi résister à la tentation sécuritaire, à demander des lois d'exception, une modification liberyicide de la constitution. S'il faut adapter la constitution à la lutte que doit mener l'État pour assurer la sécurité des citoyens, cela doit se faire dans le calme, en se donnant le temps nécessaire. Ceux qui débattront de ces changements dans notre constitution devront résister à l'hystérisation verbale, à la démagogie sécuritaire ou aux tentations angéliques. L'idée d'enfermer des personnes simplement suspectées dans des centres de rétention est proprement aberrante. C'est la Loi des Suspects du 17 septembre 1793, sous la Terreur, épisode peu glorieux de notre Grande Révolution Française !

Nous avons tous été émus par cette solidarité avec notre Peuple qui s'est manifesté dans le monde entier : à Gaza, dans la Palestine occupée, en Israël, dans la quasi totalité des pays musulmans, sans compter la Russie, les États Unis, etc ... etc ... Les trois couleurs affichées, la Marseillaise chantée, la devise de notre République rappelée, proclamée : LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ, c'est cette France-là qu'aiment et vénèrent les autres peuples. Une France terre d'asile pour les persécutés de toutes les religions et de toutes les couleurs. Et non une France qui se replierait sur elle même, qui se barricaderait en fermant son coeur et ses frontières, une France telle que la souhaitent le F.N, certains politiciens de Droite. Il nous faut résister à ce F.N et à ces politiciens.

Il nous faut résister à la tentation de stigmatiser, de rejeter nos compatriotes musulmans. Ils sont d'ailleurs les premiers visés par les fanatiques de Daech. Certaines de leurs femmes portent un foulard ou un voile, certaines ou certains de ces compatriotes ne veulent pas manger de porc, comme d'ailleurs, nos compatriotes de religion juive. Ils font le Ramadan. Et alors ? Ils n'en sont pas moins nos soeurs et nos frères, Français à part entière, et non pas Français entièrement à part !

La Loi de1905 séparant les églises de l'État "garantit l'exercice des cultes". La Laïcité n'oblige pas des Juifs ou des Musulmans pratiquants à manger du porc dans les cantines !

Et il y a ces jeunes Français devenus terroristes au service de Daech. Ce sont les enfants de la République. Ils sont nés sur notre terre de France, même si leurs parents ou leurs grands-parents sont venus d'ailleurs. Les empêcher de nuire leur appliquer les rigueurs de la Loi est une exigence.

Pourquoi en sont-ils arrivés là ? Il nous faut résister à la tentation de ne pas vouloir comprendre. Il faut comprendre, et bien sûr, comprendre ne veut pas forcément dire excuser, et encore moins justifier. Parmi les jeunes Français dont les parents ou les grands parents sont venus d'ailleurs, la très grande majorité sont d'excellents Français. Quelques uns, très peu nombreux, mais trop nombreux, bien sûr, n'aiment pas notre Pays, leur Patrie. Pourquoi ? Pour certains, les discriminations dans l'emploi, les contrôles au faciès leur ont peut-être laissé croire que la France ne les aime pas.

Jacques Piraud, 
militant socialiste, Section de Sartrouville, militant d'un mouvement d'Éducation populaire laïque.

dimanche 15 novembre 2015

Attentats : pourquoi sommes-nous haïs ?

Faire très mal à la France : c'est la seule motivation connue, après les attentats du 13 novembre 2015 au soir, à Paris et à Saint-Denis. Jamais, dans notre pays, des kamikazes n'avaient encore choisi, après avoir massacré, de se donner à eux-mêmes la mort ! Près de 130 tués, peut-être 350 blessés dont certains gravement, et la plupart des assassins déchiquetés après avoir fait fonctionner la ceinture d'explosifs dont ils étaient porteurs. Un bilan de guerre...

Il va, certes, être indispensable de prendre le temps d'une réflexion profonde, mais, en vérité, nous savions qu'il allait « se passer quelque chose ». Où et quand : impossible de le savoir, pour presque tous les citoyens français, peu informés. Mais rien n'avait changé, depuis les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper-Cacher à Paris, le 9 janvier 2015, ou la tentative d'attentat dans le Thalys, le 21 août 2015. Les mêmes causes pouvaient donc produire des effets comparables.

La haine des fanatiques et des intégristes soit-disant musulmans devait s'abattre de nouveau sur Paris, car les interventions militaires décidées par des gouvernements français, en Centrafrique, au Mali, en Irak, en Lybie et, à présent, en Syrie, ne pouvaient qu'exciter les « fous d'Allah » et faire de la France entière un ennemi absolu. Il ne suffit donc pas d'éliminer Daesch, il s'agit d'éradiquer les causes de l'apparition de ce monstre dont les acteurs ne font aucun cas de la vie humaine et se plaisent à vivre dans l'atrocité. Or, cette recherche est difficile et délicate car les pays occidentaux, depuis de nombreuses décennies, n'ont pas eu, et n'ont toujours pas, les mains blanches !

La Syrie, le Liban, l'Égypte se sont constitués en des temps coloniaux ou la Grande-Bretagne et la France, notamment, dominaient le Moyen Orient1. Les erreurs des États-Unis, avant et après 2001, notamment en Afghanistan puis en Irak, se paient cher, aujourd'hui. Cet arrière-fond historique pèse sur les politiques actuelles. Les relations internationales les plus violentes ont pour causes des fautes parfois anciennes et, toujours, une volonté de domination et d'exploitation des richesses locales. Admettre que ce que nous subissons a ses sources dans un passé trop vite oublié ne va pas de soi, mais c'est pourtant évident pour qui connaît un peu l'histoire des rapports entre l'occident et le moyen ou Proche orient2.

Nous sommes haïs parce que les nantis sont accusés de dominer les démunis, par la force des États du nord de la planète. Ceux qui n'ont pas de quoi vivre dignement sont manipulés, parfois décervelés, par ceux qui utilisent des motivations religieuses pour poursuivre des objectifs qui n'ont rien d'obscur : remplacer la domination occidentale par la leur. Et comme le rapport des forces « classiques » leur est défavorable, ils mènent une guerre, une forme du djihad, qui n'est plus l'« effort », la « lutte » ou la « résistance » spirituels, mais bel et bien, la transformation du plus grand nombre possible de musulmans en soldats engagés contre tous les impies et, en premier lieu, les musulmans qui ne veulent pas entrer pas dans cette lutte mortelle.

Nous ne saurions nous contenter de répondre au terrorisme par des moyens militaires conventionnels. Gagner des batailles, dans une guerre impossible à gagner in fine, ne fournit que des satisfactions passagères. Détruire l'armement du pseudo « État islamique » n'empêchera pas que se reconstituent des forces armées peut-être plus modestes mais multipliées et pouvant agir n'importe où. Tant que nous serons solidaires, alliés ou complices d'États violents comme l'Arabie saoudite, le Qatar, l'Égypte ou Israël, par réalisme économique, nous n'aurons pas l'autorité suffisante pour être entendus par des adversaires à qui nous fournissons les arguments pour nous faire haïr !

Car des questions redoutables, plus que jamais, appellent des réponses. Qui achète le pétrole que vend Daesch ? Qui achète, à prix d'or, les œuvres d'art volées et pas toutes détruites en Irak, en Syrie, ou ailleurs ? Qui vend des armes lourdes qu'utilisent les combattants qui se réclament de « l'État islamique », car toutes ne proviennent pas des armées irakiennes défaites ? Ne nourrissons-nous pas nous-mêmes le terrorisme politique (qui ne cesse de s'étendre), en offrant des raisons d'agir aux désespérés dressés contre un occident qui les abandonne et s'est enfermé dans la religion de l'avoir capitaliste ?

Faire la guerre à la guerre, riposter : on n'entend, sur les ondes, que ce message ! Quelle cécité de la part de ceux qui nous dirigent et devraient être notre conscience ! Pourquoi ne comprenons-nous pas que les réfugiés qui fuient vers l'Europe sont plus nos alliés qu'une menace ? Il n'est pas de mort douce ! Il est mort, il meurt et mourra plus d'hommes, de femmes et d'enfants en Méditerranée ou sur les routes des Balkans que dans Paris. L'abandon de ceux qui meurent en fuyant la mort est un terrorisme aussi. Être solidaires des victimes, de toutes les victimes, conduit à pourchasser les causes des drames et de la violence instituée et justifiée par de faux religieux3.

La raison d'État peut nous nuire. Faire la guerre, en ce siècle, ne garantit pas la victoire du plus fort technologiquement. Le déploiement et la dispersion des forces françaises en Afrique est de peu d'efficacité. Le feu des armes est un langage qui ne permet jamais de modifier la pensée d'autrui. Elle conduit, au mieux, à une soumission temporaire et nourrit une hostilité cachée mais durable. On ne peut l'emporter qu'en changeant les motivations de l'ennemi, mais aussi en se changeant soi-même, jamais en dominant par la seule violence.

Les haines résistent au temps et la paix ne résulte pas de la défaite d'autrui mais de la disparition de ces haines et donc de leurs causes. La politique qui néglige ces causes et en combat les seuls effets apparaît comme immédiatement vaine ou comme impossible, dans le temps, à mettre en œuvre4. Le Moyen-Orient n'a cessé de le démontrer mais nous n'avons pas voulu en tenir compte. Ainsi surgissent des haines inexpiables...

Le 15 novembre 2015


1Le Moyen-Orient, qui regroupe en tout seize pays, est à cheval entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique,
2Le Proche-Orient, selon Wikipedia, est une partie de l'Asie et de l'Afrique, qui correspond à ce que fut l'empire ottoman. 
3Le Pape François : « Il ne peut exister aucune justification religieuse à la violence », le 30 septembre 2013.  
4Comme le démontre le conflit israélien permanent depuis 1948 !

vendredi 13 novembre 2015

COP21 et urgences climatiques

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C'est l'alerte ! Ce qui était, jusqu'à présent, si peu médiatisé, fait le buzz : "il y a le feu à la planète", comme disait Jacques Chirac, en 2002. ("L a maison brûle et nous regardons ailleurs": c'est avec cette formule choc qu'il avait entamé son discours, lors du Sommet de la Terre à Johannesburg !)

Les climatosceptiques ont perdu la partie et les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus ressentir. L’existence d’un réchauffement climatique global ne souffre plus d’aucune contestation.

Il y aura encore, certes, des hivers très froids, mais la moyenne des températures continue de s'élever. Et c'est dramatique !

S'en tenir à 2 degrés d'élévation des températures planétaires ne sera sans doute pas tenu.

Jamais, depuis des siècles, sur Terre, on n'avait connu des années aussi chaudes qu'en 2014 et 2015. Le mois de juin 2015 a été le plus chaud depuis le début des relevés de températures en 1880.

L'exceptionnelle rencontre de presque tous les chefs d'États, à Paris, bientôt, nous vaudra d'excellents discours, mais pour quoi faire ?

La volonté politique nécessaire pour faire cesser la dégradation de l'environnement à cause de l'activité humaine n'est pas suffisante.

Le poids des lobbies économiques est trop lourd pour que des changements notables apparaissent à court terme.

Nous-mêmes, drogués par la publicité consumériste, sommes-nous prêts à changer de mode de vie ?

Une course contre la montre est engagée, mais comment se décider à agir vite pour préserver un avenir que nous ne verrons pas ?

Nicolas Hulot a publié un petit livre : Osons qui mérite la lecture, mais l'auteur est entre deux eaux : s'il dénonce clairement la cause des désordres climatiques : le système économique actuel, comment peut-il rester, maintenant, le conseiller des présidents (hier de Chirac, aujourd'hui de Hollande).

Une rupture intellectuelle est à effectuer, loin des tous les discours politiciens. Il y va de la vie des générations à venir, de celles de nos enfants et petits enfants, et des autres aussi; non encore conçus.

Vivre modestement, penser comme on vit et vivre comme on pense, n'est plus seulement éthique, c'est devenu indispensable, obligatoire et primordial.

L'écologie a changé d'âme : elle n'est plus une affaire de parti. Au sens exact du mot (l'organisation de la vie en-commun, indispensable à toute l'humanité) Elle est devenue entièrement politique.

Écologie et économie sont l'envers et l'endroit d'une seule et même médaille : celle de notre histoire. 

Il nous faut changer et d'économie et de politique. Tout le monde le pressent et même le sait mais personne n'ose. Sans la détermination des citoyens, les gouvernants tergiverseront encore... À nous d'agir !


vendredi 30 octobre 2015

Pourquoi lire : OSONS, le manifeste de Nicolas Hulot.


 Comme Indignez-vous, de Stéphane Hessel, Osons1, est un petit livre qui en appelle à chaque citoyen, pour qu'il change le monde qui l'entoure, et se change lui-même en adoptant un nouveau mode de vie.

Paru en octobre 2015, cet ultime appel à la mobilisation est « un coup de poing sur la table des négociations avant le grand rendez-vous de la COP21 », à Paris.

« Ce siècle sera écologique ou ne sera pas », lance-t-il d'abord. « L'écologie, à ses yeux, n'est plus un enjeu partisan, c'est un enjeu politique au sens le plus noble ».

« Penser écologique, c'est penser intégral, penser universel, avoir la Terre pour patrie et ne s'attacher qu'à cette seule frontière ».

Dans cette orientation, il n'est plus de politique qu'écologique et de vision de notre monde que planétaire. Les limites à fixer à notre action, à notre vie, sont celles de Terriens qui doivent faire avec les ressources qui sont renouvelables, dans un espace qui n'est pas extensible et auquel nous ne pouvons encore échapper.

Rien de neuf dans ces affirmations, mais l'ouvrage (bien écrit, aux formulations brèves et heureuses) est un outil pédagogique clair et porteurs d'espoirs à notre portée.

D'aucuns n'oublieront pas que Nicolas Hulot a conseillé aussi bien Jacques Chirac que François Hollande et ce rôle, qui l'a placé à proximité des Présidents français, lui est vivement reproché. Ceux-là ne liront même pas ce livre...

Ils auront tort. Ce « plaidoyer d'un homme libre » a ceci de neuf qu'il ne plaide, à l'évidence, pour aucune formation politique « de gauche, de droite ou du centre » et ne fait de cadeau à personne, pas même à ses lecteurs. Sa conviction déborde du cadre des idées toutes faites. Il se dit certain que « nous devons changer pour ne pas disparaître », car « aucun territoire, même le plus reculé, n'échappe à la blessure de l'homme » et « au plus profond des abysses, notre empreinte est visible ».

Nous subissons l'addiction du consumérisme, estime Nicolas Hulot, et sommes victimes d'un modèle productif qui nous a « engagés dans la société de production de masse ». Il est, pour lui, impératif, aujourd'hui, de changer de paradigme : retrouver l'origine du mot économie signifiant « gestion intérieure d'une maison » et viser « une prospérité sans croissance » selon la formule de l'économiste Tim Jackson.

Ainsi aboutit-il à affirmer que « tant que le profit restera la finalité ultime, on n'y arrivera pas » et qu' « il faut juguler la toute puissance de la finance ».

On peut encore insister sur toutes les ouvertures qu'il souhaite voir emprunter : « le solaire et l'éolien sont sortis de la préhistoire et sont, dès aujourd'hui, compétitifs » ; « la rénovation énergétique des bâtiments est une possibilité de création d'emplois et d'amélioration sociale et sanitaire » ; « la focalisation sur la croissance du Pib nous donne à croire que la pollution crée de la richesse, ( une marée noire augmente le PIB en générant une actuvité économique) » ; « mettons fin au gaspillage alimentaire : plus d'un tiers de ce qui est produit pour l'alimentation est jeté ». Etc.

Comme René Dumont2, premier candidat écologiste à élection présidentielle qui, en 1974, prêchait, dans le désert, comme Yann Arthus Bertrand3 qui, avec tout l'art d'un grand photographe, s'efforce de faire aimer et protéger la planète, comme André Gorz4, Hubert Reeves5, le Pape François6, (et d'autres encore...) qui se seront évertués à démontrer qu'une page s'est tournée et qu'on ne peut plus vivre comme des prédateurs ignorants de leurs propres intérêts, Nicolas Hulot nous alarme. Il a raison. Il découvre de plus en plus l'incompatibilité entre l'écologie et le capitalisme et, pour cela, il sera discrédité et rejeté, y compris par ceux qui pensent comme lui. Il le sait et n'en continue pas moins sa route. Il lui faudra aller plus loin encore dans sa condamnation du nucléaire et du système néo-libéral mais on ne peut mépriser son appel et son engagement.

1 Nicolas Hulot, Osons, Paris, éditions les Liens qui libèrent, octobre 2015
2 René Dumont, Comment je suis devenu écologiste, reprise de textes, éditions les Petits matins, mai 2014.
3 Yann Arthus Bertrand, Human, film, http://www.france2.fr/emissions/human.
4 André Gorz, Le fil rouge de l'écologie, éditions EHESS, 2015.
5 Hubert Reeves, Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve, Paris, Le Seuil, octobre 2015.
6 François (Pape), Laudato Si, Paris, éditions Bayard, Cerf, Mame, juin 2015.



mardi 28 juillet 2015

Le climat et nous.


Nous sommes, comme tous les citoyens, soucieux des bouleversements qui atteignent l'humanité où que ce soit sur notre Terre. Ce qui s'est passé en France, dans les Cévennes ou dans les Pyrénées, ces derniers mois, est effrayant. De même sur ce qui s'est passé en Corse. Les randonneurs que nous sommes, ou avons été, ne peuvent oublier les plaisirs et les dangers rencontrés; par exemple sur le GR7, dans la Montagne Noire, le GR10, dans la traversée des Pyrénées ou sur le GR 20, en Corse, autour du Monte Cinto.

Les coulées de boue ou, inversement, les canicules, les violentes chutes de grêle, les inondations, les avalanches, et plus encore en Asie ou en Amérique du sud qu'en Europe, nous avertissent que quelque chose est déréglé sur la planète. Les scientifiques, enfin, se sont mis d'accord et les chefs d'État ne le nient plus : l'activité humaine sans contrôles a des effets désastreux.

En plus de l'accélération des perturbations climatiques, la nature souffre de nos excès et de notre recherche immodérée du profit. Les risques dus à la disparition croissante des abeilles, le recul ultra rapide de la biodiversité, la fonte des ressources alieutiques que nous offrait la mer, la lente mais certaine disparition des ressources minérales, la fin du pétrole annoncée dans des délais encore mal connus génèrent une angoisse mondiale à laquelle nous échappons en nous bouchant les yeux et les oreilles.

Bien des randonneurs ont découvert l'écologie pratique non pas principalement dans les organisations politiques ou les associations de protection de la nature, mais dans la découverte directe des richesses et des beautés de la nature. On comprend vite que nous en faisions partie et que nous sommes les enfants de la Terre. Ce n'est pas par hasard que la botanique, l'ornithologie, la mycologie, la photographie animalière passionnent de plus en plus de nos contemporains.

Fin 2015, en France, les représentants des États de la planète chercheront comment contribuer à stopper ou à ralentir le réchauffement climatique. Des rapports passionnants seront publiés. Des discours inoubliables seront prononcés. Et pourtant, rien ne changera sans la volonté des peuples. Nous sommes « drogués » à la surconsommation et nous n'en guérirons pas grâce aux ordonnances des docteurs tant pis. Il nous faut commencer à changer nos modes de vie en cessant de produire, vendre et nous repaître des richesses non partagées entre tous les humains.

Pendant l'été, quand nous allons nous gorger de soleil et goûter à la fraîcheur des eaux de baignade, songeons que ce soleil peut nous fournir toute l'énergie dont nous avons besoin mais que ne voulons pas l'exploiter car elle est... gratuite ; songeons que l'eau douce non plus n'est pas une marchandise, qu'elle va nous manquer et que l'eau des océans est loin de pouvoir la remplacer. Bref, pensons que le sort de l'humanité est entre les mains des vivants que nous sommes et que rien ne compte plus, à ce moment de l'histoire du monde, que de laisser une terre habitable à nos successeurs, mais que ce n'est pas acquis.

Donnons nous les moyens de comprendre et d'agir, chacun dans la liberté de sa conscience, mais ne restons pas immobiles. Dans les années qui viennent, nous allons vivre une mutation bouleversante mais salvatrice. N'en soyons pas que les spectateurs !

mercredi 8 juillet 2015

La publicité ou la glorification du mensonge.




Il est deux fonctions dans le message publicitaire : faire connaître l'existence d'un produit et le faire acheter.

La publicité est un marché dans le marché.

Les budgets consacrés à la publicité sont considérables.

Des armées de psycho-publicitaires travaillent à « fabriquer du client ». Il faut séduire, convaincre, attirer, transformer le désir en besoin. Il s'agit de créer une dépendance entre une chose et une personne.

Le capitalisme tout entier est dans cet acte d'organisation de la consommation.

Evidemment la publicité grand-public et la publicité entre les grandes entreprises, voire, les États, ne s'expriment pas de la même manière.

Dans le commerce local, c'est le volume des achats et donc le nombre de clients à conquérir qui prime. Dans les affaires internationales (ventes d'énergie, d'armement, d'avions, de minéraux, de céréales …) l'intérêt et le succès des tractations sont les conséquences de rapports internationaux maîtrisés par de très grandes entreprises elles-mêmes appuyées sur la volonté d'États.

Par exemple, acheter une voiture dépend de bien d'autres paramètres que de la possibilité de choisir une marque et un modèle !

Disposer d'un téléphone portable a été élevé au niveau de la nécessité absolue et commande les rapports entre les hommes. Ce n'est pas le téléphone qui importe le plus, mais son usage. On ne peut pas plus, en 2015, se passer d'unités de communication que de pain.

Le triomphe total de la publicité est ici manifeste.

Le danger publicitaire principal est peut-être plus large encore : dans la pollution permanente, insistante, grossière, répétitive, sexiste, violente, dont les chaînes de télévision, les stations de radios, les journaux nous inondent du matin au soir.

Le souci de vérité est absent de cette machinerie industrielle. La loi du marché commande. L'art lui-même et les oeuvres des artistes les plus connus, anciens et contemporains sont achetés.

« La publicité, on adore » entend-on dire. En effet, c'est parfois drôle, parfois esthétique, c'est existant, c'est accrocheur.

Il faut, pour y résister, disposer d'une véritable culture, car entre publicité et culture s'est engagée une lutte à mort. De quel homme les films, les livres, les peintures, les chansons, les pièces de théâtre, la presse, sont ils la présentation, l'image, la recherche ? Tout est là.

Face à un écran publicitaire, souvent, la honte monte au visage, une exclamation de rage impuissante vient aux lèvres, et surtout, la facilité avec laquelle on délivre de faux messages, incomplets, ridicules procure un sentiment de gène intense. On se sent dupé, manipulé, orienté dans ses jugements.

« Est-ce bien ainsi que les hommes vivent ? »

Nous avons acquis la conviction qu'on ne peut plus « tolérer » la publicité. La combattre fait désormais partie des luttes politiques essentielles.


mercredi 24 juin 2015

De la laïcité au XXIe siècle.

Nous pensions tout savoir de la laïcité à la française : tolérance à l'égard de la pensée d'autrui, respect des personnes pensant différemment, refus de la préférence religieuse dans l'attribution des fonctions, séparation du pouvoir civil d'avec les influences des églises...

Mais ceci est d'un autre siècle. La séparation de l'Église et de l'État fut un acte historique où le catholicisme dut  renoncer à ses prérogatives. La fin du cléricalisme accompagna l'installation de la République et libéra les chrétiens eux-mêmes de la tutelle d'un clergé autoritaire et hostile à la liberté de pensée.

Nous sommes entrés dans un autre temps historique : d'une part, la religion catholique n'est plus hégémonique et d'autre part la liberté de conscience fait partie de la liberté religieuse elle-même. 

L'islam est la seconde religion des Français, ce qui était impensable au tout début du XXe siècle. La laïcité s'est éloignée de la neutralité religieuse ; elle est devenue la reconnaissance à la fois de la pluralité religieuse, de l'agnosticisme et de l'athéisme comme approches philosophiques et spirituelles présentes dans les sociétés contemporaines.

Et pourtant, le doctrinarisme, l'intransigeance, le fanatisme, le dogmatisme demeurent présents sur la planète et au sein même des religions, des anti-religions et des écoles de pensée qui continuent de s'approprier la vérité. On tue encore les impies. 

On prétend toujours que "hors de l'église il n'est point de salut", mais ce sont, désormais dans toutes les églises, les chapelles, les temples, les mosquées..., que se répand ce venin de la sacralisation du savoir. Le doute reste une faute, "un péché" dans nombre de lieux de cultes, d'ateliers et de loges où l'on professe des vérités toutes faites, révélées, acquises, divines...

La laïcité ne peut plus se contenter de juxtapositions de pensées non hostiles. Avec ou sans prêtres, "l'immodestie" des sachants est redoutable et parfois funeste. Et pourtant, face au réel, ce que nous apprenons, chaque jour, devrait nous inciter à la prudence, la sagesse et la circonspection.

Les connaissances ont pris un énorme volume, une expansion très impressionnante. Plus on apprend plus on est humble et prudent dans l'affirmation de ce qu'on sait. Le ciel, où l'on avait installé les dieux et les anges, est un espace dont l'immensité bouleverse tout ce qui a pu se dire et s'écrire au cours des siècles passés. 

Le religieux a déserté les religions pour prendre une dimension propre. Le mystère de la vie et de l'univers échappe largement à l'intelligence en dépit des outils prodigieux, des données mathématiques et physiques accumulées, des travaux inouïs et des recherches qui étaient inimaginables, hier encore.

Nous avons un pied dans un sur-naturel qui n'a rien de miraculeux. La laïcité est devenue l'acceptation du complexe, de la diversité, de la pluralité, de la multiplicité. L'uni ne sera plus jamais l'unique. Dieu ne révèle plus la vérité et l'affirmer conduit toujours à des conflits très violents.  Tout "anthropodéisme"  qui fait de l'homme un dieu ou, au contraire, réduit l'idée de Dieu à des imageries humaines, éloigne de la quête fondamentale de chaque humain face à sa destinée.

Il y a dans les religions et l'athéisme une difficulté à douter intrinsèque. Je veux savoir, ou bien savoir que je ne peux savoir. L'agnostique lui-même est dans l'ambiguïté quand il affirme soit qu'il ne peut savoir, soit qu'il est inutile de chercher à savoir. La pensée est une tension qui ne s'enferme dans aucune limite : douter de ses doutes est le propre de l'homme.

Là où la laïcité se pense autrement c'est, en effet, quand la foi, la croyance, la conviction, la certitude cessent de s'installer dans des lieux clos, quand elles se croisent, s'opposent et se rejoignent. S'il faut oser choisir, il faut aussi re-connaître que non seulement "nos certitudes sont difficiles" comme le disait Emmanuel Mounier, mais fragiles. Rien n'est certain au sein du champ de nos expériences et "le neuf" est toujours à notre porte.

La laïcité, donc, nous fait échapper aux prêtres, non au sens de clercs, mais au sens de professionnels de la vérité. La philosophie aussi a besoin d'échapper à ses gourous. Chacun sait qu'il ne sait pas grand chose et cela oriente sa pensée. Le modeste, le réservé, qui se découvre pauvre en ses capacités de savoir, ne juge plus autrui. 

C'est dans cette direction que les études sur laïcité peuvent être, de nouveau, conduites.

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