L'écologie politique est quasi absente de la campagne électorale, jusqu'à présent. Ce ne sont pas les deux candidates s'y référant qui sont en mesure de faire bouger les lignes ! Corinne Lepage, pourtant compétente dans sa critique de l'énergie nucléaire, porte sur elle l'image d'une ancienne ministre insuffisamment opposée au capitalisme pour pouvoir contester une économie libérale productiviste, incompatible avec les exigences écologiques. Éva Joly, pourtant compétente et courageuse, souffre d'un accord préalable passé entre EELV et le PS qui bloque sa liberté de parole.
Les candidats dits « de
gauche » sont à peu près mutiques sur le sujet, à commencer par
François Hollande, incapable de se dégager d'une idéologie
collectiviste et croissantiste, « progressiste », mais,
plus encore, refusant de reconnaître que la crise économique est
aussi une crise écologique. Quant à Jean-Luc Mélenchon, ses
préférences personnelles pour une sortie du nucléaire sont vidées
de toutes propositions du fait de son alliance privilégiée avec le
parti communiste plus que frileux sur le sujet ! Le NPA ne pèse
plus rien et moins encore Lutte ouvrière...
Cette situation ne peut durer. La
sensibilité de l'opinion, et notamment des plus jeunes citoyens, vis
à vis du réchauffement climatique, de l'importance de l'isolation
des logements, de la transition énergétique en faveur des énergies
renouvelables, de la nourriture bio, du démantèlement des centrales
nucléaires, de la toxicité des produits de consommation courante, de la
pollution publicitaire, ne pourront très longtemps encore rester passés
sous silence.
L'écologie politique facultative ! Elle n'est pas un
simple aspect de la problématique politique ; elle en est
désormais le cœur. Elle n'est pas un
complément ou un supplément politiques ; elle est, à notre
époque, intimement mêlée à tous les dossiers. Elle est non
seulement indissociable de notre présent et de notre avenir, elle
domine la pensée parce qu'elle aborde toutes les questions qui sont
posées à l'humanité tout entière. Que cette évidence soit
masquée montre assez la peur et le rejet qu'inspire une approche
économico-politique qui rompt avec les habitudes pratiques et
idéologiques de la société occidentale.
Point de catastrophisme dans ces affirmations. Rien de ces menaces n'est ignoré des chercheurs libres, ceux qui ne sont pas payés pour dire le contraire de ce qu'ils savent. La question n'est pas de savoir si l'écologie fait partie de la compréhension du monde dans sa complexité ! La question est de savoir ce qu'il va nous coûter de l'avoir ignorée. La question subséquente étant : pourquoi nous laissons nous faire comme moutons chez le boucher ou pourquoi le peuple est-il impuissant devant ceux qui le dominent !
La campagne électorale n'est qu'un moment de la vie politique et pas même le plus important. Néanmoins, c'est un moment sensible. C'est la période de conscientisation ( mais aussi d'enfumage) la plus intense dans une démocratie active. L'impossible absence de l'écologie politique ouvre un immense espace de contradictions. Ceux qui s'en contentent ou s'en satisfont vont déchanter. L'écologie s'invitera dans les débats avec ou sans l'autorisation des partis et des candidats, (y compris les candidats "écologistes" empêtrés dans des pratiques politiciennes qui les rendent inaudibles). Si Fukushima, par exemple, ne laissait aucune trace, ou trop peu, sur la politique française, l'élection de 2012 constituerait une impasse politique totale. Mais ce n'est là que l'événement majeur de 2011, voici un an bientôt, qui a changé la perception des Terriens. Il y a bien d'autres préoccupations écologiques pesant sur l'avenir des États dont le nôtre.