Le 21 septembre, dans la mairie du 2e arrondissement de Paris, l'association Rêvolutives organisait une rencontre autour de Thierry Paquot, auteur d'un livre, Introduction à Ivan Illich, paru en 2012.
Qu'il faille proposer une introduction à la pensée d'Ivan Illich peut surprendre mais le long silence fait sur son œuvre le justifie.
Illich (1926-2002) est de la même génération que les nonanagénaires qui ont, comme lui, annoncé la société qui s'assume, qui se responsabilise, qui s'éduque, qui s'autonomise, qui s'apaise, qui se planétarise, qui se "désoutille".
Et pourtant Illich, ni marxiste, ni écologiste, ne donne de leçons à personne. Il n'y a pas de doxa illichienne. En véritable intellectuel, éloigné de ceux des universitaires qui ne produisent pas de la pensée mais la répète, il n'a cessé de réévaluer d'un point de vue critique son œuvre. Quand les éditeurs ont cessé de publier ses travaux (il "ne faisait plus 3000" ventes !), il n'a pas renoncé à écrire et à multiplier les conférences.
Illich est de retour parce qu'il incite encore à sortir des systèmes qui paralysent et il n'est pas besoin de prononcer le mot capitalisme pour comprendre que le système économico-libéral est tout simplement obsolète. Gorz le pensait avec lui.
Illich est de retour pour ceux qui voient en lui l'un des tout premiers à avoir agi sans parti, sans pétitions, inclassable, irrécupérable, mais capable de donner un sens politique à l'amitié telle qu'il la voit et qu'on peut sans doute rapprocher des Politiques de l'amitié de Jacques Derrida.
En ces temps d'incertitude Illich nous apprend la fécondité du silence. Se taire un temps n'st pas renoncer mais approfondir. À ceux qui désespèrent dans un monde de la futilité de l'exploitation et donc de la violence, Illich répète que ce n'est jamais temps perdu que de conquérir une autonomie qui n'est pas égotiste et il continue d'en fournir les voies.