mardi 2 septembre 2008

Dans la cigarette, il n'y a pas que le tabac qui tue

Emanuelle Beguinot, directrice du Comité national contre le tabagisme, relativise la portée des révélations qui suivent et rappelle que le polonium "n'est qu'un des 4 000 composés toxiques d'une cigarette". Soyez rassurés!

Le polonium 210 tue aussi.

Le polonium 210 doit sa toxicité à l'émission de particules alpha. Il existe trois formes de rayonnement radioactif : alpha, bêta et gamma. L'alpha correspond à un noyau helium. La radioactivité alpha est peu pénétrante. Une feuille de papier peut l'arrêter. Son rayon d'action est faible. Pour être empoisonné au polonium 210 il faut l'ingérer pour qu'il soit rapidement mortel. Dans ce cas il produit une détérioration rapide des tissus. Moins d'un gramme a été nécessaire pour Litvinenko.

Le polonium a été découvert en 1898 par Pierre et Marie Curie. C'est en hommage au pays d'origine de Marie, la Pologne, que les Curie lui donnèrent le nom de Polonium.

Il y a 25 isotopes (même nombre de protons mais nombre de neutrons différent) connus du polonium. Le plus courant est le polonium 210, Composé de 84 protons et 210 - 84 = 126 neutrons.


Vous fumez ? vous allez être content de lire ces lignes qui suivent…

Le polaniaum est un élément hautement radioactif et toxique qui n'est pas utilisé en médecine. C'est le premier élément radioactif découvert par Pierre et Marie Curie en 1898.

Le tabac et les cigarettes contiennent du polanium 210. Les fabricants de tabac le savaient depuis 40 ans, mais ils ne l'on pas retiré de leur produit et n'ont pas alerté la population.

Une enquête américaine révèlée dans un article qui devrait faire date est publiée dans l'American journal of public Healt.
(http://www.ajph.org/cgi/content/abstract/98/9/1643)

C'est cette substance radioactive qui serai responsable du cancer du poumon. Quelque microgrammes de polonium administrés à une personne suffisent à agir comme poison.

Alors, vous avez encore envie de fumer?

Source : http://francis02.unblog.fr/2008/08/28/polanium-210/
http://www.lemonde.fr/sciences-et-environnement/article/2008/08/28/du-polonium-du-tabac-et-un-secret-bien-garde_1089115_3244.html


lundi 1 septembre 2008

Folies et contradictions.

Alors, ça monte ou ça descend?

Dans l'hebdomadaire Le Point, aujourd'hui, on peut lire notamment : "François Fillon a déclaré que la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la France serait d'au moins 1% en 2008. "J'espère que ce sera un peu plus de 1%", a précisé le Premier ministre sur Europe 1.

La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a quant à elle assuré, sur France Culture, que la croissance serait positive cette année mais qu'il faudrait revoir en baisse les prévisions tant pour 2008 que pour 2009.

Le PIB de la France s'est contracté de 0,3% au deuxième trimestre après une croissance révisée à 0,4% au premier, ce qui, dans un contexte international difficile, rend impossible à atteindre l'objectif d'une croissance de 1,7-2,0% que le gouvernement avait retenu pour 2008.

Cette projection avait déjà été révisée en mars par rapport à une estimation antérieure de 2,0-2,5% sur laquelle était bâti le budget 2008. Les prévisions révisées seront communiquées au plus tard le 24 septembre à l'occasion de la présentation du projet de budget 2009.

"Nous réviserons à la baisse les prévisions de croissance", a renchéri Christine Lagarde, qui au début de l'été tablait encore sur un chiffre au bas de la fourchette de 1,7-2,0%.

Il n'est même pas acquis que la croissance atteigne 1% comme l'espère le Premier ministre. "Pour avoir 1%, il faut faire 0,2% au troisième et au quatrième trimestres, ce n'est pas spectaculaire mais on sent bien néanmoins, quand on regarde les données, que la situation est extrêmement fragile."

Le déficit public a atteint 2,7% du PIB en 2007 et nombre d'économistes le voient revenir, cette année, vers les 3%, limite fixée par le Pacte de stabilité de l'euro, alors que le gouvernement ambitionnait de le réduire à 2,5%. Le Pacte de stabilité autorise toutefois les États membres à sortir des clous en période de récession. Alors on y est ou on n'y est pas, en récession?

http://www.lepoint.fr/actualites-economie/francois-fillon-espere-une-croissance-de-plus-de-1-en-2008/916/0/270446

Premier enseignement : toutes les affirmations péremptoires des mois passés sont nulles et non avenues. La croissance que toute économie de marché poursuit n'atteindra peut-être pas les 1% fin 2008, en France!

Sur le site du même hebdomadaire Le Point, aujourd'hui, on informe que cours du baril de pétrole a chuté sous le seuil de 110 dollars, à Londres, et l'a frôlé à New York, après l'annonce d'un affaiblissement de l'ouragan Gustav qui menaçait les installations pétrolières du Golfe du Mexique

.
Gustav aura été moins méchant que Katrina...

Depuis leur record à 147,50 dollars le baril, atteint le 11 juillet, les prix du pétrole ont perdu plus de 38 dollars. Considérée par les opérateurs comme un seuil de résistance important, la barre des 110 dollars n'avait pas été enfoncée depuis le 2 mai.

Faut-il y voir un retour vers la situation antérieure?

Au moment où l'on se réjouit de cette chute du prix du baril, toujours Le Point continue de publier une longue enquête, datée du 7 juillet, s'ouvrant sur le titre suivant : Plusieurs observateurs l'affirment : le prix du baril de pétrole pourrait dépasser dans les prochains mois les 200 dollars. lepoint.fr vous propose de découvrir comment cela changerait notre quotidien. Et de commencer par un article sur l'adaptation des agriculteurs à cette nouvelle donne!

"Imaginez des centrales nucléaires qui, au lieu de chauffer l'eau des rivières, serviraient à chauffer toute l'année des serres remplies de légumes et des usines à engrais (!). Ou encore des éleveurs bovins qui se mettraient à produire des céréales, qui se cotiseraient pour acheter un pressoir à plusieurs et fabriqueraient eux-mêmes l'huile de colza dont ils ont besoin pour faire tourner leurs machines et leurs tracteurs. Imaginez enfin des agriculteurs semant sans labour - comme dans le bon vieux temps ! - et des cultures produites avec deux fois moins d'engrais, selon le principe de la rotation des parcelles. Voilà à quoi pourrait ressembler l'agriculture française si le pétrole devait un jour - bientôt ? - dépasser la barre fatidique de 200 dollars le baril".

http://www.lepoint.fr/actualites-economie/si-le-baril-etait-a-200-dollars-les-agriculteurs-francais-s/916/0/258590


Les plateformes pétrolières plongent. Le pétrole surnage encore...

Deuxième enseignement : (passons sur le chauffage des serres avec l'électricité nucléaire...) En réalité, on ne sait ni quand, ni comment, le cours du pétrole va faire le yoyo, dans les mois à venir. Avec, en sus, la spéculation, plus personne n'y comprend rien. La première flambée des prix a été très brutale; si elle se calme, elle reste inéluctable; on ne retrouvera pas les prix de 2007; inutile de se réjouir : les causes du renchérissement du prix de l'énergie ne sont pas conjoncturelles.

Le pétrole cher menace le trafic aérien, titrait encore le Point

Le pétrole cher oblige à repenser la façon de se loger, détaille-t-il encore...
"De nombreux primoaccédants et ménages modestes se sont installés en deuxième couronne et zone rurbaine pour y trouver des loyers plus faibles et des surfaces plus importantes. Paradoxalement, ils voient ces économies annulées avec la hausse des prix du carburant nécessaire pour effectuer leurs trajets aller-retour quotidiens."

On pourrait multiplier les exemples des effets dévastateurs du déclin des ressources en énergie fossile et pas seulement du pétrole...

Folie donc que d'espérer en un retour de la croissance. Contradictions que ces annonces de la montée spectaculaire et du recul rapide du prix du baril de pétrole... La boussole économique est déréglée. Elle n'a jamais indiqué le bonheur terrestre, mais au moins indiquait elle une voie, fut-elle pénible et dangereuse. Cette fois, tous les discours creux des grands faiseurs de vérité se révèlent pour ce qu'ils sont : des mensonges gigantesques...

Et nous n'avons pas tout vu!

Troisième enseignement : ce n'est pas seulement le gouvernement français qui erre et les critiques des opposants sont un peu faciles! La crise de l'énergie et de l'alimentation est planétaire. L'humanité ne doit plus compter sur ses leaders pour se sauver du désastre, mais sur elle-même. Ce n'est pas si dramatique pour d'authentiques démocrates! À nous d'agir...

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samedi 16 août 2008

Mort ou renouveau de la démocratie ?

La Fondation Friedrich Ebert, interdite sous le nazisme et recréée en 1947, est la fondation politique allemande la plus ancienne. Elle a été créée en 1925 selon les dernières volontés politiques du premier Président allemand élu démocratiquement et porte son nom.



La démocratie occidentale aurait un avenir incertain constate Harald Welzer. Ce sociologue observe que la démocratie fondée sur l'État se disloque quand l'État révêle son impuissance. Sauf à repenser la démocratie pour la ré-établir sur des bases nouvelles où la participation des citoyens serait permanente et non plus déléguée, la démocratie ayant cessé d'être attractive et de constituer un modèle, peut mourir. Ci-dessous des extraits de l'article qui vient de paraître dans
Le Monde daté du 15 août 2008, article qui est à lire, relire, méditer et débattre en son entier...


Professeur Harald Welzer, sociologue et historien.

La démocratie occidentale, un avenir incertain, par Harald Welzer

La démocratie semble avoir de moins en moins le vent en poupe, autant sur le plan national qu'international. En tout cas rien n'indique que les pays émergents qui s'adonnent à l'ivresse de la modernisation à outrance veuillent en même temps suivre le modèle social démocratique de l'Ouest, où de plus en plus de gens commencent à se demander s'ils vivent bien dans le meilleur des mondes politiques possibles.

C'est ainsi qu'une étude de la Fondation Friedrich-Ebert a révélé il y a quelques semaines que près d'un Allemand sur trois pense que la démocratie fonctionne mal ; la proportion passe même à 60% parmi les anciens Allemands de l'Est ; et un quart des personnes interrogées ne veut plus rien savoir de "la démocratie telle qu'elle est chez nous". Comme le montre la participation toujours plus faible aux élections ou la baisse du nombre d'adhérents à des partis, ce sont là des jalons qui marquent une tendance de fond : entre le milieu des années 1970 et 1990, l'adhésion formelle à la démocratie en Allemagne s'est toujours située autour de 75%. On a assisté ensuite à un processus d'érosion que les sondages ne sont pas les seuls à enregistrer. En un quart de siècle, les grands partis politiques ont perdu la moitié de leurs membres, alors que la réunification a ramené une palette complète de Länder. Une vraie prouesse !

La perte de confiance dans la démocratie ne se révèle donc pas seulement par l'accroissement de tendances autoritaires; elle se reflète dans le désarroi des élites politiques incapables de prendre la mesure des problèmes posés par l'avenir. Voilà pourquoi le candidat Barack Obama apparaît comme un sauveur, même quand on n'est pas américain.

Le renoncement à la démocratie n'est pas forcément un handicap au développement, il fait même souvent office d'accélérateur dans le processus de modernisation. Quand on voit la subtilité déployée par le gouvernement chinois pour maintenir la confiance dans le système en maniant la carotte et le bâton, il est impossible de penser que ce système puisse capoter au seul critère qu'il n'est pas démocratique. Il pourrait même devenir pour d'autres sociétés un modèle plus attractif que celui de l'Ouest qui, avec son arrogance, donne maintenant l'impression d'être dépassé. Même les fragiles Etats du tiers-monde qui périclitent ou ont déjà périclité ne se portent pas candidats pour reprendre le modèle occidental. Soit ils sont tenus à l'écart de la mondialisation, soit ils en sont les victimes passives.

En perdant sa valeur de modèle, la démocratie occidentale est ainsi soumise à une pression venue de l'extérieur ; il existe d'autres voies vers une modernité que nous ne connaissons pas, et il y a toutes les raisons de penser qu'elles resteront valables aussi longtemps que les problèmes écologiques ne viendront pas mettre aussi à mal ce turbo capitalisme d'un nouveau type. Les perdants de la mondialisation dans les pays occidentaux sont en effet les premiers à sentir qu'il est illusoire de continuer à faire confiance à un Etat national promettant le bien-être pour tous. La dégringolade sociale qui, dans le pays du miracle économique, n'était autrefois le lot que de quelques laissés-pour-compte devient une possibilité que tout le monde peut redouter.

ABANDONNÉS PAR L'ETAT

Il est aisé de comprendre pourquoi, dans une telle situation, les gens se sentent abandonnés par l'Etat et donc aussi par la démocratie, surtout quand cet Etat ne cesse de prétendre qu'il va veiller au bien-être de tous, alors qu'en réalité il est incapable de faire quelque chose. Raison pour laquelle les personnes à faibles revenus qui réclament des compensations pour la hausse dramatique des prix de l'énergie ne peuvent que se sentir déçues et flouées : aucune démocratie au monde ne peut répondre du fait que les ressources deviennent plus rares et donc plus chères ; si elle veut maintenir la confiance, elle est paradoxalement obligée de dire qu'elle ne peut le faire. Quels seront les effets dévastateurs sur la démocratie si la hausse des prix de l'énergie fait aussi baisser le niveau de vie des classes moyennes ?

Que va-t-il se passer si les petits salaires ne peuvent plus payer leur chauffage ? Et qu'espérer si même la fiction de solidarité sociale ne peut être maintenue parce qu'il est désormais clair que la génération sortante et celle qui a précédé ont vécu sans le moindre scrupule aux frais de celle qui va encore à l'école aujourd'hui ?

Les structures sociales, tout le monde le sait à titre privé, ne sont jamais stables. Elles peuvent très vite se trouver confrontées à des problèmes d'existence et de légitimité ; elles peuvent aussi très bien s'effondrer quand la pression sociale devient trop forte. Il n'en va guère autrement avec les structures sociales de la taille d'un Etat, même si les institutions jouent ici un rôle stabilisateur.

Mais qu'en est-il lorsque les institutions comme les partis, les syndicats, les Eglises, la santé et la Sécurité sociale ont du mal à assurer cette fonction stabilisatrice parce qu'elles sont déjà prises dans un scénario de transformation qu'elles ont du mal à saisir elles-mêmes ? L'histoire du XXe siècle avec ses dictatures folles et ses systèmes totalitaires, avec ses révolutions et ses effondrements, montre qu'on ne peut miser sur la stabilité des rapports sociaux : les choses peuvent bouger assez vite et se soustraire aussi vite à tout contrôle. L'histoire montre aussi que, dans une situation de menace et de pression, les individus peuvent se laisser aller à des comportements et des décisions qu'ils n'auraient pas imaginés, quelque temps auparavant.

Voilà pourquoi il serait bon d'utiliser les inquiétants résultats de l'étude de la Fondation Friedrich-Ebert comme une incitation à réfléchir à la modernisation de notre démocratie. L'intégration c'est la participation et non l'assistance, et elle doit être renforcée par des formes innovantes de démocratie directe, qui englobent aussi des médias comme Internet. Les directives abstraites de l'Union européenne ne peuvent avoir aucun effet identificateur parce que personne ne comprend à quoi elles servent.

C'est en effet le seul moyen pour les individus de s'identifier à un ensemble dont ils sont eux-mêmes partie prenante. En revanche, si l'Etat ne laisse transparaître qu'une volonté d'intégration par un recours à l'assistance qu'il ne peut même pas assurer, il sape les fondements de la démocratie. Et il renonce du même coup au pouvoir d'engagement de ceux qui sont abandonnés en cours de route. Devenant le grand perdant de la mondialisation, l'Etat entraîne aussi la démocratie dans sa perte.


Traduit de l'allemand par Pierre Deshusses
© Axel Springer

Harald Welzer, sociologue, professeur de psychologie sociale au Centre de recherche sur la mémoire (Essen, Allemagne)

http://www.lemonde.fr:80/opinions/article/2008/08/14/la-democratie-occidentale-un-avenir-incertain-par-harald-welzer_1083677_3232.html

mercredi 13 août 2008

Dany à la hussarde!


Dany Cohn-Bendit va-t-il changer de point de vue?

Avec des Verts, mais au-delà des Verts.
Avec José Bové, mais sans oukase sur les institutions européennes.
Avec Nicolas Hulot, mais par Besset interposé...

Cohn-Bendit se voit bien tête de liste régionale en Ile de France.
Avec le CNIR des Verts, en septembre, ou ça passe ou ça casse.
Mamère approuve. Voyney grogne.

Pari risqué pour Dany le Rouge qui a bien pâli.
Mais il s'est écarté de Bayrou.
Mais, président des eurodéputés Verts, il a un pied en Allemagne et un en France.

Il offre un choix donc, un choix politique.
Il vise le franchissement de la barre des 10% en France.
Il parle d'un doublement du nombre des élus passant de 6 à 12.

L'écologie a le vent en poupe.
Cohn-Bendit est un leader médiatique.
Il veut aller au-delà des partis.

Tout cela est bel et bon...
Mais va-t-il ne plus fustiger les Irlandais et autres nonnistes?
Va-t-il mettre en cause le libéralisme économique comme cause du désastre écologique?

Il ne suffit pas d'apostropher Sarkozy sur le Tibet.
Il ne suffit pas de vouloir "fédérer toute l'écologie politique"
Il ne suffit pas d'avoir le soutien de Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé.

Il faudrait sortir des jeux politiciens.
Il faudrait faire du neuf.
Il faudrait faire lien avec les citoyens plutôt qu'avec les élites.

Les Journées d'été des Verts à Toulouse vont en débattre.
Puissent les écolos, pour une fois, ne pas s'enferrer dans leurs joutes vaines.
Et penser l'échéance européenne... au-delà des élections européennes.


http://www.cohn-bendit.de/dcb2006/fe/pub/fr/dany.

mardi 12 août 2008

Du SMIG au SMIC puis au "Revenu de sombre avenir" ou RSA?



Le salaire minimum interprofessionnel garanti, ou SMIG, a été créé par la loi du 11-02-1950.

Le salaire minimum interprofessionnel de croissance, ou SMIC, a remplacé le SMIG, par un simple décret, en date du 2 janvier 1970.

Le revenu de solidarité active, ou RSA est destiné à remplacer le SMIC. L' avant-projet de loi généralisant à l'ensemble du territoire le revenu de solidarité active (RSA), expérimenté dans trente-quatre départements, a été dévoilé, le lundi 11 août 2008, par le quotidien Les Echos.

Que va-t-on encore jeter? Un article d'Agoravox parle de "Revenu de Sombre Avenir"!



Et que disent les mots?

Que plus rien n'est garanti...! Le mot a disparu.
Qu'il n'y a minimum que... s'il y a croissance!

Mais qu'il faudra ne compter, désormais, que sur la "solidarité active" (?).


Car le RSA est un modèle d'ambiguïtés.
Parler de revenu plutôt que de salaire serait positif si c'est un droit à vivre.
Parler de solidarité est également positif, mais il reste à savoir de quelle solidarité il s'agit.
Parler, enfin, de solidarité active signifie-t-il que l'aidé, ou les aidants, ont "à se bouger"?

Le SMIC a été revalorisé de 0,9% pour atteindre 8,71 euros de l'heure, le 01-07-2008, soit un un salaire brut mensuel de 1321 euros pour 35 heures de travail.

Les questions qui se posent avant de passer à la solidarité active sont les suivantes :
- A-t-on droit à un revenu minimum vital quand on ne travaille pas comme salarié?
- Le budget accompagnant la solidarité nationale redéfinie sera-t-il suffisant?
- La critique de l'assistanat ne recouvre-t-elle pas le retour à la charité?
- Peut-on bénéficier du RSA quand on est inemployable et chargé de famille?

Deux conceptions de la vie en société s'affrontent : l'une qui fait du travail (salarié) la clef d'accès à toute aide publique; l'autre qui donne droit à tout citoyen d'avoir accès à un revenu de base permettant de survivre. Pour tous ceux que la vie a meurtri au point qu'il n'aient plus de place sur le "marché du travail", le RSA, déjà loin de ce qu'en avait imaginé son promoteur, Martin Hirsch, risque bien de mériter son appellation détournée : le Revenu de sombre avenir!

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=43164

lundi 11 août 2008

Quand il est mort le poète...

... le monde entier n'a pas chanté!
Image:Mahmood darwish.jpg
Mahmoud Darwich (1941-2008)

Et pourtant, la poésie du poète palestinien, elle, chante, et nous parle!



Si nous le voulons
  • Nous serons un peuple,
    si nous le voulons, lorsque nous saurons que nous ne sommes pas des anges
    et que le mal n'est pas l'apanage des autres.

  • Nous serons un peuple
    lorsque nous ne dirons pas une prière d'actions de grâce à la patrie sacrée
    chaque fois que le pauvre aura trouvé de quoi diner.

  • Nous serons un peuple
    lorsque nous insulterons le sultan et le chambellan du sultan,
    sans être jugés.

  • Nous serons un peuple
    lorsque le poète pourra faire une description érotique
    du ventre de la danseuse.

  • Nous serons un peuple
    lorsque nous oublierons ce que nous dit la tribu...,
    que l'individu s'attachera aux petits détails.

  • Nous serons un peuple
    lorsque l'écrivain regardera les étoiles sans dire :
    notre patrie est encore plus élevée...et plus belle !

  • Nous serons un peuple l
    orsque la police des mœurs protègera la prostituée et la femme adultère
    contre les bastonnades dans les rues.

  • Nous serons un peuple
    lorsque le Palestinien ne se souviendra de son drapeau que sur les stades,
    dans les concours de beauté et lors des commémorations de la Nakba. Seulement.

  • Nous serons un peuple
    lorsque le chanteur sera autorisé à psalmodier un verset de la Sourate du Rahmân
    dans un mariage mixte.

  • Nous serons un peuple
    lorsque nous respecterons la justesse
    et que nous respecterons l'erreur.

  • © Actes Sud, traduit par Elias Sanbar.
http://www.oasisfle.com/culture_oasisfle/litterature_palestinienne.htm#Mahmoud%20DARWICH
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mahmoud_Darwich

mercredi 6 août 2008

Une blessure de la civilisation jamais guérie



Hiroshima et Nagasaki, 1945
Statue du parc de la paix à Nagasaki.

6 août 1945 : le jour anniversaire de l'effacement d'une ville entière, Hiroshima, sous le feu nucléaire. Et, comme si ce crime d'État, car c'en est un, n'avait pas suffi, trois jours plus tard, à Nagasaki, on a recommencé pour être sûr de briser toute résistance nippone.

Nous n'en sommes jamais sortis. La Bombe, bien qu'elle n'ait pas été réutilisée, depuis 63 ans, n'en reste pas moins une épouvantable épée de Damoclès au-dessus de nos têtes et, s'il s'en fallut de peu, en 1962, qu'elle ravage le monde, elle reste présente dans les arsenaux et risque de devenir l'arme terroriste géante, au XXIe siècle.

On ne peut vivre vraiment, vivre ce qui s'appelle vivre, sous cette menace! Rien de ce qu'écrivit Camus après l'explosion n'est devenu invalide! Les Jeûneurs qui, à Paris, cette année, comme ils l'avaient fait à Taverny, auparavant, qui disent, chaque année, un non radical à cette inversion de la civilisation, ont raison. Fussent-ils dix. Seraient-ils deux...

"On nous apprend, écrivait Albert Camus, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. /.../

Qu'on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction d'Hiroshima et par l'effet de l'intimidation, nous nous en réjouirons. Mais nous nous refusons à tirer d'une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider plus énergiquement encore en faveur d'une véritable société internationale, où les grandes puissances n'auront pas de droits supérieurs aux petites et aux moyennes nations, où la guerre, fléau devenu définitif par le seul effet de l'intelligence humaine, ne dépendra plus des appétits ou des doctrines de tel ou tel État."

Extrait de l'éditorial du journal Combat, le 8 août 1945 à relire, en entier, à l'adresse ci-dessous.

http://www.matisse.lettres.free.fr/artdeblamer/tcombat.htm

mardi 5 août 2008

Pour en finir avec l'antisémitisme!


Siné serait antisémite. Soljenitsyne l'était, paraît-il... C'est le débat du mois : qui est antisémite?

Un débat, très tendu, s'est donc ouvert entre ceux qui voient dans la critique politique des Israéliens et la critique de la judéité un lien évident, et ceux qui estiment, au contraire, que la libre critique d'Israël ne saurait être associée à l'antijudaïsme.

Car il y a, visiblement, antisémitisme et antisémitisme!

"L'antisémitisme (originellement écrit anti-sémitisme) est le nom donné à la discrimination, l'hostilité ou les préjugés à l'encontre des Juifs", propose Wikipedia.

Wikipedia tente de distinguer racisme et hétérophobie (qui désignerait le refus agressif d’autrui dont le racisme ne ne serait qu’un cas particulier) et la définit comme : «Le refus d’autrui au nom de n’importe quelle différence». Dans Ce que je crois, (éd. Fasquelle, Paris, 1985), Albert Memmi, écrivain franco-tunisien de culture juive, définit, au contraire, le racisme comme une hétérophobie. Je le suis, sur ce plan.

On parle constamment de racisme et d'antisémitisme. J'ai toujours pensé que, ce disant, on commettait une erreur! L'antisémitisme fait partie du racisme; c'est l'un des racismes; il n'est pas un racisme à part. Évidemment chaque racisme est particulier, a une histoire, mais le vocable couvrant (racisme) rassemble tous les racismes sans exception. Depuis que les idéologies de la race ont volé en éclat par impossibilité scientifique de définir une race, le racisme n'a plus qu'un contenu essentiellement culturel : c'est bien un rejet d'autrui faussement justifié par des considérations multiples. Et l'antisémitisme est, quelles qu'en soient les raisons, la haine du juif et j'admets que l'une de ces raisons soit produite par la politique.

Selon la CICAD (Coordination Intercommunautaire Contre l'Antisémitisme et la Diffamation), «le terme "antisémitisme" a été inventé, dans un pamphlet publié en 1879, par le journaliste allemand Wilhelm Marr, fondateur de la Ligue antisémite, consacrant ainsi l'entrée du terme antisémitisme (Antisemitismus) dans le vocabulaire politique.
Source : http://www.cicad.org/

Toujours selon la CICAD, que cite l'Encyclopédie de l'Agora, le terme "antisémitisme"a toujours été appliqué aux Juifs, pour caractériser la haine à leur égard. Il n’a jamais qualifié l’hostilité à l’égard d’un autre peuple, et équivaut donc à "judéophobie" ou "haine des Juifs".
Source : http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Antisemitisme.

Produite directement par les idéologies nationalistes et racistes en pleine expansion à la fin du XIXe siècle, cette expression nouvelle de la haine contre les juifs n'est cependant pas sans liens avec ce que Hannah Arendt désigne, dans la Préface de Sur l'antisémitisme, par « haine religieuse du Juif » (religious Jew-hatred) qu'on appelle aujourd'hui « antijudaisme », hostilité repérable dès l'Antiquité, qui va se prolonger et s'amplifier, au Moyen Âge, dans l'Occident chrétien, et finalement perdurer jusqu'au XXe siècle.
Voir : Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme, Sur l'antisémitisme (vol. 1) Seuil, 2005.
http://www.evene.fr/livres/livre/hannah-arendt-les-origines-du-totalitarisme-sur-l-antisemitisme-9194.php

La confusion entre antijuif, antisémite, antisioniste et antiisraélien ne sera pas levée de si tôt! Les repères de bon sens ne peuvent, hélas, suffire à surmonter les hostilités! J'appelle repères de bon sens toutes les nuances que les mots induisent : un Juif est un homme de confession religieuse; on peut ne pas partager cette foi mais rien n'autorise à rejeter un homme à cause de sa conception du monde, sa foi, son appartenance à une communauté. Un Sémite est un homme "né de Sem, fils de Noé", selon la Bible, un habitant de la terre d'Asie occidentale;
il parle l'une des langues dites sémitiques (l'hébreu, l'arabe, l'araméen, le babylonien, l'assyrien, et l'amharique). Les Arabes, Juifs, ou Éthiopiens sont donc des Sémites qu'on ne saurait rejeter à cause de cette origine. Un sioniste est un Juif qui a fait le choix politique de lutter pour l'établissement, puis le maintien, d'un État juif en Palestine; on peut combattre cette orientation mais pas au point d'en faire un crime, d'autant qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale, la recherche d'une terre de la part de ce peuple discriminé, puis proche de l'anéantissement, n'était pas sans fondements! Enfin un Israélien, juif ou pas, est un citoyen de l'État d'Israël; comment lui dénier cette citoyenneté?

Et pourtant, tout n'est pas dit!

Le Juif, s'il s'accorde des droits historiques du fait du caractère sacré et exclusif qu'il prétend s'être vu accorder par la religion, si ce n'est par Dieu lui-même, ne saurait vivre en paix avec ses voisins! La notion de peuple élu ne contient-elle pas le rejet des non-élus, au premier rang desquels ceux qui vivent sur des territoires convoités! Les colonies de peuplement sont, à cet égard, de véritables moyens de conquêtes, et qui ne vont pas sans usage de la violence! Je récuse donc cette conception religieuse dominatrice, juive ou pas, où qu'elle se manifeste sur la planète, et qui fonde la culture, ou soi-disant telle, sur le particularisme religieux.

Le Sémite qui se refuserait à partager un passé ethnique avec des Sémites qui ont effectué d'autres parcours historiques que le sien, est un ignorant dangereux! Musulmans et Juifs qui ne veulent pas entendre parler de cette origine commune se renient eux-mêmes et se ferment les portes de l'avenir!

Le Sioniste, quand il devient un nationaliste borné, qui ne voit plus que chaque homme a droit à une patrie et ne se soucie que de la sienne, s'enferme dans le cercle de la violence perpétuelle. Il s'installe alors dans un état de guerre qui, décennie après décennie, en dépit de l'incommensurable et hyperviolente injustice subie, sous l'Allemagne nazie,
par le peuple juif, finit par amoindrir aujourd'hui, jusqu'à la légitimité que lui reconnaissent les nations, au sein de l'ONU.

L'Israélien est, comme tout autre citoyen en ce monde, l'approbateur ou le désapprobateur de la politique conduite par son gouvernement. Or, à l'égard des peuples voisins, Palestiniens et Libanais notamment, Israël n'est pas sans reproches et s'appuie, outranciérement, sur la force et sur le soutien diplomatique (ou technico-militaire) des USA. Être, en certaines circonstances, hostile à la politique d'Israël, comme on peut l'être vis à vis d'autres États dont on récuse les grands choix, n'est pas être anti-Israélien! C'est peut-être même opter pour la survie d'Israël qui ne supportera pas, indéfiniment, un déséquilibre démographique qui ne cesse de s'alourdir à son détriment!

Et l'Hébreu? L'Hébreu fait partie de l'un des peuples sémitiques. Il parle une langue qui n'est pas que liturgique et qui nourrit principalement la pensée des Israéliens. Peuple hébreu et langue hébraïque composent le fond culturel des Juifs vivant sur notre planète.

Alors où est l'antisémitisme véritable? Est-il dans le cœur, la pensée et la bouche de ceux pour qui le peuple juif dépasse et de loin, dans l'espace et dans le temps, l'actuel peuple d'Israël? N'est-il pas plutôt dans l'action de ceux qui font exécrer le peuple juif par leurs intransigeances, leur culte de la puissance, et leur agressivité constante à l'encontre de quiconque émet des réserves ou des désapprobations vis à vis de Juifs d'Israël ou d'ailleurs?

Je suis de ceux qui ne supportent pas les relents d'antisémitisme dont des catholiques ont pu se faire les diffuseurs en parlant de "déicide". Je suis de ceux qui pensent qu'un homme vaut un homme et que chaque Juif (comme chaque Tsigane) exterminé dans les camps, dans les bois d'Allemagne ou d'Europe, entre 1933 et 1945, est l'un de mes frères assassinés. Je suis de ceux dont la lecture de Primo Levi à changé la compréhension du monde. Mais il m'est tout à fait insupportable de constater que mes appréciations politiques puissent me valoir d'être considéré comme antisémite.

Mais il y a plus grave encore, selon moi! Ceux qui instrumentalisent la Shoah la trahissent, quand ils ne la salissent pas! Les fils et filles de victimes du nazisme qui, sur plusieurs générations, depuis 1945, ont souffert et souffrent encore du crime d'État appelé génocide, dont ils sont les survivants blessés à jamais, (mais, pour partie, nous avec eux, comme appartenant à cette humanité-là, dont nous sommes, et qui compte tant de bourreaux et de martyrs!), ces fils et ces filles ne sont pas protégés contre les erreurs. Et ils en commettent! Ils ne sont pas à l'abri de l'injustice. Et ils y sombrent. Ils ne sont pas exempts de tentations violentes en paroles et en actes. Et ils y succombent. Non, les Justes ne sont pas tous du côté des Juifs et le prétendre est impie dirait un Juif lettré. Seuls les ignorants et les sectaires pourront donc dire le contraire.

En fin de compte, ce qui s'avère le plus troublant, le plus douloureux, c'est que ceux qui ont l'expérience historique et culturelle de l'un des plus grands désastres qu'ait connus l'humanité, perdent le sens de l'universel! Pourquoi accusent-ils ceux qui attendent d'eux qu'ils combattent, encore plus que d'autres, la violence collective? Et pourtant, ils savent ce qu'elle est, cette violence! Pourquoi couvrent-ils du mot de terrorisme toutes les luttes armées -toute guerre est odieuse, certes!-. Et pourtant, ils ont, eux aussi, porté ce nom d'infamie, ce vocable de "terroristes".

Oui, s'il est un peuple qui pourrait tenter d'échapper à ce que tant de nations ont commis, comme meurtres et crimes de masse, c'est bien ces Juifs, dont beaucoup se sont implantés en Israël, et dont on a du mal à penser qu'ils puissent commettre ce qu'ils commettent, sous les yeux du monde entier! Ceux qui se nient et renient en ne respectant pas leur propre passé et agissent en ne comptant plus que sur
la supériorité de leur armement, à ceux-là nous avons envie de crier : "non! pas vous!"

S'il fallait, enfin, que, par souci de défense, Israël encourage ses alliés à user de la force nucléaire, en Iran, ou s'il devait s'ouvrir un conflit dans lequel Israël utiliserait cette même force, (dont tout le monde sait qu'il est doté), alors c'en serait fini de toute dignité internationale, de tout avenir de paix dans la région. Que les États qui reprochent à un État islamiste de se procurer des moyens civils et militaires, inséparables les uns des autres, tout en en disposant eux-mêmes, ne se rendent plus compte de leurs contradictions en dit long sur la cécité politique qui interdit de voir venir l'horreur.

Le comble de l'antisémitisme, finalement, c'est de penser que le peuple d'Israël n'aura pas le génie d'échapper à cette civilisation de la mort, la mort distribuée au hasard. On ne combat pas le terrorisme par la terreur. Et si de l'affirmer doit ma valoir le qualificatif d'antisémite, j'en supporterai l'injure, au nom de mon rejet viscéral de l'antisémitisme. De quoi me plaindrais-je? Tant de Juifs ont subi bien pire.

mardi 22 juillet 2008

Triste cinquantenaire


Le présidentialisme ruine la démocratie

On est loin de la VIe République.

On n'est plus tout à fait dans la Ve République.
Nous voici installés dans un système politique pervers.
Le lundi 21 juillet 2008 est un lundi noir.
Nicolas Sarkozy l'emporte encore...

Le Parlement a approuvé, avec une seule voix d'avance, la 24e réforme de la Constitution, qui donne prétendument plus de pouvoirs au Parlement et aux citoyens et autorise le président de la République à s'exprimer devant les deux Chambres réunies.

C'est le scrutin le plus serré jamais enregistré sous la Ve République pour une réforme approuvée par voie parlementaire. Le projet a réuni 539 voix, face à 357 contre, sur 896 votes exprimés: une voix de plus que la majorité des trois cinquièmes requise (538).

Deux votes ont donc été décisifs: celui du président de l'Assemblée Bernard Accoyer (UMP) qui, contrairement à l'usage, a participé au scrutin. Et celle de Jack Lang, seul PS à avoir voté pour.

Les pressions exercées jusqu'au bout, la trahison des radicaux dits de gauche, les calculs orgueilleux de Jack Lang (qui "mériterait" bien la prochaine Présidence du Conseil Constitutionnel), le désintérêt des citoyens en cette période de vacances, et surtout l'absence de perspectives politiques alternatives expliquent ce nouveau pas en avant de Sarkozy.

La démocratie ne trouve jamais son compte dans des scrutins étriqués. Ce qui vient de se passer à Versailles n'a rien à voir avec l'amendement Wallon, fondateur de la IIIème République, passé en 1875 à une voix près. Il ne s'agissait pas, en 2008, de refonder la République mais de renforcer la monocratie élyséenne.

Les combats institutionnels sont des combats politiques lourds de sens. L'utilité de ce scrutin désastreux, c'est qu'il rend plus visible encore la nécessité de sortir vraiment de la monarchie constitutionnelle, cette Ve République qu'aura fondée De Gaulle et qui est restée, même 24 fois transformée, une exception en Europe, un encouragement au pouvoir solitaire et autoritaire. Cela prendra ou non du temps. Nous sommes avertis : pour redonner le pouvoir aux citoyens, il faudra sortir de cette Ve République de moins en moins républicaine...

vendredi 18 juillet 2008

Liberté et religion

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L'homme est la source qu'il cherche (Mallarmé)

Aux Australiens, le Pape a dit : "Votre pays manifeste du respect pour ce droit fondamental qui donne aux hommes et aux femmes la liberté d'adorer Dieu selon leur conscience".

Devant les responsables religieux des autres confessions, il a insisté sur le rôle de la religion en tant que force unificatrice de paix, en dépit de la conviction du contraire chez certains. "Dans un monde menacé par les formes de violence sinistres et aveugles, la voix unie des religieux exhorte les nations et les communautés à résoudre les conflits par des moyens pacifiques et avec le plus grand égard pour la dignité humaine", a dit Benoît XVI.

Il est exact qu'il y ait, parmi les croyants, des hommes de paix. Il est tout aussi évident qu'il y a, parmi les adeptes des religions, des hommes de guerre. La liberté de croire s'accompagne souvent de l'hostilité à ceux qui ne croient pas ou croient autrement que soi! Adorer n'est pas un droit. Un droit est une reconnaissance légale. L'amour n'est pas l'adoration. Aimer échappe à tous les droits. L'amour de celui qui adore est un amour fou. Les "fous de Dieu" sont dangereux. Un culte passionné est toujours proche de la violence. Qui adore idolâtre. Les idoles, comme les images religieuses, sont des objets sur lesquels se transfère le sentiment religieux souvent avec fanatisme et intolérance. On le constate depuis toujours, et on a tué au nom de Dieu autant et plus que pour en finir avec les religions! Ne pas reconnaître cette perversion surabondante dans les manifestations des religions entache la parole du Pape (ou de tout autre porte-parole d'une Église, d'un Temple, d'une Synagogue ou d'une Mosquée) d'une insuffisance radicale qui rend suspect tout discours. La liberté de croire ou de ne pas croire, de prier ou de ne pas prier, appartient au genre humain. Ce n'est pas un droit; c'est une donnée constitutive de la conscience. La liberté de conscience, si longtemps décriée dans les Églises, est la meilleure justification de la foi. Quand la raison cesse de rendre compte de ce que l'homme peut comprendre, la foi (le pari sur l'inconnu) prend le relais, ou non. L'athée, l'agnostique et le croyant sont des frères en humanité. Nul n'est coupable de ses convictions. Mais je doute que ce credo fasse partie du savoir des théologiens du Vatican...


Le fanatisme, ce redoutable amour de la vérité (Toqueville)

jeudi 17 juillet 2008

Un pape vert?


Il est bien temps!

Dans son premier discours des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), à Sydney, le pape Benoît XVI a exhorté les 150 000 catholiques rassemblés à protéger l'environnement, une question d'une « importance vitale pour l'humanité », selon lui. Il a dénoncé le gaspillage des ressources de la planète et les « fausses idoles » de la société matérialiste. Il a évoqué les « plaies » inquiétantes que porte la planète, telles que « l'érosion, la déforestation, le gaspillage des ressources minérales et marines pour alimenter un esprit de consommation insatiable ».

Le pape a appelé les générations futures à protéger la Terre. Il a également souligné la menace de la hausse du niveau des eaux pour certains pays du Pacifique au moment où d'autres pays « souffrent des conséquences d'une sècheresse dévastatrice ».

Mieux vaut un tel discours que d'autres, mais bien des questions demeurent posées que n'évoque pas Benoît XVI.

• La théologie catholique n'a-t-elle pas contribué à ce que la nature soit considérée comme ce que l'homme avait mission de dominer?

• La protection de la Terre peut-elle s'effectuer sans engager la lutte contre ceux qui la menacent, à savoir ceux qui gaspillent les ressources de la Planète?

• La société matérialiste ne se réduit-elle pas, aujourd'hui, à la société capitaliste?

• La médiatisation à outrance dont s'entoure la papauté ne constitue-elle pas une pollution?

• Accepter de se laisser dénommer "Sa Sainteté" est-il compatible avec l'humilité et la sobriété à quoi conduit l'abandon des "fausses idoles"?

l'Église a trop souvent trahi la mission qu'elle affirme avoir reçue du Christ. Le respect vigilant de "la création" comme disent les théologiens, la solidarité active avec ceux qui souffrent de l'inflexibilité des puissants, la valorisation constante de la pauvreté contre la misère, le renoncement effectif au pouvoir où se complaisent les grands de ce monde : ces quelques axes de pensée, peu suivis, font pourtant partie de la thématique chrétienne et on les retrouve aisément dans les évangiles!

Ce qui est d'une importance vitale pour l'humanité, c'est que tous ceux auxquels s'adresse le Pape en finissent avec les pontifes et les poncifs, et cessent d'attendre du ciel des réponses aux questions cruciales que la vie leur pose, en ce début de XXIe siècle.

Note : l'occasion est trop belle pour la laisser passer. On peut lire, avec un grand plaisir, le roman de Miguel Asturias, Le Pape vert, paru en 1985, aux éditions LGF Livre de poche
http://www.decitre.fr/livres/Le-pape-vert.aspx/9782253037682

Soyons beau-joueur. Il en est, tel Patrice de Plunkett pour croire en l'écologie du pape.
http://www.lanef.net/archives_de_la_nef/grands_entretiens/_l_eglise_est_ecologiste_patrice_de_plunkett.asp?page=1




vendredi 11 juillet 2008

Le moine, le prêtre, et le pouvoir.


Thich Huyen Quang

Aujourd'hui, au Vietnam, ont lieu les obsèques d'un moine. Décédé à 87 ans, Thich Huyen Quang, représentait un bouddhisme qui ne s'était pas couché devant le pouvoir!


Je rapproche cet évènement d'une question qui me poursuit depuis des mois : qu'est-ce qu'un moine? Et qu'est-ce qu'un prêtre? Le moine (de monos, seul) est censé vivre à l'écart du monde social. Au contraire, dans les civilisations occidentales, le prêtre en est un agent, une personnalité, une autorité morale locale.

Par toutes les voies que je peux emprunter pour tenter, donc, de répondre à cette question "qu'est-ce qu'un prêtre?", j'aboutis toujours à cette idée simple : il s'agit d'un être humain, presque toujours de sexe masculin, auquel est délégué le droit et le pouvoir de parler au nom d'une église, partant : au nom de Dieu. Et il y a là, selon moi, depuis des siècles et des millénaires, une supercherie à laquelle l'humanité n'a jamais pu résister et sous laquelle se loge le pouvoir de l'homme sur l'homme.

Car c'est sous l'angle religieux et politique tout à la fois qu'il faut aborder cette attribution, cette domination subtile, cette "mise à part" d'une minorité jouant un rôle social essentiel, celui tantôt d'intermédiaire avec le ciel, tantôt de médecin des âmes, autrement dit de réconciliateur avec la société, du moins la société telle qu'une église l'a codifiée.

Jésus n'était pas prêtre et ce sont des prêtres qui l'ont fait assassiner. Les musulmans n'ont pas de prêtres mais des imams qui ont un statut bien différent : celui d'exposer, de faire connaître, le contenu du Coran et la doctrine qui en est extraite. Les bouddhistes n'ont pas de prêtres mais des religieux qui se retirent du monde pour mieux se mettre au service des autres hommes.

Sous toutes ces fonctions, du prêtre au pasteur, de l'imam au rabbin, il y toujours la même conviction : il faut des experts en religion pour conforter la foi des croyants.

L'homme de culture affronte cette fausse certitude armé de sa seule raison mais enrichi de l'histoire des civilisations. Une double erreur sous-tend cette aliénation collective qui autorise des hommes à parler au nom des autres hommes quand il s'agit de l'essentiel : notre rapport d'êtres conscients à ce qui nous fait, Dieu ou la Nature, ou les deux à la fois...

La première de ces erreurs est de séparer, pour mieux les mélanger et les confondre, le pouvoir politique et le pouvoir religieux. Cela a conduit au bûcher, au lynchage, à l'attentat. La seconde erreur est de déléguer une partie de son intimité, celle qui conduit à l'introspection, la méditation ou la prière, à un autre! Chaque homme, ou femme, est prêtre, c'est à dire relié, c'est à dire religieux, même si c'est hors de toute religion.

J'entre ici dans ce que les intégristes considèreront comme un blasphème : celui de la contestation de leur pouvoir sur autrui. Les questions religieuses sont trop importantes pour les confier à des hommes de religion. Dire cela m'eut valu la mort en d'autres temps, en France, et me le vaudrait toujours, en d'autres lieux, de par le monde.

Je tiens le moine pour un peu plus respectable. Il n'a besoin d'aucun prosélytisme; il vit en communauté, en général, sans nuire à quiconque; il se fait témoin de la possibilité d'être homme sans entrer dans l'agitation des puissants et des possédants. Il pense, étudie et cherche un équilibre de vie qui fasse sens. Il n'est pas nécessairement prêtre. Il est même des religieux retirés de tout, les ermites, qu'on retrouve dans toutes les religions, et qui sont l'exemple même du non-pouvoir, ou au contraire l'exemple du vrai pouvoir : pas le pouvoir sur l'autre mais le pouvoir sur soi.

L' "Océan de sagesse" qu'est censé représenter le Dalaï-Lama ne m'attire pas, quelles que puissent être les qualités de l'homme, simplement parce que l'exploitation du spirituel par le temporel, au travers de sa personne, est plus que jamais flagrant. Le bouddhisme aussi est équivoque et peut s'emparer des esprits au lieu des les ouvrir.

Cette reprise de l'analyse sur pouvoir et religion, revue sous l'éclairage des données contemporaines, est plus que jamais indispensable. À cause des errances du chef de l'État français sur la laïcité, à cause de la justification ou du déclenchement de la violence par des motivations religieuses notamment islamistes, à cause de la confiscation des esprits par des discours et prêches qui, de nouveau, conduisent à abandonner sa liberté de penser.

La laïcité n'est pas un dogme et ce pourrait être un concept évolutif dans une période de l'histoire du monde qui exige toujours plus de respect et d'acceptation de la diversité. Mais Nicolas Sarkozy veut en faire une reconnaissance du lien entre la culture et la divinité, quelle que soit la religion concernée : ce chemin, qu'emprunte l'actuel président de l'État, en France, là où furent mises en place des institutions fondées sur la séparation du pouvoir civil et du pouvoir religieux, ce chemin est dangereux et conduit vers un retour à la vénération des princes de l'Église, de la Synagogue, de la Mosquée ou de tout autre temple. C'est une régression.

Sortir d'une époque qui aliène le religieux en le confinant dans la religion : tel serait mon vœu!
On en est loin. La philosophie suffit pourtant à entretenir nos doutes, à les enrichir de certitudes difficiles parfois remises en cause. Celui qui croit tout savoir est un meurtrier en puissance. Le prêtre est souvent, fut-il humble, l'un de ces sachants donneurs de leçons de vie. Soyons tous prêtres, non pas les ministres d'un culte mais des chercheurs de vérité, non pas, comme dans l'univers catholique, des aumôniers ou des chanoines ou des curés ou des vicaires, mais des passionnés de l'ontologie et de la métaphysique, bref des hommes.


François d'Assise, écologiste et non-violent.

samedi 5 juillet 2008

Ingrid Bétancourt enfin libre et... manipulée?



"L'énigme Betancourt vient de commencer" affirme la Radio Suisse Romande.

Il y a toutes raisons de douter des informations relatives à la libération d'Ingrid Bétancourt.
S'il faut se réjouir vivement de sa sortie d'une horreur qu'elle a vécue des années durant, il ne faut pas, y compris par respect pour elle, par solidarité avec elle, tout avaler sans faire montre d'esprit critique.

Il faut oser se poser des questions (et il en viendra beaucoup d'autres...) afin de lutter contre l'instrumentalisation politique de cette libération heureuse.

1 - Entendrons-nous désormais parler des quelques 800 ou 3000 (!) otages qui restent aux mains des FARC? Ingrid Bétancourt et ses comités ont raison de dire que la lutte continue pour eux. Mais Uribe s'en soucie-t-il à présent?

2 - Ingrid Bétancourt nous apparaît en bonne santé, dynamique, lucide, informée. L'euphorie n'explique pas tout! Aurait-elle été moins mal traitée, voire ménagée, par ses geoliers, ces temps derniers au moins? Et, si oui, pourquoi?
3 - Uribe pouvait-il, politiquement, risquer la vie des otages? Difficile à croire! N'a-t-il pas, alors, comme l'affirme Radio Suisse Romande, fait négocier la libération contre des primes ou rançons et contre la promesse d'exil de guérilleros "repentis"?
4 - L'encadrement des services de renseignements colombiens par des spécialistes américains et israéliens est de plus en plus difficile à nier. Pourquoi les 3 otages américains ne sont-ils pas passés par Bogota et ont été directement rapatriés? Pourquoi l'armée israélienne reconnait-elle, aujourd'hui, son soutien militaire technique à l'armée colombienne?
5 - N'assistons-nous pas à une opération médiatique géante dont l'objectif politique non avoué est de renforcer l'axe Bush-Uribe très mal en point en Amérique latine? Mais aussi pour redorer le blason d'Uribe dont l'élection (en 2006) est remise en cause par suite de corruptions et de violences avérées?
6 - Ingrid
Bétancourt, survoltée par la joie, ne peut-elle être, dans les jours et semaines prochaines, l'objet d'instrumentalisations susceptibles de lui nuire? Et cela n'a-t-il pas déjà commencé?
7 - Les idées que défendaient en 2002, Ingrid Bétancourt, candidate écologiste et pacifiste, peuvent-elles être soutenues par tous ceux qui ont si bruyamment applaudi sa libération?
8 - Ne faut-il pas éviter les pièges politiques trop bien tendus. N'est-ce pas la priorité des vrais amis d'Ingrid?
- "Mieux vaut la force que la négociation" : telle est l'idée que l'on s'efforce impudemment de nous vendre. On est déjà passé de la force à la ruse. On pourrait bien passer bientôt à la reconnaissance de la corruption de guérilleros cherchant à sauver leur peau.
- "Chavez a perdu" : tel est le message que les médias français, aussitôt, ont tenté de nous faire avaler! La réalité est un peu plus complexe et la prochaine rencontre Uribe-Chavez va le révéler.
- "Nicolas Sarkozy a été le plus influent auprès d'Uribe" : qui ne voit que le président colombien avait ses vrais appuis à Washington? Pour une fois, la prise de distance de Ségolène Royal n'est-elle pas justifiée?
- "Les FARC sont morts" : afaiblis, privés de leurs chefs, dispersés, peut-être, mais ils sont loin d'avoir tous baissé les bras et les faire sortir de la clandestinité, les faire échapper à l'influence des narco-trafiquants ne se fera pas à coup de canons!
- "Ingrid Bettencourt va se relancer dans la politique en Colombie" : l'annoncer c'est lui enlever le temps de se refaire une santé, de s'informer longuement avant toute décision .
- "Les narco trafiquants arment les FARC pour mobiliser l'armée colombienne ailleurs que là où ils sévissent" : les narco trafiquants ont des "clients" partout en Colombie, y compris dans l'armée.

En conclusion, vigilance pour tous les soutiens et amis d'Ingrid Betancourt. Sa disparition aurait engendré un cataclysme, une immense souffrance. Elle continue de courir de graves risques. La manipulation de l'information en est un, considérable.



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