vendredi 10 octobre 2008

Écologie et non-violence : un couple indissociable.


Exposé à la Maison des associations du 6ème
Au cours de la Journée Portes ouvertes.
Paris, le 9 octobre 2008.


Jean Dorst, en 1965, dans son livre La nature dé-naturée (1), citait le propos étonnamment prémonitoire du Président des USA d’alors, Théodore Roosevelt (2) , qui, en 1908, – oui, 1908, voici cent ans! – lançait : « le temps est venu d’envisager sérieusement ce qui arrivera quand nos forêts ne seront plus, que le charbon, le fer et le pétrole seront épuisés, quand le sol aura été appauvri et lessivé vers les fleuves, polluant leurs eaux, dénudant les champs… ».


Nous étions prévenus ! Voici un siècle que nous a été lancé le premier message fort d’écologie politique : en violentant la nature, c’est nous-mêmes que nous détruisons. Mais qu’opposer à cette violence-là ?


Depuis que, le 15 juin 2007, l’Organisation des Nations Unies a décidé que, désormais, chaque année, la date anniversaire de la naissance de Gandhi, le 2 octobre, serait la journée internationale de la non-violence (3), la dimension politique universelle de cette non-violence a été, enfin, reconnue. Il y a donc exactement une semaine, a pu être commémorée la seconde de ces journées internationales de la non-violence. Nous voulons nous inscrire, aujourd’hui, dans ce temps commémoratif. Mais quelle non-violence opposer à cette violence des hommes faite à eux-mêmes, violence qui les dénature en les déshumanisant ?


Trop fréquemment, on réduit l’écologie à la seule protection de la nature, ou à la lutte pour l’environnement, voire -c’est à la mode !- au « développement durable ». L’écologie est bien davantage ! Le concept d’écologie désigne la totalité des relations de l’homme avec le vivant, avec les espèces qui peuplent la planète (dont l’homme fait partie, nous l’oublions souvent !) et avec la planète elle-même, tout entière, que l’activité humaine modifie.


On réduit aussi la non-violence à la recherche de l’action sans violence, c’est-à-dire sans agression physique contre les personnes humaines. Pourtant, la non-violence dépasse de loin le seul rejet des moyens violents. Elle est, depuis les engagements publics les plus célèbres, animés par Gandhi ou par Martin Luther King, une action politique qui ne dissocie pas les fins et les moyens et qui tend à démontrer, par la pratique, que le recours aux armes, à la puissance militaire, n’est pas, in fine, efficace, et n’est pas une fatalité dans l’histoire humaine.



Le rapport entre écologie et non-violence, en première approche, peut paraître incongru ! Ce rapport devient pourtant évident dès qu’il nous apparaît que l’homme a commencé à mettre sa propre espèce en péril en ruinant les équilibres climatiques, énergétiques, alimentaires, dont dépend sa survie. La nature n’est pas ce réservoir infini de richesses à nous seuls destinées, comme nous l’avons cru, durant des siècles, et nous découvrons, avec stupeur, depuis peu, que la violence faite à cette nature est devenue permanente, globale, d’une ampleur et d’une brutalité inouïes, bien que souvent invisible. Dès lors, le sort des neuf milliards d’êtres humains que, sauf désastre planétaire, nous pourrions compter, en 2050, se joue dès à présent ! Et nous voici obligés d’opérer une mutation de civilisation dont nous commençons à peine à comprendre l’urgence.


Les hommes se font violence en s’en prenant à ce qui conditionne leur avenir autant et plus qu’en se faisant la guerre. Pénétrons-nous, une bonne fois, de cette observation : l’homme fait partie de la nature et, en détruisant la planète, il se détruit. En réduisant la biodiversité, il s’en prend à sa propre vie. Entrer en non-violence, mettre donc fin à ce qui menace notre être profond : voilà la nouvelle guerre à la guerre dans laquelle nous sommes appelés à nous engager. « L’utopie ou la mort » proclamait, de façon prémonitoire, dès 1974, René Dumont. Nous y sommes.


Prenons conscience, en effet, sans céder au catastrophisme ou au fatalisme, que nous approchons du pied du mur contre lequel il nous faut, à tout prix, éviter de nous fracasser. Comme citoyens ou comme éducateurs, pères et mères, ou formateurs, quels que soient nos âges, nous sommes interpellés. Car il nous faut, à présent, explorer la plus grave des questions qu’il ait été donné aux hommes de se poser depuis des siècles.

***

Le débat qu’il convient d’ouvrir partout, et sans cesse, est autant d’ordre philosophique que d’ordre politique : est-il possible de penser une société qui échappe à ce qui cause inexorablement sa fin ?

D’aucuns diront qu’il faut administrer la preuve de la pertinence d’une pareille question. En effet, si les risques ne sont pas ceux que l’on annonce et que l’on énonce, il est non seulement vain mais faux de perdre son temps à vouloir prévenir ces risques, dès à présent. C’est là qu’une analyse écologique et politique tout à la fois devient utile.

Oui, plusieurs affirmations, que la plupart des autorités scientifiques ne nient pas, nous ont rapproché de la zone dangereuse, celle où aucun retour en arrière n’est possible et où il serait trop tard pour échapper à la disparition non de la Terre mais de l’espèce humaine.

1 – La première est contenue dans la démographie : jamais, depuis que l’homme est présent sur la planète, il n’a vu le nombre de ses congénères s’accroître à pareil rythme (4) . L’espace d’une vie, la population mondiale a été multipliée par trois. Pendant la première guerre dite mondiale, on comptait moins de deux milliards de vivants ; à la fin du XXe siècle, nous dépassions les six milliards; au milieu du présent siècle, nous pourrions approcher les dix milliards. Lecture violente du phénomène : nous sommes trop. Une bonne guerre…, ou un sévère épidémie…, devraient permettre de nourrir ces foules ramenées à des proportions supportables. Lecture non-violente : nous pourrions nourrir quinze milliards de Terriens, un nombre que les démographes savent que nous n’atteindrons jamais ; lecture écologique : si nous produisions pour satisfaire nos besoins et non les profits, nous vivrions plus sobrement mais mieux, sans faire violence à des peuples entiers, comme c’est le cas aujourd’hui. Tout l’avenir humain dépend de sa capacité de partage.

2 – La seconde est liée à la première : le ralentissement puis la fin de l’expansion démographique sont inéluctables à cause de l’allongement de la durée de la vie. Jamais, depuis que l’homme est présent sur la planète, le nombre des personnes de plus de 65 ans n’avait excédé le nombre des personnes de moins de 15 ans. Nous y voici et notamment en Asie où vivent plus du tiers des humains. Moins de naissances par femme et surtout moins de décès prématurés expliquent à la fois la continuation de la croissance démographique et le retrait à venir de la fertilité humaine. Une fois le cap des dix milliards de Terriens approché ou franchi, une autre ère s’ouvrira où l’homme devra apprendre à vivre avec des bébés et des centenaires. Ce sera une révolution culturelle. Lecture violente : c’est impossible, il faudra bien que les vieux disparaissent car nous ne saurons pas les soigner ni leur offrir une vie digne (sous entendu : l’euthanasie sera une pratique courante et admise). Lecture non–violente : on ne peut admettre qu’une évolution positive, l’allongement de la durée de la vie , soit considérée comme un malheur. Lecture écologique : la qualité de la vie dépend des relations sociales ; l’homme ou la femme épanouis ne sont pas seulement jeunes et beaux. Tout l’avenir humain dépend de sa volonté de solidarité.

3 – La troisième affirmation est entrée dans l’actualité en 2007 : désormais, plus d’un homme sur deux vit en ville. Jamais, depuis que l’homme est présent sur la planète, cela ne s’était produit pour une raison suffisante : nous nous nourrissons de la terre et il nous faut produire de quoi manger. L’industrialisation de l’agriculture productiviste a vidé les campagnes et l’on a pu croire qu’à coups d’engrais, d’insecticides et grâce aux technologies contemporaines on pourrait produire toujours plus, où que vivent les hommes. Nous découvrons, en ce début de XXIe siècle, que c’est faux, que l’activité humaine agit sur le climat lequel agit sur nos capacités de production : la boucle est bouclée. Lecture violente : on n’arrête pas le progrès et c’est en produisant plus qu’on peut nourrir toujours plus de bouches ; on trouvera bien une réponse scientifique à la lutte contre l’effet de serre avant que ne surgissent les catastrophes biosphériques. Lecture non violente : l’homme fait partie intégrante de la nature ; quand il s’en sépare, il en souffre. Ni le désert rural ni l’habitat individuel éclaté ne conviennent aux sociétés humaines ; l’ultra concentration urbaine non plus . Lecture écologique : le bidonville est la conséquence du rejet économique. L’habitat humain est lié à la diversité de l’occupation des sols. Tout l’avenir humain dépend de la gestion de cette diversité de vie planétaire, diversité des espèces vivantes, diversité des modes de vie humains également.

4 – La quatrième affirmation qui aura été contestée jusqu’au cours de ces dernières années et qu’une poignée de scientifiques, derrière Claude Allègre, persiste à nier, est la suivante : l’effet de serre est la conséquence de l’activité humaine débridée ; l’être humain est directement responsable des bouleversements climatiques susceptibles de bouleverser les équilibres planétaires. Jamais, depuis que l’homme est présent sur la planète, il n’avait disposé du pouvoir de modifier à ce point son environnement ! L’épuisement des ressources minières non renouvelables, en deux siècles, engendre une situation dont nous ne connaissons pas encore tous les effets, mais dont nous savons déjà qu’elle va transformer notre quotidien. Lecture violente (c’est-à-dire obstinée, obtuse et très dangereuse) : c’est aux générations à venir qu’il appartiendra de régler les problèmes qui surgiront devant elles. Cette attitude scientiste, qui rejette dans l’avenir la résolution des défis apparus dès maintenant, curieusement s’apparente à la formule prêtée à tort à Louis XV : « Après moi le déluge » ! Lecture non violente et écologiste tout ensemble : nous sommes responsables des générations à qui nous donnons la vie ; il est devenu irresponsable et meurtrier de consommer plus que la Terre n’est capable d’offrir, l’empreinte écologique du modèle de vie occidental, s’il perdurait, nous obligerait à exploiter plusieurs Terres à la fois ! « le temps du monde fini commence » écrivait Paul Valéry en 1944. S’il est un avenir pour l’homme, ce sera à la condition que nous reconnaissions que nous n’avons qu’une seule Terre, qu’elle a des limites, et que nous ne pouvons compter durablement que sur ce qui est renouvelable.

5 – Cinquième affirmation enfin, celle peut-être qui vérifie le mieux le rapport entre écologie et non-violence : il va nous falloir passer d’un mode d’énergie à un autre. Nous allons sortir d’une économie fondée prioritairement sur le pétrole, (source extraordinairement pratique d’énergie jusqu’ici bon marché, qui avait succédé au primat du charbon), pour accéder à une économie nouvelle, fondée sur des énergies inépuisables et gratuites, multiples et décentralisées, mais jusqu’à il y a peu difficilement captables : énergie solaire, énergie éolienne, énergie hydrolienne, énergie de la biomasse… Jamais, depuis que l’homme est présent sur la planète, il n’avait disposé des outils lui permettant de relever un tel défi ! Lecture violente : à défaut de pétrole nous disposerons toujours de l’énergie nucléaire qui ne pollue pas, qui est inépuisable, qui est bien maîtrisée par nos savants et qui bénéficiera de nouveaux apports scientifiques au cours de ce siècle. Cette lecture est violente parce qu’elle suppose un mode de vie sociale, centralisé, ultrasécurisé, bien avant qu’on ait pu régler l’effroyable question des déchets indestructibles et irradiants dont nous ne savons que faire. Plus encore, on ne fera pas, à la fois, l’effort financier immense que suppose l’adaptation, dans les vingt ans à venir, à une économie fondée sur les énergies renouvelables ou à une économie dominée par l’industrie nucléaire. Il va falloir choisir et qui affirme qu’on peut conduire une politique incluant les deux dynamiques de développement dissimule sa préférence pour le nucléaire et la philosophie politique qui l’accompagne, une philosophie qui nécessite un pouvoir strict, centralisé et confié à des élites autoritaires. S’il est un avenir pour les hommes qui s’inscrive dans une démocratie vivante, c’est-à-dire où l’avis de chacun compte autrement qu’à l’occasion de scrutins espacés, il faut entrer dans l’ère de la gestion de la pluralité, du complexe, de la créativité et de l’inventivité des citoyens : ce que la technologie informationnelle permet.

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Comme au XVIIIe siècle, nous voici, de nouveau, entrés dans des temps politiques jusqu’auparavant inconnus, et, cette fois, bien au-delà du sempiternel affrontement entre les tenants du tout État et du tout privé. La crise multiforme qui couvait, et qui n’est devenue visible qu’au cours de cet été, nous l’annonce spectaculairement, et tout n’est pas dit.

Dans son ouvrage Vers la paix perpétuelle (5) , le philosophe Emmanuel Kant, à la fin du XVIIIe siècle, en 1795, dans la plus fulgurante des utopies, prédisait que l’humanité, en allant vers son unité, serait conduite vers la fraternité universelle puisque toute ronde était la Terre et puisque l’obligation de vivre ensemble, dans un univers à jamais clos, ne pouvait donc être évitée. Par lui, notamment, naquit ainsi, à l’époque des Lumières, le concept d’universel en politique. On sait ce que, très vite, les dictateurs en firent, à commencer, par l’empereur des Français qui voulut, dès le début du XIXe siècle, unifier l’Europe et, pourquoi pas, la totalité du monde connu, à la pointe des baïonnettes. Une seule Terre, une seule humanité, un seul espace de vie commune, Kant était trahi dès lors que c’était par la soumission au plus puissant et non par l’hospitalité, qu’on prétendait réaliser l’universalité. On en est resté longtemps là et la donne restera la même tant qu’on n’aura pas échappé à l’attraction terrestre !



Nous en sommes loin encore. Et, actuellement nous voici confrontés à nos limites. Des peuples entiers ont voulu imposer au monde entier leur mode de vie dévoreur de d’énergies et de ressources minières non renouvelables. Cette violence extrême faite à la réalité, qui nous eut obligé à exploiter (mais pour combien de temps ?) toutes les ressources de notre Terre, comme si nous eussions possédé trois planètes (en Europe), ou sept (aux États-Unis d’Amérique), cette violence-là est intenable. L’Occident qui, depuis plusieurs siècles, l’a tenté, en subit un énorme contre-choc qu’analyse, avec acuité, Jean Ziegler dans son tout dernier essai : La haine de l'Occident (6) . Comme la dictature franquiste ou l’Union soviétique qui implosèrent sans même que s’ouvre un vaste conflit militaire, le système avec lequel nous étions habitué à vivre semble liuii aussi, près de l’implosion. Qu’on le nomme productivisme, capitalisme, libéralisme ou autrement, peu importe à présent : nous abordons les rivages d’un nouveau monde, mais, à la différence du marin de Christophe Colomb qui, de sa vigie, criait « terre » avec espérance, nous, nous crions « Terre » avec angoisse parce que nous avons peur de la perdre, cette Terre aimée, cette Terre-Mère comme dit Jean Malaurie (7) , cette Terre-Patrie comme disait Edgar Morin (8). Bref, nous avons Le mal de Terre comme l’affirme, de son côté, Hubert Reeves (9) .


La suite de crises écologique, économique, politique révélées, presque en même temps, par de brutales manifestations climatique, financière et militaire et dont tout citoyen informé peut, fin 2008, effectuer le constat, relance, à partir de nouvelles perspectives, le thème de l’hospitalité universelle, chère à Emmanuel Kant. Les riches détruisent la planète croit pouvoir constater le journaliste Hervé Kempft (10) ! Les événements actuels ne le contredisent pas. Ce qu’on a appelé la mondialisation glisse, sous nos yeux, de l’unification planétaire (sur la base du modèle anglo-saxon, disqualifié), vers une autre mondialisation appelée parfois l’altermondialisme (et qui n’est rien d’autre que la réapparition de l’utopie de la vie partagée , devenue indispensable si l’on veut pouvoir continuer à penser qu’il est possible à l’homme de subsister et de vivre en commun). Beaucoup, n’en doutons pas, y verront un mythe irréaliste, et donc pernicieux, car, dira-t-on, il est négateur du mal inscrit au cœur de chaque homme, mal que seule la force peut corriger. Deux philosophies, deux politiques s’affrontent ainsi, et continueront à s’opposer, jusqu’à ce que s’entrouvre, ou se ferme à jamais, notre propre histoire, selon que nous aurons, ou pas, dominé la violence que l’homme s’inflige à lui-même. Passe encore, puisque nous n’y pouvons rien, que la mort soit immortelle, mais que l’humanité la regarde, cette mort infligée à autrui, mort vive ou mort lente, comme le moyen même du salut d’une partie d’entre nous, ajoute l’absurde à l’impuissance. Qui tue à grand fracas ou à petit feu, se tue car il supprime sa raison d’être, d’être un parmi tous, unique et égal à tout autre, solidaire, convivial, hospitalier.

Écologie et non-violence ont parties liées pour nous aider à donner un contenu très concret à la mise en œuvre de cette hospitalité politique enfin extraite du rêve et de l’illusion. Soyons des « idéalistes pratiques » disait Gandhi (11).

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(1) Jean Dorst (1924-2001), Avant que nature meure, paru chez Delachaux et Niestlé, en 1965, traduit en 17 langues, ou dans sa version abrégée : La nature dé-naturée, Le Seuil, coll. Points Essais, 1970.
(2) Théodore Roosevelt (1858–1919) est le premier homme politique à s’interroger sur les conséquences des activités humaines et des prélèvements que nous imposons à la Terre. (Discours prononcé au cours d’une conférence sur la conservation des ressources naturelles).
(3) Résolution 61/271, votée le 15 juin 2007, au cours de la 103e session plènière.
(4) 500 millions en 1500, 1 milliard en 1800, 2 milliards en 1930, 3 milliards en 1960, 4 milliards en 1975, 6 milliards en 2000. Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Population_mondiale
(5) Emmanuel Kant (1724-1804), vers la paix perpétuelle, Flammarion, GF Philosophie ; édition 2006.
(6) Jean Ziegler, La haine de l’Occident, Paris, éditions Albin Michel, parution le… 8 octobre 2008 !
(7) Jean Malaurie, Terre Mère, CNRS éditions, Paris, mars 2008.
(8) Edgar Morin, Terre-Patrie, Seuil, collection Points n° P207, Paris, 1993.
(9) Hubert Reeves, Mal de Terre, Seuil, collection Points Sciences, Paris, mars 2005.
Son questionnement est alarmant : « Le sort de l'aventure humaine, entamée il y a des millions d'années, va-t-il se jouer en l'espace de quelques décennies ? », écrit-il.
(10) Hervé Kempf, Comment les riches détruisent la planète, Paris, Le Seuil, janvier 2007.
(11) Gandhi, La voie de la non-violence, textes choisis, Paris, Gallimard, collection Folio, réédition de 2007.

lundi 15 septembre 2008

Qu'est-ce qu'un pape ?

Pierre, lui-même clé de voûte de l'Église, aurait reçu du Christ les clefs du Royaume.

Le pape, dit le dictionnaire Le Robert, est un nom exclusivement
masculin (papesse n'est qu'une légende) qui vient du latin papa et dont la trace remonterait à l'an 1050. Auparavant, bien sûr, il y eut des papes, mais on ne les nommait peut-être pas ainsi.

Curieux et contradictoire vocable ! Le pape (qui s'écrit sans majuscule)
est, dit encore le dictionnaire Le Robert, le chef dont l'autorité est indiscutée, le Chef suprême de l'Église catholique romaine (ou Souverain pontife, le pontifex maximus, du latin pontifex). Étymologiquement, chez les Romains le pontife était celui « qui fait le pont entre les dieux et les hommes ». Il est cependant d'autres papes en chrétienté : chez les Coptes et les Orthodoxes, en particulier.

Papa, le père, le mot le plus proche, du latin pappus (« aïeul ») est
le terme affectueux par lequel les enfants, même devenus adultes, désignent leur père. Autorité indiscutable et tendresse durable se côtoient ainsi, grâce au voisinage des mots, mais la réalité est plus sévère. L'aïeul est un grand-père et, en effet, le pape est rarement jeune. C'est l'ancêtre, celui qui vient avant : aux deux sens de l'expression, il précède dans le temps et dans la hiérarchie des personnalités. À 80 ans, Benoît XVI, 264e successeur de Simon-Pierre, incarne bien ce type de hiérarque, puissant et apparemment débonnaire.

Le pape est également le chef de l'état minuscule du Vatican. Son autorité
s'étend sur toute l'Église universelle. Autre et intéressante contradiction : le pape, qui est sans pouvoir ("combien a-t-il de divisions ?" demandait Staline !) dispose d'un pouvoir spirituel sans limites terrestres, incarné dans un territoire des plus limités. Son influence politique n'est pas négligeable (et Jean-Paul II le fit bien voir aux successeurs de Staline !).

Derrière cette description que tout le monde connaît, peut connaître ou
devrait connaître, se trouvent masquées de vraies questions mais sont écartées les réponses qui les accompagnent :

1 - Pourquoi le pape serait-il nécessairement un homme de sexe
masculin ? Parce que la tradition le veut ainsi? Parce que Pierre, supposé chef des apôtres était un homme ? Parce que l'autorité est un attribut masculin ? Toutes ces raisons deviennent fragiles au XXIe siècle, mais là n'est pas l'interrogation la plus redoutable.

2 - Pourquoi le pape est-il un chef, la tête de l 'Église ? L'évêque de
Rome est évêque parmi les évêques. Il est théologiquement discutable qu'il y ait entre eux une hiérarchie. Les patriarches orientaux le contestent du reste ? Le pape est un leader spirituel occidental, ce qui n'est guère compatible avec l'universalité affichée de l'Église catholique. Le prochain pape, qui pourrait bien n'être pas européen, sera confronté à cette contradiction.

3 - Pourquoi le pape-père, mieux appelé "le serviteur des serviteurs",
est-il désigné, comme le Dalaï Lama, par la locution traditionnelle suivante, aussi convenue qu'hypocrite : "Sa Sainteté" ! Aucun être humain n'est saint de son vivant sauf quand le peuple découvre quelqu'un, en général humble et pauvre, dont la vie exemplaire suscite la plus vive admiration. Le pape n'est donc pas un saint et les papes sanctifiés par l'Église ne sont pas nombreux. "Sa Sainteté" est un titre de respect (en abrégé S.S, ajoute encore Le Robert) qui est devenu totalement obsolète. Au passage, remarquons qu'Éminence (pour les Cardinaux) et Monseigneur (pour les simples évêques), toujours en usage, ne sont pas moins surannés. J'irai jusqu'à affirmer que nommer un prêtre : père est non seulement choquant mais probablement incompatible avec l'Évangile (Dieu seul est père y découvre-t-on).

4 - Le pape est chef d'État. La symbolique du pouvoir terrestre sur lequel s'appuie le pouvoir spirituel n'est pas sans poser de question. Que l'Église possède des terres où est installée son administration. Passe. Qu'elle soit une puissance, même réduite, avec soldats et étendard, n'a pas de signification religieuse. L'histoire dit assez que des papes, par le passé, se sont conduits comme des princes, voire des soudards. La contradiction, en fois de plus, avec le dénuement du Christ, et surtout son refus de se considérer comme roi, le "roi des Juifs", heurte ceux qui cherchent le sens profond de l'Évangile reposant sur la pauvreté et le rejet de la possession.

5 - Dans cette même logique de pouvoir, le pape reçoit les honneurs
militaires et devient le pair des chefs d'État. N'insistons pas : "celui qui prend l'épée périra par l'épée" rappelait Jésus. Le christianisme est fondé sur la non-violence et le pape ne peut que le rappeler sauf à échapper à ce qu'il dit être sa mission.

Il est donc deux papes en un seul : celui qui circule dans la cour des Grands et celui qui est témoin de l'égalité des hommes. Or, quel que soit le talent et l'agilité intellectuelle d'un "expert en humanité", comme disait Paul VI devant l'ONU, il est impossible d'incarner à la fois les deux types de papauté. Un pape pauvre, sans pouvoir et sans arme : voilà Pierre, inséparable de Paul, l'un des premiers penseurs de l'universel. Ce pape privé de tout, sauf de la force de l'esprit, crucifié la tête en bas, est le seul qui puisse contribuer à rendre le monde plus humain ou plus... divin, ce qui revient au même.

vendredi 12 septembre 2008

Afghanistan : le cri d'une mère


" Je suis la maman d’un jeune soldat envoyé en Afghanistan

Allons nous devoir apprendre à vivre comme des dizaines de familles américaines qui vivent dans la hantise de voir arriver deux hommes en uniformes devant leurs portes ?

Ce n’était que des enfants pour la plupart, ils n’étaient pas prêts à subir ‘’l’enfer’’ Afghan.

Je pensais que nous avions confié nos enfants à des gens ‘’capables’’ leurs stratégies militaires apprises dans leurs grandes écoles de guerre ne font pas le poids face à des ‘’chiens du désert’’ ayant pour la plupart le fusil sur l’épaule dés l’age de 5 ans.

Vous avez menti à nos enfants, nos maris, nos frères, nos pères, ce n’était pas une mission sécuritaire, mais une mission de guerre ‘’suicidaire’’ commandité par SARKOZY et son ami BUSH sous l’égide de l’OTAN.

Nous sommes d’accord pour que nos hommes défendent la France.

Quels sont nos vrais intérêts en AFGHANISTAN ?

Vous parlez de terrorisme – Encore une fois M. SARKOZY vous nous mentez.

Vos intérêts sont tout autres plutôt stratégique L’Afghanistan se trouvant aux portes de la Russie cela permet également la surveillance des réserves importantes de gisements de gaz et pétroles de la région.

Messieurs les généraux – les colonels, les officiers supérieurs où étiez-vous lors de l’embuscade ? à l’abri derrière vos bureaux à Kaboul ?

Elles sont belles vos tenues, mais ne sont-elles pas entachées du sang déversé par vos incompétences ? Votre bonne conscience est-elle toujours intacte ? Où est le patriotisme dans tout cela ?

Rendez-nous nos enfants, cessez de mentir, cessez de jouer les gendarmes pour l’OTAN, rendez l’honneur à nos soldats, à la France, nous ne sommes pas les gardes chiourmes pour le compte des Etats-Unis".

mardi 9 septembre 2008

Électrification légale

Onze communes attendaient le décret les autorisant à utiliser des pistolets à impulsion électrique à Hem (Nord), Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), Le Raincy (Seine-Saint-Denis), Claye-Souilly, Émerainville (Seine-et-Marne), Étampes (Essonne), Dole (Jura), Orange (Vaucluse), Venelles (Bouches du Rhône) et Toulouse (Haute-Garonne). Des maires emmenés par Éric Raoult (UMP). Michelle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur leur avait promis d'aboutir à l'automne 2007. Elle a tenu parole.


C'est une micro peine de mort. On appelle ça aussi la létalité réduite. Cela peut tuer, mais rarement. En bonne santé, on en réchappe. On perd conscience, mais c'est une courte mort. En général, on se réveille...

Pour protéger la police des malfrats, rien de mieux que l'arme de dissuasion majeure : le Taser! Un beau joujou! Un chien qui veut mordre : pan! On l'étale. Un ivrogne pris de de violence : poum! On l'allonge. Un voleur menaçant : paf! On l'aligne. Un drogué qui brandit sa seringue! Vlan: on le calme! Etc.

Un "produit" merveilleux. L'entreprise Taser fait des produits juteux en protégeant les gardiens de la République : double succès. Les délinquants sont prévenus : les flics ont de quoi leur parler, même les flics municipaux.

S'ils n'ont jamais entendu parler de la chaise électrique, ils vont découvrir comment l'électricité fait rêgner l'ordre. Même plus besoin de condamnation en justice. Même pas nécessaire de détruire les cerveaux; il suffit d'une bonne décharge qui vous envoie faire un aller-retour au Paradis ou plutôt au Nirvana, dans le Royaume de l'inconscience. On se réveille menotté ou hospitalisé mais bien tranquille, secoué mais bien informé : si l'on ne veut pas aller refaire un tour au Purgatoire, il y a intérêt à ne plus importuner les anges gardiens.

Cela s'appelle, Monsieur, Madame, la civilisation moderne.

samedi 6 septembre 2008

Qui sont les barbares?

La peur des barbares
Chez Robert Laffont (sortie le 11 septembre 2008)

D'origine bulgare, historien, écrivain francophone, venu en France en 1963, Tzvetan Todorov avertit : les barbares ne sont pas nécessairement où l'on croit! La justification de la torture, au nom de la lutte contre le terrorisme, sur laquelle les alliés des USA ferment les yeux, détruit les fondements mêmes de la démocratie et transforme les démocrates en barbares.

On a toujours appelé, rappelle-t-il, terroristes, les ennemis des États. Les résistants pendant la Guerre 1939-1945, les nationalistes algériens, de 1954 à 1962, étaient désignés comme des terroristes. La guerre de l'ombre est une guerre. Qu'on la nomme "opérations de pacification" ou bien "restauration de l'ordre public", quand il s'agit d'un conflit entre une population et l'armée d'un État, on peut bien parler de terroristes, mais c'est de la guerre qu'il s'agit, avec tout son cortège d'atrocités barbares.

N'en déplaise au Minsitre de la Défense (on ne peut plus dire Ministre de la guerre), le soldat français exécuté "à l'arme blanche" par des combattants afghans, dont il resterait à vérifier qu'ils étaient tous Talibans, est une victime de la guerre et il a été victime de la barbarie. Les dizaines de femmes et d'enfants morts sous les bombes de l'armée US, dans leur village ont été aussi victimes de la barbarie. La guerre est barbare.

Qu'est-ce donc qu'un barbare? C'est celui qui vit au-delà de la civilisation. C'est aussi le "civilisé" qui supprime le barbare en usant des méthodes qu'il condamne et qu'emploie "l'autre"!

L'empire romain est tombé sous les coups des barbares. L'armée romaine, disciplinée, organisée, dirigée par des chefs expérimentés, n'était pas moins impitoyable que les "hordes barbares". Les jeux du cirque n'étaient pas moins cruels que les assassinats rituels au cœur des forêts où s'installaient les tribus barbares.

La barbarie est la chose du monde la mieux partagée. Elle n'épargne pas l'Occident et reste à prouver que l'occident n'a pas généré plus de barbarie que tous les peuples à la fois, auxquels il a été confrontés. Cornelius Castoriadis, "le titan de l'esprit" selon Edgar Morin, le créateur de Socialisme et Barbarie, dont les analyses ont été souvent confirmées par l'histoire contemporaine, a expliqué cela cent fois...

Ce qui est neuf, au XXIe siècle, c'est que les innombrables justifications de la barbarie et de la contre-barbarie, si elles tiennent lieu, pendant quelque temps, de politique internationale, finissent, à terme, par ne plus tromper personne. Sous l'habileté des mots se cachent de plus en plus mal les intérêts économiques. L'information circule trop vite, la communication est trop efficace pour que l'on puisse désormais tromper "tout le peuple tout le temps" (1) comme disait Lincoln.

Reste que le règne de la barbarie cynique ou masquée est le règne de l'atroce. Nous ne vivons plus auprès des barbares, mais au milieu d'eux et n'est pas le moins barbare, peut-être, celui qu'on tient pour un honnête homme et qui en présente toutes les apparences.

Le mensonge et la demi-vérité font le lit de la barbarie. Le barbare est toujours, pendant quelques moments, crédible, juste avant d'accomplir son forfait ou , au contraire après, pour dissimuler l'horreur au nom du réalisme politique.

l'important est de ne pas situer le barbare dans un camp. Il est partout.
L'essentiel est de ne pas taxer de terrorisme seulement ... les autres!
Todorov l'explique avec brio. Nous nous mettons en danger en cherchant le nécessaire ennemi héréditaire ou l'indispensable conflit de civilisation. La tentation de substituer l'islamisme au communisme est plus qu'absurde, puisqu'elle renforce ce à quoi on prétend s'opposer au nom de la civilisation.

La société démocratique capitaliste est entrée dans une contradiction dont elle ne sortira qu'à la condition de dissocier, de nouveau, politique et économie, ou, du moins, à condition de ne pas continuer de laisser accroire que tout est dit, que l'histoire est close et qu'il ne reste plus qu'à mettre en œuvre une organisation du monde qui n'a plus de concurrence.

Sinon, il faudra, comme en 405 après Jésus-Christ, que des Barbares viennent nous libérer de notre barbarie. Et peut-être que les Églises, ou ce qu'il en reste, comme après le cinquième siècle, passent aux barbares... pour sauver les principaux acquis de la civilisation.



(1) "On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps".
http://www.citationspolitiques.com/auteur.php3?id_auteur=219


mercredi 3 septembre 2008

Mots politiques, mots fétiches

Les mots, font mal les mots,
font les malheurs les mots...
Les mots sont bien des êtres vivants...
Guy Béart


Ce matin, 3 septembre, sur les ondes de France Inter, j'entends le journaliste Thomas Legrand parler de "La Guerre des mots" et citer ceux de ces mots dont les leaders politiques se disputent la propriété : travail, libéral(isme), identité nationale, intégration.


Travail
: Nicolas Sarkozy aurait récupéré, pour la droite, avec son "travailler plus pour gagner plus" ce mot dont Martine Aubry voulait réduire la durée hebdomadaire salariée à 35 heures. Au moment où se met en place le RSA, à la place du RMI, qui ne voit que le plein emploi est un mythe et que, non seulement il y aura toujours, dans toute société, des hommes et des femmes sans emploi, mais aussi des êtres humains ayant du travail une autre conception que celle du travail-marchandise qui s'achète ou se jette au gré du marché. Travail n'est pas un vocable de gauche ou de droite, c'est un mot sacralisé, polysémique, aussi confus que le mot croissance, et qui peut être le meilleur des moyens d'agir (ce qui construit l'humanité) ou le pire (ce qui exploite et détruit l'humanité).

Libéral : la récupération par Bertrand Delanoë de cet adjectif appartenant au discours anglo-saxon dit "de gauche" ne peut effacer ce que l'histoire politique enseigne en Europe : on ne donnera pas un tour social au mot libéral et encore moins à son dérivé systématisant libéralisme. Tout au plus en fera-t-on un rempart contre le dirigisme et le contrôle des mœurs! En France, Alain Madelin fut libéral avant Delanoë, ce qui ne l'empêcha pas de flirter avec la droite, dure aussi peu libérale que possible. Libéral n'est pas un vocable de gauche ou de droite, c'est un mot piège, liberticide à la vérité, parce qu'il se pare des atours de la révolution pour mieux s'emparer du droit d'imposer sa volonté, son pouvoir politique, et ses moyens économiques à la majorité des citoyens, plus dépendants donc plus faibles.

Identité nationale
: encore une locution à double face! Braudel en faisait l'un des repères pour la pensée qui n'avait rien de nationaliste! Jean-Marie le Pen en a fait lui aussi un repère, mais celui qui permet de d'accorder une "préférence" aux seuls Français de France! Brice Hortefeux en est, aujourd'hui, devenu, de fait, le ministre, récupérateur du symbole pour vider au profit de Sarkozy, le vivier électoral d'extrème droite. Identité nationale n'appartient ni à la droite ni à la gauche : c'est ce qui constitue le moyen de donner un nom à une population. L'ambiguïté, là, se déplace vers le mot nation qui, on le sait depuis Marcel Mauss, est soit un monstre auquel il faudrait accepter de sacrifier sa vie, sans discuter, soit le creuset culturel où s'élabore l'une des connaissances du monde.

Intégration
: il est curieux de constater comme les mots s'emboîtent! L'identité nationale est appelée à la rescousse pour contraindre ceux qui prétendraient vivre en France à s'intégrer. La liberté dont on peut jouir devient, alors, la liberté de travailler dans les conditions fixées (et encore...) par la législation nationale tout en "respectant" les habitudes sociales dominantes. Intégration, quoi qu'on dise et quoi qu'on ait écrit, n'a jamais perdu son double sens d'assimilation-insertion. La gauche comme la droite l'ont adopté pour tenter d'obtenir que l'étranger, ou bien se fonde dans la population du pays jusqu'à y devenir transparent et oublié, ou bien, au contraire, y soit utile et bien repérable en attendant un "retour au pays" volontaire ou contraint au terme du temps d'emploi.

La civilisation du travail, dans une société libérale, reposerait-elle sur des identités nationales (le phénomène n'existe pas qu'en France!) qu'on acquiert très difficilement, au terme d'un processus d'intégration, au cours duquel on devient un autre. Bien entendu, dans une société planétarisée, des résistances et des complexités mettent à mal l'ensemble de ces fausses évidences.

Je m'approche des ces mots autrement :
Le travail? Il est effectué, sur Terre, plus par ceux qui sont sans emploi ou qui s'emploient eux-mêmes, que par ceux qui sont employés, de bon ou mauvais gré.
La liberté? Elle consiste à ne pas être dominé par ceux qui disposent, eux, de la liberté de peser sur nos vies.
La nation? Elle est l'ensemble, non nécessairement territorialisé, des constituants d'un peuple que réunissent une histoire, une langue et des valeurs politiques.
L'intégration? Elle est l'entrée, lente, longue et volontaire, d'une personne et en général de sa famille dans un autre univers culturel où elles apportent et font adopter une partie de leurs propres savoirs et richesses.

Visiter le site : Les mots sont importants. http://lmsi.net/

mardi 2 septembre 2008

Dans la cigarette, il n'y a pas que le tabac qui tue

Emanuelle Beguinot, directrice du Comité national contre le tabagisme, relativise la portée des révélations qui suivent et rappelle que le polonium "n'est qu'un des 4 000 composés toxiques d'une cigarette". Soyez rassurés!

Le polonium 210 tue aussi.

Le polonium 210 doit sa toxicité à l'émission de particules alpha. Il existe trois formes de rayonnement radioactif : alpha, bêta et gamma. L'alpha correspond à un noyau helium. La radioactivité alpha est peu pénétrante. Une feuille de papier peut l'arrêter. Son rayon d'action est faible. Pour être empoisonné au polonium 210 il faut l'ingérer pour qu'il soit rapidement mortel. Dans ce cas il produit une détérioration rapide des tissus. Moins d'un gramme a été nécessaire pour Litvinenko.

Le polonium a été découvert en 1898 par Pierre et Marie Curie. C'est en hommage au pays d'origine de Marie, la Pologne, que les Curie lui donnèrent le nom de Polonium.

Il y a 25 isotopes (même nombre de protons mais nombre de neutrons différent) connus du polonium. Le plus courant est le polonium 210, Composé de 84 protons et 210 - 84 = 126 neutrons.


Vous fumez ? vous allez être content de lire ces lignes qui suivent…

Le polaniaum est un élément hautement radioactif et toxique qui n'est pas utilisé en médecine. C'est le premier élément radioactif découvert par Pierre et Marie Curie en 1898.

Le tabac et les cigarettes contiennent du polanium 210. Les fabricants de tabac le savaient depuis 40 ans, mais ils ne l'on pas retiré de leur produit et n'ont pas alerté la population.

Une enquête américaine révèlée dans un article qui devrait faire date est publiée dans l'American journal of public Healt.
(http://www.ajph.org/cgi/content/abstract/98/9/1643)

C'est cette substance radioactive qui serai responsable du cancer du poumon. Quelque microgrammes de polonium administrés à une personne suffisent à agir comme poison.

Alors, vous avez encore envie de fumer?

Source : http://francis02.unblog.fr/2008/08/28/polanium-210/
http://www.lemonde.fr/sciences-et-environnement/article/2008/08/28/du-polonium-du-tabac-et-un-secret-bien-garde_1089115_3244.html


lundi 1 septembre 2008

Folies et contradictions.

Alors, ça monte ou ça descend?

Dans l'hebdomadaire Le Point, aujourd'hui, on peut lire notamment : "François Fillon a déclaré que la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la France serait d'au moins 1% en 2008. "J'espère que ce sera un peu plus de 1%", a précisé le Premier ministre sur Europe 1.

La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a quant à elle assuré, sur France Culture, que la croissance serait positive cette année mais qu'il faudrait revoir en baisse les prévisions tant pour 2008 que pour 2009.

Le PIB de la France s'est contracté de 0,3% au deuxième trimestre après une croissance révisée à 0,4% au premier, ce qui, dans un contexte international difficile, rend impossible à atteindre l'objectif d'une croissance de 1,7-2,0% que le gouvernement avait retenu pour 2008.

Cette projection avait déjà été révisée en mars par rapport à une estimation antérieure de 2,0-2,5% sur laquelle était bâti le budget 2008. Les prévisions révisées seront communiquées au plus tard le 24 septembre à l'occasion de la présentation du projet de budget 2009.

"Nous réviserons à la baisse les prévisions de croissance", a renchéri Christine Lagarde, qui au début de l'été tablait encore sur un chiffre au bas de la fourchette de 1,7-2,0%.

Il n'est même pas acquis que la croissance atteigne 1% comme l'espère le Premier ministre. "Pour avoir 1%, il faut faire 0,2% au troisième et au quatrième trimestres, ce n'est pas spectaculaire mais on sent bien néanmoins, quand on regarde les données, que la situation est extrêmement fragile."

Le déficit public a atteint 2,7% du PIB en 2007 et nombre d'économistes le voient revenir, cette année, vers les 3%, limite fixée par le Pacte de stabilité de l'euro, alors que le gouvernement ambitionnait de le réduire à 2,5%. Le Pacte de stabilité autorise toutefois les États membres à sortir des clous en période de récession. Alors on y est ou on n'y est pas, en récession?

http://www.lepoint.fr/actualites-economie/francois-fillon-espere-une-croissance-de-plus-de-1-en-2008/916/0/270446

Premier enseignement : toutes les affirmations péremptoires des mois passés sont nulles et non avenues. La croissance que toute économie de marché poursuit n'atteindra peut-être pas les 1% fin 2008, en France!

Sur le site du même hebdomadaire Le Point, aujourd'hui, on informe que cours du baril de pétrole a chuté sous le seuil de 110 dollars, à Londres, et l'a frôlé à New York, après l'annonce d'un affaiblissement de l'ouragan Gustav qui menaçait les installations pétrolières du Golfe du Mexique

.
Gustav aura été moins méchant que Katrina...

Depuis leur record à 147,50 dollars le baril, atteint le 11 juillet, les prix du pétrole ont perdu plus de 38 dollars. Considérée par les opérateurs comme un seuil de résistance important, la barre des 110 dollars n'avait pas été enfoncée depuis le 2 mai.

Faut-il y voir un retour vers la situation antérieure?

Au moment où l'on se réjouit de cette chute du prix du baril, toujours Le Point continue de publier une longue enquête, datée du 7 juillet, s'ouvrant sur le titre suivant : Plusieurs observateurs l'affirment : le prix du baril de pétrole pourrait dépasser dans les prochains mois les 200 dollars. lepoint.fr vous propose de découvrir comment cela changerait notre quotidien. Et de commencer par un article sur l'adaptation des agriculteurs à cette nouvelle donne!

"Imaginez des centrales nucléaires qui, au lieu de chauffer l'eau des rivières, serviraient à chauffer toute l'année des serres remplies de légumes et des usines à engrais (!). Ou encore des éleveurs bovins qui se mettraient à produire des céréales, qui se cotiseraient pour acheter un pressoir à plusieurs et fabriqueraient eux-mêmes l'huile de colza dont ils ont besoin pour faire tourner leurs machines et leurs tracteurs. Imaginez enfin des agriculteurs semant sans labour - comme dans le bon vieux temps ! - et des cultures produites avec deux fois moins d'engrais, selon le principe de la rotation des parcelles. Voilà à quoi pourrait ressembler l'agriculture française si le pétrole devait un jour - bientôt ? - dépasser la barre fatidique de 200 dollars le baril".

http://www.lepoint.fr/actualites-economie/si-le-baril-etait-a-200-dollars-les-agriculteurs-francais-s/916/0/258590


Les plateformes pétrolières plongent. Le pétrole surnage encore...

Deuxième enseignement : (passons sur le chauffage des serres avec l'électricité nucléaire...) En réalité, on ne sait ni quand, ni comment, le cours du pétrole va faire le yoyo, dans les mois à venir. Avec, en sus, la spéculation, plus personne n'y comprend rien. La première flambée des prix a été très brutale; si elle se calme, elle reste inéluctable; on ne retrouvera pas les prix de 2007; inutile de se réjouir : les causes du renchérissement du prix de l'énergie ne sont pas conjoncturelles.

Le pétrole cher menace le trafic aérien, titrait encore le Point

Le pétrole cher oblige à repenser la façon de se loger, détaille-t-il encore...
"De nombreux primoaccédants et ménages modestes se sont installés en deuxième couronne et zone rurbaine pour y trouver des loyers plus faibles et des surfaces plus importantes. Paradoxalement, ils voient ces économies annulées avec la hausse des prix du carburant nécessaire pour effectuer leurs trajets aller-retour quotidiens."

On pourrait multiplier les exemples des effets dévastateurs du déclin des ressources en énergie fossile et pas seulement du pétrole...

Folie donc que d'espérer en un retour de la croissance. Contradictions que ces annonces de la montée spectaculaire et du recul rapide du prix du baril de pétrole... La boussole économique est déréglée. Elle n'a jamais indiqué le bonheur terrestre, mais au moins indiquait elle une voie, fut-elle pénible et dangereuse. Cette fois, tous les discours creux des grands faiseurs de vérité se révèlent pour ce qu'ils sont : des mensonges gigantesques...

Et nous n'avons pas tout vu!

Troisième enseignement : ce n'est pas seulement le gouvernement français qui erre et les critiques des opposants sont un peu faciles! La crise de l'énergie et de l'alimentation est planétaire. L'humanité ne doit plus compter sur ses leaders pour se sauver du désastre, mais sur elle-même. Ce n'est pas si dramatique pour d'authentiques démocrates! À nous d'agir...

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samedi 16 août 2008

Mort ou renouveau de la démocratie ?

La Fondation Friedrich Ebert, interdite sous le nazisme et recréée en 1947, est la fondation politique allemande la plus ancienne. Elle a été créée en 1925 selon les dernières volontés politiques du premier Président allemand élu démocratiquement et porte son nom.



La démocratie occidentale aurait un avenir incertain constate Harald Welzer. Ce sociologue observe que la démocratie fondée sur l'État se disloque quand l'État révêle son impuissance. Sauf à repenser la démocratie pour la ré-établir sur des bases nouvelles où la participation des citoyens serait permanente et non plus déléguée, la démocratie ayant cessé d'être attractive et de constituer un modèle, peut mourir. Ci-dessous des extraits de l'article qui vient de paraître dans
Le Monde daté du 15 août 2008, article qui est à lire, relire, méditer et débattre en son entier...


Professeur Harald Welzer, sociologue et historien.

La démocratie occidentale, un avenir incertain, par Harald Welzer

La démocratie semble avoir de moins en moins le vent en poupe, autant sur le plan national qu'international. En tout cas rien n'indique que les pays émergents qui s'adonnent à l'ivresse de la modernisation à outrance veuillent en même temps suivre le modèle social démocratique de l'Ouest, où de plus en plus de gens commencent à se demander s'ils vivent bien dans le meilleur des mondes politiques possibles.

C'est ainsi qu'une étude de la Fondation Friedrich-Ebert a révélé il y a quelques semaines que près d'un Allemand sur trois pense que la démocratie fonctionne mal ; la proportion passe même à 60% parmi les anciens Allemands de l'Est ; et un quart des personnes interrogées ne veut plus rien savoir de "la démocratie telle qu'elle est chez nous". Comme le montre la participation toujours plus faible aux élections ou la baisse du nombre d'adhérents à des partis, ce sont là des jalons qui marquent une tendance de fond : entre le milieu des années 1970 et 1990, l'adhésion formelle à la démocratie en Allemagne s'est toujours située autour de 75%. On a assisté ensuite à un processus d'érosion que les sondages ne sont pas les seuls à enregistrer. En un quart de siècle, les grands partis politiques ont perdu la moitié de leurs membres, alors que la réunification a ramené une palette complète de Länder. Une vraie prouesse !

La perte de confiance dans la démocratie ne se révèle donc pas seulement par l'accroissement de tendances autoritaires; elle se reflète dans le désarroi des élites politiques incapables de prendre la mesure des problèmes posés par l'avenir. Voilà pourquoi le candidat Barack Obama apparaît comme un sauveur, même quand on n'est pas américain.

Le renoncement à la démocratie n'est pas forcément un handicap au développement, il fait même souvent office d'accélérateur dans le processus de modernisation. Quand on voit la subtilité déployée par le gouvernement chinois pour maintenir la confiance dans le système en maniant la carotte et le bâton, il est impossible de penser que ce système puisse capoter au seul critère qu'il n'est pas démocratique. Il pourrait même devenir pour d'autres sociétés un modèle plus attractif que celui de l'Ouest qui, avec son arrogance, donne maintenant l'impression d'être dépassé. Même les fragiles Etats du tiers-monde qui périclitent ou ont déjà périclité ne se portent pas candidats pour reprendre le modèle occidental. Soit ils sont tenus à l'écart de la mondialisation, soit ils en sont les victimes passives.

En perdant sa valeur de modèle, la démocratie occidentale est ainsi soumise à une pression venue de l'extérieur ; il existe d'autres voies vers une modernité que nous ne connaissons pas, et il y a toutes les raisons de penser qu'elles resteront valables aussi longtemps que les problèmes écologiques ne viendront pas mettre aussi à mal ce turbo capitalisme d'un nouveau type. Les perdants de la mondialisation dans les pays occidentaux sont en effet les premiers à sentir qu'il est illusoire de continuer à faire confiance à un Etat national promettant le bien-être pour tous. La dégringolade sociale qui, dans le pays du miracle économique, n'était autrefois le lot que de quelques laissés-pour-compte devient une possibilité que tout le monde peut redouter.

ABANDONNÉS PAR L'ETAT

Il est aisé de comprendre pourquoi, dans une telle situation, les gens se sentent abandonnés par l'Etat et donc aussi par la démocratie, surtout quand cet Etat ne cesse de prétendre qu'il va veiller au bien-être de tous, alors qu'en réalité il est incapable de faire quelque chose. Raison pour laquelle les personnes à faibles revenus qui réclament des compensations pour la hausse dramatique des prix de l'énergie ne peuvent que se sentir déçues et flouées : aucune démocratie au monde ne peut répondre du fait que les ressources deviennent plus rares et donc plus chères ; si elle veut maintenir la confiance, elle est paradoxalement obligée de dire qu'elle ne peut le faire. Quels seront les effets dévastateurs sur la démocratie si la hausse des prix de l'énergie fait aussi baisser le niveau de vie des classes moyennes ?

Que va-t-il se passer si les petits salaires ne peuvent plus payer leur chauffage ? Et qu'espérer si même la fiction de solidarité sociale ne peut être maintenue parce qu'il est désormais clair que la génération sortante et celle qui a précédé ont vécu sans le moindre scrupule aux frais de celle qui va encore à l'école aujourd'hui ?

Les structures sociales, tout le monde le sait à titre privé, ne sont jamais stables. Elles peuvent très vite se trouver confrontées à des problèmes d'existence et de légitimité ; elles peuvent aussi très bien s'effondrer quand la pression sociale devient trop forte. Il n'en va guère autrement avec les structures sociales de la taille d'un Etat, même si les institutions jouent ici un rôle stabilisateur.

Mais qu'en est-il lorsque les institutions comme les partis, les syndicats, les Eglises, la santé et la Sécurité sociale ont du mal à assurer cette fonction stabilisatrice parce qu'elles sont déjà prises dans un scénario de transformation qu'elles ont du mal à saisir elles-mêmes ? L'histoire du XXe siècle avec ses dictatures folles et ses systèmes totalitaires, avec ses révolutions et ses effondrements, montre qu'on ne peut miser sur la stabilité des rapports sociaux : les choses peuvent bouger assez vite et se soustraire aussi vite à tout contrôle. L'histoire montre aussi que, dans une situation de menace et de pression, les individus peuvent se laisser aller à des comportements et des décisions qu'ils n'auraient pas imaginés, quelque temps auparavant.

Voilà pourquoi il serait bon d'utiliser les inquiétants résultats de l'étude de la Fondation Friedrich-Ebert comme une incitation à réfléchir à la modernisation de notre démocratie. L'intégration c'est la participation et non l'assistance, et elle doit être renforcée par des formes innovantes de démocratie directe, qui englobent aussi des médias comme Internet. Les directives abstraites de l'Union européenne ne peuvent avoir aucun effet identificateur parce que personne ne comprend à quoi elles servent.

C'est en effet le seul moyen pour les individus de s'identifier à un ensemble dont ils sont eux-mêmes partie prenante. En revanche, si l'Etat ne laisse transparaître qu'une volonté d'intégration par un recours à l'assistance qu'il ne peut même pas assurer, il sape les fondements de la démocratie. Et il renonce du même coup au pouvoir d'engagement de ceux qui sont abandonnés en cours de route. Devenant le grand perdant de la mondialisation, l'Etat entraîne aussi la démocratie dans sa perte.


Traduit de l'allemand par Pierre Deshusses
© Axel Springer

Harald Welzer, sociologue, professeur de psychologie sociale au Centre de recherche sur la mémoire (Essen, Allemagne)

http://www.lemonde.fr:80/opinions/article/2008/08/14/la-democratie-occidentale-un-avenir-incertain-par-harald-welzer_1083677_3232.html

mercredi 13 août 2008

Dany à la hussarde!


Dany Cohn-Bendit va-t-il changer de point de vue?

Avec des Verts, mais au-delà des Verts.
Avec José Bové, mais sans oukase sur les institutions européennes.
Avec Nicolas Hulot, mais par Besset interposé...

Cohn-Bendit se voit bien tête de liste régionale en Ile de France.
Avec le CNIR des Verts, en septembre, ou ça passe ou ça casse.
Mamère approuve. Voyney grogne.

Pari risqué pour Dany le Rouge qui a bien pâli.
Mais il s'est écarté de Bayrou.
Mais, président des eurodéputés Verts, il a un pied en Allemagne et un en France.

Il offre un choix donc, un choix politique.
Il vise le franchissement de la barre des 10% en France.
Il parle d'un doublement du nombre des élus passant de 6 à 12.

L'écologie a le vent en poupe.
Cohn-Bendit est un leader médiatique.
Il veut aller au-delà des partis.

Tout cela est bel et bon...
Mais va-t-il ne plus fustiger les Irlandais et autres nonnistes?
Va-t-il mettre en cause le libéralisme économique comme cause du désastre écologique?

Il ne suffit pas d'apostropher Sarkozy sur le Tibet.
Il ne suffit pas de vouloir "fédérer toute l'écologie politique"
Il ne suffit pas d'avoir le soutien de Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé.

Il faudrait sortir des jeux politiciens.
Il faudrait faire du neuf.
Il faudrait faire lien avec les citoyens plutôt qu'avec les élites.

Les Journées d'été des Verts à Toulouse vont en débattre.
Puissent les écolos, pour une fois, ne pas s'enferrer dans leurs joutes vaines.
Et penser l'échéance européenne... au-delà des élections européennes.


http://www.cohn-bendit.de/dcb2006/fe/pub/fr/dany.

mardi 12 août 2008

Du SMIG au SMIC puis au "Revenu de sombre avenir" ou RSA?



Le salaire minimum interprofessionnel garanti, ou SMIG, a été créé par la loi du 11-02-1950.

Le salaire minimum interprofessionnel de croissance, ou SMIC, a remplacé le SMIG, par un simple décret, en date du 2 janvier 1970.

Le revenu de solidarité active, ou RSA est destiné à remplacer le SMIC. L' avant-projet de loi généralisant à l'ensemble du territoire le revenu de solidarité active (RSA), expérimenté dans trente-quatre départements, a été dévoilé, le lundi 11 août 2008, par le quotidien Les Echos.

Que va-t-on encore jeter? Un article d'Agoravox parle de "Revenu de Sombre Avenir"!



Et que disent les mots?

Que plus rien n'est garanti...! Le mot a disparu.
Qu'il n'y a minimum que... s'il y a croissance!

Mais qu'il faudra ne compter, désormais, que sur la "solidarité active" (?).


Car le RSA est un modèle d'ambiguïtés.
Parler de revenu plutôt que de salaire serait positif si c'est un droit à vivre.
Parler de solidarité est également positif, mais il reste à savoir de quelle solidarité il s'agit.
Parler, enfin, de solidarité active signifie-t-il que l'aidé, ou les aidants, ont "à se bouger"?

Le SMIC a été revalorisé de 0,9% pour atteindre 8,71 euros de l'heure, le 01-07-2008, soit un un salaire brut mensuel de 1321 euros pour 35 heures de travail.

Les questions qui se posent avant de passer à la solidarité active sont les suivantes :
- A-t-on droit à un revenu minimum vital quand on ne travaille pas comme salarié?
- Le budget accompagnant la solidarité nationale redéfinie sera-t-il suffisant?
- La critique de l'assistanat ne recouvre-t-elle pas le retour à la charité?
- Peut-on bénéficier du RSA quand on est inemployable et chargé de famille?

Deux conceptions de la vie en société s'affrontent : l'une qui fait du travail (salarié) la clef d'accès à toute aide publique; l'autre qui donne droit à tout citoyen d'avoir accès à un revenu de base permettant de survivre. Pour tous ceux que la vie a meurtri au point qu'il n'aient plus de place sur le "marché du travail", le RSA, déjà loin de ce qu'en avait imaginé son promoteur, Martin Hirsch, risque bien de mériter son appellation détournée : le Revenu de sombre avenir!

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=43164

lundi 11 août 2008

Quand il est mort le poète...

... le monde entier n'a pas chanté!
Image:Mahmood darwish.jpg
Mahmoud Darwich (1941-2008)

Et pourtant, la poésie du poète palestinien, elle, chante, et nous parle!



Si nous le voulons
  • Nous serons un peuple,
    si nous le voulons, lorsque nous saurons que nous ne sommes pas des anges
    et que le mal n'est pas l'apanage des autres.

  • Nous serons un peuple
    lorsque nous ne dirons pas une prière d'actions de grâce à la patrie sacrée
    chaque fois que le pauvre aura trouvé de quoi diner.

  • Nous serons un peuple
    lorsque nous insulterons le sultan et le chambellan du sultan,
    sans être jugés.

  • Nous serons un peuple
    lorsque le poète pourra faire une description érotique
    du ventre de la danseuse.

  • Nous serons un peuple
    lorsque nous oublierons ce que nous dit la tribu...,
    que l'individu s'attachera aux petits détails.

  • Nous serons un peuple
    lorsque l'écrivain regardera les étoiles sans dire :
    notre patrie est encore plus élevée...et plus belle !

  • Nous serons un peuple l
    orsque la police des mœurs protègera la prostituée et la femme adultère
    contre les bastonnades dans les rues.

  • Nous serons un peuple
    lorsque le Palestinien ne se souviendra de son drapeau que sur les stades,
    dans les concours de beauté et lors des commémorations de la Nakba. Seulement.

  • Nous serons un peuple
    lorsque le chanteur sera autorisé à psalmodier un verset de la Sourate du Rahmân
    dans un mariage mixte.

  • Nous serons un peuple
    lorsque nous respecterons la justesse
    et que nous respecterons l'erreur.

  • © Actes Sud, traduit par Elias Sanbar.
http://www.oasisfle.com/culture_oasisfle/litterature_palestinienne.htm#Mahmoud%20DARWICH
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mahmoud_Darwich

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