jeudi 27 mai 2010

Tchernobyl, 24 ans après...

Tchernobyl, aujourd'hui, n'est pas ce qu'on en dit.

L'émission présentée, fin mai 2010, sur Arte, bouscule bien des idées reçues. On peut vivre à Tchernobyl ! Les animaux s'y multiplient. Ils ne sont pas monstrueux. Ce qui ne signifie pas que les hommes puissent revenir s'installer à proximité de la centrale.Afficher l'image en taille réelle

Il est difficile de comprendre que le choix n'est pas entre la vie ou la mort dans un site irradié. Pourtant, à Tchernobyl, la vie et la mort sont aux prises. La nature reprend ses droits. 24 ans après l'explosion, au milieu des ruines d'une ville entière abandonnée, Pripyat, on observe des sangliers, des loups, des élans, des cervidés, des lynx, des renards.

Comme les barrières délimitant la zone « rouge » interdite se sont effondrées et n'ont pas été remplacées, les animaux circulent. Des chevaux sauvages se sont installés. Bref La zone de Tchernobyl est un laboratoire à ciel ouvert où des chercheurs courageux et compétents font des découvertes surprenantes.

Pourquoi les souris sont-elles totalement indemnes et pullulent ? Pourquoi, au contraire, la durée de vie des hirondelles est-elle très abrégée? Tout se passe comme si la nature réagissait à l'irradiation, s'adaptait, quitte à payer au prix fort cette transformation qui voit un espace urbain vidé de sa population humaine se repeupler d'espèces que les hommes avaient chassées (tuées ou expulsées)...

Il faut accueillir avec modestie, angoisse et espoir ces observations qui révèlent que, si lourde soit l'agression humaine sur l'environnement, les blessures infligées à la nature se cicatrisent mais autrement que nous pouvions l'imaginer. Les plantes et les animaux ne comptent pas les morts. Elles remplacent les individus qui ne peuvent survivre mais les nouveaux venus disposent de moyens géAfficher l'image en taille réellenétiques de résistance ignorés des hommes.

À Tchernobyl se côtoient les horreurs et les merveilles. Ce qu'observent les scientifiques qui pénètrent sur le terrain et y travaillent est terrifiant en même temps que rassurant. Les dégâts ont été bien pires mais autres que ce qu'on nous en a dit. La réaction de la nature est plus rapide et plus inattendue que ce qui avait été prévu. L'homme est dépassé par ses entreprises mais la planète dépasse elle-même ces entreprises funestes.

Le drame du golfe du Mexique sera à analyser de la même manière d'ici... 25 ans ! Après le désastre et la mort des espèces, une vie différente et prodigieuse s'emparera des espaces saccagés.

Notre ignorance est à la mesure de notre savoir : immense !

vendredi 14 mai 2010

Peur, rumeur et rigueur : le retour des Shadoks


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L'angoisse monte. On veut pourtant être heureux. On fait la fête. Apéros géants...! On s'enivre à en mourir ! On joue. On va créer des entreprises pour pomper l'argent des citoyens en pleine addiction, au foot, au cheval et autre divertissement... On détourne l'attention. Le sport est le spectacle mondialisé, l'opium du peuple. On maintient des apparences d'opulence. Mais nous vivons au bord de la ruine généralisée.

La menace invisible du volcan pèse sur nos esprits plus que sur nos vies... Des cendres s'étalent jusqu'en Afrique. Le Maroc ferme des aéroports ! On met en cause le principe de précaution ! Si on ne peut plus faire prendre des risques pour gagner de l'argent, c'est la fin du capitalisme ! Eh oui, cela se rapproche...

Après la Chine, en Russie, on meurt au fond des mines de charbon. Des sauveteurs ont voulu aller chercher leurs copains. Ils sont morts aussi. Ils n'avaient qu'à ne pas prendre de risques ! Sauf que risquer par solidarité et risquer par avidité, ce n'est pas le même risque.

La plus géante et funeste pollution par le pétrole va atteindre la Louisiane. Après les inondations de la Nouvelle-Orléans, voici, de nouveau, la catastrophe écologique déployée. Qu'on ne vienne plus accuser les écologistes de catastrophisme : elle est bien là la catastrophe. L'entreprise BP est accusée. La fuite, nous dit-on, a commencé avant le drame qui a causé la mort de onze ouvriers. On avait continué à pomper. Le profit espéré sera épongé par le coût énorme de réparations qu'on n'arrive pas à effectuer. Peu importe. On récupérera plus tard l'argent perdu. Car on va continuer, dans le golfe du Mexique à détruire le milieu marin et le delta du Mississipi, pour puiser l'or noir, jusqu'à la dernière goutte...



De quelque côté qu'on regarde le monde, à nos pieds ou au-delà des frontières, nous vivons dans une peur qu'entretiennent les discours sur l'insécurité. Dans les écoles, les quartiers populaires (qu'on dit sensibles, sensibles sans doute à la privation d'avenir ?), les usines qu'on ferme, les exploitations agricoles qui se ruinent, l'agressivité dresse les citoyens les uns contre les autres. La guerre sans fin, en Afghanistan, qui s'étend au Pakistan, les tensions au Moyen Orient qui gangrènent depuis des décennies les relations entre Israël et ses voisins, la haine de l'Occident, partout palpable et pas seulement en Iran, nous révèlent la fragilité d'une domination blanche qui court à sa perte.

Et voilà qu'au sein de l'Europe se déclenchent les mécanismes de la panique. L'économie de la croissance est en panne. L'enrichissement ne s'effectue plus au rythme qui permettait d'aborder l'avenir avec l'espoir du progrès indéfini. Pour sauver le Système, on taille dans la chair des milieux populaires. On nous avait habitués à travailler plus pour gagner plus, en fait consommer plus. C'est raté ! Pourtant, nous sommes drogués, incapables de réduire sans détruire, paralysés par des habitudes de surproduction, conscients des risques écologiques majeurs mais spectateurs de notre propre impuissance.

Ce sont des gouvernements "socialistes" qui sont contraints d'infliger des purges à leurs peuples ! En Grèce, en Espagne, au Portugal (comme, -mais avant, on n'a pas voulu le voir-, en Estonie, en Hongrie, en Roumanie...) on appauvrit la masse des pauvres pour sauver les revenus des riches. En Grande Bretagne, il n'y a plus de Labour. Les Conservateurs qui n'ont plus rien à conserver, vont chercher vainement, à sauver leurs intérêts. En Italie, le clown Berlusconi se meurt et, dans l'attente de la prochaine rigueur à la napolitaine, maffieuse et cruelle, il s'occupe de payer une rente indécente à son épouse divorcée. En Allemagne, l'illusion du pays préservé s'achève et la Chancelière perd les élections donc toute majorité mais pas le pouvoir de ne rien pouvoir faire.

En France, le gouvernement aussi perd des élections, mais s'en moque : il faut tenir jusqu'à l'explosion sociale afin de convaincre, en 2012, que ce sera "moi ou le chaos". Retour à la case départ gaullienne, en tout petit... Nul ne sait et ne peut savoir où aller. On en est à espérer en... DSK, le patron du FMI ! Le pompier pyromane, ou tel autre socialiste capitaliste, pour éteindre le feu qui dévore l'Europe. Risible et dramatique !

Car le débat économique et politique ne fait que commencer et il va traverser ce qui reste de gauche ! Qu'entend-on, dans les syndicats, les partis traditionnels quand ils critiquent le pouvoir en place ? Sans production pas de croissance. Sans croissance, pas d'emplois. Sans emplois pas de revenus. Sans revenus pas de consommation. Sans consommation pas de production. (La boucle est bouclée!). Relevez les salaires pour sauver l'économie par la relance de la production ! C'est un peu court et surtout parfaitement compatible avec le Système.

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Électeurs-citoyens choisissez entre la peste et le choléra : sauver les entreprises en réduisant encore les charges salariales ou bien sauver les entreprises en relançant la production donc les salaires. Deux discours en forme de fausse évidence! Nul ne songe à diminuer les profits, réduire la production, répartir l'effort, mieux partager la fiscalité, satisfaire d'abord les besoins, éliminer les gâchis... Cela parait non seulement ringard mais désormais impossible donc impensable.

Nous allons donc plonger dans le malheur et la contradiction jusqu'à ce que l'événement commande et la réalité s'impose. Ce n'est pas pour dans très longtemps.

dimanche 9 mai 2010

Un catholique de gauche : ça n'existe plus !

"Où sont-ils passés les cathos de gauche" demandait l'hebdomadaire La Vie, dans son numéro 3364 de février 2010. Je ne découvre, accidentellement, cette parution qu'à présent. Mais la question est permanente et m'interpelle.

Je ne sais s'il est encore des "cathos de gauche", mais ce que je sais bien, c'est qu'il ne peut y avoir de "cathos de droite" !

Soyons précis. "Cathos" est une désignation familière qui n'est guère attirante. Est chrétien celui qui se réfère principalement, pour vivre, à Jésus Christ. Est "catholique" le chrétien qui a la passion de l'universel et pour qui "il n'est ni juif ni gentil" tout homme étant un prochain, un autre moi-même. Ce catholique ne peut qu'être citoyen du monde.

Restons précis ! "La gauche" n'est qu'un positionnement historique qui permet, dans le champ politique, de constater où se situent les acteurs de la vie publique qui ont pris parti pour les défavorisés de l'organisation économique et sociale actuelle, mondialisée.

Cette gauche défaille et il se pourrait qu'elle soit morte. En effet, s'y efface progressivement la contestation du système capitaliste qui était à l'origine de toutes les orientations de l'action des syndicats, coopératives, associations et autres partis situés "à gauche".

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Marc Sangnier (1873-1950). www.marc-sangnier.com

Les catholiques se perdent dans cette dilution du politique qui ne permet plus de "prendre position", c'est-à-dire d'affirmer où l'on se trouve dans ce champ d'actions que constitue toute société. Les repères dont ils disposaient, avec l'Évangile, ne sont plus même mis en avant par leur Église ! "On ne peut servir deux maîtres, Dieu et l'argent", "celui qui prendra l'épée périra par l'épée", "mon royaume n'est pas de ce monde" : trois choix de vie détournés ou oubliés.

Car si "mon royaume n'est pas de ce monde", ce n'est pas qu'il se situe dans le Ciel, c'est qu'il n'est, sur cette Terre, ni voulu ni recherché. Un tel monde serait sans pouvoir d'un prince (ayant pouvoir sur la personne de l'autre), sans violence légitime ( la violence dont l'État a le monopole, exercée au nom du droit), sans argent-roi (non la monnaie, mais le capital accumulé). Autant dire que cette utopie créatrice est aux antipodes de la droite. Un catholique de droite serait un feu humide ou un sel fade ou athlète sans muscle ! Pire, ce qu'exècre le plus les tenants de la droite, c'est ce que le message du Christ diffuse : l'égalité, le partage, la simplicité, le don, la non-violence, l'amour en actes dans des communautés sans privilèges.

Les catholiques pourraient, s'ils étaient chrétiens, écarter sans peine les choix politiques de la droite et ne pas se soucier de la disparition de la gauche puisqu'ils connaissent la voie à suivre. Marc Sangnier avait tenté de réconcilier le christianisme avec la République et un socialisme humaniste. Emmanuel Mounier avait des sympathie pour l'anarchie quand elle est "self-government" et cherchait à déborder, avec le personnalisme, le communisme marxiste. Un "catho de gauche" est, aujourd'hui, une espèce en voie de disparition parce que la gauche, infidèle à elle-même passe ou trépasse. Elle se suicide. Le catholique n'entre pas en dialogue avec elle parce qu'elle ne dit plus rien.

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Emmanuel Mounier (1905-1950). www.emmanuel-mounier.com

Nous vivons des temps de décomposition et de recomposition. Partis, églises, sectes et autres confréries sont des structures inopérantes. Une révolution intellectuelle s'effectue. Les catholiques n'y échappent pas plus que les autres citoyens. S'ils ont des outils pour aborder un siècle où l'universel, la solidarité, l'hospitalité, l'écosophie sont devenues des nécessités pour que l'espèce humaine survive, il leur faut abandonner des rites, des costumes, des a priori autoritaires, des prétentions à disposer de la vérité qui les enfoncent dans le ridicule ou l'odieux. Ce n'est pas par hasard que des prêtres ont pu se laisser aller à dominer des corps d'enfants : cette contradiction absolue entre l'amour et le viol n'est pas sans causes. Les rechercher est une priorité et si elle ne le fait l'Église mourra. ("Ce que vous faites à un seul de ces enfants, c'est à moi que vous le faites" rapporte l'évangéliste.)

Nul ne pourra plus dire son catholicisme, de gauche ou non, tant que l'au-delà de la droite et même de la gauche n'aura pas été réaffirmé, c'est-à-dire l'abandon du pouvoir pour le pouvoir, de la violence comme moyen de lutter et de l'argent comme mesure de la richesse.

Un catholique de gauche : ça n'existe plus !
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dimanche 2 mai 2010

Regards depuis un 1er mai.

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1er mai : le jour d'un printemps que jamais l'on n'atteint... Les défilés sont devenus des traditions sans dynamique. La fête de travail est, moins que jamais, la fête des travailleurs. Qu'un homme vaille un homme en toutes circonstances n'a toujours aucun sens et les sacrifices reposent toujours sur les épaules des plus pauvres.

En Grèce, un Gouvernement de droite a ouvert les bras à tous les spéculateurs et enrichi les riches. Un gouvernement qui s'est fait élire sur des idées de gauche est contraint de plonger tous le pays dans une austérité généralisable à toutes les catégories sociales modestes, mais pas générale, car ceux qui tiennent en main l'économie échapperont au tour de vis économique. Quant aux banques géantes qui tiennent les finances de l'État en tutelle, elles se seront pas frappées. L'Europe libérale, le FMI, imposent au peuple grec cette cure et ces potions amères. Une solidarité conditionnelle est préconisée et, comme pour les pays les plus démunis d'Afrique ou d'Amérique du sud, on pressurera les humbles, assez nombreux pour être ponctionnés de façon rentable !

En Islande, le volcan se calme et les poussières abrasives qu'il crachait n'empêcheront plus les avions de reprendre leur course au nord de l'Europe. Un enseignement ne sera pas tiré : la faiblesse des sociétés complexes face à la manifestation de la puissance de la nature. Seuls sont déplorées les pertes que les industries du tourisme et les compagnies de transport aérien chiffrent et tentent de faire payer aux États. Des riverains des aéroports fermés ont goûté de façon provisoire la paix que le silence du ciel leur apportait. Brève satisfaction.



Dans le golfe du Mexique, une marée noire produite non plus par un bateau pétrolier en perdition mais par des puits sous marins et éventrés, impossibles à colmater, va entrainer la plus affreuse des pollutions que les USA aient jamais connues. Il y a peu, on se réjouissait de l'apport de pétrole que, depuis le fond des mers, on allait pouvoir exploiter. L'entreprise BP a fait vite, trop vite, et l'une des plateformes qu'elle a installées n'a pas résisté aux assauts de l'océan. Les conséquences de l'éventration de la source pétrolière sur la faune et la flore, donc sur l'humanité, vont être constatées, mais on n'en tirera sûrement pas les enseignements écologiques de l'événement. La société du pétrole ne peut échapper à son addiction.

Les religions, qu'elles soient politiques, idéologiques ou confessionnelles, sont toutes marquées par le même mépris de l'homme, dès lors qu'elles acceptent et favorisent l'inégalité et la loi du plus fort. L'aliénation de peuples entiers fait tenir des discours renversants à des hommes et des femmes intelligents. Une émission récente, sur la Corée du Nord, laisse pantois ! Le culte du Général (le fils du Guide décédé) y est décrit comme inévitable, permanent, ridicule et... accepté ! Ailleurs, la mort de l'opposant au nom de principes rigides, soit disant religieux, ou étatistes, est admise, voire préconisée et, que ce soit en Iran, en Israël, en Chine, au Nigéria, en Irak, en Afghanistan..., l'autre est une menace qu'il faut éliminer. L'efficacité de la violence est , à terme, douteuse, mais nul, qui aspire à exercer des responsabilités, n'ose mettre en question la nécessité de recourir à la force, celle de la police ou de l'armée. La mort de l'adversaire reste le plus sûr moyen de se débarrasser d'un obstacle au pouvoir. On masque, sous des paroles humanistes, la honte qu'on éprouve à se vautrer dans les plus cyniques et les plus cruelles politiques, on retarde, parfois, les coups qu'on porte aux peuples rebelles, mais on ne fait que gagner du temps et, finalement, on tue, au nom de Dieu et de la Nation.



Hors la loi
, un nouveau film de Rachid Bouchareb, après Les Indigènes, relate la cruauté du système colonial et rappelle qu'en Algérie, le jour même de la Victoire de 1945, le 8 mai, à Sétif, l'armée française a assassiné des foules entières, des milliers de manifestants après que des dizaines de colons aient été tués en voulant s'opposer aux revendications d'indépendance que ramenaient les soldats nord-africains ayant participé à la seconde guerre mondiale. Les protestations les plus véhémentes s'expriment et, en même temps donc, le refus de la reconnaissance d'un fait historique d'où est né le conflit qui allait bouleverser notre histoire. Il faut que les derniers survivants disparaissent pour que les faits avérés ne soient plus contestés.

Oui, les sociétés sont conditionnées par des idéologies que n'osent affronter les citoyens. Ces doxas ont en commun d'accepter la mort donnée comme une nécessité historique. Sont frappés, d'abord, les faibles, non équipés d'armes physiques et plus encore intellectuelles, et ne pouvant se défendre face aux pouvoirs dont disposent les États, légitimes ou non ! Tel est, en cette année 2010, cent vingt quatre ans après le 1er mai sanglant de 1886, à Chicago, le constat tragique que peuvent faire des démocrates conscients : le pouvoir politique est confisqué, inarrachable et les éléments naturels, imprévisibles et fulgurants, sont seuls en capacité, actuellement, de mettre de l'incertitude dans la domination des nantis.

Ce vieux, très vieux discours est, hélas, d'une actualité désespérante.

dimanche 25 avril 2010

Et si l'on essayait l'amour...

L'amour dont il s'agit n'est ni l'empathie, ni la tendresse, ni la compassion, ni la charité. Non que tout cela soit sans intérêt, mais il s'agit d'un tout autre amour du prochain, l'amour de celui qui, étant mon égal, ("aimer autrui comme soi-même") ne peut rien subir que je ne sois prêt à subir moi-même. Ni la violence, ni la misère, ni la domination n'ont la moindre place dans le message de Jésus Christ. En paroles comme en actes.

Utopique ? Oui ! Irréaliste ? Non !

S'il est un message, une "Bonne Nouvelle", un évangile qui a été transmis sans jamais être pris au sérieux, ni pris en compte, c'est, contrairement à ce qu'on nous chante à coups d'hymnes ou de sermons, celui qui a conduit la Christ à la mort.


Tribune, tabernacle et confessionnal se ressemblent : ce ne sont pas des lieux de vérité.

La religion (car, univoque, elle sépare) détruit le religieux (qui, lui, relie et ne divise pas). Le jugement, la condamnation, l'exécution du Christ font bien partie de ce qu'il annonçait et les prêtres devaient se tourner vers les puissants pour faire taire ce porteur d'espoir terrestre autant que céleste.

Le Christ n'était pas encore né que sa jeune mère, enceinte, rendant visite, dit-on, à sa cousine Élisabeth, chante et loue un Dieu qui "a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles","comblé de biens les affamés, et renvoyé les riches les mains vides" (Luc, chapitre 1, versets 46 à 56). Que n'a-t-on mis cette femme à mort, elle aussi ? On a bien essayé de la trouver et de l'assassiner, elle et son nouveau-né, sous Hérode, mais, nous dit-on, elle a fui, en Égypte.

Car, si l'on ôte la gangue théologique, si l'on écarte les paroles pontifiantes, si l'on ne retient que le cœur de la parole de Jésus, tout tient en peu de mots qui peuvent encore bouleverser l'histoire du monde.

Si "mon royaume n'est pas de ce monde", ce n'est pas qu'il projeté vers le Ciel, c'est qu'il n'est, sur cette Terre, ni visible, ni recherché. Un monde sans pouvoir (pouvoir sur la personne de l'autre), sans violence (exercée fut-ce au nom du droit), sans argent (non la monnaie, mais le capital accumulé), un tel monde est considéré comme une fantasmagorie (une représentation imaginaire et illusoire, donc dangereuse).

Ce qu'annonce le Christ méritait la mort parce qu'il engendrait le refus de la condition de dominé. Il faut entendre ce que rapportent, des propos de cet Émancipateur, ceux qui les ont entendus, écrits (et traduits selon leur langue et leur propre culture). Entendre, et donc comprendre avec notre langage du XXIe siècle : "si Dieu est, il ne peut qu'être amour. Puisqu'il faudra mourir, bats toi avec la mort : tu ne peux en triompher qu'en te dépassant, en la dépassant, par l'amour".

Et cela signifie que le pouvoir, le savoir, et l'avoir des puissants, des savants et des riches ne peuvent permettre aux hommes de vivre ensemble dans l'égalité, la connaissance et le partage. Sourds au monde réel, les maîtres de l'époque ne peuvent saisir cela sans réagir, avec leurs armes qui sont toujours celles du sceptre, de la tiare et de l'épée : le bannissement, l'excommunication, et le meurtre.

Rien n'a vraiment changé, et c'est le principal élément de doute qui rend inaudible la voix du Christ. Comment de telles paroles ont-elles pu être, à ce point, oubliées, détournées, falsifiées ? Pourquoi ceux-là même qui étaient porteurs d'un véritable message d'amour, ont renoncé à se démarquer du trône et du sabre ? Pourquoi se sont-ils, même, installés dans des palais, que ce soit ceux des Princes ou ceux des Évêques. Il ne s'agit pas là de trahison mais, et c'est bien pire, d'infidélité. Les infidèles ont changé de place : ce sont ceux-là mêmes qu'on nomme les fidèles qui ne se réclament plus de Jésus Christ, ou qui, de fait, lui attribuent un visage et des enseignements qui ne sont pas les siens.

L'Église, les Églises, de Rome ou de Constantinople, ont renoncé à essayer l'amour. Elles ont perdu l'esprit et les langues, dissipé leur inspiration et inventé une langue incompréhensible. Face à elles, les peuples n'ont eu le choix qu'entre la résignation, le fanatisme ou la soumission. Siècle après siècle, l'Institution s'est calcifiée. Les communautés qui constituaient "le peuple de Dieu", sont devenues des sociétés rigides. On a pu y dénoncer et tuer, au nom de Dieu, ceux qui contestaient l'État, (siège du pouvoir). On a pu y rejeter, comme impie, celui qui osait penser par lui-même, hors de l'Université, l'Alma Mater (le lieu du savoir). On a pu y rechercher ce qui interdit de voir en l'autre un frère, la richesse, (quelle que soit la matière de l'avoir).


Toutes les religions sont des appropriations indues de la vérité.

Dieu, s'il est, est patient. Il n'appartient à personne. Il n'habite aucune église, mosquée, temple, pagode ou synagogue. Pas davantage les lieux, parlements, châteaux ou banques d'où l'on prétend dominer la planète. Sûrement pas les avions, chars et bombes qui peuvent, aujourd'hui, éliminer, de la surface du Globe, l'humanité, par tranches ou, en une seule fois, tout entière...

La verticalité des pouvoirs, l'universalité des savoirs, la mondialisation des avoirs, nous ont fait entrer en de nouveaux temps historiques. Les hiérarchies empruntées à un Dieu imaginé par les Grands sont contestées par l'horizontalité planétaire. Nous sommes ramenés aux questions religieuses fondamentales : pourquoi vivons-nous ? Comment vivre ensemble ? Avons-nous un autre objectif que celui de disparaitre dans la mort ? Les réponses politiques, scientifiques, économiques sont insuffisantes. Les structures que nous nous sommes données, pour vivre en société, sont devenues, lentement, obsolètes.

Et si l'on essayait l'amour...


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Transformer des pierres en pain, se jeter du sommet du Temple, s'incliner devant le Diable.
Les trois tentations du pouvoir sont là : dominer, faire des miracles et s'enrichir.
Autrement dit obtenir, au nom de Dieu, : "le règne, la puissance et la gloire".



mardi 6 avril 2010

Droit de vote et d'éligibilité des résidents étrangers

Un béton législatif interdit, depuis des décennies, l'évidence même : là où je vis durablement, je vote ! Ce rejet de la citoyenneté de "celui-qui-n'est-pas-français" a quelque chose d'indigne et de révoltant. À Éragny le vote par le Conseil municipal, en 2002, d'un texte appelant au respect de tous nos habitants étrangers vivant avec nous, et donc en droit de voter, doit être renouvelé !




Communiqué commun :
Droit de vote et d'éligibilité des résidents étrangers aux élections locales : une nouvelle occasion manquée !
L'Assemblée nationale se prononçait mardi 30 mars sur une proposition de loi constitutionnelle sur le « droit de vote et d'éligibilité aux élections municipales des étrangers non ressortissants de l'Union européenne résidant en France », déposée par les députés membres du Groupe socialiste, radical et citoyen (SRC).
Cette proposition de loi, mise au vote mardi après-midi, a été repoussée par 313 députés UMP (212 pour et 2 abstentions) qui ont ainsi rejeté l'idée de demander aux Français de se prononcer sur cette question par référendum, comme le proposait le texte du groupe SRC.
La droite parlementaire a ainsi ignoré l'évolution de l'opinion des citoyens sur cette question quand tous les sondages, depuis de nombreuses années,indiquent qu'ils sont favorables au droit de vote des résidents étrangers.
C'est une fois de plus se priver d'un droit et symbole fort pour les étrangers et leurs enfants français qui vivent depuis longtemps en France.
C'est enfin refuser de franchir un nouveau pas vers un suffrage réellement universel, vers une citoyenneté attachée à la résidence, et pas seulement à la nationalité.
En effet c'est la quatrième fois, depuis la proposition de loi déposée par les députés Verts en 2000, que députés ou sénateurs sont saisis d'une telle proposition qui n'aboutit pas.
Faudra-t-il, en France, comme pour le droit de vote des femmes, attendre quatre-vingt seize ans et 19 examens par la représentation nationale pour mettre fin à la mise à l'écart de tous ces résidents concernant la vie deleur cité, et en finir avec le sentiment d'injustice ressenti dans la population qui aspire à l'égalité de tous les citoyens de ce pays ?
La France est ainsi, une fois de plus, distancée sur le plan des droits de l'Homme et du citoyen par ses partenaires les plus proches, notamment au sein de l'Union européenne.
Pour sa part le Collectif national « Votation citoyenne » va désormais s'attacher à consulter les citoyens de ce pays (français et résidents étrangers) par l'organisation, fin 2010, en concertation avec les municipalités, de référendums locaux pour le droit de vote et d'éligibilité des résidents étrangers aux élections locales.
Le Collectif « Votation citoyenne », dont l'Acer, l'Acort, l'AMF,la LDH, le Mrap, l'Unsa... et de nombreuses autres organisations.

Autres signataires : les Amoureux au ban public, le Cran et France terre d'asile.

Paris, le 1er avril 2010


dimanche 4 avril 2010

L'idée même du péché conduit au crime !

C'est jour de Pâques. Voici l'occasion de dire ma foi en un amour qui ne soit pas celui des catéchismes.

Le concept de péché est dangereux. Non seulement il n'évite pas la faute et l'erreur mais il les crée. Pourquoi, au sein de la plupart des religions, a-t-on pu affirmer que le mal est au cœur de l'homme ? N'était-ce pas une façon d'affirmer que le mal, en nous, ne peut être totalement combattu ! Tôt ou tard, il sort de l'homme puisqu'il y habite !

La pomme est-elle ce boulet que tout bébé, enchaîné, traine derrière lui ?

Dans le combat, la lutte, l'affrontement -quel mot choisir ?- entre le mal et l'amour, dire que le péché est originel, c'est-à-dire présent en chacun de nous dès la naissance, (et peut-être même avant !), c'est s'avouer, d'avance, vaincu. À en juger par les dimensions de l'horreur qu'ont permise ou créée, au sein des sociétés, les idéologies totalitaires, depuis des siècles, et notamment au cours du vingtième, ces a priori relatifs à la criminalité innée, qui justifient la répression des "pêcheurs", ont pesé lourd dans les politiques d'extermination des dictateurs.

On n'a jamais essayé l'amour ! J'entends par là que, si devaient être, d'un coup, abandonnées les armées, les polices et les prisons, il n'est pas sûr que plus de meurtres et de crimes seraient commis sur Terre ! Croire qu'il n'y aura jamais de société sans violence d'État, c'est renoncer à toute culture de paix. La Justice n'a-t-elle pas plus coupé de têtes, de poings et brûlé de corps que n'auraient pu le faire tous les assassins rassemblés ? Les guerres n'ont-elles pas causé plus de désastres humains qu'elle n'en ont prévenus ?
http://www.france-pittoresque.com/traditions/76.htm

Je sais bien que s'exprimer ainsi fait entrer dans la famille des mal pensants... Je n'y suis pas seul, et des esprits, auprès desquels ma pauvre pensée n'est qu'un souffle, ont, eux aussi, estimé que "la vie ne vaut d'être vécue sans amour", sans utopie créatrice, sans "self government," sans illusions positives, sans le courage d'affronter ceux qui imposent leurs propres vérités, lesquelles ne sont pas plus solides ni certaines que les nôtres.

L'épouvantable et ô combien éclairante tragédie qui s'abat sur l'Église catholique, actuellement, devrait ouvrir les yeux de tous ceux qui pensent que les bonnes et mauvaises conduites ont comme source l'individu ! Un homme isolé n'a pas d'existence humaine. Nous ne sommes pas dans l'erreur par nature, mais par culture. Nous sommes co-responsables de l'histoire humaine. Le jugement dernier ne triera pas entre les mauvais et les bons, mais entre l'échec et la réussite des civilisations. La pédophilie n'est pas un péché dont chaque violeur est coupable, c'est un crime dont la source se trouve dans une incompréhension de la sexualité humaine. Si le premier organe sexuel de l'homme c'est son cerveau, c'est dans une fausse conception du rapport sexué entre les êtres humains qu'il faut chercher la cause des abominations auxquelles se sont livrés des adultes instruits mais, en fait, inéduqués !


Le péché originel est, le plus souvent, décrit comme un péché de chair !

Ce n'est pas un hasard si des prêtres, un peu partout sur Terre, se sont révélés coupables d'attentats contre des enfants ! Ce n'est pas non plus un hasard si, à présent, cela se sait, cela se dit, cela se dénonce et cela conduit à des condamnations publiques. L'omerta est brisée. Notons que le même processus a conduit, depuis quelques décennies, à la mise à jour des comportements odieux de parents ayant violenté, vendu, et donc détruit leurs propres enfants ! Barbe-Bleue, Gilles de Montmorency-Laval, plus connu sous le nom de Gilles de Rais, compagnon d'arme de Jeanne d'Arc, était un soldat réputé, admiré, jusqu'à ce que l'ampleur de ses crimes de violeur et tueur d'enfants ait pris des dimensions telles qu'il ne soit plus possible de cacher sa monstruosité. Rien, hélas, de bien nouveau dans la société humaine, si ce n'est que ce qui était caché par des institutions, religieuses ou non, ne peut plus l'être.

Et nous devons, ici, revenir au péché ! Le Robert le définit comme "l'acte conscient par lequel on contrevient aux lois religieuses, aux volontés divines". Lourde et malheureuse définition. Qui est inconscient ne commettrait pas le mal, mais qui d'entre nous est totalement conscient ? De quelles lois religieuses, en outre, s'agit-il, et de quelle religion ? Qui peut prétendre connaître les volontés divines ? Tuer au nom de Dieu, par exemple, est-il un acte religieux qui ne serait pas péché ? La transgression de la loi, la désobéissance devient, ici, le péché même, et ailleurs, l'affirmation d'une morale supérieure ! Le temps est venu d'échapper à une conception pernicieuse du mal qui finit par pervertir celui-là même qui s'en réclame et l'enseigne.


Malédiction sur l'humanité ? Eh bien, non !

Abolir le péché ne nous fera pas en finir avec le mal ! Tout au contraire, ce sera le début d'une recherche où nous serons solidaires dans la quête d'une vérité difficile à gérer et admettre : nous sommes tous innocents et coupables, ensemble. Quand l'arbre est malade, il ne suffit pas d'en couper les branches mortes ! C'est toute la plante qu'il faut sauver ou... supprimer ! L'espèce humaine est-elle parvenue au terme de ce qu'elle peut supporter d'elle-même ?

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEji5jcnmJ7a1Yayogyc18jJ24IePGwXER1Yv6IPDMAzD1OJZGV3D-veWq1KHxM-EoPI6o1PUAU1eeTzvQdFEQ5eQRdEzm2S5KTv1z7hheUaPZOa3dP6d1YfvoxokqCOlZ3WdwZoEIb0d88/s320/eve.jpg
Enracinons-nous dans la seule "catholicité" qui vaille, celle de l'universel a-religieux.


mercredi 24 mars 2010

Peine de mort : nous n'avons pas de leçon à donner aux USA !


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Au Texas, il s'en est fallu de peu qu'on empoisonne un homme, par injection, sur une table d'opération, qu'il soit coupable ou pas, parce qu'un jugement en avait décidé ainsi ! La sentence suspendue, et seulement suspendue vingt minutes avant l'exécution (monstruosité supplémentaire !) sera-t-elle définitivement éloignée et celui qui allait mourir, Henry Skinner, se verra-t-il accordé l'analyse ADN qui pourrait prouver son innocence ? Non seulement la peine de mort est indigne de la civilisation, mais refuser de donner sa chance à un être humain qui risque tout, fait des juges du Texas des assassins.

La mort d'Henry Skinner, si elle devait maintenant advenir, au bout de l'aiguille d'une seringue létale, nous ferait considérer que les USA, même avec un Président plus respectable que ses prédécesseurs, sont en situation de rupture grave avec la démocratie.

Un pays qui fonctionne sur pareille inhumanité, camouflée sous le droit, ne mérite que mépris.

Hank Skinner
Henry Skinner

http://lci.tf1.fr/monde/amerique/2010-03/texas-sandrine-ageorges-skinner-garde-espoir-de-sauver-son-mari-5783225.html


mardi 23 mars 2010

Le peuple impopulaire

Le Peuple impopulaire : c'est le titre d'un livre d'Alain Prévost, un roman qui relate le drame du Vercors, au cours de la guerre de 1940-1945.

L'expression me revient, ce matin, en considérant que les quartiers "populaires" restent oubliés et que les électeurs de grandes villes de Seine Saint Denis, par exemple, même inscrits, loin de voter à gauche, se sont massivement abstenus.

Et, aujourd'hui, tout recommence : la grève ne sera pas massive (les travailleurs ne croient plus à la possibilité de peser sur les politiques économiques); la réforme des retraites va être mise en chantier par l'un des plus réactionnaires des ministres, Éric Woerth (travailler plus longtemps pour gagner moins, c'est ce qui attend les salariés); on présente un nouveau Gouvernement qui se contente d'ouvrir sur quelques amis de Chirac et de Villepin (ce dont le peuple se fout); les socialistes se noient déjà dans leur triomphe et Mme Royal commence son one-woman show (ce qui renforce les doutes des petites gens sur la capacité du PS à s'intéresser à autre chose qu'à ses vedettes).

Quoi qu'on vote, rien ne change. La volonté du peuple n'a plus d'effet. L'espérance des plus jeunes des électeurs est cassée (c'est parmi eux que l'abstention culmine). Ce que veulent les milieux populaires est tout simplement considéré comme impossible, infaisable, irréaliste et politiquement illusoire. Les partis sérieux, ceux qui acceptent de se mettre les mains dans le cambouis, comme on dit, sont prêts à tous les compromis pour accéder aux responsabilités locales et nationales. Le peuple n'existe plus en entier. On en a réduit l'envergure. Bien que le nombre des démunis s'accroisse, il n'est tenu compte que de l'avis de ceux qui ne souffrent pas trop du système ou qui, carrément, en profitent. Quoi que votent les Français, qu'ils votent ou ne votent pas du reste, la même politique se développe et elle ne se décide pas au Parlement !

Le peuple est en souffrance. Il faut entendre son silence comme un cri. Ceux qui font l'histoire, ce sont, depuis toujours, les plus pauvres. Quand on les méprise, ils se vengent. Depuis le début du siècle, en France, les électeurs ont tout essayé, à tâtons : en 2002, faire peur avec Le Pen (puisque Jospin se déclarait impuissant, on ne pouvait l'élire Président); en 2005, rejeter la fausse Europe, (dont on voit bien ce qu'elle est devenue : un syndicat d'États soumis au libéralisme); en 2007, tenter l'expérience libérale, (plutôt le modèle capitaliste que sa copie faussement socialiste); en 2010, enfin, profiter des élections régionales pour abandonner l'illusion sarkoziste, (plutôt le vide politique que le pourrissement économique du chômage et de la mal vie).

Les compteurs sont remis à zéro. Ceux qui voudraient réinstaller le mythe mittérandien devraient prendre garde. Il faut changer de logiciel. L'écologie populaire n'est pas un badigeonnage en vert de la social démocratie. Il faut s'entendre sur ce que l'on désigne par "populaire". Est-ce ce qui plaît au peuple? Le people, alors, devient populaire... Est-ce ce qui concerne "les petites gens", c'est-à-dire les plus nombreux des hommes qui pourtant ne comptent pas, ou guère...? Toute politique qui ne se soucie pas d'abord des moins favorisés des hommes ne saurait être populaire ! Il est des évidences qu'on enfouit par peur de les voir prises en considération. Il est temps de repenser une politique populaire. Ce n'est jamais que la mise en œuvre de la démocratie !

dimanche 21 mars 2010

Révélation du déficit structurel de démocratie

Il n'est pas encore 16 heures. Je ne dispose pas d'informations me permettant de prévoir ce qui sortira des urnes à 20 heures, ce soir.

Il faut inverser l'image. Désigner le chef ? On s'assoit dessus...

Je m'interroge sur les inconnues de ce second tour des élections régionales ! Et si...

Si les abstentions pesaient plus lourd encore qu'au premier tour ? Si la défaite de l'UMP se transformait en déconfiture ? Si le vote « Front National », dans les 12 régions où il reste candidat, grossissait encore ! Si les votes blancs et nuls prenaient quelque nouvelle ampleur...

Oui, si ces quatre données circonscrivant le vote prenaient du poids, des questions d'ordre constitutionnel seraient posées et elles seraient accompagnées de vives controverses.

L'abstention politique s'accroissant ou même restant à un très haut niveau, comment, puisque le vote, en France, a déjà pu recueillir autour de 80% de participation (ce fut le cas lors des Présidentielles de 2007), ne pas reconnaître qu'il y a un violent hiatus entre la demande et l'offre politiques ? Cette sempiternelle question prend, cette fois, dans le contexte de ce début de siècle, et notamment depuis le coup d 'éclat de 2002 et l'élimination de la gauche au premier tour des Présidentielles, des proportions considérables.

La défaite annoncée de l'actuelle majorité présidentielle, la plus lourde depuis les débuts de la Ve République, a pour causes, outre l'effet de l'abstention qui la frappe plus durement que l'opposition, le discrédit de la personne de Nicolas Sarkozy, le désaveu de la politique promise en 2007 (et qui n'a conduit qu'à moins de travail et moins de gains, à plus de le chômage et davantage d'appauvrissement), enfin la mise en évidence que, si crise il y a, elle pèse principalement sur les salariés et fort peu sur les grandes entreprises lesquelles, au contraire, accumulent les profits !

Le retour du nationalisme, si relatif soit-il, est une très mauvaise et dangereuse nouvelle ! Cela signifie que les désespérés et les milieux populaires les plus exposés à l'effondrement industriel et agricole du pays se tournent vers le parti protestataire par excellence, celui qui a fait du « tous pourris » et de la dénonciation du bouc émissaire immigré les fondements de son explication de la situation où nous nous trouvons ! Pourtant, le racisme et les vitupérations de la droite extrême n'expliquent pas tout ! Il y a de l'impuissance et du désespoir sous ce vote très minoritaire mais non marginal, pesant encore presque autant que le vote écologiste !

Le rejet du système électoral dans le vote blanc, enfin, si limité soit-il, ne peut être passé sous silence, parce qu'il est le fait de citoyens très conscients des failles de nos modes de scrutin. Que ceux qui refusent l'offre de vote ne puissent qu'être « absents » de ce vote puisqu'ils ne sauraient exprimer leur avis par un suffrage décompté devient inique ! Un vote blanc est un vote exprimé et qui doit peser sur le résultat final. S'agissant des votes locaux, où a-t-on jamais vu un mode de scrutin à la proportionnelle, à deux tours ? En France ! Ajoutez y la prime de 25% acquise par les vainqueurs (50% pour les élections municipales!), le non remboursement des frais de campagnes aux listes n'ayant pas franchi la barre des 5%, l'impossibilité de maintenir une liste ayant obtenu moins de 10% des suffrages exprimés (seulement 7% en Corse!), tous les ingrédients sont réunis pour rendre fort peu démocratique ce scrutin régional.

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On peut douter que ces questions de fond retiennent longtemps l'attention des grandes formations politiques tout occupées qu'elles seront à limiter ou à amplifier le résultat, alors qu'elles devraient s'interroger sur le déficit structurel de démocratie qui se manifeste d'un seul coup ! Je crains que la passion présidentialiste n'empoigne très vite les partis qui ne visent rien d'autre que la conquête du pouvoir d'Êtat, sous la forme ultra centralisée que nous connaissons en France, et avec toutes les retombées que cette conquête font pleuvoir sur les bons servants ou serviteurs du Chef !

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"Comme ça, on me foutra la paix avec ces Régions qui n'ont pas voulu de moi...!"

vendredi 12 mars 2010

Voter blanc...! Ou vert ?

«Un vote blanc, pour moi, en tant que photographe, c'est dire, noir sur blanc, le refus d'être coincé par des choix imposés. Il est indispensable que l'on mette à la disposition des électeurs des bulletins de vote blanc, et essentiel que ces votes soient comptabilisés et non amalgamés aux votes nuls. Où en est-on avec la démocratie ? Je souhaite que l'on explique pour quelles raisons l'idée du vote blanc est impraticable. »

Henri Cartier-Bresson, Le Monde, 1995.


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Les instituts de sondage estiment que, le 14 mars 2010, les abstentionnistes devraient constituer "le premier parti de France". Dans cette majorité d'électeurs inscrits, -absolue, ou relative, on verra bien!- (mais n'oublions jamais les citoyens français non inscrits et les habitants permanents de notre pays, exclus de la citoyenneté à cause de leur... étrangeté !), se côtoient les apolitiques, les antipolitiques et les politiques, (autrement dit, les indifférents, les mécontents, et les conscients qui, tous, refusent d'avoir à choisir, mais pour des raisons variables).

L'opposition politique au pouvoir actuel de droite et à ses concurrents dits de gauche (tout comme l'opposition plus globale à la politique telle qu'elle se pratique actuellement) constitue un véritable événement. On ne peut plus se contenter de fustiger les non-votants, et les politologues s'en gardent bien. Il y a une volonté politique qui passe à l'abstention et elle prend des dimensions d'autant plus visibles que, dans d'autres circonstances, la participation électorale peut être massive.

Le refus obstiné du vote blanc empêche l'abstention politique de s'exprimer pleinement. Voter en déposant un bulletin blanc, une enveloppe vide ou un bulletin nul, porteur de mentions quelconques, fait passer de la non participation au vote à la non validation du suffrage qui, du coup, n'entre pas dans les suffrages exprimés... Le député communiste Gérin l'exprimait bien dans une chronique de Libération. http://www.liberation.fr/tribune/010183793-pour-le-vote-blanc

Un électeur qui conteste le choix qui lui est proposé ne peut donc, actuellement, s'exprimer efficacement Son déplacement dans le bureau de vote n'aboutira qu'à un geste formel : entrer dans un isoloir et faire constater sa présence par le Bureau de vote. Impossible de dire, d'écrire ou de faire valoir d'une manière ou d'une autre qu'on ne veut pas de ce choix-là. On est condamné soit à voter par défaut, en choisissant le "moindre mal", soit à... manifester son refus. L'abstention volontaire, alors, prend l'avantage sur le vote invalide et non comptabilisé : l'électeur inscrit sur les listes électorales, qui dit non, est repérable comme hostile au scrutin, pas à tout scrutin, mais à tel ou tel scrutin, et il le montre.

CECI EST UN BULLETIN BLANC


Je m’intéresse à l’acte électoral et je tiens à faire savoir que les candidats qui se sont présentés

ne correspondent pas à ce que j’attends des conseillers régionaux.

Je demande que les bulletins blancs soient intégrés dans la catégorie des suffrages exprimés


Faute de possibilité de vote blanc légitime et pris en compte dans les résultats affichés, que faire ? Ou s'abstenir donc, en disant pourquoi, ou voter tactique en votant vert.

Afficher l'image en taille réelleLe vote vert, sur ce scrutin, en effet, peut contribuer à briser la bipolarisation UMP/PS qui domine la vie politique française. S'il ne correspond pas convenablement au vote écologiste complet (qui, en bref, met en cause le système libéral, promeut la décroissance et conduit vers un changement de société profond s'appuyant sur une citoyenneté mondiale), le vote Europe-Écologie peut signifier que ni la droite sarkoziste ni les gauches productivistes ou pronucléaires ou centralisatrices ne contiennent des éléments permettant d'aller vers des politiques soutenables.

Il va de soi qu'un tel vote n'engage pas le second tour ! La "France toute rose" n'est pas un idéal. "Pourquoi les régions seraient-elles monochromes quand les partis sont tous minoritaires?", écrit Philippe Mouche, dans Libération du 9 mars. La démocratie, c'est non la victoire d'un camp mais la victoire de la France plurielle, de la diversité en politique aussi, la France "des alliances et des mélanges bien plus exigeants que l'uniformité et sa rassurante simplicité". http://www.liberation.fr/tribune/0101623336-la-france-rose-de-martine-deprimante

Entre voter blanc qui, actuellement, faute de reconnaissance officielle, revient à s'abstenir pour faire masse et manifester un refus visible, et voter Vert, sans inféodation à Europe-Écologie trop dépendante de la social démocratie, on peut hésiter. Je fais le choix d'essayer, tout de même, ce vote partiellement écologiste pour une raison fondamentale : il faut tenter de rompre avec la domination politique des deux grands partis traditionnels libéraux ou socio-libéraux. Il y va de l'avenir de la démocratie elle-même.





mardi 2 mars 2010

L'heure du choix, oui, ne tardons plus !

Hervé Kempf

Seule la mort semble pouvoir nous guérir des fausses évidences! Tiens, construire en zone inondable redevient dangereux ? Allons-nous, enfin, regarder en face les périls que nous accumulons au-dessus de nos têtes comme sous nos pieds? Nos ancêtres ne les connaissaient pas tous. Nous, nous savons comment et pourquoi l'appât du gain ferme les yeux de bien des hommes.

Je fais mien l'article d'Hervé Kempf, paru dans Le Monde du 22 février 2010. Il est temps, en effet, d'exercer nos responsabilités.

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L’heure du choix, par Hervé Kempf

En 1938, on pouvait considérer M. Hitler comme un homme respectable. En 1960, on pouvait juger que l’Union soviétique gagnerait la guerre froide. En 2010, on peut analyser le changement climatique comme une invention de scientifiques malhonnêtes.

L’histoire est faite de choix. Comment organiser son action en fonction d’une information imparfaite ? Des générations se sont divisées, des hommes se sont trompés, d’autres ont choisi juste. Ceux qui font les bons paris dessinent l’avenir. Il fallait choisir : Munich ou Londres ; l’URSS ou le monde libre. Il faut choisir : les climato-sceptiques ou la communauté des climatologues.

La comparaison est-elle exagérée ? Non. La crise écologique – dont le changement climatique n’est qu’un volet – pose à cette génération un défi d’une ampleur historique. En reconnaître l’ampleur permet d’imaginer comment l’enrayer. Du choix que nous ferons dépendra l’équilibre des sociétés humaines de ce siècle. Soit l’on considère le changement climatique comme un défi majeur appelant une mutation profonde de nos sociétés, soit l’on en nie la réalité, et l’on tente de conserver l’ordre établi.

La connaissance du fonctionnement du climat terrestre est-elle parfaite ? Non. Les informations dont nous disposons sont-elles suffisantes pour décider ? Oui. Toutes les questions ne sont pas résolues, tous les débats ne sont pas clos, toutes les recherches ne sont pas achevées. Mais le tableau général prédisant le changement est bien posé et solidement structuré.

Parmi les climato-sceptiques (en France, MM. Allègre, Courtillot, Galam, Gérondeau, Rittaud, etc.), aucun n’a produit un argument suffisamment fort pour passer avec succès le test des procédures de validation scientifique. En revanche, pas une question légitime n’a été mise de côté par les climatologues. Et pour celles qui restent sans réponse, l’investigation continue. Ce que la science nous explique n’est pas un dogme. Mais compte tenu de l’importance de ce qui se joue, les citoyens ont suffisamment d’éléments en main pour déterminer qui décrit le mieux l’état de la biosphère.

Pourquoi le climato-scepticisme, malgré la faiblesse de son argumentation, trouve-t-il un terrain si favorable à sa prolifération ? Parmi moult explications, une paraît décisive. Dès que l’on prend conscience de la gravité du problème écologique, une conclusion finit par s’imposer : pour empêcher le désastre, il faut drastiquement transformer un système qui repose sur une croissance continue de la production matérielle. Changer d’habitudes. Bousculer, aussi, nombre de situations acquises.

Refuser d’admettre ce qu’annoncent les climatologues permet de croire que rien ne changera, que rien ne sera bousculé. C’est pourquoi derrière le climato-scepticisme se décrypte à livre ouvert l’idéologie la plus platement réactionnaire.

http://mneaquitaine.wordpress.com/2010/02/22/climat-lheure-du-choix-par-herve-kempf/

dimanche 21 février 2010

Mort de la politique?

La politique étant au cœur du processus de décision qui permet de peser sur les événements, nous sommes en droit de nous demander si la politique n'est pas, tout simplement, en train de disparaître !

Les agitations politiciennes, les pseudo révélations médiatiques, le prurit électoral ne font pas exister la politique mais, au contraire, la détruisent.

Au moment où l'on constate l'étendue de l'impuissance de toutes les protestations, l'inutilité de la mise en lumière des scandales, il faut s'interroger non sur ce qu'est la démocratie mais sur ce qu'elle devient. N'est-elle pas blessée au point de risquer l'extinction?

Ce n'est pas internet qui sauvera la démocratie, car savoir n'est pas pouvoir. Ce n'est davantage la recherche d'une victoire électorale qui peut permettre la garantie d'un mieux-vivre, car notre quotidien est fabriqué par les maîtres de l'économie qui ont barre sur les responsables politiques. Ce n'est pas non plus le constat de "l'horreur économique" qui peut soulever la révolte de ceux qui souffrent, car l'insupportable est supporté, par résignation.

Il n'est point d'autre politique démocratique que celle qui voit les humains décider de leur propre sort. Or, nous en sommes loin. Si loin que l'espoir même de pouvoir atteindre ce niveau de responsabilité sur sa vie ne cesse de s'éloigner.

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Jean-Pierre Dupuy, Ingénieur du Corps des Mines et professeur de philosophie (Polytechnique, Stanford)

Faut-il, pour autant, se laisser aller au catastrophisme? Le réalisme n'oblige pas à sombrer dans un pessimisme inactif, explique Jean-Pierre Dupuy !

Trois grands domaines permettent de mesurer l'écart, béant, entre la pratique démocratique et la réalité de la "gouvernance".

Le premier domaine, fondamental, a surgi, depuis peu, dans les consciences de la majorité des Terriens : le système socio-économique, à l'œuvre mondialement, met en danger la planète, autrement dit tous ceux qui l'habitent, hommes, bêtes et plantes; c'est le domaine écologique, qu'on s'évertue à confondre avec la défense de l'environnement ou le développement durable. Les peuples subissent et se taisent...

Le second domaine, dont on commence à mesurer la nocivité, mais dont on se refuse à éliminer progressivement les causes, touche à la capacité de détruire l'humanité à petites ou hautes doses : le système nucléocrate a fait, et fait plus que jamais, de l'énergie nucléaire une menace permanente; c'est le domaine militaro-industriel qui, après avoir montré, à Hiroshima, à Nagasaki, à Tchernobyl, et partout où les expérimentations civiles et militaires ont semé leurs graines de mort, que les armes de destruction massives sont entre les mains d'armées "démocratiques" et de lobbies "scientifiques". Les peuples ont subi, subissent, et ne peuvent que s'incliner...

Le troisième domaine s'étale, actuellement, et n'est pas moins périlleux pour les humains et l'ensemble du vivant : le système scientiste et "transhumain" n'ambitionne rien d'autre que de faire naître un nouvel homme, de nouveaux animaux, de nouvelles plantes; c'est le domaine des nanotechnologies qui, sous couvert de progrès technique, abat toutes les barrières éthiques. Les peuples n'en savent encore pas grand chose et devront s'incliner, à moins que...
Afficher l'image en taille réelle

http://sciencescitoyennes.org/spip.php?article1516



On voit bien les liens qui rapprochent ces trois domaines : les contraintes de l'effet de serre, de l'outillage nucléaire civil et militaire, de la manipulation et de la miniaturisation génétiques nous livrent au pouvoir de puissances inimaginables qui voudraient faire notre bonheur sans nous demander notre avis. Chaque fois, au cours de l'histoire, que des politiques ont été imposées pour créer un paradis, l'enfer a surgi. On recommence.

Une énorme différence, cependant, est apparue : notre savoir-faire techno scientiste est tel, désormais, qu'il s'émancipe de toute philosophie, car le culte du progrès, pourtant en difficulté, non seulement ne s'est pas calmé, mais s'est transformé en une religion plus sectaire que jamais.

C'est sous cet éclairage qu'il faut aborder la question du pouvoir. Un pouvoir qui ne se donne pas de limites est un pouvoir tôt ou tard dictatorial, un pouvoir violemment antidémocratique qui élimine toute politique.



lundi 8 février 2010

Je ne suis pas un Français qui chante la Marseillaise

Jean Jaurès – 11 ans avant son assassinat, en 1914 - écrivait : « Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! »; l’expression est atroce… Propos abominable, car dès que les partis commencent à dire que le sang est impur qui coule dans les veines de leurs adversaires, ils se mettent à le répandre à flots et les révolutions deviennent des boucheries.

S'il faut parler de l'identité nationale, on ne peut en dire ce que dit ou, pire, ce que sous entend l'actuel gouvernement de la France! Cette identité-là n'est pas la mienne. Je ne suis pas "identique" aux autres Français et cette pluralité de la France faite, au long des siècles par des immigrations successives, constitue notre commune richesse!

Je suis Français parce que je suis né en France, parce que mes parents étaient des Français, parce qu'ils m'ont élevé dans la langue française, parce que mes références culturelles, littéraires, musicales, artistiques sont françaises.

Mais ma patrie n'est pas la France. Ma patrie c'est la terre. Je suis citoyen du Monde. Je ne pense pas que l'État-Nation soit la meilleure des organisations politiques. Je suis distinct des autres hommes non français; je ne suis pas séparé d'eux!

Il ne suffit pas d'accoler l'expression "sans frontière" au titre de multiples ONG! Vivre sans frontière est une ambition humaine à laquelle s'opposent les nationalistes. Les "No Borders" ne me semblent nullement des extrémistes, s'ils contestent l'enfermement dans des frontières. Il y a plus de violence, à l'évidence, dans ce que font, sur ordre des États, les forces de l'ordre que dans ce que font les citoyens solidaires des sans-papiers ou autres clandestins!

Il fut un temps où l'on n'avait pas besoin de papiers pour entrer en France. Ce fut le cas sous la Révolution française! Marat en fut l'un des plus célèbres exemples. Les esclaves, en Haïti, qui luttèrent contre les troupes napoléoniennes (et les vainquirent!), chantaient la Marseillaise. Le chant est beau! Ses paroles affreuses, obsolètes et ridicules.


La Marseillaise est l'hymne d'un régiment.

En 1990, l'abbé Pierre écrivait : "L'hymne national, c'est l'âme d'un peuple. Parce que nous aimons la France, nous ambitionnons, pour elle, un message qui s'harmonise avec son idéal de liberté, d'égalité et de fraternité." L'identité française, oui, ou bien se fonde sur les valeurs de liberté, égalité, fraternité et laïcité ou bien est représentée par La Marseillaise. Il faut choisir!

Pour moi, c'est tranché, je ne chante jamais les paroles de La Marseillaise. Je ne peux être Français et m'égosiller en m'associant à ce cantique de la violence. Ceux qui la hurlent dans les stades ou se refusent, au contraire à la chanter, le font pour les mêmes raisons, nationalistes et haineuses à l'égard de leurs adversaires, sportifs ou autres. La Marseillaise, c'est un chant de guerre. Même si elle fait partie de l'histoire de France, elle ne saurait faire partie de l'identité française.

http://www.vousnousils.fr/gallery/illustrations/marseillaise_45_2009.jpg


jeudi 4 février 2010

Du service civil au service civique

"Les députés français ont engagé l'examen d'une proposition de loi qui prévoit de remplacer l'actuel service civil volontaire, mis en place en 2006 par Jacques Chirac, par un service civique, l'objectif étant d'attirer 75.000 jeunes en 2014. Cette proposition de loi du sénateur Yvon Collin, déjà adoptée par le Sénat et soutenue activement par le gouvernement, reprend en partie un engagement de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de 2007. Le nouveau dispositif propose de remplacer l'actuel service civil volontaire qui avait succédé au service militaire obligatoire et qui a eu peu de succès, puisqu'il n'a attiré qu'environ 3.000 jeunes en 2009. Il prévoit que ce service civique, qui sera volontaire et non pas obligatoire comme le proposait Nicolas Sarkozy, propose aux jeunes de s'engager pour des missions variées, pour une durée entre six et 24 mois".
http://www.lexpress.fr/actualites/2/objectif-de-75-000-jeunes-en-service-civique-en-2014_846628.html

Le service civique volontaire

La loi de 2006 n'aura pas été longtemps mise à l'essai! Ce que Chirac avait fait, Sarkozy voulait le défaire. Nous y sommes. Le glissement de "civil" (qui renvoie globalement à "société civile") à "civique" (d'acception plus étatique et institutionnelle) témoigne d'un raidissement de l'injonction républicaine, confrontée à son propre échec!
http://fr.wikipedia.org/wiki/Service_civique_volontaire_%28France%29

Est civil, selon le dictionnaire Le Robert, ce qui est "Relatif à l'ensemble des citoyens", "aux rapports entre les individus", ce qui "n'est pas militaire", ce qui "n'est pas religieux". Est civique, selon la même source, ce qui est "relatif au bon citoyen", à "ce qui est patriotique". Autrement dit le service civil est un service public, laïque, désintéressé, neutre idéologiquement, offert à tous, alors que le service civique est l'engagement d'un citoyen remplissant une mission que lui confie l'État et qui, en ces temps de non obligation du service militaire, s'y substitue!

Le virage idéologique est subtil mais sans équivoque : de l'alternative au service militaire, on passe à son remplacement. Le service civil est d'initiative citoyenne; le service civique est d'initiative étatique. On pouvait choisir de s'engager dans un service civil compatible avec ses choix de citoyen du monde; on devra répondre à des sollicitations conformes à des choix nouveaux qui sont ceux de l'État-nation.

Le bénévolat repose trop sur le volontariat. Il y a risque d'incitation à la désobéissance "civile" dans cette responsabilisation citoyenne. Un bon citoyen est un citoyen obéissant, un bon serviteur de la puissance publique : voila ce que cache cette mutation civique du service civil.
http://pages.riaq.ca/benevolat1.gif
Les bénévoles se mêlent de tout. Pour un peu, il s'intéresseraient à la politique!

C'est une orientation à droite des plus logiques que camouflera le discours bien pensant de Martin Hirsh, l'agent exécuteur de cette évolution douteuse. Il est l'exécuteur d'une politique de reprise en main et nullement le créateur d'initiatives nouvelles.


Ouf! Il n'y aura pas de désobéissance civique...!

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