samedi 26 juin 2010

Du principe de précaution au principe responsabilité

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Le principe responsabilité n'est pas le principe de responsabilité. Nuance ! Hans Jonas invite l'humanité à se saisir de la responsabilité comme paradigme. L'irresponsabilité tue. La cécité des peuples qui se pensent à part, sur terre, conduit à la violence.

La responsabilité est l'utopie des utopies parce qu'elle prend en considération des compromis tolérés par les peuples depuis des siècles pour les dénoncer. Au nombre de ces compromis mortels, il y a le slogan : "c'est le progrès !" qui fait s'incliner devant toute nouveauté quel qu'en soit le contenu.

Le Principe responsabilité (en allemand Das Prinzip Verantwortung) est l'ouvrage le plus connu de Hans Jonas (1979).

Dans ce livre, Hans Jonas part de la question « pourquoi l'humanité doit exister ». L'existence de l'humanité dont l'impératif semble aller de soi, n'est plus du tout un fait assuré de nos jours. Au contraire, par son énorme pouvoir qu'il a avant tout grâce à la technique moderne, l'homme a désormais les capacités de s'autodétruire en peu de temps — c'est pourquoi il y a ici une nouvelle question qui doit entrer dans le domaine des considérations éthiques.

Hans Jonas fonde l'impératif que l'homme doit exister, vu qu'il a, comme tout être vivant, une valeur absolue qui lui est inhérente et qu'il s'agit par conséquent de protéger quoi qu'il en coûte.

Dans la pratique, cela signifie que doit être interdite toute technologie qui comporte le risque — aussi improbable qu'il soit — de détruire l'humanité ou la valeur particulière en l'homme qui fait qu'il doit exister. Hans Jonas désigne cet impératif par la formule in dubio pro malo. Cela veut dire que s'il y a plusieurs effets possibles à une technologie, il faut décider comme si le plus mauvais allait s'accomplir : c'est le fameux principe de précaution.

C'est pour cette prescription que Hans Jonas a souvent été accusé d'être hostile à la technique et à son progrès. Il a cependant refusé ce reproche (1).

Selon Bernard Sève (2); le concept de responsabilité s'exprime sous forme d'un impératif catégorique, dont Jonas donne quatre formulations.

• « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre » ;

• « Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future d'une telle vie.

• « Ne compromet pas les conditions de la survie indéfinie de l’humanité sur terre ».

• « Inclus dans ton choix actuel l’intégrité future de l’homme comme objet secondaire de ton vouloir ».

Si la menace qui pèse sur l’humanité provient de l’agir humain lui-même, alors l’homme est conduit à ré-interroger sa propre présupposition, c’est-à-dire à placer « le commandement que l’homme doit être » avant la question concernant ce qu’il devrait ou pourrait être.

Pour conclure, très provisoirement, convenons que le principe de précaution n'est pas la suppression du risque -ce qui est non seulement impossible mais imbécile- mais le renoncement à ce qui génère des risques inutiles. Le choix du risque redevient alors politique. Les risques liés à l'exploitation de l'énergie nucléaire font, par exemple, partie ou non (selon moi, oui) de ce que recouvre le principe de précaution.

Mais le principe responsabilité éclaire le débat : l'homme se doit de refuser toute action qui lui nuise irréversiblement dit, en quelque sorte Hans Jonas. Depuis qu'il y a des hommes sur Terre jamais encore ils n'avaient eu la capacité de s'autodétruire. Depuis le XXe siècle, c'est possible et cela change toute la philosophie, toute la politique, toute l'économie. L'écosophie est née : la sagesse, c'est de ne pas compromettre les conditions de la survie indéfinie de l’humanité sur Terre. Telle est la responsabilité ultime des hommes.

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1 -Voir. http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Principe_responsabilit%C3%A9

2 - Voir. http://lyc-sevres.ac-versailles.fr/p_jonas_pub.eth.resp.php

vendredi 25 juin 2010

Tempérance, sobriété et décroissance.

Un utile numéro de la revue Sciences humaines fournit les sources de documentation permettant d'aborder sous tous les angles, les concepts servant à travailler l'écologie et la décroissance. J'observe qu'on y souligne que l'objection de croissance peut être préférée à la décroissance.

Couverture Grands Dossiers N° 19
http://www.scienceshumaines.com/les-pensees-vertes_fr_378.

Jean-Claude Vitran me fait observer que la réflexion sur la tempérance est au cœur d'une revisite de la décroissance. De la tempérance, dans la « Summa Theologiae - Question 2, Articulum 2 », Thomas d'Aquin écrit : « Tempérance implique modération, qui consiste principalement dans la modération des passions qui tendent vers les biens des sens - à savoir la concupiscence et les plaisirs, régulant indirectement la tristesse et les peines dérivant de l’absence de ces plaisirs ». La personne qui se modère ainsi est par conséquent celle qui s’oblige à résister à l’attraction des passions et des plaisirs, en particulier d’ordre sensuel, quand ils deviennent excessifs. »

La tempérance est, avec la prudence, le courage et la justice, l’une des quatre vertus cardinales, dans la philosophie réaliste comme chez le philosophe grec Platon. Thomas d'Aquin reprendra cette classification en fondant toute sa morale du bonheur sur ces vertus cardinales. Il y ajoutera les vertus théologales (qui sont la foi, l’espérance et la charité) et les dons de l'Esprit Saint qui, selon lui, forment toute la structure anthropologique de la personne « mise debout », dans sa nature et par la grâce. (Voir Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Temp%C3%A9rance).


Dans les Tarots anciens, Tempérance est représentée par une jeune fille versant l’eau d’un récipient dans un autre contenant du vin.

La tempérance semble se rapporter à ce qui est hors de l’Homme (nourriture, boisson, etc.) Cette maîtrise met en valeur le corps. Possède la vertu de tempérance celui qui sait se maîtriser, celui qui ne permet pas à ses passions de l’emporter sur la raison, sur la volonté et aussi sur le cœur. Cette vertu est appelée aussi sobriété.

La vie sobre ou la vie simple, qui n'est pas la vie austère et souffrante, va à l'encontre de la vie "libre" qui, loin de libérer, aliène et qui surtout incite à une prise de pouvoir sur la liberté d'autrui. J'ouvre ici une analyse qui demande un travail intellectuel. Que ceux qui me lisent s'y associent : je pense qu'il s'agit d'une ouverture indispensable à ceux qui veulent exercer à plein leurs responsabilités citoyennes. Et, pour cela, peut-être faut-il commencer par l'approche du livre d'Hans Jonas : Le principe responsabilité.

Hans Jonas - Le principe responsabilité. Une éthique pour la  civilisation technologique

http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Hans_Jonas--Le_principe_responsabilite_par_Laurent_Giroux

lundi 21 juin 2010

Pour la décroissance des dépenses militaires

Halte aux dépenses militaires,

sauvons les retraites, l’éducation, la santé…



Communiqué du MAN (Mouvement pour une Alternative Non-violente)


Au moment où le gouvernement envisage des coupes sombres dans l'éducation, la petite enfance, les retraites, la santé..., il est particulièrement indigne que la France augmente son budget militaire. Tout montre que les solutions militaires n’apportent aucune résolution durable aux conflits et qu’au contraire elles les enveniment. Si les armes garantissaient la sécurité, il y a longtemps que les guerres auraient disparu !



À force de mettre au point des armes toujours plus sophistiquées, les hommes ont rendu leur existence sur terre plus dangereuse et plus précaire. C’est particulièrement vrai de l’arme nucléaire dont la modernisation coûte des fortunes, notamment en France. Exigeons des partis politiques des engagements pour faire diminuer les dépenses militaires de notre pays, promouvoir la résolution non-violente des conflits et investir dans l’éducation, la santé…, au lieu d’y supprimer des postes !


Internationale des résistants à la guerre


Dépenses militaires records en 2009

Les dépenses militaires mondiales n’ont pas connu l’effet de la crise. Selon le rapport publié par l’Institut international de recherche sur la paix (Sipri), elles ont atteint en 2009 un record de 1531 milliards de dollars, soit une augmentation de 5,9% par rapport à 2008. Plus de la moitié des dépenses, 661 milliards, revient aux États-Unis. La France arrive en troisième position avec 63,9 milliards investis dans le secteur militaire, ce qui représente une augmentation de 6,9 % en 2009 par rapport à 2008.



« À force de vivre œil pour œil, le monde finira aveugle » (Gandhi)


www.nonviolence.fr

jeudi 10 juin 2010

La mutation est une révolution silencieuse

La France, l'Europe, ne sont pas en « crise » !

Une crise est la phase aiguë d'une maladie d'un corps humain (ou social).

Une crise est un accident, ce n'est pas un changement.

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Ce qu'on veut faire passer pour une crise est une mutation.

Une mutation est une transformation.

Une mutation est une évolution irréversible.


La confusion générale actuelle a pour cause une contradiction.

On ne veut pas changer ce qui est en train de changer.

On annonce des changements qui n'en sont pas.


Les réformes, par exemple, sont des maintiens en l'état.

Le maintien d'un système qui prend l'eau.

Le maintien des privilèges quitte à briser brutalement des avantages acquis.


Le système social français n'est ni à détruire ni à maintenir.

Il est à repenser dans une nouvelle logique.

Une logique de solidarité universelle.


Le système économique occidental, lui, est malade, effectivement en crise.

Il subit « un changement subit et généralement décisif, en bien ou en mal » (Le Robert).

Il est bien en crise parce qu'il ne peut effectuer aucune mutation.


Ce ne sont donc pas les pays qui sont en crise mais le Système.

Ceux qui le font fonctionner ne peuvent le réformer.

Ils ne peuvent davantage en changer.


Alors on multiplie les explications aussi brillantes que creuses.

On effectue de nombreuses analyses assez vite contredites par les faits.

On s'évertue à convaincre qu'il n'y a rien à faire.


Il n'y aurait rien à faire d'autre que d'accepter des purges.

Rigueur, austérité, récession ne sont plus des mots tabous.

Il faudrait souffrir pour que les causes du mal restent... intouchées.


Aussi ne parle-t-on plus d'exigences écologiques.

On a compris qu'elles accompagnent et favorisent la mutation.

Elles font effectuer des sacrifices refusés par les privilégiés.


Les crispations puis les effondrements boursiers ne sont que des signes.

Les productions ne suivent plus les demandes suscitées.

Les ressources manquent pour produire plus.


Toute information nouvelle est déformée ou masquée.

Un trader, qui n'est que l'agent d'une banque, peut-il agir par de lui-même ?

Une pollution pétrolière géante n'est-elle pas plus qu'accidentelle mais criminelle ?


La pêche industrielle du thon rouge ne va-t-elle pas au-delà du renouvellement de l'espèce ?

L'abandon d'Haïti a été et ne reste-t-il pas la cause de l'immensité des effets du séisme ?

Le maintien du blocus de Gaza n'est-il pas une mise à mort économique ?


On peut allonger la liste de ces exemples du maintien féroce de l'injustice.

L'Afrique du sud misérable devient le temple provisoire d'un football sacralisé.

L'incitation au jeu, qui ruine les faibles, prend la forme d'entreprises informatiques.


On veut faire payer aux plus exploités le prix des erreurs de gestion des États.

On prétend qu'ont vécu au dessus de leurs moyens des foules poussées à consommer !

On cherche surtout à ne pas partager équitablement les efforts demandés.


L'Europe cesse alors, brutalement, d'être une espérance.

Elle devient un centre actif de généralisation de l'économie libérale.

Elle additionne les contradictions entre les intérêts des puissances locales.


La Grèce aura été la première à révéler le laxisme des plus riches.

L'Espagne, le bon élève de l'Europe hier, sombre dans l'échec du tout-immobilier.

La Grande Bretagne s'est livrée à la City et enfonce maintenant les humbles dans le malheur.


La Hongrie, où réapparaît la xénophobie, dit sa déception, après son entrée dans l'Union.

Les Pays-Bas cherchent aussi des boucs émissaires pour expliquer leur recul.

L'Italie se vautre dans un populisme indécent indigne d'elle.


L'Allemagne a peur de voir ressurgir son passé et veut conserver sa domination économique.

Quant à la France, elle ne sait où aller ailleurs que vers la satisfaction des riches.

Oui, l'Europe perd plus que sa monnaie ! Elle ne sait plus quel est son être politique.


Les citoyens européens, face à cet affaissement, ou subiront ou réagiront.

L'impuissance est actuellement le sentiment dominant et la résignation s'ensuit.

Les résultat électoraux l'attestent : l'Europe donne le pouvoir à ceux qui en disposent.


La mutation va donc s'opérer autrement que par des voies « démocratiques ».

Ou plutôt la démocratie va passer par d'autres voies que les voies électorales.

Les changements vont s'opérer silencieusement et douloureusement.


Entre « la vie simple » et « la vie terne » le choix sera vite fait.

Les moyens de consommer ce que la publicité offre vont reculer.

Il va falloir créer de quoi vivre mieux et la jeunesse saura le faire.


L'aliénation des esprits que les médias ont installé va se dissiper.

Il y faudra du temps mais la lucidité va faire émerger du neuf.

Il ne s'agit pas là d'optimisme mais des effets probales de réactions de survie.


L'écosophie, cette sagesse des rapports entre vivants, est donc à notre portée.

La décroissance, qui n'est encore qu'un mot-critique de la croissance, va prendre sens.

Désobéir n'est même plus nécessaire car c'est l'ensemble du projet social qui est récusé.


Cela portait jadis un nom : la révolution, mais ce qui vient est plus subtil.

Le retournement des perpectives n'est pas une idée mais une nécessité nouvelles.

La vie se cherche ailleurs que dans les mornes eaux où stagnent des pouvoirs dévalués.


L'alternance n'a aucun sens : elle revient toujours à ce qu'elle a dénoncé.

Le changement politique exige bien plus qu'un changement d'hommes.

L'alternative manque de contenu : reste à lui en donner un...


jeudi 27 mai 2010

Tchernobyl, 24 ans après...

Tchernobyl, aujourd'hui, n'est pas ce qu'on en dit.

L'émission présentée, fin mai 2010, sur Arte, bouscule bien des idées reçues. On peut vivre à Tchernobyl ! Les animaux s'y multiplient. Ils ne sont pas monstrueux. Ce qui ne signifie pas que les hommes puissent revenir s'installer à proximité de la centrale.Afficher l'image en taille réelle

Il est difficile de comprendre que le choix n'est pas entre la vie ou la mort dans un site irradié. Pourtant, à Tchernobyl, la vie et la mort sont aux prises. La nature reprend ses droits. 24 ans après l'explosion, au milieu des ruines d'une ville entière abandonnée, Pripyat, on observe des sangliers, des loups, des élans, des cervidés, des lynx, des renards.

Comme les barrières délimitant la zone « rouge » interdite se sont effondrées et n'ont pas été remplacées, les animaux circulent. Des chevaux sauvages se sont installés. Bref La zone de Tchernobyl est un laboratoire à ciel ouvert où des chercheurs courageux et compétents font des découvertes surprenantes.

Pourquoi les souris sont-elles totalement indemnes et pullulent ? Pourquoi, au contraire, la durée de vie des hirondelles est-elle très abrégée? Tout se passe comme si la nature réagissait à l'irradiation, s'adaptait, quitte à payer au prix fort cette transformation qui voit un espace urbain vidé de sa population humaine se repeupler d'espèces que les hommes avaient chassées (tuées ou expulsées)...

Il faut accueillir avec modestie, angoisse et espoir ces observations qui révèlent que, si lourde soit l'agression humaine sur l'environnement, les blessures infligées à la nature se cicatrisent mais autrement que nous pouvions l'imaginer. Les plantes et les animaux ne comptent pas les morts. Elles remplacent les individus qui ne peuvent survivre mais les nouveaux venus disposent de moyens géAfficher l'image en taille réellenétiques de résistance ignorés des hommes.

À Tchernobyl se côtoient les horreurs et les merveilles. Ce qu'observent les scientifiques qui pénètrent sur le terrain et y travaillent est terrifiant en même temps que rassurant. Les dégâts ont été bien pires mais autres que ce qu'on nous en a dit. La réaction de la nature est plus rapide et plus inattendue que ce qui avait été prévu. L'homme est dépassé par ses entreprises mais la planète dépasse elle-même ces entreprises funestes.

Le drame du golfe du Mexique sera à analyser de la même manière d'ici... 25 ans ! Après le désastre et la mort des espèces, une vie différente et prodigieuse s'emparera des espaces saccagés.

Notre ignorance est à la mesure de notre savoir : immense !

vendredi 14 mai 2010

Peur, rumeur et rigueur : le retour des Shadoks


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L'angoisse monte. On veut pourtant être heureux. On fait la fête. Apéros géants...! On s'enivre à en mourir ! On joue. On va créer des entreprises pour pomper l'argent des citoyens en pleine addiction, au foot, au cheval et autre divertissement... On détourne l'attention. Le sport est le spectacle mondialisé, l'opium du peuple. On maintient des apparences d'opulence. Mais nous vivons au bord de la ruine généralisée.

La menace invisible du volcan pèse sur nos esprits plus que sur nos vies... Des cendres s'étalent jusqu'en Afrique. Le Maroc ferme des aéroports ! On met en cause le principe de précaution ! Si on ne peut plus faire prendre des risques pour gagner de l'argent, c'est la fin du capitalisme ! Eh oui, cela se rapproche...

Après la Chine, en Russie, on meurt au fond des mines de charbon. Des sauveteurs ont voulu aller chercher leurs copains. Ils sont morts aussi. Ils n'avaient qu'à ne pas prendre de risques ! Sauf que risquer par solidarité et risquer par avidité, ce n'est pas le même risque.

La plus géante et funeste pollution par le pétrole va atteindre la Louisiane. Après les inondations de la Nouvelle-Orléans, voici, de nouveau, la catastrophe écologique déployée. Qu'on ne vienne plus accuser les écologistes de catastrophisme : elle est bien là la catastrophe. L'entreprise BP est accusée. La fuite, nous dit-on, a commencé avant le drame qui a causé la mort de onze ouvriers. On avait continué à pomper. Le profit espéré sera épongé par le coût énorme de réparations qu'on n'arrive pas à effectuer. Peu importe. On récupérera plus tard l'argent perdu. Car on va continuer, dans le golfe du Mexique à détruire le milieu marin et le delta du Mississipi, pour puiser l'or noir, jusqu'à la dernière goutte...



De quelque côté qu'on regarde le monde, à nos pieds ou au-delà des frontières, nous vivons dans une peur qu'entretiennent les discours sur l'insécurité. Dans les écoles, les quartiers populaires (qu'on dit sensibles, sensibles sans doute à la privation d'avenir ?), les usines qu'on ferme, les exploitations agricoles qui se ruinent, l'agressivité dresse les citoyens les uns contre les autres. La guerre sans fin, en Afghanistan, qui s'étend au Pakistan, les tensions au Moyen Orient qui gangrènent depuis des décennies les relations entre Israël et ses voisins, la haine de l'Occident, partout palpable et pas seulement en Iran, nous révèlent la fragilité d'une domination blanche qui court à sa perte.

Et voilà qu'au sein de l'Europe se déclenchent les mécanismes de la panique. L'économie de la croissance est en panne. L'enrichissement ne s'effectue plus au rythme qui permettait d'aborder l'avenir avec l'espoir du progrès indéfini. Pour sauver le Système, on taille dans la chair des milieux populaires. On nous avait habitués à travailler plus pour gagner plus, en fait consommer plus. C'est raté ! Pourtant, nous sommes drogués, incapables de réduire sans détruire, paralysés par des habitudes de surproduction, conscients des risques écologiques majeurs mais spectateurs de notre propre impuissance.

Ce sont des gouvernements "socialistes" qui sont contraints d'infliger des purges à leurs peuples ! En Grèce, en Espagne, au Portugal (comme, -mais avant, on n'a pas voulu le voir-, en Estonie, en Hongrie, en Roumanie...) on appauvrit la masse des pauvres pour sauver les revenus des riches. En Grande Bretagne, il n'y a plus de Labour. Les Conservateurs qui n'ont plus rien à conserver, vont chercher vainement, à sauver leurs intérêts. En Italie, le clown Berlusconi se meurt et, dans l'attente de la prochaine rigueur à la napolitaine, maffieuse et cruelle, il s'occupe de payer une rente indécente à son épouse divorcée. En Allemagne, l'illusion du pays préservé s'achève et la Chancelière perd les élections donc toute majorité mais pas le pouvoir de ne rien pouvoir faire.

En France, le gouvernement aussi perd des élections, mais s'en moque : il faut tenir jusqu'à l'explosion sociale afin de convaincre, en 2012, que ce sera "moi ou le chaos". Retour à la case départ gaullienne, en tout petit... Nul ne sait et ne peut savoir où aller. On en est à espérer en... DSK, le patron du FMI ! Le pompier pyromane, ou tel autre socialiste capitaliste, pour éteindre le feu qui dévore l'Europe. Risible et dramatique !

Car le débat économique et politique ne fait que commencer et il va traverser ce qui reste de gauche ! Qu'entend-on, dans les syndicats, les partis traditionnels quand ils critiquent le pouvoir en place ? Sans production pas de croissance. Sans croissance, pas d'emplois. Sans emplois pas de revenus. Sans revenus pas de consommation. Sans consommation pas de production. (La boucle est bouclée!). Relevez les salaires pour sauver l'économie par la relance de la production ! C'est un peu court et surtout parfaitement compatible avec le Système.

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Électeurs-citoyens choisissez entre la peste et le choléra : sauver les entreprises en réduisant encore les charges salariales ou bien sauver les entreprises en relançant la production donc les salaires. Deux discours en forme de fausse évidence! Nul ne songe à diminuer les profits, réduire la production, répartir l'effort, mieux partager la fiscalité, satisfaire d'abord les besoins, éliminer les gâchis... Cela parait non seulement ringard mais désormais impossible donc impensable.

Nous allons donc plonger dans le malheur et la contradiction jusqu'à ce que l'événement commande et la réalité s'impose. Ce n'est pas pour dans très longtemps.

dimanche 9 mai 2010

Un catholique de gauche : ça n'existe plus !

"Où sont-ils passés les cathos de gauche" demandait l'hebdomadaire La Vie, dans son numéro 3364 de février 2010. Je ne découvre, accidentellement, cette parution qu'à présent. Mais la question est permanente et m'interpelle.

Je ne sais s'il est encore des "cathos de gauche", mais ce que je sais bien, c'est qu'il ne peut y avoir de "cathos de droite" !

Soyons précis. "Cathos" est une désignation familière qui n'est guère attirante. Est chrétien celui qui se réfère principalement, pour vivre, à Jésus Christ. Est "catholique" le chrétien qui a la passion de l'universel et pour qui "il n'est ni juif ni gentil" tout homme étant un prochain, un autre moi-même. Ce catholique ne peut qu'être citoyen du monde.

Restons précis ! "La gauche" n'est qu'un positionnement historique qui permet, dans le champ politique, de constater où se situent les acteurs de la vie publique qui ont pris parti pour les défavorisés de l'organisation économique et sociale actuelle, mondialisée.

Cette gauche défaille et il se pourrait qu'elle soit morte. En effet, s'y efface progressivement la contestation du système capitaliste qui était à l'origine de toutes les orientations de l'action des syndicats, coopératives, associations et autres partis situés "à gauche".

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Marc Sangnier (1873-1950). www.marc-sangnier.com

Les catholiques se perdent dans cette dilution du politique qui ne permet plus de "prendre position", c'est-à-dire d'affirmer où l'on se trouve dans ce champ d'actions que constitue toute société. Les repères dont ils disposaient, avec l'Évangile, ne sont plus même mis en avant par leur Église ! "On ne peut servir deux maîtres, Dieu et l'argent", "celui qui prendra l'épée périra par l'épée", "mon royaume n'est pas de ce monde" : trois choix de vie détournés ou oubliés.

Car si "mon royaume n'est pas de ce monde", ce n'est pas qu'il se situe dans le Ciel, c'est qu'il n'est, sur cette Terre, ni voulu ni recherché. Un tel monde serait sans pouvoir d'un prince (ayant pouvoir sur la personne de l'autre), sans violence légitime ( la violence dont l'État a le monopole, exercée au nom du droit), sans argent-roi (non la monnaie, mais le capital accumulé). Autant dire que cette utopie créatrice est aux antipodes de la droite. Un catholique de droite serait un feu humide ou un sel fade ou athlète sans muscle ! Pire, ce qu'exècre le plus les tenants de la droite, c'est ce que le message du Christ diffuse : l'égalité, le partage, la simplicité, le don, la non-violence, l'amour en actes dans des communautés sans privilèges.

Les catholiques pourraient, s'ils étaient chrétiens, écarter sans peine les choix politiques de la droite et ne pas se soucier de la disparition de la gauche puisqu'ils connaissent la voie à suivre. Marc Sangnier avait tenté de réconcilier le christianisme avec la République et un socialisme humaniste. Emmanuel Mounier avait des sympathie pour l'anarchie quand elle est "self-government" et cherchait à déborder, avec le personnalisme, le communisme marxiste. Un "catho de gauche" est, aujourd'hui, une espèce en voie de disparition parce que la gauche, infidèle à elle-même passe ou trépasse. Elle se suicide. Le catholique n'entre pas en dialogue avec elle parce qu'elle ne dit plus rien.

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Emmanuel Mounier (1905-1950). www.emmanuel-mounier.com

Nous vivons des temps de décomposition et de recomposition. Partis, églises, sectes et autres confréries sont des structures inopérantes. Une révolution intellectuelle s'effectue. Les catholiques n'y échappent pas plus que les autres citoyens. S'ils ont des outils pour aborder un siècle où l'universel, la solidarité, l'hospitalité, l'écosophie sont devenues des nécessités pour que l'espèce humaine survive, il leur faut abandonner des rites, des costumes, des a priori autoritaires, des prétentions à disposer de la vérité qui les enfoncent dans le ridicule ou l'odieux. Ce n'est pas par hasard que des prêtres ont pu se laisser aller à dominer des corps d'enfants : cette contradiction absolue entre l'amour et le viol n'est pas sans causes. Les rechercher est une priorité et si elle ne le fait l'Église mourra. ("Ce que vous faites à un seul de ces enfants, c'est à moi que vous le faites" rapporte l'évangéliste.)

Nul ne pourra plus dire son catholicisme, de gauche ou non, tant que l'au-delà de la droite et même de la gauche n'aura pas été réaffirmé, c'est-à-dire l'abandon du pouvoir pour le pouvoir, de la violence comme moyen de lutter et de l'argent comme mesure de la richesse.

Un catholique de gauche : ça n'existe plus !
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dimanche 2 mai 2010

Regards depuis un 1er mai.

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1er mai : le jour d'un printemps que jamais l'on n'atteint... Les défilés sont devenus des traditions sans dynamique. La fête de travail est, moins que jamais, la fête des travailleurs. Qu'un homme vaille un homme en toutes circonstances n'a toujours aucun sens et les sacrifices reposent toujours sur les épaules des plus pauvres.

En Grèce, un Gouvernement de droite a ouvert les bras à tous les spéculateurs et enrichi les riches. Un gouvernement qui s'est fait élire sur des idées de gauche est contraint de plonger tous le pays dans une austérité généralisable à toutes les catégories sociales modestes, mais pas générale, car ceux qui tiennent en main l'économie échapperont au tour de vis économique. Quant aux banques géantes qui tiennent les finances de l'État en tutelle, elles se seront pas frappées. L'Europe libérale, le FMI, imposent au peuple grec cette cure et ces potions amères. Une solidarité conditionnelle est préconisée et, comme pour les pays les plus démunis d'Afrique ou d'Amérique du sud, on pressurera les humbles, assez nombreux pour être ponctionnés de façon rentable !

En Islande, le volcan se calme et les poussières abrasives qu'il crachait n'empêcheront plus les avions de reprendre leur course au nord de l'Europe. Un enseignement ne sera pas tiré : la faiblesse des sociétés complexes face à la manifestation de la puissance de la nature. Seuls sont déplorées les pertes que les industries du tourisme et les compagnies de transport aérien chiffrent et tentent de faire payer aux États. Des riverains des aéroports fermés ont goûté de façon provisoire la paix que le silence du ciel leur apportait. Brève satisfaction.



Dans le golfe du Mexique, une marée noire produite non plus par un bateau pétrolier en perdition mais par des puits sous marins et éventrés, impossibles à colmater, va entrainer la plus affreuse des pollutions que les USA aient jamais connues. Il y a peu, on se réjouissait de l'apport de pétrole que, depuis le fond des mers, on allait pouvoir exploiter. L'entreprise BP a fait vite, trop vite, et l'une des plateformes qu'elle a installées n'a pas résisté aux assauts de l'océan. Les conséquences de l'éventration de la source pétrolière sur la faune et la flore, donc sur l'humanité, vont être constatées, mais on n'en tirera sûrement pas les enseignements écologiques de l'événement. La société du pétrole ne peut échapper à son addiction.

Les religions, qu'elles soient politiques, idéologiques ou confessionnelles, sont toutes marquées par le même mépris de l'homme, dès lors qu'elles acceptent et favorisent l'inégalité et la loi du plus fort. L'aliénation de peuples entiers fait tenir des discours renversants à des hommes et des femmes intelligents. Une émission récente, sur la Corée du Nord, laisse pantois ! Le culte du Général (le fils du Guide décédé) y est décrit comme inévitable, permanent, ridicule et... accepté ! Ailleurs, la mort de l'opposant au nom de principes rigides, soit disant religieux, ou étatistes, est admise, voire préconisée et, que ce soit en Iran, en Israël, en Chine, au Nigéria, en Irak, en Afghanistan..., l'autre est une menace qu'il faut éliminer. L'efficacité de la violence est , à terme, douteuse, mais nul, qui aspire à exercer des responsabilités, n'ose mettre en question la nécessité de recourir à la force, celle de la police ou de l'armée. La mort de l'adversaire reste le plus sûr moyen de se débarrasser d'un obstacle au pouvoir. On masque, sous des paroles humanistes, la honte qu'on éprouve à se vautrer dans les plus cyniques et les plus cruelles politiques, on retarde, parfois, les coups qu'on porte aux peuples rebelles, mais on ne fait que gagner du temps et, finalement, on tue, au nom de Dieu et de la Nation.



Hors la loi
, un nouveau film de Rachid Bouchareb, après Les Indigènes, relate la cruauté du système colonial et rappelle qu'en Algérie, le jour même de la Victoire de 1945, le 8 mai, à Sétif, l'armée française a assassiné des foules entières, des milliers de manifestants après que des dizaines de colons aient été tués en voulant s'opposer aux revendications d'indépendance que ramenaient les soldats nord-africains ayant participé à la seconde guerre mondiale. Les protestations les plus véhémentes s'expriment et, en même temps donc, le refus de la reconnaissance d'un fait historique d'où est né le conflit qui allait bouleverser notre histoire. Il faut que les derniers survivants disparaissent pour que les faits avérés ne soient plus contestés.

Oui, les sociétés sont conditionnées par des idéologies que n'osent affronter les citoyens. Ces doxas ont en commun d'accepter la mort donnée comme une nécessité historique. Sont frappés, d'abord, les faibles, non équipés d'armes physiques et plus encore intellectuelles, et ne pouvant se défendre face aux pouvoirs dont disposent les États, légitimes ou non ! Tel est, en cette année 2010, cent vingt quatre ans après le 1er mai sanglant de 1886, à Chicago, le constat tragique que peuvent faire des démocrates conscients : le pouvoir politique est confisqué, inarrachable et les éléments naturels, imprévisibles et fulgurants, sont seuls en capacité, actuellement, de mettre de l'incertitude dans la domination des nantis.

Ce vieux, très vieux discours est, hélas, d'une actualité désespérante.

dimanche 25 avril 2010

Et si l'on essayait l'amour...

L'amour dont il s'agit n'est ni l'empathie, ni la tendresse, ni la compassion, ni la charité. Non que tout cela soit sans intérêt, mais il s'agit d'un tout autre amour du prochain, l'amour de celui qui, étant mon égal, ("aimer autrui comme soi-même") ne peut rien subir que je ne sois prêt à subir moi-même. Ni la violence, ni la misère, ni la domination n'ont la moindre place dans le message de Jésus Christ. En paroles comme en actes.

Utopique ? Oui ! Irréaliste ? Non !

S'il est un message, une "Bonne Nouvelle", un évangile qui a été transmis sans jamais être pris au sérieux, ni pris en compte, c'est, contrairement à ce qu'on nous chante à coups d'hymnes ou de sermons, celui qui a conduit la Christ à la mort.


Tribune, tabernacle et confessionnal se ressemblent : ce ne sont pas des lieux de vérité.

La religion (car, univoque, elle sépare) détruit le religieux (qui, lui, relie et ne divise pas). Le jugement, la condamnation, l'exécution du Christ font bien partie de ce qu'il annonçait et les prêtres devaient se tourner vers les puissants pour faire taire ce porteur d'espoir terrestre autant que céleste.

Le Christ n'était pas encore né que sa jeune mère, enceinte, rendant visite, dit-on, à sa cousine Élisabeth, chante et loue un Dieu qui "a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles","comblé de biens les affamés, et renvoyé les riches les mains vides" (Luc, chapitre 1, versets 46 à 56). Que n'a-t-on mis cette femme à mort, elle aussi ? On a bien essayé de la trouver et de l'assassiner, elle et son nouveau-né, sous Hérode, mais, nous dit-on, elle a fui, en Égypte.

Car, si l'on ôte la gangue théologique, si l'on écarte les paroles pontifiantes, si l'on ne retient que le cœur de la parole de Jésus, tout tient en peu de mots qui peuvent encore bouleverser l'histoire du monde.

Si "mon royaume n'est pas de ce monde", ce n'est pas qu'il projeté vers le Ciel, c'est qu'il n'est, sur cette Terre, ni visible, ni recherché. Un monde sans pouvoir (pouvoir sur la personne de l'autre), sans violence (exercée fut-ce au nom du droit), sans argent (non la monnaie, mais le capital accumulé), un tel monde est considéré comme une fantasmagorie (une représentation imaginaire et illusoire, donc dangereuse).

Ce qu'annonce le Christ méritait la mort parce qu'il engendrait le refus de la condition de dominé. Il faut entendre ce que rapportent, des propos de cet Émancipateur, ceux qui les ont entendus, écrits (et traduits selon leur langue et leur propre culture). Entendre, et donc comprendre avec notre langage du XXIe siècle : "si Dieu est, il ne peut qu'être amour. Puisqu'il faudra mourir, bats toi avec la mort : tu ne peux en triompher qu'en te dépassant, en la dépassant, par l'amour".

Et cela signifie que le pouvoir, le savoir, et l'avoir des puissants, des savants et des riches ne peuvent permettre aux hommes de vivre ensemble dans l'égalité, la connaissance et le partage. Sourds au monde réel, les maîtres de l'époque ne peuvent saisir cela sans réagir, avec leurs armes qui sont toujours celles du sceptre, de la tiare et de l'épée : le bannissement, l'excommunication, et le meurtre.

Rien n'a vraiment changé, et c'est le principal élément de doute qui rend inaudible la voix du Christ. Comment de telles paroles ont-elles pu être, à ce point, oubliées, détournées, falsifiées ? Pourquoi ceux-là même qui étaient porteurs d'un véritable message d'amour, ont renoncé à se démarquer du trône et du sabre ? Pourquoi se sont-ils, même, installés dans des palais, que ce soit ceux des Princes ou ceux des Évêques. Il ne s'agit pas là de trahison mais, et c'est bien pire, d'infidélité. Les infidèles ont changé de place : ce sont ceux-là mêmes qu'on nomme les fidèles qui ne se réclament plus de Jésus Christ, ou qui, de fait, lui attribuent un visage et des enseignements qui ne sont pas les siens.

L'Église, les Églises, de Rome ou de Constantinople, ont renoncé à essayer l'amour. Elles ont perdu l'esprit et les langues, dissipé leur inspiration et inventé une langue incompréhensible. Face à elles, les peuples n'ont eu le choix qu'entre la résignation, le fanatisme ou la soumission. Siècle après siècle, l'Institution s'est calcifiée. Les communautés qui constituaient "le peuple de Dieu", sont devenues des sociétés rigides. On a pu y dénoncer et tuer, au nom de Dieu, ceux qui contestaient l'État, (siège du pouvoir). On a pu y rejeter, comme impie, celui qui osait penser par lui-même, hors de l'Université, l'Alma Mater (le lieu du savoir). On a pu y rechercher ce qui interdit de voir en l'autre un frère, la richesse, (quelle que soit la matière de l'avoir).


Toutes les religions sont des appropriations indues de la vérité.

Dieu, s'il est, est patient. Il n'appartient à personne. Il n'habite aucune église, mosquée, temple, pagode ou synagogue. Pas davantage les lieux, parlements, châteaux ou banques d'où l'on prétend dominer la planète. Sûrement pas les avions, chars et bombes qui peuvent, aujourd'hui, éliminer, de la surface du Globe, l'humanité, par tranches ou, en une seule fois, tout entière...

La verticalité des pouvoirs, l'universalité des savoirs, la mondialisation des avoirs, nous ont fait entrer en de nouveaux temps historiques. Les hiérarchies empruntées à un Dieu imaginé par les Grands sont contestées par l'horizontalité planétaire. Nous sommes ramenés aux questions religieuses fondamentales : pourquoi vivons-nous ? Comment vivre ensemble ? Avons-nous un autre objectif que celui de disparaitre dans la mort ? Les réponses politiques, scientifiques, économiques sont insuffisantes. Les structures que nous nous sommes données, pour vivre en société, sont devenues, lentement, obsolètes.

Et si l'on essayait l'amour...


http://blogsimages.skynet.be/images_v2/000/000/000/20090228/dyn005_original_458_478_jpeg__a7e4e34f488118d38ae6e53fcf4922a4.jpg
Transformer des pierres en pain, se jeter du sommet du Temple, s'incliner devant le Diable.
Les trois tentations du pouvoir sont là : dominer, faire des miracles et s'enrichir.
Autrement dit obtenir, au nom de Dieu, : "le règne, la puissance et la gloire".



mardi 6 avril 2010

Droit de vote et d'éligibilité des résidents étrangers

Un béton législatif interdit, depuis des décennies, l'évidence même : là où je vis durablement, je vote ! Ce rejet de la citoyenneté de "celui-qui-n'est-pas-français" a quelque chose d'indigne et de révoltant. À Éragny le vote par le Conseil municipal, en 2002, d'un texte appelant au respect de tous nos habitants étrangers vivant avec nous, et donc en droit de voter, doit être renouvelé !




Communiqué commun :
Droit de vote et d'éligibilité des résidents étrangers aux élections locales : une nouvelle occasion manquée !
L'Assemblée nationale se prononçait mardi 30 mars sur une proposition de loi constitutionnelle sur le « droit de vote et d'éligibilité aux élections municipales des étrangers non ressortissants de l'Union européenne résidant en France », déposée par les députés membres du Groupe socialiste, radical et citoyen (SRC).
Cette proposition de loi, mise au vote mardi après-midi, a été repoussée par 313 députés UMP (212 pour et 2 abstentions) qui ont ainsi rejeté l'idée de demander aux Français de se prononcer sur cette question par référendum, comme le proposait le texte du groupe SRC.
La droite parlementaire a ainsi ignoré l'évolution de l'opinion des citoyens sur cette question quand tous les sondages, depuis de nombreuses années,indiquent qu'ils sont favorables au droit de vote des résidents étrangers.
C'est une fois de plus se priver d'un droit et symbole fort pour les étrangers et leurs enfants français qui vivent depuis longtemps en France.
C'est enfin refuser de franchir un nouveau pas vers un suffrage réellement universel, vers une citoyenneté attachée à la résidence, et pas seulement à la nationalité.
En effet c'est la quatrième fois, depuis la proposition de loi déposée par les députés Verts en 2000, que députés ou sénateurs sont saisis d'une telle proposition qui n'aboutit pas.
Faudra-t-il, en France, comme pour le droit de vote des femmes, attendre quatre-vingt seize ans et 19 examens par la représentation nationale pour mettre fin à la mise à l'écart de tous ces résidents concernant la vie deleur cité, et en finir avec le sentiment d'injustice ressenti dans la population qui aspire à l'égalité de tous les citoyens de ce pays ?
La France est ainsi, une fois de plus, distancée sur le plan des droits de l'Homme et du citoyen par ses partenaires les plus proches, notamment au sein de l'Union européenne.
Pour sa part le Collectif national « Votation citoyenne » va désormais s'attacher à consulter les citoyens de ce pays (français et résidents étrangers) par l'organisation, fin 2010, en concertation avec les municipalités, de référendums locaux pour le droit de vote et d'éligibilité des résidents étrangers aux élections locales.
Le Collectif « Votation citoyenne », dont l'Acer, l'Acort, l'AMF,la LDH, le Mrap, l'Unsa... et de nombreuses autres organisations.

Autres signataires : les Amoureux au ban public, le Cran et France terre d'asile.

Paris, le 1er avril 2010


dimanche 4 avril 2010

L'idée même du péché conduit au crime !

C'est jour de Pâques. Voici l'occasion de dire ma foi en un amour qui ne soit pas celui des catéchismes.

Le concept de péché est dangereux. Non seulement il n'évite pas la faute et l'erreur mais il les crée. Pourquoi, au sein de la plupart des religions, a-t-on pu affirmer que le mal est au cœur de l'homme ? N'était-ce pas une façon d'affirmer que le mal, en nous, ne peut être totalement combattu ! Tôt ou tard, il sort de l'homme puisqu'il y habite !

La pomme est-elle ce boulet que tout bébé, enchaîné, traine derrière lui ?

Dans le combat, la lutte, l'affrontement -quel mot choisir ?- entre le mal et l'amour, dire que le péché est originel, c'est-à-dire présent en chacun de nous dès la naissance, (et peut-être même avant !), c'est s'avouer, d'avance, vaincu. À en juger par les dimensions de l'horreur qu'ont permise ou créée, au sein des sociétés, les idéologies totalitaires, depuis des siècles, et notamment au cours du vingtième, ces a priori relatifs à la criminalité innée, qui justifient la répression des "pêcheurs", ont pesé lourd dans les politiques d'extermination des dictateurs.

On n'a jamais essayé l'amour ! J'entends par là que, si devaient être, d'un coup, abandonnées les armées, les polices et les prisons, il n'est pas sûr que plus de meurtres et de crimes seraient commis sur Terre ! Croire qu'il n'y aura jamais de société sans violence d'État, c'est renoncer à toute culture de paix. La Justice n'a-t-elle pas plus coupé de têtes, de poings et brûlé de corps que n'auraient pu le faire tous les assassins rassemblés ? Les guerres n'ont-elles pas causé plus de désastres humains qu'elle n'en ont prévenus ?
http://www.france-pittoresque.com/traditions/76.htm

Je sais bien que s'exprimer ainsi fait entrer dans la famille des mal pensants... Je n'y suis pas seul, et des esprits, auprès desquels ma pauvre pensée n'est qu'un souffle, ont, eux aussi, estimé que "la vie ne vaut d'être vécue sans amour", sans utopie créatrice, sans "self government," sans illusions positives, sans le courage d'affronter ceux qui imposent leurs propres vérités, lesquelles ne sont pas plus solides ni certaines que les nôtres.

L'épouvantable et ô combien éclairante tragédie qui s'abat sur l'Église catholique, actuellement, devrait ouvrir les yeux de tous ceux qui pensent que les bonnes et mauvaises conduites ont comme source l'individu ! Un homme isolé n'a pas d'existence humaine. Nous ne sommes pas dans l'erreur par nature, mais par culture. Nous sommes co-responsables de l'histoire humaine. Le jugement dernier ne triera pas entre les mauvais et les bons, mais entre l'échec et la réussite des civilisations. La pédophilie n'est pas un péché dont chaque violeur est coupable, c'est un crime dont la source se trouve dans une incompréhension de la sexualité humaine. Si le premier organe sexuel de l'homme c'est son cerveau, c'est dans une fausse conception du rapport sexué entre les êtres humains qu'il faut chercher la cause des abominations auxquelles se sont livrés des adultes instruits mais, en fait, inéduqués !


Le péché originel est, le plus souvent, décrit comme un péché de chair !

Ce n'est pas un hasard si des prêtres, un peu partout sur Terre, se sont révélés coupables d'attentats contre des enfants ! Ce n'est pas non plus un hasard si, à présent, cela se sait, cela se dit, cela se dénonce et cela conduit à des condamnations publiques. L'omerta est brisée. Notons que le même processus a conduit, depuis quelques décennies, à la mise à jour des comportements odieux de parents ayant violenté, vendu, et donc détruit leurs propres enfants ! Barbe-Bleue, Gilles de Montmorency-Laval, plus connu sous le nom de Gilles de Rais, compagnon d'arme de Jeanne d'Arc, était un soldat réputé, admiré, jusqu'à ce que l'ampleur de ses crimes de violeur et tueur d'enfants ait pris des dimensions telles qu'il ne soit plus possible de cacher sa monstruosité. Rien, hélas, de bien nouveau dans la société humaine, si ce n'est que ce qui était caché par des institutions, religieuses ou non, ne peut plus l'être.

Et nous devons, ici, revenir au péché ! Le Robert le définit comme "l'acte conscient par lequel on contrevient aux lois religieuses, aux volontés divines". Lourde et malheureuse définition. Qui est inconscient ne commettrait pas le mal, mais qui d'entre nous est totalement conscient ? De quelles lois religieuses, en outre, s'agit-il, et de quelle religion ? Qui peut prétendre connaître les volontés divines ? Tuer au nom de Dieu, par exemple, est-il un acte religieux qui ne serait pas péché ? La transgression de la loi, la désobéissance devient, ici, le péché même, et ailleurs, l'affirmation d'une morale supérieure ! Le temps est venu d'échapper à une conception pernicieuse du mal qui finit par pervertir celui-là même qui s'en réclame et l'enseigne.


Malédiction sur l'humanité ? Eh bien, non !

Abolir le péché ne nous fera pas en finir avec le mal ! Tout au contraire, ce sera le début d'une recherche où nous serons solidaires dans la quête d'une vérité difficile à gérer et admettre : nous sommes tous innocents et coupables, ensemble. Quand l'arbre est malade, il ne suffit pas d'en couper les branches mortes ! C'est toute la plante qu'il faut sauver ou... supprimer ! L'espèce humaine est-elle parvenue au terme de ce qu'elle peut supporter d'elle-même ?

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Enracinons-nous dans la seule "catholicité" qui vaille, celle de l'universel a-religieux.


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