mercredi 11 août 2010

Urgence et compromis

Le compromis demande du temps.
L'urgence exige l'immédiat.



Le compromis est le contraire de l'abandon. C'est la recherche méthodique, patiente, exigeante d'un accord provisoire, d'un point d'équilibre, d'une reconnaissance des accords et désaccords existant entre deux thèses divergentes. C'est le refus du renoncement et l'acceptation de l'adversaire auquel on ne fait aucune concession mais qu'on respecte. C'est une attitude politique s'il en est, mais tout à fait incompatible avec la politique qui se pratique où l'on cherche à tromper, dominer ou réduire l'autre. Le plus célèbre des praticiens politiques du compromis fut, bien sûr, Gandhi.

L'urgence est le contraire de la précipitation. C'est ce que la lucidité fait découvrir : l'actualité d'un danger ou la nécessité d'une action. En politique tout est souvent présenté comme urgent, pour hâter la prise de décision, bien qu'il faille du temps pour satisfaire les plus urgentes des urgences !

Le compromis répète-t-on sans cesse, avec raison, n'est pas une compromission. L'urgence n'est pas dans la hâte mais dans la gravité !

Le compromis s'allie à l'urgence quand on veut obtenir des résultats durables. On ne fait, disait un pédagogue, pousser les fleurs en tirant dessus. Avant d'être un colosse, le chêne est une plantule. L'action humaine s'effectue à un rythme : trop rapide, elle s'effondre ou produit des effets désastreux; trop lente, elle disparait sans laisser de traces. Le bon tempo est déterminant et la gestion écologique du temps est devenue primordiale, ce que ne peuvent appréhender les acteurs qui sont enfermés dans des durées fixes, telles que celles des mandats des élus.

Changer le rythme de l'action publique constitue un enjeu difficile, redoutable et indispensable désormais. C'est au jour le jour qu'on modifie une situation dont on constatera les effets d'ici vingt ans ! Quand nos ancêtres faisaient pousser des arbres pour réaliser des mats de bateaux, non seulement ils attendaient la pousse, mais ils renouvelaient les plantations et, même, ils noyaient les fûts des arbres coupés pour les préparer au travail du charpentier ! Sans considérer l'utilité d'un retour en arrière, il est des enseignements à tirer de la sage lenteur. Paul Virilio, depuis longtemps, analyse les dangers, pour la civilisation, des sociétés dominées par la vitesse.

Hâte toi lentement et tu réussiras mieux que celui qui se jette dans l'action avec le souci de réaliser un profit prochain. L'accélération de nos sociétés techniciennes, devenues technologiques, nuit au monde entier et les avertissements des philosophes, depuis Jacques Ellul jusque André Gorz, parmi bien d'autres, n'y ont rien changé.

Nous sommes dans l'urgence et la multiplication de drames gigantesques, cet été, (notamment en Russie, Pakistan, Chine, Inde, Europe de l'est...) qu'il s'agisse d'incendies, d'inondations ou d'effondrements des sols nous fournit un terrible enseignement : il faut prévoir des dizaines d'années à l'avance les risques auxquels il faut faire face, et s'y préparer, pour les atténuer, voire pour les empêcher.

Le compromis entre les hommes, mais aussi le compromis avec la nature, est l'axe de toute politique intelligente, visant les moyen et long termes. Il ne faudra pas moins qu'une révolution intellectuelle pour en convenir et en tirer les leçons pratiques. Qui ne voit, à la lecture de l'information quotidienne, toute l'urgence de cette pratique du compromis ?


dimanche 8 août 2010

Intransigeance et radicalité

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Il est des penseurs qui confondent leurs certitudes et la vérité.

Pire : il est des philosophes qui pensent juste et interdisent aux autres de chercher la vérité.

Nul n'a jamais raison à 100% et qui approche du vrai peut, par son intransigeance, perdre, d'un seul coup, sa crédibilité.

Celui qui sait est modeste et ne doute pas que se loge, dans ce qu'il affirme, des erreurs qu'il ne voit pas lui-même.

Je crains ceux qui savent et plus encore ceux qui disent que les autres se trompent.

Je ne pense nullement que toutes les opinions se valent pourvu qu'elles soient sincères.

Je ne crois pas davantage qu'il faille taire ses différends.

C'est de l'esprit de la quête de vérité que je voudrais savoir témoigner. Dire à un interlocuteur : "je ne pense pas comme toi" et lui dire "tu te trompes" n'a pas du tout le même sens !

En esprit, dans le premier cas, on oppose une pensée à une autre. Dans le second, on s'oppose à celui dont on ne partage pas les convictions.

Il faut laisser, entre deux thèses, une marge de doute, fut-elle infime, afin de permettre la continuité du dialogue.

Je suis de ceux qui se rebellent quand j'entends dire, fut-ce par mon meilleur ami, qu'il faut choisir entre une assertion et une autre ! Ne suis-je donc pas apte à faire, moi-même, la part entre ce qui est compatible et ce qui ne l'est pas ?

La radicalité commande que l'on ne fasse pas de faux compromis. L'intransigeance exige de se rallier, sauf à passer pour un ignorant ou un lâche.

Je m'élève contre l'intransigeance parce que nous avons besoin de radicalité.

La radicalité va chercher la vérité à la racine, profond, lentement, et sans oublier les mille radicelles que sont toutes les nuances qui nourrissent le tronc de la proposition centrale.

L'intransigeance est voisine de l'intolérance et de l'inquisitoire.

Je veux pouvoir débattre avec celui dont je conteste l'avis sans qu'il puisse jamais voir en moi un ennemi ni même un adversaire ! L'ennemi est celui qui veut ma fin, physique ou intellectuelle. L'adversaire est celui qui s'oppose à moi autant qu'à ce que je dis.

Il suffit qu'on sache que je ne suis sensible qu'à ce qui me convainc, y compris à ce qui me convainc qu'il est des zones faibles dans mes certitudes.

J'ai rencontré, il y a peu, cette redoutable opposition entre celui qui s'exprime avec force et solidité et celui qui résiste à une approbation totale et immédiate.

C'est d'autant plus douloureux que l'on risque de passer pour un mou parce qu'on ne se laisse pas gagner entièrement par une argumentation dont on a approuvé l'essentiel !

Je m'exprimerai sur ce qui me conduit à cette mise au point intellectuelle, mais il m'apparait qu'il ne faut pas se laisser dominer par l'exemple. La question est générale : la nuance n'infirme pas mais conforte la radicalité. La confusion avec la rigidité de pensée est dramatique ! La radicalité est fermeté mais pas dureté. Elle est une clarification progressive et pas un acquiescement simple face aux meilleurs arguments assénés.

À cela je tiens, y compris si, ce disant, je me retrouve écarté de nombre de controverses. Sans souplesse, l'intelligence est toujours lésée.

samedi 24 juillet 2010

Y voir clair, enfin...

On nous a fait le coup de la transparence, depuis des années.

Le mot fait partie des "éléments de langage", autrement dit des mots-outils pour tromper l'opinion, c'est-à-dire le peuple.

Il est difficile pourtant de se camoufler derrière les mots très longtemps.

La transparence permet de voir à travers. Encore faut-il qu'il y ait de la lumière !

Voir à travers quoi? Et même s'il y a de la lumière... Une paroi transparente peut constituer un obstacle si dur qu'il soit impossible d'intervenir sur ce que l'on voit !

La transparence qui permet de voir, sous un bon éclairage, une réalité même accessible, n'offre pas encore la garantie que l'on n'est pas trompé ! Sous un certain angle de vue, on peut ne voir qu'une face d'un objet et pas ce qui se cache derrière. Encore faut-il que l'on ait le désir et la possibilité de contourner ce que l'on nous montre.

La politique est devenue l'art de rendre "transparent" ce qui ne l'est pas du tout. Donner toute l'information juste aux citoyens pour qu'ils puissent exercer leur pouvoir de jugement ne convient pas à ceux qui ne veulent en aucun cas partager ce pouvoir !

On dit de quelqu'un qu'il est transparent quand il est insaisissable, intouchable. L'homme invisible est tout-puissant, et pas seulemnt dans les bandes dessinées.

Fuyons la transparence et préférons lui la vérité toute nue, sans vitre de séparation...

mercredi 21 juillet 2010

Les Roms : ces pelés, ces galeux d'où nous vient tout le mal !

Il y a des soirs où les faits parlent d'eux-mêmes. Même les médias "modérés" constatent l'outrance d'un gouvernement aux abois.

Sarkozy et les Roms : "c’est sidérant"

Par Europe1.fr avec David Doukhan et Walid Berrissoul

Publié le 21 Juillet 2010

http://www.rue89.com/files/20080918roms.jpg

En annonçant une réunion sur cette communauté, il s’est attiré les foudres d’associations.

Cette annonce a choqué les associations et l'opposition. Mardi, lors du Conseil des ministres, Nicolas Sarkozy a indiqué qu’il convoquerait le 28 juillet une réunion sur "les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms". Le chef de l’Etat réagissait là aux événements de Saint-Aignan (Loir-et-Cher), où la gendarmerie a été attaquée et des voitures brûlées, après la mort d'un jeune de la communauté du voyage, tué dans la nuit de vendredi à samedi par un gendarme après avoir forcé un contrôle.

Les réactions outrées n’ont pas tardé, d’abord parmi les premiers concernés. "La France va mal, votre président va mal. Il cherche à détourner l'opinion publique vers des cibles faciles", a déclaré Saimir Mile, porte-parole de la Voix des Roms. "Nous nous préparons à en prendre plein la gueule comme ça a toujours été le cas pendant les crises politiques mais cette fois-ci, encore un peu plus. La situation est très grave. Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a été condamné pour injures raciales et il est toujours au gouvernement", a-t-il également déploré.
"La France ne veut pas des Roms"

La réunion de mercredi prochain aura également pour objet de décider "des expulsions de tous les campements en situation irrégulière", selon un communiqué de l'Elysée. Pour Coralie Guillot, de l'association Parada France, qui travaille avec les Roms de Seine-Saint-Denis, "ce n'est pas la peine qu'ils se réunissent car c'est déjà décidé: on n'a jamais vu autant d'évacuations en Ile-de-France que depuis deux ou trois mois".

La Ligue des droits de l’Homme est sur la même ligne. "C'est sidérant : on est dans la désignation de boucs émissaires après des faits divers", a estimé Malik Salemkour, chargé de la question au sein de la LDH. "Il ne faut pas faire une réunion pour stigmatiser une ethnie" car "ça donne l'impression que tous les gens du voyage et tous les Roms sont des criminels et des délinquants". Pour lui, la "réponse sécuritaire" proposée par Nicolas Sarkozy est "inadaptée" car "en réalité, la France ne veut pas des Roms".

"On n’est pas dans une idée de recherche de solution mais dans l’idée de stigmatiser un public déjà en difficultés et qui subit des discriminions depuis des siècles", a regretté Dominique Steinberger, représentant des gens du voyage auprès du Conseil de l'Europe. Il a rappelé sur Europe 1 qu'il y avait une grande différence entre les gens du voyage français et les Roms originaires de pays de l'Est : "deux problématiques complètement différentes qui demandent des réponses différentes".

Au PS, le député Jean-Jacques Urvoas dénonce lui aussi la "recherche de boucs émissaires". "Le président de la République devrait être un rassembleur, il n'est pas là pour désigner", a-t-il expliqué à Europe 1.
Déjà en 2002

Avant même que le feu prenne, Luc Chatel avait - en vain - tenté d’éteindre l’incendie. "Il ne cherche pas à stigmatiser une communauté mais il cherche à répondre à une problématique. On a beau être Rom, gens du voyage, parfois même Français au sein de cette communauté, eh bien on doit respecter les lois de la République", a lâché le porte-parole du gouvernement.

Ce n'est pas la première fois que Nicolas Sarkozy s'en prend à la communauté des gens du voyage. Le 10 juillet 2002, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, il s’était interrogé devant la commission des lois de l’Assemblée nationale : "Comment se fait-il que l’on voit dans certains de ces campements tant de si belles voitures, alors qu’il y a si peu de gens qui travaillent ?". Il avait ensuite promis de régler le problème. Huit ans plus tard, son annonce sonne comme un aveu d’échec.



Expulsion par Gabi Jimenez

lundi 12 juillet 2010

Heureux 11 juillet 2010

Fin du foot. Ouf !
J'ai fait comme des centaines de millions de téléspectateurs, j'ai regardé la finale.
On ne peut dire que le jeu fut attractif. L'enjeu a dépassé le jeu.
Les Néerlandais ont été brutaux. Déplaisant !
Les Espagnols ont été plus agréables à voir évoluer. Ils ont gagné.
Détresse au Nord de l'Europe, fiesta au Sud... Le cirque, quoi.
Cela n'a pas changé depuis les Romains : on déplace l'énergie du peuple vers des objets mythiques.


Les ballons au vestiaire, SVP

Fin du surhomme.
Enfin !
Armstrong a perdu le Tour de France.
Il a chuté. Trois fois. Son calvaire commence.
Enfin une occasion d'exprimer de la sympathie à cet athlète.
On ne va parler que de ses... 39 ans !
Les médias vont dévisser l'idole.
Pour un peu, on découvrirait qu'il se droguait.


Armstrong n'est plus strong. Il en devient humain.

Fin du monopole de le droite à Rambouillet.
Bon à prendre et à apprendre !
Une écologiste remporte une élection législative.
Puisse-t-elle rester une femme simple, active, convaincue et décidée.
Elle s'est engagée pour le réaménagement du temps scolaire.
Elle s'est opposée à la réalisation de nouvelles autoroutes en Ile de France.
Elle se nomme Anny Poursinoff.


Madame 51,7%

Fin du mensonge : Nicolas Sarkozy va parler ce soir..., 12 juillet.
Pourquoi riez-vous ?
Ce retour aux mauvaises nouvelles peut avoir son bon côté.
À vouloir défendre l'indéfendable..., on s'enfonce.
Le brio n'est jamais longtemps brillant.


La retraite est en marche

vendredi 9 juillet 2010

Ce monde dont je ne suis plus

Non, ce message n'est pas posthume. Je n'ai pas déserté le monde des vivants.

Je veux quitter le monde des apparences qui brille tant et tant qu'il fait écran à la réalité.

Je ne puis continuer à vivre dans l'univers des dupes. La démocratie n'est pas démocratique. La gauche n'est pas à gauche. La transparence est illusoire. Les partis sont des chapelles. Les discours sont des habillages. Le pouvoir n'appartient qu'aux riches. La politique est une guerre. Les élections sont des choix sans choix. La violence est permanente. Le machisme reste triomphant. Les questions essentielles sont éludées. L'économie est affaire de banquiers. Les misérables sont écartés de tout. Les enfants sont dressés pour n'être que des compétiteurs. Les décideurs se recrutent parmi les plus favorisés. Ces élites apprennent à dominer les majorités. Et, ainsi, siècle après siècle, auront duré l'injustice et la haine...



On pourrait, longuement, étendre la liste de ces constats amers.

Face à cela, faut-il se résigner, se suicider ou se révolter? Aucun de ces choix ne serait efficace. Il faut prendre le risque de tenter de vivre libre. Je me retire de ce qui me fabrique dépendant. Je le peux, disposant de quoi manger, dormir et me vêtir. Alors, pour moi-même, et plus encore pour ceux qui sont prisonniers du Système, j'essaie de sortir de cet univers indigne qui est un contre-monde. Je prends définitivement le parti des "sans", de tous ceux qui ont même droit humain que quiconque mais qui sont privés de ce que leur confisquent sciemment les nantis.

Ce monde dont je ne suis plus et qui, de toute façon s'autodétruit, est un monde de violence et d'impuissance. Violence faite à autrui pour vivre de son exploitation. Impuissance à faire face aux malheurs et aux périls qu'engendrent ceux qui usent de leur pouvoir de prédateur sans rien changer aux déséquilibres finalement meurtriers où stagne une humanité déshumanisée.

Je veux m'écarter de ce qui aura troublé mon cerveau et observer, sans crainte, puisque j'arrive en la vieillesse, ces rapports de force qui n'ont jamais rien résolu. La guerre, sourde ou aiguë, est l'outil des États mais ne produit que des bouleversements dont se paie toujours, lourdement, le prix. On commence à comprendre pourquoi Hitler fut la création des vainqueurs de la Guerre 1914-1918. On commence à comprendre pourquoi la Bombe atomique de Hiroshima a sali l'humanité à jamais. On commence à comprendre que l'histoire a changé de sens après Auschwitz. On commence à comprendre que le nationalisme n'a pas de patrie et engendre des haines inexpiables pour mille ans. On commence à comprendre que le colonialisme fut un esclavage dont les effets perdurent. Sans le recul de l'histoire on persiste dans l'erreur qui produisit le crime.

Je veux entrer, au risque du ridicule, dans une approche du vrai réel, celui qui détermine l'avenir de l'espèce humaine. Je veux que l'écologie, le rapport de l'humain à ce dans quoi il baigne, ne soit plus une affaire de petits marquis mais l'affaire de tout un chacun. Je veux pouvoir être naïf et projeter de l'espoir autour de moi.



Ce qu'il me reste à vivre je veux le porter avec cette force qui vient de ce qu'on a pensé possible un autre monde (*). Seul l'homme imagine un dépassement. Je veux abandonner le mieux pour ambitionner le meilleur. Je préfère l'échec de l'espoir à l'échec des réalismes plats. Rendre possible l'impossible est un objectif que seuls des hommes savent exprimer. Et tout ce qu'un homme peut dire pourra, pour le meilleur ou le pire, avoir lieu. Au-delà de toute utopie, il y a une certitude : la vie ne répète pas. Le rêve peut trouver chair. Tout le reste est un monde sans poésie qui ne peut que mourir. Et il meurt sous nos yeux...

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De Roger-Paul Droit, le 7 juillet 2010 :

Nous sommes en train de changer de monde. Sans l’avoir voulu, sans le comprendre encore clairement. Sans le penser encore à la hauteur qui convient. Il ne s’agit pas seulement, on s’en doute, du réchauffement climatique, mais aussi de la fin des ressources énergétiques, des modifications de la biodiversité, de l’interdépendance entre les activités humaines et les équilibres du globe. Sans oublier les multiples mutations de nos comportements, de nos gestes quotidiens aussi bien que de nos horizons politiques. Ce « monde émergent » soulève donc quantité de questions économiques, sociales, politiques, que des problématiques philosophiques nouvelles doivent aborder.

(*) « Le Monde émergent (tome 1) », sous la direction d’Yves Charles Zarka : pour une philosophie de l’écologie


lundi 5 juillet 2010

La contradiction des contradictions

Le constat est brutal et ne date pas de ce siècle : ceux qui parlent sans cesse de Jésus-Christ, qui le louent et le chantent, ne vivent guère de sa parole.

Non que ces chrétiens, catholiques, protestants ou orthodoxes soient moins bons que les autres hommes, mais ils ne prennent au sérieux que les formes et pas le fond, ils croient par prêtres interposés, et l'exigence de l'Évangile : ni pouvoir, ni richesse, ni violence est trop lourde à porter.


Les trois tentations

Penser, affirmer et vivre cette utopie suprême, apparaît insensé, dangereux et donc insupportable. Pour beaucoup, cela mérite la mort. Prêcher l'anarchie, la pauvreté et la douceur est hors du temps, hors du champ social, bref hors de la réalité.

"Mon royaume n'est pas de ce monde" ne veut pas dire le Royaume de Dieu n'est pas sur la Terre. Il veut dire ceci : il est un autre monde possible où ne règnent pas les puissants et les riches, mais l'amour. Inutile de l'aller chercher dans les nuages ou au-delà des étoiles, il est ici-bas, dans notre quotidien, mais hors de "ce" monde qui s'est construit sur la domination.

La folie du Christ est dans son affrontement radical du Prince et du Prêtre par la non-violence au risque de la mort subie.

Cette contradiction absolue entre une humanité qui recherche sans cesse son épanouissement dans la grandeur, la compétition et la force, d'une part, et l'humanité qui aspire au partage, à la lenteur et à la tendresse, d'autre part, est au cœur de l'apport chrétien mais n'est plus prise en considération.

L'échec des civilisations successives aurait pu réanimer ce message de paix qui permettait de dire : osons l'amour, pas l'empathie, pas l'élan du cœur ou du corps, non, mais l'égalité sans restriction, car tout homme en vaut un autre. Le refus définitif de disposer de plus de biens qu'autrui, de plus d'accès au savoir qu'un autre, de plus de droit à la décision que mon voisin, est révolutionnaire par simple inversion des valeurs. C'est, au cœur des sociétés, une affirmation d'un possible, partout et toujours contesté.

La fraternité avec quiconque qui, Terrien comme moi m'est infiniment proche, peut fonder une Cité de prochains. Saint Augustin l'appelait la Cité de Dieu parce que, décidément, les hommes semblaient incapables de cet amour-là, mais c'est la Cité des Hommes qui peut-être divine pas la cité imaginaire. À vouloir mettre Dieu partout, on en exclut jusqu'à l'hypothèse. Le Dieu dont parlent les hommes est haïssable. Jésus a nié la religion de ce Dieu de puissance qui fait à son gré le bonheur ou le malheur des nouveaux nés, siècle après siècle.

Alors, oui, notre Royaume n'est pas de ce monde", encore... Tout s'y oppose. mais s'il reste quelque chose de la bonne parole, c'est bien ceci : nous ne sommes pas condamnés d'avance au triomphe de l'or, de l'épée et du sceptre. Oser l'impossible c'est rendre possible l'utopie des utopies, la contradiction des contradictions, la défaite de la mort.

lundi 28 juin 2010

Impermanence et tempérance

"Sans transformation que peut-il se produire? Peux-tu prendre un bain chaud, si le bois ne subit aucune transformation? Peux-tu te nourrir, si les aliments ne subissent aucune transformation? Ne vois-tu donc pas que ta propre transformation est un fait pareillement nécessaire à la nature universelle? "Ainsi s'expriment les tenants de l'impermanence, autrement dit ceux qui pensent que la seule certitude fixe est que tout bouge. Ce qui est permanent, c'est l'impermanence. Cela conduit loin.

La tempérance s'appuie sur cette modestie. Le véritable réalisme, c'est l'acceptation de la mutation permanente qui s'opère en nous et autour de nous. Tempérance ne fait pas que rimer avec tolérance. La tolérance est une écoute; ce n'est pas l'acceptation indifférenciée de toute proposition. Ce qui est tempéré n'est pas tiède mais relatif. Accepter la relativité n'est pas rejeter la radicalité. L'outrance tue la radicalité, la désamorce, la ruine. Pour les Grecs (Platon et Aristote notamment), la tempérance (ou modération, autre terme pour traduire le grec sophrosune) est une vertu essentielle, qui vise à contrer un vice qui hantait les Grecs : la démesure (ou hubris).

La Tempérance, représentation du gisant de François II de Bretagne

La recherche de l'équilibre en lequel on se tient pour ne pas chuter oblige à la marche. Il en est ainsi de l'homme debout qui se déplace. Il en est ainsi, également, de la pensée qui cherche le chemin et non l'arrivée. La difficulté que rencontre la politique, c'est la quête d'une stabilité, d'un ordre, d'un statut, d'une loi lesquels seront sous peu -quelques décennies au plus - obsolètes. Si l'alternative politique signifiait remplacement d'une certitude par une nouvelle, ce serait, à tout coup, l'entrée dans une impasse.

Dans l'une de ses pièces de théatre, Jean-Paul Sartre, décrit comment le révolutionnaire chasse le tyran avant de le remplacer au pouvoir et devenir... tyran. Il démontre comment L'engrenage broie y compris la pensée juste, pour conduire vers l'inverse celui qui confond la fin et les moyens et s'imagine que l'accès aux moyens permet de réaliser ses objectifs !

La spirale engloutit ou élève...

L'anarchie si elle devait devenir compatible avec la tempérance et l'impermanence permettrait d'en finir avec cet enfermement dans les logiques d'alternance ou d'alternative, quand elles ne sont que changements de personnels. La tâche serait insurmontable si l'on ne savait que l'impermanence est en marche et que la tempérance s'exerce dans des actes.

Il n'y a pas lieu de craindre l'avenir parce que le choix n'est plus entre ce dont on est lassé et ce qu'on a prédéfini, au moyen d'un programme ou d'un projet. L'homme ou la femme politique s'éloigne de la politique politicienne quand il cesse de raisonner en termes de prise de pouvoir et, (comme le disait François Mitterrand, sans l'avoir jamais voulu, ni rendu possible) pour s'exprimer en termes de remises de pouvoirs.

Le renouvellement de la démocratie passe par cette éthique de la responsabilité qui interdit, à jamais, tout pouvoir personnel. Utopie, naïveté, crédulité, candeur ? Mieux valent les ingénuités qui autorisent l'espoir plutôt que les fausses certitudes qui enferment dans des permanences, des conservatismes, des démesures, des avidités dont souffre l'immense majorité des hommes



dimanche 27 juin 2010

Il y a précaution et précaution


Dans l'essai Politique de Cassandre, Jean-Christophe Mathias met ainsi en évidence que « la responsabilité politique ne consiste à intervenir ni en aval de la catastrophe comme nous y oblige le développement techno-scientifique, ni en amont de la catastrophe et en aval des causes de cette catastrophe comme nous y incite le principe de précaution, mais en amont des causes de la catastrophe. » (1)

Pour Dominique Lecourt, le principe de précaution s’inscrit dans le contexte plus général des discours apocalyptiques de gauche et de droite qui philosophent à bon compte sur les menaces qui pèseraient sur l’existence même de l’espèce humaine et en tirent des conclusions immobilistes. De là, le soupçon qu’on fait « de principe » peser sur les chercheurs, et, accessoirement, sur les industriels. De là, surtout la tentation de traduire cette philosophie en règles juridiques ou para-juridiques (2). Il a raison, sauf que son discours peut conduire aussi à des "conclusions immobilistes"...

La réalité me semble plus cynique : d'un côté, l'on a peur de faire, de changer (avant même de savoir quelle est l'ampleur des risques), de l'autre, on a peur de se voir interdit (au nom de risques réels, ou pas) de faire ce qui fournit profit. Le discernement est alors absent. Là où Hans Jonas vise à rétablir l'usage du bon esprit critique, c'est quand il nous conjure de mieux cerner la réalité et l'étendue des risques qu'encourt l'humanité tout entière. Si précaution il faut prendre, c'est pour limiter (on ne l'interdira pas) le risque de mise à mort de notre espèce.

Qu'il y ait désaccord sur la gravité voire l'existence du risque total relève du travail de l'esprit, et dépend donc des connaissances scientifiques réunies ainsi que de notre volonté de vivre, nous et nos successeurs.

Le Catastrophisme éclairé (3) de Jean-Pierre Dupuy se comprend ainsi : il y a pire que le risque de la catastrophe, c'est la "croyance" en l'impossibilité d'une catastrophe. Le risque est moins grave que la négation du risque. La précaution ne porte pas sur la suppression du risque mais sur le choix des mesures opposables à la réalité du risque. Il y a précaution et précaution.

L'inscription du principe de précaution dans la Constitution est la meilleure et la pire des choses. La meilleure ? L'activité humaine libre ne peut pas tout se permettre. La pire ? La banalisation de la précaution la rend inutile ou ridicule. Un texte qui ne s'impose pas dans les faits et les esprits se meurt. La Charte de l'Environnement depuis 2005 dans le préambule de la Constitution n'a pas encore la force d'une ardente obligation. Elle ne sert à rien. À moins que... la prise de conscience de ce qui attend les hommes ne revivifie la volonté de prendre, comme précaution, l'abandon de ce qui est cause majeure de risques supérieurs à tous ceux que l'histoire nous a révélés, jusqu'ici..

Le mythe de Cassandre a été mal compris ! Pas étonnant : il gêne ceux qui croient que l'avenir ne peut qu'être bon. Cassandre, hélas, avait raison... La faire mentir ne consiste pas à nier ce qu'elle dit mais à rendre impossible ce qu'elle annonce !

(1) - Jean-Christophe Mathias, Politique de Cassandre - Manifeste républicain pour une écologie radicale, Sang de la Terre (La pensée écologique), 2009
(2) - D. Lecourt, « Le nucléaire et le principe de précaution », Fondation Res Publica, le 24 janvier 2006, Maison de la Chimie (Paris). http://www.fondation-res-publica.org/Le-nucleaire-est-il-une-question-de-societe-Heuristique-de-la-peur_a117.html
(3) - Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé - Quand l'impossible est certain, Seuil (La couleur des idées), 2002

http://point-fort.com/images/livres/cassandre%20et%20guerre%20de%20troie.jpg
"Quand Cassandre affirmera avoir eu une vision de l'avenir, personne ne la croira."
Elle assiste aux préparatifs de la guerre de Troie et ne cesse pendant la guerre d'annoncer la ruine de Troie et de conseiller la paix.
On se moque d'elle. Elle s'oppose sans succès à l'entrée du cheval dans la ville.

samedi 26 juin 2010

Du principe de précaution au principe responsabilité

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Le principe responsabilité n'est pas le principe de responsabilité. Nuance ! Hans Jonas invite l'humanité à se saisir de la responsabilité comme paradigme. L'irresponsabilité tue. La cécité des peuples qui se pensent à part, sur terre, conduit à la violence.

La responsabilité est l'utopie des utopies parce qu'elle prend en considération des compromis tolérés par les peuples depuis des siècles pour les dénoncer. Au nombre de ces compromis mortels, il y a le slogan : "c'est le progrès !" qui fait s'incliner devant toute nouveauté quel qu'en soit le contenu.

Le Principe responsabilité (en allemand Das Prinzip Verantwortung) est l'ouvrage le plus connu de Hans Jonas (1979).

Dans ce livre, Hans Jonas part de la question « pourquoi l'humanité doit exister ». L'existence de l'humanité dont l'impératif semble aller de soi, n'est plus du tout un fait assuré de nos jours. Au contraire, par son énorme pouvoir qu'il a avant tout grâce à la technique moderne, l'homme a désormais les capacités de s'autodétruire en peu de temps — c'est pourquoi il y a ici une nouvelle question qui doit entrer dans le domaine des considérations éthiques.

Hans Jonas fonde l'impératif que l'homme doit exister, vu qu'il a, comme tout être vivant, une valeur absolue qui lui est inhérente et qu'il s'agit par conséquent de protéger quoi qu'il en coûte.

Dans la pratique, cela signifie que doit être interdite toute technologie qui comporte le risque — aussi improbable qu'il soit — de détruire l'humanité ou la valeur particulière en l'homme qui fait qu'il doit exister. Hans Jonas désigne cet impératif par la formule in dubio pro malo. Cela veut dire que s'il y a plusieurs effets possibles à une technologie, il faut décider comme si le plus mauvais allait s'accomplir : c'est le fameux principe de précaution.

C'est pour cette prescription que Hans Jonas a souvent été accusé d'être hostile à la technique et à son progrès. Il a cependant refusé ce reproche (1).

Selon Bernard Sève (2); le concept de responsabilité s'exprime sous forme d'un impératif catégorique, dont Jonas donne quatre formulations.

• « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre » ;

• « Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future d'une telle vie.

• « Ne compromet pas les conditions de la survie indéfinie de l’humanité sur terre ».

• « Inclus dans ton choix actuel l’intégrité future de l’homme comme objet secondaire de ton vouloir ».

Si la menace qui pèse sur l’humanité provient de l’agir humain lui-même, alors l’homme est conduit à ré-interroger sa propre présupposition, c’est-à-dire à placer « le commandement que l’homme doit être » avant la question concernant ce qu’il devrait ou pourrait être.

Pour conclure, très provisoirement, convenons que le principe de précaution n'est pas la suppression du risque -ce qui est non seulement impossible mais imbécile- mais le renoncement à ce qui génère des risques inutiles. Le choix du risque redevient alors politique. Les risques liés à l'exploitation de l'énergie nucléaire font, par exemple, partie ou non (selon moi, oui) de ce que recouvre le principe de précaution.

Mais le principe responsabilité éclaire le débat : l'homme se doit de refuser toute action qui lui nuise irréversiblement dit, en quelque sorte Hans Jonas. Depuis qu'il y a des hommes sur Terre jamais encore ils n'avaient eu la capacité de s'autodétruire. Depuis le XXe siècle, c'est possible et cela change toute la philosophie, toute la politique, toute l'économie. L'écosophie est née : la sagesse, c'est de ne pas compromettre les conditions de la survie indéfinie de l’humanité sur Terre. Telle est la responsabilité ultime des hommes.

http://louis.chatel.free.fr/images_blogs/shadok1.jpg

1 -Voir. http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Principe_responsabilit%C3%A9

2 - Voir. http://lyc-sevres.ac-versailles.fr/p_jonas_pub.eth.resp.php

vendredi 25 juin 2010

Tempérance, sobriété et décroissance.

Un utile numéro de la revue Sciences humaines fournit les sources de documentation permettant d'aborder sous tous les angles, les concepts servant à travailler l'écologie et la décroissance. J'observe qu'on y souligne que l'objection de croissance peut être préférée à la décroissance.

Couverture Grands Dossiers N° 19
http://www.scienceshumaines.com/les-pensees-vertes_fr_378.

Jean-Claude Vitran me fait observer que la réflexion sur la tempérance est au cœur d'une revisite de la décroissance. De la tempérance, dans la « Summa Theologiae - Question 2, Articulum 2 », Thomas d'Aquin écrit : « Tempérance implique modération, qui consiste principalement dans la modération des passions qui tendent vers les biens des sens - à savoir la concupiscence et les plaisirs, régulant indirectement la tristesse et les peines dérivant de l’absence de ces plaisirs ». La personne qui se modère ainsi est par conséquent celle qui s’oblige à résister à l’attraction des passions et des plaisirs, en particulier d’ordre sensuel, quand ils deviennent excessifs. »

La tempérance est, avec la prudence, le courage et la justice, l’une des quatre vertus cardinales, dans la philosophie réaliste comme chez le philosophe grec Platon. Thomas d'Aquin reprendra cette classification en fondant toute sa morale du bonheur sur ces vertus cardinales. Il y ajoutera les vertus théologales (qui sont la foi, l’espérance et la charité) et les dons de l'Esprit Saint qui, selon lui, forment toute la structure anthropologique de la personne « mise debout », dans sa nature et par la grâce. (Voir Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Temp%C3%A9rance).


Dans les Tarots anciens, Tempérance est représentée par une jeune fille versant l’eau d’un récipient dans un autre contenant du vin.

La tempérance semble se rapporter à ce qui est hors de l’Homme (nourriture, boisson, etc.) Cette maîtrise met en valeur le corps. Possède la vertu de tempérance celui qui sait se maîtriser, celui qui ne permet pas à ses passions de l’emporter sur la raison, sur la volonté et aussi sur le cœur. Cette vertu est appelée aussi sobriété.

La vie sobre ou la vie simple, qui n'est pas la vie austère et souffrante, va à l'encontre de la vie "libre" qui, loin de libérer, aliène et qui surtout incite à une prise de pouvoir sur la liberté d'autrui. J'ouvre ici une analyse qui demande un travail intellectuel. Que ceux qui me lisent s'y associent : je pense qu'il s'agit d'une ouverture indispensable à ceux qui veulent exercer à plein leurs responsabilités citoyennes. Et, pour cela, peut-être faut-il commencer par l'approche du livre d'Hans Jonas : Le principe responsabilité.

Hans Jonas - Le principe responsabilité. Une éthique pour la  civilisation technologique

http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Hans_Jonas--Le_principe_responsabilite_par_Laurent_Giroux

lundi 21 juin 2010

Pour la décroissance des dépenses militaires

Halte aux dépenses militaires,

sauvons les retraites, l’éducation, la santé…



Communiqué du MAN (Mouvement pour une Alternative Non-violente)


Au moment où le gouvernement envisage des coupes sombres dans l'éducation, la petite enfance, les retraites, la santé..., il est particulièrement indigne que la France augmente son budget militaire. Tout montre que les solutions militaires n’apportent aucune résolution durable aux conflits et qu’au contraire elles les enveniment. Si les armes garantissaient la sécurité, il y a longtemps que les guerres auraient disparu !



À force de mettre au point des armes toujours plus sophistiquées, les hommes ont rendu leur existence sur terre plus dangereuse et plus précaire. C’est particulièrement vrai de l’arme nucléaire dont la modernisation coûte des fortunes, notamment en France. Exigeons des partis politiques des engagements pour faire diminuer les dépenses militaires de notre pays, promouvoir la résolution non-violente des conflits et investir dans l’éducation, la santé…, au lieu d’y supprimer des postes !


Internationale des résistants à la guerre


Dépenses militaires records en 2009

Les dépenses militaires mondiales n’ont pas connu l’effet de la crise. Selon le rapport publié par l’Institut international de recherche sur la paix (Sipri), elles ont atteint en 2009 un record de 1531 milliards de dollars, soit une augmentation de 5,9% par rapport à 2008. Plus de la moitié des dépenses, 661 milliards, revient aux États-Unis. La France arrive en troisième position avec 63,9 milliards investis dans le secteur militaire, ce qui représente une augmentation de 6,9 % en 2009 par rapport à 2008.



« À force de vivre œil pour œil, le monde finira aveugle » (Gandhi)


www.nonviolence.fr

jeudi 10 juin 2010

La mutation est une révolution silencieuse

La France, l'Europe, ne sont pas en « crise » !

Une crise est la phase aiguë d'une maladie d'un corps humain (ou social).

Une crise est un accident, ce n'est pas un changement.

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Ce qu'on veut faire passer pour une crise est une mutation.

Une mutation est une transformation.

Une mutation est une évolution irréversible.


La confusion générale actuelle a pour cause une contradiction.

On ne veut pas changer ce qui est en train de changer.

On annonce des changements qui n'en sont pas.


Les réformes, par exemple, sont des maintiens en l'état.

Le maintien d'un système qui prend l'eau.

Le maintien des privilèges quitte à briser brutalement des avantages acquis.


Le système social français n'est ni à détruire ni à maintenir.

Il est à repenser dans une nouvelle logique.

Une logique de solidarité universelle.


Le système économique occidental, lui, est malade, effectivement en crise.

Il subit « un changement subit et généralement décisif, en bien ou en mal » (Le Robert).

Il est bien en crise parce qu'il ne peut effectuer aucune mutation.


Ce ne sont donc pas les pays qui sont en crise mais le Système.

Ceux qui le font fonctionner ne peuvent le réformer.

Ils ne peuvent davantage en changer.


Alors on multiplie les explications aussi brillantes que creuses.

On effectue de nombreuses analyses assez vite contredites par les faits.

On s'évertue à convaincre qu'il n'y a rien à faire.


Il n'y aurait rien à faire d'autre que d'accepter des purges.

Rigueur, austérité, récession ne sont plus des mots tabous.

Il faudrait souffrir pour que les causes du mal restent... intouchées.


Aussi ne parle-t-on plus d'exigences écologiques.

On a compris qu'elles accompagnent et favorisent la mutation.

Elles font effectuer des sacrifices refusés par les privilégiés.


Les crispations puis les effondrements boursiers ne sont que des signes.

Les productions ne suivent plus les demandes suscitées.

Les ressources manquent pour produire plus.


Toute information nouvelle est déformée ou masquée.

Un trader, qui n'est que l'agent d'une banque, peut-il agir par de lui-même ?

Une pollution pétrolière géante n'est-elle pas plus qu'accidentelle mais criminelle ?


La pêche industrielle du thon rouge ne va-t-elle pas au-delà du renouvellement de l'espèce ?

L'abandon d'Haïti a été et ne reste-t-il pas la cause de l'immensité des effets du séisme ?

Le maintien du blocus de Gaza n'est-il pas une mise à mort économique ?


On peut allonger la liste de ces exemples du maintien féroce de l'injustice.

L'Afrique du sud misérable devient le temple provisoire d'un football sacralisé.

L'incitation au jeu, qui ruine les faibles, prend la forme d'entreprises informatiques.


On veut faire payer aux plus exploités le prix des erreurs de gestion des États.

On prétend qu'ont vécu au dessus de leurs moyens des foules poussées à consommer !

On cherche surtout à ne pas partager équitablement les efforts demandés.


L'Europe cesse alors, brutalement, d'être une espérance.

Elle devient un centre actif de généralisation de l'économie libérale.

Elle additionne les contradictions entre les intérêts des puissances locales.


La Grèce aura été la première à révéler le laxisme des plus riches.

L'Espagne, le bon élève de l'Europe hier, sombre dans l'échec du tout-immobilier.

La Grande Bretagne s'est livrée à la City et enfonce maintenant les humbles dans le malheur.


La Hongrie, où réapparaît la xénophobie, dit sa déception, après son entrée dans l'Union.

Les Pays-Bas cherchent aussi des boucs émissaires pour expliquer leur recul.

L'Italie se vautre dans un populisme indécent indigne d'elle.


L'Allemagne a peur de voir ressurgir son passé et veut conserver sa domination économique.

Quant à la France, elle ne sait où aller ailleurs que vers la satisfaction des riches.

Oui, l'Europe perd plus que sa monnaie ! Elle ne sait plus quel est son être politique.


Les citoyens européens, face à cet affaissement, ou subiront ou réagiront.

L'impuissance est actuellement le sentiment dominant et la résignation s'ensuit.

Les résultat électoraux l'attestent : l'Europe donne le pouvoir à ceux qui en disposent.


La mutation va donc s'opérer autrement que par des voies « démocratiques ».

Ou plutôt la démocratie va passer par d'autres voies que les voies électorales.

Les changements vont s'opérer silencieusement et douloureusement.


Entre « la vie simple » et « la vie terne » le choix sera vite fait.

Les moyens de consommer ce que la publicité offre vont reculer.

Il va falloir créer de quoi vivre mieux et la jeunesse saura le faire.


L'aliénation des esprits que les médias ont installé va se dissiper.

Il y faudra du temps mais la lucidité va faire émerger du neuf.

Il ne s'agit pas là d'optimisme mais des effets probales de réactions de survie.


L'écosophie, cette sagesse des rapports entre vivants, est donc à notre portée.

La décroissance, qui n'est encore qu'un mot-critique de la croissance, va prendre sens.

Désobéir n'est même plus nécessaire car c'est l'ensemble du projet social qui est récusé.


Cela portait jadis un nom : la révolution, mais ce qui vient est plus subtil.

Le retournement des perpectives n'est pas une idée mais une nécessité nouvelles.

La vie se cherche ailleurs que dans les mornes eaux où stagnent des pouvoirs dévalués.


L'alternance n'a aucun sens : elle revient toujours à ce qu'elle a dénoncé.

Le changement politique exige bien plus qu'un changement d'hommes.

L'alternative manque de contenu : reste à lui en donner un...


jeudi 27 mai 2010

Tchernobyl, 24 ans après...

Tchernobyl, aujourd'hui, n'est pas ce qu'on en dit.

L'émission présentée, fin mai 2010, sur Arte, bouscule bien des idées reçues. On peut vivre à Tchernobyl ! Les animaux s'y multiplient. Ils ne sont pas monstrueux. Ce qui ne signifie pas que les hommes puissent revenir s'installer à proximité de la centrale.Afficher l'image en taille réelle

Il est difficile de comprendre que le choix n'est pas entre la vie ou la mort dans un site irradié. Pourtant, à Tchernobyl, la vie et la mort sont aux prises. La nature reprend ses droits. 24 ans après l'explosion, au milieu des ruines d'une ville entière abandonnée, Pripyat, on observe des sangliers, des loups, des élans, des cervidés, des lynx, des renards.

Comme les barrières délimitant la zone « rouge » interdite se sont effondrées et n'ont pas été remplacées, les animaux circulent. Des chevaux sauvages se sont installés. Bref La zone de Tchernobyl est un laboratoire à ciel ouvert où des chercheurs courageux et compétents font des découvertes surprenantes.

Pourquoi les souris sont-elles totalement indemnes et pullulent ? Pourquoi, au contraire, la durée de vie des hirondelles est-elle très abrégée? Tout se passe comme si la nature réagissait à l'irradiation, s'adaptait, quitte à payer au prix fort cette transformation qui voit un espace urbain vidé de sa population humaine se repeupler d'espèces que les hommes avaient chassées (tuées ou expulsées)...

Il faut accueillir avec modestie, angoisse et espoir ces observations qui révèlent que, si lourde soit l'agression humaine sur l'environnement, les blessures infligées à la nature se cicatrisent mais autrement que nous pouvions l'imaginer. Les plantes et les animaux ne comptent pas les morts. Elles remplacent les individus qui ne peuvent survivre mais les nouveaux venus disposent de moyens géAfficher l'image en taille réellenétiques de résistance ignorés des hommes.

À Tchernobyl se côtoient les horreurs et les merveilles. Ce qu'observent les scientifiques qui pénètrent sur le terrain et y travaillent est terrifiant en même temps que rassurant. Les dégâts ont été bien pires mais autres que ce qu'on nous en a dit. La réaction de la nature est plus rapide et plus inattendue que ce qui avait été prévu. L'homme est dépassé par ses entreprises mais la planète dépasse elle-même ces entreprises funestes.

Le drame du golfe du Mexique sera à analyser de la même manière d'ici... 25 ans ! Après le désastre et la mort des espèces, une vie différente et prodigieuse s'emparera des espaces saccagés.

Notre ignorance est à la mesure de notre savoir : immense !

vendredi 14 mai 2010

Peur, rumeur et rigueur : le retour des Shadoks


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L'angoisse monte. On veut pourtant être heureux. On fait la fête. Apéros géants...! On s'enivre à en mourir ! On joue. On va créer des entreprises pour pomper l'argent des citoyens en pleine addiction, au foot, au cheval et autre divertissement... On détourne l'attention. Le sport est le spectacle mondialisé, l'opium du peuple. On maintient des apparences d'opulence. Mais nous vivons au bord de la ruine généralisée.

La menace invisible du volcan pèse sur nos esprits plus que sur nos vies... Des cendres s'étalent jusqu'en Afrique. Le Maroc ferme des aéroports ! On met en cause le principe de précaution ! Si on ne peut plus faire prendre des risques pour gagner de l'argent, c'est la fin du capitalisme ! Eh oui, cela se rapproche...

Après la Chine, en Russie, on meurt au fond des mines de charbon. Des sauveteurs ont voulu aller chercher leurs copains. Ils sont morts aussi. Ils n'avaient qu'à ne pas prendre de risques ! Sauf que risquer par solidarité et risquer par avidité, ce n'est pas le même risque.

La plus géante et funeste pollution par le pétrole va atteindre la Louisiane. Après les inondations de la Nouvelle-Orléans, voici, de nouveau, la catastrophe écologique déployée. Qu'on ne vienne plus accuser les écologistes de catastrophisme : elle est bien là la catastrophe. L'entreprise BP est accusée. La fuite, nous dit-on, a commencé avant le drame qui a causé la mort de onze ouvriers. On avait continué à pomper. Le profit espéré sera épongé par le coût énorme de réparations qu'on n'arrive pas à effectuer. Peu importe. On récupérera plus tard l'argent perdu. Car on va continuer, dans le golfe du Mexique à détruire le milieu marin et le delta du Mississipi, pour puiser l'or noir, jusqu'à la dernière goutte...



De quelque côté qu'on regarde le monde, à nos pieds ou au-delà des frontières, nous vivons dans une peur qu'entretiennent les discours sur l'insécurité. Dans les écoles, les quartiers populaires (qu'on dit sensibles, sensibles sans doute à la privation d'avenir ?), les usines qu'on ferme, les exploitations agricoles qui se ruinent, l'agressivité dresse les citoyens les uns contre les autres. La guerre sans fin, en Afghanistan, qui s'étend au Pakistan, les tensions au Moyen Orient qui gangrènent depuis des décennies les relations entre Israël et ses voisins, la haine de l'Occident, partout palpable et pas seulement en Iran, nous révèlent la fragilité d'une domination blanche qui court à sa perte.

Et voilà qu'au sein de l'Europe se déclenchent les mécanismes de la panique. L'économie de la croissance est en panne. L'enrichissement ne s'effectue plus au rythme qui permettait d'aborder l'avenir avec l'espoir du progrès indéfini. Pour sauver le Système, on taille dans la chair des milieux populaires. On nous avait habitués à travailler plus pour gagner plus, en fait consommer plus. C'est raté ! Pourtant, nous sommes drogués, incapables de réduire sans détruire, paralysés par des habitudes de surproduction, conscients des risques écologiques majeurs mais spectateurs de notre propre impuissance.

Ce sont des gouvernements "socialistes" qui sont contraints d'infliger des purges à leurs peuples ! En Grèce, en Espagne, au Portugal (comme, -mais avant, on n'a pas voulu le voir-, en Estonie, en Hongrie, en Roumanie...) on appauvrit la masse des pauvres pour sauver les revenus des riches. En Grande Bretagne, il n'y a plus de Labour. Les Conservateurs qui n'ont plus rien à conserver, vont chercher vainement, à sauver leurs intérêts. En Italie, le clown Berlusconi se meurt et, dans l'attente de la prochaine rigueur à la napolitaine, maffieuse et cruelle, il s'occupe de payer une rente indécente à son épouse divorcée. En Allemagne, l'illusion du pays préservé s'achève et la Chancelière perd les élections donc toute majorité mais pas le pouvoir de ne rien pouvoir faire.

En France, le gouvernement aussi perd des élections, mais s'en moque : il faut tenir jusqu'à l'explosion sociale afin de convaincre, en 2012, que ce sera "moi ou le chaos". Retour à la case départ gaullienne, en tout petit... Nul ne sait et ne peut savoir où aller. On en est à espérer en... DSK, le patron du FMI ! Le pompier pyromane, ou tel autre socialiste capitaliste, pour éteindre le feu qui dévore l'Europe. Risible et dramatique !

Car le débat économique et politique ne fait que commencer et il va traverser ce qui reste de gauche ! Qu'entend-on, dans les syndicats, les partis traditionnels quand ils critiquent le pouvoir en place ? Sans production pas de croissance. Sans croissance, pas d'emplois. Sans emplois pas de revenus. Sans revenus pas de consommation. Sans consommation pas de production. (La boucle est bouclée!). Relevez les salaires pour sauver l'économie par la relance de la production ! C'est un peu court et surtout parfaitement compatible avec le Système.

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Électeurs-citoyens choisissez entre la peste et le choléra : sauver les entreprises en réduisant encore les charges salariales ou bien sauver les entreprises en relançant la production donc les salaires. Deux discours en forme de fausse évidence! Nul ne songe à diminuer les profits, réduire la production, répartir l'effort, mieux partager la fiscalité, satisfaire d'abord les besoins, éliminer les gâchis... Cela parait non seulement ringard mais désormais impossible donc impensable.

Nous allons donc plonger dans le malheur et la contradiction jusqu'à ce que l'événement commande et la réalité s'impose. Ce n'est pas pour dans très longtemps.

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