dimanche 5 juin 2011

La religion et la mort

La question ne concerne pas, ici, l'au-delà !
Il s'agit de savoir si le sacré tue ou si, plutôt, l'idée que se font les hommes du sacré tue !

On est passé un peu vite, dans la France catholique, sur les horreurs de la Saint Barthélémy.



Dans Charly 9, Jean Teulé délaisse le roi Soleil et ses amours adultérines pour s'intéresser au cinquième des dix enfants d'Henri II (1519-1559) et de Catherine de Médicis (1519-1589), Charles IX (1550-1574) qui succéda à son frère François II, en 1560. L'auteur se focalise sur la période allant du drame du 23 août 1572, l'hécatombe de la Saint-Barthélémy, à la mort du jeune roi au château de Vincennes, le 30 mai 1574. Il ne s'agit donc de démêler l'écheveau des évènements qui ont conduit à l'assassinat de 200 nobles protestants venus assister au mariage de s
a sœur Marguerite et du futur Henri IV, mais d'imaginer les conséquences de sa décision, les massacres qui ont suivi, les complots fomentés contre le roi et sa longue descente dans l'enfer de la folie. Charles IX est-il un souverain fanatique ou un roi fragile, manipulé par sa mère et mal conseillé par ses proches ? On sait que sa santé décline peu et à peu et il succombe une pleurésie, moins de deux ans après le drame. Cette mort prématurée fait-elle suite à un empoissonnement, dont Marie de Médicis serait l'instigatrice ? Le roi a-t-il plutôt succombé aux tortures de sa conscience ?




Les exclus des infidèles de Carcassonne

On n'en était pas à la première tuerie. Au début de juillet 1209, des croisés quittent Lyon, en direction du sud. La première grande cité à s'ériger devant eux est Béziers. «Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens.» Partout dans la ville règnent alors tueries et massacres. Des milliers de personnes périssent. Après quelques heures, la riche ville de Béziers n'est plus qu'une ville pillée, ruinée et jonchée de cadavres. Inspirés par une telle victoire, les croisés poursuivront la lutte dans tout le Languedoc.

Il est impossible d'affirmer qu'Arnaud Amaury, légat du Pape, a bel et bien prononcé cette parole devenue célèbre. Elle traduit bien, par contre, l'état d'esprit de ces croisés qui combattirent l'hérésie cathare. Ainsi, pour les grands seigneurs du nord, il était convenu de passer par l'épée tous ceux qui leur résisteraient. Arnaud Amaury, de son côté, sut également se montrer digne d'une telle déclaration lorsqu'il écrivit au pape Innocent III: «Les nôtres, n'épargnant ni le sang, ni le sexe, ni l'âge, ont fait périr par l'épée environ 20 000 personnes et, après un énorme massacre des ennemis, toute la cité a été pillée et brûlée. La vengeance divine a fait merveille.»

Ne retournons pas les champs de l'histoire : ils sont peuplés de cadavres, ceux des Chrétiens qui assassinèrent des Chrétiens au nom de Dieu, au nom du Christ ! Aucune leçon d'humanité, donc, ne peut être donnée par les Églises qui ne condamneraient pas, au nom de l'Évangile, les crimes de toutes les croisades, internes ou externes à l'Europe. La "compréhension" et le relativisme historiques n'expliquent pas tout.


Les croisades vues par les arabes - Amin Maalouf

Il faut relire Les Croisades vues par les Arabes, le premier essai écrit par Amin Maalouf, publié pour la première fois en 1983 et traduit en plusieurs langues. Comme son nom l'indique, le livre raconte le point de vue des Arabes sur les Croisés et les croisades, entre 1096 et 1291. Il raconte les pillages et les massacres des Franjs. Quand, au XXIème siècle, les Arabes parlent des Occidentaux en assimilant leurs violences guerrières à des croisades, il faut se rappeler cette donnée médiévale, jamais effacée.



Ce n'est pas pour autant qu'il faut exonérer les Musulmans de leurs crimes !

L'actualité nous informe sur "une" situation qui se répète en mille autre lieux, en Asie et en Afrique, : celle de Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème, un blasphème de surcroît imaginaire mais lié au comportement d'une chrétienne. Que le Pakistan ne puisse rien pour s'opposer à de telles pratiques informe sur le caractère réel du fanatisme musulman, que ce soit en Afghanistan, au Pakistan, en Iran ou ailleurs.

Quand, au nom de Dieu, d'Allah ou du Prophète, on lapide, on pend, on sabre, on enferme dans des culs de basse fosse, on dresse le peuple contre des mal pensants, on s'écarte de tout sentiment religieux pour promouvoir un pouvoir politique appelé religion.

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/06/01/asia-bibi-chretienne-du-pakistan-condamnee-a-mort-pour-blaspheme_1530190_3216.html



Et que dire de l'attitude sectaire, brutale, inhumaine des extrémistes juifs ? La Shoah ne peut être évoquée pour tout pardonner quant des Juifs se replient sur leur terre, dite sacrée, et s'y imposent non seulement par la force mais par des affirmations pseudos-religieuses qui justifient toutes les actions militaires !



Alors, me dira-t-on, ce sont les religions "du Livre", monothéistes, qui sont porteuses de mort ? Pas si sûr ! En Asie, le bouddhisme a manifesté aussi son refus de l'autre par d'extrêmes violences.

Toutes les religions sont-elles, alors, porteuses de mort ? Oui et non. Non, parce qu'il est des agnostiques et des athées qui sont tout sauf tolérants et non-violents ! Non, parce qu'il est des hommes qui refusent de mélanger leur foi avec des processus de domination assassins. Oui, parce que le manque de culture, qui exclut tout pluralisme, peut engendrer des conflits très meurtriers. Oui et non, enfin, parce que, là où triomphe la violence, la religion qui alors tue, se tue elle-même.

La véritable interrogation religieuse ne commence qu'à partir du moment où un homme voit en tout autre être humain son égal et ne peut porter la main sur lui parce qu'il est, au sens strict, son frère en humanité. Cet état d'esprit, cosmopolite, qui fait de chacun de nous un citoyen du monde, ne concerne pas que ceux qui s'approchent d'une foi religieuse ! Ceux qui ont renoncé à donner une réponse aux questions métaphysiques ont une vie à vivre qui, comme celle d'autrui, peut exclure la violence.

Soit, l'affirmer va contre toute l'expérience historique de l'humanité. J'affirme, pourtant, que toute religion qui accepte ou qui, pire, favorise la violence, se vide de son sens et se trahit elle-même. J'ose même affirmer que là où règne la violence, il n'est plus de pensée religieuse, mais seulement des religions qui sont des instrumentalisations de pouvoirs politiques ravageurs auxquels la philosophie ne cessera de s'opposer tant qu'il y aura des hommes pensants.


jeudi 26 mai 2011

Sexe et pouvoir



Essayons d'oublier le sordide. Efforçons-nous de comprendre ce qui conduit des personnalités connues, des dirigeants d'États ou d'organismes internationaux, vers des "abus sexuels".

Je vois à ces comportements choquants, et tolérés en France autant et plus qu'ailleurs (au nom du respect de la vie privée !), au moins trois explications.

La première tient à ce que le pouvoir d'agir sur les événements se confond souvent avec le pouvoir d'agir sur les personnes. Le roi fornique et l'Église absout. Le roi est puissant et le prouve. Le roi est riche et ses bâtards abondent. La monarchie s'est déplacée : elle n'est plus de droit divin, mais elle est dans l'esprit de tous les chefs ayant pouvoir sans limites dans leur royaume d'influence, depuis la plus modeste des communes jusqu'au sommet de l'État. Rien ni personne ne peuvent résister au désir de celui qui règne.

La seconde accompagne la première, évidemment, et tient à l'impunité des maîtres. Non seulement le droit de cuissage fait partie des prérogatives des puissants, mais nul ne saurait se mêler des frasques des riches, (sauf quand l'édifice, où l'on profite de la situation, se lézarde du fait de la révélation d'excès dont l'opinion finit par se lasser). C'est une constante que les hommes en vue se croient hors de portée des juges même si, parfois, ils sont rattrapés par leur inconscience.

La troisième est liée à la complicité de tous ceux qui ramassent les miettes qui tombent de la table des nantis. Les petits marquis imitent les princes et, surtout, se gardent de dénoncer les fautes qu'ils observent. Les journalistes, eux, ne vont pas sombrer dans le ridicule en projetant la lumière sur des jeux que Sade a mieux décrit qu'eux. En outre, la règle non écrite, en France, est que les alcôves ont rideaux fermés et que l'on ne peut donc y décrire ce qui s'y passe même si violence et crapulerie s'y exercent.

On relèvera que, presque toujours, même s'il est des exceptions, la contrainte sexuelle est le fait des mâles. Si des femmes se servent de leur corps pour disposer de pouvoirs, elles n'exercent que rarement la force, ou la pression de leurs chantages, pour aboutir à leurs fins.



Le viol est bien chose commune. Forcer une femme s'effectue par la surprise et la brutalité, par la menace, la corruption chez les riches comme chez les pauvres. La culture occidentale est pénétrée d'hypocrisie. Le sexe est tabou sauf pour ceux qui sont hors de la société banale. Pour qui l'exerce, le pouvoir protège de tout, y compris, s'il le faut, des lois que l'on a fait voter. Le temps où des philosophes (Montesquieu notamment) rappelaient que politique et vertu sont indissociables serait-il, à jamais, dépassé ?

Vertu, étymologiquement est proche de virilité, virilité au sens de force d'âme autant que force du muscle ! La vertu politique n'est pas la chasteté ! C'est le respect de soi et des autres sans quoi le pouvoir se trouve corrompu. L'extension de ses comportements intimes à la sphère publique est insupportable, d'un point de vue éthique. Plus que la morale, l'éthique exige de voir, en l'autre, un autre soi-même à qui rien ne peut être imposé par la violence. Si entrer en politique libère de cette exigence, ne craignons pas alors de dire qu'il est sain que les citoyens s'éloignent d'une telle politique.



Dès que la (ou le) politique cesse d'être un service pour devenir un moyen de domination, elle (ou il) cesse d'être d'intérêt démocratique. La vertu politique n'est pas la vertu sexuelle, mais condamne celui qui échappe à la dignité à renoncer, sur le champ, à toute responsabilité politique.

mardi 24 mai 2011

La France machiste ou l'absolu de la honte.

L'indignité est devenue banale. On ne sait encore, aujourd'hui, si Dominique Strauss-Kahn est coupable d'un crime abominable, même si, sur lui, se sont accumulées des accusations et des éléments de preuve, convergents, que la justice américaine a pris très au sérieux. La présomption d'innocence est, à juste titre, mise en avant. La présumée victime est, elle, un peu moins bien soignée ! On en est déjà à rechercher, dans son passé guinéen, ce qui pourrait la rendre suspecte de contribution à une machination, à moins qu'on ne cherche comment payer son silence en satisfaisant les besoins matériels de sa famille vivant dans l'extrême pauvreté !

Je considère comme essentiel de contribuer à éviter que l'accusée devienne la coupable, ou ce qui n'est pas moins grave, qu'on puisse changer la nature de la défense en la faisant glisser, sans vergogne, de la non-culpabilité affichée à l'aveu d'une simple partouze à laquelle se serait librement prêtée la jeune employée de l'hôtel.

Je décide donc de donner à connaître, ci-dessous, deux initiatives qui combattent ces "compagnons de la honte" qui tolèrent, voire excusent, l'intolérable ? L'une est celle de féministes qui ont publié un Appel, et l'autre est celle de Claude Ribbe qui crée un Comité de soutien à Nafissatou Diallo.


SIGNEZ L'APPEL !


Sexisme : ils se lâchent, les femmes trinquent

Depuis une semaine, nous sommes abasourdies par le déferlement quotidien de propos misogynes tenus par des personnalités publiques, largement relayés sur nos écrans, postes de radios, lieux de travail comme sur les réseaux sociaux. Nous avons eu droit à un florilège de remarques sexistes, du « il n’y a pas mort d’homme » au « troussage de domestique » en passant par « c’est un tort d’aimer les femmes ? » ou les commentaires établissant un lien entre l’apparence physique des femmes, leur tenue vestimentaire et le comportement des hommes qu’elles croisent.

Nous sommes en colère, révoltées et révoltés, indignées et indignés.

Nous ne savons pas ce qui s’est passé à New York samedi dernier mais nous savons ce qui se passe en France depuis une semaine. Nous assistons à une fulgurante remontée à la surface de réflexes sexistes et réactionnaires, si prompts à surgir chez une partie des élites françaises.

Ces propos illustrent l’impunité qui règne dans notre pays quant à l’expression publique d’un sexisme décomplexé. Autant de tolérance ne serait acceptée dans nul autre cas de discrimination.

Ces propos tendent à minimiser la gravité du viol, tendent à en faire une situation aux frontières floues, plus ou moins acceptable, une sorte de dérapage. Ils envoient un message simple aux victimes présentes et futures : « ne portez pas plainte ». Nous le rappelons : le viol et la tentative de viol sont des crimes.

Ces propos prouvent à quel point la réalité des violences faites aux femmes est méconnue. De la part d’élites qui prétendent diriger notre société, c’est particulièrement inquiétant. 75 000 femmes sont violées chaque année dans notre pays, de toutes catégories sociales, de tous âges. Leur seul point commun est d’être des femmes. Le seul point commun des agresseurs, c’est d’être des hommes.

Enfin, ces propos font apparaître une confusion intolérable entre liberté sexuelle et violence faite aux femmes. Les actes violents, viol, tentative de viol, harcèlement sont la marque d’une volonté de domination des hommes sur le corps des femmes. Faire ce parallèle est dangereux et malhonnête : ils ouvrent la voie aux partisans d’un retour à l’ordre moral qui freine l’émancipation des femmes et des hommes.

Les personnalités publiques qui véhiculent des stéréotypes qu’on croyait d’un autre siècle insultent toutes les femmes ainsi que toutes celles et ceux qui tiennent à la dignité humaine et luttent au quotidien pour faire avancer l’égalité femmes – hommes.



Claude Ribbe

Comité de soutien à Nafissatou Diallo

Le Français Dominique Strauss-Kahn, président du Fonds monétaire international, riche, puissant, célèbre, boursouflé d’arrogance et de vanité, est accusé d’avoir violé une femme de chambre, une immigrée africaine musulmane sans histoires travaillant dur à New York.

Parce que l’ambitieux Dominique Strauss-Kahn - autoproclamé futur président de la République française - se dit de gauche, parce qu’il était le favori du parti socialiste français à l’élection de 2012, une partie de la classe dirigeante française, sous le choc, s’est empressée de nier les faits, révélant ainsi son racisme, son sexisme, son islamophobie et son mépris total pour les plus humbles.

Au nom de la présomption d’innocence, l’accusé est devenu victime et la victime présumée a été immédiatement désignée par les médiocres «élites», expertes en désinformation, qui occupent le terrain médiatique en France comme coupable d’avoir participé à un prétendu «complot». Le viol est devenu un «troussage de domestique».

Il a été minimisé parce qu’il n’y avait « pas mort d’homme ». On a plaint l’agresseur présumé pour sa «fragilité». Enfin, la mise en accusation du violeur présumé a même été présentée comme une «nouvelle affaire Dreyfus».

Les témoins de moralité de Dominique Strauss-Kahn sont les mêmes que ceux qui apportaient naguère leur soutien aux racistes Georges Frèche et Pascal Sevran. Pourtant Dominique Strauss-Kahn, que ses amis présentent comme un «séducteur», n’a certainement jamais séduit que des proies faciles.

Il est plutôt connu pour n’être qu’un obsédé sexuel notoire et avoir harcelé maintes et maintes femmes, y compris à Sarcelles, avec un certain goût pour la «diversité».

Cette attitude misérable, qui rappelle plus volontiers Pervers Pépère que Don Juan, donne une image déplorable de la France, dont Strauss-Kahn ambitionnait d’être le représentant suprême.

Pour exprimer ma condamnation du racisme, du sexisme et de l’islamophobie, pour montrer qu’au pays des droits de l’homme, il ne suffit pas d’être milliardaire et de se dire de gauche pour avoir toujours raison et être au-dessus des lois, pour protester contre l'impunité systématique dont bénéficient en France ceux qui s'en prennent à des Africains ou à des Afro-descendants, je rejoins le comité de soutien à Nafissatou Diallo, dite "Ophélia", victime présumée de Dominique Strauss-Kahn, accusé de viol et de séquestration.

http://www.claude-ribbe.com/dotclear/


dimanche 8 mai 2011

Opération Géronimo ou le triomphe de l'apache !

Geronimo, né le 16 juin 1829 et mort le 17 février 1909, appelé à sa naissance Go Khla Yeh (celui qui baille), était un guerrier apache qui a combattu le Mexique et les États-Unis.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Geronimo

Prendre comme nom de code Géronimo n'est pas du tout anodin. Certains penseront sans doute qu'il s'agit d'une véritable provocation. Pourquoi se référer à une des époques les plus sanglantes de l'histoire américaine ?

Le sang du génocide indien restera une tache indélébile sur la bannière étoilée. L'emploi de cette figure du passé serait-il un avertissement au monde entier ?

D'un côté, les adeptes de l'axe du bien aux côtés des Etats-Unis ; de l'autre, ceux refusant la suprématie étasunienne considérés comme des « ennemis de la liberté ». La question de cette sommation – subliminale ou intentionnelle ? – peut se poser. Surtout que pour abattre l'icône la plus médiatique de l'axe du mal, on exploite le symbole d'une communauté confinée dans des réserves. Réduite à néant.

Georges W. Bush, comme aujourd'hui Claude Guéant sur l'intervention en Libye, n'hésitait pas à évoquer la croisade contre le terrorisme. Peut-être pas le terme adéquat au pays des cow-boys. La planète est-elle devenue un Far West ? Et une partie de sa population envisagée comme de nouveaux Peaux-Rouges à mater ? Des Indiens avec pétrole ?

Qui a volé le crâne et deux os de Geronimo ?

D'après certains, dont Harlyn Geronimo, l'arrière petit-fils du chef indien qui réclame justice, la tombe de Geronimo aurait été profanée vers 1918. Un groupe nommé « Skull and bones » conserverait encore le crâne, deux os, et des effets ayant appartenu au grand chef indien. L'un des profanateurs serait Prescott Bush, grand-père de l'ex-président Georges W. Bush.

Géronimo (1829-1909)

Légende ou réalité autour de la sépulture de Geronimo ? Difficile de répondre avec certitude. Une histoire très confuse, comme celle d'un terroriste accusé de milliers de morts jeté dans les profondeurs de la mer… et de l'histoire mondiale.

http://www.rue89.com/mouloud-akkouche/2011/05/06/ben-laden-en-geronimo-le-monde-comme-le-far-west-202372

Pourquoi avoir donné le nom d’un héros indien, Geronimo, à u ne opération militaire contre Ben Laden ?

Qui est l'apache, l'ennemi du peuple américain ? Ben Laden ou ceux qui usent de l'arme Tomahwak ? Géronimo est-il le modèle militaire ou celui dans lequel Ben Laden, l'introuvable, se serait réincarné ? Ambiguïté !

Les citoyens des USA s'interrogent. Ils se tournent vers leur passé. Leurs ancêtres, qui ont procédé au génocide indien et n'ont pu venir à bout de Géronimo, leur ont-ils légué une histoire douloureuse dont le pays n'a su se débarrasser ? Non, les Américains n'en ont pas fini avec les Indiens...

L'histoire de l'humanité est, tout entière, revisitée dans et par cet épisode, l'exécution de Ben Laden, effectuée sans tenir compte du pays où l'acte se passe, quand la "justice" n'est pas faite, mais où c'est, bel et bien, la guerre qui est faite sans grand souci du droit. C'est, depuis toujours, le plus fort qui a le droit pour lui ! Voilà qui interpelle toute civilisation quand un homme cesse d'être traité en homme par qu'il est un ennemi "mortel".

Ben Laden, cessera, progressivement, hélas, d'être ce qu'il fut, un assassin armant le bras d'assassins, pour devenir le symbole de la lutte contre un occident qui meurtrit depuis des siècles des peuples entiers et entend toujours dominer toute la planète. La maladresse et le non-dit qui ont envahi le cerveau de ceux qui ont donné le nom de Géronimo à une opération de commando laisseront des traces.

Antoine Garapon se refuse à parler d’exécution extrajudiciaire, «qui est l’exécution arbitraire d’un opposant par une police politique». Il préfère évoquer un «acte de guerre qui pose un problème de souveraineté». Lourde, en effet, est la situation du Pakistan menacé d'irresponsabilité ou de complicité, mais la violation de la souveraineté de ce pays n'est pas la seule critique qui puisse être adressée aux USA ! "L'acte de guerre", dans les conditions actuellement connues, aura été l'élimination, sans état d'âme, d'un ennemi. Reste à prouver que l'ennemi n'était pas "récupérable", afin d'être jugé, mais le seul fait que nous ne le saurons jamais plaide pour une volonté politique de se débarrasser et de Ben Laden et de son image de gourou capable de tenir tête à la plus grande puissance du monde.




vendredi 6 mai 2011

Le développement durable : une inepsie pour un écologiste !



Avancer lentement, et sûrement, sans nuire, vers un objectif qu'on atteindra, tôt ou tard. Tel est le symbole de l'escargot pour les objecteurs de croissance.

Les objecteurs de croissance belges débattent et mettent les choses au point (extraits) :

Nous souhaitons attirer l'attention sur le caractère mensonger et irréaliste du « développement durable ». Il nous est reproché d’indexer le « concept » de développement durable sur celui de croissance. Permettez-nous de rappeler certains passages déterminants du rapport Brundtland de 1987 qui définit la notion de « développement durable » de manière très officielle. On peut lire, en son Chapitre 1, partie II « De nouvelles approches de l’environnement et du développement », la phrase suivante :

« … Le développement durable, c’est s’efforcer de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité de satisfaire ceux des générations futures. Il ne s’agit en aucun cas de mettre fin à la croissance économique, au contraire. Inhérente à cette notion est la conviction que nous ne pourrons jamais résoudre les problèmes de pauvreté et de sous-développement si nous n’entrons pas dans une nouvelle période de croissance dans le cadre de laquelle les pays en développement auront une large part et pourront en tirer de larges avantages.

La croissance économique s’accompagne toujours d’un danger pour l’environnement, puisqu’elle exerce des pressions sur les ressources. Mais les décideurs fidèles au principe du développement durable feront en sorte que les économies en développement respectent leurs bases écologiques et que ces dernières soient protégées, de manière à alimenter la croissance à longue échéance. … »

Nous tenions à souligner cet élément central de la définition officielle du « concept » de développement durable : dès son origine, le développement durable est lié à l’idéologie de la croissance économique infinie. L’usage des mots est important en politique. Il nous semble dès lors déterminant de ne pas faire dire à un « concept » ce qu’il ne signifie pas. Le développement durable est indissociable de la croissance économique, laquelle est incompatible avec la préservation de l’environnement comme le rappelle, après d’autres, Tim Jackson. Le développement durable est parfaitement compatible avec la destruction de la Terre, l’aliénation sociale et la misère humaine, la preuve la plus criante en étant que les politiques réelles et observables de développement durable ne s’opposent pas à cette triple dévastation qui est en cours.

Selon nous, il faut changer de paradigme, ce qui suppose également de reconnaître le caractère frauduleux du « développement durable » lequel, comme on peut l’observer aujourd’hui, prétend parfois remettre en cause l’hégémonie de l’économie de croissance alors qu’il en organise la relance selon le même rapport Bruntland. L’école de Palo Alto a distingué deux formes de changement des systèmes : le changement dit « de type I » qui consiste à opérer des ajustements internes sans changer la nature du système, le changement « de type II » qui vise à changer la nature même du système. Pour reprendre les termes de cette distinction, nous situons notre action dans le second type de changement, le seul selon nous qui permette d’envisager une stratégie apte à rencontrer les défis de notre temps.

http://www.objecteursdecroissance.be/spip.php?article193


lundi 2 mai 2011

Ben Laden révélateur de notre inhumanité

Ce 2 mai 2011, les médias se sont déchainés : le monstre, le diable, le Terroriste est mort. Un commando américain a eu sa peau. Il n'est plus. Une balle dans la tête a suffi, nous dit-on. On ne vérifiera pas : son corps, transporté sur un porte avion, a été mis à la mer.

C'est à qui se réjouira le plus ! Je pardonne à ceux dont un proche est mort à New-York ou ailleurs. Je comprends les sentiments de répulsion de ceux qui ont constaté l'horreur des attentats. Je ne m'explique pas le déferlement de propos bien pensants qui sont ceux des professionnels de la parole lesquels ne prennent aucun recul pour approuver une exécution.

Cette affaire pue le mensonge ! Ben Laden ne méritait aucune compassion, certes, mais il aura été traité, y compris après sa mort, comme une bête, avec indignité. Nous sommes obligés de "croire" ce qui nous est dit des conditions de sa mort, de la découverte de son repaire, de la connivence (ou non) des autorités pakistanaises, du transport de son corps, de la cérémonie ayant précédé l'immersion, des raisons de la non remise de la dépouille à la famille (j'ose l'évoquer, oui !), de l'absence de contact avec les autorités religieuses musulmanes, des morts qui ont entouré celle de Ben Laden lors de l'affrontement final, bref la vérité ne nous sera révélée que partiellement, selon les besoins de la propagande politique made in USA, relayée abondamment dans tout l'occident.

Nul ne se pose la question la plus simple, la plus fondée en humanité : comment faire pour que Ben Laden ne soit pas traité comme il a fait traiter tant de victimes des attentats qu'il a commandités. À son inhumanité, quelle humanité a-t-on opposée ? La violence a répondu à la violence, c'est un fait, mais joie, triomphe, victoire sont des mots inappropriés pour parler d'une opération où il s'est agi, comme l'a dit crument, François Fillon, "d'éliminer" l'ennemi public numéro un.

Les réjouissances autour de la mise à mort d'un assassin, exécuté avant même d'avoir pu être jugé, me révulsent parce qu'elles me plongent dans une réalité odieuse à laquelle rien ne me permet d'échapper : donc, "c'est ainsi que les hommes vivent", et tuer reste un acte banal ou nécessaire, comme depuis l'apparition de l'homme sur Terre. Ce constat que je voudrais ne pas avoir à faire me porte au bord du désespoir. Il n'y a ni pitié, ni logique, ni avenir dans ces millions de cris de plaisir proférés par ceux qui sont soulagés par la fin (croient-ils) de l'hydre de la Terreur.



Les bavardages abjects des journalistes chargés de nous inonder de commentaires dont ne pourra plus se débarrasser notre inconscient m'emplissent de honte et de colère. Pendant ce temps, le cadavre de Jean-Paul II est rentré dans sa crypte et ses zélateurs ont repris leur train. Pendant ce temps, une autre terreur, celle de Fukushima s'apaise mais toujours pas l'ardeur des foyers générateurs de radioactivité. Pendant ce temps, Khadafi porte encore la terreur autour et loin de lui ; il la subit aussi, jour après jour, ainsi que ses proches. Pendant ce temps, la soldatesque syrienne sème la terreur et massacre qui ne se soumet.

Le terrorisme est la chose du monde la mieux partagée. "Ça va", chantait Brel, au nom du diable... Et moi, qui persiste à penser que la non-violence active est seule à même de donner un peu de dignité à notre espèce, me voilà, de nouveau, à la recherche de ce qui rend l'homme humain, même en face d'un fanatique impitoyable...

Céder, se soumettre, s'incliner, devant la domination de l'inhumanité des États, comme des individus, serait mourir. Sans utopie, il n'est d'autre voie que le suicide. Je n'ai pas encore renoncé à vivre.

samedi 30 avril 2011

Béatitude

Le mariage princier d'un possible futur roi avec une belle anglaise et la béatification d'un pape populaire, décédé il y a quelques années, plongent les béats dans la béatitude.

Deux milliards de téléspectateurs, nous dit-on, se sont attardés à admirer les images d'un conte de fée, à peine moderne.



Le 1er mai 2011, ce ne sont pas des cortèges de travailleurs qu'on va parler mais des processions de prêtres et de croyants qui iront, après la cérémonie de béatification, s'incliner devant le cercueil d'un faiseur de miracle (la guérison d'une religieuse, atteinte de la maladie de Parkinson...).

Tout cela est plus que navrant. La monarchie et la religion, en l'occurrence, sont bien "l'opium du peuple".

Puissent ces jeunes gens s'aimer, se respecter et ne pas se tromper l'un l'autre, au grand dam des monarchistes et de la famille royale. On a déjà connu ça ! La mise en spectacle d'un grand mariage s'est souvent produite. L'amour est chose privée et le tendre baiser donné devant des foules de spectateurs ne prouve rien.

Laissons reposer ce pape à forte personnalité, sans ressortir ses reliques et sans inventer "le" miracle nécessaire à sa béatification.



Le premier ministre de la France ira participer à la cérémonie romaine. Je ne me reconnais guère dans ce dirigeant mettant en œuvre une politique désastreuse, mais je ne lui refuse pas d'être à la place qu'il occupe. Alors que va-t-il faire au nom de l'État, dans cette cérémonie religieuse ? Que les catholiques français se retrouvent pour honorer la mémoire d'un Pape, passe. Encore qu'on puisse être, selon moi, catholique sans sombrer dans ce culte de la personnalité. Béatification et canonisation sont parfaitement inutiles à la foi et plus encore les miracles ! Mais François Fillon ne saurait, en aucun cas, représenter, à Saint Pierre de Rome, l'État français, laïque, et donc tous les Français, quelles que soient leurs convictions !

Mais plus grave est, sans doute, l'aliénation de centaines de millions d'hommes qu'on manipule et qu'on décervelle en leur offrant, à la télé, des distractions impressionnantes, alors qu'ils ont des soucis et des souffrances à gérer autrement que par des consolations médiatiques !


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