La sarkomania risque de s'imposer.
Cette politique-spectacle plaît.
La surprésidentialisation est à l'œuvre.
C'est très exactement ce que j'exècre.
Ce néo-populisme est par essence antidémocratique.
Face à cela, qu'avait connu l'Italie avec Berlusconi, la gauche "centriste" se délite.
La gauche "blairiste" se révêle être bien ce qu'elle est: néolibérale.
La gauche "républicaine" explose en autant de chapelles que de doctrines.
Si ce qui arrive ne m'a que peu surpris, s'agissant de la droitisation de la gauche, (extrêmes inclus), la rapidité de l'action de mise à nu, ou à plat, de ses adversaires par le feu follet Sarko a, tout de même, de quoi étonner.
On ne sait que penser! Qu'est-ce qui prime, l'énergie de ce Président à tout faire ou le vide sidéral de ce parti socialiste qui ne sait plus ce qu'il est? Quelle est la cause principale de l'ouverture de ce champ de ruines que désertent, jour après jour, des personnalités politiques médiatiques, au PS et ailleurs à gauche? Est-ce l'audace du démolisseur ou la fragilité de ce grand parti d'élus désormais sans profondes racines populaires qu'il faut placer au premier rang des causes de cette dévastation?
La rupture annoncée était une fracture voulue et opérée sans anaesthésie! Toute l'opposition va en souffrir. Le PS en premier lieu parce qu'il était le plus en vue, mais chacune des composantes de cette ex-gauche plurielle va s'en trouver brisée.
Pendant ce temps, la France s'adapte, se laisse éblouir, résiste mal à ce tsunami politique que nul n'avait vu arriver. Sarkozi par-ci, Sarkozi par-là, le furet saigne ses opposants et règne en maître de moins en moins contesté! En moins d'un trimestre, il s'est emparé de toutes les commandes, et le Parlement, qu'on croyait pourvu d'une forte minorité de députés capables de mettre un frein à la domination de l'omniscient, omnopotent, omniprésent Président, se trouve réduit au rôle de grand théatre où des intermittents du spectacle politique peuvent briller mais dans les rôles qui leur sont assignés par le Grand Metteur en Scène... Il va d'ailleurs venir à la Tribune de l'Assemblée nationale, grâce à une modification constitutionnelle, pour y donner le la de la partition à jouer, en bon chef d'orchestre qu'il est. Quand on vous dit que cet homme sait tout faire!
Pareille déconfiture de la part de ceux qui ne savent plus où s'installer pour agir efficacement, qu'ils soient socialistes, écologistes, humanitaires ou issus de l'immigration, annonce une tempête violente. Le temps est compté. Les politiques les plus attentifs le savent. C'est pourquoi, à droite, on bouscule le calendrier parlementaire : il faut élever un barrage de lois face à la déferlante qui suivra la prise de conscience de ce que va devenir la France. C'est pourquoi, à gauche, on panique, soit en fuyant vers celui qui fascine, séduit et corrompt, soit en recherchant des solutions de raccroc du reste contradictoires : la "démocratisation" à l'anglo-saxonne vers un Parti Démocrate de type étatsunien, d'une part, ou la "gauchisation" vers une formation rénovée et refondée à la mode allemande ou hollandaise, par ailleurs!
Rien ne bougera, face à la droite dite décomplexée, tant que des contradictions politiques, que le libéralisme va engendrer de lui-même, ne seront pas apparues aux yeux des Français. Rien ne se produira tant que les luttes populaires n'auront pas obligé la gauche à reconsidérer des analyses surrannées. Le socialisme, le trotskisme, le communisme ont marqué la pensée de générations entières et il faut en tenir compte mais nous entrons dans un autre temps, celui des menaces sur la planète tout entière. Il faut changer d'époque et de chansons!
Me reste-t-il dix ans à vivre physiquement ou intellectuellement pour contribuer à faire émerger des concepts nouveaux dans lesquels les citoyens puissent se reconnaître? Je ne peux le savoir mais il ne me déplairait pas de faire encore partie de ceux qui vont ouvrir des perspectives à ceux qui vont nous succéder...
vendredi 13 juillet 2007
jeudi 12 juillet 2007
L'éternité ne se conçoit que par amour.
Les discours sur la survie sont, en général, creux.
L'amour est ce qui donne à croire à l'éternité. C'est irrépressible.
Quand deux êtres que n'attire pas seulement le sexe, ne voient de sens à leur vie que l'un par l'autre, ils ne peuvent -illusion ou pas- concevoir aisément l'affaissement définitif de la conscience.
Chacun du reste, être pensant, ne peut se concevoir non pensant.
L'amour est ce qui donne à croire à l'éternité. C'est irrépressible.
Quand deux êtres que n'attire pas seulement le sexe, ne voient de sens à leur vie que l'un par l'autre, ils ne peuvent -illusion ou pas- concevoir aisément l'affaissement définitif de la conscience.
Chacun du reste, être pensant, ne peut se concevoir non pensant.
mardi 10 juillet 2007
De la perpétuation de l'esclavage.
Je ne connais plus d'autre moyen de mettre en difficulté ceux qui n'ont cessé de rechercher comment s'approprier le monde qu'en mettant constamment en avant que la planète ne nous appartient pas.
Autrement dit, et pour faire court, la lutte écologique seule -mais dans toutes ses dimensions, environnementales et sociales- est à même de faire reculer le capitalisme.
J'appelle capitalisme, en le regardant tant du pont de vue de l'actualité que du point de vue de l'histoire, ce processus de conquête qui n'a cessé de viser la mise en tutelle de tout ce qui peut s'opposer à l'élargissement sans fin de l'avoir.
Il faudra bien qu'au cours des temps à vivre on s'emploie à examiner, dénoncer et abolir les causes de ce qui exploite la planète! Il nous est indispensable de connaître ce que la conquête du monde a fait payer et continue de faire payer à l'humanité.
Le capitalisme rend une partie de l'humanité esclave de l'autre. Esclavage, servage, colonisation, exploitation auront été une seule et même action gigantesque de prise de pouvoir de l'homme sur l'homme.
Ce constat est, certes, désespérant, mais beaucoup de signes nous donnent à penser que l'humanité ne supportera plus longtemps cet esclavage multiforme. Deux preuves de ce que j'affirme se trouvent contenues dans la démographie et dans les menaces écologiques.
Dans la démographie parce que tenir en laisse bientôt 9 milliards d'êtres humains va devenir, d'ici 2050, d'une complexité et d'un coût que les "maîtres du monde" n'imaginent même pas. Dans les menaces écologiques parce que l'action de l'homme sur son cadre de vie a bouleversé des équilibres, supprimé des ressources et engendré des perturbations telles qu'il devient impossible de prolonger des pratiques qui ruinent non seulement les exploités mais les exploiteurs.
Ce bilan humain désastreux, à l'échelle de quelques millénaires, pourrait conduire au doute radical sur l'avenir humain. Il peut aussi déclencher un désir de vivre-malgré-tout qui modifie totalement les rapports politiques.
Je veux pouvoir me bercer quelque temps encore de cette illusion. Après, ce ne sera plus mon affaire mais celles de tous mes successeurs...
Autrement dit, et pour faire court, la lutte écologique seule -mais dans toutes ses dimensions, environnementales et sociales- est à même de faire reculer le capitalisme.
J'appelle capitalisme, en le regardant tant du pont de vue de l'actualité que du point de vue de l'histoire, ce processus de conquête qui n'a cessé de viser la mise en tutelle de tout ce qui peut s'opposer à l'élargissement sans fin de l'avoir.
Il faudra bien qu'au cours des temps à vivre on s'emploie à examiner, dénoncer et abolir les causes de ce qui exploite la planète! Il nous est indispensable de connaître ce que la conquête du monde a fait payer et continue de faire payer à l'humanité.
Le capitalisme rend une partie de l'humanité esclave de l'autre. Esclavage, servage, colonisation, exploitation auront été une seule et même action gigantesque de prise de pouvoir de l'homme sur l'homme.
Ce constat est, certes, désespérant, mais beaucoup de signes nous donnent à penser que l'humanité ne supportera plus longtemps cet esclavage multiforme. Deux preuves de ce que j'affirme se trouvent contenues dans la démographie et dans les menaces écologiques.
Dans la démographie parce que tenir en laisse bientôt 9 milliards d'êtres humains va devenir, d'ici 2050, d'une complexité et d'un coût que les "maîtres du monde" n'imaginent même pas. Dans les menaces écologiques parce que l'action de l'homme sur son cadre de vie a bouleversé des équilibres, supprimé des ressources et engendré des perturbations telles qu'il devient impossible de prolonger des pratiques qui ruinent non seulement les exploités mais les exploiteurs.
Ce bilan humain désastreux, à l'échelle de quelques millénaires, pourrait conduire au doute radical sur l'avenir humain. Il peut aussi déclencher un désir de vivre-malgré-tout qui modifie totalement les rapports politiques.
Je veux pouvoir me bercer quelque temps encore de cette illusion. Après, ce ne sera plus mon affaire mais celles de tous mes successeurs...
lundi 9 juillet 2007
Incrédulité.
Prêtres, vous ne savez pas ce que vous dites.
Vous parlez creux.
Vos mots sont impies.
Vous banalisez l'esprit.
Vous nous détournez de Dieu.
Car s'Il est,
il ne peut être ce que vous en dites.
Votre parole est mensonge,
illusion,
et insulte à la vérité.
La vérité est modeste,
prudente et humble,
elle ne s'assène pas,
elle n'épouvante pas,
et ne décourage personne.
J'entends encore
le rire de ma petite fille
se gaussant des menaces
dont on voulait l'encombrer :
celles du péché
et celles de l'enfer.
Elle fut saine
de réagir ainsi
mais pouvait-elle rester insensible
aux paroles d'autorité
des adultes et des sachants?
Trahir l'enfance est criminel.
Prêtres, imams, rabbins,
moines et sorciers,
votre savoir se détruit
dès que vous ordonnez
ce qu'il faut penser
et tuez ainsi la conscience libre.
Vous êtes ces infidèles
dont vous avez si peur.
Vous parlez creux.
Vos mots sont impies.
Vous banalisez l'esprit.
Vous nous détournez de Dieu.
Car s'Il est,
il ne peut être ce que vous en dites.
Votre parole est mensonge,
illusion,
et insulte à la vérité.
La vérité est modeste,
prudente et humble,
elle ne s'assène pas,
elle n'épouvante pas,
et ne décourage personne.
J'entends encore
le rire de ma petite fille
se gaussant des menaces
dont on voulait l'encombrer :
celles du péché
et celles de l'enfer.
Elle fut saine
de réagir ainsi
mais pouvait-elle rester insensible
aux paroles d'autorité
des adultes et des sachants?
Trahir l'enfance est criminel.
Prêtres, imams, rabbins,
moines et sorciers,
votre savoir se détruit
dès que vous ordonnez
ce qu'il faut penser
et tuez ainsi la conscience libre.
Vous êtes ces infidèles
dont vous avez si peur.
De la droitisation de la gauche radicale
On a longtemps appelé gauche extrême des organisations politiques qui étaient idéologiquement rigides et enfermées dans la tour de leurs certitudes. Toutes les formations léninistes sont tombées dans cette erreur funeste : la démocratie populaire, c'est la dictature des élites qui se sont mises entièrement au service du peuple. Il s'agissait déjà d'une droitisation. Ce qui est droit, c'est ce qui n'est pas courbe et la meilleure façon de ne pas se courber, de ne pas se plier, c'est d'être rigide. Celui qui ne se courbe pas trahit moins.
On connaît les conséquences de ces comportements austères, intransigeants, fidèles à la doctrine, autoritaires, sans concessions, irréprochables, incorruptibles. De l'Inquisition à la Terreur, de l'échafaux au goulag, l'histoire n'a cessé de nous révéler la monstruosité des accapareurs de vérité. Des crimes ont marqué à jamais cette fausse gauche qui pratiquait le contraire de ce qu'elle énonçait.
L'amollissement de la pensée à gauche ne l'a pas assouplie. Non seulement l'abandon des convictions socialistes lui permet de continuer à pratiquer le contraire de ce qu'elle énonçait, mais il lui permet de continuer à se vautrer dans des modes de gouvernance antidémocratiques. Quant à la gauche trotskyste qui n'a cessé de vilipendé le stalinisme et la social-démocratie, elle s'est donné à choisir entre le renoncement à la prise de tout pouvoir et la gestion pépère du petit capital de sympathie que lui confère son intransigeance apparente.
Je soutiens que toutes les gauches se sont droitisées, soit qu'elles se soient durcies jusqu'à se contredire, soit qu'elles se soient converties en tout ou partie à l'idéologie qu'elles avaient, depuis leur origine, combattue.
S'agissant uniquement de la gauche dite radicale, il n'est pas sans intérêt de relever qu'elle souffre des mêmes maux que la gauche qu'elle voue aux gémonies. Elle s'affadit et se crispe tout à la fois. Elle sait ce qu'elle ne veut pas. Elle ne sait plus ce qu'elle veut.
Ce constat est alarmant parce que nul, parmi les anticapitalistes, ne sort indemne de cette défaite idéologique dont la dernière élection présidentielle en France a permis de constater l'ampleur. Au nombre des chantiers de rénovation des outils de l'action politique et de redéfinition des contenus politiques eux-mêmes, il y a, à coup sûr, la mise en évidence de tout ce qu'a produit comme dégâts, dans la pensée, cette droitisation généralisée du champ politique.
J'en avais confusément conscience. Je mesure mieux la difficulté et la dimension de cet aggiornamento à entreprendre, sans délais...
On connaît les conséquences de ces comportements austères, intransigeants, fidèles à la doctrine, autoritaires, sans concessions, irréprochables, incorruptibles. De l'Inquisition à la Terreur, de l'échafaux au goulag, l'histoire n'a cessé de nous révéler la monstruosité des accapareurs de vérité. Des crimes ont marqué à jamais cette fausse gauche qui pratiquait le contraire de ce qu'elle énonçait.
L'amollissement de la pensée à gauche ne l'a pas assouplie. Non seulement l'abandon des convictions socialistes lui permet de continuer à pratiquer le contraire de ce qu'elle énonçait, mais il lui permet de continuer à se vautrer dans des modes de gouvernance antidémocratiques. Quant à la gauche trotskyste qui n'a cessé de vilipendé le stalinisme et la social-démocratie, elle s'est donné à choisir entre le renoncement à la prise de tout pouvoir et la gestion pépère du petit capital de sympathie que lui confère son intransigeance apparente.
Je soutiens que toutes les gauches se sont droitisées, soit qu'elles se soient durcies jusqu'à se contredire, soit qu'elles se soient converties en tout ou partie à l'idéologie qu'elles avaient, depuis leur origine, combattue.
S'agissant uniquement de la gauche dite radicale, il n'est pas sans intérêt de relever qu'elle souffre des mêmes maux que la gauche qu'elle voue aux gémonies. Elle s'affadit et se crispe tout à la fois. Elle sait ce qu'elle ne veut pas. Elle ne sait plus ce qu'elle veut.
Ce constat est alarmant parce que nul, parmi les anticapitalistes, ne sort indemne de cette défaite idéologique dont la dernière élection présidentielle en France a permis de constater l'ampleur. Au nombre des chantiers de rénovation des outils de l'action politique et de redéfinition des contenus politiques eux-mêmes, il y a, à coup sûr, la mise en évidence de tout ce qu'a produit comme dégâts, dans la pensée, cette droitisation généralisée du champ politique.
J'en avais confusément conscience. Je mesure mieux la difficulté et la dimension de cet aggiornamento à entreprendre, sans délais...
Remettre toujours et encore la démocratie en question
On abuse du mot démocratie.
Celle à laquelle je reste attaché a peu à voir avec celle que je vois pratiquer.
Toute concentration du pouvoir est antidémocratique.
Nous sommes, actuellement, enfermés dans un système politique qui cumule les inconvénients.
Le choix électoral est limité à la reconnaissance du moindre mal. Impossible d'effectuer le choix du candidat le mieux adapté à la fonction. Passer du moindre mal au mieux est un objectif politique simple mais inaccessible par des votes binaires.
Diffuser le pouvoir de décider, augmenter le nombre de ceux qui contribuent à les prendre, n'est pas compatible avec la présidentialisation du régime qui, non seulement au sommet de l'État mais dans la plus modeste des communes fait du chef, du leader, celui dont tout dépend! Rendre capable d'exercer un pouvoir constitue un objectif politique essentiel mais qui n'est jamais favorisé par ceux qui exercent les responsabilités en se protégeant de leurs concurrents autant que de leurs adversaires.
La démocratie ne consiste pas seulement à désigner des représentants et à répartir les responsabilités. C'est aussi inventer des modes de consultations qui associent étroitement les citoyens aux décisions à prendre. Et là, deux interprétations du terme association sont possibles. Ou bien associer c'est informer, ou bien associer c'est co-décider. Le gouvernement du peuple par le peuple, pour le peuple est une formule qu'on n'a guère approchée et ce même quand on ne cesse de s'y référer.
Le temps est venu de penser le recueil des avis des citoyens pas seulement au moyen de sondages et d'enquêtes d'opinion, mais au moyen de rencontres-débats, à intervalles réguliers, avec restitution des contenus de discussion.
La philosophie du pouvoir n'est pas étudiée, enseignée, expérimentée. Il s'ensuit que le pouvoir est un acquis dont héritent les élus et non pas une recherche permanente d'un mode efficace de détermination des choix. La superposition du pouvoir sur les choses et sur les personnes engendre des conflits violents.
Rien ne m'apparaît plus utile, en ce temps de contestation de la démocratie à la fois par les dictateurs et les libertaires, que cette réflexion collective sur les outils d'exercice de la responsabilité citoyenne.
Celle à laquelle je reste attaché a peu à voir avec celle que je vois pratiquer.
Toute concentration du pouvoir est antidémocratique.
Nous sommes, actuellement, enfermés dans un système politique qui cumule les inconvénients.
Le choix électoral est limité à la reconnaissance du moindre mal. Impossible d'effectuer le choix du candidat le mieux adapté à la fonction. Passer du moindre mal au mieux est un objectif politique simple mais inaccessible par des votes binaires.
Diffuser le pouvoir de décider, augmenter le nombre de ceux qui contribuent à les prendre, n'est pas compatible avec la présidentialisation du régime qui, non seulement au sommet de l'État mais dans la plus modeste des communes fait du chef, du leader, celui dont tout dépend! Rendre capable d'exercer un pouvoir constitue un objectif politique essentiel mais qui n'est jamais favorisé par ceux qui exercent les responsabilités en se protégeant de leurs concurrents autant que de leurs adversaires.
La démocratie ne consiste pas seulement à désigner des représentants et à répartir les responsabilités. C'est aussi inventer des modes de consultations qui associent étroitement les citoyens aux décisions à prendre. Et là, deux interprétations du terme association sont possibles. Ou bien associer c'est informer, ou bien associer c'est co-décider. Le gouvernement du peuple par le peuple, pour le peuple est une formule qu'on n'a guère approchée et ce même quand on ne cesse de s'y référer.
Le temps est venu de penser le recueil des avis des citoyens pas seulement au moyen de sondages et d'enquêtes d'opinion, mais au moyen de rencontres-débats, à intervalles réguliers, avec restitution des contenus de discussion.
La philosophie du pouvoir n'est pas étudiée, enseignée, expérimentée. Il s'ensuit que le pouvoir est un acquis dont héritent les élus et non pas une recherche permanente d'un mode efficace de détermination des choix. La superposition du pouvoir sur les choses et sur les personnes engendre des conflits violents.
Rien ne m'apparaît plus utile, en ce temps de contestation de la démocratie à la fois par les dictateurs et les libertaires, que cette réflexion collective sur les outils d'exercice de la responsabilité citoyenne.
Vivement 2084, qu'on aille voir ailleurs...
L'information, ce matin, sur France-Inter, nous cueille à froid...
À peine éveillé, ne voilà-t-il pas qu'on apprend, successivement, qu'il faut, comme en Grande-Bretagne, installer des caméras partout afin de lutter efficacement contre le terrorisme, que la politique économique de la France défendue par Nicolas Sarkozy en personne, lors de la réunion européenne des grands argentiers, consiste, notamment grâce au "paquet fiscal" que va voter le Parlement, à produire plus pour consommer davantage, et, enfin, que, si le prix de la baguette de pain augmente, il faut espérer que le blé OGM permettra de faire chuter le coût de la farine...
Aucune critique, aucun commentaire n'accompagnent ces énormités.
Le terrorisme a bon dos. Quelle action terroriste menace particulièrement la France? Qu'est-ce que le terrorisme, en clair? Qu'est-ce qui provoque l'extrême violence aveugle? Comment démotiver les acteurs d'actes visant des populations civiles? Quelle est la cause de la mutiplication des candidats à la mort subie pour assurer la "réussite" d'opérations faites pour épouvanter le monde entier par ces surgissements, n'importe où, de la mort donnée? Ces questions ne sont ni posées ni traitées. En tout cas pas devant l'opinion publique. Gog et Magog? Il faut lire, sur internet, les élucubrations effroyables des doctes, juifs ou musulmans, qui au travers de ce mythe biblique, font surgir le thème de la fin du monde dans une guerre inéluctable des civilisations! Nous voici la proie d'un gigantesque fantasme auquel aucun pouvoir n'échappe et dans lequel la liberté du citoyen est engloutie. De Big Ben à Big Brother, à Londres, les citoyens sont sous surveillance électronique et se croient protégés. Le Bourdon de Notre-Dame va-t-il sonner pour nous avertir du pire des périls : la remise du sort de chacun entre les mains de la police d'État. Le terrorisme à domicile en quelque sorte pour mieux lutter contre le terrorisme dans le Métro. Ce monde est fou.
Après le "travailler plus pour gagner plus", voici, dans la même suite logique, le "produire plus pour consommer davantage". Bien entendu, cela ne serait nullement incompatible avec le Grenelle de l'environnement dont on nous rebat les oreilles. La nouvelle croissance dont nous parle Fillon n'est pas une autre croissance, c'est une croissance plus forte. Pas même question de produire mieux pour consommer meilleur. La fuite quantitative en avant est assurée : les obstacles à la croissance dus à la dégradation de l'environnement vont être corrigés et le progrès économique repartira de l'avant! Comme le disait, en substance, Pierre Radamme, le 6 juillet, au cours du débat télévisé qui suivit le film "Vu du Ciel", qu'avait présenté Yann Arthus Bertrand: "on peut, tout à la fois, en appeler à la conscience des téléspectateurs et encadrer l'émission par des messages publicitaires affirmant le contraire de ce qu'on veut démontrer." Il va bien falloir que se réveillent tous les béats qui croient encore que le ministre d'État, Borloo, peut faire autre chose que d'essayer d'adapter une économie non contestée, aux nécessités et aux menaces du temps! La naïveté politique a atteint ses limites. Dire une chose et son contraire peut être vu comme un art fascinant, mais la bulle de savon miroitante explose dès que c'est du réel qu'il faut traiter. Ce monde vit dans un mirage.
Ce grand boulanger alsacien, interviewé à propos du renchérissement du prix du blé et donc de la farine, et par conséquent de notre baguette de pain nationale, n'a rien trouvé de mieux, pour rassurer, que de prédire la venue d'une farine produite à partir d'une graine moins fragile, plus constante, bref d'un blé traité aux OGM... Le pain, symbole du bien vivre alimentaire, va devoir à son tour, subir les exigences d'une économie de marché rationnelle et efficace. On avait déjà constaté l'augmentation stupéfiante du prix de la baguette (un euro la baguette dite... de tradition!). Cela ne suffit pas : non seulement on paiera plus cher encore mais on ne discutera plus de la qualité des farines. C'est l'affaire des minotiers. Ce monde nous gâche notre pain quotidien.
Ces trois exemples entrent dans une même description, celle d'une société dont les acteurs les plus puissants visent à "faire tenir tranquilles" des populations qui doivent consommer, travailler et payer sans discuter ni protester. Du Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley à 1984 de George Orwell, ces deux immenses écrivains britanniques, beaucoup avaient retiré que ce qui nous menaçait le plus, c'était la dictature du Parti fondue dans la dictature de l'État. On s'aperçoit aujourd'hui que le propos menait plus loin : la démocratie elle-même est atteinte en son cœur. La pensée unique n'est pas faite pour les autres; elle s'impose, et c'est celle des maîtres de la mondialisation. Nous aurons donc et des caméras partout et des travailleurs dociles et du pain cher fait d'un blé génétiquement modifié.
En 2084, le meilleur des mondes possibles sera-t-il à rechercher sur une autre planète? Peut-être, mais aurions-nous, d'ici là, le temps de fabriquer tous les vaisseaux capables d'emporter une part suffisante de l'espèce humaine pour tenter de perpétuer l'aventure humaine?
À peine éveillé, ne voilà-t-il pas qu'on apprend, successivement, qu'il faut, comme en Grande-Bretagne, installer des caméras partout afin de lutter efficacement contre le terrorisme, que la politique économique de la France défendue par Nicolas Sarkozy en personne, lors de la réunion européenne des grands argentiers, consiste, notamment grâce au "paquet fiscal" que va voter le Parlement, à produire plus pour consommer davantage, et, enfin, que, si le prix de la baguette de pain augmente, il faut espérer que le blé OGM permettra de faire chuter le coût de la farine...
Aucune critique, aucun commentaire n'accompagnent ces énormités.
Le terrorisme a bon dos. Quelle action terroriste menace particulièrement la France? Qu'est-ce que le terrorisme, en clair? Qu'est-ce qui provoque l'extrême violence aveugle? Comment démotiver les acteurs d'actes visant des populations civiles? Quelle est la cause de la mutiplication des candidats à la mort subie pour assurer la "réussite" d'opérations faites pour épouvanter le monde entier par ces surgissements, n'importe où, de la mort donnée? Ces questions ne sont ni posées ni traitées. En tout cas pas devant l'opinion publique. Gog et Magog? Il faut lire, sur internet, les élucubrations effroyables des doctes, juifs ou musulmans, qui au travers de ce mythe biblique, font surgir le thème de la fin du monde dans une guerre inéluctable des civilisations! Nous voici la proie d'un gigantesque fantasme auquel aucun pouvoir n'échappe et dans lequel la liberté du citoyen est engloutie. De Big Ben à Big Brother, à Londres, les citoyens sont sous surveillance électronique et se croient protégés. Le Bourdon de Notre-Dame va-t-il sonner pour nous avertir du pire des périls : la remise du sort de chacun entre les mains de la police d'État. Le terrorisme à domicile en quelque sorte pour mieux lutter contre le terrorisme dans le Métro. Ce monde est fou.
Après le "travailler plus pour gagner plus", voici, dans la même suite logique, le "produire plus pour consommer davantage". Bien entendu, cela ne serait nullement incompatible avec le Grenelle de l'environnement dont on nous rebat les oreilles. La nouvelle croissance dont nous parle Fillon n'est pas une autre croissance, c'est une croissance plus forte. Pas même question de produire mieux pour consommer meilleur. La fuite quantitative en avant est assurée : les obstacles à la croissance dus à la dégradation de l'environnement vont être corrigés et le progrès économique repartira de l'avant! Comme le disait, en substance, Pierre Radamme, le 6 juillet, au cours du débat télévisé qui suivit le film "Vu du Ciel", qu'avait présenté Yann Arthus Bertrand: "on peut, tout à la fois, en appeler à la conscience des téléspectateurs et encadrer l'émission par des messages publicitaires affirmant le contraire de ce qu'on veut démontrer." Il va bien falloir que se réveillent tous les béats qui croient encore que le ministre d'État, Borloo, peut faire autre chose que d'essayer d'adapter une économie non contestée, aux nécessités et aux menaces du temps! La naïveté politique a atteint ses limites. Dire une chose et son contraire peut être vu comme un art fascinant, mais la bulle de savon miroitante explose dès que c'est du réel qu'il faut traiter. Ce monde vit dans un mirage.
Ce grand boulanger alsacien, interviewé à propos du renchérissement du prix du blé et donc de la farine, et par conséquent de notre baguette de pain nationale, n'a rien trouvé de mieux, pour rassurer, que de prédire la venue d'une farine produite à partir d'une graine moins fragile, plus constante, bref d'un blé traité aux OGM... Le pain, symbole du bien vivre alimentaire, va devoir à son tour, subir les exigences d'une économie de marché rationnelle et efficace. On avait déjà constaté l'augmentation stupéfiante du prix de la baguette (un euro la baguette dite... de tradition!). Cela ne suffit pas : non seulement on paiera plus cher encore mais on ne discutera plus de la qualité des farines. C'est l'affaire des minotiers. Ce monde nous gâche notre pain quotidien.
Ces trois exemples entrent dans une même description, celle d'une société dont les acteurs les plus puissants visent à "faire tenir tranquilles" des populations qui doivent consommer, travailler et payer sans discuter ni protester. Du Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley à 1984 de George Orwell, ces deux immenses écrivains britanniques, beaucoup avaient retiré que ce qui nous menaçait le plus, c'était la dictature du Parti fondue dans la dictature de l'État. On s'aperçoit aujourd'hui que le propos menait plus loin : la démocratie elle-même est atteinte en son cœur. La pensée unique n'est pas faite pour les autres; elle s'impose, et c'est celle des maîtres de la mondialisation. Nous aurons donc et des caméras partout et des travailleurs dociles et du pain cher fait d'un blé génétiquement modifié.
En 2084, le meilleur des mondes possibles sera-t-il à rechercher sur une autre planète? Peut-être, mais aurions-nous, d'ici là, le temps de fabriquer tous les vaisseaux capables d'emporter une part suffisante de l'espèce humaine pour tenter de perpétuer l'aventure humaine?
dimanche 8 juillet 2007
Défaites et victoire.
C'est ainsi. Et c'est fort désagréable. Avant toute victoire, il faut avoir subi maintes défaites.
Et encore! Il ne s'agit jamais de LA victoire, finale, définitive... Moins encore de la Victoire, avec une majuscule, celle qui marque à jamais l'histoire.
Les victoires, les grandes, les militaires, sont toutes le signe de l'échec de l'homme.
Non, je veux parler d'une petite victoire, celle qui, simplement, -mais c'est immense-, redonne du goût à la vie, celle dont on peut se réjouir sans honte, celle qui laisse satisfait et n'humilie personne.
Exemple.
Des enfants rroms sont interdit d'école dans la plaine de Pierrelaye (Val d'Oise). Leur savoir, acquis en famille, ne suffit plus. Pour entrer dans le pays où ils vont vivre, il leur faut parler, lire, comprendre le français. Leurs parents l'ont compris. Ils cherchent donc à les inscrire dans une école, proche, où ils rencontreront des enfants de leur âge. Seulement, voilà: le maire de la ville concernée, Méry-sur-Oise, se refuse à laisser inscrire des enfants qui vont, croit-il, perturber l'école communale, et, surtout, vont fixer les familles alors que la plupart des habitants voudraient les voir partir. Défaite.
Il est, cependant, des Français pour ne pas accepter ça. Notamment des enseignants qui ont pour fonction de se porter vers ceux qui ne peuvent se rendre à l'école. Les camions-écoles de l'Association pour la scolarisation des enfants tsiganes (ASET) ont donc été conduits vers les campements de familles roumaines en attente de scolarité. C'était pénétrer dans une zone désormais interdite, en tout cas d'accès limité, protégée, et dont a peine à dire qu'elle est "naturelle" tant elle est polluée. Dans un premier temps, les gendarmes verbalisent. Défaite.
L'ASET se rebelle, et avec elle des citoyens révoltés par cette absence de considération pour de jeunes humains qui ont droit à vivre et à connaître. Elle saisit les autorités académiques départementales, exige de pouvoir aller remplir sa mission, sans avoir à payer l'amende accompagnant les procès-verbaux. Victoire, très provisoire.
La même ASET, avec courage, toujours soutenue par des organismes et habitants de la proche région, saisit le Tribunal administratif de Cergy, puisque la loi n'est pas respectée et que le droit à l'instruction est bafoué. Les magistrats estiment que pareille requête ne peut être effectuée que par les familles elles-mêmes et par le truchement d'un avocat. Défaite.
Les maires des communes constituées en Syndicat, sur la Plaine de Pierrelaye, se retrouvent autour du Préfet après lui avoir écrit: ils déplorent l'inaction de l'État qui laisse perdurer la présence nuisante et intempestive des familles roms roumaines. Ils constatent que depuis le 1er janvier 2007, ces importuns sont devenus citoyens européens et ne peuvent être expulsés de France si facilement. Qu'à cela ne tienne : les délinquants, eux, peuvent être chassés. On les réputera tels. Tous. Et si ça ne suffit pas, on les harcellera par tous les moyens. On ne leur facilitera aucun accès (à l'eau, à l'électricité, aux bennes à ordures, aux soins, à l'école donc, -et pas même au terrain où sont regroupées en bidonvilles les ex-caravanes, sous peine de P-V). Défaite.
Et pourtant, ces manœuvres rétrogrades ne serviront à rien. Tôt ou tard, elles deviendront inopérantes. Qui aurait dit, dans les années 1960, que les bidonvilles surpeuplés de Portugais, à proximité, -par exemple dans l'île fluviale du Bras Favé, à Conflans-Sainte-Honorine-, disparaitraient et que ses habitants feraient souche, dans la région? Les Roumains resteront en France en dépit des expulsions qu'on effectuera "pour briser les mafias" (car tous les Rroms sont des mafieux, c'est bien connu : nos édiles l'affirment...!). Les enfants seront, progressivement, scolarisés. Les quelques milliers de Tsiganes étrangers (roumains, bulgares, cossovars, macédoniens...) ne seront plus distingués des centaines de milliers de Tsiganes français. Les maires qui se seront acharnés à empêcher les installations de familles rroms ne réussiront qu'à les faire déplacer, et pas toujours à distance de leurs communes! Victoire? Triste victoire!
Triste victoire parce que, pendant des années, les enfants concernés, et leur parents, vont continuer de mener une vie misérable, dont il eut été, de toute façon difficile de les aider à sortir, et qui s'enfonceront peu à peu dans une nouvelle marginalisation, aggravée par des transformations sociales auxquelles ils ne sauront comment s'adapter. Quelques familles deviendront, plus vite, francophones et s'installeront dans des logements sans confort dont ils se contenteront. Courte victoire.
Oui, tous ces combats d'arrière-garde (de la part de beaux esprits que n'intéresse nullement le sort lamentable d'Européens devenus les parias de nos sociétés confortables) sont voués à la défaite.
Mais à quel prix la victoire des tenants de l'hospitalité? Au prix, en négatif, de la solitude, de l'incompréhension, parfois du mépris... Au prix aussi, en positif, de l'amitié entre tous ceux qui ont fait le choix de la solidarité active. Au prix de la rencontre d'une population qui, pas plus qu'une autre, ne saurait être jugée d'après ses insuffisances et ses fautes, et auprès de laquelle on peut aussi apprendre à vivre mieux. J'en témoigne.
Et cette toute petite victoire là, cette goutte d'espoir, je la tiens, en réalité, pour l'une des plus grandes.
Et encore! Il ne s'agit jamais de LA victoire, finale, définitive... Moins encore de la Victoire, avec une majuscule, celle qui marque à jamais l'histoire.
Les victoires, les grandes, les militaires, sont toutes le signe de l'échec de l'homme.
Non, je veux parler d'une petite victoire, celle qui, simplement, -mais c'est immense-, redonne du goût à la vie, celle dont on peut se réjouir sans honte, celle qui laisse satisfait et n'humilie personne.
Exemple.
Des enfants rroms sont interdit d'école dans la plaine de Pierrelaye (Val d'Oise). Leur savoir, acquis en famille, ne suffit plus. Pour entrer dans le pays où ils vont vivre, il leur faut parler, lire, comprendre le français. Leurs parents l'ont compris. Ils cherchent donc à les inscrire dans une école, proche, où ils rencontreront des enfants de leur âge. Seulement, voilà: le maire de la ville concernée, Méry-sur-Oise, se refuse à laisser inscrire des enfants qui vont, croit-il, perturber l'école communale, et, surtout, vont fixer les familles alors que la plupart des habitants voudraient les voir partir. Défaite.
Il est, cependant, des Français pour ne pas accepter ça. Notamment des enseignants qui ont pour fonction de se porter vers ceux qui ne peuvent se rendre à l'école. Les camions-écoles de l'Association pour la scolarisation des enfants tsiganes (ASET) ont donc été conduits vers les campements de familles roumaines en attente de scolarité. C'était pénétrer dans une zone désormais interdite, en tout cas d'accès limité, protégée, et dont a peine à dire qu'elle est "naturelle" tant elle est polluée. Dans un premier temps, les gendarmes verbalisent. Défaite.
L'ASET se rebelle, et avec elle des citoyens révoltés par cette absence de considération pour de jeunes humains qui ont droit à vivre et à connaître. Elle saisit les autorités académiques départementales, exige de pouvoir aller remplir sa mission, sans avoir à payer l'amende accompagnant les procès-verbaux. Victoire, très provisoire.
La même ASET, avec courage, toujours soutenue par des organismes et habitants de la proche région, saisit le Tribunal administratif de Cergy, puisque la loi n'est pas respectée et que le droit à l'instruction est bafoué. Les magistrats estiment que pareille requête ne peut être effectuée que par les familles elles-mêmes et par le truchement d'un avocat. Défaite.
Les maires des communes constituées en Syndicat, sur la Plaine de Pierrelaye, se retrouvent autour du Préfet après lui avoir écrit: ils déplorent l'inaction de l'État qui laisse perdurer la présence nuisante et intempestive des familles roms roumaines. Ils constatent que depuis le 1er janvier 2007, ces importuns sont devenus citoyens européens et ne peuvent être expulsés de France si facilement. Qu'à cela ne tienne : les délinquants, eux, peuvent être chassés. On les réputera tels. Tous. Et si ça ne suffit pas, on les harcellera par tous les moyens. On ne leur facilitera aucun accès (à l'eau, à l'électricité, aux bennes à ordures, aux soins, à l'école donc, -et pas même au terrain où sont regroupées en bidonvilles les ex-caravanes, sous peine de P-V). Défaite.
Et pourtant, ces manœuvres rétrogrades ne serviront à rien. Tôt ou tard, elles deviendront inopérantes. Qui aurait dit, dans les années 1960, que les bidonvilles surpeuplés de Portugais, à proximité, -par exemple dans l'île fluviale du Bras Favé, à Conflans-Sainte-Honorine-, disparaitraient et que ses habitants feraient souche, dans la région? Les Roumains resteront en France en dépit des expulsions qu'on effectuera "pour briser les mafias" (car tous les Rroms sont des mafieux, c'est bien connu : nos édiles l'affirment...!). Les enfants seront, progressivement, scolarisés. Les quelques milliers de Tsiganes étrangers (roumains, bulgares, cossovars, macédoniens...) ne seront plus distingués des centaines de milliers de Tsiganes français. Les maires qui se seront acharnés à empêcher les installations de familles rroms ne réussiront qu'à les faire déplacer, et pas toujours à distance de leurs communes! Victoire? Triste victoire!
Triste victoire parce que, pendant des années, les enfants concernés, et leur parents, vont continuer de mener une vie misérable, dont il eut été, de toute façon difficile de les aider à sortir, et qui s'enfonceront peu à peu dans une nouvelle marginalisation, aggravée par des transformations sociales auxquelles ils ne sauront comment s'adapter. Quelques familles deviendront, plus vite, francophones et s'installeront dans des logements sans confort dont ils se contenteront. Courte victoire.
Oui, tous ces combats d'arrière-garde (de la part de beaux esprits que n'intéresse nullement le sort lamentable d'Européens devenus les parias de nos sociétés confortables) sont voués à la défaite.
Mais à quel prix la victoire des tenants de l'hospitalité? Au prix, en négatif, de la solitude, de l'incompréhension, parfois du mépris... Au prix aussi, en positif, de l'amitié entre tous ceux qui ont fait le choix de la solidarité active. Au prix de la rencontre d'une population qui, pas plus qu'une autre, ne saurait être jugée d'après ses insuffisances et ses fautes, et auprès de laquelle on peut aussi apprendre à vivre mieux. J'en témoigne.
Et cette toute petite victoire là, cette goutte d'espoir, je la tiens, en réalité, pour l'une des plus grandes.
samedi 7 juillet 2007
L'ouverture n'était qu'un gouffre.
Voilà une ouverture qui est une béance.
Nicolas Sarkozi fait parler de lui, et y compris par ceux qui, précisément, ne voulaient plus en entendre parler, et j'en suis!
À l'heure où j'écris, les gazettes fourmillent de nouvelles et de commentaires au sujet de la désignation possible par la France de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI. Il rejoindrait, ainsi, un autre "socialiste" français, Pascal Lamy, promu, en 2005, à la tête de cette autre grande institution régissant le mondialisation de l'économie : l'Organisation Mondiale du Commerce ou OMC.
Avouons que l'on ne s'attendait pas à ce que le nouveau Président de la République promeuvent ses adversaires... Et si ce n'était pas ses adversaires; seulement ses concurrents d'un moment? Un adversaire non seulement dénonce une politique et s'y oppose mais il en conteste le principe même : en l'occurrence, le libéralisme économique. Un concurrent, lui, estime seulement qu'à l'intérieur d'un même système, on peut faire autrement, et mieux.
Sarkozy ne risque rien à offrir des responsabilités à ceux qui partagent ses vues sur le fond. Au contraire, il déstabilise le parti concurrent, l'affaiblit, le réduit et le rejette, ainsi, loin des responsabilités essentielles. Non, ce n'est pas du machiavélisme; c'est de l'intelligence, doublée d'effronterie. C'est le plus haut niveau de la politique politicienne. Sans plus.
De cet épisode, on peut tirer aussi un enseignement positif, les socio-libéraux sont identifiés : Kouchner, Bockel, peut-être Védrine ou Lang, maintenant : DSK. Fabius lui-même aura été sollicité! Ou bien le PS suit cette pente et il se suicide, ou bien il réagit, et il se scinde. Auprès de Sarkozy ne doivent pas manquer les conseillers politiques intimes du PS... Pour disperser un troupeau d'éléphants rien de plus efficace que de les nourrir de... libéralités (ou d'illusions) en des lieux différents du champ politique!
Qu'il fournisse une réponse positive ou une réponse négative, l'unique député socialiste du Val d'Oise est marqué au front. Il est désormais celui qui peut être pressenti pour diriger un des outils les plus puissants du capitalisme international, une machine implacable dont les exigences ont fait souffrir et continuent de faire souffrir les peuples pauvres. C'est fini.
Merci Sarkozy pour cet manipulation révélatrice.
L'ouverture devient un gouffre où s'engloutissent un à un les rivaux : ceux qui peuvent être arrachés à la sphère d'influence du parti socialiste, mais aussi ceux de l'UMP qui ne supportent pas des présences qui leur ravissent des postes de pouvoir. Voilà ces derniers remis à leur petite place pendant que le monarque continue sa partie d'échecs en récupérant, une à une, les pièces qu'il fait choir. Dès lors, il va falloir aller jouer sur un autre échiquier; celui que nous avons sous les yeux compte essentiellement des pièces blanches, presque plus de pièces noires.
À part quelques moutons... de cette couleur.
Nicolas Sarkozi fait parler de lui, et y compris par ceux qui, précisément, ne voulaient plus en entendre parler, et j'en suis!
À l'heure où j'écris, les gazettes fourmillent de nouvelles et de commentaires au sujet de la désignation possible par la France de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI. Il rejoindrait, ainsi, un autre "socialiste" français, Pascal Lamy, promu, en 2005, à la tête de cette autre grande institution régissant le mondialisation de l'économie : l'Organisation Mondiale du Commerce ou OMC.
Avouons que l'on ne s'attendait pas à ce que le nouveau Président de la République promeuvent ses adversaires... Et si ce n'était pas ses adversaires; seulement ses concurrents d'un moment? Un adversaire non seulement dénonce une politique et s'y oppose mais il en conteste le principe même : en l'occurrence, le libéralisme économique. Un concurrent, lui, estime seulement qu'à l'intérieur d'un même système, on peut faire autrement, et mieux.
Sarkozy ne risque rien à offrir des responsabilités à ceux qui partagent ses vues sur le fond. Au contraire, il déstabilise le parti concurrent, l'affaiblit, le réduit et le rejette, ainsi, loin des responsabilités essentielles. Non, ce n'est pas du machiavélisme; c'est de l'intelligence, doublée d'effronterie. C'est le plus haut niveau de la politique politicienne. Sans plus.
De cet épisode, on peut tirer aussi un enseignement positif, les socio-libéraux sont identifiés : Kouchner, Bockel, peut-être Védrine ou Lang, maintenant : DSK. Fabius lui-même aura été sollicité! Ou bien le PS suit cette pente et il se suicide, ou bien il réagit, et il se scinde. Auprès de Sarkozy ne doivent pas manquer les conseillers politiques intimes du PS... Pour disperser un troupeau d'éléphants rien de plus efficace que de les nourrir de... libéralités (ou d'illusions) en des lieux différents du champ politique!
Qu'il fournisse une réponse positive ou une réponse négative, l'unique député socialiste du Val d'Oise est marqué au front. Il est désormais celui qui peut être pressenti pour diriger un des outils les plus puissants du capitalisme international, une machine implacable dont les exigences ont fait souffrir et continuent de faire souffrir les peuples pauvres. C'est fini.
Merci Sarkozy pour cet manipulation révélatrice.
L'ouverture devient un gouffre où s'engloutissent un à un les rivaux : ceux qui peuvent être arrachés à la sphère d'influence du parti socialiste, mais aussi ceux de l'UMP qui ne supportent pas des présences qui leur ravissent des postes de pouvoir. Voilà ces derniers remis à leur petite place pendant que le monarque continue sa partie d'échecs en récupérant, une à une, les pièces qu'il fait choir. Dès lors, il va falloir aller jouer sur un autre échiquier; celui que nous avons sous les yeux compte essentiellement des pièces blanches, presque plus de pièces noires.
À part quelques moutons... de cette couleur.
samedi 30 juin 2007
Subvertir le capitalisme
Le capitalisme ne se renverse pas. Ceux qui l'ont cru ont perdu la main, pire ont commis des crimes. Il n'est pas question de briser l'économie de marché; il s'agit de la subvertir.
C'est l'arrogance des puissants qu'il faut casser. Elle est indue.
C'est l'arrogance des puissants qu'il faut casser. Elle est indue.
Gérer ou diriger?
Il n'y a rien à dire à l'exécution d'un budget soumis à l'examen d'un Conseil municipal, dès lors qu'il est contrôlé et honnête, c'est la préparation du budget qui est délicate et difficile, car choisir ce qu'on fait des crédits dont on dispose est un acte politique dès lors qu'il n'est pas possible de tout faire!
Gérer c'est peut-être gouverner, ce n'est pas diriger. Celui qui gouverne ne fait qu'aller là où on lui dit d'aller. La politique, au contraire, n'est pas l'art de gouverner, c'est décider de la voie à prendre, c'est diriger.
Gérer c'est peut-être gouverner, ce n'est pas diriger. Celui qui gouverne ne fait qu'aller là où on lui dit d'aller. La politique, au contraire, n'est pas l'art de gouverner, c'est décider de la voie à prendre, c'est diriger.
La religion contre le religieux
La religion est la codification du religieux, sa mise en "ordre".
J'éprouve, désormais, une défiance systématique à l'égard de toutes les religions parce qu'elles tuent le religieux après l'avoir enfermé dans des contraintes fortes et des limites étroites.
En outre la récupération du sentiment religieux par les pouvoirs politiques avec la complicité des porte parole des confessions, du pape jusqu'à la plupart des prêtres, pasteurs, imams ou rabins, conduit à la domination des peuples et non à leur libération.
J'éprouve, désormais, une défiance systématique à l'égard de toutes les religions parce qu'elles tuent le religieux après l'avoir enfermé dans des contraintes fortes et des limites étroites.
En outre la récupération du sentiment religieux par les pouvoirs politiques avec la complicité des porte parole des confessions, du pape jusqu'à la plupart des prêtres, pasteurs, imams ou rabins, conduit à la domination des peuples et non à leur libération.
La fin du royalisme
Nous voici, pour un temps ou pour longtemps, soulagés de l'hypothèque Ségolène Royal. Du moins au sein du PS. Le blairisme à la française est, pour le moment, écarté, au moment même où Tony Blair quitte le pouvoir, en Grande-Bretagne. La double bévue de Ségolène Royal sur la généralisation des 35 heures et le SMIC à 1500 euros, qu'elle aurait défendus sans y croire au cours de sa campagne, a rompu le charme...
Maintenant, il serait injuste et dangereux d'imputer à la seule candidate des socialistes la responsabilité de "l'échec impossible". C'est le PS tout entier dont le fonctionnement, les contradictions et les erreurs d'analyse ont permis cette aventure pénible.
La candidature Royal n'aura pas été un accident mais la conséquence d'un renoncement au socialisme lui-même.
Maintenant, il serait injuste et dangereux d'imputer à la seule candidate des socialistes la responsabilité de "l'échec impossible". C'est le PS tout entier dont le fonctionnement, les contradictions et les erreurs d'analyse ont permis cette aventure pénible.
La candidature Royal n'aura pas été un accident mais la conséquence d'un renoncement au socialisme lui-même.
jeudi 21 juin 2007
Pour une autre France : Audin, Boulin, Borrel, Ben Barka. Va-t-on tourner ces pages?
Audin, Boulin, Borrel.
Tous assassinés.
On ne peut soutenir que nous ne savons rien! Il suffit de lire :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Audin
http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Robert_Boulin
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Borrel
Le premier, grand mathématicien mais communiste, mort à Alger, sous la torture des paras, pour défendre l'Algérie française....
Le second, ministre du travail de VGE, "suicidé" dans la forêt de Fontainebleau, pour masquer un complot politique au sein même du gouvernement de la France.
Le troisième, juge, précipité au bas d'un ravin, à Djibouti, pour avoir enquêté sur les crimes des dirigeants d'un pays qui héberge l'armée française.
Mme Josette Audin, 50 ans après, en appelle à Sarkozy! (voir dans l'Humanité de ce jour)
La famille de Boulin exige la réouverture du procès qui avait conclu à un suicide. (Lire le livre de B. Collombat : Un homme à abattre, avril 2007)
Mme Borrel a été reçue à l'Élysée par... Sarkozy, le mardi 19 juin. (voir sur le site : rue89.com/2007/06/19/affaire-borrel-sarkozy-s-engage-a-la-verite)
Chirac aura été le dernier chef d'État français en âge d'être, dans sa jeunesse, soldat en en Algérie (lieutenant).
Il a reconnu les crimes de Vichy, pas ceux de l'armée française.
Le cadavre d'Audin n'a jamais été remis à sa famille; aucune explication sur sa mort n'a été fournie.
Tous les Présidents, y compris Mitterrand, ont laissé pourrir des dossiers sensibles au nom de la raison d'État.
L'enquête sur Boulin, ouverte en 1983 a été close par un non-lieu, en 1992.
Boulin, pressenti comme premier ministre, avait-il approché des questions intouchables?
"Le procureur de la République, Jean-Claude Marin, a confirmé, ce même mardi 19 juin, en soirée, l'origine criminelle de la mort du juge Bernard Borrel",
La Françafrique n'est plus, en période de de mondialisation, supportable par notre République ex-coloniale.
Sarkozy s'apprête-t-il à tout mettre sur le dos de ses prédécesseurs? Rupture!
Il faut prendre très au sérieux cette réouverture des placards.
La morale n'a pas grand chose à voir dans ces affaires...
Une nouvelle génération se décharge des paquets encombrants, pour avoir les coudées franches.
Peut-être saurons nous aussi, bientôt, comment on a pu laisser Ben Barka se faire assassiner en France.
Profitons de ce grand ménage politique pour faire émerger la vérité.
La France que nous aimons est cette anti-France, tellement fustigée hier.
On a toujours tort d'avoir raison trop tôt...
Mais tout finit par ce savoir
Trop tard hélas pour changer la donne politique.
Sauf...
Sauf si nous tirons les enseignements de ces horreurs.
Sauf si nous ne nous laissons pas tromper par les faux semblants de Sarkozy.
Tous assassinés.
On ne peut soutenir que nous ne savons rien! Il suffit de lire :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Audin
http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Robert_Boulin
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Borrel
Le premier, grand mathématicien mais communiste, mort à Alger, sous la torture des paras, pour défendre l'Algérie française....
Le second, ministre du travail de VGE, "suicidé" dans la forêt de Fontainebleau, pour masquer un complot politique au sein même du gouvernement de la France.
Le troisième, juge, précipité au bas d'un ravin, à Djibouti, pour avoir enquêté sur les crimes des dirigeants d'un pays qui héberge l'armée française.
Mme Josette Audin, 50 ans après, en appelle à Sarkozy! (voir dans l'Humanité de ce jour)
La famille de Boulin exige la réouverture du procès qui avait conclu à un suicide. (Lire le livre de B. Collombat : Un homme à abattre, avril 2007)
Mme Borrel a été reçue à l'Élysée par... Sarkozy, le mardi 19 juin. (voir sur le site : rue89.com/2007/06/19/affaire-borrel-sarkozy-s-engage-a-la-verite)
Chirac aura été le dernier chef d'État français en âge d'être, dans sa jeunesse, soldat en en Algérie (lieutenant).
Il a reconnu les crimes de Vichy, pas ceux de l'armée française.
Le cadavre d'Audin n'a jamais été remis à sa famille; aucune explication sur sa mort n'a été fournie.
Tous les Présidents, y compris Mitterrand, ont laissé pourrir des dossiers sensibles au nom de la raison d'État.
L'enquête sur Boulin, ouverte en 1983 a été close par un non-lieu, en 1992.
Boulin, pressenti comme premier ministre, avait-il approché des questions intouchables?
"Le procureur de la République, Jean-Claude Marin, a confirmé, ce même mardi 19 juin, en soirée, l'origine criminelle de la mort du juge Bernard Borrel",
La Françafrique n'est plus, en période de de mondialisation, supportable par notre République ex-coloniale.
Sarkozy s'apprête-t-il à tout mettre sur le dos de ses prédécesseurs? Rupture!
Il faut prendre très au sérieux cette réouverture des placards.
La morale n'a pas grand chose à voir dans ces affaires...
Une nouvelle génération se décharge des paquets encombrants, pour avoir les coudées franches.
Peut-être saurons nous aussi, bientôt, comment on a pu laisser Ben Barka se faire assassiner en France.
Profitons de ce grand ménage politique pour faire émerger la vérité.
La France que nous aimons est cette anti-France, tellement fustigée hier.
On a toujours tort d'avoir raison trop tôt...
Mais tout finit par ce savoir
Trop tard hélas pour changer la donne politique.
Sauf...
Sauf si nous tirons les enseignements de ces horreurs.
Sauf si nous ne nous laissons pas tromper par les faux semblants de Sarkozy.
mardi 12 juin 2007
Voter blanc
Voici des décennies qu'est tentée la promotion du vote blanc.
Jamais, en France, cette possibilité d'exprimer son opinion n'a été prise en compte.
Voter blanc ou nul, en France, c'est la même chose!
Faire l'acte d'introduire un bulletin vierge ou laisser l'enveloppe vide revient au même : c'est à peine si l'on repère le nombre de ces cas d'abberration. Quant à faire entrer ces avis parmi les suffrages exprimés, il n'en est pas question!
L'électeur qui a voté blanc n'est qu'un votant.
Il y a, à cela, des raisons politiques : contester l'offre politique est insupportable à ceux qui se partagent les suffrages; comptabiliser les refus, serait valider des bulletins qui peuvent rendre impossible l'émergence d'une majorité absolue.
Dans les conditions actuelles voter blanc est une contestation de la bipolarisation.
Voter blanc est une mise en cause du mode de scrutin.
Voter blanc, c'est voter, mais dire que les conditions du vote sont inacceptables.
Voter blanc, c'est vouloir sortir du système majoritaire qui accable les options minoritaires.
Voter blanc, c'est vouloir une France où l'on vote comme presque partout en Europe avec non pas une dose mais une large part de proportionnelle voire une proportionnelle intégrale.
Voter blanc, c'est vouloir une autre République.
Jamais, en France, cette possibilité d'exprimer son opinion n'a été prise en compte.
Voter blanc ou nul, en France, c'est la même chose!
Faire l'acte d'introduire un bulletin vierge ou laisser l'enveloppe vide revient au même : c'est à peine si l'on repère le nombre de ces cas d'abberration. Quant à faire entrer ces avis parmi les suffrages exprimés, il n'en est pas question!
L'électeur qui a voté blanc n'est qu'un votant.
Il y a, à cela, des raisons politiques : contester l'offre politique est insupportable à ceux qui se partagent les suffrages; comptabiliser les refus, serait valider des bulletins qui peuvent rendre impossible l'émergence d'une majorité absolue.
Dans les conditions actuelles voter blanc est une contestation de la bipolarisation.
Voter blanc est une mise en cause du mode de scrutin.
Voter blanc, c'est voter, mais dire que les conditions du vote sont inacceptables.
Voter blanc, c'est vouloir sortir du système majoritaire qui accable les options minoritaires.
Voter blanc, c'est vouloir une France où l'on vote comme presque partout en Europe avec non pas une dose mais une large part de proportionnelle voire une proportionnelle intégrale.
Voter blanc, c'est vouloir une autre République.
lundi 11 juin 2007
Ne pas s'associer à la défaite!
Hier soir, au milieu de la débâcle générale des candidats hostiles à l'UMP, j'ai pu constater que nous restions prisonniers d'une illusion très dangereuse : la gauche serait ce qui s'oppose à la droite. Eh bien non! C'est un peu court. Ce dualisme ne sert à rien si aucun autre contenu, aucune affirmation alternative et crédible ne permettent à cette gauche de se faire reconnaître! (Car, à chaque scrutin, il faut se faire re-connaître!)
La cause de la déroute est là : la gauche est devenue à tel point méconnaissable qu'on ne peut plus l'identifier et donc la choisir! Quand la gauche n'est plus la gauche, elle s'effondre. Plus encore: nombre de candidats se réclamant de la gauche ne l'incarnent pas; les électeurs les ont donc écartés!
Continuer à soutenir le PS tel qu'il est devenu, c'est trahir la gauche dont, sans conviction, nous nous réclamons. Les écologistes ne doivent se résigner à la défaite inéluctable du 17 juin et donc ne pas s'y associer.
Ce matin, à la lecture des résultats nationaux, l'analyse s'amplifie : déçus les électeurs des milieux populaires, présents encore il y a un mois, ont déserté. L'abstention n'est pas le fait du hasard. Elle est politique. Elle est un rejet de la donne. La gauche n'est pas vaincue; elle est absente.
La gauche qui existe est donc ailleurs que là où l'on a voulu la fixer : dans la gauche d'hier, la gauche mécanique qui n'a qu'à suivre les consignes de vote des partis. La gauche vivante, quel que soit le nom qu'on lui donnera, se cherche et finira par se trouver.
Reste à à déterminer si la solidarité avec ceux qui ont représenté la gauche doit, une dernière fois, se manifester, par exemple, par un appel au soutien du candidat PS à la dérive, dans la seconde circonscription du val d'Oise où je vote. J'ai le sentiment que ce serait trahir les électeurs qui ne se reconnaissent, eux, ni dans la droite triomphante ni dans une gauche sans avenir. Nous sommes entrés dans une ère nouvelle et l'échec est si violent qu'il est inutile de vouloir en limiter voire en masquer l'amplitude.
Les écologistes n'ont pas à soutenir la gauche, à voler à son secours, tout simplement parce qu'elle ne leur est pas extérieure, parce qu'ils sont eux-mêmes la gauche, dans la gauche, une partie de la gauche, et responsables, pour cela, de ce qu'elle va devenir. C'est d'eux-mêmes que les Verts doivent, en priorité, s'occuper. Le PS n'est pas la gauche à lui seul. Pour lui, le vin amer est tiré; qu'il le boivent. DSK, dit-on, risque d'être battu : on le confondra donc moins, à présent, avec la gauche. L'opération vérité a commencé. Très douloureusement, contradictoirement : la gauche, en cessant d'être la gauche, s'est battue et détruite elle-même. On ne peut soutenir ce qui est à l'origine de la déconfiture.
Royal n'était pas candidate : elle aura ainsi évité la défaite dans sa terre du Poitou. La voilà qui veut prendre langue avec Bayrou. Si l'on se risque dans sa propre logique, cela vient non seulement un peu tard, mais c'est inutile et peut-être pitoyable. Appeler au secours d'une gauche qui n'est plus la gauche, un homme courageux mais en plein échec, qui a toujours honnêtement reconnu qu'il n'était pas de gauche, est non seulement contre productif, c'est ajouter de la confusion à la confusion, c'est en appeler à un "recentrage" de la gauche, c'est persister dans la volonté de blairiser le socialisme. C'est.... suicidaire!
Les Verts ont, à présent, autre chose à faire que d'accompagner, jusqu'au bout, le combat d'arrière garde de ceux qui sont la cause de leurs propres malheurs!
Si mes propos choquent, j'en demande pardon, mais qui ne parlera pas clair, en ces temps de décomposition-recomposition se résignera à voir "une" des gauches, devenue obsolète, gérer, à l'Assemblée Nationale, son tout petit capital minoritaire. Nous devons avoir plus d'ambition! L'écologie politique nous donne des clefs pour l'affirmation d'une tout autre gauche, qui sera de nouveau solidaire des victimes du système économique, qui sera à son tour "décomplexée", et qui préparera une véritable alternative; pas une simple alternance.
La cause de la déroute est là : la gauche est devenue à tel point méconnaissable qu'on ne peut plus l'identifier et donc la choisir! Quand la gauche n'est plus la gauche, elle s'effondre. Plus encore: nombre de candidats se réclamant de la gauche ne l'incarnent pas; les électeurs les ont donc écartés!
Continuer à soutenir le PS tel qu'il est devenu, c'est trahir la gauche dont, sans conviction, nous nous réclamons. Les écologistes ne doivent se résigner à la défaite inéluctable du 17 juin et donc ne pas s'y associer.
Ce matin, à la lecture des résultats nationaux, l'analyse s'amplifie : déçus les électeurs des milieux populaires, présents encore il y a un mois, ont déserté. L'abstention n'est pas le fait du hasard. Elle est politique. Elle est un rejet de la donne. La gauche n'est pas vaincue; elle est absente.
La gauche qui existe est donc ailleurs que là où l'on a voulu la fixer : dans la gauche d'hier, la gauche mécanique qui n'a qu'à suivre les consignes de vote des partis. La gauche vivante, quel que soit le nom qu'on lui donnera, se cherche et finira par se trouver.
Reste à à déterminer si la solidarité avec ceux qui ont représenté la gauche doit, une dernière fois, se manifester, par exemple, par un appel au soutien du candidat PS à la dérive, dans la seconde circonscription du val d'Oise où je vote. J'ai le sentiment que ce serait trahir les électeurs qui ne se reconnaissent, eux, ni dans la droite triomphante ni dans une gauche sans avenir. Nous sommes entrés dans une ère nouvelle et l'échec est si violent qu'il est inutile de vouloir en limiter voire en masquer l'amplitude.
Les écologistes n'ont pas à soutenir la gauche, à voler à son secours, tout simplement parce qu'elle ne leur est pas extérieure, parce qu'ils sont eux-mêmes la gauche, dans la gauche, une partie de la gauche, et responsables, pour cela, de ce qu'elle va devenir. C'est d'eux-mêmes que les Verts doivent, en priorité, s'occuper. Le PS n'est pas la gauche à lui seul. Pour lui, le vin amer est tiré; qu'il le boivent. DSK, dit-on, risque d'être battu : on le confondra donc moins, à présent, avec la gauche. L'opération vérité a commencé. Très douloureusement, contradictoirement : la gauche, en cessant d'être la gauche, s'est battue et détruite elle-même. On ne peut soutenir ce qui est à l'origine de la déconfiture.
Royal n'était pas candidate : elle aura ainsi évité la défaite dans sa terre du Poitou. La voilà qui veut prendre langue avec Bayrou. Si l'on se risque dans sa propre logique, cela vient non seulement un peu tard, mais c'est inutile et peut-être pitoyable. Appeler au secours d'une gauche qui n'est plus la gauche, un homme courageux mais en plein échec, qui a toujours honnêtement reconnu qu'il n'était pas de gauche, est non seulement contre productif, c'est ajouter de la confusion à la confusion, c'est en appeler à un "recentrage" de la gauche, c'est persister dans la volonté de blairiser le socialisme. C'est.... suicidaire!
Les Verts ont, à présent, autre chose à faire que d'accompagner, jusqu'au bout, le combat d'arrière garde de ceux qui sont la cause de leurs propres malheurs!
Si mes propos choquent, j'en demande pardon, mais qui ne parlera pas clair, en ces temps de décomposition-recomposition se résignera à voir "une" des gauches, devenue obsolète, gérer, à l'Assemblée Nationale, son tout petit capital minoritaire. Nous devons avoir plus d'ambition! L'écologie politique nous donne des clefs pour l'affirmation d'une tout autre gauche, qui sera de nouveau solidaire des victimes du système économique, qui sera à son tour "décomplexée", et qui préparera une véritable alternative; pas une simple alternance.
jeudi 7 juin 2007
Vers un nouvel ailleurs des écologistes.
Succès pour l'écologie, échec pour les écologistes ? L'élection présidentielle a permis de beaucoup parler de l'écologie, mais c’est le candidat le moins écologiste qui est devenu le Président de la République française !
Et maintenant? Comme, désormais, tout est lié aux risques considérables d’un réchauffement climatique non maîtrisé et au déficit des ressources énergétiques non renouvelables, l’urgence écologique va donc rester au cœur du débat politique. La signature du Pacte écologique de Nicolas Hulot avait traduit cette reconnaissance d’une évidence économique et politique, mais elle n’a nullement permis d'extraire la pensée politique de l'impasse intellectuelle et des fausses logiques qui nous ont conduits là où nous en sommes ?
Certains choix écologiques seront sans doute, un peu mieux pris en compte car on ne peut plus faire autrement. Même aux USA, dans certains États, on évolue. Pourtant, il n’est pas encore question de voir les dirigeants français remettre en cause ces choix nucléaires que, pourtant déplorent la majorité de nos concitoyens des autres pays d'Europe. De même, le moratoire sur les cultures OGM n'est point envisagé, en dépit du principe de précaution inscrit, à présent, dans la charte de l'Environnement de notre Constitution.
Une idée-force s’est imposée en France, avec bien du retard : nous ne pouvons plus vivre en nous en tenant à une conception quantitive de l'économie, en mesurant le dynamisme de nos sociétés à l'aide du seul comparatif de leurs PNB. Prendre exactement en compte nos ressources et nos moyens, impose de faire appel à d'autres critères. Économiser et écologiser iront désormais de pair. Pourtant, rapidement, apparaitrons les limites de la recherche de nouvelles sources de profit liées à l'exploitation du gisement d'activités regroupées autour du thème rebattu du « développement durable » (locution fourre-tout qui fait d'autant plus consensus qu'on peut y loger des concepts différents, voire opposés!).
Certes, il va bien falloir, dans les prochaines années, travailler sur l'isolation progressive des logements et bâtiments, la fourniture d'eau chaude domestique par panneaux solaires, la production d'électricité photovoltaïque, l’installation de puits canadien de type géothermique, voire l’installation de parcs d’éoliennes et la production de carburants propres. Et tout cela fournira des contrats juteux aux entreprises. Mais dès qu’il va s’agir d’évoquer la diminution du transport automobile, la réduction du transport aérien, la limitation de l'usage des pesticides, le contrôle accentué des industries chimiques polluantes, ou l'amélioration rapide des transports publics en nombre et en qualité, alors là, on risque de retomber dans le discours convenu qui en appelle à la science, au progrès, aux évolutions technologiques pour reporter à plus tard les décisions qui seraient à prendre, pourtant, courageusement, dès à présent !
L'écologie est entrée dans le champ économique. Il ne faut donc pas s'étonner que l'adaptabilité du capitalisme et sa capacité à mettre en œuvre tout ce qui peut produire des richesses, le conduisent à l'exploitation du filon. Mais toute cette récupération ne peut aller sans exacerbation des contradictions! La première étant qu'on ne peut, à la fois, gérer, sans se donner de limites, un monde qui est limité. La seconde, non moins délicate, étant que le renouvellement des ressources exploitables s'effectue à des échelles de temps qui excluent le court terme et donc le profit immédiat.
Le productivisme (qu’on appelle encore croissance, ce mot qui garde encore pour sens : produire pour produire, et le plus possible, afin de satisfaire les besoins de la société humaine), constitue une idéologie qui a ravagé la gauche comme la droite. On sait pourtant, de mieux en mieux, qu’on peut produire plus tout en aggravant la misère du monde, ne fut-ce que parce qu’on a toujours besoin de moins d’emploi, d'heures travaillées, pour obtenir plus de marchandises. Le slogan sarkoziste « travailler plus pour gagner plus », qui a fait florès, repose sur une illusion géante : d’une part parce que cela conduit à réduire le travail humain au travail salarié (ce que chaque activité ménagère permet de nier) mais aussi parce qu’en augmentant le nombre d’heures de travail, tout en diminuant la rétribution de chaque heure travaillée, on peut abaisser le coût total du travail et donc restreindre les rémunérations. La décroissance, concept dont on ne peut déjà plus empêcher l’examen, ne signifie pas recul de la production mais choix motivé de la production ; elle ne signifie pas renoncement à tout développement mais réorientation sélective du développement vers la satisfaction des besoins essentiels de l’humanité.
La FAO vient d’annoncer que l’agriculture biologique est en mesure de satisfaire tous les besoins alimentaires des 7 milliards d’êtres humains que nous serons bientôt. Les discours sur la production agricole intensive, pour sauver de la famine les populations des pays dits « en voie de développement », étaient et restent donc des discours mensongers. Dans la même fausse logique, si l’on utilise de trop grandes surfaces de terres arables pour produire du colza, de la canne à sucre ou du manioc, afin de remplacer l’essence de nos voitures par de l’éthanol, on va affamer les habitants de pays entiers, notamment sous les Tropiques! Si nul ne fait la critique écologique et politique des fausses solutions économiques, tant celles d’hier que celles que mitonnent de pseudo experts, alors là, oui, il y a motif à avoir peur, y compris peur des violences que cette injustice planétaire massive va engendrer. Aux écologistes de faire connaître l'étendue des périls! C'est là leur première tâche politique.
L’écologie n’est pas d’abord une théorie, c’est une pratique à mettre en œuvre dans notre quotidien. Il n’y a pas d’écologie sans écologistes. Encore faut-il que ces écologistes sachent apporter leur contribution à la redéfinition des valeurs d’une gauche qui ne sait plus ce qu’elle est. La gauche a raté le virage qui pouvait la redynamiser, et les Verts, en son sein, n’ont pas réussi à faire passer le message simple suivant : il n’y a pas plus de gauche sans écologie que d’écologie politique ailleurs qu’à gauche.
Soyons précis : il existe trois visages de la gauche (ce qui la rend méconnaissable) : la gauche de type blairiste, socialo-libérale, de centre gauche, ouverte au centre tout court, la gauche de gouvernement, à la française, aux idéaux devenus flous, unie autour d’un PS restant l'axe d’une majorité plurielle allant de PCF au MDC, au MRG et aux Verts, enfin, la gauche altermondialiste, riche de sa diversité, mais faible de par son histoire, juxtaposant trois variétés de trotskismes, mêlant différents courants antilibéraux et minoritaires dans leurs partis respectifs, ou, de plus en plus souvent, sans parti du tout. Ségolène Royal pour n’avoir pas choisi entre le premier et le second type de gauche (et en voulant faire se rallier à elle, in fine, y compris les altermondialistes) a sans doute perdu son élection pour n'avoir pas su ou pu échapper à la confusion engendrée par ce méli-mêlo.
Les Verts ont, de leur côté, été victimes de cette incapacité à surmonter les ambiguïtés de la gauche (lesquelles se réfléchissaient en leur sein). Les écolos dits « environnementalistes », ne faisant pas du rapport droite-gauche, un schisme structurant, sont soit restés dans leur « ni droite-ni gauche » (comme Antoine Waechter) soit passés au Parti démocrate, (où certains ont rejoint François Bayrou, comme Corine Lepage et Jean-Luc Benhamias). Les écolos nostalgiques de la gauche plurielle, convaincus que rien n’est possible sans une entente étroite avec le PS, même au terme de débats serrés, ont encore la maîtrise de ce qui reste de l’appareil des Verts et se retrouvent autour de Dominique Voynet, de Noël Mamère, voire d’Yves Cochet. Enfin, les écolos altermondialistes ou "alterékolos", qui ont soutenu José Bové, se regroupent autant à l’extérieur qu’à l’intérieur des Verts, dans les associations, et se caractérisent par leur refus de rendre l’écologie soluble dans le social-libéralisme comme dans le libéralisme.
Reconstituer la gauche ou les Verts revient donc finalement au même. Il s’agit de savoir si s’ouvre le temps (ou un temps) pendant lequel prime « l’union de toutes les bonnes volontés de droite comme de gauche », vues les urgences écologistes -première hypothèse- ? Ou bien il s'agit de savoir si s’est ouvert le temps d’une acceptation de la bipolarisation politique, en France : droite modérée contre gauche modérée, incluant chacune une dimension écologiste, dans un contexte institutionnel pour longtemps encore présidentiel -seconde hypothèse-. Ou bien il s'agit de savoir, enfin, si les temps qui s’annoncent sont, au contraire, des temps de transformation sociale majeurs, où la radicalité des choix, sous l’influence des contraintes écologistes, ne peut qu’engendrer des conflits politiques importants entre ceux qui supportent et ceux qui ne supportent plus les écarts des conditions de vie d’un bout à l’autre de la planète, -troisième hypothèse-.
Sous cet éclairage, on doit envisager comme probable l’éclatement d’une gauche de plus en plus disparate. Ni unie, ni plurielle, ni durable, la gauche est faite, actuellement, de gauches incompatibles. En dépit de leurs accords multiples sur le fond des dossiers, les Verts, pris dans ce maelström, ne peuvent, à leur tour, que se distinguer ou se séparer les uns des autres, leurs divergences, stratégiques autant que tactiques, étant insurmontables.
Pour ma part, considérant qu’être, ou ne pas être, membre d’un parti politique, n'a plus rien d'’essentiel je me positionne, aisément, sans m'inscrire dans des conflictualités boutiquières inutiles, parmi les altermondialistes. Ma rupture avec la gauche de gouvernement et les Verts, du moins tels qu’ils fonctionnent actuellement, est donc, cette fois, devenue inéluctable. Il ne m'est pas possible de savoir quand et comment, mais je sais déjà qu'il me sera donné de m'impliquer dans un nouvel ailleurs politique.
Et maintenant? Comme, désormais, tout est lié aux risques considérables d’un réchauffement climatique non maîtrisé et au déficit des ressources énergétiques non renouvelables, l’urgence écologique va donc rester au cœur du débat politique. La signature du Pacte écologique de Nicolas Hulot avait traduit cette reconnaissance d’une évidence économique et politique, mais elle n’a nullement permis d'extraire la pensée politique de l'impasse intellectuelle et des fausses logiques qui nous ont conduits là où nous en sommes ?
Certains choix écologiques seront sans doute, un peu mieux pris en compte car on ne peut plus faire autrement. Même aux USA, dans certains États, on évolue. Pourtant, il n’est pas encore question de voir les dirigeants français remettre en cause ces choix nucléaires que, pourtant déplorent la majorité de nos concitoyens des autres pays d'Europe. De même, le moratoire sur les cultures OGM n'est point envisagé, en dépit du principe de précaution inscrit, à présent, dans la charte de l'Environnement de notre Constitution.
Une idée-force s’est imposée en France, avec bien du retard : nous ne pouvons plus vivre en nous en tenant à une conception quantitive de l'économie, en mesurant le dynamisme de nos sociétés à l'aide du seul comparatif de leurs PNB. Prendre exactement en compte nos ressources et nos moyens, impose de faire appel à d'autres critères. Économiser et écologiser iront désormais de pair. Pourtant, rapidement, apparaitrons les limites de la recherche de nouvelles sources de profit liées à l'exploitation du gisement d'activités regroupées autour du thème rebattu du « développement durable » (locution fourre-tout qui fait d'autant plus consensus qu'on peut y loger des concepts différents, voire opposés!).
Certes, il va bien falloir, dans les prochaines années, travailler sur l'isolation progressive des logements et bâtiments, la fourniture d'eau chaude domestique par panneaux solaires, la production d'électricité photovoltaïque, l’installation de puits canadien de type géothermique, voire l’installation de parcs d’éoliennes et la production de carburants propres. Et tout cela fournira des contrats juteux aux entreprises. Mais dès qu’il va s’agir d’évoquer la diminution du transport automobile, la réduction du transport aérien, la limitation de l'usage des pesticides, le contrôle accentué des industries chimiques polluantes, ou l'amélioration rapide des transports publics en nombre et en qualité, alors là, on risque de retomber dans le discours convenu qui en appelle à la science, au progrès, aux évolutions technologiques pour reporter à plus tard les décisions qui seraient à prendre, pourtant, courageusement, dès à présent !
L'écologie est entrée dans le champ économique. Il ne faut donc pas s'étonner que l'adaptabilité du capitalisme et sa capacité à mettre en œuvre tout ce qui peut produire des richesses, le conduisent à l'exploitation du filon. Mais toute cette récupération ne peut aller sans exacerbation des contradictions! La première étant qu'on ne peut, à la fois, gérer, sans se donner de limites, un monde qui est limité. La seconde, non moins délicate, étant que le renouvellement des ressources exploitables s'effectue à des échelles de temps qui excluent le court terme et donc le profit immédiat.
Le productivisme (qu’on appelle encore croissance, ce mot qui garde encore pour sens : produire pour produire, et le plus possible, afin de satisfaire les besoins de la société humaine), constitue une idéologie qui a ravagé la gauche comme la droite. On sait pourtant, de mieux en mieux, qu’on peut produire plus tout en aggravant la misère du monde, ne fut-ce que parce qu’on a toujours besoin de moins d’emploi, d'heures travaillées, pour obtenir plus de marchandises. Le slogan sarkoziste « travailler plus pour gagner plus », qui a fait florès, repose sur une illusion géante : d’une part parce que cela conduit à réduire le travail humain au travail salarié (ce que chaque activité ménagère permet de nier) mais aussi parce qu’en augmentant le nombre d’heures de travail, tout en diminuant la rétribution de chaque heure travaillée, on peut abaisser le coût total du travail et donc restreindre les rémunérations. La décroissance, concept dont on ne peut déjà plus empêcher l’examen, ne signifie pas recul de la production mais choix motivé de la production ; elle ne signifie pas renoncement à tout développement mais réorientation sélective du développement vers la satisfaction des besoins essentiels de l’humanité.
La FAO vient d’annoncer que l’agriculture biologique est en mesure de satisfaire tous les besoins alimentaires des 7 milliards d’êtres humains que nous serons bientôt. Les discours sur la production agricole intensive, pour sauver de la famine les populations des pays dits « en voie de développement », étaient et restent donc des discours mensongers. Dans la même fausse logique, si l’on utilise de trop grandes surfaces de terres arables pour produire du colza, de la canne à sucre ou du manioc, afin de remplacer l’essence de nos voitures par de l’éthanol, on va affamer les habitants de pays entiers, notamment sous les Tropiques! Si nul ne fait la critique écologique et politique des fausses solutions économiques, tant celles d’hier que celles que mitonnent de pseudo experts, alors là, oui, il y a motif à avoir peur, y compris peur des violences que cette injustice planétaire massive va engendrer. Aux écologistes de faire connaître l'étendue des périls! C'est là leur première tâche politique.
L’écologie n’est pas d’abord une théorie, c’est une pratique à mettre en œuvre dans notre quotidien. Il n’y a pas d’écologie sans écologistes. Encore faut-il que ces écologistes sachent apporter leur contribution à la redéfinition des valeurs d’une gauche qui ne sait plus ce qu’elle est. La gauche a raté le virage qui pouvait la redynamiser, et les Verts, en son sein, n’ont pas réussi à faire passer le message simple suivant : il n’y a pas plus de gauche sans écologie que d’écologie politique ailleurs qu’à gauche.
Soyons précis : il existe trois visages de la gauche (ce qui la rend méconnaissable) : la gauche de type blairiste, socialo-libérale, de centre gauche, ouverte au centre tout court, la gauche de gouvernement, à la française, aux idéaux devenus flous, unie autour d’un PS restant l'axe d’une majorité plurielle allant de PCF au MDC, au MRG et aux Verts, enfin, la gauche altermondialiste, riche de sa diversité, mais faible de par son histoire, juxtaposant trois variétés de trotskismes, mêlant différents courants antilibéraux et minoritaires dans leurs partis respectifs, ou, de plus en plus souvent, sans parti du tout. Ségolène Royal pour n’avoir pas choisi entre le premier et le second type de gauche (et en voulant faire se rallier à elle, in fine, y compris les altermondialistes) a sans doute perdu son élection pour n'avoir pas su ou pu échapper à la confusion engendrée par ce méli-mêlo.
Les Verts ont, de leur côté, été victimes de cette incapacité à surmonter les ambiguïtés de la gauche (lesquelles se réfléchissaient en leur sein). Les écolos dits « environnementalistes », ne faisant pas du rapport droite-gauche, un schisme structurant, sont soit restés dans leur « ni droite-ni gauche » (comme Antoine Waechter) soit passés au Parti démocrate, (où certains ont rejoint François Bayrou, comme Corine Lepage et Jean-Luc Benhamias). Les écolos nostalgiques de la gauche plurielle, convaincus que rien n’est possible sans une entente étroite avec le PS, même au terme de débats serrés, ont encore la maîtrise de ce qui reste de l’appareil des Verts et se retrouvent autour de Dominique Voynet, de Noël Mamère, voire d’Yves Cochet. Enfin, les écolos altermondialistes ou "alterékolos", qui ont soutenu José Bové, se regroupent autant à l’extérieur qu’à l’intérieur des Verts, dans les associations, et se caractérisent par leur refus de rendre l’écologie soluble dans le social-libéralisme comme dans le libéralisme.
Reconstituer la gauche ou les Verts revient donc finalement au même. Il s’agit de savoir si s’ouvre le temps (ou un temps) pendant lequel prime « l’union de toutes les bonnes volontés de droite comme de gauche », vues les urgences écologistes -première hypothèse- ? Ou bien il s'agit de savoir si s’est ouvert le temps d’une acceptation de la bipolarisation politique, en France : droite modérée contre gauche modérée, incluant chacune une dimension écologiste, dans un contexte institutionnel pour longtemps encore présidentiel -seconde hypothèse-. Ou bien il s'agit de savoir, enfin, si les temps qui s’annoncent sont, au contraire, des temps de transformation sociale majeurs, où la radicalité des choix, sous l’influence des contraintes écologistes, ne peut qu’engendrer des conflits politiques importants entre ceux qui supportent et ceux qui ne supportent plus les écarts des conditions de vie d’un bout à l’autre de la planète, -troisième hypothèse-.
Sous cet éclairage, on doit envisager comme probable l’éclatement d’une gauche de plus en plus disparate. Ni unie, ni plurielle, ni durable, la gauche est faite, actuellement, de gauches incompatibles. En dépit de leurs accords multiples sur le fond des dossiers, les Verts, pris dans ce maelström, ne peuvent, à leur tour, que se distinguer ou se séparer les uns des autres, leurs divergences, stratégiques autant que tactiques, étant insurmontables.
Pour ma part, considérant qu’être, ou ne pas être, membre d’un parti politique, n'a plus rien d'’essentiel je me positionne, aisément, sans m'inscrire dans des conflictualités boutiquières inutiles, parmi les altermondialistes. Ma rupture avec la gauche de gouvernement et les Verts, du moins tels qu’ils fonctionnent actuellement, est donc, cette fois, devenue inéluctable. Il ne m'est pas possible de savoir quand et comment, mais je sais déjà qu'il me sera donné de m'impliquer dans un nouvel ailleurs politique.
mardi 5 juin 2007
La radicalité et la peur.
Un ami m'adresse un courriel et y conteste l'usage du mot radical en politique qui ferait peur aux citoyens.
Je tiens à ce vocable : "radical".
Sous les mots, il y a des définitions.
En l'occurence, sous le mot radical, il y a la définition même de la politique.
Du reste, il convient de restituer, au mot "radical", son sens qu'avaient avachi les partis politiques pseudo-radicaux ("de gauche" ou valoisien).
Le radical s'enfonce dans le terreau de la vie.
D'aucuns prétendent donc que la radicalité fait fuir l'électeur, car elle lui fait peur!
C'est la confondre avec l'extrémisme!
Fait-elle peur, vraiment? Pas à tous les citoyens, tant s'en faut.
Faut-il du reste ne pas faire peur?
La vérité, -pas celle qu'on croit détenir, celle qu'on approche-, fait utilement peur.
Ce qu'on découvre sous les propos haineux d'un Fillon en meeting, hier, fait tout à fait peur.
La réalité très inquiétante de la planète, avec ses conflits multipliés et ses menaces climatiques, fait plus que peur. Elle angoisse.
Impossible de nourrir sa conscience politique et de mener une action politique sans avoir peur.
Car ouvrir les yeux ou faire ouvrir les yeux enclenche une peur, souvent salutaire.
J'entends dire que l'avant-garde ferait moins peur que la radicalité!
Des avant-garde, je sais qu'elles sont, le plus souvent, décimées.
Avant-garde est un concept militaire, comme militant ou campagne (électorale).
Ce sont des mots de la guerre.
Certes, les avant-garde explorent utilement le terrain avant que ne s'avance le gros de la troupe, et ceux qui les constituent vivent, courageusement, mais... dans la peur.
L'avant-garde "vient avant ou devant".
Elle est faite de sacrifiés.
Je veux bien accepter le concept d'avant-garde car il faut qu'il y ait des hommes véritables qui osent s'avancer les premiers sur des territoires mal connus, mais la radicalité m'apparaît plus exigeante encore.
Elle touche au cœur, à la racine, à l'essentiel.
Elle prétend possible un autre monde. Elle rend féconde l'utopie.
Face à la radicalité de la droite qu'expriment, sans peur, Sarkozy et consorts, faudrait-il se retenir de dire, notamment, la radicalité de l'écologie politique, parce qu'elle fait peur?
Selon moi, ce qui fait le plus peur, une peur délétère cette fois, c'est la résignation, l'abandon, l'abdication citoyenne, bref le renoncement à la radicalité.
Je tiens à ce vocable : "radical".
Sous les mots, il y a des définitions.
En l'occurence, sous le mot radical, il y a la définition même de la politique.
Du reste, il convient de restituer, au mot "radical", son sens qu'avaient avachi les partis politiques pseudo-radicaux ("de gauche" ou valoisien).
Le radical s'enfonce dans le terreau de la vie.
D'aucuns prétendent donc que la radicalité fait fuir l'électeur, car elle lui fait peur!
C'est la confondre avec l'extrémisme!
Fait-elle peur, vraiment? Pas à tous les citoyens, tant s'en faut.
Faut-il du reste ne pas faire peur?
La vérité, -pas celle qu'on croit détenir, celle qu'on approche-, fait utilement peur.
Ce qu'on découvre sous les propos haineux d'un Fillon en meeting, hier, fait tout à fait peur.
La réalité très inquiétante de la planète, avec ses conflits multipliés et ses menaces climatiques, fait plus que peur. Elle angoisse.
Impossible de nourrir sa conscience politique et de mener une action politique sans avoir peur.
Car ouvrir les yeux ou faire ouvrir les yeux enclenche une peur, souvent salutaire.
J'entends dire que l'avant-garde ferait moins peur que la radicalité!
Des avant-garde, je sais qu'elles sont, le plus souvent, décimées.
Avant-garde est un concept militaire, comme militant ou campagne (électorale).
Ce sont des mots de la guerre.
Certes, les avant-garde explorent utilement le terrain avant que ne s'avance le gros de la troupe, et ceux qui les constituent vivent, courageusement, mais... dans la peur.
L'avant-garde "vient avant ou devant".
Elle est faite de sacrifiés.
Je veux bien accepter le concept d'avant-garde car il faut qu'il y ait des hommes véritables qui osent s'avancer les premiers sur des territoires mal connus, mais la radicalité m'apparaît plus exigeante encore.
Elle touche au cœur, à la racine, à l'essentiel.
Elle prétend possible un autre monde. Elle rend féconde l'utopie.
Face à la radicalité de la droite qu'expriment, sans peur, Sarkozy et consorts, faudrait-il se retenir de dire, notamment, la radicalité de l'écologie politique, parce qu'elle fait peur?
Selon moi, ce qui fait le plus peur, une peur délétère cette fois, c'est la résignation, l'abandon, l'abdication citoyenne, bref le renoncement à la radicalité.
dimanche 3 juin 2007
De l'utilité d'une purge politique
Qu'ils forment ou déforment l'opinion des électeurs, peu importe, l'évidence est que les médias apportent les éléments de la réflexion collective.
Et que nous disent actuellement les médias? Que tout réussit à Nicolas Sarkozy. Que la présidentialisation accentuée de la vie politique française est acquise. Que le Parlement qui va sortir des urnes, le 17 juin, sera aux ordres du Président, l'opposition y étant laminée. Que Ségolène Royal s'est introduite dans la robe du possible président à venir sans complexe, c'est-à-dire en acceptant définitivement la bipolarisation. Que même réduit à la portion congrue, le parti socialiste restera le seul à pouvoir ambitionner un accès au pouvoir dans la décennie à venir. Que tous ceux qui ont été des condamnés, des mal aimés, des chassés peuvent revenir en force : de Gérard Longuet en Lorraine jusqu'à Alain Carignon à Grenoble, sans oublier Alain Juppé à Bordeaux.
Les Français seraient-ils devenus sourds et aveugles? Est-ce un mauvais rêve? Mais surtout qu'est-ce qui a rendu inintelligents les chercheurs en politique qui ont toujours réponse à tout et qui, en fin de compte, n'expliquent rien.
Car que nous disent les doctes possesseurs de vérité dont la gauche est emplie?
Que les institutions et les lois électorales déterminent cette évolution inéluctable vers l'élimination des oppositions politiquement incorrectes?
Mais alors, pourquoi n'a-t-on pas fait de la sortie de ce piège la priorité absolue?
Que celui qui détient le pouvoir de l'argent et de la presse ne peut qu'accéder au pouvoir central.
Mais alors, pourquoi n'a-t-on pas davantage dénoncé ce lien entre l'économique et le politique?
Que la modernisation de la gauche française n'ayant pas été faite, elle n'était plus crédible pour convaincre les citoyens.
Mais alors, pourquoi la même gauche a-t-elle remporté massivement, les dernières élections régionales et cantonales?
On peut longtemps, ainsi, aligner les contradictions. La réalité est telle : ou bien l'opinion est entièrement malléable et la démocratie n'est plus qu'un jeu d'apparences, ou bien l'opinion, en s'exprimant à un moment t de l'histoire, reflète bien l'état du pays, -les médias n'ayant pu, en 2005, inverser la réponse des Français au référendum-, et ce sont les erreurs, les insuffisances, les contradictions des gauches qui ont été sanctionnées.
La situation ne s'analyse sans doute pas de façon aussi carrée. Oui, les lois électorales aggravent la punition. Oui, les médias limitent la capacité d'expression des opposants. Oui, entre les forces des tenants de l'économie triomphante et les forces des acteurs politiques des citoyens dominés, il y a disproportion. Oui, les prêches néo marxistes et les références au seul passé diminuent l'impact de la parole politique, à gauche.
Cependant, ce qui est cause d'échec, c'est, à la fois, l'absence de projet politique d'avenir (le manque d'utopie créatrice) et la juxtaposition de préconisations incompatibles ( selon qu'on pense en terme de parti de gouvernement ou en terme de mouvement de transformation sociale).
Entre les partis de la gauche traditionnelle, (PS, PRG ou MDC) et les formations politiques dites d'extrême gauche (LO, PT, LCR : eux-mêmes inconciliables), il n' y a guère de voie de passage. Quant aux partis communistes et Vert, coincés dans l'entre deux, voulant participer aux gouvernements et ne pas être confondus avec un PS contesté, ils devront soit disparaître s'ils persistent, soit se refonder pour pouvoir réapparaître.
La refondation, voilà bien le maître mot, dont on va faire mille usage dans les mois à venir. Et rien ne garantit encore que la ou plutôt les différentes refondations vont suffire à clarifier les pensées et à redonner de la crédibilité à ces gauches qui ne peuvent s'unir puisqu'elles ne visent plus les mêmes objectifs. Entre la refondation-droitisation que ne cessent d'appeler de leurs vœux Cohn-Bendit, DSK et bien d'autres, d'une part, et la refondation-antilibérale dont on nous promet les Assises à l'automne, d'autre part, il y a un abîme.
Les élections législatives vont mettre en premier plan, cruellement, par le nombre de voix autant que par le nombre de députés, le vide de la représentation de ceux qui s'essoufflent encore à crier leurs convictions de moins en moins écoutés. Le Parti communiste pourrait bien, pour la première fois, ne plus avoir de groupe parlementaire. Les Verts n'en auront toujours pas. Aucun des partis qui ont multiplié les candidatures pour grapiller les euros ne comptera un seul député et si une exception surgissait, elle ferait spectacle et pas événement. Quant au PS, il va subir le contre choc de ses divisions internes : largement diminué dans sa représentation parlementaire, il va entrer dans la phase cruciale, celle où l'on se déchire jusqu'à se séparer, à moins que ce ne soit jusqu'à se déjuger afin de sauver les apparences.
Fallait-il passer par ce désastre pour refonder non pas tel ou tel parti mais tout simplement la politique? Car, là où nous sommes tous, citoyens, responsables et coupables de l'échec historique qui nous traumatise tous, c'est que nous n'avons pas, à temps, repensé la politique. Nous restons intellectuellement prisonniers de vocables usés. D'une telles déconvenues, on ne peut sortir que par le haut. On ne peut, en effet, chuter plus bas. Tout se passe comme si, -et j'avoue que c'est une lecture optimiste des événements-, les électeurs avaient passé un impitoyable coup de torchon sur tout ce qui interdit la résurgence de la pensée politique dans ce qui fut la gauche.
La démocratie n'est pas ce qu'on en a cru. La gauche l'a pensée comme étant la chance de faire triompher le nombre sur le chiffre, le nombre des travailleurs sur le chiffre d'affaires. Il semblait inéluctable que la masse des petits finisse par l'emporter sur les "deux-cents familles" ou la minorité des possédants. La Révolution française n'avait-elle pas balayé la noblesse installée aux commandes du royaume? La révolution sociale donnerait le pouvoir à la classe ouvrière. On sait ce qu'il en advint. Si, à présent, les citoyens-travailleurs ne détiennent plus la clé de l'avenir, c'est que le travail est plus que la production, le travailleur plus que le salarié, et, la-dessus, le candidat Sarrkozy avec son "travailler plus pour gagner plus" va être contredit par le président Sarkozy. Le réel n'est manipulable que durant des périodes brèves.
Je retrouve, peu à peu, quelques raisons de me redynamiser. J'aurai vécu ce drame électoral, -pour moi, c'en est un- comme une violente purge politique. Sans elle, sans doute, jamais nous n'aurions osé dire et faire ce que nous allons pouvoir, à présent, dire et faire. Le temps politique ne connaît pas de hâte ( et là encore Sarkozy pourrait bien chuter). Par chance, l'écologie politique aura été embarquée dans cette obligation de la refondation; elle aussi a subi la purge. Et comme elle recèle les possibilités de réanimer la pensée antiproductiviste et anticapitaliste, je ne doute pas qu'elle émerge enfin mais il lui faudra autre chose que la résurrection d'un parti. La démocratie ne peut plus que se vivre et penser ailleurs qu'au sein des partis dont le modèle est cassé. La généralisation de la politique qu'annonce l'énorme participation électorale, ne doit pas nous donner à croire que tout est joué avec une plusieurs élections. La politique par intermittence s'achève. Si nous restions enfermés dans les pratiques politiques déjà connues, nous pourrions désespérer. J'ai, en ce jour, la conviction que le temps de la politique "classique" est révolue. Nous allons entrer dans une période faste (et dangereuse) où rien ne sera plus acquis pour quelque pouvoir que ce soit.
Et que nous disent actuellement les médias? Que tout réussit à Nicolas Sarkozy. Que la présidentialisation accentuée de la vie politique française est acquise. Que le Parlement qui va sortir des urnes, le 17 juin, sera aux ordres du Président, l'opposition y étant laminée. Que Ségolène Royal s'est introduite dans la robe du possible président à venir sans complexe, c'est-à-dire en acceptant définitivement la bipolarisation. Que même réduit à la portion congrue, le parti socialiste restera le seul à pouvoir ambitionner un accès au pouvoir dans la décennie à venir. Que tous ceux qui ont été des condamnés, des mal aimés, des chassés peuvent revenir en force : de Gérard Longuet en Lorraine jusqu'à Alain Carignon à Grenoble, sans oublier Alain Juppé à Bordeaux.
Les Français seraient-ils devenus sourds et aveugles? Est-ce un mauvais rêve? Mais surtout qu'est-ce qui a rendu inintelligents les chercheurs en politique qui ont toujours réponse à tout et qui, en fin de compte, n'expliquent rien.
Car que nous disent les doctes possesseurs de vérité dont la gauche est emplie?
Que les institutions et les lois électorales déterminent cette évolution inéluctable vers l'élimination des oppositions politiquement incorrectes?
Mais alors, pourquoi n'a-t-on pas fait de la sortie de ce piège la priorité absolue?
Que celui qui détient le pouvoir de l'argent et de la presse ne peut qu'accéder au pouvoir central.
Mais alors, pourquoi n'a-t-on pas davantage dénoncé ce lien entre l'économique et le politique?
Que la modernisation de la gauche française n'ayant pas été faite, elle n'était plus crédible pour convaincre les citoyens.
Mais alors, pourquoi la même gauche a-t-elle remporté massivement, les dernières élections régionales et cantonales?
On peut longtemps, ainsi, aligner les contradictions. La réalité est telle : ou bien l'opinion est entièrement malléable et la démocratie n'est plus qu'un jeu d'apparences, ou bien l'opinion, en s'exprimant à un moment t de l'histoire, reflète bien l'état du pays, -les médias n'ayant pu, en 2005, inverser la réponse des Français au référendum-, et ce sont les erreurs, les insuffisances, les contradictions des gauches qui ont été sanctionnées.
La situation ne s'analyse sans doute pas de façon aussi carrée. Oui, les lois électorales aggravent la punition. Oui, les médias limitent la capacité d'expression des opposants. Oui, entre les forces des tenants de l'économie triomphante et les forces des acteurs politiques des citoyens dominés, il y a disproportion. Oui, les prêches néo marxistes et les références au seul passé diminuent l'impact de la parole politique, à gauche.
Cependant, ce qui est cause d'échec, c'est, à la fois, l'absence de projet politique d'avenir (le manque d'utopie créatrice) et la juxtaposition de préconisations incompatibles ( selon qu'on pense en terme de parti de gouvernement ou en terme de mouvement de transformation sociale).
Entre les partis de la gauche traditionnelle, (PS, PRG ou MDC) et les formations politiques dites d'extrême gauche (LO, PT, LCR : eux-mêmes inconciliables), il n' y a guère de voie de passage. Quant aux partis communistes et Vert, coincés dans l'entre deux, voulant participer aux gouvernements et ne pas être confondus avec un PS contesté, ils devront soit disparaître s'ils persistent, soit se refonder pour pouvoir réapparaître.
La refondation, voilà bien le maître mot, dont on va faire mille usage dans les mois à venir. Et rien ne garantit encore que la ou plutôt les différentes refondations vont suffire à clarifier les pensées et à redonner de la crédibilité à ces gauches qui ne peuvent s'unir puisqu'elles ne visent plus les mêmes objectifs. Entre la refondation-droitisation que ne cessent d'appeler de leurs vœux Cohn-Bendit, DSK et bien d'autres, d'une part, et la refondation-antilibérale dont on nous promet les Assises à l'automne, d'autre part, il y a un abîme.
Les élections législatives vont mettre en premier plan, cruellement, par le nombre de voix autant que par le nombre de députés, le vide de la représentation de ceux qui s'essoufflent encore à crier leurs convictions de moins en moins écoutés. Le Parti communiste pourrait bien, pour la première fois, ne plus avoir de groupe parlementaire. Les Verts n'en auront toujours pas. Aucun des partis qui ont multiplié les candidatures pour grapiller les euros ne comptera un seul député et si une exception surgissait, elle ferait spectacle et pas événement. Quant au PS, il va subir le contre choc de ses divisions internes : largement diminué dans sa représentation parlementaire, il va entrer dans la phase cruciale, celle où l'on se déchire jusqu'à se séparer, à moins que ce ne soit jusqu'à se déjuger afin de sauver les apparences.
Fallait-il passer par ce désastre pour refonder non pas tel ou tel parti mais tout simplement la politique? Car, là où nous sommes tous, citoyens, responsables et coupables de l'échec historique qui nous traumatise tous, c'est que nous n'avons pas, à temps, repensé la politique. Nous restons intellectuellement prisonniers de vocables usés. D'une telles déconvenues, on ne peut sortir que par le haut. On ne peut, en effet, chuter plus bas. Tout se passe comme si, -et j'avoue que c'est une lecture optimiste des événements-, les électeurs avaient passé un impitoyable coup de torchon sur tout ce qui interdit la résurgence de la pensée politique dans ce qui fut la gauche.
La démocratie n'est pas ce qu'on en a cru. La gauche l'a pensée comme étant la chance de faire triompher le nombre sur le chiffre, le nombre des travailleurs sur le chiffre d'affaires. Il semblait inéluctable que la masse des petits finisse par l'emporter sur les "deux-cents familles" ou la minorité des possédants. La Révolution française n'avait-elle pas balayé la noblesse installée aux commandes du royaume? La révolution sociale donnerait le pouvoir à la classe ouvrière. On sait ce qu'il en advint. Si, à présent, les citoyens-travailleurs ne détiennent plus la clé de l'avenir, c'est que le travail est plus que la production, le travailleur plus que le salarié, et, la-dessus, le candidat Sarrkozy avec son "travailler plus pour gagner plus" va être contredit par le président Sarkozy. Le réel n'est manipulable que durant des périodes brèves.
Je retrouve, peu à peu, quelques raisons de me redynamiser. J'aurai vécu ce drame électoral, -pour moi, c'en est un- comme une violente purge politique. Sans elle, sans doute, jamais nous n'aurions osé dire et faire ce que nous allons pouvoir, à présent, dire et faire. Le temps politique ne connaît pas de hâte ( et là encore Sarkozy pourrait bien chuter). Par chance, l'écologie politique aura été embarquée dans cette obligation de la refondation; elle aussi a subi la purge. Et comme elle recèle les possibilités de réanimer la pensée antiproductiviste et anticapitaliste, je ne doute pas qu'elle émerge enfin mais il lui faudra autre chose que la résurrection d'un parti. La démocratie ne peut plus que se vivre et penser ailleurs qu'au sein des partis dont le modèle est cassé. La généralisation de la politique qu'annonce l'énorme participation électorale, ne doit pas nous donner à croire que tout est joué avec une plusieurs élections. La politique par intermittence s'achève. Si nous restions enfermés dans les pratiques politiques déjà connues, nous pourrions désespérer. J'ai, en ce jour, la conviction que le temps de la politique "classique" est révolue. Nous allons entrer dans une période faste (et dangereuse) où rien ne sera plus acquis pour quelque pouvoir que ce soit.
dimanche 27 mai 2007
Exil et résistance
Après ces surprenantes et brutales élections présidentielles, de mai 2007, nul ne sait plus, en France, dans ce qu’on appelait la gauche, où se situer.
Nous voici astreints à l’exil et à la résistance.
Mais qui se sent en exil est-il encore capable de résistance?
Car l’exil est interne, et la résistance devra faire face à une légitimité !
Français d’une France qui est minoritaire, nous nous retrouvons mis à l’écart.
Vaincus à la régulière, nous voici, et peut-être pour longtemps, dépendants des décisions d’un monarque républicain, un président dont tout dépend !
Confiance, défiance, méfiance sont les sentiments contradictoires que se partagent ces exilés temporaires ou permanents que nous allons devenir.
Confiance tout de même, pour ceux qui pensent encore qu’au milieu de ces échecs demeurent des gisements de possibilités et qui se tiennent prêts à exploiter le peu de décisions du nouveau pouvoir qui seront compatibles avec leur regard sur le monde.
Défiance et vigilance, pour ceux qui restent à jamais sur leurs gardes, mais qui ne veulent pas vivre, en repli, leur temps d’action durant cinq ou dix années.
Méfiance permanente, pour ceux -et j’en suis- qui, sans renoncer à engranger des succès et sans abandonner les luttes, ne se forgent pas d’illusions et n’attendent rien d’un pouvoir national qui, en dépit de ses habilités ou de ses concessions, ne visera toujours que la satisfaction maximale d’élites impitoyables aux petits.
Je ne peux faire partie de cette France qui a succombé aux charmes et aux mensonges de professionnels de la politique. Exil, donc.
Je ne peux, toutefois, me résigner à subir les conséquences d’un scrutin dont je sais, par avance, les effets qu’il vont produire et notamment sur les plus pauvres. Résistance, aussi.
Rester en ce pays sans en être. Résister sans fuir. Cela conduit tout droit à la désobéissance civile.
Être dissident sans être délinquant. Se déclarer irrespectueux des lois qui violent le droit. Faire passer la légitimité avant la légalité. Faire prévaloir la responsabilité avant la discipline. Cette attitude de rupture n’est pas sans risque mais le pire des risques serait dans la soumission, la résignation, le renoncement.
Il faut se préparer à lutter. D’abord, contre la banalisation d’une situation où, au nom d’une pseudo démocratie, vont se vautrer les profiteurs et les pleutres. Ensuite, contre les aveuglements des négateurs de la radicalité. Enfin contre les violents que ne comptent que sur le court terme. Avec, en outre, pour moi, -que faire d’autre ?-, l’obligation d’effectuer un travail de plume efficace. C’est un challenge qui me déborde mais je n’ai pas le choix.
Nous voici astreints à l’exil et à la résistance.
Mais qui se sent en exil est-il encore capable de résistance?
Car l’exil est interne, et la résistance devra faire face à une légitimité !
Français d’une France qui est minoritaire, nous nous retrouvons mis à l’écart.
Vaincus à la régulière, nous voici, et peut-être pour longtemps, dépendants des décisions d’un monarque républicain, un président dont tout dépend !
Confiance, défiance, méfiance sont les sentiments contradictoires que se partagent ces exilés temporaires ou permanents que nous allons devenir.
Confiance tout de même, pour ceux qui pensent encore qu’au milieu de ces échecs demeurent des gisements de possibilités et qui se tiennent prêts à exploiter le peu de décisions du nouveau pouvoir qui seront compatibles avec leur regard sur le monde.
Défiance et vigilance, pour ceux qui restent à jamais sur leurs gardes, mais qui ne veulent pas vivre, en repli, leur temps d’action durant cinq ou dix années.
Méfiance permanente, pour ceux -et j’en suis- qui, sans renoncer à engranger des succès et sans abandonner les luttes, ne se forgent pas d’illusions et n’attendent rien d’un pouvoir national qui, en dépit de ses habilités ou de ses concessions, ne visera toujours que la satisfaction maximale d’élites impitoyables aux petits.
Je ne peux faire partie de cette France qui a succombé aux charmes et aux mensonges de professionnels de la politique. Exil, donc.
Je ne peux, toutefois, me résigner à subir les conséquences d’un scrutin dont je sais, par avance, les effets qu’il vont produire et notamment sur les plus pauvres. Résistance, aussi.
Rester en ce pays sans en être. Résister sans fuir. Cela conduit tout droit à la désobéissance civile.
Être dissident sans être délinquant. Se déclarer irrespectueux des lois qui violent le droit. Faire passer la légitimité avant la légalité. Faire prévaloir la responsabilité avant la discipline. Cette attitude de rupture n’est pas sans risque mais le pire des risques serait dans la soumission, la résignation, le renoncement.
Il faut se préparer à lutter. D’abord, contre la banalisation d’une situation où, au nom d’une pseudo démocratie, vont se vautrer les profiteurs et les pleutres. Ensuite, contre les aveuglements des négateurs de la radicalité. Enfin contre les violents que ne comptent que sur le court terme. Avec, en outre, pour moi, -que faire d’autre ?-, l’obligation d’effectuer un travail de plume efficace. C’est un challenge qui me déborde mais je n’ai pas le choix.
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