mardi 26 février 2008

Questions autour d'un vol "vert"?

"Les écolos britanniques ont accueilli froidement le premier vol commercial «vert» initié par Virgin dimanche. Il carburait, pour 20 % de l’un de ses quatre réservoirs, à l’huile de coco et de babassu. Selon le Mouvement pour le développement mondial (WDM), cette initiative ne serait qu’un «coup de pub avec de dangereuses conséquences pour la planète». Accusés d’entraîner la déforestation et de menacer l’agriculture de subsistance dans les pays du Sud, les biocarburants seraient une mauvaise réponse à la question climatique. Pis, si tous les vols britanniques utilisaient ces carburants, souligne WDM, la réduction des émissions ainsi obtenue serait annulée en un an, par la simple augmentation du trafic. Selon Kenneth Richter, des Amis de la Terre, «si Virgin voulait sérieusement réduire l’impact de l’industrie aéronautique, il soutiendrait la campagne pour inclure l’aviation dans les objectifs gouvernementaux de réduction des émissions de CO2». Le gouvernement s’est engagé à réduire ses émissions de 60 % d’ici à 2050, mais refuse d’inclure l’aviation dans ses calculs."(1)

Nous traversons une phase de manipulation de l'opinion publique! Au lieu de poser les questions difficiles, on cherche à convaincre les citoyens qu'on va tout changer en ne changeant rien. Quitte à mettre beaucoup d'argent dans ces opérations publicitaires!

Oui ou non, faudra-t-il, à tous prix, réduire les émissions de gaz à effet de serre, dans les 40 ans qui viennent? Oui ou non, faut-il commencer tout de suite? Oui ou non, faut-il réduire progressivement, mais dès à présent, l'usage des carburants fabriqués à partir des énergies fossiles (pétrole et... uranium!). Oui ou non, l'aviation est-elle concernée par ces limites tracées autour de l'industrie aéronautique? Oui ou non, les biocarburants constituent-ils une réponse acceptable au remplacement du pétrole ou cela ne règle-t-il rien? Oui ou non, la flambée des prix alimentaires, qui apparaît, est-elle liée à cette double cause : la diminution des espaces agricoles réservées à l'alimentation, d'une part, et l'augmentation
inéluctable du prix du pétrole dont les compagnies maîtrisent la croissance sans risque immédiat pour elles-mêmes, d'autre part? Oui ou non, une croissance économique indéfinie, sans contenu ni limites, n'interdit-elle pas, désormais, une autre croissance : celle du bien être de l'humanité? Oui ou non, pouvons-nous engager une modification des procès culturels permettant de supporter la fin des fausses évidences, afin de vivre le XXIe siècle sur des fondements tout autres, où le savoir et l'équité permettraient de vivre plus sobrement mais avec plus de plaisir?

Quel exemple que ce "vol vert"! Si remplacer le kérosène par l'huile de coco conduit à diminuer les ressources vitales des humains et aggrave la pollution par la suppression, comme en Indonésie, de forêts entières, l'économie de marché (de dupes?) a-t-elle encore un sens? Impossible de dire : nous ne savions pas! Si nous acceptons cet abandon, autant laisser aller l'humanité jusqu'à l'épuisement de ses ressources, elle n'en souffrira pas davantage mais achèvera, à coup sûr, sa course historique avec l'illusion d'avoir pu prolonger un mode de vie qui la condamne! Jamais la formule cynique "après moi le déluge" ( plus exactement : "tout cela durera bien autant que moi", de Louis, dit le Bien-Aimé!) n'aura trouvé un emploi plus justifié.

(1) Source : http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/312182.FR.php

lundi 25 février 2008

Écologie et politique argentine

Montrer les dégâts produits par l'appât du gain et soutenir les victimes des désastres écologiques ne plaît pas à tout le monde! Yann Arthus-Bertrand en fait les frais. Une nouvelle mise en évidence de la complémentarité entre les luttes populaires et l'action écologique. Exemplaire.

Bloqués dans leur hôtel depuis cinq jours et interdits de sortie du territoire argentin, le photographe Yann Arthus-Bertrand et son équipe de dix personnes sont en attente de leur comparution devant un juge à Puerto-Iguazu, petite ville touristique du nord-est de l'Argentine, après que trois plaintes ont été déposées à leur encontre.

Ils ont été arrêtés mercredi à l'aéroport de la ville de Posadas, après un tournage sur les problèmes suscités par le barrage hydroélectrique de Yacyreta, un ouvrage qualifié de « monument de la corruption » par l'ancien président argentin Carlos Menem et très critiqué pour ses conséquences écologiques désastreuses.


Yann Arthus-Bertrand affirme qu'il s'agit d'un coup monté qui vise à bloquer le tournage réalisé ces derniers jours sur un sujet très sensible : le barrage de Yacyreta, situé sur le Rio Parata.

"Nous sommes venus, dit-il, travailler en Argentine pour l'émission de France2, Vu du ciel, inspirée du livre de Fred Pearce sur la mort des grands fleuves. Au départ, les relations avec l'agence de tourisme qui nous suivait durant le voyage étaient excellentes. Tout a basculé à Posadas, lors du tournage sur le barrage, après une série d'interviews très fortes auprès des derniers habitants du village d'El Brete. L'eau doit encore monter de cinq mètres mais ils ne veulent pas quitter leurs maisons. Ces gens résistent depuis plus de dix ans, malgré les pressions. En racontant leur histoire, ils hurlaient, ils pleuraient... Le soir même, en rentrant à l'hôtel, l'agence nous a réclamé de lui verser l'intégralité du voyage en liquide...


Vu l'importance des sommes nécessaires à un tournage, il n'est pas question pour nous de nous déplacer avec une valise de billets. Un versement bancaire depuis la France était prévu. Au début, nous avons pensé qu'il y avait un malentendu, que le virement n'avait peut-être pas été effectué.

Le matin, nous avions encore tourné dans le village d'El Brete. Une fois terminé, nous allions à l'aéroport pour poursuivre notre voyage vers le sud, toujours organisé par la même agence de voyage qui, entre-temps, avait reçu la confirmation du transfert bancaire. Là, les accompagnateurs sont devenus très nerveux... Dix minutes plus tard, une quinzaine de policiers ont débarqué, nous ont arrêtés et conduit au commissariat, où la plainte nous a été notifiée. Dans la soirée, nous avons été transférés ici, à Puerto Iguazu, ce que je n'interprète que comme un moyen d'éviter toute mobilisation en notre faveur. Les ONG locales qui se battent au côté des expulsés du barrage attendaient beaucoup de notre venue. Pour elles, la volonté des autorités est claire : nous interdire de parler du scandale du barrage et des milliers de déplacés. L'hélicoptère qui devait filmer le barrage a été interdit de vol et cloué au sol. En fait, nous étions suivis par la police dès l'arrivée dans le village d'El Brete. Et encore le lendemain matin.

Le juge d'Iguazu nous a entendus une première fois jeudi et libérés sous caution avec interdiction de quitter la ville. Nous n'avons même pas pu être confrontés à la personne qui nous accuse ! Vendredi, nous avons appris avec stupeur qu'un garde-forestier d'un parc naturel où l'équipe avait travaillé et un chef de l'ethnie guarani également rencontré lors du tournage avaient eux aussi porté plainte. Nous sommes tombés des nues ! Sans doute des pressions ont-elles été exercées sur ces gens. Les interviews s'étaient pourtant très bien passées. Il n'était en rien question d'argent.

Deux avocats nous assistent, l'ambassade de France nous soutient. Il nous faut bien sûr respecter la loi argentine. Mais pour ceux qui voudraient nous faire taire, c'est raté : nous ne donnerons pas nos cassettes !"

Source : http://www.leparisien.fr/home/info/faitsdivers/articles.htm?articleid=296083953

dimanche 24 février 2008

"Casse toi, pauvre con"!

Ce n'est pas un propos de bar ou de cage d'escalier, c'est une parole présidentielle que rapporte l'AFP (1). Il n'y aurait pas de quoi s'offusquer si c'était le premier dérapage mais, après bien des sorties de la route des bons usages, et cela bien avant son élection, le Président de tous les Français apparaît décidément incontrôlable (y compris par lui-même) et adopte un comportement qui n'a plus rien de spontané. C'est donc un trait de caractère. Le personnage devient inquiétant. Les Français le sentent.

La sanction des sondages (38% d'opinions favorables seulement moins d'un an après mai 2007) n'est ni suffisante ni réjouissante. D'abord, parce que cela excite l'irritation du bonhomme qui fut toujours très attentif aux sondages, et risque de lui faire commettre d'autres impairs bien plus graves, ensuite parce que ce n'est pas sa politique qui est sanctionnée, dès lors que François Fillon obtient, lui, 58% d'opinions favorables, (+ 19%, et cela en quelques mois!). Sans doute les sondés veulent-ils montrer qu'entre l'indignité de l'un et la discrétion de l'autre, le choix est vite fait, mais il n'en reste pas moins et, c'est l'essentiel, que s'accumulent des nuages lourds de menaces au sein desquels le lien entre les risques considérables de la politique ultralibérale et les dangers d'une politique provocatrice et vulgaire, ne peut encore être fait.

De là à ce que les Français renvoient la vilaine formule : "Casse-toi alors, pauvre con", à la tête de celui qui les discréditent, il n'y a peut-être qu'un pas, de toute façon bien difficile à franchir. Mais..., on ne joue pas avec l'honneur d'un peuple. Et quand celui qui les représente est sans honneur, tout peut arriver!

PARIS (AFP) — La visite de Nicolas Sarkozy au Salon de l'agriculture samedi matin a été marquée par un échange d'invectives entre un visiteur et le président, séquence filmée qui a été diffusée dans la soirée sur le site Le Parisien.fr.
Très entouré, souriant, le chef de l'Etat prenait un bain de foule et serrait des mains quand un visiteur d'un certain âge et portant des lunettes lui a lancé: "ah non, touche-moi pas".
"Casse-toi, alors", a répondu M. Sarkozy.
"Tu me salis", a enchaîné le badaud.
"Casse-toi alors, pauvre con", a répliqué le président.




vendredi 22 février 2008

Écologica

Écologica (1) est un livre, le dernier signé d'André Gorz, qu'il a conçu avant de mettre fin à ses jours en septembre 2007.

Il s'agit d'un testament politique me semble-t-il. Ce document est le bienvenu quelque temps avant que ne soit commémoré, vilipendé ou déformé le message de mai 1968, lors des inévitables commémorations accompagnant le tout prochain 40e anniversaire.

Sartre, Illich, Jean-Marie Vincent, Dorine et... les hackers sont les points d'appui choisis par Gorz pour tenter d'expliquer comment s'était construite sa pensée. Sartre, pour l'émergence du sujet politique : "le sujet est toujours un mauvais sujet, rebelle au pouvoir et à la règle, à la société comme appareil total" formulait le philosophe. Illich, pour le choix des seules techniques conviviales, celles qui accroissent l'autonomie du sujet. Jean- Marie Vincent pour le dépassement du marxisme vulgaire qui conduit à penser que "le socialisme ne vaut pas mieux que le capitalisme s'il ne change pas d'outils". Dorine, sa compagne "sans qui rien ne serait". Et le hacker (auquel fait inévitablement penser Jérôme Kerviel, le trader de la Société générale...), ce "dissident du capitalisme numérique"...

"La sortie du capitalisme a déjà commencé" affirme André Gorz, non que le prolétariat soit de retour (il a dit "adieu au prolétariat") mais parce que l'idéologie du travail qui a sous-tendu la doctrine capitaliste (ainsi que bien des messages de syndicalistes marxistes ou pas) est à bout de course. L'appel à "travailler plus" ressemble à un chant du cygne qui se fait d'autant mieux entendre qu'il est lancé comme un défi au réel.

De plus en plus de production est devenu possible avec de moins en moins d'heures travaillées dans les sociétés hautement développées. Et si l'on devait, un jour, retrouver un plein emploi, ce serait nécessairement en continuant à réduire le temps d'emploi rémunéré ou en diminuant davantage le coût de l'heure de travail payée. On ne gagnera plus d'argent, désormais, qu'en vivant moins bien.

On a connu le "produire plus pour gagner plus et mieux satisfaire les besoins humains". On sait ce qu'il en est advenu. Le "travailler plus pour gagner plus" n'en est qu'une variante cynique qui a déjà cessé d'éblouir les dupés qui l'avaient crue.

L'écologie politique, dès lors, ne peut que reprendre, approfondir et radicaliser la critique du capitalisme. La prise de conscience mondiale qui conduit à une pseudo découverte de la menace que subit l'espèce humaine et tout le vivant planétaire, (car il y a bien longtemps que le danger s'annonçait) peut soit être détournée, pour quelque temps, vers le capitalisme vert, c'est-à-dire le détournement du profit vers les inévitables adaptations à effectuer pour survivre, soit conduire à des bouleversements historiques dont nous n'avons aucun modèle préétabli et par conséquent aucune possibilité de les prévoir avec certitude.

Il y a grande urgence mais il n'y a pas de solution connue à cette nécessité du dépassement du capitalisme. Urgence parce que le système implose comme a implosé le système soviétique. Vide politique parce que tous les acquis démocratiques qui ont accompagné le capitalisme depuis un peu plus de deux siècles sont en crise. Nous entrons dans une période fascinante et périlleuse dont, en 1968, nous n'aurions pu rêver : les sept milliards d'humains disposent des moyens de subvenir à tous leurs besoins à conditions de les diminuer de tout ce qui leur a été présenté comme des besoins et n'en étaient pas.

Contre toute attente historique, l'économie de l'immatériel, comme le démontre André Gorz, limite le travail humain et tend à la gratuité. Le capitalisme n'en peut sortir indemne. Nous n'avons donc le choix qu'entre la lente, progressive et complexe mise en œuvre de la convivialité qu'aura pensée (mais non vue!) Illich, et... rien.

Le temps critique et contradictoire de l'espoir et du désordre a commencé.

(1) André Gorz, Écologica, Galilée, Paris, 2008.

mercredi 20 février 2008

Le pire des mondes possibles

En ce mois de février, à Bruxelles, j'ai vivement ressenti que nous aurions toutes les raisons de désespérer : la misère s'accroît et cotoie les insouciants qui jouissent des possibilités de consommer sans entrave. Sur la Grand'Place, superbe, les visiteurs d'un jour, bruyants, filmaient, flashaient avec ostentation et impudeur. Il n'y a plus d'autre souci pour ces clients du marché du tourisme que de "faire" une ville, c'est à dire de l'avoir sur les tablettes de ses voyages, preuves photographiques à l'appui...

Mais là n'est pas le plus angoissant. Dans le quartier où se juxtaposent les immenses édifices européens, celui de la Commission, celui du Conseil des Ministres, avec, un peu à l'écart, le Parlement, on sent de façon quasi charnelle que les 30 000 fonctionnaires ici (au moins!) sont payés à traiter des problèmes vitaux par dessus la tête de ceux qui ont à les vivre. Le sens du Traité de Lisbonne surgit d'un coup : le monde du savoir et du pouvoir est, là, bien installé, au service de l'avoir. Les innombrables modestes subiront les décisions et, démocratie ou pas, n'y pourront rien.

Depuis moins d'un demi-siècle, "le pire des mondes possibles"(1), comme le dénomme Mike Davis, sociologue américain, s'est étalé partout à la surface de la Terre. Toute organisation internationale, toute puissance militaire se sont avérées incapables de s'opposer à la progression de la misère. Plus de 200 000 bidonvilles sur la planète, (dont Bombay est la capitale mondiale avec 10 à 12 millions de squatters vivant en taudis) regroupent d'immenses populations, de Mexico et Caracas en Amérique du Sud, du Caire au Cap en Afrique, de Gaza et Bagdad jusqu'à Bombay en Asie...! S'il est une preuve et une seule de l'échec violent du néo-libéralisme, elle est là : plus passent les années et plus le monde se coupe en deux avec une minorité de nantis croissant moins vite que la majorité des miséreux. On peut ne pas le voir et ne pas le savoir mais la réalité s'impose : "une humanité de trop" impossible à intégrer dans le système économique et social dominant tend à devenir démographiquement majoritaire.

Face à ce désordre géant deux voies et deux seules sont ouvertes : celle de la contrainte physique des superpauvres des mégavilles et celle du renoncement à la croissance des richesses réservées aux favorisés. "Ce n'est pas à cause de la pauvreté urbaine que les bidonville existent mais à cause de la richesse urbaine" affirme Gita Verma (2). Produire pour produire ne peut satisfaire les besoins puisqu'il faudrait produire non ce qui surabonde et qui se vend mais ce qui manque et qui ne peut s'acheter!

L'Europe tourne le dos à la réalité du monde. Les États Unis l'affrontent par la force. Les États émergents copient les recettes qui ont réussi aux pays industrialisés et ne sont pas reproductibles. L'impasse économique et politique est totale.

Quand tous les motifs de la désespérance se trouvent réunis, qu'y opposer sinon une espérance active et opiniâtre ultime défi au pire des mondes possibles. L'espérance des "partageux" des "utopistes" et des "résistants"...

(1) Mike Davis, Le pire des mondes possibles, édition La Découverte/Poche, Paris, 2007.
(2) Gita Verma, Slumming India, London, 2003.

jeudi 14 février 2008

Si le futur roi d'Angleterre s'en mêle...!

Le jour du "Jugement dernier" se rapproche, selon le prince Charles! Halte au catastrophisme mais oui à la plus extrême vigilance. Rien n'est écrit mais oui, nous sommes en danger. JPD

BRUXELLES (Source vérifiée)

Le prince Charles, connu pour son activisme en faveur de l'environnement, a appelé jeudi l'Europe à faire encore davantage pour lutter contre le réchauffement climatique, prévenant que l'heure du "Jugement dernier" se rapprochait dangereusement.

"L'horloge du jour du Jugement dernier pour le changement climatique avance toujours plus vite vers les douze coups de minuit. Nous n'agissons tout simplement pas assez vite" pour faire face au défi du réchauffement, a affirmé l'héritier de la couronne dans un discours devant le Parlement européen à Bruxelles.

Si le monde ne prend pas la mesure des défis à venir, "le résultat sera une catastrophe pour tout le monde", a-t-il mis en garde.

"La banquise au pôle Nord fond si rapidement que certains scientifiques prévoient qu'elle disparaîtra complètement l'été dans sept ans", s'est-il inquiété. "Le simple fait qu'un tel événement soit concevable constitue un nouvel appel à se ressaisir, alors que nous progressons tels des somnambules vers le bord du gouffre", a ajouté le prince Charles.

Il a notamment plaidé pour associer plus étroitement le secteur privé aux efforts des pouvoirs publics et des ONG dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Il a salué les récentes propositions de la Commission européenne pour parvenir à l'objectif d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l'UE de 20% par rapport à leurs niveaux de 1990 d'ici à 2020 et, sur cette même période, de porter à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation.

Mais il a estimé qu'il faudrait aller "bien plus loin". Et il a invité l'Europe à intensifier ses efforts pour convaincre les Etats-Unis et les grands pays émergents de s'associer plus nettement aux efforts sur le climat.

L'UE doit oeuvrer à "forger un dialogue réellement efficace avec la Chine, l'Inde et les Etats-Unis, qui reconnaisse clairement les implications du changement climatique en termes de sécurité" pour la planète, a-t-il dit.

Bruxelles (Source vérifiée)

mercredi 6 février 2008

Rupture

Je doute encore de ce que je vais écrire, et pourtant, je ne doute pas que l'écrire cessera de me faire douter.

Je ne veux pas de l'Europe qu'on me prépare ni pour moi, ni pour ma descendance. Passer du fascisme au stalinisme, puis de ces totalitarismes assassins au capitalisme triomphant ne contient aucun germe d'espoir. Ceux qui le veulent, l'acceptent ou n'y font pas face sont des traîtres à la cause humaine. Je n'ai plus rien à faire avec eux.

Ce qui s'est passé à Versailles, lundi passé, 4 février, contient toute la désespérance politique : pour n'avoir pas le pire, on accepte le moins mauvais (voilà pour l'acceptation du vote par le parlement du traité de Lisbonne -incertain devant le peuple, assuré devant les assemblées-); pour éviter le vote passionnel des Français et leur censure possible du pouvoir, on les empêche de voter (voilà pour l'acceptation par les "représentants" du peuple d'une mission que leurs mandants ont été jugés incapables de remplir!).

Que le référendum soit un outil dangereux pouvant tourner au plébiscite. C'est vrai. Que les électeurs ne soient pas en mesure d'examiner les conséquences d'une organisation des pouvoirs publics assez importante pour qu'on doive modifier la constitution avant d'en saisir les parlementaires. C'est faux.

Il y a donc eu forfaiture : le crime politique qui ne se pardonne pas. Je peux pardonner à des hommes qui se trompent. Je ne pardonne pas l'erreur elle-même, et une une erreur de ce calibre! J'en ai fini à jamais avec les socialistes et les écolologistes qui ont préféré un réalisme imaginaire à la résistance démocratique.

Je me découvre entier et donc, sans doute, criticable pour cela, mais l'avenir jugera. Et sans tarder...

samedi 2 février 2008

L'actualité de Gandhi, l'oublié inoubliable.

Le 30 janvier 1948, voici 60 ans, Mohandas Karamchand Gandhi, l'un des pères fondateurs de l'Inde moderne et défenseur de la non-violence comme moyen révolutionnaire, était assassiné peu après avoir conduit l'Inde à l'indépendance. L'anniversaire a été pratiquement oublié en France! Quand, il y a peu, le Président de la République française s'est rendu, pour deux jours, en Inde, rien n'a été repris par la presse qui ait été une allusion au Mahatma.

L'Inde, elle, n'a pas oublié. Gandhi a été reconnu comme le Père de la nation en Inde. Son anniversaire, le 2 octobre, y est un jour férié. Cette date a été déclarée Journée internationale de la non-violence par l'Assemblée générale des Nations unies en 2007.


Pourtant les très importantes commémorations ne sont pas allées jusqu'à reprendre le message de Gandhi le non-violent qui n'aurait sans doute pas admis que son pays soit devenu une puissance nucléaire, comme la Chine et le Pakistan voisins!

Car Gandhi est mort désespéré! Il a été plus influent que quiconque et sa non-violence, appuyée par des foules immenses, loin d'être une non action, a été une action politique déterminante. Pourtant Gandhi pensait avoir échoué puisque le Pakistan et l'Inde se sont affrontés de façon abominable, puisque hindous et musulmans se sont séparés dans la haine.

Gandhi a eu le grand tort d'avoir raison trop tôt. Rien ne vaut tant que la paix entre les peuples et toute politique qui exacerbe les conflits se condamne elle-même. L'histoire, en général, ne tarde pas à en fournir les preuves. Le temps est venu de penser la politique en lui donnant, comme Gandhi l'a fait, une dimension non violente.

Bien entendu la non violence du XXIe siècle aura peu à voir avec celle du siècle passé. Ce n'est pas Jacques Attali, auteur d'un livre récent sur Gandhi, qui est le mieux placé pour dire le chemin qui rendrait inutile le recours à la force armée. Impossible de ne pas rechercher aujourd'hui, de la désobéissance civile de Thoreau, jusqu'à l'obtention des droits civiques pour les citoyens noirs de Martin Luther King, en passant par le droit à l'autodétermination politique du peuple indien de Gandhi, les moyens de donner, à tout être humain,
pouvoir sur sa vie sans qu'il soit nécessaire de donner la mort.

La civilisation est devenue incompatible avec le recours à des moyens de mener la guerre tellement puissants, sophistiqués et efficaces que le mal combattu devient moins haïssable que ce que produisent comme malheurs les armes des États croyant soutenir une cause juste! Il faudra bien sortir de cette spirale infernale de la violence de masse! Gandhi avait ouvert une brèche dans les certitudes des hommes politiques. Il faut l'élargir. Il est grand temps!

vendredi 1 février 2008

Le retour du péché originel.

Les théologiens me le pardonnent : même si bien des catholiques pensent autrement, le plus grand nombre d’entre eux et beaucoup de Français non catholiques « croient » que le mal est inné. Autrement dit, avant même que de naître, l’homme est voué au péché. Le baptême seul peut l’effacer et encore faut-il, de loin en loin, procéder à des opérations de rénovation qu’on appelle confessions.

De telles hérésies(1) de la pensée conduisent à ce que les sénateurs, dans leur majorité, viennent, pour la honte de la France, d’adopter : quiconque est réputé dangereux restera en prison au terme de sa peine ! On ne juge plus les faits. On juge les personnes. On condamne à la mort carcérale ceux qui pourraient nuire.

Ce concept du bon et de mauvais, inscrit définitivement, et depuis toujours, au fond du cœur de l’homme, élimine tout espoir de voir l’humanité être autre chose que ce qu’elle est : un repère de monstres ! Il n’y a plus, dès lors, qu’a éliminer du champ social ces violents de naissance dès qu’on les a repérés. Et, si possible, dès l’école maternelle, avant qu’ils aient commis leurs forfaits.

La France n’était pas et n’est toujours pas le pire des régimes politiques, mais elle est mal partie ! Elle a déjà cessé d’être une référence pour les Droits de l’homme. Sur ce fondement idéologique de l’innéité du mal, le retour de la peine de mort est à la merci de la première horreur sociale venue. On peut prélever l’ADN des faucheurs de champs OGM. On peut karchériser les voyous (éradiquer la saleté humaine là où elle croupit). On peut incarcérer, juger et condamner, avec autorité et superbe, des innocents, comme c’est arrivé à Outreau, sans que rien ne s’ensuive puisque le juge devient le prêtre qui dit, sans jamais errer, le bien et le mal. On peut aussi entraîner tout un peuple dans cette course contre le mal et pour l’épuration de la société. Cela a mené les USA à la guerre d’Irak après le traumatisme du 11 septembre, au triomphe des ultra conservateurs religieux. Et là…

Si l’instituteur, aux yeux du Président de la République, est moins qualifié que le curé pour dire le bien, ce n’est pas parce qu’il n’est pas respectable, c’est parce qu’il ne sait pas que tout est écrit et que l’on ne fait pas un honnête homme, ni même un homme intelligent de celui qui est programmé pour devenir un assassin ou un sot.

La France regimbe, les sondages fragilisent le pouvoir en place, mais, en moins d’un an, une œuvre de destruction considérable a été accomplie sur la base de ces principes qui veulent que la sécurité ne s’installe que par la force, car l’homme est ainsi fait qu’il est un loup à museler !

Attention : beaucoup approuvent cette conception pessimiste de l’être humain ou s’inclinent devant cette doxa : depuis la Shoah et le Goulag , on sait que l’équilibre social ne tient qu’à un fil, le fil de l’épée.

Depuis qu’un sociologue, Max Weber, a affirmé que l’État seul détenait le monopole de la violence légitime, on ne se pose plus de questions : qui a le pouvoir détient aussi le droit de faire violence à la vérité. Qui ne se dresse pas contre cette folie n’est plus un citoyen.

(1) Le Robert donne une définition non confessionnelle du mot et je l’adopte : « théorie, qui heurte les opinions considérées comme justes et raisonnables »

mardi 29 janvier 2008

L'UNESCO s'engage pour l'écologie

Retirons de cette prise de position, ci-dessous, tous les éléments positifs et ils sont nombreux. Reste que les concepts de croissance et de développement durable, même exposés, comme ici, avec toutes les nuances requises, sont ambigus et devront, à leur tour, être abandonnés. J-P D.

Sauvons l'humanité ! Combinons croissance et développement durable

Par Koïchiro Matsuura, directeur général de l'Unesco.

Nous avons reçu une seule planète en héritage. Mais qu'en avons-nous fait ? La Terre est aujourd'hui un patrimoine en péril, et l'espèce humaine elle-même est en danger.

Avons-nous, même après les derniers résumés du Giec et la conférence de Bali, pris conscience de l'ampleur des défis titanesques que l'humanité va devoir relever, alors que le temps déjà lui fait défaut ? Je n'insisterai pas sur le diagnostic. Changement climatique, désertification, crise mondiale de l'eau, déforestation, dégradation des océans, pollution de l'air, des sols, de l'eau et des mers, érosion accélérée de la biodiversité : hélas, le tableau est connu.

Les conséquences économiques et géopolitiques d'une telle situation commencent seulement à être chiffrées. Notre guerre à la planète risque d'avoir un coût de guerre mondiale, comme l'a rappelé le rapport Stern. Et, au bout de la guerre à la nature, ne risque-t-il pas d'y avoir la guerre tout court, face à la pénurie croissante des énergies fossiles et des ressources naturelles et aux 150 à 200 millions d'écoréfugiés anticipés par les études prospectives ?

Mais ce que nous interprétons comme des problèmes à commencer par le changement climatique ne sont pas tant des problèmes que des symptômes. Le vrai problème, en fait, est celui de la croissance matérielle dans un monde fini, qu'avait déjà posé en 1972 le rapport au Club de Rome «Limits to Growth». Mais, en 1972, nous dit Dennis Meadows, coauteur de ce rapport, «l'humanité était en dessous des limites de la planète, maintenant nous sommes au-dessus» , comme l'attestent les données concernant l'empreinte écologique de l'espèce humaine calculées par l'équipe de Mathis Wackernagel.

En 1972, nous avions atteint 85 % de ces limites. Aujourd'hui la consommation humaine des ressources se situe à environ 125 % du niveau soutenable à long terme.

Alors, peut-on encore sauver l'humanité ? Oui, nous le pouvons, sans pour autant interdire à l'espèce humaine de se développer et de lutter contre la pauvreté. Pour ce faire, nous devons combiner la croissance et le développement durable, au lieu de les opposer.

Mais comment ? Il va nous falloir plus de science, plus de sobriété, moins de matière, plus de concret, et davantage d'éthique et de politique, et non pas moins : et donc un autre contrat, un contrat naturel et une éthique du futur.

Plus de science d'abord. Nombreux sont ceux qui pensent : la technoscience, voilà l'ennemi. Mais la main qui inflige la blessure est aussi celle qui la guérit. Nous ne parviendrons pas à sauver la planète et son hôte, l'espèce humaine, si nous ne construisons pas des «sociétés du savoir», qui accordent la priorité à l'éducation et à la recherche. Face aux défis du développement durable, nous devons renforcer nos capacités d'anticipation et de prospective. Pour sa part, l'Unesco édifie depuis des décennies une base mondiale de connaissances sur l'environnement et le développement durable, alors même que si peu encore avaient conscience du problème ! Dès 1949, l'Unesco a lancé la première étude internationale sur les zones arides ; dès 1970, elle a créé le programme «l'homme et la biosphère» (MAB), et ses programmes scientifiques mondiaux sur les océans et les géosciences sont reconnus comme des ressources uniques. Le Giec a beaucoup puisé dans cette base de connaissances qu'il faut continuer d'enrichir et de compléter à l'avenir.

Plus de sobriété : il va nous falloir inventer des modes de consommation moins dispendieux et plus efficaces. Car avec l'extension croissante des modes de développement et de consommation occidentaux aux économies émergentes du Sud, quel autre choix avons-nous ? Trois ou quatre planètes Terre seraient nécessaires si l'on étendait tels quels à la planète les styles présents de consommation de l'Amérique du Nord.

Moins de matière : il va nous falloir «dématérialiser» l'économie et la croissance. Car peut-on arrêter la croissance ? Probablement pas. Que faire alors ? Il va nous falloir réduire la consommation de ressources naturelles et de matières premières dans chaque unité de production économique, qu'il s'agisse d'énergie, de métaux ou de minerais, d'eau ou de bois. Ce transfert de l'économie vers l'immatériel a déjà commencé, avec la révolution qui remplace les atomes par les bits, et qui est au principe de l'essor des nouvelles technologies et des sociétés du savoir. La «dématérialisation» de l'économie pourrait même favoriser le développement des pays du Sud, si les pays du Nord s'engageaient à dématérialiser un peu plus que les pays du Sud pendant environ cinquante ans.

Mais la plus grande transformation de nos sociétés sera celle de nos attitudes et de nos comportements : comment dématérialiser la production si nous restons matérialistes ? Comment diminuer notre consommation si le consommateur en nous dévore le citoyen ? L'éducation au développement durable sera le levier de cette mutation.

Plus de concret : pour combler le fossé entre utopie et tyrannie du court terme, il faut des projets concrets et réalistes, y compris à l'échelle internationale. Exemple : la biodiversité. Pour préserver les 34 zones écologiques jugées les plus prioritaires, qui ne couvrent que 2,3 % de la surface terrestre du globe mais abritent 50 % des espèces connues de plantes vasculaires et 42 % des mammifères, oiseaux, reptiles et amphibies, il faudrait environ 50 milliards de dollars, soit moins de 0,1 % du PIB mondial.

Un contrat naturel : pour cesser d'être les parasites de la Terre, nous devons accepter de signer un nouveau traité de paix avec la nature. Nous avions le contrat social, qui liait les hommes, il nous faut maintenant nous lier à la nature. L'idée paraîtra étrange à certains, mais elle est une suite logique de la prise de conscience écologique. Si désormais nous protégeons telles espèces, si nous préservons des paysages dans des parcs naturels, c'est que peu à peu nous reconnaissons dans la nature un véritable sujet de droit. La vraie démocratie du futur sera prospective ou ne sera pas : l'éthique du futur, qui exige que nous léguions un monde vivable à nos enfants, saura y jeter un pont entre l'économie et l'écologie, entre la croissance et le développement durable.

Le 28 janvier 2008


http://www.lefigaro.fr:80/debats/2008/01/29/01005-20080129ARTFIG00462-sauvons-l-humanite-combinons-croissance-et-developpement-durable-.php

lundi 28 janvier 2008

La politique au-delà des partis et des États (2ème partie)

La politique est chose trop sérieuse pour la confier aux politiciens. Les sommes colossales qui servent à payer les campagnes électorales (au bout desquelles les questions de fond n'ont pas été posées afin d'éviter une défaite), seraient mieux employées pour assurer la formation civique des citoyens nulle part convenablement assurée.

Laissons de côté les partis dont j'ai dit qu'ils couraient à leur fin mais regardons en quoi les États non plus ne sont pas à même de conduire, à présent, les affaires des hommes. Les grandes questions dont dépend l'avenir de l'humanité sont toutes transnationales et les États-nations ne sont plus en mesure de les traiter.

Quelles sont ces questions que ni les partis ni les États ne peuvent présenter aux citoyens comme étant des priorités vitales?

La première de toutes est d'ordre démographique : si, en 2050, la planète compte 9 milliards d'habitants, il faudra faire cohabiter six fois plus d'êtres humains qu'au XIXe siècle. Sans un partage de l'eau potable, de la production alimentaire, de l'espace de vie disponible et des connaissances scientifiques indispensables pour vivre ensemble, c'est tout simplement impossible. Ce sont la guerre, la famine, l'immigration de masse et la misère généralisée qui limiteront les effectifs de la population humaine terrestre.

La seconde est d'ordre écologique : si d'ici 2050, les hommes n'ont pas limité les activités qui engendrent un réchauffement climatique artificiel et rapide, les désastres qui attendent les générations à venir n'auront aucun équivalent au cours des temps historiques, si ce n'est peut-être la peste noire. Nul, riche ou pauvre, n'échappera aux conséquences d'une gestion démente des ressources fossiles non renouvelables.

La troisième est d'ordre social : si nous ne nous en prenons pas aux causes de la "bidonvillisation" de la planète, une déferlante de violences urbaines emportera tout sur son passage et il deviendra inutile de parler de civilisation. 2007 aura été l'année charnière puisque, depuis, il y a plus d'humains en milieu urbain qu'en milieu rural. mais le pire est devant nous : en 2020, sans un changement radical de nos modes de vie, deux milliards d'hommes vivront non plus en ville mais en bidonville. "Si rien ne change, l'humanité future habitera dans des cartons" lance le sociologue américain Mike Davis.

La quatrième est d'ordre générationnel : nous ne nous sommes pas préparés à vivre plus vieux, or un vieillissement considérable de la population humaine s'est effectué en un demi-siècle. C'est vrai sur tous les continents et singulièrement en Asie. Les conséquences matérielles et culturelles du phénomène sont inouïes. La place du travail, la durée des formations, l'image du corps, la conception de la santé, la répartition et la transmission des richesses vont s'en trouver bouleversées.

La cinquième est d'ordre méthodologique : les quatre questions vitales précédentes ne sont pas à traiter autrement qu'ensemble. Non seulement elles sont liées mais elles sont interagissent les unes sur les autres. En Inde, par exemple, qui sera bientôt l'État le plus peuplé du monde (voilà pour la démographie), où le manque d'eau provenant des glaciers en recul dans l'Hymalaya et l'excès d'eau océanique en zone côtière
peuvent s'avérer dévastateurs (voilà pour l'écologie), où, au sein de villes géantes, comme Bombay, la plus grande misère cotoie déjà le luxe sur fond de pollutions gigantesques (voilà pour le social), des foules de vieillards abandonnés survivent très péniblement (voilà pour le générationnel). Et l'Inde n'est ni exceptionnelle ni en régression : c'est, dit-on, un pays émergent en pleine croissance.

Au moment où explose une crise financière qui a de lointains précédents mais pas d'équivalent, l'organisation de la vie sur la planète est à repenser. cela ne peut se faire qu'en une décennie au plus court mais c'est l'urgence des urgences. Une urgence politique. Tout en dépend.

dimanche 27 janvier 2008

La politique au-delà des partis (1ère partie).

La critique des partis politiques rédigée par Simone Weil, dès 1943, imprimée en 1950, n'a pas été republiée, en 2006, tout à fait par hasard (1). "Le totalitarisme est le péché originel des partis" écrit-elle. Selon elle, l'esprit des Lumières, qu'elle appelle "l'esprit de 1789" est "une expression de la volonté générale", telle que l'avait exposée, sans se faire entendre ni comprendre, Jean-Jacques Rousseau, et qui est "bien autre chose que des élections". Que dirait-elle aujourd'hui?

Il semble que reprendre et dépasser la pensée de Simone Weil, sans la trahir, consisterait, avec elle, à reconnaître que, pas plus en 2008 qu'en 1943, "nous n'avons jamais rien connu, qui ressemble, même de loin, à une démocratie", "qu'il n'y a rien de plus confortable que de ne pas penser", "et que les partis restent mauvais dans leur principe".

Affirmer qu'on est favorable à "la suppression générale des partis politiques" ne va pas de soi. Il ne s'agit pas simplement de fonder en raison un choix personnel de non appartenance à une formation politique. Il s'agit de contribuer à la restauration, voire à l'émergence, d'expressions politiques qu'on ne puisse enfermer dans des particularismes et des disciplines sectaires. Bien davantage, la fin des partis politiques ne peut être obtenue qu'à la condition de voir le débat politique s'emparer de la société tout entière.

Je reviendrai sur cette question controversée mais il me semble qu'elle peut, d'ores et déjà, bénéficier d'un éclairage nouveau grâce à la rencontre de l'idéal des Lumières et de l'hospitalité kantienne avec les exigences citoyennes radicales, altermondialistes, nées du constat de plus en plus alarmant qui est fait de l'état de la planète.

Cette situation inédite peut engendrer non pas la négation (ce serait temps perdu), mais le dépassement des partis, obsolètes, inefficaces et accapareurs de la volonté populaire. Il ne faut pas s'évertuer à tuer ce qui meurt.

Rien n'est plus urgent et plus utile, au contraire, que de faire surgir, en positif, une citoyenneté qui ne se laisse plus enfermer dans la représentation, la délégation et la hiérarchie (républicaines ou pas).

Renoncer au pouvoir sur les hommes pour accéder à la possibilité de peser sur les décisions sans compter sur les élections pour y parvenir : voilà ce que, de Jean-Jacques Rousseau à Simone Weil, en allant jusqu'à des philosophes plus contemporains, il est grand temps d'étudier, afin de faire des propositions acceptables par les citoyens du monde.

J'observe que l'Université Paris 8 ne manque pas de philosophes, vivants ou morts, dont les œuvres méritent un examen permanent : d'Alain Badiou à Jacques Rancière, de Jean-François Lyotard à François Chatelet, d'Alain Brossat à René Schérer, d'Antonio Negri à Daniel Ben Saïd, sans oublier bien sûr, Gilles Deleuze inséparable de Félix Guattari. On trouve, chez ces écrivains, des contributions qui donnent de quoi repenser tous les discours convenus sur la démocratie.

Pour ma part, en m'appuyant sur les travaux de ces auteurs, je me retrouve, actuellement, proche du "survivant", le sociologue étatsunien, Mike Davis, qui met en garde contre la dérive économiste nous conduisant tout droit à une planète de bidonvilles. "Si rien ne change, dit-il, l'humanité future habitera dans des cartons". Penser la politique non en terme de partis, d'élections ou de pouvoir mais en terme de contribution à l'expression du "vouloir commun à tout un peuple conforme à la justice" (eut dit Simone Weil), telle sera, si je le peux et en ai encore le temps, ma pré-occupation désormais.

(1) - Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques, éditions Climats, distribué par Flammarion, 2006.

jeudi 24 janvier 2008

Quand Attali s'en va croissant.

La Bourse? Cela va mieux. Merci! Plus six (pour cent).
La Société Générale? Cela ne va pas du tout. Moins cinq (milliards).
Le yoyo et le gogo! Un yoyo : pour le CAC 40 qui monte et qui descend. Un gogo: pour qui croira qu'un trader de 31 ans peut effacer des milliards d'euros des comptes de sa Banque, sans qu'on s'en aperçoive.
Le culte de la croissance dévore le monde et nul n'ose contester cet a priori.
316 propositions pour relever la croissance d'1%. Jacques Attali que Politis transforme en Attila, libéralise sans état d'âme. La seule proposition qui mérite l'examen : la fin des départements est déjà refusée. Le reste est une cynique liste de mesures qui forment un tout accablant. Que cet homme ait été conseiller de Mitterrand est instructif. Là où passe cet Attali-là le socialisme ne repousse pas.

mardi 22 janvier 2008

Crise boursière ou crise économico-écologique?

Et si la crise boursière ("sérieuse" dit, doctement, DSK) avait aussi, ou principalement, des causes écologiques?
Et si "la pire crise financière depuis la seconde guerre mondiale" (selon Georges Soros) n'en était qu'à ses débuts?
Et si "la probable récession aux États-Unis" n'expliquait pas tout?
Et si nous vivions "des temps intéressants" comme le reconnaît, sans enthousiasme, Jean-Claude Junker?
Et s'il s'agissait d'un "krach programmé" comme l'annonçait Olivier de Ducla (1) et pas seulement d'une "purge" ou d'une "correction brutale" comme le suggère Christine Lagarde, notre ministre des finances?
Et si, à force de vivre au-dessus de nos moyens, nous avions cassé la tirelire?
Et si commençait une époque où l'on ne pourra plus courir après la croissance?

Toutes ces questions émergent brutalement de l'océan d'indifférence et de résignation dans lequel nous plongeaient les médias toujours rassurants, toujours aux ordres de leurs financeurs...
À tout vouloir fonder sur l'état de l'économie étatsunienne, on finit par attrapper la grippe dès qu'ils toussent. Et il est des grippes mortelles...
L'Euro recule. Il vaut ce matin moins d' 1,45 dollar. Pour continuer à faire des affaires, mieux vaut calmer cette progression qui conduisait à une trop faible compétitivité face aux Étas-Unis. Mais en est-on encore là? "La croissance sera inéluctablement inférieure en zone euro", sous la barre des 2%, sans doute.
En Asie, deuxième journée de panique boursière, de Tokio à Singapour. En Australie on n'avait pas connu une telle dégringolade (-7,05%) depuis 1997. Bref, à la vitesse d'internet, le monde entier apprend que nous entrons dans une crise économique dont nous maîtrisons mal, -si l'on s'en tient à des explications techniques- et les causes, et les effets, et la suite. C'est une crise politique.
Le capitalisme se porte mal. Il s'alite. Il a si souvent guéri que nul ne songe à s'inquiéter exagérément. Pourtant, s'il se redresse, comme il est probable, car la planète ne peut s'effondrer d'un coup, il cessera d'être triomphant. Sa fragilité est révélée. Ne s'en étonneront que ceux qui confondent la monnaie et le granit.

(1) Olivier de Ducla, Le krach programmé, éditeur : Jean-Cyrille Godefroy (15 mai 2003).
Dès le début de la crise boursière, il avait annoncé en temps réel une terrible chute du CAC 40. Olivier de Ducla, HEC, a fait toute sa carrière comme analyste et courtier des marchés internationaux. Directeur des achats du groupe Lesieur, Il s’est ensuite spécialisé dans l’étude théorique et l’analyse technique des marchés, fondant sa propre société d’analyse, Ducla international. Il était le seul des spécialistes à se déclarer baissier lors de l’enquête annuelle du Figaro économie en janvier 2007. Il explique par quels mécanismes la déroute des indices boursiers dans le monde va entraîner, si on ne fait rien, si les égoïsmes de caste continuent de prévaloir, une crise économique sans précédent. Crise économique, mais aussi morale politique et sociale, car celle de 29 n’aura rien été en comparaison de ce qui nous attend. C’est toute une génération qui sera sacrifiée.

lundi 21 janvier 2008

Le Der des ders

Lazare Ponticelli est le dernier ancien combattant, le seul survivant de la "Grande Guerre" qui fut tout sauf "grande". La "Der des der" a fait, entre 1914 et 1918, neuf millions de morts dans le monde et près de 20 millions de blessés, dont la moitié mutilés. En France et en Allemagne, un soldat mobilisé sur six a été tué. La plupart avaient entre 18 et 25 ans.

Lazare Ponticelli, dont il faut sans cesse répéter le nom pour ne pas l'oublier, cet immigré venu en France à 9 ans, né le 7 décembre 1897, a échappé à l'enfer de Verdun.

Lazare Ponticelli a indiqué à plusieurs reprises qu'il refusait des obsèques nationales, en estimant que "ce serait un affront à ceux qui sont morts avant moi".

Lazare Ponticelli, la dignité faite homme!

jeudi 17 janvier 2008

Le chanoine impudique

Bouffon imperator (1) est devenu chanoine, c'est-à-dire, selon le dictionnaire Le Robert, "dignitaire ecclésiastique, membre du chapitre d'une église cathédrale". Est-il "chanoine titulaire, prébendé (oh!) ou simplement honoraire"? La prébende, précisons-le, est un "revenu fixe accordé à un ecclésiastique (dignitaire d'une cathédrale ou chanoine)", bref c'est un moyen de gagner plus en travaillant à peine plus ...

Mais soyons sérieux. Par où qu'on l'aborde, ce Saint-Nicolas, quasi évêque, est un catholique qui ne saurait être en odeur de sainteté. Qu'il puisse à la fois vivre ce qu'il vit tout en se faisant le défenseur des valeurs chrétiennes a de quoi surprendre! Un catholique intégriste, ou simplement traditionaliste, s'offusquera que ce double divorcé s'affiche à Rome, auprès du Pape, juste après s'être choisi une nouvelle et médiatique maîtresse. Un catholique pratiquant comprendra mal que ce qui est interdit aux humbles soit accordé aux grands par le Pape Benoît XVI, pourtant si attentif à la protection de la doctrine, (la politique aurait-elle ses quartiers réservés dans l'univers pontifical ?). Un catholique simplement exigeant, pour qui l'accueil de l'étranger, le refus de l'argent roi, le partage et l'hospitalité font partie du message évangélique aura quelque peine à accepter la mise en scène télévisuelle de cette rencontre ambiguë.

Le citoyen français, chrétien ou pas, se trouve, lui, une nouvelle fois enfermé dans une contradiction : le Président de la république a des droits et s'en sert, d'une part; mais il en abuse avec une constante effronterie, d'autre part, et il montre au monde entier qu'il se moque totalement des conventions ou des habitudes, les mieux fondées comme les plus infondées, qui sont celles qui accompagnaient, jusqu'à présent, l'exercice du pouvoir. Nicolas Sarkozy, en quelques mois, a réussi a incarner, seul, ce pouvoir qu'il délègue, reprend ou distribue, à son gré. Il est le Maître. Il est le Chef. Il est l'Imperator, le Conducator, le Caudillo et le Leader Maximo tout à la fois. Je n'ose écrire le Führer, le Guide suprême. En tout cas, il est le Prince (attention à la visite en Andorre). Et par-dessus tout, il est le Chanoine.

Trop, c'est trop. Et le culot d'enfer de ce personnage d'opérette à spectacle atteint ses limites. Il est l'impudeur même.

À quand la photo, dans Paris-Match, de Nicolas Sarkozy, à l'Élysée, cigare à la bouche et Carla Bruni sur les genoux, entouré de ses ministres, une coupe de champagne à la main, fêtant l'entrée dans l'année nouvelle, en présence du cardinal de Paris ou du primat des Gaulles venus dire la gratitude des catholiques pour la réinstallation de la fille aînée de l'Église au premier rang de la cour européenne?

lundi 14 janvier 2008

De la doxocratie

La crise de la démocratie dite "représentative" révèle une crise de la démocratie dont on ne sortira pas par des discours sur les "démocraties" dites "participatives", "délibératives", "interactives", "directes" ou autres...

Jacques Julliard parle de doxocratie à propos du règne des sondages, de la "loi de la rue", des modes médiatiques, des doxa (ces pensées dominantes d’un moment), des snobismes quotidiens engendrés par le "système politico médiatico publicitéro marketing".

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Cornélius Castoriadis ne parlait-il pas des "zappanthropes". À présent, la télévision et l'ordinateur servent de défouloirs au public qui n'est plus citoyen mais voyeur et joueur. La doxocratie conduit-elle au triomphe des populismes (de droite et de gauche), de la médiocratie, bref de la barbarie?

La démocratie d’opinion va-t-elle court-circuiter la démocratie représentative ? On ne peut, tout à la fois affirmer que "la doxocratie c'est l'agora grecque plus internet" et, en même temps, s’inquiéter de voir les politiques professionnels remplacés par des bateleurs et des amuseurs ? C'est pourtant ce que semble faire Jacques Julliard. Il n'y a pas le choix entre la démagogie doxocratique et la démocratie élitiste! La "pensée complexe", comme dit Edgar Morin, ne conduit pas à s'en remettre aux seuls intellectuels pour décider du sort du monde! "La politique de civilisation" qu'on nous a ressortie (d'abord de l'oubli et surtout de son contexte) ne passe pas par la République des élites.

"Célébrer le règne de l’opinion, écrit Alain Duhamel dans Le Point, c’est encourager la religion de l’inconstance, de l’émotion et – trop souvent – de l’ignorance." Le savant et ex député européen, journaliste et constitutionnaliste n'a toujours pas digéré la victoire du non au référendum de 2005.

On sait le rôle qu’ont joué les blogs dans cette victoire. Les politiciens, élites et représentants qui s'estiment qualifiés n'ont jamais accepté la gifle que les Français leur ont appliqué, alors que tous les moyens avaient été rassemblés pour que le vote populaire corresponde à ce que, croyait-on, la sagesse, la raison, le bon sens (que sais-je?) exigeaient sans aucun doute. On y revient donc en 2008, avec le vote parlementaire qui effacera le vote référendaire, le mois prochain : la doxocratie ne passera pas!

On l’avait vue aussi se manifester face au CPE. Voté tout ce qu’il y a plus de régulièrement par le Parlement, le projet de loi du gouvernement a été retoqué par l’opinion, guidée par la rue. La doxocratie serait donc la chienlit, comme disait De Gaulle, le règne de la populace, le triomphe de la rue! Même conduite par des intellectuels, une telle analyse est un peu courte.

La doxocratie est la pire et la meilleure des choses! La pire, si c'est la manipulation de l'opinion publique, via les media par les institutions (dites "républicaines" mais en fait "césaro monarchistes") telles que le régime présidentiel les structure. La foule n'est plus le peuple! La meilleure, quand les électeurs ne supportent plus la démocratie qui leur donne la parole les jours d’élection, pour mieux la reprendre dés le lendemain, et quand la représentation nationale constate qu'elle n'est finalement que la représentation et que c'est le peuple qui décide.

La doxa est une opinion toute faite. La dictature de l'opinion est désastreuse. Soit! Mais qui façonne cette opinion, qui fragilise la culture, qui tente de conditionner les citoyens afin de les mettre au pas ou simplement de diriger leurs pas vers des objectifs prédéterminés? L'explosion d'opinionS multiples sur la toile est la conséquence directe de la promotion de la pensée unique.

Prenons donc la doxocratie pour ce qu'elle est : une manifestation, appuyée par des technologies nouvelles, d'une recherche de démocratie qui n'est pas la démocratie. Mais comme la démocratie instituée n'est plus à même de satisfaire l'élan démocratique, puisqu'il n'y a plus de projet d'avenir auquel les citoyens puissent se fier, nous traversons une dangereuse période de doute. Quiconque penserait qu'il suffit de maintenir ce qui a fonctionné au cours des deux siècles écoulés pour franchir cette passe risque de lourdes déceptions.

La démocratie n'est pas limitée à la "civilisation" occidentale libérale, capitaliste et élitiste. Si elle l'était, elle serait condamnée.

dimanche 13 janvier 2008

Écologie et égologie


Le culte du moi est à peu près aussi compatible avec l'idée de la biodiversité qu'un arbre unique, fut-il géant, qui se prendrait pour la forêt. Voulons nous vivre, immobiles et protégés, sous les ombrages d'un cèdre, ou courir les bois pour y voir vivre et y vivre nous-mêmes la complexité du monde?

Comparaison n'est pas raison, mais il n'empêche que nous voyons, chaque jour davantage, s'opposer deux conceptions de la vie en société. Celle qui, au prétexte de la responsabilisation, laisse à chacun le soin de faire s'épanouir son ego, dans un triomphe, sans complexe, de l'individualisme et celle qui tient compte de la complexité des rapports humains et considère la solidarité comme seule à même d'éviter le sacrifice des malchanceux, des faibles et des opprimés dans un monde limité et fragile.

Chaque approche a sa logique. Ce sont deux philosophies incompatibles.

L'une est réaliste mais cynique : puisqu'il n'est pas possible de rendre tous les hommes heureux, qu'au moins ceux qui peuvent jouir des plaisirs de la vie ne s'en privent pas. Cette tentation, constante et dominante, au cours de l'histoire, n'a été que faiblement bousculée par les idéologies des Lumières. Elle a été confortée par les horreurs des systèmes totalitaires qui ont cru pouvoir contester la primauté de l'égo en... le supprimant (ce qui a conduit à la contradiction suprême : le culte du Chef ou de la personnalité!). Aujourd'hui, cette égolatrie, ce culte du moi, s'est étendu de l'appareil d'État à l'appareil économique : la surconsommation n'en est que la manifestation occidentale, non généralisable, de ce vouloir vivre seulement pour soi, sur une planète qui ne peut plus tout fournir.

L'autre est chargée d'espérance mais bien fragile : puisque le sort de l'humanité tout entière est mis en cause par les activités humaines "égoïstes", qu'au moins nous cessions de ne penser qu'à notre réussite individuelle au risque de nous mettre tous en danger! Cette bonne intention se heurte à des siècles d'habitudes et à la surpuissance des détenteurs du droit à la décision économique. Nous vivons pourtant une période de l'histoire humaine où il y a plus de danger à ne pas changer qu'à changer, mais ce n'est pas encore admis par la majorité des citoyens.

Oui, mais que changer? Et comment passer à une vie collective qui ne soit ni centralisée ni désordonnée? L'écologie nous apprend, certes, que la vie naturelle n'est ni l'une ni l'autre : elle est tout à la fois complexe, multiple et, le plus souvent, harmonieuse. Non sans douleurs et cruautés, mais pas davantage que dans les cultures et pseudos civilisations où les sociétés ne se construisent principalement sur l'écrasement d'une partie des vivants. Dans nos cités sans projet principal autre que celui de perdurer, ce n'est plus le gendarme qui constitue le commencement de la sagesse, mais c'est la peur, la peur que... le ciel ne nous tombe sur la tête. L'angoisse, due aux évolutions climatiques de plus en plus spectaculaires, peut nous mener à réévaluer ce que notre seule raison n'a pas suffi à nous faire admettre.

Deux grandes hérésies, en tout cas, triomphent encore : le culte du moi (ou l'égolatrie du chef) et le culte de la marchandise (ou l'égocentrisme du client). Elles sont liées. La première, l'égolatrie, (une néomonarchie) a pour caricature et symbole l'actuel et mêmes les anciens présidents de la République française. Partout, les autres chefs, petits et grands, s'inspirent de ce modèle : dans les mairies et autres collectivités locales, administrations, associations, entreprises, etc... L'autre, l'égocentrisme (qui est beaucoup plus périlleux encore qu'immoral), prend le nom de croissance quand il s'agit de parler non du développement des humains mais de celui des marchandises, quelles qu'elles soient, dès lors qu'elles fournissent des profits. Telles sont les deux faces de l'égologie.

L'écologie n'est pas la réponse à l'égologie. C'est une pensée autre, qui ne se constitue pas par rapport à l'idéologie individualiste et capitaliste. C'est la pensée d'une autre planète qui n'est plus ailleurs (sur Utopia) mais bel et bien là où nous vivons. L'égologie organise la vie sur une planète qui n'existe déjà plus : celle où l'humanité, fractionnée, pouvait avoir de sorts dissociés. C'est fini. La Terre est définitivement ronde et ceux qui pensent à l'exploiter pour eux-mêmes devront déchanter tot ou tard. À moins qu'ils ne nous emmènent vers la fin de ce monde, notre monde! L'égologie pourrait aller jusque là : "Après moi le déluge" ou, plus exactement : "Tout cela durera bien autant que moi! " ne fut-il pas le propos d'un monarque : Louis XV?

Selon le Petit Robert, "après moi le déluge" est devenu l'expression définissant "la catastrophe postérieure à sa propre mort et dont on se moque". Là se situe, désormais, le principal danger de l'égologie. L'instinct de survie écologique s'opposera-t-il au fatalisme égologique de ceux qui jouissent, seuls, de leur pouvoir, de leur savoir et de leur avoir?

Écologie contre égologie : nous y voici.


Du socialisme imblairable

Tony Blair que ses revenus familiaux (8 millions d'euros par an) mettent à l'abri du besoin a été accueilli avec satisfaction par le Conseil national de l'UMP.

Tony Blair qui, dit-il, "serait démocrate aux USA, est travailliste en Grande Bretagne et, en France, serait probablement ... au gouvernement". Il est présenté comme le futur premier président du Conseil européen! Avec un tel leader, l'amour des Français pour l'Europe ne saurait que croître...

Jean-Pierre Raffarin n'hésite pas à titrer le papier qu'il a donné au journal Le Monde : "Tony Blair - UMP, même combat". " L'ennui est qu'il n'a pas tort! L'opposition des faux socialistes à l'UMP n'est qu'un leurre et ne peut conduire qu'à l'échec répété de la gauche.

De Lang à Valls, d'Attali à Huchon, tous socialistes "raisonnables et décomplexés" qui font partie des admirateurs politiques de Blair, la tentation du retour dans les allées du pouvoir est évidente. Ils n'ont plus d'autre souci que d'attendre le moment, bien venu, où Nicolas Sarkozy lancerait sa nouvelle campagne d'ouvertures. "Des socialistes comme ça, (comme Tony Blair), auraient toute leur place au sein du Gouvernement" confirme Nicolas Sarkozy.

"Un-socialiste-comme-ça" a été défini par Blair lui-même. C'est celui "qui préfère le changement à la résistance" et qui souhaite "un marché de l'emploi plus flexible". Bref, c'est un non empêcheur de gérer en rond les intérêts des puissants. Une petite dose de chrétienté en sus n'est pas inutile, tant il est vrai que le catholicisme auquel Blair vient de se rallier est plutôt du côté de l'Europe papiste -ça aide pour en devenir président-.

Au moment où s'avance le modèle de "flexisécurité" proposé par le MEDEF au cours des négociations sur le marché de l'emploi (c'est-à-dire l'achat-vente du travail, la gestion de l'offre ou de la demande de la chose humaine, ne l'oublions pas!), que Blair, après son erreur mortelle de soutien à Bush, soit un modèle sarkoziste, passe, mais qu'il demeure un personnage politique d'avenir se comprend moins bien. Il est vrai que nous disposons, en France, d'un Blair en jupons, prêt à brader le cœur du passé socialiste, et que n'oppose à Sarkozy que sa volonté de domination.

Blair est l'archétype de ce que le socialisme n'est pas. Un socialiste blairiste est aussi évident qu'une nuit ensoleillée ou un froid brûlant : laissons ces étrangetés se produire aux deux pôles de la planète, là où ne peuvent vivre les hommes.

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