lundi 15 septembre 2008

Qu'est-ce qu'un pape ?

Pierre, lui-même clé de voûte de l'Église, aurait reçu du Christ les clefs du Royaume.

Le pape, dit le dictionnaire Le Robert, est un nom exclusivement
masculin (papesse n'est qu'une légende) qui vient du latin papa et dont la trace remonterait à l'an 1050. Auparavant, bien sûr, il y eut des papes, mais on ne les nommait peut-être pas ainsi.

Curieux et contradictoire vocable ! Le pape (qui s'écrit sans majuscule)
est, dit encore le dictionnaire Le Robert, le chef dont l'autorité est indiscutée, le Chef suprême de l'Église catholique romaine (ou Souverain pontife, le pontifex maximus, du latin pontifex). Étymologiquement, chez les Romains le pontife était celui « qui fait le pont entre les dieux et les hommes ». Il est cependant d'autres papes en chrétienté : chez les Coptes et les Orthodoxes, en particulier.

Papa, le père, le mot le plus proche, du latin pappus (« aïeul ») est
le terme affectueux par lequel les enfants, même devenus adultes, désignent leur père. Autorité indiscutable et tendresse durable se côtoient ainsi, grâce au voisinage des mots, mais la réalité est plus sévère. L'aïeul est un grand-père et, en effet, le pape est rarement jeune. C'est l'ancêtre, celui qui vient avant : aux deux sens de l'expression, il précède dans le temps et dans la hiérarchie des personnalités. À 80 ans, Benoît XVI, 264e successeur de Simon-Pierre, incarne bien ce type de hiérarque, puissant et apparemment débonnaire.

Le pape est également le chef de l'état minuscule du Vatican. Son autorité
s'étend sur toute l'Église universelle. Autre et intéressante contradiction : le pape, qui est sans pouvoir ("combien a-t-il de divisions ?" demandait Staline !) dispose d'un pouvoir spirituel sans limites terrestres, incarné dans un territoire des plus limités. Son influence politique n'est pas négligeable (et Jean-Paul II le fit bien voir aux successeurs de Staline !).

Derrière cette description que tout le monde connaît, peut connaître ou
devrait connaître, se trouvent masquées de vraies questions mais sont écartées les réponses qui les accompagnent :

1 - Pourquoi le pape serait-il nécessairement un homme de sexe
masculin ? Parce que la tradition le veut ainsi? Parce que Pierre, supposé chef des apôtres était un homme ? Parce que l'autorité est un attribut masculin ? Toutes ces raisons deviennent fragiles au XXIe siècle, mais là n'est pas l'interrogation la plus redoutable.

2 - Pourquoi le pape est-il un chef, la tête de l 'Église ? L'évêque de
Rome est évêque parmi les évêques. Il est théologiquement discutable qu'il y ait entre eux une hiérarchie. Les patriarches orientaux le contestent du reste ? Le pape est un leader spirituel occidental, ce qui n'est guère compatible avec l'universalité affichée de l'Église catholique. Le prochain pape, qui pourrait bien n'être pas européen, sera confronté à cette contradiction.

3 - Pourquoi le pape-père, mieux appelé "le serviteur des serviteurs",
est-il désigné, comme le Dalaï Lama, par la locution traditionnelle suivante, aussi convenue qu'hypocrite : "Sa Sainteté" ! Aucun être humain n'est saint de son vivant sauf quand le peuple découvre quelqu'un, en général humble et pauvre, dont la vie exemplaire suscite la plus vive admiration. Le pape n'est donc pas un saint et les papes sanctifiés par l'Église ne sont pas nombreux. "Sa Sainteté" est un titre de respect (en abrégé S.S, ajoute encore Le Robert) qui est devenu totalement obsolète. Au passage, remarquons qu'Éminence (pour les Cardinaux) et Monseigneur (pour les simples évêques), toujours en usage, ne sont pas moins surannés. J'irai jusqu'à affirmer que nommer un prêtre : père est non seulement choquant mais probablement incompatible avec l'Évangile (Dieu seul est père y découvre-t-on).

4 - Le pape est chef d'État. La symbolique du pouvoir terrestre sur lequel s'appuie le pouvoir spirituel n'est pas sans poser de question. Que l'Église possède des terres où est installée son administration. Passe. Qu'elle soit une puissance, même réduite, avec soldats et étendard, n'a pas de signification religieuse. L'histoire dit assez que des papes, par le passé, se sont conduits comme des princes, voire des soudards. La contradiction, en fois de plus, avec le dénuement du Christ, et surtout son refus de se considérer comme roi, le "roi des Juifs", heurte ceux qui cherchent le sens profond de l'Évangile reposant sur la pauvreté et le rejet de la possession.

5 - Dans cette même logique de pouvoir, le pape reçoit les honneurs
militaires et devient le pair des chefs d'État. N'insistons pas : "celui qui prend l'épée périra par l'épée" rappelait Jésus. Le christianisme est fondé sur la non-violence et le pape ne peut que le rappeler sauf à échapper à ce qu'il dit être sa mission.

Il est donc deux papes en un seul : celui qui circule dans la cour des Grands et celui qui est témoin de l'égalité des hommes. Or, quel que soit le talent et l'agilité intellectuelle d'un "expert en humanité", comme disait Paul VI devant l'ONU, il est impossible d'incarner à la fois les deux types de papauté. Un pape pauvre, sans pouvoir et sans arme : voilà Pierre, inséparable de Paul, l'un des premiers penseurs de l'universel. Ce pape privé de tout, sauf de la force de l'esprit, crucifié la tête en bas, est le seul qui puisse contribuer à rendre le monde plus humain ou plus... divin, ce qui revient au même.

vendredi 12 septembre 2008

Afghanistan : le cri d'une mère


" Je suis la maman d’un jeune soldat envoyé en Afghanistan

Allons nous devoir apprendre à vivre comme des dizaines de familles américaines qui vivent dans la hantise de voir arriver deux hommes en uniformes devant leurs portes ?

Ce n’était que des enfants pour la plupart, ils n’étaient pas prêts à subir ‘’l’enfer’’ Afghan.

Je pensais que nous avions confié nos enfants à des gens ‘’capables’’ leurs stratégies militaires apprises dans leurs grandes écoles de guerre ne font pas le poids face à des ‘’chiens du désert’’ ayant pour la plupart le fusil sur l’épaule dés l’age de 5 ans.

Vous avez menti à nos enfants, nos maris, nos frères, nos pères, ce n’était pas une mission sécuritaire, mais une mission de guerre ‘’suicidaire’’ commandité par SARKOZY et son ami BUSH sous l’égide de l’OTAN.

Nous sommes d’accord pour que nos hommes défendent la France.

Quels sont nos vrais intérêts en AFGHANISTAN ?

Vous parlez de terrorisme – Encore une fois M. SARKOZY vous nous mentez.

Vos intérêts sont tout autres plutôt stratégique L’Afghanistan se trouvant aux portes de la Russie cela permet également la surveillance des réserves importantes de gisements de gaz et pétroles de la région.

Messieurs les généraux – les colonels, les officiers supérieurs où étiez-vous lors de l’embuscade ? à l’abri derrière vos bureaux à Kaboul ?

Elles sont belles vos tenues, mais ne sont-elles pas entachées du sang déversé par vos incompétences ? Votre bonne conscience est-elle toujours intacte ? Où est le patriotisme dans tout cela ?

Rendez-nous nos enfants, cessez de mentir, cessez de jouer les gendarmes pour l’OTAN, rendez l’honneur à nos soldats, à la France, nous ne sommes pas les gardes chiourmes pour le compte des Etats-Unis".

mardi 9 septembre 2008

Électrification légale

Onze communes attendaient le décret les autorisant à utiliser des pistolets à impulsion électrique à Hem (Nord), Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), Le Raincy (Seine-Saint-Denis), Claye-Souilly, Émerainville (Seine-et-Marne), Étampes (Essonne), Dole (Jura), Orange (Vaucluse), Venelles (Bouches du Rhône) et Toulouse (Haute-Garonne). Des maires emmenés par Éric Raoult (UMP). Michelle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur leur avait promis d'aboutir à l'automne 2007. Elle a tenu parole.


C'est une micro peine de mort. On appelle ça aussi la létalité réduite. Cela peut tuer, mais rarement. En bonne santé, on en réchappe. On perd conscience, mais c'est une courte mort. En général, on se réveille...

Pour protéger la police des malfrats, rien de mieux que l'arme de dissuasion majeure : le Taser! Un beau joujou! Un chien qui veut mordre : pan! On l'étale. Un ivrogne pris de de violence : poum! On l'allonge. Un voleur menaçant : paf! On l'aligne. Un drogué qui brandit sa seringue! Vlan: on le calme! Etc.

Un "produit" merveilleux. L'entreprise Taser fait des produits juteux en protégeant les gardiens de la République : double succès. Les délinquants sont prévenus : les flics ont de quoi leur parler, même les flics municipaux.

S'ils n'ont jamais entendu parler de la chaise électrique, ils vont découvrir comment l'électricité fait rêgner l'ordre. Même plus besoin de condamnation en justice. Même pas nécessaire de détruire les cerveaux; il suffit d'une bonne décharge qui vous envoie faire un aller-retour au Paradis ou plutôt au Nirvana, dans le Royaume de l'inconscience. On se réveille menotté ou hospitalisé mais bien tranquille, secoué mais bien informé : si l'on ne veut pas aller refaire un tour au Purgatoire, il y a intérêt à ne plus importuner les anges gardiens.

Cela s'appelle, Monsieur, Madame, la civilisation moderne.

samedi 6 septembre 2008

Qui sont les barbares?

La peur des barbares
Chez Robert Laffont (sortie le 11 septembre 2008)

D'origine bulgare, historien, écrivain francophone, venu en France en 1963, Tzvetan Todorov avertit : les barbares ne sont pas nécessairement où l'on croit! La justification de la torture, au nom de la lutte contre le terrorisme, sur laquelle les alliés des USA ferment les yeux, détruit les fondements mêmes de la démocratie et transforme les démocrates en barbares.

On a toujours appelé, rappelle-t-il, terroristes, les ennemis des États. Les résistants pendant la Guerre 1939-1945, les nationalistes algériens, de 1954 à 1962, étaient désignés comme des terroristes. La guerre de l'ombre est une guerre. Qu'on la nomme "opérations de pacification" ou bien "restauration de l'ordre public", quand il s'agit d'un conflit entre une population et l'armée d'un État, on peut bien parler de terroristes, mais c'est de la guerre qu'il s'agit, avec tout son cortège d'atrocités barbares.

N'en déplaise au Minsitre de la Défense (on ne peut plus dire Ministre de la guerre), le soldat français exécuté "à l'arme blanche" par des combattants afghans, dont il resterait à vérifier qu'ils étaient tous Talibans, est une victime de la guerre et il a été victime de la barbarie. Les dizaines de femmes et d'enfants morts sous les bombes de l'armée US, dans leur village ont été aussi victimes de la barbarie. La guerre est barbare.

Qu'est-ce donc qu'un barbare? C'est celui qui vit au-delà de la civilisation. C'est aussi le "civilisé" qui supprime le barbare en usant des méthodes qu'il condamne et qu'emploie "l'autre"!

L'empire romain est tombé sous les coups des barbares. L'armée romaine, disciplinée, organisée, dirigée par des chefs expérimentés, n'était pas moins impitoyable que les "hordes barbares". Les jeux du cirque n'étaient pas moins cruels que les assassinats rituels au cœur des forêts où s'installaient les tribus barbares.

La barbarie est la chose du monde la mieux partagée. Elle n'épargne pas l'Occident et reste à prouver que l'occident n'a pas généré plus de barbarie que tous les peuples à la fois, auxquels il a été confrontés. Cornelius Castoriadis, "le titan de l'esprit" selon Edgar Morin, le créateur de Socialisme et Barbarie, dont les analyses ont été souvent confirmées par l'histoire contemporaine, a expliqué cela cent fois...

Ce qui est neuf, au XXIe siècle, c'est que les innombrables justifications de la barbarie et de la contre-barbarie, si elles tiennent lieu, pendant quelque temps, de politique internationale, finissent, à terme, par ne plus tromper personne. Sous l'habileté des mots se cachent de plus en plus mal les intérêts économiques. L'information circule trop vite, la communication est trop efficace pour que l'on puisse désormais tromper "tout le peuple tout le temps" (1) comme disait Lincoln.

Reste que le règne de la barbarie cynique ou masquée est le règne de l'atroce. Nous ne vivons plus auprès des barbares, mais au milieu d'eux et n'est pas le moins barbare, peut-être, celui qu'on tient pour un honnête homme et qui en présente toutes les apparences.

Le mensonge et la demi-vérité font le lit de la barbarie. Le barbare est toujours, pendant quelques moments, crédible, juste avant d'accomplir son forfait ou , au contraire après, pour dissimuler l'horreur au nom du réalisme politique.

l'important est de ne pas situer le barbare dans un camp. Il est partout.
L'essentiel est de ne pas taxer de terrorisme seulement ... les autres!
Todorov l'explique avec brio. Nous nous mettons en danger en cherchant le nécessaire ennemi héréditaire ou l'indispensable conflit de civilisation. La tentation de substituer l'islamisme au communisme est plus qu'absurde, puisqu'elle renforce ce à quoi on prétend s'opposer au nom de la civilisation.

La société démocratique capitaliste est entrée dans une contradiction dont elle ne sortira qu'à la condition de dissocier, de nouveau, politique et économie, ou, du moins, à condition de ne pas continuer de laisser accroire que tout est dit, que l'histoire est close et qu'il ne reste plus qu'à mettre en œuvre une organisation du monde qui n'a plus de concurrence.

Sinon, il faudra, comme en 405 après Jésus-Christ, que des Barbares viennent nous libérer de notre barbarie. Et peut-être que les Églises, ou ce qu'il en reste, comme après le cinquième siècle, passent aux barbares... pour sauver les principaux acquis de la civilisation.



(1) "On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps".
http://www.citationspolitiques.com/auteur.php3?id_auteur=219


mercredi 3 septembre 2008

Mots politiques, mots fétiches

Les mots, font mal les mots,
font les malheurs les mots...
Les mots sont bien des êtres vivants...
Guy Béart


Ce matin, 3 septembre, sur les ondes de France Inter, j'entends le journaliste Thomas Legrand parler de "La Guerre des mots" et citer ceux de ces mots dont les leaders politiques se disputent la propriété : travail, libéral(isme), identité nationale, intégration.


Travail
: Nicolas Sarkozy aurait récupéré, pour la droite, avec son "travailler plus pour gagner plus" ce mot dont Martine Aubry voulait réduire la durée hebdomadaire salariée à 35 heures. Au moment où se met en place le RSA, à la place du RMI, qui ne voit que le plein emploi est un mythe et que, non seulement il y aura toujours, dans toute société, des hommes et des femmes sans emploi, mais aussi des êtres humains ayant du travail une autre conception que celle du travail-marchandise qui s'achète ou se jette au gré du marché. Travail n'est pas un vocable de gauche ou de droite, c'est un mot sacralisé, polysémique, aussi confus que le mot croissance, et qui peut être le meilleur des moyens d'agir (ce qui construit l'humanité) ou le pire (ce qui exploite et détruit l'humanité).

Libéral : la récupération par Bertrand Delanoë de cet adjectif appartenant au discours anglo-saxon dit "de gauche" ne peut effacer ce que l'histoire politique enseigne en Europe : on ne donnera pas un tour social au mot libéral et encore moins à son dérivé systématisant libéralisme. Tout au plus en fera-t-on un rempart contre le dirigisme et le contrôle des mœurs! En France, Alain Madelin fut libéral avant Delanoë, ce qui ne l'empêcha pas de flirter avec la droite, dure aussi peu libérale que possible. Libéral n'est pas un vocable de gauche ou de droite, c'est un mot piège, liberticide à la vérité, parce qu'il se pare des atours de la révolution pour mieux s'emparer du droit d'imposer sa volonté, son pouvoir politique, et ses moyens économiques à la majorité des citoyens, plus dépendants donc plus faibles.

Identité nationale
: encore une locution à double face! Braudel en faisait l'un des repères pour la pensée qui n'avait rien de nationaliste! Jean-Marie le Pen en a fait lui aussi un repère, mais celui qui permet de d'accorder une "préférence" aux seuls Français de France! Brice Hortefeux en est, aujourd'hui, devenu, de fait, le ministre, récupérateur du symbole pour vider au profit de Sarkozy, le vivier électoral d'extrème droite. Identité nationale n'appartient ni à la droite ni à la gauche : c'est ce qui constitue le moyen de donner un nom à une population. L'ambiguïté, là, se déplace vers le mot nation qui, on le sait depuis Marcel Mauss, est soit un monstre auquel il faudrait accepter de sacrifier sa vie, sans discuter, soit le creuset culturel où s'élabore l'une des connaissances du monde.

Intégration
: il est curieux de constater comme les mots s'emboîtent! L'identité nationale est appelée à la rescousse pour contraindre ceux qui prétendraient vivre en France à s'intégrer. La liberté dont on peut jouir devient, alors, la liberté de travailler dans les conditions fixées (et encore...) par la législation nationale tout en "respectant" les habitudes sociales dominantes. Intégration, quoi qu'on dise et quoi qu'on ait écrit, n'a jamais perdu son double sens d'assimilation-insertion. La gauche comme la droite l'ont adopté pour tenter d'obtenir que l'étranger, ou bien se fonde dans la population du pays jusqu'à y devenir transparent et oublié, ou bien, au contraire, y soit utile et bien repérable en attendant un "retour au pays" volontaire ou contraint au terme du temps d'emploi.

La civilisation du travail, dans une société libérale, reposerait-elle sur des identités nationales (le phénomène n'existe pas qu'en France!) qu'on acquiert très difficilement, au terme d'un processus d'intégration, au cours duquel on devient un autre. Bien entendu, dans une société planétarisée, des résistances et des complexités mettent à mal l'ensemble de ces fausses évidences.

Je m'approche des ces mots autrement :
Le travail? Il est effectué, sur Terre, plus par ceux qui sont sans emploi ou qui s'emploient eux-mêmes, que par ceux qui sont employés, de bon ou mauvais gré.
La liberté? Elle consiste à ne pas être dominé par ceux qui disposent, eux, de la liberté de peser sur nos vies.
La nation? Elle est l'ensemble, non nécessairement territorialisé, des constituants d'un peuple que réunissent une histoire, une langue et des valeurs politiques.
L'intégration? Elle est l'entrée, lente, longue et volontaire, d'une personne et en général de sa famille dans un autre univers culturel où elles apportent et font adopter une partie de leurs propres savoirs et richesses.

Visiter le site : Les mots sont importants. http://lmsi.net/

mardi 2 septembre 2008

Dans la cigarette, il n'y a pas que le tabac qui tue

Emanuelle Beguinot, directrice du Comité national contre le tabagisme, relativise la portée des révélations qui suivent et rappelle que le polonium "n'est qu'un des 4 000 composés toxiques d'une cigarette". Soyez rassurés!

Le polonium 210 tue aussi.

Le polonium 210 doit sa toxicité à l'émission de particules alpha. Il existe trois formes de rayonnement radioactif : alpha, bêta et gamma. L'alpha correspond à un noyau helium. La radioactivité alpha est peu pénétrante. Une feuille de papier peut l'arrêter. Son rayon d'action est faible. Pour être empoisonné au polonium 210 il faut l'ingérer pour qu'il soit rapidement mortel. Dans ce cas il produit une détérioration rapide des tissus. Moins d'un gramme a été nécessaire pour Litvinenko.

Le polonium a été découvert en 1898 par Pierre et Marie Curie. C'est en hommage au pays d'origine de Marie, la Pologne, que les Curie lui donnèrent le nom de Polonium.

Il y a 25 isotopes (même nombre de protons mais nombre de neutrons différent) connus du polonium. Le plus courant est le polonium 210, Composé de 84 protons et 210 - 84 = 126 neutrons.


Vous fumez ? vous allez être content de lire ces lignes qui suivent…

Le polaniaum est un élément hautement radioactif et toxique qui n'est pas utilisé en médecine. C'est le premier élément radioactif découvert par Pierre et Marie Curie en 1898.

Le tabac et les cigarettes contiennent du polanium 210. Les fabricants de tabac le savaient depuis 40 ans, mais ils ne l'on pas retiré de leur produit et n'ont pas alerté la population.

Une enquête américaine révèlée dans un article qui devrait faire date est publiée dans l'American journal of public Healt.
(http://www.ajph.org/cgi/content/abstract/98/9/1643)

C'est cette substance radioactive qui serai responsable du cancer du poumon. Quelque microgrammes de polonium administrés à une personne suffisent à agir comme poison.

Alors, vous avez encore envie de fumer?

Source : http://francis02.unblog.fr/2008/08/28/polanium-210/
http://www.lemonde.fr/sciences-et-environnement/article/2008/08/28/du-polonium-du-tabac-et-un-secret-bien-garde_1089115_3244.html


lundi 1 septembre 2008

Folies et contradictions.

Alors, ça monte ou ça descend?

Dans l'hebdomadaire Le Point, aujourd'hui, on peut lire notamment : "François Fillon a déclaré que la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la France serait d'au moins 1% en 2008. "J'espère que ce sera un peu plus de 1%", a précisé le Premier ministre sur Europe 1.

La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a quant à elle assuré, sur France Culture, que la croissance serait positive cette année mais qu'il faudrait revoir en baisse les prévisions tant pour 2008 que pour 2009.

Le PIB de la France s'est contracté de 0,3% au deuxième trimestre après une croissance révisée à 0,4% au premier, ce qui, dans un contexte international difficile, rend impossible à atteindre l'objectif d'une croissance de 1,7-2,0% que le gouvernement avait retenu pour 2008.

Cette projection avait déjà été révisée en mars par rapport à une estimation antérieure de 2,0-2,5% sur laquelle était bâti le budget 2008. Les prévisions révisées seront communiquées au plus tard le 24 septembre à l'occasion de la présentation du projet de budget 2009.

"Nous réviserons à la baisse les prévisions de croissance", a renchéri Christine Lagarde, qui au début de l'été tablait encore sur un chiffre au bas de la fourchette de 1,7-2,0%.

Il n'est même pas acquis que la croissance atteigne 1% comme l'espère le Premier ministre. "Pour avoir 1%, il faut faire 0,2% au troisième et au quatrième trimestres, ce n'est pas spectaculaire mais on sent bien néanmoins, quand on regarde les données, que la situation est extrêmement fragile."

Le déficit public a atteint 2,7% du PIB en 2007 et nombre d'économistes le voient revenir, cette année, vers les 3%, limite fixée par le Pacte de stabilité de l'euro, alors que le gouvernement ambitionnait de le réduire à 2,5%. Le Pacte de stabilité autorise toutefois les États membres à sortir des clous en période de récession. Alors on y est ou on n'y est pas, en récession?

http://www.lepoint.fr/actualites-economie/francois-fillon-espere-une-croissance-de-plus-de-1-en-2008/916/0/270446

Premier enseignement : toutes les affirmations péremptoires des mois passés sont nulles et non avenues. La croissance que toute économie de marché poursuit n'atteindra peut-être pas les 1% fin 2008, en France!

Sur le site du même hebdomadaire Le Point, aujourd'hui, on informe que cours du baril de pétrole a chuté sous le seuil de 110 dollars, à Londres, et l'a frôlé à New York, après l'annonce d'un affaiblissement de l'ouragan Gustav qui menaçait les installations pétrolières du Golfe du Mexique

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Gustav aura été moins méchant que Katrina...

Depuis leur record à 147,50 dollars le baril, atteint le 11 juillet, les prix du pétrole ont perdu plus de 38 dollars. Considérée par les opérateurs comme un seuil de résistance important, la barre des 110 dollars n'avait pas été enfoncée depuis le 2 mai.

Faut-il y voir un retour vers la situation antérieure?

Au moment où l'on se réjouit de cette chute du prix du baril, toujours Le Point continue de publier une longue enquête, datée du 7 juillet, s'ouvrant sur le titre suivant : Plusieurs observateurs l'affirment : le prix du baril de pétrole pourrait dépasser dans les prochains mois les 200 dollars. lepoint.fr vous propose de découvrir comment cela changerait notre quotidien. Et de commencer par un article sur l'adaptation des agriculteurs à cette nouvelle donne!

"Imaginez des centrales nucléaires qui, au lieu de chauffer l'eau des rivières, serviraient à chauffer toute l'année des serres remplies de légumes et des usines à engrais (!). Ou encore des éleveurs bovins qui se mettraient à produire des céréales, qui se cotiseraient pour acheter un pressoir à plusieurs et fabriqueraient eux-mêmes l'huile de colza dont ils ont besoin pour faire tourner leurs machines et leurs tracteurs. Imaginez enfin des agriculteurs semant sans labour - comme dans le bon vieux temps ! - et des cultures produites avec deux fois moins d'engrais, selon le principe de la rotation des parcelles. Voilà à quoi pourrait ressembler l'agriculture française si le pétrole devait un jour - bientôt ? - dépasser la barre fatidique de 200 dollars le baril".

http://www.lepoint.fr/actualites-economie/si-le-baril-etait-a-200-dollars-les-agriculteurs-francais-s/916/0/258590


Les plateformes pétrolières plongent. Le pétrole surnage encore...

Deuxième enseignement : (passons sur le chauffage des serres avec l'électricité nucléaire...) En réalité, on ne sait ni quand, ni comment, le cours du pétrole va faire le yoyo, dans les mois à venir. Avec, en sus, la spéculation, plus personne n'y comprend rien. La première flambée des prix a été très brutale; si elle se calme, elle reste inéluctable; on ne retrouvera pas les prix de 2007; inutile de se réjouir : les causes du renchérissement du prix de l'énergie ne sont pas conjoncturelles.

Le pétrole cher menace le trafic aérien, titrait encore le Point

Le pétrole cher oblige à repenser la façon de se loger, détaille-t-il encore...
"De nombreux primoaccédants et ménages modestes se sont installés en deuxième couronne et zone rurbaine pour y trouver des loyers plus faibles et des surfaces plus importantes. Paradoxalement, ils voient ces économies annulées avec la hausse des prix du carburant nécessaire pour effectuer leurs trajets aller-retour quotidiens."

On pourrait multiplier les exemples des effets dévastateurs du déclin des ressources en énergie fossile et pas seulement du pétrole...

Folie donc que d'espérer en un retour de la croissance. Contradictions que ces annonces de la montée spectaculaire et du recul rapide du prix du baril de pétrole... La boussole économique est déréglée. Elle n'a jamais indiqué le bonheur terrestre, mais au moins indiquait elle une voie, fut-elle pénible et dangereuse. Cette fois, tous les discours creux des grands faiseurs de vérité se révèlent pour ce qu'ils sont : des mensonges gigantesques...

Et nous n'avons pas tout vu!

Troisième enseignement : ce n'est pas seulement le gouvernement français qui erre et les critiques des opposants sont un peu faciles! La crise de l'énergie et de l'alimentation est planétaire. L'humanité ne doit plus compter sur ses leaders pour se sauver du désastre, mais sur elle-même. Ce n'est pas si dramatique pour d'authentiques démocrates! À nous d'agir...

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samedi 16 août 2008

Mort ou renouveau de la démocratie ?

La Fondation Friedrich Ebert, interdite sous le nazisme et recréée en 1947, est la fondation politique allemande la plus ancienne. Elle a été créée en 1925 selon les dernières volontés politiques du premier Président allemand élu démocratiquement et porte son nom.



La démocratie occidentale aurait un avenir incertain constate Harald Welzer. Ce sociologue observe que la démocratie fondée sur l'État se disloque quand l'État révêle son impuissance. Sauf à repenser la démocratie pour la ré-établir sur des bases nouvelles où la participation des citoyens serait permanente et non plus déléguée, la démocratie ayant cessé d'être attractive et de constituer un modèle, peut mourir. Ci-dessous des extraits de l'article qui vient de paraître dans
Le Monde daté du 15 août 2008, article qui est à lire, relire, méditer et débattre en son entier...


Professeur Harald Welzer, sociologue et historien.

La démocratie occidentale, un avenir incertain, par Harald Welzer

La démocratie semble avoir de moins en moins le vent en poupe, autant sur le plan national qu'international. En tout cas rien n'indique que les pays émergents qui s'adonnent à l'ivresse de la modernisation à outrance veuillent en même temps suivre le modèle social démocratique de l'Ouest, où de plus en plus de gens commencent à se demander s'ils vivent bien dans le meilleur des mondes politiques possibles.

C'est ainsi qu'une étude de la Fondation Friedrich-Ebert a révélé il y a quelques semaines que près d'un Allemand sur trois pense que la démocratie fonctionne mal ; la proportion passe même à 60% parmi les anciens Allemands de l'Est ; et un quart des personnes interrogées ne veut plus rien savoir de "la démocratie telle qu'elle est chez nous". Comme le montre la participation toujours plus faible aux élections ou la baisse du nombre d'adhérents à des partis, ce sont là des jalons qui marquent une tendance de fond : entre le milieu des années 1970 et 1990, l'adhésion formelle à la démocratie en Allemagne s'est toujours située autour de 75%. On a assisté ensuite à un processus d'érosion que les sondages ne sont pas les seuls à enregistrer. En un quart de siècle, les grands partis politiques ont perdu la moitié de leurs membres, alors que la réunification a ramené une palette complète de Länder. Une vraie prouesse !

La perte de confiance dans la démocratie ne se révèle donc pas seulement par l'accroissement de tendances autoritaires; elle se reflète dans le désarroi des élites politiques incapables de prendre la mesure des problèmes posés par l'avenir. Voilà pourquoi le candidat Barack Obama apparaît comme un sauveur, même quand on n'est pas américain.

Le renoncement à la démocratie n'est pas forcément un handicap au développement, il fait même souvent office d'accélérateur dans le processus de modernisation. Quand on voit la subtilité déployée par le gouvernement chinois pour maintenir la confiance dans le système en maniant la carotte et le bâton, il est impossible de penser que ce système puisse capoter au seul critère qu'il n'est pas démocratique. Il pourrait même devenir pour d'autres sociétés un modèle plus attractif que celui de l'Ouest qui, avec son arrogance, donne maintenant l'impression d'être dépassé. Même les fragiles Etats du tiers-monde qui périclitent ou ont déjà périclité ne se portent pas candidats pour reprendre le modèle occidental. Soit ils sont tenus à l'écart de la mondialisation, soit ils en sont les victimes passives.

En perdant sa valeur de modèle, la démocratie occidentale est ainsi soumise à une pression venue de l'extérieur ; il existe d'autres voies vers une modernité que nous ne connaissons pas, et il y a toutes les raisons de penser qu'elles resteront valables aussi longtemps que les problèmes écologiques ne viendront pas mettre aussi à mal ce turbo capitalisme d'un nouveau type. Les perdants de la mondialisation dans les pays occidentaux sont en effet les premiers à sentir qu'il est illusoire de continuer à faire confiance à un Etat national promettant le bien-être pour tous. La dégringolade sociale qui, dans le pays du miracle économique, n'était autrefois le lot que de quelques laissés-pour-compte devient une possibilité que tout le monde peut redouter.

ABANDONNÉS PAR L'ETAT

Il est aisé de comprendre pourquoi, dans une telle situation, les gens se sentent abandonnés par l'Etat et donc aussi par la démocratie, surtout quand cet Etat ne cesse de prétendre qu'il va veiller au bien-être de tous, alors qu'en réalité il est incapable de faire quelque chose. Raison pour laquelle les personnes à faibles revenus qui réclament des compensations pour la hausse dramatique des prix de l'énergie ne peuvent que se sentir déçues et flouées : aucune démocratie au monde ne peut répondre du fait que les ressources deviennent plus rares et donc plus chères ; si elle veut maintenir la confiance, elle est paradoxalement obligée de dire qu'elle ne peut le faire. Quels seront les effets dévastateurs sur la démocratie si la hausse des prix de l'énergie fait aussi baisser le niveau de vie des classes moyennes ?

Que va-t-il se passer si les petits salaires ne peuvent plus payer leur chauffage ? Et qu'espérer si même la fiction de solidarité sociale ne peut être maintenue parce qu'il est désormais clair que la génération sortante et celle qui a précédé ont vécu sans le moindre scrupule aux frais de celle qui va encore à l'école aujourd'hui ?

Les structures sociales, tout le monde le sait à titre privé, ne sont jamais stables. Elles peuvent très vite se trouver confrontées à des problèmes d'existence et de légitimité ; elles peuvent aussi très bien s'effondrer quand la pression sociale devient trop forte. Il n'en va guère autrement avec les structures sociales de la taille d'un Etat, même si les institutions jouent ici un rôle stabilisateur.

Mais qu'en est-il lorsque les institutions comme les partis, les syndicats, les Eglises, la santé et la Sécurité sociale ont du mal à assurer cette fonction stabilisatrice parce qu'elles sont déjà prises dans un scénario de transformation qu'elles ont du mal à saisir elles-mêmes ? L'histoire du XXe siècle avec ses dictatures folles et ses systèmes totalitaires, avec ses révolutions et ses effondrements, montre qu'on ne peut miser sur la stabilité des rapports sociaux : les choses peuvent bouger assez vite et se soustraire aussi vite à tout contrôle. L'histoire montre aussi que, dans une situation de menace et de pression, les individus peuvent se laisser aller à des comportements et des décisions qu'ils n'auraient pas imaginés, quelque temps auparavant.

Voilà pourquoi il serait bon d'utiliser les inquiétants résultats de l'étude de la Fondation Friedrich-Ebert comme une incitation à réfléchir à la modernisation de notre démocratie. L'intégration c'est la participation et non l'assistance, et elle doit être renforcée par des formes innovantes de démocratie directe, qui englobent aussi des médias comme Internet. Les directives abstraites de l'Union européenne ne peuvent avoir aucun effet identificateur parce que personne ne comprend à quoi elles servent.

C'est en effet le seul moyen pour les individus de s'identifier à un ensemble dont ils sont eux-mêmes partie prenante. En revanche, si l'Etat ne laisse transparaître qu'une volonté d'intégration par un recours à l'assistance qu'il ne peut même pas assurer, il sape les fondements de la démocratie. Et il renonce du même coup au pouvoir d'engagement de ceux qui sont abandonnés en cours de route. Devenant le grand perdant de la mondialisation, l'Etat entraîne aussi la démocratie dans sa perte.


Traduit de l'allemand par Pierre Deshusses
© Axel Springer

Harald Welzer, sociologue, professeur de psychologie sociale au Centre de recherche sur la mémoire (Essen, Allemagne)

http://www.lemonde.fr:80/opinions/article/2008/08/14/la-democratie-occidentale-un-avenir-incertain-par-harald-welzer_1083677_3232.html

mercredi 13 août 2008

Dany à la hussarde!


Dany Cohn-Bendit va-t-il changer de point de vue?

Avec des Verts, mais au-delà des Verts.
Avec José Bové, mais sans oukase sur les institutions européennes.
Avec Nicolas Hulot, mais par Besset interposé...

Cohn-Bendit se voit bien tête de liste régionale en Ile de France.
Avec le CNIR des Verts, en septembre, ou ça passe ou ça casse.
Mamère approuve. Voyney grogne.

Pari risqué pour Dany le Rouge qui a bien pâli.
Mais il s'est écarté de Bayrou.
Mais, président des eurodéputés Verts, il a un pied en Allemagne et un en France.

Il offre un choix donc, un choix politique.
Il vise le franchissement de la barre des 10% en France.
Il parle d'un doublement du nombre des élus passant de 6 à 12.

L'écologie a le vent en poupe.
Cohn-Bendit est un leader médiatique.
Il veut aller au-delà des partis.

Tout cela est bel et bon...
Mais va-t-il ne plus fustiger les Irlandais et autres nonnistes?
Va-t-il mettre en cause le libéralisme économique comme cause du désastre écologique?

Il ne suffit pas d'apostropher Sarkozy sur le Tibet.
Il ne suffit pas de vouloir "fédérer toute l'écologie politique"
Il ne suffit pas d'avoir le soutien de Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé.

Il faudrait sortir des jeux politiciens.
Il faudrait faire du neuf.
Il faudrait faire lien avec les citoyens plutôt qu'avec les élites.

Les Journées d'été des Verts à Toulouse vont en débattre.
Puissent les écolos, pour une fois, ne pas s'enferrer dans leurs joutes vaines.
Et penser l'échéance européenne... au-delà des élections européennes.


http://www.cohn-bendit.de/dcb2006/fe/pub/fr/dany.

mardi 12 août 2008

Du SMIG au SMIC puis au "Revenu de sombre avenir" ou RSA?



Le salaire minimum interprofessionnel garanti, ou SMIG, a été créé par la loi du 11-02-1950.

Le salaire minimum interprofessionnel de croissance, ou SMIC, a remplacé le SMIG, par un simple décret, en date du 2 janvier 1970.

Le revenu de solidarité active, ou RSA est destiné à remplacer le SMIC. L' avant-projet de loi généralisant à l'ensemble du territoire le revenu de solidarité active (RSA), expérimenté dans trente-quatre départements, a été dévoilé, le lundi 11 août 2008, par le quotidien Les Echos.

Que va-t-on encore jeter? Un article d'Agoravox parle de "Revenu de Sombre Avenir"!



Et que disent les mots?

Que plus rien n'est garanti...! Le mot a disparu.
Qu'il n'y a minimum que... s'il y a croissance!

Mais qu'il faudra ne compter, désormais, que sur la "solidarité active" (?).


Car le RSA est un modèle d'ambiguïtés.
Parler de revenu plutôt que de salaire serait positif si c'est un droit à vivre.
Parler de solidarité est également positif, mais il reste à savoir de quelle solidarité il s'agit.
Parler, enfin, de solidarité active signifie-t-il que l'aidé, ou les aidants, ont "à se bouger"?

Le SMIC a été revalorisé de 0,9% pour atteindre 8,71 euros de l'heure, le 01-07-2008, soit un un salaire brut mensuel de 1321 euros pour 35 heures de travail.

Les questions qui se posent avant de passer à la solidarité active sont les suivantes :
- A-t-on droit à un revenu minimum vital quand on ne travaille pas comme salarié?
- Le budget accompagnant la solidarité nationale redéfinie sera-t-il suffisant?
- La critique de l'assistanat ne recouvre-t-elle pas le retour à la charité?
- Peut-on bénéficier du RSA quand on est inemployable et chargé de famille?

Deux conceptions de la vie en société s'affrontent : l'une qui fait du travail (salarié) la clef d'accès à toute aide publique; l'autre qui donne droit à tout citoyen d'avoir accès à un revenu de base permettant de survivre. Pour tous ceux que la vie a meurtri au point qu'il n'aient plus de place sur le "marché du travail", le RSA, déjà loin de ce qu'en avait imaginé son promoteur, Martin Hirsch, risque bien de mériter son appellation détournée : le Revenu de sombre avenir!

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=43164

lundi 11 août 2008

Quand il est mort le poète...

... le monde entier n'a pas chanté!
Image:Mahmood darwish.jpg
Mahmoud Darwich (1941-2008)

Et pourtant, la poésie du poète palestinien, elle, chante, et nous parle!



Si nous le voulons
  • Nous serons un peuple,
    si nous le voulons, lorsque nous saurons que nous ne sommes pas des anges
    et que le mal n'est pas l'apanage des autres.

  • Nous serons un peuple
    lorsque nous ne dirons pas une prière d'actions de grâce à la patrie sacrée
    chaque fois que le pauvre aura trouvé de quoi diner.

  • Nous serons un peuple
    lorsque nous insulterons le sultan et le chambellan du sultan,
    sans être jugés.

  • Nous serons un peuple
    lorsque le poète pourra faire une description érotique
    du ventre de la danseuse.

  • Nous serons un peuple
    lorsque nous oublierons ce que nous dit la tribu...,
    que l'individu s'attachera aux petits détails.

  • Nous serons un peuple
    lorsque l'écrivain regardera les étoiles sans dire :
    notre patrie est encore plus élevée...et plus belle !

  • Nous serons un peuple l
    orsque la police des mœurs protègera la prostituée et la femme adultère
    contre les bastonnades dans les rues.

  • Nous serons un peuple
    lorsque le Palestinien ne se souviendra de son drapeau que sur les stades,
    dans les concours de beauté et lors des commémorations de la Nakba. Seulement.

  • Nous serons un peuple
    lorsque le chanteur sera autorisé à psalmodier un verset de la Sourate du Rahmân
    dans un mariage mixte.

  • Nous serons un peuple
    lorsque nous respecterons la justesse
    et que nous respecterons l'erreur.

  • © Actes Sud, traduit par Elias Sanbar.
http://www.oasisfle.com/culture_oasisfle/litterature_palestinienne.htm#Mahmoud%20DARWICH
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mahmoud_Darwich

mercredi 6 août 2008

Une blessure de la civilisation jamais guérie



Hiroshima et Nagasaki, 1945
Statue du parc de la paix à Nagasaki.

6 août 1945 : le jour anniversaire de l'effacement d'une ville entière, Hiroshima, sous le feu nucléaire. Et, comme si ce crime d'État, car c'en est un, n'avait pas suffi, trois jours plus tard, à Nagasaki, on a recommencé pour être sûr de briser toute résistance nippone.

Nous n'en sommes jamais sortis. La Bombe, bien qu'elle n'ait pas été réutilisée, depuis 63 ans, n'en reste pas moins une épouvantable épée de Damoclès au-dessus de nos têtes et, s'il s'en fallut de peu, en 1962, qu'elle ravage le monde, elle reste présente dans les arsenaux et risque de devenir l'arme terroriste géante, au XXIe siècle.

On ne peut vivre vraiment, vivre ce qui s'appelle vivre, sous cette menace! Rien de ce qu'écrivit Camus après l'explosion n'est devenu invalide! Les Jeûneurs qui, à Paris, cette année, comme ils l'avaient fait à Taverny, auparavant, qui disent, chaque année, un non radical à cette inversion de la civilisation, ont raison. Fussent-ils dix. Seraient-ils deux...

"On nous apprend, écrivait Albert Camus, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. /.../

Qu'on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction d'Hiroshima et par l'effet de l'intimidation, nous nous en réjouirons. Mais nous nous refusons à tirer d'une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider plus énergiquement encore en faveur d'une véritable société internationale, où les grandes puissances n'auront pas de droits supérieurs aux petites et aux moyennes nations, où la guerre, fléau devenu définitif par le seul effet de l'intelligence humaine, ne dépendra plus des appétits ou des doctrines de tel ou tel État."

Extrait de l'éditorial du journal Combat, le 8 août 1945 à relire, en entier, à l'adresse ci-dessous.

http://www.matisse.lettres.free.fr/artdeblamer/tcombat.htm

mardi 5 août 2008

Pour en finir avec l'antisémitisme!


Siné serait antisémite. Soljenitsyne l'était, paraît-il... C'est le débat du mois : qui est antisémite?

Un débat, très tendu, s'est donc ouvert entre ceux qui voient dans la critique politique des Israéliens et la critique de la judéité un lien évident, et ceux qui estiment, au contraire, que la libre critique d'Israël ne saurait être associée à l'antijudaïsme.

Car il y a, visiblement, antisémitisme et antisémitisme!

"L'antisémitisme (originellement écrit anti-sémitisme) est le nom donné à la discrimination, l'hostilité ou les préjugés à l'encontre des Juifs", propose Wikipedia.

Wikipedia tente de distinguer racisme et hétérophobie (qui désignerait le refus agressif d’autrui dont le racisme ne ne serait qu’un cas particulier) et la définit comme : «Le refus d’autrui au nom de n’importe quelle différence». Dans Ce que je crois, (éd. Fasquelle, Paris, 1985), Albert Memmi, écrivain franco-tunisien de culture juive, définit, au contraire, le racisme comme une hétérophobie. Je le suis, sur ce plan.

On parle constamment de racisme et d'antisémitisme. J'ai toujours pensé que, ce disant, on commettait une erreur! L'antisémitisme fait partie du racisme; c'est l'un des racismes; il n'est pas un racisme à part. Évidemment chaque racisme est particulier, a une histoire, mais le vocable couvrant (racisme) rassemble tous les racismes sans exception. Depuis que les idéologies de la race ont volé en éclat par impossibilité scientifique de définir une race, le racisme n'a plus qu'un contenu essentiellement culturel : c'est bien un rejet d'autrui faussement justifié par des considérations multiples. Et l'antisémitisme est, quelles qu'en soient les raisons, la haine du juif et j'admets que l'une de ces raisons soit produite par la politique.

Selon la CICAD (Coordination Intercommunautaire Contre l'Antisémitisme et la Diffamation), «le terme "antisémitisme" a été inventé, dans un pamphlet publié en 1879, par le journaliste allemand Wilhelm Marr, fondateur de la Ligue antisémite, consacrant ainsi l'entrée du terme antisémitisme (Antisemitismus) dans le vocabulaire politique.
Source : http://www.cicad.org/

Toujours selon la CICAD, que cite l'Encyclopédie de l'Agora, le terme "antisémitisme"a toujours été appliqué aux Juifs, pour caractériser la haine à leur égard. Il n’a jamais qualifié l’hostilité à l’égard d’un autre peuple, et équivaut donc à "judéophobie" ou "haine des Juifs".
Source : http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Antisemitisme.

Produite directement par les idéologies nationalistes et racistes en pleine expansion à la fin du XIXe siècle, cette expression nouvelle de la haine contre les juifs n'est cependant pas sans liens avec ce que Hannah Arendt désigne, dans la Préface de Sur l'antisémitisme, par « haine religieuse du Juif » (religious Jew-hatred) qu'on appelle aujourd'hui « antijudaisme », hostilité repérable dès l'Antiquité, qui va se prolonger et s'amplifier, au Moyen Âge, dans l'Occident chrétien, et finalement perdurer jusqu'au XXe siècle.
Voir : Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme, Sur l'antisémitisme (vol. 1) Seuil, 2005.
http://www.evene.fr/livres/livre/hannah-arendt-les-origines-du-totalitarisme-sur-l-antisemitisme-9194.php

La confusion entre antijuif, antisémite, antisioniste et antiisraélien ne sera pas levée de si tôt! Les repères de bon sens ne peuvent, hélas, suffire à surmonter les hostilités! J'appelle repères de bon sens toutes les nuances que les mots induisent : un Juif est un homme de confession religieuse; on peut ne pas partager cette foi mais rien n'autorise à rejeter un homme à cause de sa conception du monde, sa foi, son appartenance à une communauté. Un Sémite est un homme "né de Sem, fils de Noé", selon la Bible, un habitant de la terre d'Asie occidentale;
il parle l'une des langues dites sémitiques (l'hébreu, l'arabe, l'araméen, le babylonien, l'assyrien, et l'amharique). Les Arabes, Juifs, ou Éthiopiens sont donc des Sémites qu'on ne saurait rejeter à cause de cette origine. Un sioniste est un Juif qui a fait le choix politique de lutter pour l'établissement, puis le maintien, d'un État juif en Palestine; on peut combattre cette orientation mais pas au point d'en faire un crime, d'autant qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale, la recherche d'une terre de la part de ce peuple discriminé, puis proche de l'anéantissement, n'était pas sans fondements! Enfin un Israélien, juif ou pas, est un citoyen de l'État d'Israël; comment lui dénier cette citoyenneté?

Et pourtant, tout n'est pas dit!

Le Juif, s'il s'accorde des droits historiques du fait du caractère sacré et exclusif qu'il prétend s'être vu accorder par la religion, si ce n'est par Dieu lui-même, ne saurait vivre en paix avec ses voisins! La notion de peuple élu ne contient-elle pas le rejet des non-élus, au premier rang desquels ceux qui vivent sur des territoires convoités! Les colonies de peuplement sont, à cet égard, de véritables moyens de conquêtes, et qui ne vont pas sans usage de la violence! Je récuse donc cette conception religieuse dominatrice, juive ou pas, où qu'elle se manifeste sur la planète, et qui fonde la culture, ou soi-disant telle, sur le particularisme religieux.

Le Sémite qui se refuserait à partager un passé ethnique avec des Sémites qui ont effectué d'autres parcours historiques que le sien, est un ignorant dangereux! Musulmans et Juifs qui ne veulent pas entendre parler de cette origine commune se renient eux-mêmes et se ferment les portes de l'avenir!

Le Sioniste, quand il devient un nationaliste borné, qui ne voit plus que chaque homme a droit à une patrie et ne se soucie que de la sienne, s'enferme dans le cercle de la violence perpétuelle. Il s'installe alors dans un état de guerre qui, décennie après décennie, en dépit de l'incommensurable et hyperviolente injustice subie, sous l'Allemagne nazie,
par le peuple juif, finit par amoindrir aujourd'hui, jusqu'à la légitimité que lui reconnaissent les nations, au sein de l'ONU.

L'Israélien est, comme tout autre citoyen en ce monde, l'approbateur ou le désapprobateur de la politique conduite par son gouvernement. Or, à l'égard des peuples voisins, Palestiniens et Libanais notamment, Israël n'est pas sans reproches et s'appuie, outranciérement, sur la force et sur le soutien diplomatique (ou technico-militaire) des USA. Être, en certaines circonstances, hostile à la politique d'Israël, comme on peut l'être vis à vis d'autres États dont on récuse les grands choix, n'est pas être anti-Israélien! C'est peut-être même opter pour la survie d'Israël qui ne supportera pas, indéfiniment, un déséquilibre démographique qui ne cesse de s'alourdir à son détriment!

Et l'Hébreu? L'Hébreu fait partie de l'un des peuples sémitiques. Il parle une langue qui n'est pas que liturgique et qui nourrit principalement la pensée des Israéliens. Peuple hébreu et langue hébraïque composent le fond culturel des Juifs vivant sur notre planète.

Alors où est l'antisémitisme véritable? Est-il dans le cœur, la pensée et la bouche de ceux pour qui le peuple juif dépasse et de loin, dans l'espace et dans le temps, l'actuel peuple d'Israël? N'est-il pas plutôt dans l'action de ceux qui font exécrer le peuple juif par leurs intransigeances, leur culte de la puissance, et leur agressivité constante à l'encontre de quiconque émet des réserves ou des désapprobations vis à vis de Juifs d'Israël ou d'ailleurs?

Je suis de ceux qui ne supportent pas les relents d'antisémitisme dont des catholiques ont pu se faire les diffuseurs en parlant de "déicide". Je suis de ceux qui pensent qu'un homme vaut un homme et que chaque Juif (comme chaque Tsigane) exterminé dans les camps, dans les bois d'Allemagne ou d'Europe, entre 1933 et 1945, est l'un de mes frères assassinés. Je suis de ceux dont la lecture de Primo Levi à changé la compréhension du monde. Mais il m'est tout à fait insupportable de constater que mes appréciations politiques puissent me valoir d'être considéré comme antisémite.

Mais il y a plus grave encore, selon moi! Ceux qui instrumentalisent la Shoah la trahissent, quand ils ne la salissent pas! Les fils et filles de victimes du nazisme qui, sur plusieurs générations, depuis 1945, ont souffert et souffrent encore du crime d'État appelé génocide, dont ils sont les survivants blessés à jamais, (mais, pour partie, nous avec eux, comme appartenant à cette humanité-là, dont nous sommes, et qui compte tant de bourreaux et de martyrs!), ces fils et ces filles ne sont pas protégés contre les erreurs. Et ils en commettent! Ils ne sont pas à l'abri de l'injustice. Et ils y sombrent. Ils ne sont pas exempts de tentations violentes en paroles et en actes. Et ils y succombent. Non, les Justes ne sont pas tous du côté des Juifs et le prétendre est impie dirait un Juif lettré. Seuls les ignorants et les sectaires pourront donc dire le contraire.

En fin de compte, ce qui s'avère le plus troublant, le plus douloureux, c'est que ceux qui ont l'expérience historique et culturelle de l'un des plus grands désastres qu'ait connus l'humanité, perdent le sens de l'universel! Pourquoi accusent-ils ceux qui attendent d'eux qu'ils combattent, encore plus que d'autres, la violence collective? Et pourtant, ils savent ce qu'elle est, cette violence! Pourquoi couvrent-ils du mot de terrorisme toutes les luttes armées -toute guerre est odieuse, certes!-. Et pourtant, ils ont, eux aussi, porté ce nom d'infamie, ce vocable de "terroristes".

Oui, s'il est un peuple qui pourrait tenter d'échapper à ce que tant de nations ont commis, comme meurtres et crimes de masse, c'est bien ces Juifs, dont beaucoup se sont implantés en Israël, et dont on a du mal à penser qu'ils puissent commettre ce qu'ils commettent, sous les yeux du monde entier! Ceux qui se nient et renient en ne respectant pas leur propre passé et agissent en ne comptant plus que sur
la supériorité de leur armement, à ceux-là nous avons envie de crier : "non! pas vous!"

S'il fallait, enfin, que, par souci de défense, Israël encourage ses alliés à user de la force nucléaire, en Iran, ou s'il devait s'ouvrir un conflit dans lequel Israël utiliserait cette même force, (dont tout le monde sait qu'il est doté), alors c'en serait fini de toute dignité internationale, de tout avenir de paix dans la région. Que les États qui reprochent à un État islamiste de se procurer des moyens civils et militaires, inséparables les uns des autres, tout en en disposant eux-mêmes, ne se rendent plus compte de leurs contradictions en dit long sur la cécité politique qui interdit de voir venir l'horreur.

Le comble de l'antisémitisme, finalement, c'est de penser que le peuple d'Israël n'aura pas le génie d'échapper à cette civilisation de la mort, la mort distribuée au hasard. On ne combat pas le terrorisme par la terreur. Et si de l'affirmer doit ma valoir le qualificatif d'antisémite, j'en supporterai l'injure, au nom de mon rejet viscéral de l'antisémitisme. De quoi me plaindrais-je? Tant de Juifs ont subi bien pire.

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