mercredi 7 janvier 2009

Les Gazaoui sont seuls au monde

Israël et le Hamas étudient une proposition de cessez-le-feu présentée par l'Egypte et soutenue par l'Europe et les Etats-Unis, au douzième jour de l'offensive lancée par Tsahal dans le territoire palestinien. Parallèlement, l'armée israélienne envisage un arrêt de ses opérations militaires trois heures par jour dans le secteur de Gaza-ville afin de permettre l'acheminement d'une aide humanitaire à travers un couloir qu'elle met en place. (Reuters/Baz Ratner)



Nous sommes en pleine hypocrisie diplomatique! Pierre Haski dans Rue 89 (1) expose clairement pourquoi un million et demi de Gazaouis sont pris dans une nasse, abandonnés, et livrés aux tirs de Tsahal sans possibilité réelle de se défendre, car la conjonction des intérêts politiques antipalestiniens donne du temps à l'armée israélienne.


Notre impuissance est terrifiante : que nul État, ni aucune organisation internationale, ne puissent se mettre en travers de cette offensive meurtrière et d'autant plus désastreux que la force de feu est ultra moderne et conduite par une hiérarchie impitoyable.

Les roquettes qui tombent sur Israël sont des piqures de mouches comparées à ce qui pleut sur les civils de Gaza. On ne peut renvoyer dos à dos le Hamas et le gouvernement israélien pour la simple et unique raison que les capacités de nuire de l'un et de l'autre se situent dans un rapport de un à mille. Le dénombrement des morts le prouve assez! Affreuse comptabilité.

Le risque pour l'occident est immense. La haine de l'occident dont parle Jean Ziegler dans son dernier livre va se trouver de nouveau renforcée! Le veto des USA de Bush ( qui nuit toujours à l'ONU), le cynisme de Moubarak (qui laisse Israël faire le "sale boulot" face à des proches des frères musulmans,) l'hypocrisie de Sarkozy et Kouchner (qui font semblant d'appeler à la paix sans se désolidariser d'Israël), toutes ces pitoyables et inefficaces agitations, vont finir par coûter très cher aux pays dits démocratiques qui ne savent rien faire d'autre que de danser un "ballet diplomatique" ridicule et méprisable.

Il se trouve, en Australie, apprend-on, des hommes qui s'affirment juifs et condamnent violemment l'intervention d'Israël (2). Non seulement ils font honneur à la liberté de pensée existant encore dans des communautés judaïques mais ils sont de ceux qui peuvent sauver encore l'image d'une population qui n'est donc pas, dans son ensemble, solidaire de ces meurtres collectifs perpétrés par Tsahal. Ce n'est malheureusement pas le cas en France où l'on n'entend pas la voix des Français de confession judaïque en appelant à La paix maintenant (3). La lutte contre l'antisémitisme en dépend pourtant!

Hurlons notre refus de ces monstruosités par lesquelles l'État d'Israël se ruine définitivement face à l'histoire! Oui, les seuls amis d'Israël sont, actuellement, ceux qui s'opposent à sa folie meurtrière où il va perdre toute son âme. Soutenons les Français de l'Union juive française pour la paix (UJFP) qui dénoncent l'agression de Gaza (4).



(1) http://www.rue89.com/print/82392
(2) http://french.irib.ir/index.php?option=com_content&task=view&id=17233&Itemid=9
(2) http://www.lapaixmaintenant.org/
(3) http://www.ujfp.org/

mardi 6 janvier 2009

À Gaza, on tue à court et à long terme...

Je retiens une large part de la publication, sur le site de L’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire du texte condamnant l'usage criminel par Israël des bombes "GBU-39". Pourtant je récuse l'emploi du mot génocide même si l'emploi de ces armes produira des morts affreuses d'ici de nombreuses années encore. Un génocide est l'éradication par la volonté d'un un État d'un peuple tout entier. Ceci précisé, j'estime que recourir à de telles armes est un crime de guerre qui aggrave l'erreur historique des dirigeants israéliens. Il faut le faire connaître car la presse n'en dit rien.


Parallèlement à l’offensive terrestre. À Gaza, la guerre à l’Uranium Appauvri a commencé avec les bombes "GBU-39" fournies par les Etats-Unis.

L’armée israélienne (Tsahal) a lancé le 3 janvier son offensive terrestre contre Gaza - contre le Hamas et son "jihad", selon le gouvernement israélien. La presse, les médias internationaux se focalisent sur l’événement, qui suscite l’indignation ou l’inquiétude de l’opinion mondiale.

Celles-ci seront encore plus grandes lorsque se révélera le drame qui a commencé le 27 décembre dernier avec les premiers bombardements israéliens sur Gaza et qui se poursuit de façon invisible, avec l’emploi par l’aviation israélienne de bombes "GBU-39" - une "arme intelligente" issue du "génie militaire" américain.

Les caractéristiques de l’engin :



Contrairement à une bombe "gravitationnelle" qui tombe par son propre poids, ce qui exige une estimation précise de l’altitude, la distance et la position de l’avion par rapport à la cible, la "bombe intelligente GBU-39" est un missile autopropulsé capable d’atteindre par ses propres moyens et avec une incroyable précision une cible située jusqu’à 60 miles nautiques (110 km) en avant et 40 miles (75 km) à droite ou à gauche de l’avion au moment du largage. Apte à voler par tous les temps, le missile peut même décrire un cercle et frapper une cible fixe située derrière l’avion. Il est guidé vers sa cible par un système embarqué de positionnement par GPS et de calcul de trajectoire. Ce système est préprogrammé mais peut être reprogrammé à tout moment et à distance, à partir des installations au sol.


Répondant à un appel d’offres lancé deux ans plus tôt, la firme Boeing a été retenue en août 2003, après une sévère compétition avec Rayteon, pour développer cette "bombe de faible diamètre" (SDB-Small Diameter Bomb).

La SDB-1 ou GBU-39 a reçu sa certification en septembre 2005, sa production en série a débuté en avril 2006, et les premiers exemplaires ont été livrés à l’US Air Force début septembre 2006, en avance sur le calendrier et à un coût moins élevé que prévu (avec un amortissement des recherches sur une commande finale espérée de 24 000 unités). A cette occasion, le Maj. Gen. Jeffrey Riemer, responsable de la coordination du programme entre les différents laboratoires et fournisseurs civils et militaires, déclarait : "Nous sommes enthousiasmés (excited) par le déploiement de cette arme, la SDB-1, qui vient s’ajouter aux diverses options léthales du F-15E (Strike Eagle) dans la guerre contre le terrorisme." D’après lui, sa marge d’erreur à l’arrivée ne dépassait pas 1,20 m.

La SDB-1 ou GBU-39/B est un tube long de 1,80 m environ et de 19 cm de diamètre. Une fois lancé, il déploie des ailerons arrière et latéraux qui stabilisent sa trajectoire. Il pèse 130 kg, dont 93 kg pour la tête explosive.


Le F-15E peut en emporter 4 sous son fuselage, avec un attelage BRU-61 d’un poids total en charge de 664 kg, au lieu d’un seul missile ordinairement beaucoup plus lourd. Le lancement de chaque missile est pneumatique et non par mise à feu d’une cartouche explosive, ce qui supprime l’entretien courant, facilite la manutention, et accélère le rechargement de l’avion au retour d’une mission. Celui-ci peut donc effectuer des frappes multiples et des rotations accélérées.


La précision, la fiabilité et la charge explosive limitée de la GBU-39, donc aussi sa moindre "léthalité" (ou capacité meurtrière), réduisent fortement les risques de "dommages collatéraux". Ce qui permet des emplois interdits jusque-là : contre des combattants ennemis situés à proximité immédiate de "troupes amies"... ou au milieu d’une population civile amie, neutre ou ennemie, que l’on est censé épargner d’après les "lois de la guerre" et le droit international. L’idéal, en somme, pour la guerre "anti-guérilla" ou "anti-terroriste"...

Dès le 5 octobre 2006, un mois après leur livraison aux Etats-Unis, deux avions F-15E "Strike Eagles" appartenant à la 494e Escadrille de Combat déployée en Asie du Sud-Est, en utilisaient des exemplaires pour la première fois contre des cibles réelles, en soutien aux troupes terrestres agissant en Irak.

La SDB-1 présente une autre caractéristique que la fiche technique de Boeing et la presse israélienne se gardent de préciser. En effet, sur les 93 kg attribués par Boeing à la tête (warhead), 23 sont dus à l’explosif proprement dit, de haute performance. Le reste, soit une cinquantaine de kilos, n’est autre que de l’Uranium Appauvri. Celui-ci présente un avantage supplémentaire : sa haute capacité de pénétration. Il permet à la GBU-39 de percer au moins 90 cm de béton armé (ou plusieurs mètres de terre) avant d’exploser.

Outre son prix "réduit" (de l’ordre de 100 000 dollars pièce - tout est relatif...), l’ensemble de ses caractéristiques faisaient de la GBU-39, version SDB1, l’arme idéale pour l’offensive israélienne contre Gaza. Sa précision permettait d’atteindre des cibles fixes prédéfinies, tout en réduisant les "dommages collatéraux" dans la population civile (de surcroît avertie par tracts ou par téléphone mobile d’évacuer au plus vite les cibles, c’est-à-dire les maisons ou les sites liés au Hamas, à la fabrication, au stockage ou au lancement de roquettes Qassam contre le sud d’Israël). Ce qui limite aussi les risques, politique et diplomatique, d’être accusé de perpétrer des massacres et des crimes de guerre. Par ailleurs, la capacité de pénétration de la GBU-39 permettait de détruire aussi bien les sites enterrés de lancement de roquettes que les 40 boyaux souterrains sous la frontière entre l’Egypte et Gaza, qui rendent poreux le blocus israélien et qui ont été frappés dès le premier jour de l’offensive aérienne.

En septembre 2008, le Congrès américain a autorisé la vente de 1000 exemplaires à Israël, qui lui ont été livrés dans les premiers jours de décembre. La trève de 6 mois acceptée par le Hamas en juin expirait le 19 décembre. Le 27 décembre, l’offensive israélienne commençait.

Le problème, c’est que la GBU-39, si elle limite les risques de crimes de guerre, entraîne avec certitude le crime contre l’humanité.

Le dard des bombes GBU-39 est à l’Uranium Appauvri, disions-nous. Mais appauvri en U235 et enrichi en U238, dont la demi-vie radioactive est de 4,5 milliards d’années. L’UA est un redoutable poison chimique et radiologique qui brûle aisément à l’impact et se transforme en particules radioactives extrêmement petites (particules nanométriques de l’ordre du millionième de millimètre) qui échappent à toute barrière et tout type de masque à gaz. Les produits de ces combustions répétées d’uranium voyagent avec les mouvements d’air, contaminent l’atmosphère et pénètrent dans les organismes via la respiration, l’ingestion ou les moindres blessures. Ainsi, la majeure partie de l’uranium se retrouve sous forme d’oxyde d’uranium radioactif invisible dans l’atmosphère que les populations respirent, tandis qu’une autre partie contamine les sols, les sous-sols et les nappes phréatiques.

Les conséquences de l’utilisation de bombes à l’UA en Afghanistan et en Irak sont parfaitement connues, démontrées et dénoncées par de nombreux scientifiques - sinon tous, excepté ceux dont le salaire émarge aux budgets des armées américaine, française, israélienne... et autres. Elles ont été rendues dramatiquement visibles par les photos insoutenables de nouveaux nés malformés.

On imagine sans peine les conséquences catastrophiques que de tels bombardements auront sur la population de Gaza : cancers, malformations congénitales, maladies du système immunitaire... et ce d’autant plus qu’elle souffre de malnutrition chronique et de manque de soins, en raison notamment du blocus israélien.

Lorsqu’il a décidé de larguer des bombes GBU-39 à l’UA sur des zones densément peuplées de Gaza, le gouvernement israélien ne pouvait pas ne pas en connaître les effets. Mais la population israélienne, dont on peut comprendre la lassitude et l’exaspération sous les tirs de Qassam et d’obus de mortiers, les connaît-elle, aujourd’hui encore ? Se doute-t-elle que son gouvernement, tout en déclarant viser les dirigeants, les militants et les installations du Hamas, procède, délibérément ou non, à un « nettoyage ethnique » lent de la population palestinienne, qui sera inéluctablement contaminée, et à une destruction de son environnement ? Mesure-t-elle le risque qu’elle court d’en devenir elle-même victime ? Car il est clair que les mouvements atmosphériques ne s’arrêtent pas aux frontières de Gaza. Sait-elle que, même s’ils reviennent indemnes ou légèrement blessés de cette opération terrestre dont on nous annonce déjà qu’elle sera longue et sanglante, les soldats de Tsahal seront eux aussi marqués à vie dans leurs poumons, leur sang ou leur capital génétique par les effets de cette arme perverse ? On l’a dit, aucun masque ne peut protéger des nanoparticules d’Uranium Appauvri.

Un véritable crime contre l’humanité s’exécute donc sous nos yeux.

Mais pour se faire entendre, elle devra s’engager elle-même à ne plus produire, vendre, transférer ni utiliser dans sa propre armée aucune arme à l’Uranium Appauvri. Au lieu de voter, comme elle l’a fait dernièrement en la seule compagnie des Etats-Unis et d’Israël, contre toute résolution de l’ONU cherchant à établir une commission d’enquête sur les effets de l’UA, la France doit enfin travailler à l’interdiction universelle des armes à l’Uranium Appauvri.

En plus, bien sûr, d’oeuvrer à l’établissement d’un cessez-le-feu général et immédiat à Gaza, et à l’instauration d’une paix juste et durable dans la région, seul moyen de désamorcer les haines, d’assurer la cohabitation des peuples, des croyances, des Etats, des cultures, et de sauver les personnes.

Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire, le 4 janvier 2009.

"A Gaza, début du génocide à l’Uranium Appauvri" ⓒACDN, 4 janvier 2009. Reproduction partielle ou complète de cet article autorisée sous réserve de renvoyer à la source : www.acdn.net et d’en informer la rédaction.

Source. http://acdn.france.free.fr/spip/article.php3?id_article=468

lundi 5 janvier 2009

L'évidence

Ne cherche plus.
Là où sont les plus nombreuses victimes.
Là où sont les plus faibles.
Là où sont les plus décriés.
Là où sont les plus souffrants.
Là où sont les plus misérables.
Là où sont les plus abandonnés.
Là où sont les plus isolés.
Là où sont les plus désespérés.
Là où sont les plus haïs.
Là où sont les plus affamés.
Là où sont les plus démunis.

Là sont les Palestiniens.
À Gaza.
Là doit se situer ton soutien.

dimanche 4 janvier 2009

Offense ou défense : le mensonge du pouvoir israélien!

En 2006, j'ai tenu, chaque jour, pendant la guerre du Liban, un blog uniquement consacré à ce conflit qui s'est terminé, à la grande surprise du monde entier, sans vainqueurs ni vaincus, ce qui constituait, pour Israël, une véritable défaite! Je vais reprendre, depuis ma très modeste place de citoyen, cette écriture quotidienne jusqu'à ce que la politique l'ait emporté sur les tanks, les avions, les canons et les fusées.


Aujourd'hui, premier dimanche de l'année, les Français rentrent de vacances. La neige menace la circulation. À la radio, on nous parle de la seconde étape du... "Dakar argentin"! Les deux leaders du "Vendée Globe" franchissent le cap Horn. On s'inquiète de la chute de la consommation y compris pendant la période des soldes. On mange la galette des Rois, et... l'on manifeste sur les Champs-Élysées contre le terrorisme du Hamas! Enrico Macias en est : "enfants de tous pays..." chantait-ils! Les enfants palestiniens sont bien plus que les enfants israéliens sous les bombes! À la télévision, Bernard Kouchner s'agace de devoir dire que la diplomatie française se veut efficace mais ne peut l'être. La représentante de l'autorité palestinienne en Europe, Laïla Chahid, elle aussi sur une chaîne de la télévision, sur France 2, ne peut répondre aux questions du journaliste, puisqu'elle ne les entend pas... Bel exemple de dialogue de sourds. Le monde va donc son cours. À Gaza l'un des territoires le plus densément peuplé au monde, on meurt par centaines. On en serait à 500 victimes. Bien entendu, on tue pour la paix! Pour... avoir la paix! Le Hamas n'a pas à envoyer de roquettes sur Israël! Si l'Espagne bombardait la France par dessus les Pyrénées, la France ne resterait pas les bras croisés (argument entendu!). La mauvaise foi fait un tabac.

Nicolas Sarkozy affirme que le Hamas "porte une responsabilité lourde dans la souffrance des Palestiniens de Gaza", dans un entretien à trois quotidiens libanais à paraître lundi 5 janvier. C'était, en effet, le bon moment à choisir pour dire que le Hamas porte la responsabilité principale de ce qui se passe à Gaza. Cet homme n'en manque décidément jamais une : il est du côté des puissants, il le dit et l'assume. Mieux vaut qu'il ne joue pas au "faiseur de paix"; c'est finalement plus clair.

Que les Juifs de France soient dans la rue pour crier leur soutien à la guerre "défensive" qui est menée dans l'enclave de Gaza dit assez combien le sionisme et le judaïsme, hélas, s'imbriquent, parfois fusionnent. Qu'il faille porter la mort pour préserver la vie révulse, surtout quand on accompagne ses mauvais arguments de motivations pseudo-religieuses.


Je ne confonds pas le judaïsme et la politique israélienne. Il n'y a qu'un seul élément positif dans ce conflit affreux, c'est qu'il fournit l'ultime exemple et la dernière preuve de l'erreur majeure consistant à confondre l'antisémitisme et l'antisionisme. Il va bien falloir faire apparaître que la lutte contre l'antisémitisme passe par l'antisionisme. Voilà une épreuve que beaucoup, dont moi-même, auraient préféré éviter.



Cette fois, c'est trop tard : la force des armes fera perdre la face à Israël, et toute victoire militaire annoncera sa défaite historique. Il est des erreurs qui se paient très cher. La dernière est gigantesque et je comprends la peur qui s'empare de ceux qui la commettent car ils savent que l'histoire va les sanctionner. Que ce drame atteigne des descendants de familles ayant subi le génocide de la Shoah n'est pas seulement écrasant pour le peuple d'Israël; ce l'est pour tous les citoyens du monde!

samedi 3 janvier 2009

Les amis d'Israël sont ceux qui condamnent sa politique.




Israël vient d'engager ses troupes terrestres dans la bande de Gaza. Déjà la mort, qui avait frappé plus de 400 Palestiniens pendant les bombardements aéroportés, atteint de nouvelles populations. L'éradication complète du Hamas est recherchée!


Comment résister à la haine qu'engendrent ceux qui se savent les plus forts et qui tuent le plus de victimes civiles? S'arroger le droit de tuer en rendant cent coups pour un reçu est impardonnable.

Comment comprendre les citoyens israéliens qui veulent éliminer ceux qui s'opposent à eux, c'est-à-dire les palestiniens qui vivent, à Gaza, dans un prison à ciel ouvert, sous la domination et dans la misère, et qui commettent le crime de... ne pas cèder.

Les vrais amis d'Israël doivent condamner sans hésitation la politique de ses dirigeants. Israël se détruit seul! Il sape, à terme, les raisons mêmes de son existence. Sa politique n'a aucune justification que puisse accepter un esprit libre.

Après l'échec politique du Liban, ce sera celui de Gaza. Ou bien Israël, par fanatisme nationaliste, vient de fermer les yeux sur le piège politique qui lui est tendu, ou bien il s'aveugle dans un désespoir et une irrationalité dus à l'impuissance politique qui éclate au bout d'un demi siècle d'affrontements, et c'est la fuite en avant.

Cette fois, la coupe déborde : les Israéliens se déconsidèrent, aux yeux du monde entier. Ceux qui les soutiennent s'enfoncent dans une impasse internationale explosive. Tsahal "la meilleure armée du monde", dit-on, l'emportera aisément dans les affrontements directs. Certes. Elle ne pourra, pourtant, attendre des objectifs qui ne sont pas militaires.

TSAHAL

Manifester, protester, dénoncer est bien sûr indispensable, mais, comme pour la guerre en Irak, les opinions restent impuissantes face à la volonté de fer d'un pays sur armé et recevant de puissants appuis militaires, en occident.

La crise politique va suivre la crise économique, laquelle nourrie par la crise écologique, suivait la crise financière, elle-même née de la crise bancaire! Tout se tient. La mondialisation solidarise les populations pour le pire plus que pour le meilleur.

Des chaussures près de la résidence du Premier ministre britannique Gordon Brown, à Londres. Des milliers de manifestants ont défilé samedi 3 janvier, dans plusieurs villes d'Europe, notamment Paris, Londres et Madrid. (Reuters/Luke)Des chaussures près de la résidence du Premier ministre britannique Gordon Brown, à Londres. Des milliers de manifestants ont défilé samedi dans plusieurs villes d'Europe, notamment Paris, Londres et Madrid, pour dénoncer les bombardements israéliens qui ont fait plus de 440 morts en huit jours dans la bande de Gaza. (Reuters/Luke MacGregor)

Aux citoyens de se faire entendre. Il faut affronter le conflit politique, sinon nous serons vite entrainés vers d'autres conflits d'une extrême violence. Nous voici devant des déchirements inévitables : au sein de chaque pays, partisans et adversaires des Palestiniens ou des Israéliens vont s'affronter et la vérité va se faire jour, mais très difficilement. le pîre danger serait de croire qu'éloignés du Moyen-Orient nous ne serons pas concernés! Déjà le nouveau président de l'Union européenne
, tchèque, prend fait et cause pour Israël en prétendant que cet État mène une action "défensive"! Affreux début d'année!
Manifestation à Lille contre l'offensive israélienne sur la bande de Gaza, le 28 décembre 2008 (Sipa)

mercredi 31 décembre 2008

Pourquoi je signe l'appel pour la Fédération.




J'ai hésité. Je suis très proche des analyses proposées dans le texte de l'appel (reproduit ci-dessous). Pourtant, je ne voulais pas me retrouver dans une organisation de type parti n'acceptant pas la pluri-appartenance. Je ne voulais pas non plus d'une interpellation globale du capitalisme ne mettant pas en cause le productivisme. N'être nulle part m'est pénible, mais s'enfermer dans une organisation négatrice des autres pourtant d'orientations voisines et conciliables plus encore... J'ai donc attendu. La Fédération qui se crée semble échapper à ces travers. Elle n'est peut-être qu'un essai. Ce n'est pas cela qui me trouble! J'y apporterai ce que je pense et ce que je suis. Dans le passage délicat vers l'avenir qui s'est ouvert et dont l'année 2009 sera, sans doute, une traversée escarpée, il faut se tenir prêt à mener des luttes de type nouveau. J'essaierai d'en être.




Appel

"Les Alter Ekolos, Les Alternatifs, L'Alternative Démocratique et Sociale, la Coordination nationale des collectifs unitaires, l’Association des communistes unitaires, le Mai, Ecologie solidaire, des écologistes de gauche, des militant-e-s du mouvement social, des élu-e-s, s’engagent ensemble pour créer un espace ouvert, une Fédération de citoyen-ne-s et de forces rassemblant des histoires et des cultures différentes de la gauche de transformation sociale et écologique.

Face à la crise de la mondialisation financière, face à la montée des périls sur l’environnement, de multiples horizons monte l’exigence d’une autre organisation sociale porteuse d’un nouveau mode de développement appuyé sur l’émancipation humaine et par la préservation de l’environnement de nouveaux rapports à la nature

La gauche est aujourd’hui dans l’impasse. Ni un PS déconsidéré, ni des forces antilibérales éparpillées et impuissantes ne sont en capacité de reconstruire l’espoir. Pourtant dans leur diversité et avec leur richesse des combats sociaux et citoyens cherchent à s’exprimer sur le terrain politique. Ils représentent une grande partie des forces capables de construire une convergence politique pour la transformation sociale, écologique, démocratique, féministe et antiraciste.

L’expérience nous a montré qu’aucune structure existante ne peut à elle seule faire bouger les lignes et rassembler autour d’elle toutes les forces de la gauche d’alternative.

Devant cette situation de multiples initiatives, telle que la création du NPA ou celle du Parti de gauche témoignent des recherches existantes, mais ne permettent pas encore le cadre commun que nous appelons de nos vœux.

Bâtir une alternative qui rende possible l’intervention citoyenne dans toute la sphère politique suppose entre autres de rassembler tous les courants de la gauche de transformation sociale et écologique. Ce rassemblement pluraliste, fort de la confrontation des différentes cultures existantes, permettra d’élaborer un projet politique commun tout en développant la dynamique politique auquel il doit correspondre et de se donner les moyens du combat politique. Convaincre toutes les composantes de la nécessité de ce rassemblement n’est pas une tâche aisée et peut prendre du temps ; mais c’est dès maintenant que nous décidons de fédérer nos énergies.

Nous avons en commun de penser que la refondation de la gauche passe par la réinvention des rapports entre forces politiques et mouvement social, mobilisation et institutions.

Nous avons en commun de penser que l’humanité est parvenue à un moment périlleux où accroissement des inégalités, chômage, misère, pollution, problèmes climatiques, difficultés d’accès aux ressources se mêlent inextricablement et s’amplifient mutuellement. Les urgences sociale et écologique ne peuvent être traitées séparément et on ne peut répondre ni à l’une ni à l’autre sans remise en cause du capitalisme. Il faut inventer un nouveau mode de développement rompant avec le productivisme.

Nous avons en commun de penser que la société ne peut vivre sur la base d’une égalité de principe démentie chaque jour par les faits. La lutte contre les discriminations doit être au centre des préoccupations sociales et politiques. Nous savons que nous avons du chemin à faire sur cette question. Comme sur bien d’autres. Au moins, nous nous y attelons.

Nous prenons l’initiative du lancement dès à présent d’une fédération de citoyen-ne-s et de forces. Elle ne prétend pas être seule la force de transformation sociale et écologique si nécessaire, ni le noyau autour duquel cette force se construira, mais nous voulons contribuer à lui donner corps. Pour nous, la diversité de la fédération est sa force. Nous proposons donc qu’elle soit un outil pour rassembler largement et soit ouverte à tous les courants, tout-e-s les militant-e-s qui veulent une force politique nouvelle.

D’ores et déjà nous lançons un appel au plus grand nombre d’acteurs du mouvement social et politique, du monde de la culture de la recherche, du syndicalisme, de l’écologie pour travailler avec nous à cette première étape de rassemblement.

Cette démarche va s’ancrer dans les villes et les départements, à travers la mise en commun de nos forces et moyens et des forums publics permettant de traiter y compris les questions qui peuvent fâcher. Des outils communs vont être mis en place.

Un Comité provisoire, d’initiatives et d’actions, ouvert à celles et ceux qui le souhaitent, se met en place pour impulser l’activité de la fédération.."

http://lafederation.org/


lundi 29 décembre 2008

Après le Liban, Gaza?

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Israël repart en guerre, officiellement pour mettre fin aux tirs de roquettes qui s'abattent sur son territoire.



Mais, pourquoi ces tirs? Pourquoi aucune "trève" ne tient? Comment, pour les Palestiniens, échapper à l'emprisonnement de Gaza dont les habitants manquent de tout.

Simple, répondent les Israéliens : il suffit d'éliminer le Hamas, source de tous les maux des peuples palestinien comme israélien.

Stupide, répondent les Palestiniens. La pseudo-trève entre Israël et Gaza n'a pas levé l'embargo. Il n'y a plus rien à manger. Le monde entier nous regarde périr sans rien faire. Il faut lutter. Nous sommes en guerre.

Une guerre du pot de terre contre le pot de fer! L'une des plus performantes armées de la planète s'oppose à un peuple désespéré et donc violent. Les tirs palestiniens ont tué une personne. La riposte israélienne plus de trois cents, à ce jour. Et ce n'est pas fini! Tout est dit.

"Plomb durci" (c'est le nom imbécile de la campagne lancée par Tsahal) n'en est probablement qu'à ses débuts. Il faut venger l'échec connu au Liban face au Hezbollah, en 2006. On ne peut affronter les électeurs israéliens en position de faiblesse face au Hamas. Il faut mettre à l'épreuve la solidarité de la nouvelle administration américaine. Il faut avertir le monde entier qu'israël ne laissera pas ses ennemis se renforcer au Moyen Orient, ni en Irak dont les USA vont se dégager, ni en Iran qui entend devenir une puissance nucléaire, ni à Gaza où le Hamas acquiert une autorité politique insupportable, ni même au Liban où le Hezbollah ne peut rester sur un triomphe politique dangereux pour l'avenir d''israël.

Alors, de nouveau, on prend tous les risques et l'on défie l'opinion mondiale. C'est d'autant plus possible que les condamnations, les mises en garde, les appels au cessez le feu sont prononcés du bout des lèvres! L'hypocrisie est patente! En réalité, les puissances occidentales ne disposent pas des moyens politiques de faire reculer leur allié Israël! L'islamophobie fait le reste : on tolère l'intolérable.

Car il est intolérable pour tous que ce nouveau conflit déjà si meurtrier s'envenime encore! Les Israéliens jouent avec un feu qui peut les brûler. Non qu'ils puissent être défaits militairement, mais parce qu'ils peuvent de nouveau, perdre la guerre, politiquement. Impossible de croire que le gouvernement israélien l'ignore, donc il considère n'avoir pas le choix.

L'attaque de l'université islamique, la destruction des tunnels de contrebande avec l'Égypte, l'interdiction de tout accès à Gaza pour la presse, les bombardements des appartements des responsables du Hamas, sont autant de provocations pour évaluer ce que l'opinion internationale peut laisser faire. Ensuite peut survenir l'entrée des forces terrestres de Tsahal sur le territoire palestinien. Israël est, plus que jamais enfermé dans une contradiction : pour survivre, Israël doit frapper ses voisins pour les empêcher de leur nuire, ce qui conduit à la montée de haines inexpugnables qui, tôt ou tard, auront leurs effets meurtriers sur Israël.

La raison du plus fort, à terme, n'est jamais la meilleure.

Qui n'est pas sioniste sera plus que jamais antisémite. Qui ne sera pas avec Israël sera contre Israël! Qui n'approuvera pas la politique de l'État israélien sera un complice objectif des nazis... Que sais-je? Il est des dualismes pervers.

Malheureuse humanité! Nous sommes tous enfermés dans le piège israélo-palestinien. Il est plus que jamais nécessaire de refuser la logique de la violence qui ne produit que l'échec. Nul n'a intérêt à l'échec historique d'Israël. Au bout d'un demi-siècle de conflits avec les Arabes, nous sommes au bord d'un gouffre où Israël, autant que les peuples qui l'entourent, peuvent se trouver engloutis. La haine est à son comble. Le reste de la planète ne sortirait pas indemne d'un embrasement pouvant se généraliser.



Si l'ONU ne parle pas clair et fort, elle se condamne. Et nous avec...

mercredi 24 décembre 2008

Coupat n'y a pas coupé : il passera Noël en prison

Lire et décrypter les articles de presse ne garantit pas d'accéder à la vérité! Cela permet , toutefois, de se poser et de poser des questions de bon sens.

D'abord les faits rapportés.

Ouest-France l'annonce, le mercredi 24 décembre 2008 (1) : "Noël en prison pour Julien Coupat et son amie". Hier, la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Paris a rejeté la demande de remise en liberté de Julien et l'a maintenu emprisonné à la maison d'arrêt de la Santé. Lundi soir, le même refus avait été infligé à sa compagne, Yldune Levy. Le couple est poursuivi dans l'affaire du sabotage de caténaires sur des lignes TGV, cet automne.



Prochain rendez-vous, vendredi. La Cour d'appel examinera la demande, au fond. Julien Coupat est incarcéré, depuis le 15 novembre, pour « direction d'une entreprise terroriste et destructions en réunion à visée terroriste ». Lui et son amie contestent fermement ces accusations. Ils appartiennent à un groupe qualifié d'« anarcho-autonomes » par les enquêteurs. Neuf personnes sont poursuivies dans ce dossier. Le couple est le seul maintenu en détention.

Des intellectuels de gauche et d'extrême gauche, des habitants de Tarnac, le village de Corrèze où résident la plupart des suspects, ont lancé une campagne de soutien.

Maintenant les questions qui non seulement sont à poser mais s'imposent.

Pourquoi le Tout-Puissant (je veux parler non de Dieu mais du Président de la République) a-t-il décidé d'accorder une grâce de six mois à un condamné, Jean-Charles Marchioni, le jour même où le Parquet, agissant au nom de l'État, s'opposait à l'élargissement d'un homme présumé coupable (donc aussi présumé innocent) et non susceptible d'échapper à la justice: Julien Coupat? Est-ce parce que l'un, corse, ami de Charles Pasqua, est réputé appartenir à une droite rigide alors que l'autre n'est qu'un intellectuel, d'extrême gauche?



Pourquoi à cette concomittance de décisions l'une comme l'autre étonnante, faut-il que s'ajoute l'accusation infamante d'appartenance à une entreprise terroriste à visée terroriste? Car il y a, notons le bien, deux fois employé, le qualificatif de terroriste appliqué à ces faits de sabotage qui ne pouvaient,selon les experts de la SNCF, quels qu'en aient été les auteurs, conduire à un déraillement meurtrier. Entre dégradations graves et acte conduisant à la mort d'innocents, il y a un écart énorme. Pourquoi, les accusateurs l'ont-ils franchi?

Vendredi, en appel, la question sera réexaminée au fond. Si les juges ne suivent pas le procureur, Coupat aura passé Noël en prison pour rien. Si les juges infirment la décision précédente visant à l'élargissement de Coupat et son amie, il n'y aura eu aucune tolérance de la part de ceux qui savent que les inculpés n'ont aucun moyen de se soustraire à la justice, et n'en ont du reste pas l'intention! Ne s'agit-il pas, alors comme l'affirme le docteur Coupat, le père de Julien, d'un "acharnement" pour "ne pas perdre la face"?



Un pouvoir fort ne cède jamais, même s'il a tort.

http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Noel-en-prison-pour-Julien-Coupat-et-son-amie-_3636-783233_actu.Htm


vendredi 5 décembre 2008

L'écolologisation contre l'écologie?

Les élus Verts du Conseil régional d'Ile de France viennent d'inventer un néologisme : écologisation! Ne cherchez pas sur le Robert 2009, vous ne trouverez pas ce mot nouveau, pas plus que le verbe dont il serait issu : écologiser.

En quoi peut donc consister "l'écologisation de l'ensemble des politiques publiques régionales"? Il ne s'agit pas, à l'évidence de politiques écologiques mais de politiques qui tiendraient plus ou moins compte de la dimension écologique de toute politique, désormais.


Le pire serait un badigeonnage en vert des politiques régionales (autrement dit un habillage publicitaire de pratiques peu modifiées, ou l'injection du vocabulaire écologiste dans des présentations de politiques dont les écologistes ne sont pas les initiateurs).

Le meilleur serait que des pans entiers de la politique régionale soient d'inspiration écologiste, même si, en dernier ressort, la décision appartient à un exécutif majoritairement socialiste qui ne retient de l'écologie que ce qui est "à la mode" ou sans effet fondamental sur les choix économiques du Président et de son équipe rapprochée.



Si écologiser est, comme évangéliser (convertir les adeptes d'une autre doctrine politique), on peut, à la fois, se réjouir et se gausser de cette naïve prétention. Se réjouir de cette volonté d'influence mais se gausser de cette illusion!

Il n'est plus de politique écologique autre que celle qui soutient la décroissance, c'est-à-dire le choix de politiques ciblées, sélectives, tournant le dos au productivisme ravageur. C'est la seule réponse possible à la crise politique mondiale dans laquelle nous sommes entrés et qui n'est pas économique et écologique mais économique parce qu'écologique.

Il ne s'agit donc pas d'écologiser ce qui existe mais de faire le choix de politiques autres que celles qui existent afin d'entrer dans de nouveaux temps où l'activité humaine se réorientera complétement. Accompagner la révision déchirante de ceux qui, à gauche comme à droite, ont été, et restent les tenants du libéralisme constitue un piège dans lequel les écologistes ne sauraient tomber sans se trahir et s'interdire de peser sur l'avenir!

L'ambition des gouvernants des pays d'occident est de passer au travers de la crise quitte à faire de l'écologie le moteur de la nouvelle croissance. Ce capitalisme vert porte en lui-même une contradiction insurmontable. les élus Verts qui tenteraient d'écologiser ce qui se fait sans proposer des orientations de l'action politique radicalement nouvelles subiront la même sanction que ceux qu'ils tentent d'écologiser : un échec historique.
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Alors stop !


mardi 2 décembre 2008

Cessons d'être des moutons.



Un énergumène, un philosophe-forain, un holibrius, cet Alain Guyard que Daniel Mermet a fait découvrir au cours de son émission quotidienne, sur France-Inter, : là-bas si j'y suis (1).

Un philosophe dérange. Alain Guyard dérange. Il ne se prend pas pour un penseur. Il se contente de faire penser. Sur son site Diogène consultants (2), il rappelle que le philosophe grec, dans son tonneau, se riait de Platon : "comment peut-il être philosophe s'il ne dérange personne?" Il se dit un passeur d'idées, car contrairement à ce que nous racontent tous les contempteurs des idéologies, sans idées on ne pense pas et, quand on ne pense plus, on est un mouton qu'on peut conduire soit à l'abattoir soit au gouffre.

Alain Guyard soutient que le philosophie peut être populaire. connaître les idées des philosophes aide à comprendre dans quel monde on vit.

Il est très actuel de savoir que deux Anglais, Jonathan Hobbes et Adam Smith fondent encore les discours des tenants du libéralisme. Tous deux considèrent que l'homme est, par nature, violent et pêcheur. Pour que la richesse soit accessible, il faut soit contenir par la force cette violence naturelle des hommes, et c'est le rôle de l'État, substitut du Dieu Tout-puissant (ainsi pense Hobbes), ou bien il faut laisser faire cette violence en attendant que "la main invisible" de Dieu mette de l'ordre dans ce chaos (ainsi pense Smith).

Si l'homme est un loup pour l'homme, comme le disait Plaute, repris par Hobbes, alors il faut que le Léviathan du pouvoir exerce son autorité et oppose la violence légitime de l'État à la violence illégitime des masses. Première philosophie fondatrice du libéralisme : l'économie de marché est protégée par un État policier fort et fait bon ménage avec lui, comme la Chine et la France sarkozienne le démontrent.

S'il n'y a en l'homme qu'égoïsme et intérêt, laissons faire ces pulsions et ces désirs qui finiront par s'autoréguler en interagissant les uns sur les autres. La main invisible des marchés organise et apaise, finalement, les inévitables conflits. Seconde philosophie fondatrice du libéralisme : l'économie de marché trouve seule, in fine, son point d'équilibre. La fin de l'État est programmée. De Reagan à Thatcher, de Blair à Bush, on a vu cettte politique à l'œuvre, et... ses contradictions.

Alain Guyard oppose à ces deux philosophes qui continuent d'influencer les tenants du capitalisme, l'anthropologue Marcel Mauss qui, au début du XXe siècle, constata que le don et contredon était plus utilisé encore, sur Terre que le donnant/donnant. Le système marchand n'est pas universel. L'homme n'est pas, par nature, mauvais et incapable d'échange. Il peut, sans le secours d'une autorité supérieure, divine ou transférée au pouvoir de chefs, faire fonctionner une économie où donner, recevoir et rendre s'entrelacent dans une activité sociale complexe et vivante.

L'homme n'est pas un mouton. Ce n'est pas un loup non plus. C'est un animal politique qui pense et n'est pas conditionné par sa nature. Le propre de la nature de l'homme, c'est qu'il n'est pas prisonnier de prêts à penser quels qu'ils soient. Entre le tout individu et le tout État, il y une gamme de possibles dont, eut dit Mauss, la coopérative. Au moment où s'effondrent les postulats libéraux, et après qu'aient implosé les systèmes étatistes, il est grand temps de confier l'initiative du mieux vivre à des démocraties économiques de participation remplissant, progressivement, les vides que les démocraties représentatives avaient laissé béants.

(1) http://www.la-bas.org/
(2) http://www.diogeneconsultants.com


dimanche 30 novembre 2008

Faites votre choix..., à gauche!

Le point sur les roses
Après que le PS se soit renversé, cul par dessus tête...,
Quel chemin emprunter à gauche

Entre :


les partis radicaux pas radicaux du tout,



les partis "de gauche" sarkozystes,
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les vieux partis qui n'en finissent plus de finir,


les partis trotskystes qui n'ont plus rien d'extrême;



Les partis écolos qui cherchent en vain leur place,



les nouveaux partis qui n'ont rien de neuf,

Le logo du Parti de la gauche (DR)

les organisations politiques qui ne sont pas des partis :



Où aller...?

Des partis, il y en a trop!
Des idées, il n'y en a pas assez.

Les syndicats se sont libérés des partis,
mais aussi ne choisissent plus leur camp.

L'espace à gauche se vide.
On ne sait plus même où il est.
..


Il faut retourner vers l'agora




samedi 22 novembre 2008

De l'immobile au mobile : les migrations dans un monde clos.

"La parole a été donnée à l'homme pour cacher sa pensée". Stendhal.

J'aime les samedis matins de France-Inter parce qu'y sont souvent invités des hommes qui donnent à penser, qui ne parlent pas pour ne rien dire. Étaient aujourd'hui invités : Paul Virilio, Raymond Depardon et Emmanuel Terray, trois hommes qui se préoccupent de la Terre et de ses territoires. Leur rencontre était stimulante. Elle donne à penser la mobilité de façon actuelle. Stefan Zweig (1886-1942), visionnaire désespéré (1), rappelait qu'au début du XXe siècle encore, on pouvait parcourir un monde sans passeport ni visa, aux frontières franchissables, et sans permis d'aucune sorte.

Stefan Zweig (1881-1942)

L'Europe est au cœur de la réflexion des trois hommes, une Europe forteresse et pourtant passoire (avec ses 200 000 à 300 000 illégaux indispensables à l'économie du continent, selon Terray); une Europe qui ne veut plus être l'Europe des Lumières où la frontière est devenue continentale, déléguant à la Lybie le soin de barrer le passage à l'immigration africaine (alors que 12 000 êtres humains se sont noyés en Méditerranée pour n'avoir pu la rejoindre, selon Virilio); une Europe, où comme à l'aéroport de Los Angelès, selon Depardon, on recherche à remplacer les hôtesses par des bornes, c'est-à-dire l'identité par la traçabilité.

Pour assurer sa sécurité, on vient de retirer à Barack Hussein Obama tous ses portables. Tout homme est désormais joignable, donc menacé. Pour protéger les puissants des dangers de ce monde, on les coupe du réel.

Paul Virilio estime que la formule qui avait connu un grand succès ("la fin de l'histoire") se voit annihilée par... "la fin de la géographie". À l'époque totalitaire a succédé l'époque globalitaire. Avec la radio, le téléphone, la télévision, nous avions la ville chez soi. Avec "la révolution de l'emport" et les portables multifonctions chacun emmène la ville sur soi. Les trans-ports ne sont plus seulement des moyens de se déplacer physiquement, ce sont des moyens de voyager autrement, parfois sans bouger. La délocalisation ne concerne pas que des entreprises; elle est généralisée. Le nomadisme a changé totalement de visage : tout Terrien est partout chez lui. Mais ce citoyen du monde est-il encore citoyen? Est-ce que ce Terrien est encore humain?

À la fondation Cartier (2) et jusqu'en mars prochain, une exposition bouleversante : Ici commence ailleurs, inspirée par Virilio et Depardon, propose de réfléchir aux conséquences d'un double mouvement apparemment contradictoire : on revendique ses origines sans peur ni honte mais il n'y a plus de terre natale. Chacun est au monde. La ville sociale était une ville sédentaire. Le droit de cité était à l'origine du droit commun, le fondement de la politique. Avec la ville-monde, nous sommes entrés dans l'inouï. Nous vivons la plénitude et la finitude du citoyen du monde, un monde trop petit pour le progrès et même trop petit pour le profit. La géopolitique qui était une territorialisation des données économiques et sociales est lentement recouverte par une "météopolitique" dont la grande affaire de l'effet de serre n'est que la manifestation la plus évidente. Nous avons pénétré dans l'époque des incertitudes.


Raymond Depardon - Paul Virilio. Terre Natale : Ici commence Ailleurs

C'est dans ce monde réel là que nous vivons et que s'apprécient les événements et les comportements. La délocalisation de la gauche et de la droite, en politique, trouve ici une partie de son explication : les repères ont changé de place. L'universel a changé de contenu. La génération d'après la guerre 1940-1945, passe la main. "Les enfants de la guerre totale" n'ont pas encore, pourtant, pu transmettre la totalité du message dont ils sont porteurs. Et perdurent des pratiques insensées et cruelles confiées à "la clostropolice".

Emmanuel Terray appartient à cette génération et il constate une manière de retour au passé qui conduit au drame : la poursuite des indésirables dont il faut se débarrasser fait réapparaître des rafles, des identifications au faciès, comme au temps de l'Occupation, comme au temps de la Guerre d'Algérie. Les quotas d'expulsions (à hauteur de 26 000 par an, en France, actuellement) obligent à user de coercitions choquantes: 250 enfants sont enfermés dans les centres de rétention. Bref, faute de savoir habiter le monde, on tente encore de le compartimenter bien que ce ne soit plus possible. Un problème avec une minorité est toujours le problème du pays d'accueil estimait aussi Stefan Zweig. En ce siècle de brassage des peuples, les majorités ne sont plus que des ensembles de minorités.


Le pont migratoire

(1) «Le monde ma propre langue est perdu pour moi. Ma patrie spirituelle, l’Europe, s’est anéantie elle-même. Il fallait à soixante ans des forces exceptionnelles pour tout recommencer à nouveau et les miennes sont épuisées par des années d’errance sans patrie. Aussi, je juge préférable de mettre fin, à temps et la tête haute, à une vie pour laquelle le travail intellectuel a toujours représenté la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême sur cette terre. Je salue tous mes amis ! Puissent-ils voir encore les lueurs de l’aube après la longue nuit ! Moi, je suis trop impatient. Je les précède.» Stefan Zweig, Pétropolis, le 22-2-42.
http://www.stefanzweig.org/zweig_bf.htm

(2) http://fondation.cartier.com/?p=398&c=616&linkid=616



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