mardi 26 mai 2009

Catholiques, fuyez le ridicule et l'infâme.

Ce que j'ai recueilli, tout jeune, du message évangélique m'autorise à dire que l'Église se trahit et trahit celui dont elle se réclame, de la façon la plus grave qui soit. Le ridicule de la vêture épiscopale en est une manifestation saisissante. Pire, la multiplication des crimes sexuels dans les milieux d'Église démontre une orientation de la pensée qui, poussée à l'extrême ou installée dans des esprits faibles, autorise l'infamie et la turpitude!

Les accoutrements soit disant religieux (qui ne sont pas le fait de la seule église catholique!) sont devenus d'un anachronisme hurlant. Mitres, chasubles et autres soutanes appartiennent à un monde qui n'existe plus.

Les mitres sont des hautes coiffures triangulaires de cérémonie portée par les prélats.

Se vêtir n'est pas seulement se distinguer, c'est apparaitre, aux yeux d'autrui, dans un rôle professionnel, sportif, civique ou autre. La dignité et l'autorité morale sont totalement absentes de ces déguisements qui devraient déclencher le fou rire chez tout être humain normalement constitué. Ceux qui tiennent à "la religion" s'en accommodent, au détriment du sentiment ou du questionnement religieux qui habitent à peu près chacun de nous.


La soutane n'a jamais été totalement abandonnée, notamment dans les milieux intégristes

Il était facile, jusqu'alors, d'imputer à l'athéisme militant la dénonciation de ces théatralisations qui loin de renvoyer à l'essentiel : le mystère de la vie et de la mort, semblent vouloir, au contraire, en détourner, sous les apparences des musiques convenues, des paroles lénifiantes et des oripeaux usés. La vérité est plus cruelle : les catholiques continuent de confondre leurs appels à l'universalité de la foi avec la diffusion d'une culture occidentalisée et philosophiquement discutable. Ils confondent une idéologie et l'Évangile. Ils se trahissent eux-mêmes et les conséquences de cette déviance pèsent lourd sur les épaules des hommes de ce temps et pas seulement les chrétiens...

Présent depuis longtemps, et en nombre de pays, ce qui était indicible, et donc dissimulé, est, à présent, révélé, dévoilé, exposé : des prêtres se sont livrés à des activités pédophiles, voire à des violences et tortures sur les personnes de ceux qui leur étaient confiés. "Scandale" (au sens évangélique du terme), scandale absolu! Faute contre l'esprit autant que contre les corps! "Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille. Et celui qui m'accueille ne m'accueille pas moi, mais Celui qui m'a envoyé." (Marc 9, 37) Et peut-être même : "Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Matthieu, 25,40)!

Il ne suffit pas de condamner et de demander pardon! Il faut encore comprendre pourquoi ce fut possible. Le discours sur le péché n'explique pas tout! Le crime n'est pas une juxtaposition de fautes individuelles! Que ce soit à Jersey ou en Irlande, en Australie ou aux États-Unis (pour ne parler que de ceux des lieux d'horreur que les médias ont assez récemment rendus publics), il s'est toujours agi de personnels d'institutions ou d'ecclesistiques revêtus des signes de l'autorité religieuse! Camouflés derrière leurs fonctions, quasiment incritiquables, enfermant leurs victimes dans le silence, ces criminels, fonctionnaires du sacré, se sont crus à l'abri de la justice des hommes et semblaient ne point trop craindre celle de Dieu!

Deux enseignements me semblent émerger de ces errances affreuses : la quête de la vérité, dans l'humilité et la prudence, a été abandonnée. L'universel catholique et sa dimension multiculturelle sont restés délimités par des docteurs de la Loi qui sévissent à la Curie romaine et siégent dans l'étroit Vatican. Le travail de ces chercheurs est devenu insincère. On a enfermé les catholiques dans une doctrine et la peur du mal, dans le culte du "péché originel" qui marquerait chacun d'une fragilité innée ouvrant la possibilité de succomber.


L'autorité cardinalice ne protège pas l'Église de graves déviances. Qui en tirera des enseignements?

Comme toujours, on est fasciné par ce qu'on craint le plus. Les plus faibles se tournent alors vers ce qu'ils dénoncent. La libido non acceptée comme une réalité du quotidien, la masturbation dénoncée comme une faute, le mariage souvent réduit à la légalisation de la procréation, l'orientation sexuelle sans alternative faisant de l'homosexualité une déviation condamnable et, surtout, l'absence de mesure dans le jugement d'autrui ont conduit à une moralisation intenable que des agents et procureurs de l'Église étaient les premiers à ne plus respecter! Le secret faisait le reste.

On parle désormais du christianisme comme d'une religion parmi d'autres. Le Pape n'est qu'une autorité politique et religieuse qui joue sa partition dans l'orchestre des Grands de ce monde. La spécificité chrétienne n'est plus. Demeurent toutes les caricatures et les infâmies qui permettent de déconsidérer de façon radicale une pensée qui a profondément marqué l'histoire humaine. Il ne date pas d'hier que ceux qui se réclamaient du Christ le crucifiaient au nom de la vérité qu'ils s'étaient appropriée. La nouveauté est qu'au moment où la non-violence, le refus de l'Argent-roi, la fraternité et l'égalité (sans réserves et sans limites) ont besoin d'être essayées sur une planète où l'espèce humaine s'est mise en péril, l'Église n'a plus de message dynamique et ses vieux pontifes n'ont que leur intelligence à exposer mais rien qui, au delà des discours pieux, ouvre une espérance tangible.


"Le Veau d'or est encore debout" et jamais son culte n'a été aussi universel!

Catholiques, fuyez le ridicule et l'infâme. Pensez votre foi avec les mots et les espoirs des Terriens du XXIe siècle, de chacun d'eux unique au monde. Abandonnez les idées toutes faites qui vous sont présentées comme éternelles et qui ne sont que des formes sépulcrales privées de la vie permanente de la quête de ce sens qui nous est indispensble pour être nous-mêmes. Ou alors, disparaissez et laissez les générations qui viennent trouver un chemin qui soit, pour elles, "la Voie, la Vérité et la Vie" (Jean 14,6).


jeudi 21 mai 2009

La démocratie antidémocratique

L'idée toute faite dont nous souffrons est qu'il y a démocratie s'il y a élections. Cette condition nécessaire n'est en rien suffisante! Les possibilités de détourner les votes sont devenues plus nombreuses et plus subtiles.

Voter, c'est choisir. Si le choix est rendu confus, voire impossible, ce qui sort des urnes est privé de sens ou peut, même, correspondre à l'inverse de ce que désirait la majorité du peuple.

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La machine à briser la volonté populaire est l'élection du Président de la république au suffrage universel. Non qu'on ne puisse élire directement un Chef d'État! (Cela n'existe pas partout en Europe, mais passe...). Cependant, l'élire à l'occasion d'un scrutin à deux tours, bipolaire, éliminateur des candidats qui ne figurent pas aux deux premières places, conduit à des aberrations. Ainsi Jean-Marie Le Pen a-t-il pu s'opposer, seul, à Jacques Chirac en 2002! Une élection triangulaire aurait pu donner un tout autre résultat. Les effets de ce vote tragique se font encore sentir : ils ont tué tout ce qui n'est pas caractérisé comme "vote utile". Autrement dit, cela pousse à voter pour qui peut l'emporter et non pour qui propose ce qu'on pense. La conséquence inéluctable de ce mode de scrutin, depuis 1965, c'est l'enfermement dans une bipolarisation toujours plus sévère, qui retentit sur les élections législatives et, de proche en proche, contamine toutes les élections, y compris, comme on le voit actuellement, sur les élections européennes, pourtant proportionnelles, où l'on ne mesure que l'écart entre l'UMP et le PS!

Ce n'est pas uniquement le mode de scrutin présidentiel qui mine la démocratie, en France. La concentration des pouvoirs entre les mains d'un seul homme, qu'au fond les grands partis ne contestent pas dans l'espoir d'une alternance, est bien plus nocive encore! Le modèle de pouvoir politique propagé par nos institutions conduit à tout "présidentialiser". Commune, communauté ou autre syndicat de communes, département, région, (y compris les organismes et associations, reflets, depuis 1905, des institutions politiques), partout il s'agit d'élire un chef dont les collaborateurs ou adjoints ne sont, le plus souvent, que les grouillots. Le concept même de partage du pouvoir est incongru! Le pouvoir, central ou local ne se partage pas; il s'exerce par délégation étroitement surveillée.

La république gaullienne aura été une monarchie républicaine. À ceci près : De Gaulle considérait que, sans l'aval du peuple, son pouvoir, indépendant du "système des partis", cessait immédiatement. Il en a tiré les conséquences. Ses successeurs n'ont pas eu mes mêmes scrupules démocratiques. En inventant l'alternance, François Mitterrand a pu laisser croire que la démocratie se portait bien, que le peuple pouvait avoir le dernier mot, en élisant son Président avec un mode de scrutin bipolaire, c'est à dire, gauche contre droite. Ce fut une duperie dès que la gauche s'est vidée de son contenu en gouvernant, de compromis en compromis, toujours plus au centre, voire à droite, et surtout quand les différentes unions de la gauche n'ont plus été que des juxtapositions d'intérêts partisans, privées de cohérence politique. Aujourd'hui nous voici au bout du cycle : le Président de la république est visiblement seul maître à bord et les outils de l'opposition sont à ce point usés que la monarchie républicaine, de durcissement en durcissement, peut glisser vers une monocratie idéologiquement dévastatrice, quasi impunément. La démocratie française n'est plus qu'une démocratie d'apparence.

La démocratie, conçue non comme le pouvoir donné au peuple mais le pouvoir pris par le peuple pour choisir son gouvernement et orienter la politque, a été détournée. Le "quatrième pouvoir", celui des médias, étroitement dépendant du pouvoir caché, le pouvoir gris de l'économie, influence les citoyens au bon moment et, sauf exception -quand les analystes, en dépit de leurs moyens raffinés de compréhension des ressorts de l'opinion, se trompent, comme on l'a vu en 2005- ils conduisent assez bien le troupeau électoral. Les pouvoirs d'État et les grands partis y veillent, et paient pour cela. Les sondages sont des outils subtils, fiables, et l'art du sondeur consiste non à influencer ou à interpréter les réponses mais à poser les questions qui les induisent.

La démocratie, visage politique du capitalisme, est de plus en plus contestée dans le monde, en apparaissant comme une "gouvernance" inspirée par un Occident dominateur! Cela n'empêche pas les dictatures et les tyrans de s'en servir, avec cynisme. Le cadeau vénéneux fait par les puissances coloniales aux États indépendant, aura été de laisser croire qu'il suffisait d'organiser des élections (fussent-elles truquées, organisées sous la pression, et avec de multiples moyens de corruption) pour devenir des démocraties. Le résultat catastrophique de cette manipulation est que plus le nombre des "démocraties" s'étend moins la réalité démocratique est effective. "Le gouvernement du peuple par le peuple, pour le peuple" n'est qu'un slogan que nulle part on ne sait traduire en actes, car cela conduit à la codésion et au partage du pouvoir, ce que les décideurs élus se refusent à envisager. Nous en restons donc à la République des représentants qui exercent le pouvoir par délégation populaire, le temps d'un mandat et tous les discours sur la démocratie représentative sont creux. Associer des citoyens à l'étude de dossiers est une opération de marketting politique par laquelle des élus se font valoir. Décider ensemble serait tout autre chose... Non seulement cela ne s'improvise pas, mais il n'en est pas question parce que les vrais décideurs, élus ou non, les maîtres de l'argent, ne peuvent prendre ce risque.

Voici venu le temps de ce que les communistes ont appelé, en la trahissant violemment, la "démocratie populaire", c'est à dire non pas la dictature du prolétariat, la dictature du parti, mais la mise en réseaux de tous les lieux de décision avec tous ceux que les décisions concernent.



Nous vivons au XXIe siècle et les affaires publiques ne peuvent plus être gérées comme elles l'étaient au XIXe et au XXe siècle. Ou bien donc, il faudra sortir de la démocratie qui a perdu son efficacité et son exemplarité, ou bien, au contraire, il va falloir expérimenter de nouveaux modèles de participation à la vie citoyenne fonctionnant no plus au rythme des élections, mais dans la quotidienneté. La démocratie véritable appelle un nouveau monde culturel.



Ou bien Sarkozy et Berlusconi vont devenir les promoteurs, caricaturaux mais triomphants dans toute l'Europe, d'une gouvernance dite démocratique mais coquille vide n'ayant rien à voir avec ce que les créateurs de la République avaient imaginé, ou bien, dans les années à venir, une effort immense de créativité politique va faire rechercher, et trouver, un mode d'exercice de la démocratie qui donnera effectivement à chacun pouvoir sur sa vie. Les utopies sont des dynamismes le temps de devenir des banalités ne pouvant plus être désignées comme utopies.

La république a besoin de se confondre davantage avec la démocratie. Elle a besoin d'utopies. De toute urgence.


dimanche 17 mai 2009

Voter comme on pense

Il m'aura fallu bien du temps et de multiples expériences avant de me résoudre à ne plus jamais voter autrement que je pense. Le vote-faute-de-mieux et le vote-pour-le-moins-pire sont des attrape nigauds. S'il se trouve qu'aucune candidature ne soit compatible avec ce qu'on estime fondamental, il faut voter blanc (1) ou nul (en écrivant manuellement son choix, non disponible dans l'offre de vote). L'élection européenne va sans doute me fournir l'occasion de mettre en œuvre cette décision.


Plus de 700 millions d'électeurs en Europe. Pour décider quoi?

Bien qu'il s'agisse d'un scrutin proportionnel (écartant, tout de même, les listes obtenant moins de 5% des voix et représentant, parfois, des courants de pensée naissants), aucune liste ne me semble associer deux exigences : l'écologie comme inspiratrice de toutes les décisions politiques et le rejet du capitalisme enfin appelé par son nom, pollution de l'économie autant que de la pensée.

Sous la teinture verte dont se couvrent, à présent, toutes les organisation politiques ou presque, il n'y a, le plus souvent qu'un effet de mode, une concession faite devant certaines urgences, mais rien de profond et de sincère que révèleraient, par exemple, le renoncement au nucléaire et la fin du discours sur la nécessité de la croissance.

S'agissant de l'Europe, il me faut bien convenir qu'elle est devenue ce que je craignais il y a déjà des décennies : le lieu ou s'installe, par dessus les États ou avec leur complicité, l'organisation économique libérale du continent. Tous ceux qui ont estimé (et j'en étais) que pour dépasser les États-nations et leur risque permanent de dérive nationaliste, il fallait, quitte à faire des compromis, renforcer et élargir l'Europe, ont été trompés. Il n'y a pas de citoyenneté européenne mais une simple appartenance européenne des ressortissants des pays ayant rejoint l'Union. Il n'y a pas de pouvoir politique réel du Parlement européen qui n'a pas de compétence en politique étrangère et qui ne fait que "co-décider" avec la Commission, organisme de cogestion interétatique nullement lié aux votes du Parlement. L'Europe n'est pas démocratique.

Mes réserves par rapport à l'Europe telle qu'elle est, désormais, mon désir de refondation d'une autre Europe, ne trouveront pas leur expression par la voie électorale et seules les contradictions du système économico-politique révélées par la soit disant crise (en fait la mutation de société) peuvent nous conduire vers les choix politiques innovants et indispensables à la survie de cet occident qui a voulu dominer le monde entier et qui échoue!

Je ne voterai donc pas pour la seule liste qui a des chances d'avoir des élus et qui, pourtant, défende une politique écologique. Dans ma région, l'Ile de france, les choix de la tête de liste, Daniel Cohn-Bendit, (depuis son acceptation des institutions européennes en 2005 et du traité de Lisbonne actuellement, jusqu'à sa tolérance, mainte fois affirmée, avec les idéologies libérales) m'interdisent ce choix. Aurai-je voté pour Europe écologie dans la région où José Bové est tête de liste? Peut-être, mais j'aurais hésité car il s'est associé à ceux qui ont contesté son positionnement européen en 2005 et 2007. Finalement, de n'avoir pas à résoudre cette contradiction me convient et m'évite d'avoir encore à voter dans l'ambiguïté.


Que ton non soit non ou que ton oui soit oui!

À l'inverse, les listes "antilibérales" du Front de gauche ou du Nouveau Parti anticapitaliste, ne me convainquent pas de la sincérité de leur positionnement récent en faveur de l'écologie, dimension supplémentaire de leur argumentation, et nullement fondement de leur anticapitalisme. En outre, le sectarisme, l'esprit de parti, le comportement politique de ces formations m'interdisent de refaire ce que j'avais fait lors des élections régionales : voter pour qui osait exister hors d'une alliance avec le PS (en l'occurence une liste PCF élargie). Ce temps est derrière moi.


La gauche, éparpillée, n'existe plus.

La gauche, vieux repère idéologique, a cessé d'être la gauche quand elle a abandonné jusqu'au principe même de ce qui a constitué le socialisme : la solidarité absolue avec le monde du travail et la recherche d'une économie débarrassée de la toute puissance de l'argent. Il n'y a plus de parti socialiste en France.



Pourtant la gauche se nie aussi quand le partage de la décision est rendu impossible par le prééminance des partis. Ce qui s'est passé avant, pendant et après l'élection présidentielle de 2007 aura été révélateur d'une nouvelle urgence : la gauche ou ce qui en tient lieu, quel que soit le nom qu'on lui donnera, a besoin, comme l'Europe, d'être toute entière refondée. On en est loin.

Le 7 juin, j'irai voter, même si l'abstention aura une vraie signification politique (le rejet d'une Europe qui n'est plus l'Europe). Je voterai pour pouvoir dire que je suis de ceux, fussent-ils en très petit nombre, qui veulent l'Europe, qui ne sont pas attachés à l'État-nation, qui cherchent une autre Europe, qui font de l'écologie le cœur de tous les choix politiques présents et à venir, qui veulent une démocratie où le partage de la décision soit réel, le cumul des mandats rendu impossible, le pouvoir économique arraché aux seuls détenteurs des capitaux.

Si une liste de "décroissants" est proposée, je la choisirai donc, de façon symbolique, puisque qu'aucune liste de ce type n'atteindra les 5%. Tôt ou tard, cette thématique de la décroissance ou de "la vie simple" comme disait Gandhi, ou de la vie sobre, s'imposera en Europe comme ailleurs, fut-ce au prix d'affrontements très dangereux. Mon vote sera donc, je pense, annonciateur d'une autre façon de s'engager en politique, de façon concrète et quotidienne. Sinon, je voterai blanc, cette couleur des bulletins qu'on ne veut pas décompter!

J'aurai ainsi, cette fois, non pas soutenu une fraction, mais affirmé ce que je pense actuellement.

_______

(1) Association pour la reconnaissance du vote blanc

11 place Maurice-Thorez

94800 Villejuif

France

(33) 01 42 11 96 86

voteblanc@sysu.com

www.vote-blanc.org

L’Association a été créée en 1994.

Objectif :

Aujourd’hui, au moment du dépouillement, un bulletin blanc est considéré comme nul. L’électeur qui a choisi de voter blanc disparaît des résultats. Il est assimilé à un abstentionniste. L’Association pour la reconnaissance du vote blanc milite pour que les bulletins blancs soient intégrés dans la catégorie des suffrages exprimés. Le suffrage universel doit revenir à un principe qu’il n’aurait jamais dû abandonner : un homme = une voix.




mardi 12 mai 2009

Pouvoir pour... et pouvoir sur...

La distinction est classique et pourtant on n'y insiste guère : le pouvoir pour agir ne peut être confondu avec le pouvoir sur les autres hommes, et ce même si l'on n'agit pas en dehors des rapports de forces.

La politique est haïssable quand elle se présente comme une conquête du lieu où tout se décide, avec bien entendu tout le cortège de violences qu'une telle activité "militante" autorise. Plus besoin de poison ou de poignard pour éliminer les rivaux. Il est, en démocratie, des armes tout aussi redoutables qui tuent surement l'adversaire en lui otant toute influence dans l'opinion. Le pouvoir sur autrui est donc, dès l'entrée en lice, une action de domination sur des concurrents avant de devenir une action de domination sur les administrés.

Sous l'ancien régime, le roi, qui tirait sa légitimité de ses origines et son pouvoir du ciel, était l'objet d'un culte et les courtisans s'aplatissaient pour ramasser les miettes du pouvoir qui tombaient de sa table. Aujourd'hui, en France, les présidents de la République (sous "la Cinquième") et autres présidents du Conseil (sous la "Quatrième") ont toujours attendu de leur élection de n'avoir plus de souci pour agir jusqu'à l'élection prochaine, et si le Parlement, qui faisait et défaisait les gouvernements avant De Gaulle, n'est plus que l'outil législatif du chef de l'État, rien n'a changé dans les rapports entre le peuple et les dirigeants : une fois passé le moment du vote, il faut obéir.


Trouver d'autres armes pour la démocratie

La soumission est présentée comme une discipline républicaine et le pouvoir habille l'élu d'un vêtement divin : il n'aura pas suffi de décapiter le dernier des Capétiens et la monarchie, fut-elle qualifiée de républicaine, a été restaurée. Ce que les illettrés, les ignorants et les serfs subissaient dans un rapport de forces qu'aucune jacquerie ne pouvait abattre, ce que les citoyens, après la Révolution, ont dû accepter sous le régime des partis ou celui de l'argent-roi, il est devenu insupportable de le tenir pour intouchable et éternel : le pouvoir qui ne se partage pas ne demeure pas longtemps démocratique.

La démocratie, en effet, est un leurre si "le gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple" n'est jamais qu'une délégation totale faite à qui a reçu le viatique, le sceptre, le cordon, que sais-je, bref le symbole du pouvoir incontesté et incontestable, par tranches de cinq, six ou sept ans.


La démocratie, c'est décider ensemble

L'énorme mérite de l'actuel Président français aura été de porter le système à un paroxysme qui révèle le ridicule, le danger et l'inefficacité, tout à la fois, de ce faux modèle républicain où de nouveaux princes et petits marquis tournent autour d'un astre politique qui n'a rien du Soleil...

Pouvoir "agir pour" est la revendication politique que tout citoyen, dans la responsabilité, doit faire prévaloir et sans substituer l'intérêt individuel à l'intérêt général. Autant conquérir la lune objectera-t-on! En effet, dans une logique du passé, dans la culture égotiste, et sous l'empire discret de l'argent, le partage du pouvoir est assimilé à la chienlit, à l'anarchisme, à l'utopie et j'en passe.

Seulement voilà : beaucoup a changé! Nous sommes au XXIe siècle. Le pouvoir des soviets, du parti, la dictature du prolétariat, la centralisation mortelle qui courut de 1917 à 1989 sont tombés dans les bas fonds de l'histoire. Le pouvoir de la démocratie capitaliste et de son modèle occidental qui laisse décider le plus fort, le plus riche, le plus instruit et le mieux doté, s'effondre lui aussi. Nous entrons, je le crois, dans un temps qui sera celui de la fin des élites, ou de leur multiplication, ce qui revient à peu près au même et où, enfin, l'humanité sera une et sans que les élites masculines y confisquent le pouvoir d'agir.


Décider ensemble n'a pas de sexe

La démocratie a survécu, jusqu'ici, à sa contradiction (le pouvoir du peuple abandonné par le peuple à ses élites). Mieux valait après tout voter que de se voir affligé d'un Prince de sang ou d'un général surarmé. Mais la démocratie a perdu son sens dès que les compétences des citoyens et leurs moyens de communication ont mis en évidence que les décideurs s'octroient des pouvoirs sur les hommes qui affectent la nature du régime politique lui-même. Une démocratie qui ne serait pas participative ne sera bientôt plus du tout une démocratie. Et précisons bien : participatif ne signifie pas "fournisseur d'idées" seulement, mais codécideur.

Avoir le pouvoir est une expression malsaine. Le pouvoir ne se possède pas. C'est l'exercice d'une capacité à intervenir dans les affaires publiques. Ce n'est pas un métier, une spécialité réservée! C'est une responsabilité à assumer ensemble, du moins dans une société démocratique. Si nous en sommes loin, il n'en résulte pas que ce soit hors de portée dans ce monde complexe où le besoin de mobiliser toutes les énergies, tous les savoirs et toutes les recherches créatives est apparu comme une condition de survie pour l'humanité.

Le "pouvoir sur" est devenu caricatural. Les mythologies des pouvoirs civils ou religieux, leurs cérémonies, ne "collent plus" au réel. Les efforts grottesques pour redonner force à des valeurs éteintes ne peuvent que retarder une évolution ou une révolution culturelle fondamentale : le temps de l'action politique confiée exclusivement à des chefs désignés ou élus est dépassé. Apprendre à gouverner ensemble commence. D'immenses résistances vont se manifester. Elles n'empêcheront pas les hommes d'en savoir toujours plus et de se refuser, de plus en plus souvent, à confier leur sort à ceux qui ont placé leur désir d'avoir le pouvoir sur avant celui d'exercer le pouvoir pour...

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En finir avec la monarchie républicaine

jeudi 7 mai 2009

Donner sens et positivité à la décroissance

Absent tout le mois d'avril, j'ai redécouvert, en Hongrie (au creux des difficultés économiques en Europe) et au Burkina-Faso (toujours en proie au néo-colonialisme économique) que, si le monde va mal, l'occident capitaliste n'y est pas pour rien. Les recettes productivistes des temps prétendument communistes ayant révélé la même nocivité, pour les humbles de la planète, je reviens bien décidé à contribuer à contribuer à déciller les yeux de ceux que j'approche. Pour cela, donner sens et positivité à la décroissance m'apparaît urgent.



La décroissance est un mot inventé pour révéler la nocivité de la croissance, mot-tabou qui est devenu une addiction, un dogme quasi religieux auquel toutes les politiques se réfèrent, sans discussion, depuis des décennies.
Faisant partie des mots à connotation négative, le mot décroissance n'est pas satisfaisant. Comme la non-violence, autre vocable à connotation négative, la décroissance est le refus d'un mal qu'on fait passer pour une nécessité. Oui, refus d'un mal? Si moins par moins égale plus, dire non peut s'avérer la voie du salut, mais cela n'apparaît pas d'emblée, dans l'opinion construite par les médias.

En effet, la décroissance porte, en elle, l'ambiguïté fondamentale que contient le mot croissance lui-même! Croître ou ne pas croître, est-ce bien la question? On commence, certes, à admettre que, dans un monde limité, on ne peut continuer à produire toujours plus. Mais la décroissance reste décriée parce qu'on l'assimile au recul, à la régression, à la perte de moyens de vivre, alors qu'elle signifie freins serrés sur le productivisme, choix des productions en fonction des besoins, partage des moyens de vivre à l'ensemble des hommes.

Les décroissants sont les non-violents de l'économie. La formule gandhienne « vivons simplement pour que les autres puissent simplement vivre » était déjà pertinente dans les années 1930-1940, elle est devenue, avec sept milliards d'humains sur Terre, bientôt neuf ou dix à mi-siècle, une exigence politique incontournable, et c'est ce que la décroissance a comme contenu principal : vivons simplement. La sobriété n'est pas l'austérité. Une vie modeste n'est pas une vie misérable; ce qui doit décroître, c'est l'excès et le superflu, ce n'est pas l'indispensable et moins encore le vital.


Bien entendu, les économies du monde s'étant installées dans une opulence qui ne profite qu'à une minorité, large mais ne représentant pas même le tiers de la population terrestre, sortir de ce contexte social et mondial ne s'effectuera pas de lui-même. La croissance des richesses réservées aux nantis et la croissance de fausses richesses livrées à la consommation constituent la dynamique de l'activité organisée autour du salariat. Mettre fin à ce système, fut-il déjà mal en point, ne se fera pas sans souffrances. Trop d'intérêts sont en jeu. On l'aura compris, la décroissance est incompatible avec le capitalisme et c'est la raison première pour laquelle elle est si vigoureusement combattue. Elle contient un concept d'égalité que les tenants de l'économie libérale ont mis longtemps à réduire, à ridiculiser au nom de théories « naturelles » selon lesquelles les besoins d'hommes inégaux ne sauraient être égaux! L'immensité de l'écart entre les revenus (qui avait été ramené à des proportions moins choquantes après la seconde Guerre mondiale) est devenue tellement aberrante qu'elle brise l'unité sociale et sépare les citoyens en les faisant vivre sur des planètes différentes.

Ce que les marxistes contestaient : le vol d'une partie du travail salarié au profit des détenteurs du capital, n'a pas disparu, mais la nouveauté, c'est que le plein emploi n'est plus nécessaire depuis que la production peut augmenter de façon vertigineuse en diminuant toujours plus le nombre d'heures travaillées. Le chômage est structurel. L'idée dominante : croissance égale emplois; emplois égalent revenus, ne résiste pas à cette nouvelle évidence jaillie, de façon expérimentale, en contradiction à la formule de Sarkozy : travailler plus ne garantit pas de gagner plus! Croissance ou pas croissance, si l'activité humaine était réduite à l'emploi, nous connaîtrions la famine.

Les objecteurs de croissance sont donc des précurseurs qui ne comptent plus sur les productivismes, défendus à gauche comme à droite, et qui laissent à penser que seul vaut le travail salarié! De même les revenus doivent-ils être dissociés de ces emplois non garantis qui permettent à certains de vivre, mais désormais sans certitude de durabilité des ressources. Le travail est beaucoup plus que l'emploi et les revenus sont à fournir à tout vivant par la société des hommes en activité. Nous sommes très loin encore de cette organisation sociale où la valeur d'un homme ne se mesure pas à la considération que lui accorde un employeur. La revalorisation du travail libre, utile, permanent, lié à la vie quotidienne, viendra de sa démarchandisation (nouveau mot à connotation négative), car nous avons épuisé le modèle de la mise en marché de tout le vivant, et ce même s'il faut encore des décennies pour y échapper effectivement.

L'écologie qui peut fort bien signifier économie logique, soin de la grande maison humaine que nous habitons tous, et qui déborde de partout la simple idée de défense de l'environnement, était, dans les années 1970 associée à la décroissance. L'année 1968 est fréquemment associée à un joyeux remue-ménage étudiant et ouvrier, mais il est aussi possible d'associer cette année là à la création du Club de Rome. Au moment de sa création, il regroupait une poignée d'hommes, occupant des postes relativement importants dans leurs pays respectifs et qui souhaitaient que la recherche s'empare du problème de l'évolution du monde pris dans sa globalité pour tenter de cerner les limites de la croissance. Ce n'est pas en 1968 que paraît le fameux "rapport", mais quelques années plus tard, en 1972, et ce ne sont pas les membres du Club de Rome qui l'ont rédigé, mais une équipe de chercheurs du Massachussetts Institute of Technology (ou MIT) suite à la demande du Club de Rome. Il serait donc plus juste d'appeller le document couramment désigné sous le nom de "Rapport du Club de Rome" par son vrai nom : le rapport Meadows & al. (du nom du directeur de l'équipe de recherche Dennis Meadows).

Les mathématiques nous disent que, dans un monde fini, toute consommation de ressources non renouvelables tendra (en moyenne) vers zéro avec le temps, que cela nous plaise ou non ! En d'autres termes, pour toute consommation de ressources non renouvelables, nous n'avons le choix qu'entre provoquer nous-mêmes la décroissance pour disposer, certes à un niveau réduit, de la ressource le plus longtemps possible, ou attendre que la décroissance survienne toute seule.
La question de savoir si il faut limiter ou stopper la croissance pour éviter l'issue finale se pose de manière légitime : point d'idéologie là-dedans. La seule ambition du rapport Meadows (1), finalement, a été de tenter de comprendre quel pourrait être l'enchaînement des évènements qui se produirait si nous ne prenions aucune mesure préventive, à quel horizon de temps ces évènements pourraient survenir, et si des choix donnés au niveau mondial permettaient de se prémunir de la chute finale ou de la repousser très loin. Voilà la question qui demeure et même devient d'une pertinence particulière, quarante années après, une fois perdues ces quatre précieuses décennies!

C'est sous cet éclairage scientifique, qu'a remis en lumière le GIEC (2), qu'il faut examiner la décroissance: elle n'est plus un choix de vie; elle est une contrainte économique et ce n'est pas parce que cette contrainte est niée ou négligée qu'elle ne s'imposera pas.
Vivre dans l'inconscience, comme les autruches, (la tête cachée dans le sable), ou vivre dans l'irresponsabilité, comme ce roi qui se moquait bien de ce qui viendrait après lui ("après moi le déluge"), c'est très exactement le comportement auquel nous invitent les gouvernants, les médias et les organisations économiques qui ne changent ni de langage ni de pratique en attendant « la fin de la crise »! Cette cécité voulue est criminelle.

À la nécessité d'une décroissance (bien comprise!) est venue s'ajouter l'urgence d'une désobéissance (civique et non-violente). L'absence de propositions économiques et politiques crédibles de la part des leaders de toutes obédiences contraint de commencer à vivre autrement, à partir de repères nouveaux, peut-être à tâtons, dans un premier temps, mais sans attendre. Il n'est pas grandiloquent de dire qu'il y va de la survie de l'espèce humaine.



(1) Sur le contenu du rapport Meadows lire : http://www.manicore.com/documentation/club_rome.html (2) Sur les travaux du GIEC lire : http://www.manicore.com/documentation/serre/GIEC.html Le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) est une organisation qui a été mise en place en 1988, à la demande du G7 (groupe des 7 pays les plus riches : USA, Japon, Allemagne, France, Grande Bretagne, Canada, Italie), par l'Organisation Météorologique Mondial et par le Programme pour l'Environnement des Nations Unies.

dimanche 5 avril 2009

La ronde infinie des obstinés


Docteur en philosophie de Paris 8, je suis solidaire de ce texte :
Nous enseignants-chercheurs, étudiants et personnels Biatoss
en grève
depuis le 2 février 2009
lançons solennellement l’ultimatum suivant
aux
ministres Valérie Pécresse et Xavier Darcos :

Nous exigeons, ainsi que le demande depuis 5 semaines,
la Coordination Nationale des Universités le retrait de la loi LRU
et du pacte de recherche ainsi que des mesures qui en découlent :
- le retrait du projet de décret concernant les Enseignants-Chercheurs
y
compris dans sa nième version
- le retrait du projet de réforme de la formation et du recrutement des
enseignants des écoles, collèges et lycées,
- le retrait des suppressions de postes statutaires à l'université et ce
dès 2009, ainsi que le retrait de la réforme d'allocation
des moyens financiers fondés sur une prétendue performance,
- le retrait du contrat doctoral unique
- l'arrêt du démantèlement des organismes de recherche

Ces retraits sont pour nous un préalable pour pouvoir engager
une véritable discussion
et confrontation dans une démarche d'Etats généraux des universités
à mener en toute indépendance, qui prennent en compte
l'ensemble des revendications portées par la mobilisation actuelle.

Si dans une semaine, soit le LUNDI 23 MARS, à midi, le gouvernement n’a
pas pris en compte ces revendications,
nous marcherons en Place de Grève jour et nuit.

Nous tournerons jour et nuit pour manifester notre obstination.
Nous marcherons sans fin car nous ne cèderons pas.

En Place de Grève, nous appellerons à LA RONDE INFINIE DES OBSTINÉS
tous les personnels de l’éducation nationale, étudiants, lycéens, les parents
d’élèves et tous les citoyens solidaires à nous rejoindre
à toute heure dujour et de la nuit.

Université Paris 8 Saint-Denis

vendredi 3 avril 2009

Philippe Val et la gratuité.


Selon le site Internet du Nouvel Observateur, l'Elysée aurait choisi le futur dirigeant de la station de radio France-Inter. Il s'agirait du directeur de la publication de Charlie Hebdo, Philippe Val, qui remplacerait Frédéric Schlesinger. "L'Elysée a tenu à faire savoir dès cette semaine quel était son choix pour Inter", rapporte l'article, sans toutefois citer de sources.



Beaucoup de noms avaient circulé pour remplacer l'actuel patron de Radio France, Jean-Paul Cluzel, qui devrait finalement être remplacé par Jean-Luc Hees, sous réserve de la confirmation du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Désormais, c'est donc la direction de France Inter, un temps occupée par M. Hees, qui fait l'objets de rumeurs.

L'information est également relayée par le site du Point, qui est cependant moins affirmatif et parle d'une fuite parmi d'autres. "Val s'est fait remarquer à l'Élysée pour avoir congédié, l'été dernier, le dessinateur Siné", note l'hebdomadaire sur son site, en référence au feuilleton judiciaire qui a suivi l'éviction du dessinateur, accusé de s'en être pris au fils de Nicolas Sarkozy.



Philippe Val est "stupéfait" et trouve pareille information "prématurée". Cette promotion éventuelle n'a rien de... gratuit.

Le directeur de Charly-Hebdo patron de France-Inter, ce devrait être aussi incongru que le directeur du Canard enchainé à la tête des services secrets au Ministère de l'Intérieur! Or, ce ne l'est pas. J'ignore si Philippe Val, "ami de Jean-Luc Hees" deviendra le patron des journalistes de la radio des auditeurs de Là-bas si j'y suis, mais ce que je sais bien, et cela me suffit, c'est que ce n'est plus du tout incongru. La chronique de Philippe Val de ce jour, à propos de la gratuité, le confirme.

Que dit, en effet, Philippe Val, cet humoriste qui considère Siné comme un antisémite et dirige son hebdomadaire d'une main de fer? Ce très bon joueur sur les mots expose que la décision de l'Assemblée nationale d'encadrer les possibilités d'enregistrer gratuitement des œuvres sur internet est une très bonne chose. En effet, dit-il, c'est la création qui est gratuite; l'accès à la création ne peut pas l'être. Et d'en appeler à ses souvenirs : avec 3 Francs, il découvrit Verlaine. Il lit, relit et connaît par cœur ses poèmes et ne regrette pas ses 3 Francs...

Philippe Val a ceci de commun avec Nicolas Sarkozy : rendre, en quelques phrases, plausible ce qui ne devrait pas l'être. Sa diatribe contre la gratuité (et le don! Relire sa chronique dans quelques jours sur France-Inter *!) est habile mais fielleuse! Des zones sans fric, dans ce monde capitaliste brutal, non seulement, il en faudrait davantage, mais celles qui existent sont à ménager voire à encourager! Tel n'est pas l'avis de Philippe Val.

Eh bien, pour moi, tout est dit : il y a, d'une part, les amis proches ou non, masqués ou pas, du capitalisme qu'on cherche à re-susciter et à réhabiliter et il y a, d'autre part, ceux qui n'ont pas choisi la gratuité pour se faire de l'argent mais pour accéder plus librement à la culture. Quant à la place du don dans nos sociétés occidentales, si cela se limite au cadeau (lequel n'est pas gratuit), c'est bien trop peu pour modifier positivement les relations humaines. Val a lu Verlaine; qu'il relise aussi Marcel Mauss. En tout cas, s'il quitte le média papier pour le média sonore avec les encouragements du Président de la république, on aura compris pourquoi...

http://bellaciao.org/fr/local/cache-vignettes/L460xH460/SarkoVal-79bbd.jpg
France-Inter suffira...

Source : http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2009/04/02/philippe-val-serait-pressenti-a-la-tete-de-france-inter_1176034_3236.html
* http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/lhumeurdephilippeval/

mardi 31 mars 2009

Qu’est-ce qu’un pape ?

Le pape de Rome a scandalisé. Il a laissé réintégrer dans l'Église catholique un évêque intégriste qui nie le génocide nazi! Il a couvert l'évêque qui avait excommunié une mère ayant accepté l'avortement de sa fillette de neuf ans, violée et enceinte. Il a affirmé que l'usage de préservatifs ne permettait pas de lutter contre le sida... Les catholiques regimbent. Il n'y eut guère de moment aussi délicat dans l'histoire de l'Église, dès lors que beaucoup de "fidèles" se demandent si Benoît XVI, soit vraiment trop maladroit, soit enfermé dans de fausses certitudes, ne devrait pas se retirer! Mais qu'est-ce donc qu'un pape? N'y a-t-il pas une contradiction majeure qui fait du successeur d'un apôtre qui fut crucifié à Rome, la tête en bas, un prince, un monarque, un seigneur!


Le pape, dit le dictionnaire Le Robert, est un nom exclusivement masculin (papesse n'est qu'une légende) qui vient du latin papa et dont la trace remonterait à l'an 1050. Auparavant, bien sûr, il y eut des papes, mais on ne les nommait peut-être pas ainsi.

Curieux et contradictoire vocable! Le pape (qui s'écrit sans majuscule) est, dit encore le dictionnaire Le Robert, le Chef dont l'autorité est indiscutée, le Chef suprême de l'Église catholique romaine (ou Souverain pontife). Il est pourtant d'autres papes en chrétienté : chez les Coptes et les Orthodoxes, en particulier.

Papa, le père, le mot le plus proche, du latin pappus (« aïeul ») est le terme affectueux par lequel les enfants, même devenus adultes, désignent leur père. Autorité indiscutable et tendresse durable se côtoient ainsi grâce au voisinage des mots, mais la réalité est plus sévère.

L'aïeul est un grand-père et, en effet, le pape est rarement jeune. C'est l'ancêtre, celui qui vient avant : aux deux sens de l'expression, il précède dans le temps et dans la hiérarchie des personnalités. À 80 ans, Benoît XVI incarne bien ce type de hiérarque, puissant et apparemment débonnaire.

Le pape est le chef de l'état minuscule du Vatican. Son autorité s'étend sur toute l'Église universelle. Autre et intéressante contradiction : le pape, qui est sans pouvoir ("combien a-t-il de divisions?" demandait Staline!) dispose d'un pouvoir spirituel sans limites, incarné dans un territoire des plus limités. Son influence politique n'est pas négligeable (et Jean-Paul II le fit bien voir aux successeurs de Staline!).


Derrière cette description que tout le monde connaît, peut connaître ou devrait connaître, se trouvent masquées de vraies questions et sont écartées les réponses qui les accompagnent :

1 - Pourquoi le pape serait-il nécessairement un homme de sexe masculin? Parce que la tradition le veut ainsi. Parce que Pierre, supposé chef des apôtres était un homme? Parce que l'autorité est un attribut masculin? Toutes ces raisons deviennent fragiles au XXIe siècle, mais là n'est pas l'interrogation la plus redoutable.

2 - Pourquoi le pape est-il un Chef, la tête de l’ Église? L'évêque de Rome est évêque parmi les évêques. Il est théologiquement discutable qu'il y ait entre eux une hiérarchie. Les patriarches orientaux le contestent du reste? Le pape est un leader spirituel occidental, ce qui n'est guère compatible avec l'universalité affichée de l'Église catholique. Le prochain pape, qui pourrait bien n'être pas européen, sera confronté à cette contradiction.

3 - Pourquoi le pape-père, mieux appelé "le serviteur des serviteurs", est-il désigné, comme le Dalaï Lama, par la locution traditionnelle suivante, aussi convenue qu'hypocrite : "Sa Sainteté"! Aucun être humain n'est saint de son vivant sauf quand le peuple découvre quelqu'un, en général humble et pauvre, dont la vie exemplaire suscite la plus vive admiration. Le pape n'est donc pas un saint et les papes sanctifiés par l'Église ne sont pas nombreux. "Sa Sainteté" est un titre de respect (en abrégé S.S, ajoute encore Le Robert) qui est devenu totalement obsolète. Au passage, remarquons qu'Éminence (pour les Cardinaux) et Monseigneur (pour les simples évêques), toujours en usage, ne sont pas moins surannés. J'irai jusqu'à affirmer que nommer père un prêtre est non seulement choquant mais probablement incompatible avec l'Évangile (Dieu seul est père).

4 - Le pape est chef d'État. La symbolique du pouvoir terrestre sur lequel s'appuie le pouvoir spirituel n'est pas sans poser de question. Que l'Église possède des terres où est installée son administration. Passe. Qu'elle soit une puissance, même réduite, avec soldats et étendard, n'a pas de signification religieuse. L'histoire dit assez que des papes, par le passé, se sont conduits comme des princes, voire des soudards. La contradiction, en fois de plus, avec le dénuement du Christ, et surtout son refus de se considérer comme "roi des Juifs", heurte ceux qui cherchent le sens profond de l'Évangile reposant sur la pauvreté et le rejet de la possession.

5 - Dans cette même logique de pouvoir, le pape reçoit les honneurs militaires et devient le pair des chefs d'État. N'insistons pas : "celui qui prend l'épée périra par l'épée" rappelait Jésus. Le christianisme est fondé sur la non-violence et le pape ne peut que le rappeler sauf à échapper à ce qu'il signifie sa mission.

Il est donc deux papes en un seul : celui qui circule dans la cour des Grands et celui qui est témoin de l'égalité des hommes. Or, quel que soit le talent et l'agilité intellectuelle d'un "expert en humanité", comme disait Paul VI devant l'ONU, il est impossible d'incarner à la fois les deux types de papauté. Un pape pauvre, sans pouvoir et sans arme : voilà Pierre, crucifié comme Jésus Christ. C'est le seul type de pape qui mérite l'estime. C'est le seul qui puisse contribuer à rendre le monde plus humain ou plus... divin, ce qui revient au même.

http://benito.p.free.fr/Images/Crucifiement%20de%20Saint-Pierre.jpg

vendredi 20 mars 2009

Benoît XVI : un homme comme les autres.

Bonne nouvelle : le pape n'est pas infaillible!
Sa parole est indigente sur la forme comme sur le fond.
Parler dans un avion ne rapproche pas du ciel.
Dire que le préservatif ne règle pas tout n'est pas une révélation!
Pourquoi parler si vite, pour ne rien dire de compréhensible?
Pourquoi parler trop vite au risque de scandaliser le monde entier?
De quoi se mêle ce vieillard chaste, penseront les Terriens?
Peut-on parler de ce qu'on veut ignorer pour soi-même?
Continence ou préservatif : est-ce bien le choix d'un couple?
Hommes et femmes qui s'aiment se passeraient bien de cet attirail!
L'amour ou la mort? Malheur sur le monde actuel...
L'Église institutionnelle est, décidément, sans tendresse.
La vérité qui n'est que dans les livres trahit la vie.
Il est grand temps que les grands prêtres se taisent.
Leur superbe les fera sinon mourir de ridicule.
Celui qui doute de ce qu'il faut faire reste respectable.
Celui qui assène ses vérités se place au-dessus de Dieu!
Faute suprême pour un pape, si Dieu est amour!
Ce pape n'est qu'un pauvre homme enfermé dans ses textes.
Ses fautes de communication sont des fautes de communion.
Mais nous ne l'excommunierons pas : il est aussi des nôtres!

http://dutron.files.wordpress.com/2009/01/tropbonne-les-couilles-du-pape.jpg

lundi 2 mars 2009

Profit, profitation et profitage


Elie Domota, porte-parole du LKP (Ensemble contre la profitation).

Le profit est un résultat ou un objectif. Dans un cas, il est un apport, pas nécessairement recherché, au terme d'un activité; dans l'autre cas, il est ce pour quoi l'on agit. Le profit est obtenu ou bien recherché, obtenu sans être recherché ou obtenu après avoir été recherché. Le profit est neutre, dans l'abstrait; il est le produit de l'intérêt, dans la pratique.

Profitation, comme on dit à présent aux Antilles, ou profitage, comme on dit en Algérie, est le système dont la recherche du profit est le cœur. Profitation a rapport avec l'action économique visant à réaliser le profit maximum fut-ce au détriment des employés, salariés et autres producteurs de richesses. Profitage déborde la sphère économique et va jusqu'à la désignation de tout ce qui profite aux bénéficiaires d'une situation apportant des avantages, matériels ou relationnels.

« Au-delà des revendications de contrôle des prix et de hausses des salaires exprimées à la Guadeloupe par le collectif Lyannaj Kont Pwofitasyon (LKP, « Rassemblement contre l’exploitation outrancière ») et à la Martinique par le Collectif du 5 février, c’est toute l’architecture de l’économie des containers et du mal-développement faisant de ces îles des « colonies de consommation », selon l’expression des grévistes, qui est mise en accusation1 ».

La traduction de Liyannaj kont pwofitasyon, titre du comité qui dirige la grève en Guadeloupe pose manifestement de gros problèmes à la presse : pour L’Huma du 16 février, cela signifie « Collectif contre les profits outranciers » (CPO), mais pour Le Monde, c’est « Ensemble contre les profiteurs » (ECP)2. On peut lire ailleurs : « Ligue contre l’exploitation » (LCE).

Il était temps de se rendre compte que le profit n'est pas neutre, que la profitation est une organisation indigne, et que le profitage est un avantage indu.

L'apparition de mots nouveaux repose toujours sur un élargissement des concepts. Que nous viennent d'ex pays colonisés ces deux mots de profitation et de profitage ne saurait étonner. La profitation est une appropriation décomplexée du profit maximum : c'est une exploitation de type néo-colonial qui enferme les pauvres dans leur pauvreté, à jamais. Le profitage est l'acceptation éhontée d'avantages confisqués dont on profite impunément et qu'on expose sans pudeur et sans gêne. Dans les deux cas, les profiteurs ne craignent rien de l'opinion qu'ils croient résignée à accepter des injustices rendues naturelles et, en tout cas, irréversibles.

Ce qui est apparu aux Antilles démontre le contraire. Quand le profit n'est pas partagé, la dignité humaine est abolie. Quand profiter (comme on dit de quelqu'un qui prend du poids) s'effectue au détriment de ceux qui ne pourront jamais tirer profit de leurs propres activités, il y a fermentation, colère, agitation et protestation à venir. Quel que soit le temps d'attente, tôt ou tard ce qui couve vient à surgir, comme ces volcans qui, aux Antilles précisément, peuvent longtemps dormir et se réveiller furieusement.

Ce qui se passe en Algérie est un peu différent. Le profitage ne concerne pas que les riches. Il concerne cette installation dans une injustice chronique qui établit des différences sociales intouchables. Celui qui profite d'une rente de situation, fut-elle modeste, à laquelle l'entourage ne peut absolument pas prétendre, vit dans le profitage!

Cette contestation du profit confisqué tombe à point. Elle nous rappelle que, depuis des décennies, plus d'un siècle même, le culte du profit n'a profité qu'à des minorités. Le capitalisme n'est pas une valorisation du capital, c'est le système économique qui réserve le capital et son emploi à des propriétaires qui ne conçoivent pas que tout capital puisse devenir la propriété de tous.

Il faut dire que la socialisation communiste a laissé des traces tellement douloureuses que, depuis la fin de l'empire soviétique, il ne venait à l'esprit de personne qu'on puisse revenir en arrière. Il fallait donc se contenter de l'économie de marché, considérée comme indépassable. Nous sortons lentement, à tâtons, de cette période de résignation. Nous ne savons pas encore comment mieux partager les profits; nous savons déjà que ne pas partager les profits conduirait à la ruine générale y compris des riches. La crise de civilisation qui bouleverse, actuellement, les équilibres mondiaux, ouvre sur un avenir inconnu mais, déjà, bloque toute issue qui permettrait de se réinstaller dans la situation que nous sommes en train de quitter à un rythme stupéfiant, et que peu de Terriens, sans doute, ont prévue.


Gandhi. Il n'y a pas de petit profit : on va bien mettre ses lunettes aux enchères!

Angoisse donc d'avoir à quitter la terre ferme, en pleine tempête, parce que le port qu'on abandonne n'est plus sûr! Partir au large est-il plus dangereux que de demeurer sur un sol très inhospitalier? Si aucune île, aucun continent, n'est abordable mieux vaudrait mourir sur place plutôt que de sombrer ou de de ne jamais pouvoir accoster. La parabole maritime ne date pas d'hier, mais, cette fois, elle s'applique à une traversée de l'histoire parfaitement imprévisible.

Si c'est d'outre-mer que peut venir une autre approche du vivre ensemble, il faut s'en réjouir! Il ne s'agit plus de changer de doctrines ou de s'en remettre aux plus grands cerveaux, il s'agit de passer à une démocratie sociale et économique où chacun a un rôle à tenir, une place reconnue, une part de la richesse commune garantie.

Il est vrai qu'on n'a jamais encore réussi, cette mise en commun des responsabilités. Il est vrai que la démocratie s'est corrompue en se confiant à des professionnels du pouvoir. Il est vrai que la culture du profit a pourri la pensée, y compris celle de ceux qui ne pouvaient accéder au profits.

Alors que faire? Le statu quo étant impossible, la fuite en avant étant interdite, reste à construire, pas à pas, au jour le jour, mais ensemble, un autre cadre de vie. La révolution ne sera plus jamais globale et instantanée. Elle sera progressive et complexe. Le retournement, qui est le propre de toute révolution, ne s'effectuera pas d'un seul coup. C'est l'axe de l'action qui devra être maintenu; la rotation se fera non pas d'elle-même mais par voie de conséquence.

Le risque serait de pouvoir ré-accumuler les profits. Piller la planète ne se peut plus, à moins d'écraser, sous des politiques de fer et de feu, une large part de l'humanité. Ce n'est pas exclu. On n'abandonne jamais volontiers ses avantages! Les privilèges du 4 août 1789, en France, sont bien peu de chose à côté des privilèges gigantesques qui sont mis en cause, deux cent vingt ans plus tard! La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo, (« la Guadeloupe nous appartient, la Guadeloupe n’est pas à eux », chantaient les manifestants. Ce n'est pas une revendication d'indépendance, c'est une revendication de propriété. La terre nous appartient, à nous qui y vivons, là où nous vivons. Et c'est vrai, donc, partout sur cette planète. « Vaste programme » eut dit Charles de Gaulle. Mais, a-t-on le choix?

Limiter et répartir équitablement les profits. Casser la profitation. Disqualifier le profitage. C'est mieux qu'un programme, c'est une philosophie d'existence.
Le profit qu'un sage retire de la philosophie est de vivre en société avec lui-même. (Antisthène) tapis de souris décoré
Antisthène, disciple de Socrate et maître de Diogène le Cynique.

mercredi 25 février 2009

La planète a-t-elle perdu la boule? Ou sont-ce ceux qui la dirigent qui ont perdu leur boussole?

"La planète perd la boule. Pourquoi ? Parce que l’Amérique a perdu la main ? Le premier de la classe est devenu le pire des cancres. Il reste accro aux énergies sales et bon marché du XXe siècle. Pétrole, charbon, 4x4... Les Américains prennent l’Amérique et le monde pour une poubelle. L’autre lanterne rouge, c’est la Chine, eux, ont compris le danger. En cinq ans, Pékin a remplacé ses mobylettes par des scooters électriques. D’ici à 2030, l’empire du Milieu aura construit deux cents villes à haut rendement énergétique, avec des bâtiments à pollution zéro. C’est clair la Chine rouge veut devenir verte. L’Europe, elle, a déjà hissé la couleur et doublé les USA. L’entreprise solaire la plus performante du monde est américaine — mais sans la technologie des Allemands, elle aurait mis la clef sous la porte. Il n’est pas seulement question ici de vérité et d’air pur. L’enjeu est aussi celui d’une renaissance planétaire. Il est plus que temps, l’heure tourne. La Terre peur encore sortir de l’impasse. Si le monde — l’Amérique surtout — s’y met. Tout de suite".



Cette présentation du
livre de Thomas Friedman, La Terre perd la Boule, sous titré Trop chaude, trop plate, trop peuplée, révèle l'extraordinaire adaptabilité des USA et de leurs intellectuels! C'est plus fort qu'eux. Chaque Américain cache en lui un prédicateur, commente Jean-Michel Demetz. (1)

Editorialiste au New York Times, Thomas Friedman s'était livré, voilà trois ans, à un vif éloge de la mondialisation en marche (La Terre est plate). Le voici promoteur d'une Amérique toujours prête à guider le monde, cette fois sous les traits d'une hyperpuissance verte. «La convergence du réchauffement, de l'aplatissement, du surpeuplement est une bifurcation de l'Histoire», lance Friedman. «Le candidat Barack Obama était prêt à un changement radical, ajoute-t-il. Le président a désormais une triple priorité: les banques, les banques, les banques...»

L'intérêt d'un tel livre, comme, hier, celui d'Al Gore, c'est de nous faire apparaître que le retournement écologique de personnages vedettes est dû moins à leur conversion politique ou éthique qu'à leur intelligence et à leur orgueil qui leur interdisent de se laisser dépasser par une réalité qui évolue au galop. On devient très très vite has been, ces temps-ci! Un autre enseignement de ces prises de position spectaculaires, c'est que les contraintes politiques qui font tenir des discours convenus vont craquer. Obama est un très brillant orateur mais il ne sauvera pas son pays par quelque relance que ce soit!

En France, les hommes et femmes de pouvoirs comptent sur leur habileté, leur savoir dire pour passer entre les gouttes, mais l'orage qui s'annonce sera trop serré pour qu'on n'en sorte pas trempé! Les plans de Sarkozy comme du PS vont vite apparaître comme des bouées trouées dès lors que la question de fond est évitée : comment en venir à une déconsommation douce, une décroissance sans régression ni récession, un partage des richesses qui ne sacrifie personne, sur cette planète.


mardi 24 février 2009

Siné relaxé : bravo!

Siné

Je ne lis plus Siné-Hebdo. La caricature et le cul à toutes les pages me conviennent peu...

Je n'ai pas signé la pétition de soutien (ci-dessous).

Je ne pouvais, pour autant, admettre que Siné soit dit antisémite! Est antisémite, désormais, celui qui ne fait pas révérence devant les thuriféraires de la politique israélienne!

Je ne pouvais davantage accepter qu'une critique insolente du fils Sarkozy conduise devant un Tribunal!

Enfin, l'indélicatesse et la dureté de Philippe Val, qui a dénaturé Charlie-Hebdo, ne pouvait que m'amener à souhaiter la déconfiture de ceux qui poursuivaient Siné de leur petite haine.

C'est fait : Siné est relaxé a été relaxé, ce jour, par le tribunal correctionnel de Lyon des poursuites pour incitation à la haine raciale engagées par la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). Tant mieux.

PÉTITION : SINÉ : SA VIE, SON OEUVRE, SON CUL ET... PHILIPPE VAL.

Le mardi 8 juillet, sur les ondes de RTL, Claude Askolovitch, journaliste au Nouvel Observateur, dénonçait « un article antisémite dans un journal qui ne l'est pas ». Il faisait allusion à une chronique de Siné dans Charlie hebdo, dont nous reproduisons le texte ici :

« Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l'UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »

Prétextant l'éventualité d'un procès pour antisémitisme, Philippe Val, directeur de publication, a enjoint Siné de signer une lettre d'excuse dans Charlie hebdo, ce que le dessinateur a refusé de faire. Philippe Val l'a aussitôt renvoyé du journal avec l'assentiment de la direction (Bernard Maris, Gérard Biard et Charb).

Où est l'antisémitisme dans le texte de Siné ? Il y dénonce seulement, avec le ton fleuri qui est sa marque de fabrique, l'opportunisme du fils du président de la République.

Philippe Val et la direction de Charlie hebdo se sont couchés devant Jean Sarkozy. Grand bien leur fasse, leurs lecteurs apprécieront. À la radio, d'autres continuent de faire des procès en antisémitisme comme certains, naguère, en sorcellerie.

Nous connaissons bien Siné : sa grande gueule, sa violence intellectuelle, son humour et surtout sa maison ouverte à tous : Juifs, Arabes, Français, Noirs, Auvergnats, Bretons, pédés, communistes (liste non exhaustive), tous unis pour conchier, autour d'un verre (ou de plusieurs), une société de plus en plus bien pensante et moraliste.

C'est pourquoi nous apportons notre soutien inconditionnel à Siné. Siné n'aime pas les cons. Siné est un anar. Vive Siné !

http://www.blog-sine.com/blog/

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