samedi 12 décembre 2009

Les apories de Copenhague




La sirène de Copenhague méditerait-elle sur l'impuissance de l'humanité?

L'aporie, dit Le Robert est une difficulté d'ordre rationnel paraissant sans issue? Au sommet de Copenhague, plusieurs apories se présentent.

La première est que ceux qui ont le pouvoir de décider ne décideront pas ce qu'il faudrait décider parce qu'ils ne sont pas les maîtres de la décision.

En effet, "le système" comme dit Nicolas Hulot (comprendre le capitalisme) dirige ceux qui dirigent et ils ne feront pas hara-kiri. Ce qui produit l'effet de serre n'est pas touchable et, capitalisme vert ou pas, on ne changera pas, d'en haut, la civilisation qui détient le pouvoir sur Terre : la civilisation occidentale.


On ne sortira de la civilisation du carbone par décret.

Imagine-t-on le Conseil de sécurité élargi, sur le champ, à l'Inde, le Nigéria, l'Afrique du sud, le Brésil et quelques autres grands États capables de contester la domination anglo-saxonne et d'introduire la sécurité alimentaire et environnementale dans les prérogatives de ceux qui veillent sur les relations internationales?

Imagine-t-on la création d'une autorité mondiale capable d'imposer le respect des décisions qui n'ont pas été respectées à Kyoto et qui ne pourraient l'être à Copenhague : plus qu'une OMS, plus qu'une OMC, une OME (organisation Mondiale de l'Environnement) devant laquelle la volonté des États s'inclinerait?

Imagine-t-on surtout que la totalité des crédits qui ont été libérés pour sauver des banques le soient pour sauver la planète? Il n'en faudrait pas tant, mais, différence essentielle, l'argent du système ne peut sortir du système : les capitaux qui font tourner l'économie telle qu'elle est, ne peuvent être distraits pour réduire à la fois, (ce qui revient au même) : les effets de serre climatiques (enserrant la planète) et les effets de serre économiques (enserrant les populations exploitées).

Autre aporie : il faut décider vite ce qui demande du temps pour produire des résultats! Non seulement ce qui est à défaire ne peut être immédiatement défait, mais ce qui n'aurait pas dû être fait est déjà fait! Si, enfin, on reconnait que l'action humaine dérègle le climat, cela ne conduit pas à passer de la prise de conscience à la prise de décision! L'augmentation de deux degrés de la moyenne des températures sur Terre est acquise. Il n'est pas question de "refroidissement"! Il est question d'arrêter la surchauffe. Ceux qui doivent tenter de limiter cette évolution désastreuse ont des mandats trop courts pour être engagés indépendamment de la volonté de leurs mandants. Ils hésitent donc. Ils ne peuvent qu'hésiter. Les choix ultimes sont toujours en-deçà du nécessaire. Pour sauver la Terre, la démocratie, telle que nous la pratiquons, est insuffisante.


Non, la Terre n'est pas en feu. Ce sont ses habitants qui s'y suicident par le feu!

Reste à pratiquer une autre démocratie! Laquelle? Cela restera-t-il celle où la décision vient de ceux qui ont le plus (d'argent, de connaissance, d'autorité, de moyens de pression) et ne peuvent pas désirer, pour eux-mêmes, moins et d'avoir, et de savoir et de pouvoir? Allons-nous voir surgir, au contraire, celle où s'exprime la volonté de survie de ceux qui ont le moins, et sont donc les plus menacés? Cette dernière éventualité n'est envisageable que sous l'une ou l'autre de ces deux conditions : l'une est de l'ordre de la révolte violente, l'autre appartient à la non-violence de masse. Ou bien les peuples, en proie à l'angoisse, vont se dresser contre leurs dirigeants, mais aussi les uns contre les autres (pour manger, boire, trouver refuge...), ou bien les citoyens du monde vont se manifester, puis manifester publiquement, ensemble, avec une telle capacité de communication, d'exigence et de savoir faire, que la donne s'en trouvera changée. Utopie, certes! Le champ des utopies est, en effet, largement ouvert! Sans l'une d'elles, qui devra se révéler plus efficace que tout ce qui s'est jusqu'ici essayé, en politique, l'aporie finale restera : comment changer sans rien changer mais ce serait l'impasse, et alors, le terme de l'expérience humaine...

lundi 30 novembre 2009

Mexicaine, porcine, A, H1N1...



C'est à n'y rien comprendre... On n'insiste guère sur les risques de développement futur d'une pandémie liée aux mutations d'un virus qui n'a pas encore muté mais qui pourrait, un jour, muter! On se contente de la peur pour obtenir, sur le champ, le consentement à la vaccination!

Le monde entier est donc en pleine révolution grippale... L'OMS surveille, s'inquiète, incite. On vaccine à tour de seringues. Certains pays vivent dans l'affolement. Depuis des semaines déjà, en Ukraine, les habitants paniquaient. Allah aidant, la grippe n'est guère passée par la Mecque mais, en France, après le doute, les Français se pressent enfin dans les centres de vaccinations. Bref, l'information, matraquée, a fini par convaincre qu'il fallait se protéger contre un danger de mort qui pouvait se manifester n'importe où, et n'importe quand.

Les arguments les plus solides n'ont pas résisté à la déferlante vaccinale.

La grippe dite "ordinaire", annuelle, est-elle beaucoup plus tueuse que celle qui est sortie des usines à viande porcine mexicaines? Peu importe. On vaccine bien pour l'une, et depuis longtemps. On vaccinera aussi pour l'autre, en distribuant, en plus, l'angoisse.

Y a-t-il, sur Terre, actuellement, des maladies beaucoup plus redoutables, à commencer par le paludisme, qui exigeraient des recherches coûteuses et urgentes, pour tenter de sauver des centaines de milliers de vies humaines? Oui, certes, mais on préfère engloutir des crédits immenses pour faire face à cette grippe qui tue, mais qui ne tue "que" quelques milliers de personnes, si l'on dénombre toutes les victimes, pays par pays...

Y-a-il des inconvénients graves à ajouter des adjuvants qui peuvent entrainer des réactions fâcheuses chez les vaccinés? Eh bien, il y aura des vaccins sans adjuvants pour les femmes enceintes. En outre, la preuve du lien entre les troubles et les vaccins ne pouvant, en si peu de temps, être scientifiquement établie, on n'appliquera le principe de précaution que dans un seul sens : il y aurait, parait-il, plus de risques à ne pas vacciner qu'à vacciner.

Y a-t-il eu des "réactions allergiques graves" au Canada, liées à l'administration du vaccin? C'est la faute d'un lot anglais qui n'est pas utilisé en France, allègue Roselyne Bachelot, la ministre de la santé, ci-devant pharmacienne. Depuis des siècles qu'on nous explique qu'il faut se méfier des Anglais, on va bien finir par le croire...

Exemple sans pareil : une fillette, décédée à Nice, dit-on, "de la grippe A", était atteinte par "un asthme modéré" qui ne "saurait expliquer la cause du décès". S'il est inexpliqué, le décès n'est pas davantage lié à la grippe A, mais peu importe, Europe 1 et Nice-Matin omettent de souligner que l'enfant avait déjà été "hospitalisée, l'an passé, pour insuffisance respiratoire à la suite d'une grippe banale"... Je me rappellerai longtemps de ce 26 novembre où, à partir d'un seul cas, on a voulu démontrer "l'impérieuse nécessité de se faire vacciner" (sic), alors que ce même exemple pouvait prouver que, sous l'effet d'une grippe, A ou banale, et même sans grippe, on pouvait mourir d'une insuffisance respiratoire causée par l'asthme. Sans doute l'avions-nous oublié?


Diafoirus a gardé le pouvoir.

Les médecins généralistes protestent : seuls sont payés les médecins vaccinateurs, mais l'on ne vaccine pas dans les cabinets, seulement dans les centres spécialisés. Il y a du manque à gagner pour la profession. Et puis si tous les généralistes étaient associés à la campagne, on vaccinerait beaucoup plus. Le docteur Knock est scandalisé : il perd, ainsi, et la confiance et l'argent de sa clientèle... Que des médecins moins "intéressés" doutent, en général, de l'efficacité des vaccinations ou surtout de l'innocuité de cette vaccination-là : cela n'est que très rarement constaté par les médias.

Le Docteur Knock vous assure que vous serez bientôt malade


Ou bien nous voici au cœur d'une entreprise gigantesque de bourrage de crâne à intérêt mercantile, utile à la domestication des peuples par la peur (au moment où une mutation de société peut engendrer une panique planétaire), ou bien l'on ne sait pas comment prévenir un danger réel pour la santé humaine, dont tout ne nous est pas dit, et l'on ouvre le parapluie de la vaccination, "au cas où", pour rassurer et faire croire qu'on avait tout fait pour éviter ce qui, de toute façon, va se produire... Dans les deux cas, on on aura menti. Et un jour viendra où surgira un scandale monstrueux, à côté duquel celui du sang contaminé ou de la vache folle, n'auront rien été. La faculté, le Gouvernement, les médias et les chercheurs scientifiques tout en faisant semblant de parler d'autorité, marchent à tâtons. Comment les simples citoyens pourraient-ils s'y retrouver?

dimanche 22 novembre 2009

La France importatrice d'électricité!

Mardi, 18 novembre 2009, le Réseau de Transport d'Electricité (RTE), filiale d'EDF, a annoncé que la France a été importatrice nette d'électricité, tout le mois d'octobre, pour la première fois depuis l'hiver 1982-1983. Le seul jour du 19 octobre, la France a dû importer 123 GWh d'électricité, un record historique.

Traditionnellement exportatrice d'électricité, du fait de la taille de son parc nucléaire, la France a cependant dû importer, au mois d'octobre, 458 gigawattheures (GWh) d'électricité auprès de ses voisins européens.

Cette situation s'explique par les nombreux arrêts de réacteurs nucléaires en octobre, pour accidents et opérations de maintenance. Le parc nucléaire a aussi été victime de plusieurs accidents, notamment sur des générateurs de vapeur et des alternateurs. Début novembre, 18 des 58 réacteurs français étaient à l'arrêt, soit près d'un sur trois.

http://www.econologie.com/photo/carte_centrale_nucleaire_france.jpg

Les 58 réacteurs nucléaires français (qui fournissent 75% de l'électricité du pays) ont ainsi produit en octobre 8,9% d'électricité de moins qu'un an auparavant. La production des centrales hydrauliques a, elle, chuté de 19,7% en raison d'une plus faible pluviométrie.

EDF a annoncé la semaine dernière que la production nucléaire française allait chuter en 2009 à son plus bas niveau depuis 10 ans.

Selon l'AFP, le 17/11/09.

Heureusement que nos voisins, ayant peu ou pas de centrales nucléaires, peuvent, quand même, nous dépanner ...!

jeudi 15 octobre 2009

Un bien sans liens est un bien de rien.


Afficher l'image en taille réelleLes mots se bousculent et se recouvrent. L'un cache l'autre. La confusion s'ensuit. Rien n'est plus urgent que le discernement. Dans La Cité perverse, Dany-Pierre Dufour, professeur à l'université Paris VIII, expose que le culte de soi conduit à l'exhibition des pulsions. La promotion du plus, la volonté de possession de plus d'objets, plus d'argent, plus de plaisir, plus de tout, conduit au développement d'une société où le chacun pour soi autorise l'écrasement d'autrui.

Attention cependant, expose-t-il, de ne pas voir dans ce diagnostic un retour du moralisme! Morale, éthique, vertu, valeur, qualité, ont des sens voisins mais différents. Au nom du bien, combien de crimes n'a-t-on pas commis? Dès que des mœurs deviennent l'obligation à laquelle tous les membres d'un groupe doivent impérativement se soumettre, la morale remplace l'éthique et le libre arbitre cesse de se manifester dans les actes de "l'honnête homme"; il n'est plus alors de vertu. L'obéissance à l'ordre moral devient le régulateur de la vie sociale. La valeur n'est plus en soi mais dans ce que mesurent les gardiens de la bonne conduite.


Adopter le regard de l'enfant?

La morale est un ensemble de mœurs admises dans une société donnée en rapport avec une culture dominante. L'éthique est un ensemble de valeurs dont on a découvert la cohérence et qu'on a progressivement reconnues comme constructives de sa personne et de sa relation sociale. La vertu est la force qui habite l'homme en perpétuelle quête des valeurs. La valeur est la qualité qui se mesure, s'apprécie et se vérifie. La qualité est ce qui constitutif d'un bien. Le bien est ce qui est positif pour l'homme. Ces définitions banales (et, comme toutes les définitions philosophiquement discutables) révèlent tout de même que de la confusion peut jaillir la violence! Il suffit pour cela qu'on soit convaincu que la morale est universelle et que chacun doit s'y conformer sous peine d'être mis au ban, quand ce n'est pas mis hors d'état de mal vivre, donc mis à mort...

Tout état de droit est, à cet égard, une dictature. Il en est des lois sociales comme des lois morales: elles sont la pire ou la meilleure des contraintes! Une loi n'est pas bonne parce qu'elle est la loi. La désobéissance civile peut être une obligation morale. Une loi n'est pas mauvaise parce que c'est une loi, donc une règle qui nous soumet. Un repère fixe peut être une aide pour vivre en société, comme le modeste code de la route le prouve en préservant des vies. Le droit, longiligne et raide comme tout tracé de droite, peut être une route ou une barrière et c'est pourquoi l'état de droit ne peut être sacralisé; il est utile mais n'est ni fixe ni intouchable. Mieux vaudrait parler de société de droits. Avoir le droit (sous entendu, pour soi) signifie qu'une autorisation ou mieux une possibilité est ouverte. Celui qui ne se pense pas comme membre d'un tout, responsable de ce qui se produit dans un ensemble dont il ne constitue qu'une unité, confondra son droit avec son pouvoir, déterminé par son avoir. Sans vertu, il n'est pas de république. depuis les Lumières, on croit savoir cela. On l'oublie sans cesse. Le self-government est incompatible avec le self-love; ce n'est d'ailleurs pas s'aimer soi-même que n'aimer que soi-même. Vivre sans limites est illusoire et ne procure que des satisfactions momentanées. Le Prince qui peut jouir de tout sans entraves, au terme de sa vie, découvre sa vanité.


Nous avons toujours besoin de Montesquieu et de L'esprit des Lois

Revoici un temps de clarifications. Entre les doctrines sèches et vieillies dont on s'évertue à vouloir nous imposer les contenus obsolètes et le laisser faire, le sans limites le libéralisme a instillé du "sans limites" non seulement dans l'économie mais dans notre éthos (nos coutumes) au détriment de notre èthos (du grec ancien ἦθος / ễthos, pluriel ἤθη / ếthê, qui signifie le caractère, l’état d’âme.) La contradiction que nous vivons chaque jour est celle d'un monde sans loi et surchargé de lois. L'État hyperlégislatif est le même que l'État dérégulateur. La politique dominante est contraignante mais laxiste, moralisatrice mais sans éthique. Le culte de l'élite rejette la multitude des humbles vers le rien et non vers le bien. Le productivisme engendre son inverse, le manque. C'est vrai des réalités immatérielles autant que des richesses matérielles. La promesse de la vie riche pour tous camoufle la vie frustrée et rend insupportable la vie humble et heureuse.


La solidarité des Terriens : mieux qu'une loi, une nécessité

La genèse du concept de décroissance n'a pas d'autre cause : un bien sans liens est un bien de rien. L'écosophie est cette sagesse de l'économie et de l'écologie enfin réunies qui permet, de nouveau, la recherche d'une éthique sociale et d'une vertu citoyenne. Puissions-nous avoir le temps d'en faire et l'essai et l'expérience.


vendredi 2 octobre 2009

La démocratie en berne ou en déclin?

En berne, en deuil, en détresse? En déclin, en chute, en recul? En décadence, à l'agonie? Oui, la démocratie est mal partie. D'où me vient cette certitude que nous pourrions bien vivre la fin des temps démocratiques?

La démocratie suppose le libre vote. La démocratie contient donc une incertitude sur les résultats quand le scrutin est honnête. Parfois, tout au contraire, la démocratie s'exprime dans la certitude si elle est due à l'évidence d'un consensus populaire.



Certes, il y eut toujours des moyens de détourner la volonté populaire. On peut tricher, capter et inverser des votes. On peut utiliser des modes de scrutin qui affaiblissent les chances des candidats qui sont forts de leurs seules convictions et compétences. On peut, pour les référendums, poser des questions qui les transforment en plébiscites. On peut développer, via les médias, des propagandes qui affolent, angoissent et détournent l'opinion du véritable objet du vote. Etc.

Pourtant, même faible, existait encore la chance de voir triompher une politique autre que celle que soutiennent les plus riches, les plus puissants et les plus informés. Fut-ce sur une brève période.



Ces espérances des désespérés, ces revanches provisoires des pauvres, ces flambées hidsoriques qui laissent des traces dans l'organisation des sociétés sont désormais étouffées. On n'a même plus besoin de tricher, sauf quand on s'appelle Dassault et qu'on a de quoi acheter ses électeurs. On ne se contente plus des scrutins majoritaires à deux tours qui éliminent toute possibilité de représentation pour les petites formations ou pour des candidats émergents. On continue de mentir en bipolarisant les votes, comme si la politique devait échapper aux réponses nuancées et complexes. Mais surtout, tout en usant encore de ce qui précède, on peut, avec l'aval de la plupart des partis concernés, proposer une règle démocratique et en changer quand le résultat déplait.

Ce qui va se passer, ce soir, en Irlande en fournira la démonstration. Quinze mois après avoir dit non à 53,4%, le 12 janvier 2008, les Irlandais, en pleine récession, vont, sous la pression économique (si tu votes mal, tu n'auras aucune aide conséquente de l'Europe), devoir se plier à la volonté de l'Europe libérale, triomphante à Strasbourg ou Bruxelles! Allons, ce n'est tout de même pas 1% des électeurs européens qui vont interdire "l'entrée en vigueur " -sic- (la chose est donc acquise) d'institutions qui doivent faire fonctionner l'Union à 27!



La "fade copie " (dixit Valéry Giscard d'Estaing,) du projet de réforme constitutionnelle conçu par de savants politologues, inspirés par ce même Giscard d'Estaing, sans doute dépité, -"copie" appelée traité de Lisbonne, traité modificatif, ou "mini-traité" selon Nicolas Sarkozy-, devait passer; un point, c'est tout. C'est une obligation absolue, sous peine d'avoir à repenser l'Europe politique. L'élargissement à 27 pays, oblige à se plier à ce consensus des États (pas des peuples)!

La France a-t-elle renâclé, le 29 mai 2005, en disant non à 55% au traité constitutionnel? On a, alors, transféré au Parlement le droit d'inverser la décision nette qu'avait prise les citoyens, au terme d'un long et fort débat, en lui soumettant l'ertsatz de Lisbonne, prétendument différent. Les Pays-Bas ont-ils, à leur tour, le 1er juin 2009, à 61,6 %, refusé cette fausse Constitution d'une Europe sans existence politique? Eh bien, là encore, on a corrigé cette "erreur" par voie parlementaire, en juillet 2008!

Qui ne voit pas là un détournement de la volonté populaire ne peut se revendiquer démocrate. Ou bien un référendum européen incluant tous les électeurs des 27 États membres tranchait. Ou bien tous les Parlements étaient appelés, et eux seuls, à décider. En fait, on veut que chaque État décide par les moyens qu'il veut, mais avec une seule fin possible : l'approbation! Double déni : déni de l'Europe qui n'est plus qu'une juxtaposition de volontés d'États soumis à la même nécessité; déni démocratique, dès lors que les peuples sont dépossédés du pouvoir qu'on leur reconnaissait! Il faut ajouter que la pression économique et politique des États sur "le petit dernier", l'Irlande, insolent retardataire à qui on laisse la sucette du commissaire européen permanent, a quelque chose d'indécent. La chute des participations électorales, partout, en Europe, trouve là sa principale explication.

Les bonnes âmes de "gauche", socialistes ou écologistes, qui approuvent ce coup de force puisqu'il les libère d'une difficulté majeure : refaire l'Europe en tenant compte d'un abandon des institutions refusées, reste, à mes yeux impardonnable. Je ne déplore pas l'erreur de jugement. Je déplore que l'on se satisfasse de pratiques qui n'ont de démocratique que l'apparence.

Voilà bien pourquoi il y risque mortel pour la démocratie. La triche n'est plus dans les bureaux de vote. Elle est installée dans les esprits : ce qui déplait doit être écarté. Dans le Val d'Oise, par exemple, un scrutin cantonal partiel a fait perdre la majorité au PS et ses alliés. Qu'à cela ne tienne, puisque l'un des élus départementaux, électron libre, peut être circonvenu, on ne tiendra pas compte de ce résultat et l'on se contentera de l'équilibre instable : 19 élus de "gauche" contre 19 élus de droite, plus 1 "indéterminé" qui devient, ipso facto, un roi sans couronne, mais tout puissant! Ce qui importe, c'est le pouvoir... J'exècre la droite valdoisienne!



Passent les votes internes au PS sur la désignation de leur candidat aux présidentielles ou le cumul des mandats. Cela est positif, mais... Passent les accusation de détournement des votes au profit de Martine Aubry. Cela est négatif, mais... Il y a plus grave! Au dessus de tous, il y avait, croyait-on, l'idéal démocratique... Un idéal qui est resté dans les textes et les mots et qui a déserté les hommes.

La démocratie se meurt, bel et bien, vous dis-je...

mardi 8 septembre 2009

Les machines à tuer

Le Président de la République française vient d'effectuer un voyage éclair au Brésil, à l'occasion de la fête nationale de ce pays, afin d'y vendre 36 machines à tuer, poétiquement appelées "Rafale".

J'ai honte d'appartenir à un pays où une grande entreprise d'aviation, née du génie de la famille Dassault, -dont l'actuel fleuron, Serge, est sous le coup de suspicion de fraude électorale!- parvient à convaincre le Président Lulla, "l'élu des Sans-Terre", de se doter d'un appareil dont le raffinement meurtrier n'a aucun égal, puisque, nous dit-on, c'est le meilleur!

Le Rafale, jamais vendu jusqu'alors!

Qu'est-ce qui menace le Brésil qui l'oblige à se prémunir contre des risques si importants qu'il faille se doter de ces machines sophistiquées? Sans doute les États-Unis d'Amérique, ce voisin américain redoutable, qui a de plus en plus de mal à supporter le développement économique autonome de l'Amérique latine.

Que ce soit au moment où les USA se voient conduits par Barack Obama qu'une telle hypothèse se forme a de quoi étonner. Peut-être même faut-il chercher ailleurs.

Le Brésil veut être une grande puissance politique maintenant qu'il est une grande puissance économique. Les grandes puissances s'arment. Ne resterait plus au Brésil qu'à nous acheter notre technologie nucléaire! Je ne sais si l'on peut placer quelques bombes nucléaires miniaturisées sous les ailes des Rafales, mais, si oui, la "sécurité" de l'Amazonie serait définitivement garantie.

Nicolas Sarkozy ne nous aura rien épargné. Il va même faire acquérir par la France une dizaine, au moins, d'avions transport de troupes KC-190 (?), construits au Brésil... Échange de bons procédés. Non pas que ces avions puissent servir à conduire nos valeureux combattants de Villacoublay à Tarbes, mais il y a assez de lieux, sur la planète, où l'action civilisatrice de la France doive être encore menée vigoureusement. Au Gabon ou en Afghanistan, par exemple, où nos intérêts essentiels, économiques ou stratégiques sont mis en question par les ennemis de la démocratie! C'est bien connu : on ne cesse de nous le répéter!


Gagnant-gagnant? Le fric contre l'accès aux technologies de Dassault-aviation!

L'ironie n'est, certes, guère de mise, mais ces informations qui tombent, jour après jour, sont désespérantes! Pendant qu'on fait des affaires militaires, on en fait d'autres, sanitaires en brandissant la menace d'une grippe A (avant la grippe H, clone de la bombe vitulante) qui, ou bien restera ce qu'elle est, c'est-à-dire peu de chose, ou bien sera effectivement une pandémie mortelle après mutation du virus et, alors, les vaccins n'y pourront rien...

Pendant ce temps, le monde planétaire, Gaïa la Terre, change et menace de nous renvoyer en "rafales" (de vent, de pluie, de feu...) tout ce dont l'activité insensée et imprudente des homme l'a blessé. La priorité des priorités n'est évidemment pas dans cette agitation commerciale par laquelle on veut relancer une partie de l'industrie française (et pas la plus noble!).

Les machines à tuer ne sont d'ailleurs pas toutes volantes. Il en est même d'invisibles qui sont plus meurtrières encore car les Rafales ne serviront, espérons-le, peut-être jamais! Relever le coût du forfait hospitalier tuera. Continuer à polluer nos eaux tuera. Développer encore le transport automobile saturé tuera. Laisser aux professionnels du tabac le soin de fixer les prix de cette drogue tuera. Etc.

La lutte contre la mort donnée, préparée, acceptée avec cynisme pour satisfaire des profits immenses est d'une incongruïté si grande qu'elle nous laisse pantois, impuissants, désespérés! C'est exactement contre cette acceptation, que nous croyons inévitable, qu'il nous faut lutter. Serions-nous nos propres ennemis? Mieux vaut hurler dans le vide que de rester coi et fermer les yeux.

Il n'a jamais été aussi clair qu'il y va, cette fois, de l'avenir de l'humanité. S'il n'est pas pensable qu'un autre monde est possible, alors à quoi bon vivre. Cassons les machines à tuer!

Gaïa, Terra ou Tellus pour les Romains, notre mère à tous, va-t-elle nous rejeter?

mercredi 2 septembre 2009

2009 : l'année de tous les séismes ?

1 - Au *Japon*, une alternance au pouvoir s'est produite après plus d'un demi-siècle de conservatisme politique, idéologique et mafieux, installé par les États-Unis, peu après le crime d'État d'Hiroshima! Ce n'est pourtant pas une révolution! Mais qu'il nous plaise ou pas, un nouveau Japon est né, en 2009, et la Tempête Krovanh qui vient de frapper l'est du Japon n'y est pour rien. C'est un séisme électoral qui produira ses effets sur des années et des années.


Conservatisme stop : feu rouge!

2 - Au *Gabon*, Ali-le-fils-du-dictateur, s'est proclamé vainqueur! On n'est jamais si bien servi que par soi-même. La France, pardon ses porte-parole, ceux de la France Afrique, affirment que les élections se sont bien passées... Victoire électorale ou pas... si des citoyens africains arrivaient à se faire entendre, nous changerions d'ère. Quelque chose vient-il d'apparaitre, à Libreville après Téhéran...? Ce serait un séisme démocratique si les urnes, bourrées mais pas complètement, parvenaient encore à faire comprendre, au monde entier, que tout n'est pas joué, qu'une élection ne fait pas, à elle seule, la démocratie! Quant à la France, -quoi qu'ait dit Sarkozi-, qu'elle couvre l'opération Bongo-fils après avoir profité de Bongo-père, donne une bonne idée du genre de démocratie dont rêvent les dirigeants actuels : il suffit qu'une forme soit respectée pour se proclamer gagnant!
Voir : http://lepangolin.afrikblog.com/

http://appablog.files.wordpress.com/2009/01/011409-1255-gabondelac1.jpg
Libreville flotte mais ne sombre pas : Paris y veille!

3 - La *Californie* est en flammes. Rien n'arrête le feu. Comment un tel État peut-il être impuissant? Ce n'est pas d'abord la faute du Gouvernement d'Arnold Schwarzenegger. Il y a longtemps que les causes de tels drames ont été enclenchées aux états-Unis. La nature est trop forte. Gaïa se venge... C'est un séisme écologique!


Petit homme, la Terre est plus forte que toi...

4 - Le typhon a balayé les réserves du pouvoir taïwanais : le dalaï lama est venu à *Taïwan*, que ça plaise ou non aux Chinois de Pékin! La peur de l'illustre moine est risible mais pleine d'enseignements. Qu'on approuve ou non le dalaï-lama, il affirme que la force non-violente du bouddhisme peut parfois s'imposer encore. Impossible de n'en pas tenir compte! C'est une manière de séisme idéologique.

Un monde s'écroule...?

5 - Ah oui! J'oubliais! Depuis 2008, le capitalisme se dit en crise. En fait, il meurt lentement. Ce n'est pas un séisme! C'est l'histoire tout entière qui subit un tremblement de Terre.

mardi 25 août 2009

Ce que le ramadan donne à penser?

Nous sommes entrés dans la période du ramadan. Il ne s'agit pas, principalement, selon moi, d'une expression religieuse, contrairement à ce que l'on veut nous faire croire, mais bien d'une très forte manifestation d'identité de la part de ceux dont la culture aura été mal accueillie dans notre pays, la France, où les rapports entre colonialistes et colonisés, autochtones et immigrés, Français originaires de l'Europe et Français originaires d'Afrique et singulièrement d'Afrique du Nord, restent marqués par une histoire non totalement apaisée.

flyerramadanmubarak.jpg

La laïcité, valeur centrale de la démocratie politique française, née de la disparition progressive de la tutelle de l'Église catholique sur les pouvoirs et sur les mœurs, se trouve interrogée, maintenant, par la présence d'une population nombreuse qui ignore le concept de clergé mais qui associe encore étroitement le pouvoir temporel et le pouvoir religieux. Non seulement la laïcité, pour un musulman, reste un concept flou, mais ce qui en est retenu et accepté se trouve toujours réduit à la tolérance de la juxtaposition des religions dans les pays où l'Islam est minoritaire.

Au cléricalisme, qui a été défait, au XXe siècle, par l'affirmation de l'autonomie du politique, a succédé une nouvelle manifestation d'autoritarisme religieux pesant sur les populations d'éducation musulmane. Il n'en fallait pas davantage pour que renaissent, aussi bien chez les Protestants et les Orthodoxes que chez les Catholiques (mais également chez les Juifs), de nouvelles tentatives d'appropriation de la vérité au nom du Livre et autres textes "sacrés", interprétés, alors, de façon formelle et dogmatique. L'affaiblissement du concept de laïcité, trop limité à son rapport historique avec le catholicisme, (et mis à mal y compris par l'actuelle Présidence de la République), permet la résurgence de toutes les formes d'intégrisme, c'est-à-dire, de blocage des évolutions de la représentation du monde par une lecture rigide, dogmatique, mécanique, des grands textes religieux.

Le retour du religieux, annoncé par plusieurs écrivains, dont André Malraux, prend alors la forme d'un retour des religions, ce qui est tout différent.

La sphère du religieux englobe les innombrables questions métaphysiques posées par tout humain s'interrogeant sur son destin et sur celui de l'espèce humaine tout entière. La religion institutionnelle est, au contraire, le plus souvent, un processus habile ou brutal de domination des consciences. Le mystère dans laquelle se trouve plongé toute conscience active en quête de vérité, n'est pas compatible avec le mystère dont s'entourent ces doctes parlant avec autorité, prétendant fournir toutes les réponses, et s'attribuant la connaissance parfaite que leur auraient transmise Dieu et à ses prophètes. Le créationnisme des chrétiens évangélistes qui tente de s'imposer en occident constitue une belle illustration de ces lavages de cerveau nouveau style censés ruiner toutes les recherches scientifiques antérieures relatives à l'évolution du vivant!

Le ramadan est un temps de réflexion qui ne concerne pas que "les croyants"! Il oblige à regarder en face les contraintes que des hommes imposent à d'autres hommes, au nom de la religion, considérée, de nouveau, trop souvent, comme un domaine où aucune critique ne peut s'exprimer sous peine de sacrilège.

Dire, par exemple, que la violence est liée à une conception étroite de l'Islam a déchainé et déclenche toujours les foudres. Qui ne voit pourtant que la mort peut sanctionner le non respect des obligations fixées par tel ou tel État musulman? On a pu entendre parler, au Pakistan, avec fierté, d'arme nucléaire musulmane! C'est aussi incongru que le fameux "Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens" de la Saint Barthélémy, en 1672! Les coups de bâton et les pendaisons n'ont rien à voir avec Allah mais ont bel et bien à voir avec la cruauté des leaders politico-religieux qui y recourent toujours, en ce siècle, pour gouverner leurs peuples.



Pourquoi ne pas dire, également, qu'un jeûne dont on ressort plus gros qu'on y entre parce qu'on consomme la nuit plus qu'on ne mange le jour, le reste de l'année, ne présente pas que des aspects positifs! La Grande Consommation fait, sans état d'âme, ses meilleures affaires alimentaires avec les Musulmans pendant le ramadan! La joie, la fête familiale, le rapprochement communautaire, dont le ramadan fournit l'occasion, sont de belles manifestations du plaisir de vivre ensemble qui s'ouvrent, d'ailleurs, vers les non musulmans, de façon chaleureuse et fraternelle. Les efforts consentis pour ne pas manger, boire et se procurer du plaisir, tant que le soleil brille, ne sont pas niables. Mais, et surtout parmi les populations devenues françaises, bien intégrées, d'origine africaine et nord africaine, le ramadan aussi a pu être récupéré par la marchandisation. Comme pour Noël ou la fête des Mères, toute réjouissance qui permet de faire de l'argent est valorisée.



Eh bien, il est temps de lever ce rideau de fumée. Les questions religieuses sont trop importantes pour être confiées aux seuls prêtres, mollahs, rabbins et autres. Sur tout ce qui aliène peut s'exercer notre lucidité. Il n'y a là rien d'irreligieux! Le religieux conduit à la conscience aiguë, éclairée, exigente et supporte la remise en questions. La religion qui définit un cadre de pensée hors duquel on ne peut sortir est, pour un philosophe, littéralement insupportable. L'histoire a fourni de multiples exemples de ces erreurs sacralisées au nom desquelles on a brûlé, assassiné de toutes les manières, savants, théologiens et libertaires, tous mal pensants en un temps donné de notre aventure humaine, et qu'on a supprimés au nom de vérités qui n'en étaient pas.

Le ramadan fait partie, désormais, des rythmes de vie des Français. Il est ambigu. Il contient, de façon contradictoire, le meilleur (le partage communautaire) et le pire (le repli communautariste). Il est, comme toutes les activités collectives, soumis à la voracité du commerce. Il peut, désormais, être observé, analysé, admiré et critiqué. Comme les christianismes qui ont tant apporté de valeurs et de malheurs à notre pays, l'Islam nous amène ses richesses et dangers. Aux citoyens, croyants, agnostiques, athées, de faire preuve de discernement. Rien n'est totalement pur ou impur. Le pire est toujours de laisser passer devant soi les évènements sans prendre le temps de la réflexion.

Jusqu'ici, pour moi, le ramadan était une activité respectable qui ne me concernait qu'indirectement. En 2009, le ramadan sera devenu, pour moi, l'occasion d'observer mes compatriotes qui se disent musulmans, ne le sont pas toujours, mais ont des pratiques traditionnelles qui les relient entre eux. Il ne m'est plus possible d'être étranger à ce qui ne me l'est plus. Il ne m'est plus possible de n'avoir pas, vis à vis des musulmans, les mêmes exigences intellectuelles que vis à vis des adeptes d'autres religions, ou vis à vis de ceux qui, sans religion, vivent avec, ou non, des préoccupations religieuses.

samedi 22 août 2009

Fin et réinvention de la gauche



René Dumont (1904-2001)

En 1977, René Dumont, à 73 ans, "livrait l'expérience de toute une vie" dans un livre (1), (paru chez Robert Laffont), dont on n'a pas bien compris, alors, le titre : "Seule une écologie socialiste..." Il y exposait, de façon ô combien prémonitoire, les crises auxquelles nous serions confrontées et auxquelles seule l'écologie fournirait une réponse (p.277). Il y rendait compte de sa tentative pour "écologiser les partis politiques" et "politiser les écologistes" (p.278). Il y affirmait que "l'écologie n'est pas apolitique puisqu'elle est d'abord anticapitaliste" (p.285). Il y avançait l'hypothèse d'une "écologie socialiste" mais qui "se situe bien loin à gauche de la gauche, dans une optique toute nouvelle" (p.285). Bien sûr, cet ouvrage, écrit voici plus de 30 ans, alors que l'Union soviétique était encore dominante et plusieurs années avant que la gauche n'accède aux affaires, en 1981, contient des propositions obsolètes, mais il contient aussi des analyses fulgurantes qui retrouvent l'actualité sociale, économique et politique de la fin de cette première décennie du XXIe siècle. C'est sous cet éclairage que je place les débats d'orientation politique qui se produisent, ces jours-ci, au moment où les Verts, au sein d'Europe Écologie tiennent leur Université d'été.
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Vraies divergences ou fausses ruptures?
Ce n'est pas moi qui qui pose la question! C'est, page 8, dans sa rubrique la rentrée politique, le quotidien Le Monde qui, le 20 août 2009, titrait ainsi sa double interview : de Vincent Peillon (pour le PS) et Daniel Cohn Bendit (pour Europe-Écologie).

Le matin même, à l'occasion de l'ouverture des Journées d'été des Verts, à Nîmes, le quotidien Libération, concluait son éditorial par l'étonnante et sibylline phrase suivante: "c'est en verdissant son post matérialisme que que Martine Aubry bâtira des alliances durables".

Bref, les grandes manœuvres politiciennes ont recommencé. Les médias s'en mêlent car, comme l'écrit Patrick Roger, du Monde, : "derrière le combat des régionales, c'est la présidentielle de 2012 qui déjà se prépare".

Ecologie, autonomie, solidaritéL'autonomie politique des écologistes, lors des précédentes élections régionales, en 2004, a connu des hauts et des bas. En Ile de France, l'alliance PS-Verts, dès le premier tour, avait connu un succès net, mais tout autant l'autonomie des Verts dans la région Rhône-Alpes. Autrement dit, autonomie ou pas, les listes de gauche, unies au premier ou second tour, avaient, alors, permis que la quasi totalité des régions, sauf l'Alsace, soient gérées par le PS mais avec le concours de ses alliés.

C'était au temps où s'opposaient ceux qui croyaient possible l'affirmation politique directe de l'écologie politique et ceux qui pensaient qu'il fallait entrer dans les exécutifs pour peser sur les politiques publiques, quitte à se fondre dans les listes qu'ouvrait le PS. La calamiteuse élection présidentielle de 2007 a renforcé considérablement le camp des "réalistes" et, pour les élections municipales de 2007, le nombre des alliances PS-Verts de premier tour a encore augmenté.

Mais vint "la crise", en 2008. Puis, au sein du PS affaibli, s'élargit la guerre intestine après le double échec présidentiel et européen. Puis encore, après la révélation du drame planétaire que causait, inexorablement, une activité humaine illimitée, s'épanouit la mise à la mode de l'écologie ( notamment grâce aux films et aux brillants shows médiatiques d'Al Gore, Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand, entre autres...). Puis , enfin, surgit l'émergence électorale d'Europe-écologie grâce coup de poker génial de Daniel Cohn-Bendit à l'occasion des élections européennes, voici quelques mois...

A pu réapparaître, donc, l'exigence d'autonomie politique chez les Verts. Leur succès électoral, franc mais relatif, avec une énorme abstention, autorise-t-il les Verts à faire cavalier seuls? "Pas question de faire le jeu de la droite" s'exclame dans Libération Serge Morin, le Vice-Président Vert de la région Poitou-Charentes, au mieux avec Ségolène Royal. La machine à construire des alliances binaires n'est pas brisée et s'est remise en route. Le premier, Nicolas Sarkozy, bien informé et conseillé, l'a compris et, à présent, racle les fonds de tiroir, à droite, en ouvrant sa majorité à De Villiers et aux Chasseurs, après avoir, semble-t-il, vidé l'autre tiroir, celui des ralliés possibles, à gauche.

Le calme temporaire qui est apparu, cet été, dans la conjoncture économique (mais au prix d'une aggravation dramatique du chômage) permet ces jeux traditionnels où excellent les états-majors des partis. Les journées d'été sont les derniers festivals de vacances où les vedettes remontent sur scène.

Dilemme, à présent, pour le PS : le succès des Verts, élargis en réseau, est-il structurel ou conjoncturel? Dans le premier cas, il faut, coûte que coûte, faire, avec eux, une alliance de premier ou second tour, mais une alliance de projets autant que de candidats. Dans le second cas, il faudra limiter les ambitions de ces impudents, quitte, comme le dit l'éditorialiste de Libé, à "verdir le postmatérialisme", (c'est-à-dire en dépassant le post-marxisme résiduel du socialisme historique, grâce à un ralliement à la croissance verte).


Direction droite et gauche, d'où le choix de l'immobilisme

Nous allons avoir droit à des mois de faux débats. Il ne sera question, en réalité que de sauver des places, soit au prix de concessions (pour ceux qui, dans la gauche ancienne, étaient des acharnés productivistes) soit au prix de limitations des ambitions (pour ceux, tels les Verts et le PCF, qui, dans les Régions, ne peuvent espérer, pour ceux qui y occupent déjà des fonctions proches de la direction, mieux que ce que permet la situation actuelle).

Vraies divergences ou fausses ruptures? En effet! La chance du PS est que le choix n'est pas encore vraiment fait, chez les écologistes : se démarquer du PS et s'unir à lui, tout à la fois, leur est une nécessité électorale. La rupture idéologique publique aurait des effets dévastateurs. Le renoncement à l'affirmation de la spécificité politique de l'écologie, tout autant. Seulement voilà : on ne peut plus marier l'eau et le feu.

Dany Cohn-Bendit "qui n'est plus candidat à rien", qui ne se veut que "l'animateur d'Europe-Écologie", qui pense "réseau" et non parti, qui parle de "changer la gauche", a une plus grande marge de manœuvre, et il sait que casser le premier et fragile élan produit par les Européennes renverrait tous les écologistes à leur marginalisation précédente. Alors, quitte ou double, et vive l'autonomie : là se situe la motivation réelle de sa stratégie. Et le voici tenté de dépasser la problématique divergence ou rupture, en prônant le rassemblement de tous les écologistes d'abord puis de tous les opposants à la droite sarkozienne, définitivement marquée par le ralliement des Chasseurs à l'anti-écologie. De la gauche de la gauche jusqu'au MODEM de François Bayrou, on va ratisser très largement le jardin politique. C'est habile et c'est une vraie stratégie de conquête du pouvoir, mais est-ce bien là la réponse politique dont le le peuple a besoin en cette période de mutation de civilisation?

Ce qui est de nouveau clair, autonomie ou pas, c'est que la prolongation du débat ouvert avant, pendant et après les élections européennes va bien continuer à faire la politique en la transformant en profondeur. On ne fera pas l'impasse de la vraie divergence avec le PS : elle porte sur la croissance. On n'échappera pas à la nécessité s'effectuer une vraie rupture à gauche : elle n'est pas à changer; il faut en changer! Seuls les écologistes auraient les outils intellectuels pour cela : non pas changer la gauche, mais changer de gauche comme l'avait pressenti et espéré René Dumont. La gauche, qui n'est plus identifiée par ses électeurs comme la gauche, n'est plus elle-même depuis qu'elle a rallié, peu ou prou, le productivisme capitaliste, abandonné l'internationalisme (comprendre la solidarité entre tous les peuples) et occupé les sphères de pouvoir auxquelles elle accédait comme on gère des entreprises ou des rentes. Cette gauche-là, ex-communiste ou ex-socialiste, a fini son cycle historique. S'en est ouvert un autre. Dans ce nouvel espace, la gauche traditionnelle n'est plus. Elle est non seulement à refonder, mais à redéfinir et donc à rebaptiser. "L'optique toute nouvelle" dont parlait le premier candidat écologiste à une élection présidentielle, en 1974, qui aurait fait échapper la gauche à ses erreurs historiques, centralisatrices, productivistes, étatistes, nationalistes, violentes, ce socialisme dont René Dumont "cherchait les bases nouvelles et qui ne peut se rattacher aux partis du même nom", était à gauche de la gauche, et non à l'extrême gauche bloquée dans les mêmes références idéologiques que la gauche parlementaire.

Chacun sait qu'en 2009 l'UMP n'existe que comme un agrégat d'opposants à un mythe fondateur, celui de l'égalité de tous les citoyens. Ce mythe est, actuellement, vidé de son espérance. Face à ce rien, le peu que représente la droite aux affaires s'impose et occupe toute la place. Cela ne saurait durer. Il ne peut y avoir de gauche, désormais, qu'écologique c'est-à-dire qui conteste le capitalisme à sa racine pas en le détruisant par la force mais en le privant de ce dont il se nourrit dans tous les domaines : le culte du moi.

Le débat sur l'autonomie va donc maintenant se placer là : pas seulement par rapport au PS (ce serait lui laisser le rôle déterminant de la référence obligée), mais par rapport à tout ce qui fut la gauche, de ses extrêmes jusqu'à son centre mou : oserons-nous placer le partage avant l'avoir pour que l'avoir se partage dans une mondialisation sans domination? Seule la réinvention d'une telle nouvelle utopie fondatrice peut animer une gauche ou une organisation entièrement reconstituée, fondée sur l'initiative prioritaire des citoyens, où économie et écologie ne seront plus que l'envers et l'endroit d'une même action permanente.

(1)
ISBN : 9782221021811

mercredi 19 août 2009

La peine de mort est rétablie en France

C'était avant l'abolition de la peine de mort

Les multiples suicides dans les prisons françaises ne sont pas le fait du hasard. Les incarcérés qui ont mis fin à leur vie n'étaient pas des malades mentaux, de toute façon, destinées à passer à l'acte, où qu'ils vivent. Ce qui a détruit leur volonté de lutter pour se sortir de l'épreuve qu'ils traversaient, c'est, précisément, qu'il n'y avait pas, pour ces détenus, de présent ni d'avenir vivables, pas de sortie de l'univers carcéral possible ni en imagination ni en perspective, pas de reconstitution de soi ni de projet de réinsertion sociale : un environnement de toutes parts bouché, donc. La boîte s'est refermée, sur eux, comme un cercueil. Restait à s'y allonger et à mourir.

Nous qui, depuis 1981, pensions que la peine de mort avait été supprimée en France, devons constater qu'on tue plus, à présent, par la prison que par la guillotine! Enfermer et punir sans volonté de donner une chance à ceux qui ont été emprisonnés, c'est assassiner. Mettre fin à ses jours n'est pas d'ailleurs une décision que prennent les seuls condamnés! Des prévenus qui attendent leur procès, longtemps, très longtemps, et n'en peuvent plus de subir un quotidien de pré-condamnation, se suppriment. Le personnel pénitentiaire qui ne peut surveiller les actes de tous les occupants, trop nombreux, de cellules où la promiscuité est abjecte, est incapable de prévenir les actes de désespoir. Du reste, ce personnel, mal préparé et enfermé dans des logiques qui ne permettent guère le souci du délinquant, peut avoir, parfois, des comportements qui sont déshumanisants, générateurs de troubles comportementaux. Celui qui entre en prison change, jour après jour, et pas en bien... La prison ne corrige pas.

On ne paie pas sa dette sociale dans un cachot. L'idée selon laquelle un être humain serait, par nature, dès l'enfance, voire in utero, un voleur ou un meurtrier en puissance, s'est emparé d'une partie de l'opinion et d'un nombre importants d'élus. Sont donc condamnés, par avance, dans l'esprit d'une partie des pouvoirs publics, des hommes et des femmes qui sont originaires de milieux "malfaisants" (sans, du reste, distinguer entre ce qui aurait pour origine la génétique ou le milieu!). À partir de là il devient facile de vouloir mettre hors d'état de nuire ceux qui perturbent la société..., mais où commence et où s'achève cette mise hors d'état de nuire? Elle commence en prison et finit par la mise à mort, rapide, dans une rue, ou lente, dans le centre pénitentiaire. De quelle pénitence, d'ailleurs, s'agit-il? Ni réconcilation, ni pardon, ni simple réparation n'ont leur place dans cette analyse du crime considéré comme un péché mortel. Tout délit devient irréparable et tout retour à la vie sociale, impossible. Dès qu'un détenu en est convaincu, il devient un suicidé potentiel. La centaine d'emprisonnés, encore une fois condamnés ou détenus, qui, chaque année, en France, disparaissent violemment en s'autodétruisant, nous ramène vers ce temps où la mort donnée faisait partie de l'arsenal des peines.

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Coupable ou non, qui ne "méritait" pas la mort par suicide!

Oui, nous contribuons à donner la mort à ceux qui s'y croient acculés, par désespoir, folie ou froide décision. Là où n'existe aucune chance de mieux être, la civilisation n'est plus. Les dernières recommandations de la Ministre de l'Intérieur, visant à limiter ou empêcher les suicides en prison seront inopérantes parce que ce n'est pas avec des moyens matériels (dont ce pyjama en papier qui va devenir le symbole du dérisoire !) qu'on va interrompre un processus mortifère. Sans moyens relationnels, sans êtres humains, permettant le soin, l'échange et une nouvelle considération, la prison restera l'antichambre du cimetière.


Repartir contre cette nouvelle peine de mort, dans les prisons de France!

dimanche 16 août 2009

Marie mère de Jésus et le catholicisme droitier

Les catholiques constatent qu'ils sont de moins en moins nombreux en France, en dépit des processions du 15 août, très suivies, (y compris, cette année, à Paris, avec... une procession fluviale sur 13 bateaux-mouches!) Un sondage nous apprend, même, que les catholiques sont de plus en plus vieux, de plus en plus à droite, et de plus en plus extrémistes (1)!

Afficher l'image en taille réelleMarie, la Juive, la mère du condamné à mort le plus célèbre de l'histoire occidentale, n'avait rien d'une Sainte Vierge destinée à monter au Ciel. L'excellent catholique qu'est resté le journaliste, Jacques Duquesne, scandaleux pour bien des catholiques, reconnaissait, dans son livre Marie, mère de Jésus, que Marie n'était ni sainte, ni vierge, ni aérotransportée mais que cela ne l'empêchait pas d'avoir été celle que toute femme peut rêver d'être car elle a montré la voie libératrice que nous n'avons pas encore tous osé emprunter.

Jacques Duquesne

Car si, comme l'annonce l'Évangile, le Magnificat est jamais sorti de la bouche de Marie, un "catholique de droite" ne peut pas plus exister qu'une eau sèche, et tout le refus de la domination des puissants et des riches se trouve concentré dans des formules que même les prêtres aux ordres des pouvoirs n'ont jamais pu édulcorer. (Évangile selon saint Luc, chapitre 1, versets 46 à 56 : visite de Marie à Élisabeth).
Il a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles.
Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides.

Si ces mots ont un poids, une force, une exigence, si le catholicisme a encore un sens, alors voici la Bonne Nouvelle qu'attendent les Terriens : notre fraternité sera universelle. Les puissants perdront leur pouvoir. Les plus modestes des hommes ont même valeur que les plus célèbres. Les privés de tout, et d'abord de nourriture, ont l'immensité des richesses planétaires à leur disposition. Et si pour que cette hospitalité et cette justice adviennent, il faut priver les riches de leurs biens, qu'il en soit ainsi.

Avec une telle mère, (devant Élisabeth, Marie portait Jésus, non encore né), le Christ ne pouvait que devenir celui que les puissants et les riches devaient tuer. Il était bien plus dangereux qu'un "communiste" : il faisait du partage la première loi sacrée.


Élisabeth, mère de Jean le Baptiste et marie, mère de Jésus

Il y a quelque chose de surprenant, d'anachronique, de ridicule et pour tout dire de scandaleux dans ces processions, ces déguisements religieux, ces encouragements au fanatisme collectif qui dévoient le message de Marie, l'humble, la messagère d'un monde où les pauvres sont rois.

L'enlisement, la perte de signification du message évangélique est de la responsabilité des catholiques eux-mêmes. Prier n'est pas se confiner en dévotions mais rechercher, sans cesse,
la plus haute des lucidités en ouvrant, très grands, les yeux sur le monde où nous vivons.

Le Ciel d'aujourd'hui et ses milliards d'astres, immense, mystérieux, insondable, capable de nous emplir d'une angoisse métaphysique, n'a rien à voir avec le Ciel étriqué, qui n'est plus, où l'on prétend expédier Marie! Après Galilée, humilié et condamné par l'Église, pour avoir ouvert le Ciel, il en est encore, au XXIe siècle qui voudraient que tout se fige dans un savoir fixé par des théologiens! Ils vivent dans un passé obsolète et désastreux.

Pendant que notre espace terrestre se limitait et que notre espace céleste s'étendait au-delà des toute possibilité scientifique de s'en saisir, le temps des humains, lui-aussi a cessé d'être appréhendable! Les primates, dont nous sommes les descendants, existaient il y a des millions et des millions d'années. Il n'y a pas un siècle, on enseignait toujours, dans les catéchismes, que le Paradis terrestre avait été créé voici quelques milliers d'années. En 2009 après Jésus Christ, le lieu supposé de ce Paradis est terre de guerre et les trésors des civilisations passées qui s'y trouvaient conservés sont effacés par les œuvres de mort de grandes puissances elles-mêmes menacées d'être "renversées de leur trône".

Allons-nous, au lieu de chanter des cantiques et de brûler des cierges, nous
pré-occuper du sort des humbles, des prisonniers, des malades et de toutes les victimes du système économique "intrinsèquement pervers" dont nous sommes la proie? "Si tu n'aimes pas, tu es comme l'airain sonnant", dit l'apôtre Paul. (Paul de Tarse, Première lettre aux Corinthiens, Ch. 13, v. 1 à 8). Une fois que tu auras fait l'essentiel, partager, alors tu pourras, si tu le veux, entrer en méditation. Pas avant! "Il en est ainsi de la foi, dit encore Jacques l'apôtre, si elle n'a pas les œuvres, elle est morte en elle-même". (Jacques, Épitre, Ch. 2, v. 17). C'est, en tout cas, ce que le message évangélique, en de multiples occasions, exprime à mon sens, et en particulier, Marie.

Les pèlerins de Fatima, Lourdes, La Salette et de tous les autres lieux de dévotion mariale, mais surtout nous tous, pèlerins involontaires sur notre malheureuse planète, avons l'urgent besoin de bien d'autres miracles que ceux qu'on appelle et qu'on espère et dont des évêques décomptent les survenues exceptionnelles. Nous avons le besoin vital de miracles innombrables, à portée de mains humaines, et pouvant sauver l'humanité de la triste fin vers laquelle elle est, actuellement, entrainée.



(1) Selon l'enquête, le déclin du catholicisme s'est produit principalement au cours des vingt dernières années en parallèle avec la progression du nombre de personnes se déclarant sans religion. Celles-ci représentaient 21% des Français en 1987 (pour 75% de catholiques) contre 28% en 2009 (64% de catholiques). Au cours de la même période, la part des protestants est passée de 1% à 3% et celle des autres religions, dont l'islam, de 3% à 5%.

Comparés à la population française, les catholiques se distinguent essentiellement par leur pyramide des âges. Ils ne sont que 23% parmi les moins de 35 ans (30% dans la population française), mais atteignent 50% chez les plus de 50 ans (42% dans la population française). Ces écarts s'accentuent, souligne l'enquête, si l'on considère les catholiques pratiquants (réguliers ou occasionnels, un quart des catholiques) : 16% de moins de 35 ans et 65% de plus de 50 ans.

Enfin, les catholiques, selon l'enquête, "affichent une proximité pour les partis de droite plus élevée que l'ensemble des Français", avec 30,6% d'entre eux se disant proches de l'UMP contre 25,1% de l'ensemble des Français, une proximité encore plus marquée chez les catholiques pratiquants (38,9%).

http://actu.orange.fr/articles/france/Les-catholiques-de-France-une-communaute-en-declin-vieillissante-et-proche-de-l-UMP.html

vendredi 14 août 2009

La décroissance : ou la négativité positive!



La décroissance est un mot inventé pour révéler la nocivité de la croissance, mot-tabou qui est devenu une addiction, un dogme quasi religieux auquel toutes les politiques se réfèrent, sans discussion, depuis des décennies.

Faisant partie des mots à connotation négative, le mot décroissance n'est pas satisfaisant. Comme la non-violence, autre vocable à connotation négative, la décroissance est le refus d'un mal qu'on a fait passer pour une nécessité. Oui, refus d'un mal? Si, comme en mathématiques, moins par moins égale plus, dire non peut s'avérer la voie du salut. Mais cela n'apparaît pas d'emblée, dans l'opinion construite par les médias.

En effet, la décroissance porte, en elle, l'ambiguïté fondamentale que contient le mot croissance lui-même! Croître ou ne pas croître, est-ce bien la question? On commence, certes, à admettre que, dans un monde limité, on ne peut continuer à produire toujours plus. Mais la décroissance reste décriée parce qu'on l'assimile au recul, à la régression, à la perte de moyens de vivre, alors qu'elle signifie freins serrés sur le productivisme, choix des productions en fonction des besoins, partage des moyens de vivre à l'ensemble des hommes.

Les décroissants sont les non-violents de l'économie. La formule gandhienne « vivons simplement pour que les autres puissent simplement vivre » était déjà pertinente dans les années 1930-1940. Elle est devenue, avec sept milliards d'humains sur Terre, bientôt neuf ou dix à mi-siècle, une exigence politique incontournable. C'est ce que la décroissance a comme contenu principal : vivons simplement. La sobriété n'est pas l'austérité. Une vie modeste n'est pas une vie misérable; ce qui doit décroître, c'est l'excès et le superflu, ce n'est pas l'indispensable et moins encore le vital.

Bien entendu, les économies du monde s'étant installées dans une opulence qui ne profite qu'à une minorité, large mais ne représentant pas même le tiers de la population terrestre, sortir de ce contexte social et mondial ne s'effectuera pas de lui-même. La croissance des richesses réservées aux nantis et la croissance de fausses richesses livrées à la consommation constituent la dynamique de l'activité organisée autour du salariat. Mettre fin à ce système, fut-il déjà mal en point, ne se fera pas sans souffrances. Trop d'intérêts sont en jeu.

On l'aura compris, la décroissance est incompatible avec le capitalisme et c'est la raison première pour laquelle elle est si vigoureusement combattue. Elle contient un concept d'égalité que les tenants de l'économie libérale ont mis longtemps à réduire, à ridiculiser au nom de théories « naturelles » selon lesquelles les besoins d'hommes inégaux ne sauraient être égaux! L'immensité de l'écart entre les revenus (qui avait été ramené à des proportions moins choquantes après la seconde Guerre mondiale) est devenue tellement aberrante qu'elle brise l'unité sociale et sépare les citoyens en les faisant vivre sur des planètes différentes.

Ce que les marxistes contestaient : le vol d'une partie du travail salarié au profit des détenteurs du capital, n'a pas disparu, mais la nouveauté, c'est que le plein emploi n'est plus nécessaire depuis que la production peut augmenter de façon vertigineuse en diminuant toujours plus le nombre d'heures travaillées. Le chômage est structurel. L'idée dominante : croissance égale emplois; emploi égale revenu, ne résiste pas à cette nouvelle évidence jaillie, de façon expérimentale, en contradiction à la formule de Sarkozy car travailler plus ne garantit pas de gagner plus! Croissance ou pas croissance, si l'activité humaine était réduite à l'emploi, nous connaîtrions la famine.

Les objecteurs de croissance sont donc des précurseurs qui ne comptent plus sur les productivismes, défendus à gauche comme à droite, et qui laissent à penser que seul vaut le travail salarié! De même les revenus doivent-ils être dissociés de ces emplois non garantis qui permettent à certains de vivre, mais désormais sans certitude de durabilité des ressources. Le travail est beaucoup plus que l'emploi et les revenus sont à fournir à tout vivant par la société des hommes en activité.

Nous sommes très loin encore de cette organisation sociale où la valeur d'un homme ne se mesure pas à la considération que lui accorde un employeur. La revalorisation du travail libre, utile, permanent, lié à la vie quotidienne, viendra de sa démarchandisation (nouveau mot à connotation négative), car nous avons épuisé le modèle de la mise en marché de tout le vivant, et ce même s'il faut encore des décennies pour y échapper effectivement.

L'écologie qui peut fort bien signifier économie logique, soin de la grande maison humaine que nous habitons tous, et qui déborde de partout la simple idée de défense de l'environnement, était, dans les années 1970 associée à la décroissance. L'année 1968 est fréquemment associée à un joyeux remue-ménage étudiant et ouvrier, mais il est aussi possible d'associer cette année-là à la création du Club de Rome. Au moment de sa création, il regroupait une poignée d'hommes, occupant des postes relativement importants dans leurs pays respectifs et qui souhaitaient que la recherche s'empare du problème de l'évolution du monde pris dans sa globalité pour tenter de cerner les limites de la croissance.

Ce n'est pas en 1968 que paraît le fameux "rapport", mais quelques années plus tard, en 1972, et ce ne sont pas les membres du Club de Rome qui l'ont rédigé, mais une équipe de chercheurs du Massachussetts Institute of Technology (ou MIT) suite à la demande du Club de Rome. Il serait donc plus juste d'appeler le document couramment désigné sous le nom de "Rapport du Club de Rome" par son vrai nom : le rapport Meadows & al. (du nom du directeur de l'équipe de recherche Dennis Meadows).

Les mathématiques nous disent que, dans un monde fini, toute consommation de ressources non renouvelables tendra (en moyenne) vers zéro avec le temps, que cela nous plaise ou non ! En d'autres termes, pour toute consommation de ressources non renouvelables, nous n'avons le choix qu'entre provoquer nous-mêmes la décroissance pour disposer, certes à un niveau réduit, de la ressource le plus longtemps possible, ou attendre que la décroissance survienne toute seule.

La question de savoir s'il faut limiter ou stopper la croissance pour éviter l'issue finale se pose de manière légitime : point d'idéologie là-dedans. La seule ambition du rapport Meadows (1), finalement, a été de tenter de comprendre quel pourrait être l'enchaînement des événements qui se produirait si nous ne prenions aucune mesure préventive, à quel horizon de temps ces événements pourraient survenir, et si des choix donnés au niveau mondial permettaient de se prémunir de la chute finale ou de la repousser très loin.

Voilà la question qui demeure et même devient d'une pertinence particulière, quarante années après, une fois perdues ces quatre précieuses décennies! C'est sous cet éclairage scientifique, que le GIEC (2) a examiné la décroissance : elle n'est plus un choix de vie; elle est une contrainte économique et ce n'est pas parce que cette contrainte est niée ou négligée qu'elle ne s'imposera pas.

Vivre dans l'inconscience, comme les autruches, (la tête cachée dans le sable), ou vivre dans l'irresponsabilité, comme ce roi qui se moquait bien de ce qui viendrait après lui (après moi le déluge), c'est très exactement le comportement auquel nous invitent les gouvernants, les médias et les organisations économiques qui ne changent ni de langage ni de pratique en attendant « la fin de la crise »! Cette cécité voulue est criminelle.

À la nécessité d'une décroissance (bien comprise!) est venue s'ajouter l'urgence d'une désobéissance (civique et non-violente). L'absence de propositions économiques et politiques crédibles de la part des leaders de toutes obédiences contraint de commencer à vivre autrement, à partir de repères nouveaux, peut-être à tâtons, dans un premier temps, mais sans attendre. Il n'est pas grandiloquent de dire qu'il y va de la survie de l'espèce humaine.

(1) Sur le contenu du rapport Meadows lire :
http://www.manicore.com/documentation/club_rome.html

(2) Sur les travaux du GIEC lire : http://www.manicore.com/documentation/serre/GIEC.html
Le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) est une organisation qui a été mise en place en 1988, à la demande du G7 (groupe des 7 pays les plus riches : USA, Japon, Allemagne, France, Grande Bretagne, Canada, Italie), par l'Organisation Météorologique Mondial et par le Programme pour l'Environnement des Nations Unies.



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