mardi 26 avril 2011

Explosion nucléaire à gauche ?

Nous voici le 26 avril, anniversaire de Tchernobyl, dont nous apprenons, jour après jour, -la catastrophe de Fukushima y aidant,- qu'il s'agit d'un drame toujours actif et dont on est loin d'avoir mesuré les effets et les conséquences.


Non, il n'y a aucun doute : le nucléaire est un mauvais choix !

De cela la "vraie gauche" se moque bien, qu'elle se présente comme un Front ou se couvre du beau manteau de "l'anticapitalisme". Elle a mieux à faire : compter ses élus ! Et, pendant ce temps, la FASE se tâte... Entrer dans le Front de gauche ou mourir...?

Pauvre pensée qui ne peut s'inscrire que dans des institutions où l'on ait quelque chance d'avoir des élus. C'est d'ailleurs la meilleure explication du choix du PCF, dont le nouveau leader, Pierre Laurent, a déjà adoubé Jean-Luc Mélenchon pour la Présidentielle, en échange de 80 % de candidats PCF aux législatives ?



Ni glasnost, ni perestroïka au PCF, (Gorbatchev est bien mort, politiquement, du moins en France), juste une petite place au Parlement, avec, si possible, un ou deux ministres, par-ci, par-là, en cas de sage comportement au second tour de l'élection présidentielle et de victoire de... "la gauche", cet OVNI de moins en moins identifiable.

Le texte du Front de Gauche du 31 mars 2011 est, certes, d'un très convenable contenu. Il ne dit rien, pourtant, de l'écologie, ou si peu, et rien du tout du nucléaire.

http://gauche-unitaire.fr/2011/04/01/texte-d%E2%80%99accord-du-front-de-gauche-pour-les-presidentielles-et-legislatives/


La cause est entendue. Il n'y a rien à voir, ni à faire, parmi ces défenseurs d'une société dépassée, objectivement plus proches d'Henri Proglio et d'EDF que des écologistes en tous genres. Tel est, en tout cas, mon sentiment, et ce jour est bien choisi pour écrire que je ne m'associerai à aucune proposition politique qui n'inclurait pas "sortir du nucléaire en commençant tout de suite".

Oui, Fukushima est passé par là et j'ai quelque honte d'avoir dû attendre pareille catastrophe pour me retrouver dans ce qui fut mon choix initial, dès Plogoff, (mais on ne me refera pas, comme au temps de François Mitterrand, le coup d'une Union de la Gauche sans suite et sans âme).



Le Parti de Gauche, Martine Billard aidant, ayant mieux pris la dimension de l'écologie politique que son associé PCF, présente un visage plus souriant, mais demeure posée une question essentielle : quelle peut être, dans la durée, la sincérité de ces choix écologiques ? On reçoit très volontiers son constat : "Alors que partout dans le monde, on s'apprête à célébrer le triste anniversaire des 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl, le Parti de Gauche pose la question : combien de tragédies faudra-t-il avant de prendre la décision de planifier la sortie du nucléaire au lieu de prévoir son extension au mépris de toute sécurité ?" Pourtant, que restera-t-il de cette affirmation quand viendra le temps de la négociation avec des partenaires qui, toutes précautions oratoires prises, n'abandonnent pas leurs options pronucléaires, ou sont incapables de décider de sortir du nucléaire au plus tôt, que ce soit au sein du Front de Gauche, ou dans une alliance électorale, afin d'obtenir des sièges du PS, à l'approche des législatives ?


La FASE offrait, (offre-t-elle encore ?) une opportunité (la multi-appartenance), le lieu d'un débat : (entre partenaires qui ne dialoguent pas constamment entre eux), la liberté de pensée (sans s'interdire de décider) et le rapprochement entre écologie, démocratie et luttes sociales (point essentiel qui soude écologie et anticapitalisme). Qu'en est-il, à présent ? Si, fin avril, prévaut l'entrée de la FASE dans le Front de gauche, j'adopterai la position suivante :

AVEC le Front de Gauche (et d'autres), OUI,

DANS le Front de Gauche, NON.

Toute entrée de la FASE dans le Front de Gauche entraînera, évidemment, mon départ.

samedi 23 avril 2011

Annus mirabilis et annus horribilis ?



L'incendie de Londres (1666)

La peste ou l'incendie ?

Annus Mirabilis, "l'année du miracle", est un poème de John Dryden qui traite du grand incendie de Londres qui ravagea la ville, du 2 au 7 septembre 1666, alors que sévissait une épidémie de peste. Le miracle, selon Dryden, était que les deux désastres, la peste et de l'incendie, avaient été surmontés, que Dieu avait choisi de sauver l'Angleterre de la destruction et que cela tenait du miracle. http://fr.wikipedia.org/wiki/Annus_Mirabilis_%28po%C3%A8me%29 et http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Dryden

Annus Horribilis nous vient aussi d'Angleterre. C'est l'expression par laquelle fut qualifiée l'année 1992, par la reine Élisabeth II, à l'occasion du 40e anniversaire de son accession au trône, le 24 novembre 1992. Cette expression est un jeu de mots qui fait explicitement référence à Annus Mirabilis et qui est lié aux problèmes familiaux que connut la famille royale au cours de cette année, ainsi qu'à la crise du financement de la reconstruction du château de Windsor, qui brûla, le 20 novembre 1992, entraînant de graves pertes d'œuvres d'art. http://fr.wikipedia.org/wiki/Annus_horribilis.

Sale temps pour la démocratie ?

Le 24 décembre 2005, au terme, donc, de l'année 2005, David M. Shribman la décrivait comme l'une des Annus Miserabilis, dans un article historique et politique, rappelant "de terribles années pour les présidents" et "un défilé d'horreurs pour les USA! http//www.realclearpolitics.com/Commentary/com-12_24_05_DMS.html.

L'année 2011 va-t-elle cumuler l'exceptionnel et l'horrible, l'Annus Mirabilis et l'Annus Horribilis, à quoi s'ajouterait le misérable : une Annus Miserabilis ?

Exceptionnelle, 2011 l'aura été par le surgissement (inachevé) du "printemps arabe". Horrible aussi, par la catastrophe de Fukushima. Misérable, enfin, aux deux sens du mot misérable : l'année 2011 a déjà produit de la misère et de l'indignité !

Nous n'avons pas encore atteint la moitié de l'année, mais la misère et la honte perdurent et nous n'en avons pas fini. Une autre année vient de s'ouvrir, au creux de l'année civile : l'année électorale. Le 22 avril 2012 nous devrions, en France, désigner le Président de-tous-les-Français, comme disait Jacques Chirac ! Une longue, pénible, inutile (au regard des enjeux planétaires), ravageuse campagne électorale va accaparer les talents et les budgets, faisant accroire qu'on vit une intense politique alors qu'il ne s'agira que d'une furieuse, haineuse et ridicule guerre picrocholine.

Rabelais, reviens, ils sont devenus fous...

Comment faire la politique sans faire de la politique ? Comment s'intéresser aux moyens de lutter contre ce qui broie les hommes sans voler à la rescousse d'une personnalité qui étale, sur les médias, son immense appétit de pouvoir ? Comment se donner du pouvoir sur sa vie, sans donner "le" pouvoir à qui entend se substituer aux citoyens dans une logique de représentation de plus en plus accaparante ? Comment dépasser les jeux et enjeux médiocres des candidats à une fonction qui, en France, couvre et anéantit toutes les autres ?

Miraculeuse, mirabilis, 2011-2012 ne le sera pas et Dieu ne sauvera pas la Terre de la destruction, comme le pourrait croire un moderne poète, pour l'unique et simple raison que Dieu, s'il est, ne fera pas le bonheur des hommes à leur place.

Horrible, horribilis, 2011-2012 ne le sera pas, si s'ajoutent aux malheurs qui submergent les peuples, la quête de l'égalité et la volonté de liberté dans un esprit de fraternité, bref si rejaillit l'utopie.

Misérable, miserabilis enfin, 2011-2012 ne le sera pas, si nous, en France, ne sombrons pas dans des querelles subalternes, au lieu de nous en prendre aux causes de nos souffrances, et de celles de nos compagnons en humanité, habitant, avec nous, une Terre à protéger et à partager.


Horribilis...


vendredi 22 avril 2011

La faute politique majeure

Du sommet de l'État (mais l'État a-il un sommet... ?) jusqu'à la plus modeste des communes (mais toute commune n'est-elle pas grande par sa fonction de collectivité...?) les responsables politiques sont hantés par la crainte de déplaire. Il s'ensuit qu'il commettent, sans cesse, la double erreur dont leur gestion reste très souvent marquée : tout savoir et tout embellir.



Impossible pour un président ou un maire de dire : "là, je ne sais pas" ou "sur ce point, nous avons échoué". Les électeurs-citoyens ne sont pas dupes mais ils sont aussi complices ! Ils flattent leurs élus en leur laissant accroire qu'ils leur reconnaissent ce pouvoir total qui n'existe pas !

Laisser entendre qu'on domine constamment les situations et défendre son bilan sans jamais en reconnaître les faiblesses contient un ferment destructeur du lien social et de la citoyenneté elle-même. La démocratie n'est pas l'exercice du pouvoir des professeurs et des avocats en politique ! On travaille, comme élu, une pâte humaine (dont on fait soi-même partie) qui ne peut éviter l'erreur, et la pire des erreurs et de donner à penser qu'on y échappe constamment. On présente et l'on représente, comme élu, une population à laquelle dire qu'on fait mieux que le mieux possible est un mensonge qui, même toléré, reste un mensonge.

Bref, la politique souffre trop souvent du manque d'humilité, pire, de cette conviction que l'humilité est faiblesse. Il y a deux responsables (extérieurs à la personnalité des élus trop sûrs d'eux et de leurs actions) : l'organisation des pouvoirs publics et le laisser-faire des administrés.



Un président, un maire règnent sur un domaine, un fief, avec des collaborateurs mais sans partage du pouvoir (c'est un chef, la tête d'un exécutif et la tête commande toujours aux bras...). Il exerce un pouvoir monarchique.

Les administrés, les électeurs, les citoyens, préoccupés par leurs affaires familiales et professionnelles, laissent volontiers retomber sur les épaules de ceux qu'ils ont élus pour ça, la responsabilité de l'animation de la vie de la cité. À peine quelques uns d'entre eux s'engagent-ils dans des organisations qui, face aux pouvoirs, restent à leur place, et de partage du pouvoir mais aussi de partage des charges de travail, il n'est jamais question : ce n'est l'intérêt ni de ceux qui confisque ces pouvoirs, ni de ceux qui veulent s'en débarrasser.

La démocratie véritable est incompatible avec cette centralisation et cet abandon concomitant des responsabilités politiques. Nos institutions sont à réformer profondément sur ce point en brisant la "présidentialisation" des pouvoirs : État, région, département, agglomération, commune, mais aussi : syndicat, association, mutuelle... Nous n'avons jamais quitté, en France, la monarchie : plus, même, nous y sommes revenus et un Président de la République est plus puissant qu'un Roi bourbon. Dans le même temps, apprendre à jouer un autre rôle de citoyen que celui de contrôler, ponctuellement, par son vote, ou de critiquer, continuellement, dans sa vie quotidienne, est une mission qui devrait s'enseigner, du lycée à l'université (au plus tard, mais, sans doute, avec mesure, dès l'entrée dans la communauté des élèves).

En bref, la faute politique majeure, agaçante, irréaliste, inefficace, qui conduit à l'autosatisfaction obligée, a deux origines : l'élu et l'électeur. Elle se peut corriger par un retour à cette éducation populaire que la Vème république a progressivement détruite, mais qu'il faudrait, bien sûr, re-susciter non par, mais avec, les outils de communication de notre temps.


jeudi 21 avril 2011

Pour en finir avec la gauche et la droite

On sait parfaitement ce qu'est la droite : c'est l'univers politique où dominent les préoccupations d'argent, de profit et de maintien des privilèges des riches. On ne sait plus trop ce qu'est la gauche : c'est la non droite, en mots ; c'est le moindre mal social ; c'est un ensemble de formations politiques aux choix contradictoires, etc...

Quand la gauche n'est plus identifiable, elle se meurt.

Les insuffisances et le durcissement de la droite qui glisse, irréversiblement, vers une idéologie du repli et de du nationalisme, ne suffisent pas à la mettre en difficulté. Les menaces qui pèsent sur elle viennent d'ailleurs : la droite s'essouffle, au fur et à mesure que le capitalisme entre en contradiction et devient incapable de gérer les conséquences de sa propre activité.

Les concepts de droite et de gauche sont atteints dans leur histoire même : à droite parce que la domination de l'occident a perverti la démocratie dont l'avenir n'est plus en Europe ; à gauche, parce que l'abandon de la contestation de l'économie de marché a rendu les partis socialistes adeptes de la gestion sociale du capitalisme, ce qui la tue.

La pensée binaire, à quoi tout se ramène, depuis que l'informatique a pris le pouvoir dans l'information, permet d'user et d'abuser des vocables de droite et de gauche mais sans lever la confusion. Tout se passe comme si l'on était, un jour, baptisé de droite ou de gauche et que l'on devait porter avec soi, cette carte de visite, derrière laquelle se cache souvent une tout autre identité !



La droite fut longtemps inavouable, et l'on se contentait, dans les milieux dits alors "conservateurs" ou "modérés" (!) de dénoncer le laxisme, l'irresponsabilité et l'incompétence des partisans de "la sociale". Aujourd'hui, non seulement elle ne se cache plus mais elle est "décomplexée"... Autrement dit, elle se montre au grand jour pour ce qu'elle est : la propriétaire du pouvoir aux ordres des puissances d'argent. Plus encore, elle mène, et gagne souvent, une bataille idéologique où les électeurs croient constater qu'il peut être de leur intérêt de se ranger derrière ceux qui, par exemple, les exhortent à "travailler plus pour gagner plus". Ce slogan, en 2007, n'a pas été pour rien dans la victoire présidentielle de Nicolas Sarkozy, élu massivement (ne l'oublions pas!) avec une très forte participation électorale et un bel écart de voix entre lui et sa concurrente.

La politique sarkozienne, qui pensait pouvoir s'appuyer sur un enrichissement massif des riches pouvant facilement faire tomber, de leurs tables, des miettes appréciées des pauvres, a été brisée par ce qu'on a appelé "la crise" et qui, en fait, était l'entrée dans une mutation de civilisation dont on n'a pas mesuré toutes les conséquences. L'écologie a fait le reste : dans un espace planétaire fini, on ne peut développer ce qui n'est pas renouvelable et on doit fonder les équilibres économiques sur ce que la terre peut fournir sans être polluée, blessée, amoindrie dans sa capacité à nourrir une population bien plus nombreuse que par les siècles passés.

Nous sommes confrontés à des enjeux politiques auxquels la droite ne sait plus répondre et auxquels la gauche, tétanisée, convertie à une économie de droite, ne sait pas davantage faire face. Droite et gauche, appellations convenues, banales, historiques mais dépassées, nous ramènent, sans cesse vers un dualisme qui n'a plus de fondement intellectuel et qui ne représente plus qu'un repérage médiatique.

J'entends d'ici protester ceux pour qui la gauche a du sens ! Il fut un temps où le mot communisme était une valeur. Quoi qu'ait écrit et enseigné Alain Badiou, à juste titre, (en gros le communisme est tout autre chose que ce que le soviétisme et le parti ont défiguré), "communisme" est, actuellement, politiquement inutilisable. Il fut un temps où "socialisme" avait une signification indubitable. On débattait, au sein de la SFIO, sur le choix des moyens (révolution ou évolution ?), mais on ne contestait pas la nécessité d'échapper, un jour, à la sortie du capitalisme. Socialisme, à son tour, tend à devenir ce que fut le radicalisme : une apparence, un passé glorieux, une machine électorale encore puissante mais pas une capacité à se remettre en question dans une situation totalement nouvelle où l'occident plie sous le poids démographique de l'Asie, où les catastrophes nucléaires ou le réchauffement climatique détruisent le mythe de la croissance permanente, où le brassage des populations conduit à repenser l'immigration non comme une invasion mais une circulation incessante, où les frontières ne permettent plus de juguler les effets des bouleversements transnationaux, etc.

Gauche et droite ne veulent plus rien dire si l'on veut en finir avec les politiques de droite qui s'accommodent fort bien de l'existence d'une gauche impuissante ou corrompue (non, le plus souvent, par l'argent, mais par l'appétit de pouvoir qui permet tous les compromis et toutes les compromissions). Au lieu de perdre son temps à revitaliser une gauche qui a perdu sa substance, mieux vaut travailler à penser une politique qui soit compatible avec la survie de l'humanité tout entière vivant sous des menaces terrifiantes qui sont moins dues à la nature qu'à l'activité humaine.



Quant aux partis écologiques qui, par souci d'avoir le pouvoir d'agir, font alliance avec une gauche qui est hostile à ce qu'ils préconisent, ils courent le même risque que le PCF, le PS, le PRG, le PG et d'autres : déserter un espace mythique qu'on avait appelé la gauche, qui ne tient plus dans les limites où il était situé, et qu'il faudra non seulement rebaptiser mais "dénationaliser". Il est urgent d'élargir la politique à ce que les Révolutionnaires de 1789 définissait comme l'universel, mais un universel permettant de convertir le monde à leurs idéaux, fut-ce par la force (en sommes-nous vraiment sortis ?)

samedi 16 avril 2011

Faire la guerre aux idées politiques.

Va-t-il nous falloir choisir entre Hulot et De Villepin ? Voilà des hommes qui avancent leur candidatures en commençant par offrir des éléments de projets qui sortent des sentiers battus. Enfin...

Cela ne plait pas aux commentateurs politiques pour qui on doit se poser quelque part sur "l'échiquier politique" pour y jouer son rôle de pion, de fou, de cavalier, ou dame, mais rester hors de l'échiquier et prétendre proposer des idées est politiquement incorrect !


Jeu cruel : rester dans la lice pour s'y battre, à mort.

On fera donc tout pour faire rentrer ces hurluberlus dans l'échiquier, pour les caser, à droite, au centre, à gauche, n'importe où mais, de grâce, dans le jeu...

Jean-Marie Colombani règle le sort de Nicolas Hulot : il est à l'extrême gauche ! Les politologues de "C'est dans l'air" prétendent connaître le véritable ressort de l'activisme de Dominique De Villepin : le prochain procès Clearstream...

Que Hulot dise que le "système" (comprendre le capitalisme financier) est intenable, que la croissance permanente est intenable, que l'énergie nucléaire est intenable, et le voilà quasi trotskyste...


On les tournera en ridicule. Ici : Nicolas Hulotte

Que De Villepin place, au centre de son projet politique, un revenu citoyen minimum de 8500 euros, et le voilà devenu un aventurier-poète qui cherche, surtout, à faire parler de lui !

Tout peut se dire, en politique, à condition de puiser dans le "déjà pensé". Tout personnage politique doit entrer dans la lice et n'en plus sortir, sinon, c'est un traître. Qui ne veut pas entrer dans "l'espace circonscrit par une clôture, réservé aux exercices ou aux compétitions" (dictionnaire Le Robert), est un tricheur. Qui s'écarte du champ clos doit être dénoncé.

On traite bien Jean-Luc Mélenchon de "gugusse" ! On l'a déjà associé à Marine Le Pen, comme "populiste" !


Plantu, cette fois, -c'est rare-, s'est...planté !

Je sais gré à Hulot, de Villepin (et, à un degré moindre, à Mélenchon), de tenter de sortir de la zone contrôlée par les partis et surtout de tenir un discours différent. Ils seront pilonnés. Les Verts auront du mal à supporter de ne pas pouvoir faire entrer leur candidat dans le seul domaine dont ils ont la maîtrise. Les droites -car il y en a plusieurs- pardonneront mal à un néo-gaulliste d'avancer des propositions sociales qui dérangeraient leur univers économique. Ces trouble-fête ne seront pas, eux, à la fête ! On fera tout pour les "tuer", politiquement parlant, ce qui n'est guère moins douloureux que de recevoir une balle dans la tête ou d'être "accroché à un croc de boucher".





samedi 9 avril 2011

Ne nous reste-t-il que la désobéissance civile ?


Le 27 février 1997, lors d'une interview, Jacques Sémelin, qui vient de publier Résistance civile et totalitarisme, avait posé quelques repères permettant de circuler entre des concepts qui deviennent aujourd'hui, opératoires. (Résistance Civile et Totalitarisme, André Versaille, Bruxelles, 2011, (ISBN 978-2-8749-5127-5)


- L'Express
: Quelle différence entre désobéissance civique et désobéissance civile?
- Jacques Semelin : Remarquons d'abord que cette question fait irruption dans le vocabulaire politique français, et que ce n'est pas anodin. Pour ma part, j'introduis une distinction entre les deux concepts. La désobéissance civique renvoie à la seule citoyenneté. C'est un appel de citoyens qui s'adressent à d'autres citoyens pour refuser telle ou telle loi qu'ils considèrent comme injuste. La désobéissance civile ajoute au civisme la notion de civilité: il s'agit bien de désobéir collectivement, mais dans le respect d'autrui. L'aspect pacifique, non violent, qui est alors en jeu exclut donc les formes de désobéissance à la loi qui portent atteinte à l'autre. Comme le font, par exemple, les commandos anti-IVG aux Etats-Unis et même en France. Le principe du combat non violent est essentiel chez les précurseurs de cette pratique, y compris dans les démocraties. Je pense notamment à la figure emblématique de Martin Luther King.

- En général, une telle démarche s'exerce contre un pouvoir totalitaire. Dans quelles conditions se justifie-t-elle en démocratie?
- Tout dépend très précisément de la définition que l'on donne de la démocratie. Si l'on considère que c'est un système reposant exclusivement sur le vote majoritaire de la loi, laquelle s'applique à tous, alors, la désobéissance civile semble illégitime. Si la démocratie est prise en un sens plus large englobant d'autres critères, comme les droits de l'homme et la protection des minorités, elle autorise la désobéissance civile pour peu que la loi paraisse injuste au regard de ces critères. Les signataires des pétitions ont plus ou moins consciemment choisi cette seconde définition.

- N'est-ce pas là un symptôme supplémentaire de l'évolution de la société française vers un certain communautarisme?
- Difficile de faire un diagnostic sur une situation quand on a le nez dedans! Peut-être y a-t-il en effet un glissement de notre république vers une démocratie à l'anglo-saxonne - la désobéissance civile est d'ailleurs née avec Henry David Thoreau, au xixe siècle, aux Etats-Unis. Ce qui est certain, en tout cas, c'est que cela traduit toujours une crise importante de légitimité entre les institutions et une partie de l'opinion. En outre, un mouvement de ce genre suppose toujours, là encore, une affirmation identitaire de ceux qui se dressent.

Extrait de : http://www.lexpress.fr/informations/la-desobeissance-civique-est-elle-legitime_621117.html

Jacques Sémelin

Jacques Sémelin, qui devient aveugle actuellement, est un écrivain de la non-violence qui travaille, depuis longtemps, sur l'efficacité de ceux qui sont sans armes mais qui possèdent la force, unie, de leurs certitudes. Ce qu'il vit en sa chair ne fait que le conforter dans cette conviction que, par la seule force de la pensée et de son expression publique inépuisable, il est possible d'affronter la brutalité des totalitarismes. Se penser impuissant face à l'injustice est, pour lui, déjà donner la victoire au tyran.

Ses travaux rencontrent, aujourd'hui, une situation internationale où, des hommes et des femmes, aux mains nues, ont affronté et vaincu des pouvoirs violents. L'affrontement de la non-violence et de la violence ne se limite pas à l'opposition entre la lutte de rebelles sans violence et la répression des polices ou des armées, dotées de lourds et efficaces matériels, pouvant donner la mort ! Il n'y aurait, sinon, d'autre issue possible aux conflits que l'écrasement des révoltés, dans le sang !

Cette pensée d'actualité nous est précieuse au moment où se posent d'inattendues questions ! La France est-elle encore une démocratie ? Est-elle entrée dans un néo-totalitarisme ? Quelle est la nature de cette forme bien particulière de domination du pays par une oligarchie solidement implantée dans des appareils médiatiques ?

Mais, à l'extérieur de notre pays, que signifie l'intervention militaire de la France en trois lieux à la fois : l'Afghanistan, la Lybie et la Cote d'Ivoire ? (Sans compter sa participation à des forces internationales qui, sous couvert de l'ONU, continuent d'occuper des États fragiles, comme au Kosovo, par exemple...). Cette attitude de puissance n'est le fait que de quelques États, hier dominants au long de l'histoire (depuis les "Grandes découvertes" jusqu'à la colonisation massive en passant par l'esclavage transatlantique) et qui demeurent, au sein du Conseil de sécurité, détenteurs d'une place et d'un rôle qui en font encore, - on se demande pourquoi -, des gendarmes du monde.


Le dictateur n'est pas qu'un clown : c'est celui qui se veut ou se croit maître du monde.

On notera qu'est fort sélectif l'argument de la protection des populations asservies ou gravement menacées qui autorise à des frappes militaires importantes ! Face à des situations effroyables en Syrie, actuellement, en Arabie saoudite, nid de l'islamisme violent, au Yémen, à Barhein, on ne bronche pas. Pire, en même temps qu'on geint sur le sort des habitants de Benghazi, on repousse 20 000 Tunisiens débarqués en Italie et voulant s'établir en Europe, tandis que la Tunisie reçoit 250 000 Lybiens qui fuient leur pays soumis à la furie d'un dictateur en perdition.

Que ce soit dans les limites strictes de l'État français ou au niveau de l'Afrique noire ou blanche, (là où se jouent des intérêts économiques colossaux), le gouvernement met en œuvre des politiques brutales, plus ou moins habilement motivées, et qui révèlent une conception très "occidentale" de l'étranger, immigré ou non. Et, bien sûr, au nom de Droits de l'homme...

Le Parlement ne débat pas ou s'aligne. L'opinion est médusée, ne sachant que penser. Ne nous resterait-il que la désobéissance civile ? L'émergence du concept en dit long sur l'exaspération des plus lucides des citoyens. Et bien, puisqu'il en est ainsi, que s'assemblent les refusants ! Nous ne saurions attendre des échéances électorales (du reste incertaines par ces temps de manipulations de l'opinion), pour affirmer notre volonté de désobéissance à un ordre semeur de désordre, à une autorité sans fondement, à un pouvoir sans soutien populaire et à une conception des relations entre les hommes essentiellement fondée sur la violence d'État ? Nous voici engagés dans la voie de l'Homme révolté et il ne nous reste que l'urgence de secouer La servitude volontaire.



Je reviendrai sur cette nécessité d'entrer dans la désobéissance (et d'y rester!), car il ne s'agit pas d'une attitude systématique ou opportuniste, il ne s'agit pas de désobéir par dépit ou antipathie, il ne s'agit même pas de désobéir constamment, il s'agit d'être un vigile démocratique qui ne supporte pas l'insupportable et ne ne soumet pas avant d'être convaincu de la nécessité de faire ou de laisser faire. L'impératif de la désobéissance, comme le souligne Jean-Marie Muller, est une conséquence de l'obéissance "conditionnelle" qu'on retrouve dans les écrits de John Locke dès le XVIIème siècle.

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