dimanche 8 mai 2011

Opération Géronimo ou le triomphe de l'apache !

Geronimo, né le 16 juin 1829 et mort le 17 février 1909, appelé à sa naissance Go Khla Yeh (celui qui baille), était un guerrier apache qui a combattu le Mexique et les États-Unis.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Geronimo

Prendre comme nom de code Géronimo n'est pas du tout anodin. Certains penseront sans doute qu'il s'agit d'une véritable provocation. Pourquoi se référer à une des époques les plus sanglantes de l'histoire américaine ?

Le sang du génocide indien restera une tache indélébile sur la bannière étoilée. L'emploi de cette figure du passé serait-il un avertissement au monde entier ?

D'un côté, les adeptes de l'axe du bien aux côtés des Etats-Unis ; de l'autre, ceux refusant la suprématie étasunienne considérés comme des « ennemis de la liberté ». La question de cette sommation – subliminale ou intentionnelle ? – peut se poser. Surtout que pour abattre l'icône la plus médiatique de l'axe du mal, on exploite le symbole d'une communauté confinée dans des réserves. Réduite à néant.

Georges W. Bush, comme aujourd'hui Claude Guéant sur l'intervention en Libye, n'hésitait pas à évoquer la croisade contre le terrorisme. Peut-être pas le terme adéquat au pays des cow-boys. La planète est-elle devenue un Far West ? Et une partie de sa population envisagée comme de nouveaux Peaux-Rouges à mater ? Des Indiens avec pétrole ?

Qui a volé le crâne et deux os de Geronimo ?

D'après certains, dont Harlyn Geronimo, l'arrière petit-fils du chef indien qui réclame justice, la tombe de Geronimo aurait été profanée vers 1918. Un groupe nommé « Skull and bones » conserverait encore le crâne, deux os, et des effets ayant appartenu au grand chef indien. L'un des profanateurs serait Prescott Bush, grand-père de l'ex-président Georges W. Bush.

Géronimo (1829-1909)

Légende ou réalité autour de la sépulture de Geronimo ? Difficile de répondre avec certitude. Une histoire très confuse, comme celle d'un terroriste accusé de milliers de morts jeté dans les profondeurs de la mer… et de l'histoire mondiale.

http://www.rue89.com/mouloud-akkouche/2011/05/06/ben-laden-en-geronimo-le-monde-comme-le-far-west-202372

Pourquoi avoir donné le nom d’un héros indien, Geronimo, à u ne opération militaire contre Ben Laden ?

Qui est l'apache, l'ennemi du peuple américain ? Ben Laden ou ceux qui usent de l'arme Tomahwak ? Géronimo est-il le modèle militaire ou celui dans lequel Ben Laden, l'introuvable, se serait réincarné ? Ambiguïté !

Les citoyens des USA s'interrogent. Ils se tournent vers leur passé. Leurs ancêtres, qui ont procédé au génocide indien et n'ont pu venir à bout de Géronimo, leur ont-ils légué une histoire douloureuse dont le pays n'a su se débarrasser ? Non, les Américains n'en ont pas fini avec les Indiens...

L'histoire de l'humanité est, tout entière, revisitée dans et par cet épisode, l'exécution de Ben Laden, effectuée sans tenir compte du pays où l'acte se passe, quand la "justice" n'est pas faite, mais où c'est, bel et bien, la guerre qui est faite sans grand souci du droit. C'est, depuis toujours, le plus fort qui a le droit pour lui ! Voilà qui interpelle toute civilisation quand un homme cesse d'être traité en homme par qu'il est un ennemi "mortel".

Ben Laden, cessera, progressivement, hélas, d'être ce qu'il fut, un assassin armant le bras d'assassins, pour devenir le symbole de la lutte contre un occident qui meurtrit depuis des siècles des peuples entiers et entend toujours dominer toute la planète. La maladresse et le non-dit qui ont envahi le cerveau de ceux qui ont donné le nom de Géronimo à une opération de commando laisseront des traces.

Antoine Garapon se refuse à parler d’exécution extrajudiciaire, «qui est l’exécution arbitraire d’un opposant par une police politique». Il préfère évoquer un «acte de guerre qui pose un problème de souveraineté». Lourde, en effet, est la situation du Pakistan menacé d'irresponsabilité ou de complicité, mais la violation de la souveraineté de ce pays n'est pas la seule critique qui puisse être adressée aux USA ! "L'acte de guerre", dans les conditions actuellement connues, aura été l'élimination, sans état d'âme, d'un ennemi. Reste à prouver que l'ennemi n'était pas "récupérable", afin d'être jugé, mais le seul fait que nous ne le saurons jamais plaide pour une volonté politique de se débarrasser et de Ben Laden et de son image de gourou capable de tenir tête à la plus grande puissance du monde.




vendredi 6 mai 2011

Le développement durable : une inepsie pour un écologiste !



Avancer lentement, et sûrement, sans nuire, vers un objectif qu'on atteindra, tôt ou tard. Tel est le symbole de l'escargot pour les objecteurs de croissance.

Les objecteurs de croissance belges débattent et mettent les choses au point (extraits) :

Nous souhaitons attirer l'attention sur le caractère mensonger et irréaliste du « développement durable ». Il nous est reproché d’indexer le « concept » de développement durable sur celui de croissance. Permettez-nous de rappeler certains passages déterminants du rapport Brundtland de 1987 qui définit la notion de « développement durable » de manière très officielle. On peut lire, en son Chapitre 1, partie II « De nouvelles approches de l’environnement et du développement », la phrase suivante :

« … Le développement durable, c’est s’efforcer de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité de satisfaire ceux des générations futures. Il ne s’agit en aucun cas de mettre fin à la croissance économique, au contraire. Inhérente à cette notion est la conviction que nous ne pourrons jamais résoudre les problèmes de pauvreté et de sous-développement si nous n’entrons pas dans une nouvelle période de croissance dans le cadre de laquelle les pays en développement auront une large part et pourront en tirer de larges avantages.

La croissance économique s’accompagne toujours d’un danger pour l’environnement, puisqu’elle exerce des pressions sur les ressources. Mais les décideurs fidèles au principe du développement durable feront en sorte que les économies en développement respectent leurs bases écologiques et que ces dernières soient protégées, de manière à alimenter la croissance à longue échéance. … »

Nous tenions à souligner cet élément central de la définition officielle du « concept » de développement durable : dès son origine, le développement durable est lié à l’idéologie de la croissance économique infinie. L’usage des mots est important en politique. Il nous semble dès lors déterminant de ne pas faire dire à un « concept » ce qu’il ne signifie pas. Le développement durable est indissociable de la croissance économique, laquelle est incompatible avec la préservation de l’environnement comme le rappelle, après d’autres, Tim Jackson. Le développement durable est parfaitement compatible avec la destruction de la Terre, l’aliénation sociale et la misère humaine, la preuve la plus criante en étant que les politiques réelles et observables de développement durable ne s’opposent pas à cette triple dévastation qui est en cours.

Selon nous, il faut changer de paradigme, ce qui suppose également de reconnaître le caractère frauduleux du « développement durable » lequel, comme on peut l’observer aujourd’hui, prétend parfois remettre en cause l’hégémonie de l’économie de croissance alors qu’il en organise la relance selon le même rapport Bruntland. L’école de Palo Alto a distingué deux formes de changement des systèmes : le changement dit « de type I » qui consiste à opérer des ajustements internes sans changer la nature du système, le changement « de type II » qui vise à changer la nature même du système. Pour reprendre les termes de cette distinction, nous situons notre action dans le second type de changement, le seul selon nous qui permette d’envisager une stratégie apte à rencontrer les défis de notre temps.

http://www.objecteursdecroissance.be/spip.php?article193


lundi 2 mai 2011

Ben Laden révélateur de notre inhumanité

Ce 2 mai 2011, les médias se sont déchainés : le monstre, le diable, le Terroriste est mort. Un commando américain a eu sa peau. Il n'est plus. Une balle dans la tête a suffi, nous dit-on. On ne vérifiera pas : son corps, transporté sur un porte avion, a été mis à la mer.

C'est à qui se réjouira le plus ! Je pardonne à ceux dont un proche est mort à New-York ou ailleurs. Je comprends les sentiments de répulsion de ceux qui ont constaté l'horreur des attentats. Je ne m'explique pas le déferlement de propos bien pensants qui sont ceux des professionnels de la parole lesquels ne prennent aucun recul pour approuver une exécution.

Cette affaire pue le mensonge ! Ben Laden ne méritait aucune compassion, certes, mais il aura été traité, y compris après sa mort, comme une bête, avec indignité. Nous sommes obligés de "croire" ce qui nous est dit des conditions de sa mort, de la découverte de son repaire, de la connivence (ou non) des autorités pakistanaises, du transport de son corps, de la cérémonie ayant précédé l'immersion, des raisons de la non remise de la dépouille à la famille (j'ose l'évoquer, oui !), de l'absence de contact avec les autorités religieuses musulmanes, des morts qui ont entouré celle de Ben Laden lors de l'affrontement final, bref la vérité ne nous sera révélée que partiellement, selon les besoins de la propagande politique made in USA, relayée abondamment dans tout l'occident.

Nul ne se pose la question la plus simple, la plus fondée en humanité : comment faire pour que Ben Laden ne soit pas traité comme il a fait traiter tant de victimes des attentats qu'il a commandités. À son inhumanité, quelle humanité a-t-on opposée ? La violence a répondu à la violence, c'est un fait, mais joie, triomphe, victoire sont des mots inappropriés pour parler d'une opération où il s'est agi, comme l'a dit crument, François Fillon, "d'éliminer" l'ennemi public numéro un.

Les réjouissances autour de la mise à mort d'un assassin, exécuté avant même d'avoir pu être jugé, me révulsent parce qu'elles me plongent dans une réalité odieuse à laquelle rien ne me permet d'échapper : donc, "c'est ainsi que les hommes vivent", et tuer reste un acte banal ou nécessaire, comme depuis l'apparition de l'homme sur Terre. Ce constat que je voudrais ne pas avoir à faire me porte au bord du désespoir. Il n'y a ni pitié, ni logique, ni avenir dans ces millions de cris de plaisir proférés par ceux qui sont soulagés par la fin (croient-ils) de l'hydre de la Terreur.



Les bavardages abjects des journalistes chargés de nous inonder de commentaires dont ne pourra plus se débarrasser notre inconscient m'emplissent de honte et de colère. Pendant ce temps, le cadavre de Jean-Paul II est rentré dans sa crypte et ses zélateurs ont repris leur train. Pendant ce temps, une autre terreur, celle de Fukushima s'apaise mais toujours pas l'ardeur des foyers générateurs de radioactivité. Pendant ce temps, Khadafi porte encore la terreur autour et loin de lui ; il la subit aussi, jour après jour, ainsi que ses proches. Pendant ce temps, la soldatesque syrienne sème la terreur et massacre qui ne se soumet.

Le terrorisme est la chose du monde la mieux partagée. "Ça va", chantait Brel, au nom du diable... Et moi, qui persiste à penser que la non-violence active est seule à même de donner un peu de dignité à notre espèce, me voilà, de nouveau, à la recherche de ce qui rend l'homme humain, même en face d'un fanatique impitoyable...

Céder, se soumettre, s'incliner, devant la domination de l'inhumanité des États, comme des individus, serait mourir. Sans utopie, il n'est d'autre voie que le suicide. Je n'ai pas encore renoncé à vivre.

samedi 30 avril 2011

Béatitude

Le mariage princier d'un possible futur roi avec une belle anglaise et la béatification d'un pape populaire, décédé il y a quelques années, plongent les béats dans la béatitude.

Deux milliards de téléspectateurs, nous dit-on, se sont attardés à admirer les images d'un conte de fée, à peine moderne.



Le 1er mai 2011, ce ne sont pas des cortèges de travailleurs qu'on va parler mais des processions de prêtres et de croyants qui iront, après la cérémonie de béatification, s'incliner devant le cercueil d'un faiseur de miracle (la guérison d'une religieuse, atteinte de la maladie de Parkinson...).

Tout cela est plus que navrant. La monarchie et la religion, en l'occurrence, sont bien "l'opium du peuple".

Puissent ces jeunes gens s'aimer, se respecter et ne pas se tromper l'un l'autre, au grand dam des monarchistes et de la famille royale. On a déjà connu ça ! La mise en spectacle d'un grand mariage s'est souvent produite. L'amour est chose privée et le tendre baiser donné devant des foules de spectateurs ne prouve rien.

Laissons reposer ce pape à forte personnalité, sans ressortir ses reliques et sans inventer "le" miracle nécessaire à sa béatification.



Le premier ministre de la France ira participer à la cérémonie romaine. Je ne me reconnais guère dans ce dirigeant mettant en œuvre une politique désastreuse, mais je ne lui refuse pas d'être à la place qu'il occupe. Alors que va-t-il faire au nom de l'État, dans cette cérémonie religieuse ? Que les catholiques français se retrouvent pour honorer la mémoire d'un Pape, passe. Encore qu'on puisse être, selon moi, catholique sans sombrer dans ce culte de la personnalité. Béatification et canonisation sont parfaitement inutiles à la foi et plus encore les miracles ! Mais François Fillon ne saurait, en aucun cas, représenter, à Saint Pierre de Rome, l'État français, laïque, et donc tous les Français, quelles que soient leurs convictions !

Mais plus grave est, sans doute, l'aliénation de centaines de millions d'hommes qu'on manipule et qu'on décervelle en leur offrant, à la télé, des distractions impressionnantes, alors qu'ils ont des soucis et des souffrances à gérer autrement que par des consolations médiatiques !


mercredi 27 avril 2011

Au-delà de toute lassitude...

Je ne plie pas et n'abandonne rien, mais je suis las devant l'inhumanité de l'humanité ! Je n'arrive pas à désespérer d'un monde désespérant, mais je fatigue...



1911 est une année terrible. Je sais : l'histoire a accouché de bien pires... Mais enfin, à y regarder de très près, depuis la France, en ce printemps hâtif, on ne voit guère apparaitre de nouvelles pousses d'espoir. Au contraire, s'enfoncent dans le sol de la planète, de nouveaux germes meurtriers, certains inarrachables et qui rendent notre sol, ici ou là, impropre à la vie.

Hiroshima n'a rien enlevé aux certitudes des sachants qui attendent, sans doute, pour revisiter leurs certitudes, que, dans six mois, six ans, soixante ans, telle ou telle centrale nucléaire française, soit incontrôlable et contamine l'Europe tout entière !

Ne parlons pas du principe de précaution! S'il s'agit encore de ne pas entreprendre ce qui risque de nuire gravement à l'espèce humaine, c'est raté. Le mal est fait.


Première les de toutes les précautions : éviter de perdre de l'argent.

Tchernobyl continue de nuire et, si l'on recommence à en parler, alors qu'on avait presque réussi à l'enfouir sous un sarcophage d'oubli bien plus solide que le sarcophage matériel qui se perce et se troue, c'est parce que le Japon est sous la menace de l'effondrement économique, et qu'il faut bien se résoudre à admettre que Fukushima laissera des plaies inguérissables dans toute l'Asie.

Deux attitudes m'emplissent d'un abattement auquel je ne sais comment résister : l'obstiné refus de la réalité et l'inculture de ceux qui se retrouvent les maîtres de nos destinées !

La presse continue son petit travail de lavage de cerveaux et fait méthodiquement douter de l'évidence : l'énergie nucléaire est un cancer qu'il nous faut au plus vite arracher des entrailles de l'industrie humaine. Le refus de cette réalité cruelle fait d'ailleurs bon ménage avec la faim de profit.

Le reste est grossièretés et illusions, jeux stupides et mise en images. Deux milliards de gogos vont s'ébaudir devant les télévisions nous noyant sous les retransmissions d'un mariage princier, en 2011 !

Les puissants, dans leurs palais ou leurs bureaux somptueux, jouissent de leur pouvoir de vie et de mort sur autrui. Ils n'ont rien lu ou ont tout oublié de ce qui mettait en question leurs avantages. Ils n'ont pas la capacité de prendre les décisions qui s'imposent parce qu'ils sont hors de toute politique, car il leur faut perdurer dans leur domination, coûte que coûte !

Et voilà où nous attend la détresse : rien ne peut changer sans violence, non pas la violence donnée pour s'arracher aux tyrans, non, la violence librement subie pour que ces tyrans cèdent sous le poids de la volonté populaire. Le "printemps arabe" est rouge. En Syrie, au Yémen, à Barhein, et même en Tunisie et en Égypte, c'est par la mort que passe la liberté. Ne parlons pas de la Lybie, où un tout autre chemin est parcouru, celui de la révolte les mains armées, mais il ne conduit que vers ce que l'occident sait faire : dominer par le feu en invoquant les droits de l'Homme.

Il faut, hélas, établir un lien entre le Japon et le Machrek : c'est dans les plus dures épreuves que l'homme est contraint de construire ou reconstruire son avenir. Une différence pourtant : le désert lybien sera bientôt plus fréquentable que le désert japonais et l'est déjà davantage que le désert ukrainien. Mais plus : les non-encore nés sont d'ores et déjà menacés par nos œuvres funestes.

Je relisais quelques pages de La supplication, Tchernobyl, chronique du monde après l'apocalypse. L'horreur décrite y est telle qu'il y a de quoi sauter des pages et se cacher, vite, derrière une amnésie volontaire. Mais l'auteure, Svetlana Alexievitch, n'est pas Cassandre et sa ralation de la catastrophe n'est pas catastrophiste ! En avril 1996, elle écrivait, simplement, que "la destruction de l'Abri (nom de code du 4ème réacteur, contenant en son ventre gainé de plomb et de béton, son sarcophage fendu, vingt tonnes encore de combustible nucléaire) aurait des conséquences encore plus horribles que celles de 1986". Ce n'est que réalisme et, quoi qu'en disent Sarkozy et ses affidés nucléaristes, saurions-nous gérer 99% des risques que les centrales européennes nous font courir, le 1% restant peut être fatal à toute l'Union, demain ou dans cent ans, ce qui au regard de l'histoire, revient au même...



Voilà pourquoi l'arrière grand-père que je suis est, lui aussi, dans la lassitude et la supplication ! Nous ne pouvons laisser ce monde-là à nos successeurs. C'est un crime contre l'humanité ! Si nous ne tournons la page, la page du productivisme insensé et, finalement infécond, nous allons ruiner la Terre entière en toute bonne conscience.

mardi 26 avril 2011

Explosion nucléaire à gauche ?

Nous voici le 26 avril, anniversaire de Tchernobyl, dont nous apprenons, jour après jour, -la catastrophe de Fukushima y aidant,- qu'il s'agit d'un drame toujours actif et dont on est loin d'avoir mesuré les effets et les conséquences.


Non, il n'y a aucun doute : le nucléaire est un mauvais choix !

De cela la "vraie gauche" se moque bien, qu'elle se présente comme un Front ou se couvre du beau manteau de "l'anticapitalisme". Elle a mieux à faire : compter ses élus ! Et, pendant ce temps, la FASE se tâte... Entrer dans le Front de gauche ou mourir...?

Pauvre pensée qui ne peut s'inscrire que dans des institutions où l'on ait quelque chance d'avoir des élus. C'est d'ailleurs la meilleure explication du choix du PCF, dont le nouveau leader, Pierre Laurent, a déjà adoubé Jean-Luc Mélenchon pour la Présidentielle, en échange de 80 % de candidats PCF aux législatives ?



Ni glasnost, ni perestroïka au PCF, (Gorbatchev est bien mort, politiquement, du moins en France), juste une petite place au Parlement, avec, si possible, un ou deux ministres, par-ci, par-là, en cas de sage comportement au second tour de l'élection présidentielle et de victoire de... "la gauche", cet OVNI de moins en moins identifiable.

Le texte du Front de Gauche du 31 mars 2011 est, certes, d'un très convenable contenu. Il ne dit rien, pourtant, de l'écologie, ou si peu, et rien du tout du nucléaire.

http://gauche-unitaire.fr/2011/04/01/texte-d%E2%80%99accord-du-front-de-gauche-pour-les-presidentielles-et-legislatives/


La cause est entendue. Il n'y a rien à voir, ni à faire, parmi ces défenseurs d'une société dépassée, objectivement plus proches d'Henri Proglio et d'EDF que des écologistes en tous genres. Tel est, en tout cas, mon sentiment, et ce jour est bien choisi pour écrire que je ne m'associerai à aucune proposition politique qui n'inclurait pas "sortir du nucléaire en commençant tout de suite".

Oui, Fukushima est passé par là et j'ai quelque honte d'avoir dû attendre pareille catastrophe pour me retrouver dans ce qui fut mon choix initial, dès Plogoff, (mais on ne me refera pas, comme au temps de François Mitterrand, le coup d'une Union de la Gauche sans suite et sans âme).



Le Parti de Gauche, Martine Billard aidant, ayant mieux pris la dimension de l'écologie politique que son associé PCF, présente un visage plus souriant, mais demeure posée une question essentielle : quelle peut être, dans la durée, la sincérité de ces choix écologiques ? On reçoit très volontiers son constat : "Alors que partout dans le monde, on s'apprête à célébrer le triste anniversaire des 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl, le Parti de Gauche pose la question : combien de tragédies faudra-t-il avant de prendre la décision de planifier la sortie du nucléaire au lieu de prévoir son extension au mépris de toute sécurité ?" Pourtant, que restera-t-il de cette affirmation quand viendra le temps de la négociation avec des partenaires qui, toutes précautions oratoires prises, n'abandonnent pas leurs options pronucléaires, ou sont incapables de décider de sortir du nucléaire au plus tôt, que ce soit au sein du Front de Gauche, ou dans une alliance électorale, afin d'obtenir des sièges du PS, à l'approche des législatives ?


La FASE offrait, (offre-t-elle encore ?) une opportunité (la multi-appartenance), le lieu d'un débat : (entre partenaires qui ne dialoguent pas constamment entre eux), la liberté de pensée (sans s'interdire de décider) et le rapprochement entre écologie, démocratie et luttes sociales (point essentiel qui soude écologie et anticapitalisme). Qu'en est-il, à présent ? Si, fin avril, prévaut l'entrée de la FASE dans le Front de gauche, j'adopterai la position suivante :

AVEC le Front de Gauche (et d'autres), OUI,

DANS le Front de Gauche, NON.

Toute entrée de la FASE dans le Front de Gauche entraînera, évidemment, mon départ.

samedi 23 avril 2011

Annus mirabilis et annus horribilis ?



L'incendie de Londres (1666)

La peste ou l'incendie ?

Annus Mirabilis, "l'année du miracle", est un poème de John Dryden qui traite du grand incendie de Londres qui ravagea la ville, du 2 au 7 septembre 1666, alors que sévissait une épidémie de peste. Le miracle, selon Dryden, était que les deux désastres, la peste et de l'incendie, avaient été surmontés, que Dieu avait choisi de sauver l'Angleterre de la destruction et que cela tenait du miracle. http://fr.wikipedia.org/wiki/Annus_Mirabilis_%28po%C3%A8me%29 et http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Dryden

Annus Horribilis nous vient aussi d'Angleterre. C'est l'expression par laquelle fut qualifiée l'année 1992, par la reine Élisabeth II, à l'occasion du 40e anniversaire de son accession au trône, le 24 novembre 1992. Cette expression est un jeu de mots qui fait explicitement référence à Annus Mirabilis et qui est lié aux problèmes familiaux que connut la famille royale au cours de cette année, ainsi qu'à la crise du financement de la reconstruction du château de Windsor, qui brûla, le 20 novembre 1992, entraînant de graves pertes d'œuvres d'art. http://fr.wikipedia.org/wiki/Annus_horribilis.

Sale temps pour la démocratie ?

Le 24 décembre 2005, au terme, donc, de l'année 2005, David M. Shribman la décrivait comme l'une des Annus Miserabilis, dans un article historique et politique, rappelant "de terribles années pour les présidents" et "un défilé d'horreurs pour les USA! http//www.realclearpolitics.com/Commentary/com-12_24_05_DMS.html.

L'année 2011 va-t-elle cumuler l'exceptionnel et l'horrible, l'Annus Mirabilis et l'Annus Horribilis, à quoi s'ajouterait le misérable : une Annus Miserabilis ?

Exceptionnelle, 2011 l'aura été par le surgissement (inachevé) du "printemps arabe". Horrible aussi, par la catastrophe de Fukushima. Misérable, enfin, aux deux sens du mot misérable : l'année 2011 a déjà produit de la misère et de l'indignité !

Nous n'avons pas encore atteint la moitié de l'année, mais la misère et la honte perdurent et nous n'en avons pas fini. Une autre année vient de s'ouvrir, au creux de l'année civile : l'année électorale. Le 22 avril 2012 nous devrions, en France, désigner le Président de-tous-les-Français, comme disait Jacques Chirac ! Une longue, pénible, inutile (au regard des enjeux planétaires), ravageuse campagne électorale va accaparer les talents et les budgets, faisant accroire qu'on vit une intense politique alors qu'il ne s'agira que d'une furieuse, haineuse et ridicule guerre picrocholine.

Rabelais, reviens, ils sont devenus fous...

Comment faire la politique sans faire de la politique ? Comment s'intéresser aux moyens de lutter contre ce qui broie les hommes sans voler à la rescousse d'une personnalité qui étale, sur les médias, son immense appétit de pouvoir ? Comment se donner du pouvoir sur sa vie, sans donner "le" pouvoir à qui entend se substituer aux citoyens dans une logique de représentation de plus en plus accaparante ? Comment dépasser les jeux et enjeux médiocres des candidats à une fonction qui, en France, couvre et anéantit toutes les autres ?

Miraculeuse, mirabilis, 2011-2012 ne le sera pas et Dieu ne sauvera pas la Terre de la destruction, comme le pourrait croire un moderne poète, pour l'unique et simple raison que Dieu, s'il est, ne fera pas le bonheur des hommes à leur place.

Horrible, horribilis, 2011-2012 ne le sera pas, si s'ajoutent aux malheurs qui submergent les peuples, la quête de l'égalité et la volonté de liberté dans un esprit de fraternité, bref si rejaillit l'utopie.

Misérable, miserabilis enfin, 2011-2012 ne le sera pas, si nous, en France, ne sombrons pas dans des querelles subalternes, au lieu de nous en prendre aux causes de nos souffrances, et de celles de nos compagnons en humanité, habitant, avec nous, une Terre à protéger et à partager.


Horribilis...


vendredi 22 avril 2011

La faute politique majeure

Du sommet de l'État (mais l'État a-il un sommet... ?) jusqu'à la plus modeste des communes (mais toute commune n'est-elle pas grande par sa fonction de collectivité...?) les responsables politiques sont hantés par la crainte de déplaire. Il s'ensuit qu'il commettent, sans cesse, la double erreur dont leur gestion reste très souvent marquée : tout savoir et tout embellir.



Impossible pour un président ou un maire de dire : "là, je ne sais pas" ou "sur ce point, nous avons échoué". Les électeurs-citoyens ne sont pas dupes mais ils sont aussi complices ! Ils flattent leurs élus en leur laissant accroire qu'ils leur reconnaissent ce pouvoir total qui n'existe pas !

Laisser entendre qu'on domine constamment les situations et défendre son bilan sans jamais en reconnaître les faiblesses contient un ferment destructeur du lien social et de la citoyenneté elle-même. La démocratie n'est pas l'exercice du pouvoir des professeurs et des avocats en politique ! On travaille, comme élu, une pâte humaine (dont on fait soi-même partie) qui ne peut éviter l'erreur, et la pire des erreurs et de donner à penser qu'on y échappe constamment. On présente et l'on représente, comme élu, une population à laquelle dire qu'on fait mieux que le mieux possible est un mensonge qui, même toléré, reste un mensonge.

Bref, la politique souffre trop souvent du manque d'humilité, pire, de cette conviction que l'humilité est faiblesse. Il y a deux responsables (extérieurs à la personnalité des élus trop sûrs d'eux et de leurs actions) : l'organisation des pouvoirs publics et le laisser-faire des administrés.



Un président, un maire règnent sur un domaine, un fief, avec des collaborateurs mais sans partage du pouvoir (c'est un chef, la tête d'un exécutif et la tête commande toujours aux bras...). Il exerce un pouvoir monarchique.

Les administrés, les électeurs, les citoyens, préoccupés par leurs affaires familiales et professionnelles, laissent volontiers retomber sur les épaules de ceux qu'ils ont élus pour ça, la responsabilité de l'animation de la vie de la cité. À peine quelques uns d'entre eux s'engagent-ils dans des organisations qui, face aux pouvoirs, restent à leur place, et de partage du pouvoir mais aussi de partage des charges de travail, il n'est jamais question : ce n'est l'intérêt ni de ceux qui confisque ces pouvoirs, ni de ceux qui veulent s'en débarrasser.

La démocratie véritable est incompatible avec cette centralisation et cet abandon concomitant des responsabilités politiques. Nos institutions sont à réformer profondément sur ce point en brisant la "présidentialisation" des pouvoirs : État, région, département, agglomération, commune, mais aussi : syndicat, association, mutuelle... Nous n'avons jamais quitté, en France, la monarchie : plus, même, nous y sommes revenus et un Président de la République est plus puissant qu'un Roi bourbon. Dans le même temps, apprendre à jouer un autre rôle de citoyen que celui de contrôler, ponctuellement, par son vote, ou de critiquer, continuellement, dans sa vie quotidienne, est une mission qui devrait s'enseigner, du lycée à l'université (au plus tard, mais, sans doute, avec mesure, dès l'entrée dans la communauté des élèves).

En bref, la faute politique majeure, agaçante, irréaliste, inefficace, qui conduit à l'autosatisfaction obligée, a deux origines : l'élu et l'électeur. Elle se peut corriger par un retour à cette éducation populaire que la Vème république a progressivement détruite, mais qu'il faudrait, bien sûr, re-susciter non par, mais avec, les outils de communication de notre temps.


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