mercredi 31 juillet 2013

Une lourde question philosophique

Nous abordons un sujet sur lequel il faudra revenir plusieurs fois.
L'humanité se tue à force de tuer des animaux
Si pour vivre l'homme doit tuer comme il tue, il ne mérite pas d'être.
Tel est, en tout cas, la conclusion à laquelle j'aboutis.


 Paru aux éditions les Arênes, Paris, 2013.

Nul besoin d'être végétarien pour refuser de se nourrir de trop de viandes.

Sur Arte, le 30 juillet 2013, l'émission Thema était centrée sur l'industrie de la viande. Qui a vu cela et ne modifie pas son alimentation est soit inconscient, soit sot, soit cynique.
 
Depuis que l'élevage ne sert plus seulement à produire de l'alimentation carnée, l'industrie alimentaire s'est emparée de la tuerie monstrueuse, géante, méconnue, qui transforme tous les abattoirs en usines à abattre plus vite, plus "scientifiquement", toujours plus d'animaux. Tout employé qui y fait ce travail de boucherie s'y déshumanise inévitablement.
 
L'industrie agroalimentaire tente de nous persuader que consommer de la viande est bon pour la santé et que celle-ci est nécessaire à notre équilibre alimentaire. Or de nombreuses études prouvent que trop de viande rouge peut non seulement menacer la santé, mais même raccourcir l'espérance de vie.

Faut-il manger les animaux ? C'est la question dérangeante que pose le romancier américain Jonathan Safran Foer. Et c'est aussi le titre de son dernier écrit. L'auteur, plus habitué aux romans best-sellers, livre un essai à charge contre la production industrielle de viande. "Faut-il manger les animaux ?" a fait un tabac aux Etats-Unis, mais aussi en Italie et en Allemagne.


 Paru en France aux éditions de l'Olivier, Paris, 2011

À l'heure actuelle, 70 % des surfaces agricoles servent pour le bétail ou son alimentation. Avec des conséquences souvent dramatiques pour le climat et l'environnement. Une seule solution : consommer durablement moins de viande. Les alternatives ne manquent pas : saucisse de tofu, steak de blé, escalope de lupins, crevette d'algues…

Si l'humanité ne peut se passer de cette guerre au monde animal devenue nécessaire aux super-profits d'entreprises sans scrupules, alors elle se condamne. C'est politiquement, éthiquement, philosophiquement, écologiquement, intenable.  Inutile de chercher à la prouver : c'est une évidence ! Une évidence niée par ceux qui ont été conditionnés par la publicité mensongère  des professionnels de "la bidoche" comme dit Fabrice Nicolino !

Détails sur le produit
Paru chez Babel, Paris, en 2010.


Mais méditons ces données inouïes sur lesquelles nous reviendrons. : 
 

dimanche 14 juillet 2013

Mont Ventoux : à qui le Tour ?


Un Tour de France qui interpelle les honnêtes gens autant que les philosophes. 


Pantani et Armsrong sur le Ventoux

Ce jour, 16h. 15, à l'heure où j'écris,  la course est lancée... Ce sera la neuvième arrivée au sommet du Ventoux dans l'histoire du Tour. Voici quatre ans qu'on ne l'avait pas escaladé. Le premier passage au sommet date de 1951.

Drogué, épuisé, assoiffé, écrasé par le soleil, Tom Simson était mort sur les pentes du Mont Ventoux, le 13 juillet 1967 (1).

Eddy Mercx, en 1970, vainqueur de l'étape du Ventoux, dut être assisté médicalement, compte tenu de l'état inquiétant dans lequel il arriva au sommet.

Le 13 juillet 2000, Marco Pantani et Lance Armstrong s'y distinguèrent ensemble, brillamment. Marco Pantani, depuis, est mort drogué. Lance Armstrong a « gagné » sept fois le Tour de France, en trichant, et toutes ses victoires ont été annulées (2).

Richard Virenque, vainqueur au Ventoux, en 2002, convaincu de dopage en 1998, avait été exclu du Tour avec toute son équipe. Il n'en resta pas moins très populaire.

Aujourd'hui, 46 ans après la défaillance mortelle de Tom Simson, la France jubile : des hommes vont, de nouveau, se « défoncer » pour arriver au sommet du Ventoux, dans la souffrance, portés par les applaudissements de vacanciers en liesse. Le Mont Ventoux, aride, surchauffé, « venté » évidemment, va rendre son verdict : l'affronter est dangereux et, même si l'on n'y meurt plus, organiser une course cycliste sur ses pentes ne peut que laisser des traces dans les organismes (3).

Que l'on continue à faire un culte du Tour après tous ces échecs, ces tricheries, ces drames et qu'on aille provoquer le Géant, le 14 juillet, comme pour affirmer que la 100ème édition ne marque pas la fin mais la relance de l'anti-sport (4), fait honte à notre pays bien plus qu'elle ne valorise la nation française, laquelle n'a pas besoin de majuscule.

Dans le cirque du Tour (5), on joue avec la vie des hommes pour des raisons où le sport est secondaire. Le Tour de France est une entreprise commerciale géante et une manifestation cocardière qui, ce 14 juillet 2013, va retrouver son sommet nationaliste en Provence ! Cette épreuve est en elle-même une drogue qui s'empare des esprits autant et plus que des corps de coureurs. Qu'on la tolère et pire, qu'on la loue, est le signe d'une décadence culturelle. 



"Est-ce ainsi que les hommes vivent ?" (Aragon-Ferré)

(1) Les analyses prouveront que la prise d'amphétamines, alliée à la chaleur (35°), la privation d'eau (pas de ravitaillement), la fatigue et l'alcool, est responsable du décès du sportif. Des cachets d'amphétamines ont d'ailleurs été retrouvés dans une poche du maillot du Britannique. Le dopage fait une entrée fracassante dans les débats... Pourtant, dès 1965, Simpson avait avoué dans un magazine anglais qu'il se dopait. Personne n'était alors choqué par ce type de paroles. L'année précédente, les coureurs s'étaient mis en grève contre l'adoption d'une loi anti-dopage en France !http://www.linternaute.com/sport/cyclisme/dossier/les-derapages-du-tour-de-france/tom-simpson-s-ecroule-dans-le-ventoux.shtml

(2) http://www.lemonde.fr/sport/article/2013/06/28/avant-le-tour-lance-armstrong-brise-le-silence_3438032_3242.html

(3) - Anquetil, quintuple vainqueur du Tour, est mort d'un cancer de l'estomac, à 53 ans.
Coppi, double vainqueur du Tour, est mort de malaria, à 40 ans.
Louison Bobet, triple vainqueur du Tour, est mort à 42 ans.
Laurent Fignon, double vainqueur du Tour, est mort d'un cancer des voies digestives, à 50 ans.

(4) Barne Riis, vainqueur du Tour en 1996, a avoué s'être drogué. Il a été radié de la liste des vainqueurs.
Ian Ullrich, vainqueur du Tour en 1996, puis « l'éternel second derrière Armstrong », a récemment avoué s'être drogué. Il n'a pas (encore ?) été radié de la liste des vainqueurs.
Marco Pantani, vainqueur du Tour en 1998, a conservé post mortem, sa victoire, en dépit des doutes.
Alberto Contador, vainqueur du Tour en 2007 puis en 2009, a été déclassé pour dopage pour ce second tour, au profit d'Andy Schleck, mais... il recourt la « grande Boucle » en 2013 !

(5) - Je dis cirque parce que c'est un circuit, une boucle, une arène hexagonale gigantesque, mais surtout par ce que c'est un vaste jeu qui permet de transformer des foules entières en tifosis fanatisés.

dimanche 19 mai 2013

Débat : mais où se trouve l'écologie ?


Relance et austérité sont hors sujet et faussement opposées.
La relance n'est pas de gauche, ni l'austérité de droite. 
La relance-croissance et l'austérité-rigueur sont installées dans la même impasse.  
C'est celle du productivisme.  C'est le culte des chapelles économistes.
On le célèbre dans ce qui fut la gauche autant que dans ce qui est la droite
Produire davantage pour créer plus d'emplois ?
Avoir un moindre coût du travail pour  produire plus ? 
Cela revient au même !



Comment les écologistes peuvent-ils soutenir le gouvernement
Il mène la politique qu'ils critiquent, voire dénoncent !
EELV, en France, se détruit en se contredisant, au sein de la galère hollandaise.
Les Grünen, en Allemagne, seraient tentés par une alliance avec la CDU...
Droite ou gauche, qu'importerait donc, pourvu qu'on approche du pouvoir ? 


Je constate, il est vrai, que le clivage gauche-droite n'est plus aperçu par les citoyens.
Je pensais hier : l'écologie ne peut qu'être à gauche.

Je pense, à présent, qu'il n'est de gauche qu'écologique, à quelques nuances près.
Gauche ne peut vouloir dire que : solidarité sans faille avec tous les exploités.
Le PS a donc, depuis longtemps, déserté la gauche.

Dans le même temps, il a renoncé à toute évolution vers l'écologie politique.
C'est pourquoi je l'avais quitté ; il n'était plus même socialiste... 


À présent, c'est hors des partis que s'effectue le travail politique des écologistes.
"Europe-Écologie les Verts" (EELV) s'est étiolé en changeant de nom.

Ce parti est de moins en moins européen et ne parvient plus à être vert.
Européen veut dire : mettre fin à l'État-nation ; on en est loin.
Vert voulait dire : agir pour un monde dont on reconnaît les limites.

Et dans la sobriété et le partage ; mais on a peur de cette rupture. 

Chaque jour les médias fabriquent une opinion qui accepte le libéralisme économique.

On pèse sur les consciences pour qu'elles acceptent la fatale loi du plus riche.
Sans les échecs et les drames, on pourrait dire que "la messe est dite"...

Le capitalisme  a-t-il définitivement triomphé ?
Il est, pourtant, une alternative au capitalisme surpuissant.

Une idéologie plus forte que l'argent, infiltrée partout, jusque dans l'esprit des exploités.
Elle se trouve dans une écologie sans concessions, radicale. 

L'enfumage...

Du nucléaire aux OGM, de la marchandisation de l'
eau jusqu'au commerce des armes : 
nous vivons dans l'anti-monde...
De la commercialisation du vivant, jusqu'à l'industrialisation des médicaments : 

nous vivons dans la peur...
De l'achat de sa tombe et de sa  concession, jusqu'à la privatisation de la recherche :

nous vivons dans la vente de l'avenir, etc...
Seul un refus total de cette organisation cynique du monde contient quelque espoir.
Aucun compromis ne doit aller jusqu'à renoncer à notre quête d'une autre cité.

Le "Parti de Gauche" est plus cohérent en allant vert l'écologie...

...que les écologistes qui s'en éloignent par complicité avec le PS.
Mais tant que ce Parti dit de gauche restera plombé, au sein du Front de Gauche, 

par le PCF resté productiviste, lui aussi se contredit absolument... 




Vivement 2050 est le titre d'un livre qui expose pourquoi le monde qui vient, 
qui a déjà commencé,
qui est sans rapport avec celui où nous sommes plongés.

Plus d'économie sans écologie :
pas une économie "verte", mais une économie d'égalité,
indissociable d'une démocratie d'égalité !
 
Préparer 2050 commence aujourd'hui.


mercredi 1 mai 2013

Où allons-nous ?

Les communistes n'étaient pas communistes.
Les socialistes ne sont plus socialistes.
Les écologistes ne sont plus verts.
Que reste-t-il de la gauche ?

Des idéaux abandonnés, détournés ou corrompus : la solidarité, le partage, l'égalité.
Le triomphe mondial de l'idéologie libérale semble avéré.
Le renard ayant libre droit de plumer la volaille domine en son poulailler planétaire.
Ce que nous ont appris Socrate, Rabelais, Montaigne, Rousseau, Camus est méprisé

Quiconque ne se soumet pas au pouvoir économique et financier est ringard !
Il est surtout impuissant à y changer quelque chose.
Il vit, contraint et forcé, dans un univers qui n'est pas le sien.
Ses refus et ses choix le placent hors de la cité.


Vivre sans publicité ? Impossible.
Vivre sans culte de la croissance ? Impossible.
Vivre sans vitesse ? Impossible.
Vivre sans emploi salarié ? Impossible.
Vivre sans machisme ? Impossible.
Vivre sans sport professionnel ? Impossible.
Vivre sans privatisation de l'activité humaine ? Impossible.
Vivre sans commerce des armes ? Impossible.
Vivre sans commerce du sexe ? Impossible.
Vivre sans commerce des drogues ? Impossible.
Vivre sans marchandisation des médicaments ? Impossible.
Vivre sans "Vigipirate " ? Impossible.
Vivre sans inégalité abyssale des revenus ? Impossible
Vivre sans privatisation de l'eau ? Impossible.
Vivre sans privatisation de l'énergie ? Impossible.
Vivre sans nucléaire militaire ? Impossible.
Vivre sans nucléaire civil ? Impossible.
Vivre sans excès, dans la sobriété et le partage ? Impossible.
Vivre sans empreinte écologique excessive ? Impossible.
Vivre sans pesticides ravageurs ? Impossible.
Vivre sans OGM ? Impossible.
Vivre sans caméras de surveillance ? Impossible.
Vivre sans rétention d'innocents ? Impossible
Vivre sans corruption des puissants ? Impossible.
Vivre sans misère imposée aux démunis ? Impossible.
Vivre sans guerres menées au nom d'un droit fictif ? Impossible.
Vivre sans remettre en cause de fausses évidences ? Impossible.



On peut allonger la liste.
Chaque affirmation, une fois détaillée, remplirait un livre !
L'essentiel tient en ceci : ma liberté n'est pas celle des libéraux.
Une liberté liberticide laissée aux seules élites profiteuses n'est rien.
 
Une égalité formelle qui ne concerne pas la sphère économique est fausse.
Il n'est pas de démocratie sans développement et approfondissement de l'égalité.
L'égalité n'est pas l'uniformité, le nivellement, bref l'égalitarisme.
L'égalité est la possibilité laissée ou donnée à chacun de vivre dans la dignité.

La devise républicaine est vaine sans fraternité politique.
Liberté et égalité sont inexistantes sans fraternité effective mise en pratique
La fraternité n'est pas la compassion mais partage et solidarité en actes.
La fraternité est "l'utopie plausible" descendue du ciel et parvenue sur terre.

Si ce que la philosophie et le bon sens nous suggèrent est impossible, alors...
...Alors mieux vaut ne pas vivre, mieux vaut hâter l'inéluctable : la mort.
Mais ce serait céder à ce que veulent les puissants : se débarrasser des rêveurs !
Faire triompher le rêve n'est pas que poésie : c'est donner les vraies raisons de vivre !



dimanche 21 avril 2013

Toute violence est antireligieuse


Que nous soyons tous susceptibles de sombrer dans la violence, telle est la condition humaine, mais que des religions s'y résignent voire y incitent ou la recommandent, voilà qui est insupportable.

Sont en-dehors de toute  foi les hommes et les femmes qui, au nom de Dieu, veulent la mort d'autrui ou même la donnent, souvent avec jouissance et cruauté.

Je le pense également de ceux qui, sans vouloir la mort, mais sans en exclure le risque, se livrent à des brutalités sur les personnes de qui ne pensent comme eux.

C'est aujourd'hui le cas des catholiques qui, en France, se dressent contre le mariage pour tous avec des arguments et des méthodes d'interpellations qui défigurent le christianisme.

Le résultat le plus net de ces manifestations qui dépassent le simple traditionalisme et qui génèrent la haine (ce qui excite et ravit les tenants des idéaux intégristes !), c'est que le catholicisme se trouve associé à l'intolérance, à la droite la plus extrême, au conservatisme le plus éculé.

Bien entendu, les chrétiens ne sont pas les seuls à brandir des armes, à lancer des menaces ou à proférer des invectives pour faire obstacle à qui ne les suit pas. Partout dans le monde on rencontre ces fauteurs de troubles qui ne conçoivent d'autre paix que celle qui règne quand est imposé le silence à tous les infidèles, les athées, les "incroyants".

Le monde musulman  est empli de fanatiques qui sont prêts à égorger quiconque critique le prophète ! Parties des USA, des sectes protestantes partent à la conquête des âmes non sans disposer de moyens financiers gigantesques et ravagent les continents à coups de célébrations décervelantes. On trouve même dans le pays de Gandhi, des brutes qui assassinent et pourchassent notamment les musulmans.

Bref, "tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens" n'aura pas été, seulement, le cri de haine des guerres de religion en France, avant Henri IV. C'est le mot d'ordre de tous ceux qui ont été formés et déformés par de mauvais génies qui appellent Dieu leur vérité et ne supportent pas la pensée libre.

Au reste, je connais des "libres penseurs" aussi fanatiques que des "croyants" et qui brandissent leur athéisme comme on brandit le Coran ou la Bible, sombrant, à leur tour, dans une vision doctrinaire de notre monde, ce qui conduit immanquablement à la violence.

Je constate donc que seuls les penseurs libres, qui ne sont pas nécessairement des libres penseurs, peuvent accéder à la recherche religieuse qui n'est pas faite de dogmes mais de quête modeste de la vérité. Dès que se trouve justifié ou prôné le recours à la violence, on s'écarte de cette quête, on se donne à des certitudes distribuées dans toutes les sortes de temples où l'on ne fait que reproduire, de siècle en siècle, des idées toutes faites, de fausses évidences, des certitudes révélées en chassant les doutes comme s'il s'agissait de fautes, voire de crimes !

Je m'éloigne de toute religion parce que je veux garder la liberté de me poser des questions religieuses. Ce que je vois des religions, toutes, me semble être un conditionnement des esprits, une aliénation collective qui interdisent la communication avec qui n'est dans l'univers clos de la secte ou de la communauté.

Quel gâchis, du reste, que d'avoir sali ce beau mot de communauté qui décrit une forme de vivre ensemble mais sûrement pas ensemble sans les autres ! 

Le test de la religion (qui relie sans lier) face aux religions (qui n'ont besoin que de "fidèles" comme le sont les compagnons d'un maître), c'est le renoncement à toute violence physique ou intellectuelle. Cela ne va guère avec ce que l'histoire nous aura appris de la société des hommes, sauf que la non-violence (un mot à transformer, à réinventer, comme le mot décroissance) est la seule voie qui soit disponible pour qui choisit la fraternité universelle, cette utopie chrétienne repoussée par les chrétiens eux-mêmes.

Il est temps, au XXIe siècle, d'essayer autre chose que les révélations religieuses qui rendent des peuples entiers convaincus qu'il n'est d'autres certitudes que celles que professent les doctes, les prêtres ou les popes, les imams, les rabbins ou les bonzes.

Jésus-Christ, le Juif, fut assassiné autant par la volonté des Juifs, (de la religion), que par celle des Romains (du pouvoir). Il avait commis le crime de prétendre que rien ne vaut que l'amour, seule définition possible de Dieu. Tout royaume de ce monde, tout temple devaient tenter d'éteindre cette voix qui annonçait un monde sans armée, sans État, et sans banque.

Toute violence est antireligieuse ou mieux : il n'est de religions possibles que celles qui ont renoncé absolument à toute violence et qui travaillent, de fait et en actes, à l'abolition de toutes les peines de mort qui s'abattent sur les peuples soumis aux maîtres du monde.



jeudi 28 février 2013

Vivre sans papes



Ce 28 février, dès 20 heures à l'horloge de Rome, les catholiques n'auront plus de pape.

Savent-ils, ces centaines de milliers d'humains, de culture chrétienne ou simplement catholiques sociologiques, qu'ils n'ont pas besoin de pape ?

Penser sa place dans le monde, avec pour repères, à échelle universelle, non des dogmes mais des poésies, des paraboles qui éclairent la vie et lui donne sens, c'est cela être catholique.

Nul besoin de "Sa Sainteté", des "Excellences", de "Monseigneurs, de "Révérends", ni même de "Pères". Pape, cardinaux, évêques, chanoines et prêtres ou moines n'entrent dans aucune hiérarchie. On ne peut, à la fois, être frères et inégaux. 

Ma culture chrétienne, puisque c'est dans l'Église et par l'Église que j'ai pu connaître ce que rapportent les Évangiles, me rend totalement insensible à toutes les royautés et les dominations.

Je rabâche, mais sans jamais être entendu, ce que Jésus Christ affirmait, si l'on en croit ses disciples : ni le sceptre, ni l'or, ni l'épée, par quoi les puissants se juchent sur leurs trônes, ne concernent ceux qui font le pari fou d'aimer  sans réserve. Aimer n'a plus à voir avec le sentiment, l'affectivité ou l'attirance : c'est  l'affirmation pratiquée de la fraternité sans limites.

L'autre est mon semblable quels que soient son âge, son sexe, son apparence, son histoire. Si Dieu est, il est amour, il est Père et nous sommes tous ses enfants, tous frères, tous égaux. Rien ne peut établir de hiérarchie parmi les hommes.

Quand un nouveau pape sera élu, qu'il convoque un nouveau concile ; qu'il lance la réforme véritable (celle qui met en œuvre la rupture de l'Église avec le monde de l'argent, du pouvoir et des armées) ; qu'il prenne les initiatives qui permettent de surmonter les divisions monstrueuses entre chrétiens, musulmans, juifs et agnostiques ; qu'il  incite tous les hommes à vibre dans la modestie, la sobriété, l'amour de la Terre agressée ; qu'il mette fin aux fausses obligations de chasteté, contre nature, qui ont si souvent détruit et des enfants et des prêtres et des familles; qu'il cesse d'être un chef d'État pour être non celui à qui l'on obéit mais celui dont on tient compte de la parole : un sage.

L'Église catholique commence à découvrir qu'elle se détruit elle-même en se confiant à des mâles âgés qui sont conservateurs par habitude et toujours convaincus que le Christ étant de sexe masculin, aucune femme ne peut être prêtre. Ce temps est révolu. Benoît XVI a mis en évidence ce qu'une culture séculaire et figé masquait : trop âgé l'évêque de Rome, mais, avec lui, tous les prélats gérontes, ne peuvent qu'agiter superbement des idées mais ne sont plus en mesure de faire face à la complexité du monde.

Le 28 février sera donc une date historique : nous avons besoins de sages mais pas de papes.



lundi 11 février 2013

Vers la fin de la monarchie ecclésiale ?

 


Benoît XVI reconnaît qu'il n'a plus la force d'exercer son ministère. Il ne démissionne pas. Il annonce son retrait pour le 28 février prochain. La décision est irrévocable et historique. Elle aura des conséquences profondes sur le devenir de l'Église catholique.

D'aucuns ne pensent déjà qu'au successeur du cardinal Ratzinger, au prochain pape. C'est là céder trop vite à des logiques de pouvoir alors que ce qui vient de se produire modifie le rôle même du pape. Jusqu'alors le "Saint Père" ne tenait son pouvoir spirituel que de Dieu et la mort seule pouvait l'en priver. Toutes choses égales par ailleurs, il en était de son autorité comme de celle d'un roi de l'Ancien Régime qui n'avait de compte à rendre qu'à Dieu. Benoît XVI rompt avec cette papolâtrie.

Il n'a pas manqué de papes très diminués qui régnaient mais ne gouvernaient plus. La Curie romaine exerçait de fait un pouvoir aussi temporel que spirituel. C'est peut-être fini. Benoît XVI en rappelant que le pape n'est plus le pape s'il a perdu une trop grande partie de ses facultés physiques et intellectuelles ne fait pas qu'humaniser sa fonction, il en change le contenu.

Ce n'est pas par hasard s'il a fallu presque sept siècles avant qu'un pape renonce à son ministère. Il en était comme prisonnier. Son "infaillibilité" supposée dans le domaine de la foi, sa prééminence absolue sur le collège des évêques le rendaient inamovible, quel que soit son état de santé. Il devait surmonter sa condition humaine et diriger les fidèles, ou faire semblant, avec l'aide de son puissant entourage. Il était un mythe vivant : "sa Sainteté". Le voici revenu parmi ses frères, évêque parmi les évêques, non plus le monarque romain indiscutable, non plus seul parmi les pontifes mais, plus humblement, le premier d'entre eux. C'est une Révolution.

On est loin, bien entendu, d'une gestion démocratique de l'Église, encore que l'élection du pape se fasse à bulletins secrets. Mais sommes-nous sûrs que la démocratie telle que les cités profanes l'exercent respecte vraiment la liberté de choix et de conscience des citoyens ? Ne faut-il pas renoncer au tout pouvoir qui se cache, par exemple, dans le cumul des mandats ? Nulle société, y compris l'Église, ne peut plus, en ce siècle, échapper à la contestation de la centralisation des pouvoirs. La volonté de partage des responsabilités lentement s'impose.

Je veux croire que Benoît XVI, dont nul ne contesta jamais l'immense culture, a pris conscience que le traditionalisme qu'il a si bien servi, n'est plus en mesure de répondre à ce qui s'annonce : vivre ensemble sur une planète petite et surpeuplée où l'humanité n'a d'avenir que si tout se partage, l'avoir, le savoir et le pouvoir.


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