dimanche 6 avril 2014

Pierre Rhabi et la décroissance.

 Photo le Midi Libre

Pierre Rhabi est un philosophe mais il n'est pas un doctrinaire. C'est un praticien. Depuis sa ferme de Monchamp, il incarne ce qu'il pense dans et sur un territoire rocailleux depuis bientôt cinquante ans. L'agroécologie qu'il préconise, il la met en action. Il est radicalement « non-capitaliste ». L'avidité et l'insatiabilité lui semblent des travers dont souffre l'humanité tout entière. « Toujours plus ne génère pas de la joie » dit-il.

La décroissance dont parle Rhabi n'a rien de subversif, c'est une lucidité. La planète est limitée et le « système duel » (repus/affamés) est une guerre économique qui ne peut déboucher que sur la guerre tout court. Ce qui est subversif, ce n'est pas l'intention des écoagriculteurs, c'est la réalité qui, peu à peu, lentement, irréversiblement, bouleverse les affirmations péremptoires des maîtres du pouvoir, un pouvoir qui ne mord plus sur le quotidien des peuples.

On a toujours présenté la révolution comme une contestation violente et comme un renversement des gouvernements par la force. Pierre Rhabi ne se situe pas parmi les tenants de cette révolution-là qui connaît soit l'échec de ses moyens, soit, pire, l'échec de ses objectifs quand celui qui renverse les tyrans devient un tyran. « La colère ne doit pas blesser les autres » affirme encore Pierre Rhabi. La prise de conscience de notre inconscience est seule à même de retourner la logique qui nous détruit.

La conquête est illusoire. Se penser humain n'est pas s'investir dans un territoire à dominer, à occuper et à défendre. La concentration des avoirs entre les mains de 1300 milliardaires engendre le malheur. Comme depuis des siècles et des siècles, l'injustice produit des conflits meurtriers, de plus en plus meurtriers. C'est pourquoi l'écologie mise en œuvre tout de suite, sans attendre l'autorisation de quiconque est la seule voie de changement ouverte.

Au primat absolu de l'économie, Pierre Rhabi oppose le réalisme de la bio-économie et se réfère à Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994) qui n'a cessé d'annoncer que la croissance indéfinie et sans contenu ne conduisait qu'à des excès temporaires, ravageurs à échelle historique. Cette évidence que de nombreux penseurs ont décrite dans de multiples livres est rejetée par la plupart des politiques comme un rejet du progrès humain.

Les techniques n'ont pas d'autonomie de développement. Elles sont voulues et déployées par des cerveaux humains. Les technologies mises au service du vivre ensemble sur une même terre peuvent s'avérer positives ou pas. Pierre Rhabi propose « une posture », un art de vivre, une vigilance éthique (« on peut faire manger bio et exploiter son prochain » dit-il). Son approche du monde sans compétitivité mais avec créativité est sans agressivité mais exige une coopération permanente à laquelle nous ne sommes pas éduqués.

C'est une manière de révolution culturelle non violente à laquelle nous sommes invités par tous les « colibris » du monde, à l'instar de ces oiseaux si nombreux, si petits, si actifs, si présents et si efficaces. Plus encore que la lutte des classes qui oppose victimes et exploiteurs, le recours immédiat à des moyens adaptés aux fins auxquelles aspirent les humains peut inverser la logique mortelle à laquelle nous souscrivons à regret mais par résignation.

Pierre Rhabi est un utopiste concret.

vendredi 28 mars 2014

Désespérant et prometteur !

Il y a peu d'envie d'écrire quand le paysage s'assombrit au point qu'on ne sait plus où diriger ses pas et sa pensée. Et voici que les élections municipales apportent de quoi se repérer...

L'abstention est massive au point qu'on ne peut plus cacher qu'une abstention peut être politique... Voilà la première nouvelle intéressante. Quand il n'y a pas de choix on ne choisit pas. Entre la droite ultra libérale et la gauche droitière, l'écart est si mince qu'on peut les confondre. Il n'y a plus alors motif à les séparer. On s'abstient d'entrer dans ce jeu truqué. La démocratie, contre toute attente, y gagne !

La bipolarisation est mise à mal. Le vote Front National prend une ampleur qu'amplifie l'abstention. Les pourcentages qu'il obtient croissent sans que le nombre de votants soit considérable. Au reste, toutes les organisations politiques obtiennent des scores faibles, sauf exception ici ou là. Entre la droite extrême, la droite dure et la droite dite de gauche, un tripode a été posé sur la terre de France. Les professionnels de la politique politicienne s'y sont assis. Les trois pôles n'en font qu'un qui constitue l'obstacle à toute velléité de voir les citoyens prendre eux-mêmes leur sort en main. On assiste à un "démocracide", (pardon pour ce néologisme), dont il faut prendre la mesure pour l'interdire.

Il n'y a pas d'alternative de gauche. Le repli national est dû à la globalisation de l'économie voulue ou acceptée par les ultra libéraux et les démocrates libéraux, qui dominent au sein de l'UMP et du PS. La gauche est morte, vive la gauche mais une gauche qui doit changer et de nom et de contenu. Cessons de parler de gauche pour parler du PS. Le Conseil constitutionnel vient de fonder l'un de ses arrêts sur le caractère intangible de la liberté d'entreprise et le droit de propriété. Autrement dit, le Droit est à droite : on ne peut ni limiter l'exploitation des richesses et des hommes, ni ouvrir des espaces communs qui n'auraient pas leur propriétaire. C'est le triomphe absolu du capitalisme financier.

Au moins on y voit clair : un nouveau partage politique s'effectue où les partis n'ont d'autre place que celle de valets efficaces des riches et des possédants qui détiennent le pouvoir réel. Un recul de plus d'un siècle est en cours. Les productivistes qui cherchaient, et cherchent encore, à agrandir le gâteau, pour que les miettes et les petites parts laissées aux pauvres augmentent, sont en train de perdre la partie, mais ils l'ignorent ou ne veulent pas le savoir. Les convives sont trop nombreux et un autre partage commence à s'imposer. Il n'est d'avenir envisageable que si l'on répartit sans gâcher et si l'on accepte les limites du monde. Qui s'y refuse régresse. Des citoyens de plus en plus nombreux l'ont compris ou comprennent déjà qu'il faut échapper au système économico-politicien, coûte que coûte.

Les élections municipales le confirment. Ce ne sera pas un "retour de la droite" et une implantation de l'extrême droite qu'elles révèleront d'abord - quoi qu'en diront les médias ! -, mais bien le désaveu de ceux qui font semblant de s'opposer et veulent, ensemble, "une croissance forte seule productrice d'emplois" qui n'est plus possible dans une Europe saturée. Le relatif succès des écologistes, de certains communistes et de quelques acteurs du parti "de gauche", s'additionnant aux très nombreux abstentionnistes ayant fait "la grêve des urnes", donne une indication importante : l'autre politique qui se cherche depuis des années est engagée. Les élections européennes continueront à éclairer le paysage. Nous venons d'entrer dans un autre temps qui contient une menace et un espoir. Ce n'est pas le moment de baisser les bras !


samedi 25 janvier 2014

Qui est « la première Dame de France » ?

Depuis le passage à l'Élysée de Nicolas Sarkozy, il n'y a plus d'indiscutable « première Dame de France ». Durant son mandat présidentiel, deux femmes ont partagé ses appartements privés et s'y sont succédées. Laquelle aura été, pour les auteurs de manuels d'histoire de France, la « Première Dame » ? La... première ou la seconde ?

À peine parvenu à la tête de l'État, l'hôte actuel du « Château » est passé du statut conjugal -abandonné peu avant son élection-, à celui de concubin – faisant de sa compagne nouvelle une célébrité officielle –, pour parvenir à celui de simple amant – avec une maîtresse qui, elle, se serait bien passé de la célébrité qu'un paparazzi lui a apportée, en même temps que le viol photographique de sa vie privée –.


Le paparazzi, celui par qui le scandale peut arriver...

Dans ce château républicain, le personnel, notamment celui qui est chargé de la sécurité, a vu bien d'autres femmes passer dans les couloirs conduisant vers le lit du Chef de l'État. Au cours même de l'un de ces ébats non conjugaux, un président, un seul, est mort, Félix Faure, en 1899, dans les bras de sa maîtresse, mais d'une congestion... cérébrale (1).

On a pu rire de ces pratiques sexuelles mal cachées qui semblent prouver que le pouvoir politique est inévitablement associé à la croissance de la... libido des monarques, quel que soit le régime constitutionnel. Le pouvoir du roi sur le corps des jolies femmes qui étaient à sa portée était sans partage et nul confesseur n'interdisait, à sa Majesté très catholique, détenteur d'un absolu et divin pouvoir, quelque frasque que ce soit.

Les cinq derniers Présidents de la France sont connus pour avoir eu ou, pour certains des survivants, avoir encore, une vie sentimentale agitée. Parmi les femmes qui ont accompagné, publiquement, les présidents de la cinquième république (auxquelles il faut ajouter l'épouse du dernier président de la quatrième, René Coty), plusieurs ont été pourtant, à notre sens, plus particulièrement, estimées des Français : Germaine Coty (2), « Tante Yvonne » (3), l'épouse du Général, mal connue et influente, Claude Pompidou (4) qui modernisa l'Élysée, et enfin Danielle Mitterrand (5), qui su rester elle-même, pendant et après les septennats de son mari, dans la dignité et l'engagement public.
 
Ce temps-là n'est plus. Il n'y aura vraiment une première dame en France le jour où une femme sera Présidente de la République française (ou Première des Ministres, peut-être, à la manière d'Angela Merkel, la Chancelière, quand on en aura fini avec la Vème République). 

Désormais, on peut être la compagne du Président sans en être l'épouse. « La vie privée » des personnages publics est difficile à protéger dans une société où la chasse à l'image est devenu un sport professionnel. Si les mœurs ont évolué dans une société où jamais la durée de vie des couples n'a été aussi brève et les unions, officielles ou pas, fragiles, il peut rester ce que la pudeur et la dignité continuent d'exprimer : le respect de soi et d'autrui.

La première Dame de France est aussi bien, en une période donnée et pour un temps donné, hors de l'Élysée, la plus appréciée (que ce soit ou non dans la sphère politique, telle Simone Veil) ou la plus respectée (telle Marie Curie, prix Nobel, ou Jacqueline Auriol, première femme pilote d'essai en France, et bru d'un autre président : Vincent Auriol).

Seule Ségolène Royal, si elle avait été élue, aurait pu revendiquer le titre de première Dame de France (6). Celles qu'on a ainsi baptisées (notamment Claude Pompidou et Danielle Mitterrand) ne l'ont jamais accepté. L'époux de Margaret Thatcher ne fut pas davantage le « Premier Monsieur » de Grande-Bretagne et la reine est bien autre chose que la Première dame d'Angleterre car elle est unique en le Royaume, un symbole sans concurrence...

Il serait simple et de bon ton que l'on ne fasse pas jouer aux « toutes proches » du Chef de l'État, ce rôle de belle-à-montrer... Supprimer cette fonction pour laquelle on n'a pas été élue et résultant de la seule élection de son compagnon, ne nuirait à personne. Ou bien alors, réinventons le mariage obligatoire pour le Chef de l'État, comme pour les rois soumis à des obligations politiques mais disposant alors d'un droit absolu à l'infidélité !

L'ancien régime, la monarchie ne pouvant, espérons-nous, être réinstallés, mieux vaut que la compagne, ou le compagnon, du, ou de la, Chef de l'État ne confie aucune fonction particulière à son amant(e) ou à son époux(se)..., - car peuvent venir, prochainement, des jours où le Premier ou la Première personnalité politique au pouvoir sera homosexuel(le) –.

La liberté sexuelle et le respect de la vie privée ont une conséquence : qu'il n'y ait plus motif - et il faut en prendre les moyens médiatiques et institutionnels- à attirer l'attention sur quelque personne que ce soit susceptible de dormir dans le même lit qu'une célébrité politique !

Le 26 janvier 2014.- Suite et pas fin : le soir du jour où a été écrit ce texte, François Hollande (le citoyen et non le président !) fait savoir à l'AFP que sa liaison avec Mme Trierweiler est terminée. Le voici... célibataire, ce qui ne veut pas dire solitaire. Le Pape n'ayant pu lui donner aucun conseil, on doit retenir de cet épisode, où le public et le privé se sont enchevêtrés, qu'il n'y a plus et qu'il n'y aura probablement plus jamais de "Première dame de France" non élue par les Français.

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 Et le film de la vie continue de se dérouler...

1 L'anecdote tragico-comique fut ainsi rapportée : "Le président a-t-il encore sa connaissance ?" demande le curé venu porter l'extrême-onction au président mourant. "Non, monsieur l'abbé, elle est partie par une porte dérobée", lui répond-on...Cf. http://www.linternaute.com/histoire/magazine/magazine/dossier/vie-privee-presidents/felix-faure.shtm
2 Germaine Coty, née Germaine Alice Corblet (1886-1955), décédée au château de Rambouillet qui eut des obsèques quasiment nationales.
3 Consulter : Yvonne de Gaulle de Frédérique Neau-Dufour, Fayard, 590 p, 27 €.
Yvonne De Gaulle, née Vendroux, (1900-1979), plaida en faveur de la contraception auprès de son mari, hésitant voire réticent sur le sujet. Paradoxalement, Lucien Neuwirth, promoteur de la pilule, n'eut pas de meilleur soutien que cette femme d'un autre temps que la naissance de sa fille (trisomique) avait amenée à évoluer sans renier ses principes.
4 Claude Pompidou, née Cahour, (1912-2007) déclarait déjà, en 1970, lorsque l'on lui demandait ce qui lui manque le plus depuis qu'elle est Première dame de France : « Être libre, pouvoir me promener dans les rues lorsque j'en ai envie. Faire des courses comme autrefois, entrer au hasard dans un cinéma ». Surnommant le Palais « la maison du malheur », elle n'y remettra, après le décès de son époux, le 2 avril 1974, plus jamais les pieds.
5 Danielle Mitterrand (1924-2011), née Gouze, fut une ancienne résistante et une personnalité engagée dans le monde associatif. Elle a créé la fondation France-Liberté, qu'elle a présidée jusqu'à sa mort. « Je ne suis pas une potiche », disait-elle. Celle qui préférait se faire nommer « l'épouse du président de la République » que « première dame de France » a eu son bureau personnel au palais présidentiel, mais habita toujours au 22 rue de Bièvre.

mercredi 15 janvier 2014

De l'offre et de la demande politiques

Inutile d'invoquer, à mots couverts, Jean-Baptiste Say (1767-1832) et donc ses idées passées, dépassées, comme le fit  François Hollande, hier, 14 janvier 2014, depuis son palais de l'Élysée !

 "JBS", ce protestant (Dieu sait ce que le capitalisme doit au protestantisme !), républicain, girondin, proche de Mirabeau, très brillant intellectuel (2), qui fit affaire sous l'Empire, industriel du coton très lié à l'esclavage (1), est la référence française d'une pensée libérale assumée. Il soutint que l'économie se fondait sur la propriété privée, la libre concurrence et le rôle limité de l'État, ce que ses successeurs entrepreneurs n'ont cessé d'approuver depuis. Dans le même temps, il écrivit aussi, et là est apparue la contradiction innée entre le libéralisme et l'écologie : « Les richesses naturelles sont inépuisables, car, sans cela, nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être ni multipliées ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques » !


Cette perspective conduit à favoriser l'offre et non la demande. Autrement dit la production commande. Le consommateur achète ce qu'on lui offre. La satisfaction des besoins passe après la satisfaction des désirs que l'entrepreneur suscite. Le client n'est roi que s'il paie bien, cher et souvent. Sans croissance, il n'est pas d'économie durable. Le gouvernement vient de verser dans cette doctrine rétrograde et pourtant non encore éculée, puisqu'elle fonctionne.

Il est acquis, semble-t-il, dans les sphères où circulent les dirigeants officiels ou clandestins, que le socialisme est incompatible avec la démocratie capitaliste. Quel que soit le socialisme, il porterait atteinte à la liberté d'entreprendre et déboucherait sur une dictature franche, ou larvée, qui nuirait aux démocraties en place ou en construction. Les "socio-démocrates" qui ne s'avouent pas encore socio-libéraux, mais ça ne saurait tarder, conduiront donc des politiques économiques s'inspirant de Jean-Baptiste Say... Après Shroeder et Blair en voici, avec Hollande, la version française. Le patronat se réjouit. Ce que Sarkozy n'avait pas totalement réussi, Hollande va le faire. Il s'assure, ainsi, les soutiens nécessaires (bien que non suffisants) à sa réélection.

Les écologistes de parti, en avalant une couleuvre de plus, risquent de s'étouffer car le contenu de cette couleuvre c'est, tout simplement, l'abandon, de leur conviction fondamentale (l'inverse de celle de J-B Say) selon laquelle les richesses naturelles sont épuisables. Ils devront donc, tôt ou tard, accepter les OGM, le gaz de schiste, le maintien de l'industrie nucléaire, la poursuite de la production d'armements, la reconquête néocoloniale de marchés africains, la privatisation poursuivie des services publics, etc...

Il n'est, dès lors, plus question, pour qui conteste le système économique prédateur, où la demande est principalement produite par une offre publicitaire, toujours plus subtile ou/et massive, de rechercher un compromis politique avec les partis ex-socialistes : ils sont devenus l'équivalent, sur l'essentiel, des partis libéraux. 


Tel est l'enseignement majeur de ce début d'année 2014. Il n'est plus d'offre électorale anticapitaliste crédible. Nous vivons une trahison historique : le productivisme (qui a son ministère, en France) a envahi tous les esprits (y compris dans le monde syndical) et, en dépit de la certitude que l'illimité trouvera ses limites, on offre une croissance défaillante comme modèle économique incontournable. 

Il ne reste plus aux citoyens non convertibles à cette dynamique implacable qu'à refuser leur concours à ce monde libéral inhumain et, à terme, condamné. D'abord en votant blanc (et en luttant pour la prise en compte effective de cette expression politique), ensuite en votant "libre" (c'est à dire, ici ou là, en appuyant telle ou telle initiative clairement écologique et antilibérale) enfin, et surtout, en prenant des initiatives intellectuelles et pratiques préparant l'après capitalisme, que ce soit demain (comme nous l'avions un peu vite cru, en 2008) ou dans cent ans. Le vieux monde est mort et tous ceux qui le servent, quelle que soit l'étiquette de leur parti, doivent être abandonnés.

(1) La part dans la production mondiale du coton brut des plantations américaines est passée brutalement de 5 % à 70 % en moins de quinze ans, entre 1790 et 1805, les nouveaux États-Unis d'Amérique tentant difficilement de suivre l'explosion de la demande des fabriques de la région de Manchester où le coton est sur cette courte période le ferment de la première révolution industrielle. 

(2) Auteur, en 1803, du premier Traité d'économie politique.

mercredi 1 janvier 2014

De l'inanité des vœux

Chacun sait, en son for intérieur, qu'un 1er janvier vaut un 31 décembre, ni plus ni moins. Le bonheur ou le malheur ne choisissent pas leur jour.

Il est sain, toutefois, pour ses proches, pour l'humanité tout entière, pour soi-même, d'espérer plus de paix et plus d'amour, car nous voyons les ravages causés d'abord, au fil du temps, par les comportements humains, bien plus cruels que les soubresauts naturels infligés par les grandes catastrophes.

Ce qu'on découvre, année après année, à l'approche "des Fêtes", c'est l'hypocrisie, l'excès, l'aliénation auxquels il est difficile d'échapper, sans compter avec la marchandisation des relations humaines, de moins en moins sincères et de plus en plus intéressés.

L'hiatus est considérable entre le Noël historique, fait de louange de la pauvreté et d'espérance en la lumière, et la frénésie, l'addiction, de la consommation suscitée, nourrie, encouragée par les industries du commerce, de la Saint Nicolas début décembre,  jusqu'à la galette des Rois, début janvier.

À peine passée la bénédiction urbi et orbi du pape, parfaitement intégrée dans le conditionnement médiatique, voici venir le déchaînement gastronomique de la Saint Sylvestre. Après le sapin, le petit Jésus, le Père Noël et ses cadeaux obligés, les chocolats, nous avons droit, via les médias, à l'étalage des recettes de cuisine, aux visites de Rungis, puis à l'addition des envois de cartes postales et de messages téléphoniques ou sur internet. Ne pas s'y adonner est mal séant, grossier !

Car vouloir se soustraire à ces conditionnements isole. On passe pour un ours ou un pisse-vinaigre. Constater que les dettes des ménages, alourdies en fin d'année, ne s'embarrassent pas de la soi-disant " crise" ne peut guère s'exprimer durant ces quelques semaines d'oubli et d'insouciance. Oser déplorer que le triptyque production-vente-consommation ne soit pas entamé mais, au contraire, soit bien en place, dominant presque tous les comportements quotidiens rompt avec l'opinion commune.

J'y vois, certes, une volonté d'être "heureux-quand-même", de faire un pied de nez à la médiocrité, de prendre sa part d'une richesse mal partagée et j'ai scrupule à en faire la critique si elle peut atteindre le désir des plus modestes de vivre aussi dans la joie et le plaisir.

Et pourtant, je ne peux que faire la distinction entre ce qui se partage et ce qui s'engloutit, entre l'exubérance d'être ensemble et l'abêtissement généralisé dans lequel des peuples entiers sombrent. Les feux d'artifices et les pétards (avec leur lot d'accidents), les flots d'alcool (associé à toute rencontre festive), le foie gras (présenté comme devant faire partie de tout repas de réveillon), les huitres (obligatoires), les cadeaux (de plus en plus revendus...), le French Cancan du Moulin Rouge (et les festivités des autres cabarets exhibant des filles)..., tout cela fait partie d'une fausse culture bien installée dans nos cerveaux de consommateurs.

Quant aux vœux officiels, ces cérémonies où se montrent ceux qui veulent séduire encore une fois leurs électeurs, c'est paroles vaines et dépenses inutiles, mais tout le monde y tient. C'est l'occasion de rencontres informelles  qui permet de recueillir informations avis et confidences.

Il faut du courage et de fortes convictions pour se retirer de ces jeux futiles et immanquables ! On ne passe pas seulement pour un rustre ; on sort de la société. 

Il importe pourtant de "limiter les dégâts", de rester sobres en ses paroles et en ses achats, de résister à des comportements induits qui, pour certains, déshumanisent ou éloignent de la dignité.

On ne peut, tout à la fois, prendre ses distances avec la société de surconsommation et souscrire, en même temps, au culte frénétique et impulsif des vœux incontournables.

Je le pense depuis des années. Il me semble, en 2013-2014, plus que jamais indispensable de l'affirmer.

Sans plus...







dimanche 17 novembre 2013

Au delà de la dénonciation du capitalisme

 Avec le capitalisme, on ne risque rien...

On a pu reprocher à Stéphane Hessel d'avoir seulement appelé à s'indigner. En réalité, pour qui savait le lire, il invitait à une prise de conscience dynamique : le refus du capitalisme commence par la connaissance de ce qui nuit à l'humanité et qui ne doit plus être supporté.

Oui, dénoncer ne suffit pas, mais il faut commencer par dénoncer. 

Voici des générations que l'on dénonce le capitalisme et cela ne l'a pas anéanti pour autant et seulement modifié. Il s'agit donc de comprendre pourquoi, à présent, le capitalisme est dépassé et c'est pourquoi il faut dénoncer non ses excès mais sa raison d'être.

Deux approches sont parallèles et peuvent se recouper un jour : la fin du capitalisme sous le poids de la critique et de l'hostilité des exploités, d'une part, ou bien la fin du capitalisme, en fin de vie, qui ne parvient plus à dominer l'ensemble des peuples du monde, d'autre part.

Il fut un temps, qui n'est pas loin, où parler de la fin du capitalisme faisait ringard. Cela ne se disait plus. Depuis la fin du socialisme soviétique, il était entendu que la démocratie et le capitalisme ne faisaient plus qu'un. Le "monde libre" avait gagné la partie et la dernière page de l'histoire était écrite : il n'y avait plus d'alternative.

"La crise" (comprendre l'échec bancaire, financier et monétaire) de 2008 a permis d'entendre de nouveaux discours où le capitalisme cessait d'être considéré comme incontournable. La réalité économique et sociale, que masque l'usage permanent du vocable crise (comme s'il s'agissait d'un trouble passager !), entraine les peuples vers une mutation historique à laquelle s'oppose un conservatisme brutal, intelligent, adaptable, et qui ne lâche rien sur le maintien des inégalités et du profit.

Il est plusieurs voies pour aller au cœur du capitalisme, là où il est fragile et peut être ruiné dans l'esprit de nos contemporains avant d'être ruiné tout court, c'est à dire privé de ses gains. Il en est deux.

D'abord ceci : les humains pensent encore, dans leur majorité, - ainsi ont-ils été et sont-ils encore formatés - que du plus jaillit inévitablement le mieux ; et donc, si le partage touche à la croissance et au profit, en réduisant les intérêts de certains pour satisfaire l'essentiel des besoins de tous, ce n'est pas la solution. La condamnation de l'égalitarisme, jugé in fine totalitaire, n'a pas d'autre explication. Le socialisme est inacceptable pour les théoriciens du libéralisme, parce qu'il est, par essence, autoritaire et démagogue. Le fond du débat git là : le partage est-il accessible à une société structurée, démocratique et libre ? La liberté, premier principe de la devise républicaine française, est-elle compatible avec l'égalité, second principe de la même devise ? À l'idéal égalitaire on oppose le réalisme libéral. L'accès à l'égalité véritable, telle est l'entrée dans ce qui fait problème pour le capitalisme : tout espoir de voir les riches cesser de dominer la Terre et les autres hommes qui l'habitent est considéré comme subversif, irresponsable et dangereux. Une lutte historique s'est engagée là et les pauvres l'ont jusqu'à présent perdue.

Mais il y a une suite à cette lutte des classes qui vient relayer des décennies, voire des siècles, de résistance à l'exploitation des modestes par les puissants, et c'est ce que j'appelle la lutte des fins. L'apparition des thématiques écologiques, qu'aucun parti n'a su prendre en compte, a mis en évidence que le capitalisme repose sur une illusion, un irréalisme : la possibilité de faire fonctionner les sociétés avec des ressources énergétiques et minières non renouvelables. Plus largement encore, le productivisme sans frein, la croissance indéfinie n'offrent comme modèle de civilisation que la fuite en avant en refusant d'accepter l'idée qu'il y a une fin indépassable qui, en tout cas sur cette Terre, interdit de vivre sans limites. Une fois la liberté réservée à ceux qui disposent du pouvoir, une fois l'égalité réduite à la propriété de ceux qui disposent de l'avoir, à qui appartient la fraternité, troisième principe fondateur de la République, sinon à ceux qui s'appuient sur le savoir véritable ?



Cet anonyme n'est pas n'importe qui...

Mais résumons-nous, brièvement, sèchement. 

1 - Brisons le lien politique entre le capitalisme et la démocratie, non en réinventant la démocratie populaire qui ne fut que la dictature du parti, mais en administrant la preuve que, non seulement, démocratie et capitalisme ne sont pas l'envers et l'endroit d'une même médaille mais, surtout, qu'il n'y a pas de démocratie viable là ou domine le capitalisme.

2 - Affirmons et prouvons que la démocratie ne peut se fonder que sur l'égalité, non par la résurgence d'un collectivisme menant tout droit au totalitarisme, mais par l'affirmation constante qu'un homme vaut un homme et peut bénéficier d'un sort non pas équivalent mais commun à celui de son voisin quand il s'agit des fondamentaux de toute existence digne et honorable.

3 - Constatons que l'humanité est entrée dans l'ère de la connaissance et de la communication complète et rapide des données indispensables aux choix décisifs. La démocratie n'appartient plus aux représentants des citoyens délégant leur pouvoir ; elle appartient aux citoyens eux-mêmes, de plus en plus nombreux, qui, avec ou sans conseils associés, peuvent décider de leur sort. La décérébration produite par la publicité et la propagande tend à ralentir où ruiner ce processus, mais en vain car in fine ce sont les intérêts vitaux qui commandent.

4 - Enfin, pressons-nous de redéfinir la fraternité politique qui ne se limite pas à des sentiments humanitaires et à la bienveillance. Elle est une solidarité non occasionnelle mais permanente. Elle est l'esprit même de la République, de la res publica, de la chose publique, incompatible avec la priorité laissée aux intérêts privés. Elle est le lien civique qui unit la personne (non "l'individu" !) et la commune, communauté ou collectivité dans la responsabilité et non l'obéissance. Elle est cette attitude citoyenne sans laquelle la liberté autant que l'égalité se disloquent avant de se désagréger.

Et pour entrer dans ce monde là, à nos portes, il faut nous débarrasser du capitalisme lequel n'existe que parce qu'il nous habite, nous modèle, nous détermine, nous exploite, nous domine, nous assujettit et nous... gouverne ! Tendons à nous gouverner nous-mêmes, ce n'est plus un rêve ou une chimère. Soyons acteurs de nos vies.


"Les droits sont au-dessus des lois".

samedi 16 novembre 2013

Manifeste pour une autre France possible.

Premier essai. 
Et si nous pensions autrement...

50 propositions pour donner à penser une autre approche de la vie en société au XXIe siècle

Il ne suffit plus de contester, de protester.
Il est temps d'exiger, de vouloir et de prouver ce qu'on affirme.

Car ce que nous recherchons n'est nullement utopique (ce n'est pas une quête de l'impossible).
C'est utopique mais prévisible (c'est un énoncé ou un « annoncé » qui n'a qu'un temps d'avance)

Les citoyens doivent oser, en effet, annoncer le monde qui vient.
Si l'on ne sait tout ce qui va advenir, on sait déjà ce qui va mourir.

Alors proposons, démontrons, choisissons nos priorités.
Rompons avec ce qui nous domine encore et qui est condamné.

Affirmons nos choix et vivons en fonction de leur inéluctable venue.
Il est grand temps pour les jeunes et tout juste temps pour les vieux...

Tout ce qui se pense est susceptible d'expérimentation mauvaise ou bonne.
Prétendre qu' « il n'y a pas d'autre choix », c'est le contraire de la politique.

***

Tels sont, alors, sans tri, mais non sans cohérence, nos objectifs :

1 – Priorité des priorités : sortir du péril latent et constant du nucléaire civil et militaire.
Civil : Commencer le démantèlement de nos 58 réacteurs nucléaires ; militaire : l'avatar trop cher du gaullisme nationaliste.
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2 – Assumer notre européanité, car il n'est plus d'État indépendant.
La France doit ou sortir de l'Europe politique ou bien y vivre en coopération égalitaire avec les 28 États de l'U.E.
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3 – Cesser de courir après une vaine croissance qui est un refus des limites terrestres.
« Le temps du monde fini commence » : l'annonce de Paul Valéry date de 1945 ! En être conscient, c'est agir.
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4 – Rompre avec le travail-emploi, et interroger le concept même de travail.
L'activité humaine indispensable à la vie déborde de beaucoup le travail salarié.
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5 – Substituer la démocratie d'égalité à la douteuse démocratie de représentation.
La démocratie n'est pas qu'affaire d'élections ; c'est aussi une affaire de justice économique.
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6 – Partager les revenus en commençant par la création d'un revenu minimal pour tous.
Tout humain venu sur terre a droit à des moyens de vivre dans la dignité : tous les revenus sont à partager.
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7 – Attribuer une retraite d'un montant unique, décent et finançable.
Elle doit être versée inconditionnellement, à 60 ans, en reconnaissance de l'activité sociale passée.
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8 – Interrompre toute privatisation du service de l'eau qui ne sera jamais une marchandise.
Le « modèle français » (partenariat-public-privé, ou PPP), privatisation déguisée, est obsolète et trop coûteux.
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9 - Limiter immédiatement, puis cesser, les ponctions sur les ressources non renouvelables.
Pensons un service public en charge de la production des énergies renouvelables.
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10 – Partager les responsabilités politiques entre citoyens hommes ou femmes.
Mieux que la parité, il convient d'aller vers le « tirage au sort » dans les deux collèges masculin et féminin.
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11 – Remplacer les modes de votes qui « bipolarisent » l'expression du peuple souverain.
Le bipartisme français qui permet des alternances au pouvoir sans alternatives s'oppose à la démocratie véritable.
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12 – Reconnaître le vote blanc qui permet d'invalider les élections proposant un choix récusé.
Le vote blanc est un suffrage exprimé qui doit peser sur le résultat final de toute élection.
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13 – Abolir la Constitution de la Ve République, monarchique, qui n'a plus de raison d'être.
Aucune avancée vers une République démocratique ne s'effectuera dans ce cadre constitutionnel désuet.
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14 – Mettre fin au bicamérisme, une antiquité créée pour maintenir des politiques conservatrices.
Le Sénat peut être remplacé par une Assemblée consultative majeure, un Conseil de la République très ouvert.
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15 – Supprimer les prérogatives des partis, simples associations citoyennes parmi d'autres.
Les partis politiques, loin de représenter une part majeure de l'opinion, font obstacle à la politique (cf. S.Weil).
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16 – Promouvoir l'écologie politique, ou écosophie, dans l'éducation civique.
L'écosophie est une philosophie et une politique éloignées de tous les ismes et tous les istes !
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17 – Interdire l'extraction du gaz de schiste par fractionnement qui menace les nappes phréatiques.
L'entêtement des pétroliers à traquer les hydrocarbures dans les profondeurs terrestres et maritimes est condamnable !
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18 – Rejeter toute prétention dictatoriale de faire le bonheur du peuple contre sa volonté.
La Constitution française de 1793 allait jusqu'à considérer que la révolte citoyenne peut être « un devoir sacré ».
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19 – Abolir toute surveillance généralisée qui ne peut que porter atteinte à la liberté.
Les industries de la surveillance menacent plus qu'elles ne protègent et ramènent le totalitarisme.
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20 – Abandonner le principe du recours à la violence « légitime » de l'État sans fondement moral.
La violence n'est pas la prérogative de l'État (admise par Max Weber) mais la justification de la torture et du meurtre.
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21 – Adopter une alimentation plus saine produite plus près de chez soi.
Notre alimentation contemporaine est beaucoup trop carnée, trop chère en transports, trop polluée et trop salée.
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22- Cesser les énormes gaspillages alimentaires dans les réserves ou dans les grandes surfaces.
Un tiers de la production alimentaire mondiale est jeté à la poubelle chaque année...
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23 – Ne pas laisser nos vacances se transformer en industrie touristique.
Ne pas confondre le plaisir du voyage et de la découverte avec le tourisme qui est une industrie des plus polluantes.


24 – Oser contester tout hymne national appelant au meurtre.
« La Marseillaise » est un grand et beau chant historique. Violent, il n'est plus digne de la France.
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25 – Mettre fin à la commercialisation des obsèques.
Le corps d'un défunt n'est pas une marchandise. L'inhumer ou l'incinérer est un service public.
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26 – Abandonner le commerce de l'art véritable qui ne sera jamais un marché.
Mettre un tableau de maître en coffre fort, comme un lingot d'or, au lieu de l'exposer, est une indécence !
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27 – Réduire le sport professionnel qui conduit à la dégradation des corps des athlètes.
La dégradation du corps par le dopage ou l'excès de compétition nuit y compris aux foules de spectateurs.
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28 – Arrêter les ventes criminelles d'armes individuelles ou de masse que les États tolèrent.
L'humanité est en échec depuis l'antiquité dès lors qu'elle n'a su et ne sait que tuer pour « se protéger ».
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29 – Repenser la défense fondée sur une philosophie qui voit en tout autre un ennemi potentiel.
Tuer pour ne pas être tué est « la loi de la jungle », pas celle des hommes s'ils se veulent civilisés.
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30 – Rappeler aux croyants que toute religion se nie elle-même dès qu'elle incite à la violence.
Inutile de parler d'amour entre les hommes quand on s'autorise à penser qu'on peut supprimer la vie de ses semblables.
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31 – Mettre en garde contre les pseudo-miracles qui fanatisent les foules.
Toute attente d'un bien surgi de l'extra-terrestre est une superstition dangereuse pour tous, croyants ou pas.
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32 – Instruire de la réalité du monde, infiniment grand et petit, qui contient sa part de mystère.
La découverte de la complexité, de la beauté et des dimensions insondables du vivant est seule religieuse ou spirituelle.
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33 – Admettre que toute politique est une application de convictions philosophiques.
« Dis moi ce que tu sais de la Terre et du ciel où ta conscience est apparue, je te dirai comment tu votes ».
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34 – Affirmer que tout homme vaut un homme jette les fondements d'une révolution.
L'égalité n'est pensable que dans l'absence de jugement moral sur autrui et dans le « parti pris » de la fraternité.
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34 – Se rappeler que, dans la devise républicaine, « fraternité » constitue un choix politique.
La récupération charitable détruit ce concept révolutionnaire qui fonde et ne suit pas la liberté et l'égalité.
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35- Se persuader que mettre ce qu'on pense en œuvre dans sa vie passe avant la loi.
L'anarchie non-violente, ou self-goverment, est une attitude citoyenne de très haute responsabilité.
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36 – Respecter la vie animale c'est respecter l'homme lui-même.
L'abattage industriel est une guerre sanglante et cachée où chaque bête tuée est transformée en objet .
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37 – Informer les consommateurs diffère de la publicité qui est mensonge, agression et pollution.
Faire consommer par tous les moyens même ce dont on n'a nul besoin est un acte anti-économique.

38 – Sortir de la sphère marchande l'énergie consommée par les ménages.
Gaz, électricité, pétrole de chauffage font partie d'un minimum vital à faire évaluer par un organisme public.
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39 – Supprimer la dette publique par la récupération des « 600 milliards » d'évasion fiscale.
On ne peut demander aux contribuables honnêtes de payer pour les assujettis riches qui ne contribuent pas !
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40 – Briser le tout pouvoir des banques qui se sont emparées de la décision politique.
L'argent, l'un des outils de l'activité économique, quand il devient une fin, instaure la dictature des marchés.
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41 – Réduire puis supprimer le cumul des mandats.
Allons vers le mandat unique exceptionnellement renouvelable et à la recherche de nouvelles représentations.
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42 – Aller vers l'allocation universelle, le revenu de base inconditionnel.
Le revenu minimum à vie, proposé par Charles Fourier, bien plus tard par Gorz, est totalement finançable.
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43 – Payer plus d'impôts peut alléger les charges individuelles.
Une contribution juste est un partage qui peut couvrir tous les frais collectifs, des transports à l'énergie.
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44 – Étendre le champ de la gratuité dynamise la vie collective.
Le don, comme la gratuité, est un rapport social et nullement un encouragement à vivre sur le dos d'autrui.
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45 – Nationaliser, régionaliser, communaliser n'est pas étatiser.
Socialiser les entreprises qui sont indispensables à chaque communauté humaine déprivatise sans centraliser.
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46 – Promouvoir la laïcité, en 2013, c'est respecter la pluralité culturelle de la France
La laïcité fut et reste une décléricalisation, un refus du monopole de toute religion sur la cité commune.
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47 – Changer la propriété c'est protéger ce que chacun a en propre et interdire l'appropriation.
La déclaration des Droits de l'homme est ambiguë quand elle confond respect des biens privés et prise de possession par la richesse.
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48 – Abandonner la délégation de service public quand il s'agit de services vitaux et généraux.
L'eau, l'énergie, les transports ne seront jamais des marchandises et leur gestion doivent cesser d'être confiée au marché.
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49 – Vivre dans la convivialité transforme les individus en personnes.
La démocratie véritable fait de chaque citoyen un acteur et non un spectateur, encore moins un figurant, dans la cité.
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50 – Sortons de l'utopie du faux réalisme.
La « repensée politique » consiste à oser proposer des alternatives à l'utopie dévoyée de la compétitivité et de la croissance.




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