vendredi 14 décembre 2007

Décolonisation sans repentance

Repentance signifie, pour Le Robert, "souvenir douloureux" et "regret de ses fautes". Décolonisation signifie, pour le même Robert, "cessation pour un pays de l'état de colonie; processus par lequel une colonie devient indépendante"; et encore : "libération de groupes humains ou de secteurs socioéconomiques tenus dans un état de dépendance, de subordination".

Décolonisation sans repentance voudrait donc dire : fin de la colonie mais sans "regret de ses fautes", sans "souvenir douloureux", sans reconnaissance de l'importance de la "libération", de la nécessité de "l'indépendance", de l'injustice de la "subordination"! Les colonisateurs passeraient aux oubliettes de l'histoire, mais sans jugement. Dans cet état d'esprit, on déplore sans accuser. On tourne la page sans avoir à assumer de responsabilité.

Un grand pays ne se déjuge pas, nous dit-on. Avouer ses crimes le déshonorerait-il? Surement pas. Ce qui prolonge la décolonisation, et continue à lui faire porter les fruits les plus amers, c'est qu'on ne la déracine pas. Refuser de la mettre au ban de l'histoire de l'humanité, c'est continuer à vouloir que la puissance des riches s'impose. Et si elle ne l'emporte plus par les armes, par l'administration, ou par la religion elle y parvient toujours par l'argent. Ainsi, les peuples, hier sous domination, souvent, le restent.

La colonisation des esprits (mais aussi celle des richesses matérielles) n'a pas cessé. Ce n'est pas seulement de repentance qu'il faudrait parler, mais de rupture, de vraie rupture, de rupture sincère avec des pratiques et des idéaux qui, loin d'être obsolètes, sont restés actifs dans la pensée de bien des dirigeants occidentaux.

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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux

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