lundi 3 mars 2008
La démocratie ne se réduit pas au vote
La démocratie réduite au vote non plus.
Que 65% des Russes, -dit-on- aient voté comme le voulait Poutine ne signifie pas que la démocratie soit instaurée en Russie!
Dans les pays capitalistes, partout où l'on donne à choisir entre deux candidats seulement, le vote est, le plus souvent, pipé.
Partout où l'on vote, soit l'on triche, soit l'on manipule.
L'avis du peuple est craint. Soit on le détourne, soit on le prédirige, soit on le corrige.
Aux USA, depuis toujours, il n'y a que deux camps : Républicains et Démocrates, les uns comme les autres attachés à l'économie marchande et à une politique de puissance dominante.
Le modèle dual s'impose partout : soit, comme en Grande-Bretagne, par la mécanique du scrutin majoritaire à un tour, soit comme en France, par le jeu des scrutins majoritaires à deux tours, plus subtils mais tout aussi efficaces : les minorités sont éliminées.
Là où la pluralité n'existe pas ou est canalisée, la démocratie s'efface.
Ne parlons pas de l'Afrique où les manipulations et les violences, enseignées par le colonisateur, n'ont pas été oubliées une fois acquise l'indépendance formelle.
Le vote est, de plus en plus, un alibi ou une méthode de désignation mise au point par les élites des partis au service desquels se placent les spécialistes des médias.
La démocratie d'opinion n'est pas davantage "démocratique". Les sondages, qui pèsent sur l'orientation des actions, font partie des outils politiques à la disposition de ceux qui monopolisent le pouvoir, parfois durant plusieurs générations.
L'aliénation de ceux qui continuent de croire à l'élection comme moyen de changer de politique devient de plus en plus évidente mais, car il y a un mais..., les électeurs aussi s'en rendent compte! Alors, certains biaisent : ils votent non pas pour ce qu'ils pensent mais pour casser les fausses règles du jeu. Le résultat n'est pas décisif mais brouille les cartes.
La démocratie est malade et a cessé d'être attractive parce que l'espoir de peser sur son propre destin grâce à son vote est devenu fragile. Un peuple qui se résigne devient impotent ou... dangereux.
Il est grand temps de revisiter des certitudes qui ont été dévoyées : "le gouvernement du peuple par le peuple" n'est plus qu'une formule creuse dont seuls les naïfs croient encore qu'elle a conservé sens et réalité.
Pour que la démocratie vive, il faut qu'elle renaisse sans cesse. Pour le moment, elle est moribonde et confinée par des professionnels de la manipulation des populations dans des formes complexes et qui peuvent craquer. C'est du moins ce que l'explosion de l'accès à l'information via internet rend possible, mais non probable!
dimanche 2 mars 2008
Pire que la loi du Talion
Non! Cette expression, "œil pour œil, dent pour dent", provient de la "Loi du Talion", (du latin talis « tel » : telle la faute, tel le châtiment), qui apparaît en 1730 avant JC dans le code d'Hammourabi, alors roi de Babylone. Cette loi incitait à la vengeance individuelle, à condition que la peine soit identique au crime commis.
On retrouve aussi cette formule dans l'Ancien Testament : "Mais si malheur arrive, tu paieras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure" (Exode, 21,23-25). Et dans le Lévitique : "Si un homme frappe à mort un être humain, quel qu'il soit, il sera mis à mort. S'il frappe à mort un animal, il le remplacera - vie pour vie. Si un homme provoque une infirmité chez un compatriote, on lui fera ce qu'il a fait : fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent; on provoquera chez lui la même infirmité qu'il a provoqué chez l'autre" (9,17-22). Plus loin, le même Lévitique prône néanmoins la réconciliation : "Tu ne te vengeras pas, ni ne garderas rancune" (19, 18).
Dans la Torah se retrouve la terrible parole de la Genèse :" Si quelqu'un verse le sang de l'homme, par l'homme son sang sera versé" (9, 6) Mais, contrairement au Code d'Hammourabi, la Torah indique que "les pères ne seront pas mis à mort pour les fils et les fils ne seront pas mis à mort pour les pères : chacun sera mis à mort pour son propre péché" (Deutéronome, 24,16).
Par contre, dans le Nouveau Testament, Jésus s'oppose à cette notion de peine ou de souffrance égale à celle endurée : "Vous avez appris qu'il a été dit : œil pour œil et dent pour dent. Et moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Au contraire, si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre. A qui veut te mener devant le juge pour prendre ta tunique, laisse aussi ton manteau. Si quelqu'un te force à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. A qui te demande, donne; à qui veut t'emprunter, ne tourne pas le dos" (Matthieu 5,38-42).
On est loin, aujourd'hui, de la non-violence de Jésus, dont on ne dira jamais assez qu'elle n'est pas un laisser-faire mais une agression de l'amour, un refus, une résistance, qu'aucune violence ne fait plier.
On est loin aussi de la loi du Talion!
On est dans la vengeance multipliée et, comme le dit la formule grossière, plutôt dans : "pour un œil les deux yeux, pour une dent, toute la gueule".
Israël se condamne lui-même. Et de multiples fois.
Il ne respecte pas l'Ancien Testament: la riposte n'est pas proportionnée à l'agression subie.
Il n'est pas seulement haï de ses voisins; il s'en fait haïr tant et plus, or aucun État, si puissant soit-il, ne peut vivre durablement dans un environnement hostile.
Il crée, (c'est un comble!), les conditions de l'émergence d'un nouvel antisémitisme.
André Glucksmann signa, en 1999 – avec Romain Goupil, Claude Lanzmann et Bernard-Henri Lévy, – un appel déclarant : "Nous condamnons, bien entendu, le terrorisme, mais on ne chasse pas le terroriste en bombardant les civils". Il faut dire que c'était un appel... sur la Tchétchénie!(1) Deux poids, deux mesures.
Nous ne sommes jamais sortis de ce "deux poids, deux mesures" : Les Palestiniens ont tiré une quarantaine de missiles contre Israël, blessant trois civils, dont deux enfants, dans la ville d'Ashkélon (sud), distante de 10 km de la bande de Gaza; au moins 60 Palestiniens ont été tués et plus de 150 blessés, hier, par la riposte israélienne.(3)
Nous rentrons, de nouveau, dans la guerre à Gaza. Israêl a plusieurs revanches à prendre : celle de la guerre perdue du Liban face au Hezbollah, celle de la domination du Hamas sur Gaza avec le symbole du franchissement de la frontière égyptienne, celle de l'échec de sa politique de collaboration avec le Fatah de Mahmoud Abbas. Il lui faut retrouver une autorité politique perdue, fut-ce au prix du sang.
En septembre 2006, le Monde diplomatique faisait paraître un article de Dominique Duval intitulé "Dix yeux pour un seul œil". Voici le retour, dans l'actualité, d'une affreuse formule. Israël fait bien pire que d'appliquer la loi du Talion : il se donne le droit de vie et de mort sur tout Palestinien. Ce faisant, il ne se protège pas et ne lutte pas contre le terrorisme : il lui donne des armes symboliques bien plus efficaces encore que les armes physiques.
(1) Le Figaro, 15 novembre 1999.
(2) http://www.monde-diplomatique.fr/2006/09/VIDAL/13958
(3) Source : ouest-france.fr/ 2 mars 2008.
samedi 1 mars 2008
Après nous le déluge?
Pendant ce temps la France éternelle se réjouit : l'armée de l'Air américaine a déclaré, vendredi 29 février, avoir choisi l'américain Northrop Grumman et l'européen EADS pour un contrat d'environ 35 milliards de dollars (23 milliards d'euros) de fourniture de 179 avions ravitailleurs, aux dépens de Boeing, qui était largement favori. Ce programme est la première étape d'un plan sur plusieurs décennies pour remplacer plus de 500 avions KC-135 utilisés pour notamment pour ravitailler des avions de combat. (2)
Tout est dit : le progrès, c'est de faire des avions. La croissance : c'est de remporter un contrat mirobolant quel qu'en soit le contenu. L'emploi, c'est travailler pour ceux qui payent et si c'est pour l'armée américaine, peu importe.
Ce que déplorent les syndicats, c'est que AEDS créera des emplois aux USA plus qu'en France. Qu'il s'agisse de donner des moyens supplémentaires à la première puissance militaire mondiale dont on voit la déplorable action en Irak ne fait pas question.
Nous restons à l'intérieur d'un système de pensée qui est sans avenir. Sont prononcés avec une égale conviction, et se juxtaposent, des discours enflammés et incompatibles. Parfois se sont les mêmes ténors politiques qui les lancent dans l'opinion qui, bien sûr, s'y perd, et ne sait plus où va le monde!
Lester R. Brown, fondateur du World Watch Institute, "l'un des 100 penseurs les plus influents de la planète, estime le Washington Post, affirme que le terrorisme constitue une menace réelle mais qui n'est pas, "et de loin, l'une des menaces principales de ce début de XXIe siècle". "Une instabilité politique sans précédent" peut surgir, dit-il, "des principales menaces que sont la croissance démographique, le changement climatique, la pauvreté, la raréfaction de l'eau, le renchérissement du pétrole et une éventuelle hausse des prix des denrées alimentaires". (3) En sommes-nous, tout comme lui, convaincus?
On ne peut tout faire à la fois! Où sont les urgences? En 1942, les USA ont bouleversé leur économie pour entrer en guerre face à un péril mondial, le nazisme. En 2008, si nous ne sortons pas des économies de guerre pour faire face à un nouveau péril mondial : la catastrophe écologique planétaire, tous nos projets économiques et politiques seront voués à l'échec. En clair, nous sommes "au seuil d'un nouveau monde" et c'est "au rythme de la préparation d'une guerre" qu'il s'agit de mettre en chantier la remise en état de la planète! "Sans restauration des écosystèmes du vivant, il n'y aura pas de progrès social". Penser la politique au niveau des seuls mandats électoraux revient à s'enfermer dans la recherche de victoires éphémères et sans efficacité réelle. Penser l'économie au niveau de la conquêtes de marchés est devenu une gigantesque duperie?
Le déluge qui peut nous submerger ne tombe pas du ciel! C'est dans nos contradictions, notre imprévoyance et notre enfermement intellectuel que nous nous noyons!
(1) Jean-Marie Pelt et Gilles Éric Séralini, Après nous le déluge?, Flammarion-Fayard, 2006.
(2) Source Agence Reuters : http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-34525462@7-37,0.html
vendredi 29 février 2008
Contribution au débat municipal du 9 mars 2008
Non, il ne s'agit pas seulement de choisir à Éragny sur Oise, où je réside, entre deux personnes : Dominique Gillot et Muriel De Coster, mais entre plusieurs politiques, et puisque les électeurs auront à choisir entre trois listes, la plus élémentaire démocratie aurait exigé qu’on plaçât, fut-ce formellement, les candidatures sur le même plan.
Car il s’agit, en effet, d'un scrutin de listes. À la différence de ce qui se pratique dans quelques autres pays d'Europe, le maire, en France, n'est pas élu directement. Il est élu par les conseillers municipaux, après le scrutin. Ce n’est pas eux qui dépendent de lui mais l’inverse.
Le maire, donc, n'existe pas seul. Il est indissociable de l'équipe qui l'a choisi comme animateur et porte-parole. Parler de la seule tête de liste et de son équipe contient deux erreurs : c’est un peu vite oublier que la tête de liste est dans cette équipe ; c’est considérer que les colistiers appartiennent à leur porte-parole, ce qui est inexact.
Ces évidences sont masquées, à la fois, par la médiatisation qui fait d'une élection un "match" avec ses vedettes, par la présidentialisation de nos institutions qui fait, en France, du premier des élus un chef, mais aussi par le culte des personnalités, auquel certains d'entre les militants politiques succombent, au risque d'enfermer leurs responsables dans un rôle de gourous!
La dignité du maire et de tous les autres conseillers municipaux, y compris ceux de l'opposition, exige qu'on s'écarte de cette mise en spectacle, de cette personnalisation d'une confrontation où le débat perd largement de son intérêt. Enfin, au XXIe siècle, la revalorisation de la politique dont nous avons tant besoin, suppose que nous partagions effectivement les responsabilités au lieu de tout mettre sur les épaules d'un seul ou d'une seule.
L'élargissement progressif aux citoyens des dispositifs de décision comme le souhaitent, de plus en plus, les habitants de nos communes, supposent que l'équipe municipale soit décentralisée. Les citoyens en sont de plus en plus conscients, mais, hélas, nous en sommes loin.
mardi 26 février 2008
Questions autour d'un vol "vert"?
Nous traversons une phase de manipulation de l'opinion publique! Au lieu de poser les questions difficiles, on cherche à convaincre les citoyens qu'on va tout changer en ne changeant rien. Quitte à mettre beaucoup d'argent dans ces opérations publicitaires!
Oui ou non, faudra-t-il, à tous prix, réduire les émissions de gaz à effet de serre, dans les 40 ans qui viennent? Oui ou non, faut-il commencer tout de suite? Oui ou non, faut-il réduire progressivement, mais dès à présent, l'usage des carburants fabriqués à partir des énergies fossiles (pétrole et... uranium!). Oui ou non, l'aviation est-elle concernée par ces limites tracées autour de l'industrie aéronautique? Oui ou non, les biocarburants constituent-ils une réponse acceptable au remplacement du pétrole ou cela ne règle-t-il rien? Oui ou non, la flambée des prix alimentaires, qui apparaît, est-elle liée à cette double cause : la diminution des espaces agricoles réservées à l'alimentation, d'une part, et l'augmentation inéluctable du prix du pétrole dont les compagnies maîtrisent la croissance sans risque immédiat pour elles-mêmes, d'autre part? Oui ou non, une croissance économique indéfinie, sans contenu ni limites, n'interdit-elle pas, désormais, une autre croissance : celle du bien être de l'humanité? Oui ou non, pouvons-nous engager une modification des procès culturels permettant de supporter la fin des fausses évidences, afin de vivre le XXIe siècle sur des fondements tout autres, où le savoir et l'équité permettraient de vivre plus sobrement mais avec plus de plaisir?
Quel exemple que ce "vol vert"! Si remplacer le kérosène par l'huile de coco conduit à diminuer les ressources vitales des humains et aggrave la pollution par la suppression, comme en Indonésie, de forêts entières, l'économie de marché (de dupes?) a-t-elle encore un sens? Impossible de dire : nous ne savions pas! Si nous acceptons cet abandon, autant laisser aller l'humanité jusqu'à l'épuisement de ses ressources, elle n'en souffrira pas davantage mais achèvera, à coup sûr, sa course historique avec l'illusion d'avoir pu prolonger un mode de vie qui la condamne! Jamais la formule cynique "après moi le déluge" ( plus exactement : "tout cela durera bien autant que moi", de Louis, dit le Bien-Aimé!) n'aura trouvé un emploi plus justifié.
(1) Source : http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/312182.FR.php
lundi 25 février 2008
Écologie et politique argentine
Bloqués dans leur hôtel depuis cinq jours et interdits de sortie du territoire argentin, le photographe Yann Arthus-Bertrand et son équipe de dix personnes sont en attente de leur comparution devant un juge à Puerto-Iguazu, petite ville touristique du nord-est de l'Argentine, après que trois plaintes ont été déposées à leur encontre.
Ils ont été arrêtés mercredi à l'aéroport de la ville de Posadas, après un tournage sur les problèmes suscités par le barrage hydroélectrique de Yacyreta, un ouvrage qualifié de « monument de la corruption » par l'ancien président argentin Carlos Menem et très critiqué pour ses conséquences écologiques désastreuses.
Yann Arthus-Bertrand affirme qu'il s'agit d'un coup monté qui vise à bloquer le tournage réalisé ces derniers jours sur un sujet très sensible : le barrage de Yacyreta, situé sur le Rio Parata.
"Nous sommes venus, dit-il, travailler en Argentine pour l'émission de France2, Vu du ciel, inspirée du livre de Fred Pearce sur la mort des grands fleuves. Au départ, les relations avec l'agence de tourisme qui nous suivait durant le voyage étaient excellentes. Tout a basculé à Posadas, lors du tournage sur le barrage, après une série d'interviews très fortes auprès des derniers habitants du village d'El Brete. L'eau doit encore monter de cinq mètres mais ils ne veulent pas quitter leurs maisons. Ces gens résistent depuis plus de dix ans, malgré les pressions. En racontant leur histoire, ils hurlaient, ils pleuraient... Le soir même, en rentrant à l'hôtel, l'agence nous a réclamé de lui verser l'intégralité du voyage en liquide...
Vu l'importance des sommes nécessaires à un tournage, il n'est pas question pour nous de nous déplacer avec une valise de billets. Un versement bancaire depuis la France était prévu. Au début, nous avons pensé qu'il y avait un malentendu, que le virement n'avait peut-être pas été effectué.
Le matin, nous avions encore tourné dans le village d'El Brete. Une fois terminé, nous allions à l'aéroport pour poursuivre notre voyage vers le sud, toujours organisé par la même agence de voyage qui, entre-temps, avait reçu la confirmation du transfert bancaire. Là, les accompagnateurs sont devenus très nerveux... Dix minutes plus tard, une quinzaine de policiers ont débarqué, nous ont arrêtés et conduit au commissariat, où la plainte nous a été notifiée. Dans la soirée, nous avons été transférés ici, à Puerto Iguazu, ce que je n'interprète que comme un moyen d'éviter toute mobilisation en notre faveur. Les ONG locales qui se battent au côté des expulsés du barrage attendaient beaucoup de notre venue. Pour elles, la volonté des autorités est claire : nous interdire de parler du scandale du barrage et des milliers de déplacés. L'hélicoptère qui devait filmer le barrage a été interdit de vol et cloué au sol. En fait, nous étions suivis par la police dès l'arrivée dans le village d'El Brete. Et encore le lendemain matin.
Le juge d'Iguazu nous a entendus une première fois jeudi et libérés sous caution avec interdiction de quitter la ville. Nous n'avons même pas pu être confrontés à la personne qui nous accuse ! Vendredi, nous avons appris avec stupeur qu'un garde-forestier d'un parc naturel où l'équipe avait travaillé et un chef de l'ethnie guarani également rencontré lors du tournage avaient eux aussi porté plainte. Nous sommes tombés des nues ! Sans doute des pressions ont-elles été exercées sur ces gens. Les interviews s'étaient pourtant très bien passées. Il n'était en rien question d'argent.
Deux avocats nous assistent, l'ambassade de France nous soutient. Il nous faut bien sûr respecter la loi argentine. Mais pour ceux qui voudraient nous faire taire, c'est raté : nous ne donnerons pas nos cassettes !"
Source : http://www.leparisien.fr/home/info/faitsdivers/articles.htm?articleid=296083953
dimanche 24 février 2008
"Casse toi, pauvre con"!
Ce n'est pas un propos de bar ou de cage d'escalier, c'est une parole présidentielle que rapporte l'AFP (1). Il n'y aurait pas de quoi s'offusquer si c'était le premier dérapage mais, après bien des sorties de la route des bons usages, et cela bien avant son élection, le Président de tous les Français apparaît décidément incontrôlable (y compris par lui-même) et adopte un comportement qui n'a plus rien de spontané. C'est donc un trait de caractère. Le personnage devient inquiétant. Les Français le sentent.
La sanction des sondages (38% d'opinions favorables seulement moins d'un an après mai 2007) n'est ni suffisante ni réjouissante. D'abord, parce que cela excite l'irritation du bonhomme qui fut toujours très attentif aux sondages, et risque de lui faire commettre d'autres impairs bien plus graves, ensuite parce que ce n'est pas sa politique qui est sanctionnée, dès lors que François Fillon obtient, lui, 58% d'opinions favorables, (+ 19%, et cela en quelques mois!). Sans doute les sondés veulent-ils montrer qu'entre l'indignité de l'un et la discrétion de l'autre, le choix est vite fait, mais il n'en reste pas moins et, c'est l'essentiel, que s'accumulent des nuages lourds de menaces au sein desquels le lien entre les risques considérables de la politique ultralibérale et les dangers d'une politique provocatrice et vulgaire, ne peut encore être fait.
De là à ce que les Français renvoient la vilaine formule : "Casse-toi alors, pauvre con", à la tête de celui qui les discréditent, il n'y a peut-être qu'un pas, de toute façon bien difficile à franchir. Mais..., on ne joue pas avec l'honneur d'un peuple. Et quand celui qui les représente est sans honneur, tout peut arriver!
PARIS (AFP) — La visite de Nicolas Sarkozy au Salon de l'agriculture samedi matin a été marquée par un échange d'invectives entre un visiteur et le président, séquence filmée qui a été diffusée dans la soirée sur le site Le Parisien.fr.
Très entouré, souriant, le chef de l'Etat prenait un bain de foule et serrait des mains quand un visiteur d'un certain âge et portant des lunettes lui a lancé: "ah non, touche-moi pas".
"Casse-toi, alors", a répondu M. Sarkozy.
"Tu me salis", a enchaîné le badaud.
"Casse-toi alors, pauvre con", a répliqué le président.
vendredi 22 février 2008
Écologica
Il s'agit d'un testament politique me semble-t-il. Ce document est le bienvenu quelque temps avant que ne soit commémoré, vilipendé ou déformé le message de mai 1968, lors des inévitables commémorations accompagnant le tout prochain 40e anniversaire.
Sartre, Illich, Jean-Marie Vincent, Dorine et... les hackers sont les points d'appui choisis par Gorz pour tenter d'expliquer comment s'était construite sa pensée. Sartre, pour l'émergence du sujet politique : "le sujet est toujours un mauvais sujet, rebelle au pouvoir et à la règle, à la société comme appareil total" formulait le philosophe. Illich, pour le choix des seules techniques conviviales, celles qui accroissent l'autonomie du sujet. Jean- Marie Vincent pour le dépassement du marxisme vulgaire qui conduit à penser que "le socialisme ne vaut pas mieux que le capitalisme s'il ne change pas d'outils". Dorine, sa compagne "sans qui rien ne serait". Et le hacker (auquel fait inévitablement penser Jérôme Kerviel, le trader de la Société générale...), ce "dissident du capitalisme numérique"...
"La sortie du capitalisme a déjà commencé" affirme André Gorz, non que le prolétariat soit de retour (il a dit "adieu au prolétariat") mais parce que l'idéologie du travail qui a sous-tendu la doctrine capitaliste (ainsi que bien des messages de syndicalistes marxistes ou pas) est à bout de course. L'appel à "travailler plus" ressemble à un chant du cygne qui se fait d'autant mieux entendre qu'il est lancé comme un défi au réel.
De plus en plus de production est devenu possible avec de moins en moins d'heures travaillées dans les sociétés hautement développées. Et si l'on devait, un jour, retrouver un plein emploi, ce serait nécessairement en continuant à réduire le temps d'emploi rémunéré ou en diminuant davantage le coût de l'heure de travail payée. On ne gagnera plus d'argent, désormais, qu'en vivant moins bien.
On a connu le "produire plus pour gagner plus et mieux satisfaire les besoins humains". On sait ce qu'il en est advenu. Le "travailler plus pour gagner plus" n'en est qu'une variante cynique qui a déjà cessé d'éblouir les dupés qui l'avaient crue.
L'écologie politique, dès lors, ne peut que reprendre, approfondir et radicaliser la critique du capitalisme. La prise de conscience mondiale qui conduit à une pseudo découverte de la menace que subit l'espèce humaine et tout le vivant planétaire, (car il y a bien longtemps que le danger s'annonçait) peut soit être détournée, pour quelque temps, vers le capitalisme vert, c'est-à-dire le détournement du profit vers les inévitables adaptations à effectuer pour survivre, soit conduire à des bouleversements historiques dont nous n'avons aucun modèle préétabli et par conséquent aucune possibilité de les prévoir avec certitude.
Il y a grande urgence mais il n'y a pas de solution connue à cette nécessité du dépassement du capitalisme. Urgence parce que le système implose comme a implosé le système soviétique. Vide politique parce que tous les acquis démocratiques qui ont accompagné le capitalisme depuis un peu plus de deux siècles sont en crise. Nous entrons dans une période fascinante et périlleuse dont, en 1968, nous n'aurions pu rêver : les sept milliards d'humains disposent des moyens de subvenir à tous leurs besoins à conditions de les diminuer de tout ce qui leur a été présenté comme des besoins et n'en étaient pas.
Contre toute attente historique, l'économie de l'immatériel, comme le démontre André Gorz, limite le travail humain et tend à la gratuité. Le capitalisme n'en peut sortir indemne. Nous n'avons donc le choix qu'entre la lente, progressive et complexe mise en œuvre de la convivialité qu'aura pensée (mais non vue!) Illich, et... rien.
Le temps critique et contradictoire de l'espoir et du désordre a commencé.
(1) André Gorz, Écologica, Galilée, Paris, 2008.
mercredi 20 février 2008
Le pire des mondes possibles
Mais là n'est pas le plus angoissant. Dans le quartier où se juxtaposent les immenses édifices européens, celui de la Commission, celui du Conseil des Ministres, avec, un peu à l'écart, le Parlement, on sent de façon quasi charnelle que les 30 000 fonctionnaires ici (au moins!) sont payés à traiter des problèmes vitaux par dessus la tête de ceux qui ont à les vivre. Le sens du Traité de Lisbonne surgit d'un coup : le monde du savoir et du pouvoir est, là, bien installé, au service de l'avoir. Les innombrables modestes subiront les décisions et, démocratie ou pas, n'y pourront rien.
Depuis moins d'un demi-siècle, "le pire des mondes possibles"(1), comme le dénomme Mike Davis, sociologue américain, s'est étalé partout à la surface de la Terre. Toute organisation internationale, toute puissance militaire se sont avérées incapables de s'opposer à la progression de la misère. Plus de 200 000 bidonvilles sur la planète, (dont Bombay est la capitale mondiale avec 10 à 12 millions de squatters vivant en taudis) regroupent d'immenses populations, de Mexico et Caracas en Amérique du Sud, du Caire au Cap en Afrique, de Gaza et Bagdad jusqu'à Bombay en Asie...! S'il est une preuve et une seule de l'échec violent du néo-libéralisme, elle est là : plus passent les années et plus le monde se coupe en deux avec une minorité de nantis croissant moins vite que la majorité des miséreux. On peut ne pas le voir et ne pas le savoir mais la réalité s'impose : "une humanité de trop" impossible à intégrer dans le système économique et social dominant tend à devenir démographiquement majoritaire.
Face à ce désordre géant deux voies et deux seules sont ouvertes : celle de la contrainte physique des superpauvres des mégavilles et celle du renoncement à la croissance des richesses réservées aux favorisés. "Ce n'est pas à cause de la pauvreté urbaine que les bidonville existent mais à cause de la richesse urbaine" affirme Gita Verma (2). Produire pour produire ne peut satisfaire les besoins puisqu'il faudrait produire non ce qui surabonde et qui se vend mais ce qui manque et qui ne peut s'acheter!
L'Europe tourne le dos à la réalité du monde. Les États Unis l'affrontent par la force. Les États émergents copient les recettes qui ont réussi aux pays industrialisés et ne sont pas reproductibles. L'impasse économique et politique est totale.
Quand tous les motifs de la désespérance se trouvent réunis, qu'y opposer sinon une espérance active et opiniâtre ultime défi au pire des mondes possibles. L'espérance des "partageux" des "utopistes" et des "résistants"...
(1) Mike Davis, Le pire des mondes possibles, édition La Découverte/Poche, Paris, 2007.
(2) Gita Verma, Slumming India, London, 2003.
jeudi 14 février 2008
Si le futur roi d'Angleterre s'en mêle...!
BRUXELLES (Source vérifiée)
Le prince Charles, connu pour son activisme en faveur de l'environnement, a appelé jeudi l'Europe à faire encore davantage pour lutter contre le réchauffement climatique, prévenant que l'heure du "Jugement dernier" se rapprochait dangereusement.
"L'horloge du jour du Jugement dernier pour le changement climatique avance toujours plus vite vers les douze coups de minuit. Nous n'agissons tout simplement pas assez vite" pour faire face au défi du réchauffement, a affirmé l'héritier de la couronne dans un discours devant le Parlement européen à Bruxelles.
Si le monde ne prend pas la mesure des défis à venir, "le résultat sera une catastrophe pour tout le monde", a-t-il mis en garde.
"La banquise au pôle Nord fond si rapidement que certains scientifiques prévoient qu'elle disparaîtra complètement l'été dans sept ans", s'est-il inquiété. "Le simple fait qu'un tel événement soit concevable constitue un nouvel appel à se ressaisir, alors que nous progressons tels des somnambules vers le bord du gouffre", a ajouté le prince Charles.
Il a notamment plaidé pour associer plus étroitement le secteur privé aux efforts des pouvoirs publics et des ONG dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Il a salué les récentes propositions de la Commission européenne pour parvenir à l'objectif d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l'UE de 20% par rapport à leurs niveaux de 1990 d'ici à 2020 et, sur cette même période, de porter à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation.
Mais il a estimé qu'il faudrait aller "bien plus loin". Et il a invité l'Europe à intensifier ses efforts pour convaincre les Etats-Unis et les grands pays émergents de s'associer plus nettement aux efforts sur le climat.
L'UE doit oeuvrer à "forger un dialogue réellement efficace avec la Chine, l'Inde et les Etats-Unis, qui reconnaisse clairement les implications du changement climatique en termes de sécurité" pour la planète, a-t-il dit.
Bruxelles (Source vérifiée)
mercredi 6 février 2008
Rupture
Je ne veux pas de l'Europe qu'on me prépare ni pour moi, ni pour ma descendance. Passer du fascisme au stalinisme, puis de ces totalitarismes assassins au capitalisme triomphant ne contient aucun germe d'espoir. Ceux qui le veulent, l'acceptent ou n'y font pas face sont des traîtres à la cause humaine. Je n'ai plus rien à faire avec eux.
Ce qui s'est passé à Versailles, lundi passé, 4 février, contient toute la désespérance politique : pour n'avoir pas le pire, on accepte le moins mauvais (voilà pour l'acceptation du vote par le parlement du traité de Lisbonne -incertain devant le peuple, assuré devant les assemblées-); pour éviter le vote passionnel des Français et leur censure possible du pouvoir, on les empêche de voter (voilà pour l'acceptation par les "représentants" du peuple d'une mission que leurs mandants ont été jugés incapables de remplir!).
Que le référendum soit un outil dangereux pouvant tourner au plébiscite. C'est vrai. Que les électeurs ne soient pas en mesure d'examiner les conséquences d'une organisation des pouvoirs publics assez importante pour qu'on doive modifier la constitution avant d'en saisir les parlementaires. C'est faux.
Il y a donc eu forfaiture : le crime politique qui ne se pardonne pas. Je peux pardonner à des hommes qui se trompent. Je ne pardonne pas l'erreur elle-même, et une une erreur de ce calibre! J'en ai fini à jamais avec les socialistes et les écolologistes qui ont préféré un réalisme imaginaire à la résistance démocratique.
Je me découvre entier et donc, sans doute, criticable pour cela, mais l'avenir jugera. Et sans tarder...
samedi 2 février 2008
L'actualité de Gandhi, l'oublié inoubliable.
L'Inde, elle, n'a pas oublié. Gandhi a été reconnu comme le Père de la nation en Inde. Son anniversaire, le 2 octobre, y est un jour férié. Cette date a été déclarée Journée internationale de la non-violence par l'Assemblée générale des Nations unies en 2007.
Pourtant les très importantes commémorations ne sont pas allées jusqu'à reprendre le message de Gandhi le non-violent qui n'aurait sans doute pas admis que son pays soit devenu une puissance nucléaire, comme la Chine et le Pakistan voisins!
Car Gandhi est mort désespéré! Il a été plus influent que quiconque et sa non-violence, appuyée par des foules immenses, loin d'être une non action, a été une action politique déterminante. Pourtant Gandhi pensait avoir échoué puisque le Pakistan et l'Inde se sont affrontés de façon abominable, puisque hindous et musulmans se sont séparés dans la haine.
Gandhi a eu le grand tort d'avoir raison trop tôt. Rien ne vaut tant que la paix entre les peuples et toute politique qui exacerbe les conflits se condamne elle-même. L'histoire, en général, ne tarde pas à en fournir les preuves. Le temps est venu de penser la politique en lui donnant, comme Gandhi l'a fait, une dimension non violente.
Bien entendu la non violence du XXIe siècle aura peu à voir avec celle du siècle passé. Ce n'est pas Jacques Attali, auteur d'un livre récent sur Gandhi, qui est le mieux placé pour dire le chemin qui rendrait inutile le recours à la force armée. Impossible de ne pas rechercher aujourd'hui, de la désobéissance civile de Thoreau, jusqu'à l'obtention des droits civiques pour les citoyens noirs de Martin Luther King, en passant par le droit à l'autodétermination politique du peuple indien de Gandhi, les moyens de donner, à tout être humain, pouvoir sur sa vie sans qu'il soit nécessaire de donner la mort.
La civilisation est devenue incompatible avec le recours à des moyens de mener la guerre tellement puissants, sophistiqués et efficaces que le mal combattu devient moins haïssable que ce que produisent comme malheurs les armes des États croyant soutenir une cause juste! Il faudra bien sortir de cette spirale infernale de la violence de masse! Gandhi avait ouvert une brèche dans les certitudes des hommes politiques. Il faut l'élargir. Il est grand temps!
vendredi 1 février 2008
Le retour du péché originel.
De telles hérésies(1) de la pensée conduisent à ce que les sénateurs, dans leur majorité, viennent, pour la honte de la France, d’adopter : quiconque est réputé dangereux restera en prison au terme de sa peine ! On ne juge plus les faits. On juge les personnes. On condamne à la mort carcérale ceux qui pourraient nuire.
Ce concept du bon et de mauvais, inscrit définitivement, et depuis toujours, au fond du cœur de l’homme, élimine tout espoir de voir l’humanité être autre chose que ce qu’elle est : un repère de monstres ! Il n’y a plus, dès lors, qu’a éliminer du champ social ces violents de naissance dès qu’on les a repérés. Et, si possible, dès l’école maternelle, avant qu’ils aient commis leurs forfaits.
La France n’était pas et n’est toujours pas le pire des régimes politiques, mais elle est mal partie ! Elle a déjà cessé d’être une référence pour les Droits de l’homme. Sur ce fondement idéologique de l’innéité du mal, le retour de la peine de mort est à la merci de la première horreur sociale venue. On peut prélever l’ADN des faucheurs de champs OGM. On peut karchériser les voyous (éradiquer la saleté humaine là où elle croupit). On peut incarcérer, juger et condamner, avec autorité et superbe, des innocents, comme c’est arrivé à Outreau, sans que rien ne s’ensuive puisque le juge devient le prêtre qui dit, sans jamais errer, le bien et le mal. On peut aussi entraîner tout un peuple dans cette course contre le mal et pour l’épuration de la société. Cela a mené les USA à la guerre d’Irak après le traumatisme du 11 septembre, au triomphe des ultra conservateurs religieux. Et là…
Si l’instituteur, aux yeux du Président de la République, est moins qualifié que le curé pour dire le bien, ce n’est pas parce qu’il n’est pas respectable, c’est parce qu’il ne sait pas que tout est écrit et que l’on ne fait pas un honnête homme, ni même un homme intelligent de celui qui est programmé pour devenir un assassin ou un sot.
La France regimbe, les sondages fragilisent le pouvoir en place, mais, en moins d’un an, une œuvre de destruction considérable a été accomplie sur la base de ces principes qui veulent que la sécurité ne s’installe que par la force, car l’homme est ainsi fait qu’il est un loup à museler !
Attention : beaucoup approuvent cette conception pessimiste de l’être humain ou s’inclinent devant cette doxa : depuis la Shoah et le Goulag , on sait que l’équilibre social ne tient qu’à un fil, le fil de l’épée.
Depuis qu’un sociologue, Max Weber, a affirmé que l’État seul détenait le monopole de la violence légitime, on ne se pose plus de questions : qui a le pouvoir détient aussi le droit de faire violence à la vérité. Qui ne se dresse pas contre cette folie n’est plus un citoyen.
(1) Le Robert donne une définition non confessionnelle du mot et je l’adopte : « théorie, qui heurte les opinions considérées comme justes et raisonnables »
mardi 29 janvier 2008
L'UNESCO s'engage pour l'écologie
Par Koïchiro Matsuura, directeur général de l'Unesco.
Nous avons reçu une seule planète en héritage. Mais qu'en avons-nous fait ? La Terre est aujourd'hui un patrimoine en péril, et l'espèce humaine elle-même est en danger.
Avons-nous, même après les derniers résumés du Giec et la conférence de Bali, pris conscience de l'ampleur des défis titanesques que l'humanité va devoir relever, alors que le temps déjà lui fait défaut ? Je n'insisterai pas sur le diagnostic. Changement climatique, désertification, crise mondiale de l'eau, déforestation, dégradation des océans, pollution de l'air, des sols, de l'eau et des mers, érosion accélérée de la biodiversité : hélas, le tableau est connu.
Les conséquences économiques et géopolitiques d'une telle situation commencent seulement à être chiffrées. Notre guerre à la planète risque d'avoir un coût de guerre mondiale, comme l'a rappelé le rapport Stern. Et, au bout de la guerre à la nature, ne risque-t-il pas d'y avoir la guerre tout court, face à la pénurie croissante des énergies fossiles et des ressources naturelles et aux 150 à 200 millions d'écoréfugiés anticipés par les études prospectives ?
Mais ce que nous interprétons comme des problèmes à commencer par le changement climatique ne sont pas tant des problèmes que des symptômes. Le vrai problème, en fait, est celui de la croissance matérielle dans un monde fini, qu'avait déjà posé en 1972 le rapport au Club de Rome «Limits to Growth». Mais, en 1972, nous dit Dennis Meadows, coauteur de ce rapport, «l'humanité était en dessous des limites de la planète, maintenant nous sommes au-dessus» , comme l'attestent les données concernant l'empreinte écologique de l'espèce humaine calculées par l'équipe de Mathis Wackernagel.
En 1972, nous avions atteint 85 % de ces limites. Aujourd'hui la consommation humaine des ressources se situe à environ 125 % du niveau soutenable à long terme.
Alors, peut-on encore sauver l'humanité ? Oui, nous le pouvons, sans pour autant interdire à l'espèce humaine de se développer et de lutter contre la pauvreté. Pour ce faire, nous devons combiner la croissance et le développement durable, au lieu de les opposer.
Mais comment ? Il va nous falloir plus de science, plus de sobriété, moins de matière, plus de concret, et davantage d'éthique et de politique, et non pas moins : et donc un autre contrat, un contrat naturel et une éthique du futur.
Plus de science d'abord. Nombreux sont ceux qui pensent : la technoscience, voilà l'ennemi. Mais la main qui inflige la blessure est aussi celle qui la guérit. Nous ne parviendrons pas à sauver la planète et son hôte, l'espèce humaine, si nous ne construisons pas des «sociétés du savoir», qui accordent la priorité à l'éducation et à la recherche. Face aux défis du développement durable, nous devons renforcer nos capacités d'anticipation et de prospective. Pour sa part, l'Unesco édifie depuis des décennies une base mondiale de connaissances sur l'environnement et le développement durable, alors même que si peu encore avaient conscience du problème ! Dès 1949, l'Unesco a lancé la première étude internationale sur les zones arides ; dès 1970, elle a créé le programme «l'homme et la biosphère» (MAB), et ses programmes scientifiques mondiaux sur les océans et les géosciences sont reconnus comme des ressources uniques. Le Giec a beaucoup puisé dans cette base de connaissances qu'il faut continuer d'enrichir et de compléter à l'avenir.
Plus de sobriété : il va nous falloir inventer des modes de consommation moins dispendieux et plus efficaces. Car avec l'extension croissante des modes de développement et de consommation occidentaux aux économies émergentes du Sud, quel autre choix avons-nous ? Trois ou quatre planètes Terre seraient nécessaires si l'on étendait tels quels à la planète les styles présents de consommation de l'Amérique du Nord.
Moins de matière : il va nous falloir «dématérialiser» l'économie et la croissance. Car peut-on arrêter la croissance ? Probablement pas. Que faire alors ? Il va nous falloir réduire la consommation de ressources naturelles et de matières premières dans chaque unité de production économique, qu'il s'agisse d'énergie, de métaux ou de minerais, d'eau ou de bois. Ce transfert de l'économie vers l'immatériel a déjà commencé, avec la révolution qui remplace les atomes par les bits, et qui est au principe de l'essor des nouvelles technologies et des sociétés du savoir. La «dématérialisation» de l'économie pourrait même favoriser le développement des pays du Sud, si les pays du Nord s'engageaient à dématérialiser un peu plus que les pays du Sud pendant environ cinquante ans.
Mais la plus grande transformation de nos sociétés sera celle de nos attitudes et de nos comportements : comment dématérialiser la production si nous restons matérialistes ? Comment diminuer notre consommation si le consommateur en nous dévore le citoyen ? L'éducation au développement durable sera le levier de cette mutation.
Plus de concret : pour combler le fossé entre utopie et tyrannie du court terme, il faut des projets concrets et réalistes, y compris à l'échelle internationale. Exemple : la biodiversité. Pour préserver les 34 zones écologiques jugées les plus prioritaires, qui ne couvrent que 2,3 % de la surface terrestre du globe mais abritent 50 % des espèces connues de plantes vasculaires et 42 % des mammifères, oiseaux, reptiles et amphibies, il faudrait environ 50 milliards de dollars, soit moins de 0,1 % du PIB mondial.
Un contrat naturel : pour cesser d'être les parasites de la Terre, nous devons accepter de signer un nouveau traité de paix avec la nature. Nous avions le contrat social, qui liait les hommes, il nous faut maintenant nous lier à la nature. L'idée paraîtra étrange à certains, mais elle est une suite logique de la prise de conscience écologique. Si désormais nous protégeons telles espèces, si nous préservons des paysages dans des parcs naturels, c'est que peu à peu nous reconnaissons dans la nature un véritable sujet de droit. La vraie démocratie du futur sera prospective ou ne sera pas : l'éthique du futur, qui exige que nous léguions un monde vivable à nos enfants, saura y jeter un pont entre l'économie et l'écologie, entre la croissance et le développement durable.
Le 28 janvier 2008
http://www.lefigaro.fr:80/debats/2008/01/29/01005-20080129ARTFIG00462-sauvons-l-humanite-combinons-croissance-et-developpement-durable-.php
lundi 28 janvier 2008
La politique au-delà des partis et des États (2ème partie)
Laissons de côté les partis dont j'ai dit qu'ils couraient à leur fin mais regardons en quoi les États non plus ne sont pas à même de conduire, à présent, les affaires des hommes. Les grandes questions dont dépend l'avenir de l'humanité sont toutes transnationales et les États-nations ne sont plus en mesure de les traiter.
Quelles sont ces questions que ni les partis ni les États ne peuvent présenter aux citoyens comme étant des priorités vitales?
La première de toutes est d'ordre démographique : si, en 2050, la planète compte 9 milliards d'habitants, il faudra faire cohabiter six fois plus d'êtres humains qu'au XIXe siècle. Sans un partage de l'eau potable, de la production alimentaire, de l'espace de vie disponible et des connaissances scientifiques indispensables pour vivre ensemble, c'est tout simplement impossible. Ce sont la guerre, la famine, l'immigration de masse et la misère généralisée qui limiteront les effectifs de la population humaine terrestre.
La seconde est d'ordre écologique : si d'ici 2050, les hommes n'ont pas limité les activités qui engendrent un réchauffement climatique artificiel et rapide, les désastres qui attendent les générations à venir n'auront aucun équivalent au cours des temps historiques, si ce n'est peut-être la peste noire. Nul, riche ou pauvre, n'échappera aux conséquences d'une gestion démente des ressources fossiles non renouvelables.
La troisième est d'ordre social : si nous ne nous en prenons pas aux causes de la "bidonvillisation" de la planète, une déferlante de violences urbaines emportera tout sur son passage et il deviendra inutile de parler de civilisation. 2007 aura été l'année charnière puisque, depuis, il y a plus d'humains en milieu urbain qu'en milieu rural. mais le pire est devant nous : en 2020, sans un changement radical de nos modes de vie, deux milliards d'hommes vivront non plus en ville mais en bidonville. "Si rien ne change, l'humanité future habitera dans des cartons" lance le sociologue américain Mike Davis.
La quatrième est d'ordre générationnel : nous ne nous sommes pas préparés à vivre plus vieux, or un vieillissement considérable de la population humaine s'est effectué en un demi-siècle. C'est vrai sur tous les continents et singulièrement en Asie. Les conséquences matérielles et culturelles du phénomène sont inouïes. La place du travail, la durée des formations, l'image du corps, la conception de la santé, la répartition et la transmission des richesses vont s'en trouver bouleversées.
La cinquième est d'ordre méthodologique : les quatre questions vitales précédentes ne sont pas à traiter autrement qu'ensemble. Non seulement elles sont liées mais elles sont interagissent les unes sur les autres. En Inde, par exemple, qui sera bientôt l'État le plus peuplé du monde (voilà pour la démographie), où le manque d'eau provenant des glaciers en recul dans l'Hymalaya et l'excès d'eau océanique en zone côtière peuvent s'avérer dévastateurs (voilà pour l'écologie), où, au sein de villes géantes, comme Bombay, la plus grande misère cotoie déjà le luxe sur fond de pollutions gigantesques (voilà pour le social), des foules de vieillards abandonnés survivent très péniblement (voilà pour le générationnel). Et l'Inde n'est ni exceptionnelle ni en régression : c'est, dit-on, un pays émergent en pleine croissance.
Au moment où explose une crise financière qui a de lointains précédents mais pas d'équivalent, l'organisation de la vie sur la planète est à repenser. cela ne peut se faire qu'en une décennie au plus court mais c'est l'urgence des urgences. Une urgence politique. Tout en dépend.
dimanche 27 janvier 2008
La politique au-delà des partis (1ère partie).
Il semble que reprendre et dépasser la pensée de Simone Weil, sans la trahir, consisterait, avec elle, à reconnaître que, pas plus en 2008 qu'en 1943, "nous n'avons jamais rien connu, qui ressemble, même de loin, à une démocratie", "qu'il n'y a rien de plus confortable que de ne pas penser", "et que les partis restent mauvais dans leur principe".
Affirmer qu'on est favorable à "la suppression générale des partis politiques" ne va pas de soi. Il ne s'agit pas simplement de fonder en raison un choix personnel de non appartenance à une formation politique. Il s'agit de contribuer à la restauration, voire à l'émergence, d'expressions politiques qu'on ne puisse enfermer dans des particularismes et des disciplines sectaires. Bien davantage, la fin des partis politiques ne peut être obtenue qu'à la condition de voir le débat politique s'emparer de la société tout entière.
Je reviendrai sur cette question controversée mais il me semble qu'elle peut, d'ores et déjà, bénéficier d'un éclairage nouveau grâce à la rencontre de l'idéal des Lumières et de l'hospitalité kantienne avec les exigences citoyennes radicales, altermondialistes, nées du constat de plus en plus alarmant qui est fait de l'état de la planète.
Cette situation inédite peut engendrer non pas la négation (ce serait temps perdu), mais le dépassement des partis, obsolètes, inefficaces et accapareurs de la volonté populaire. Il ne faut pas s'évertuer à tuer ce qui meurt.
Rien n'est plus urgent et plus utile, au contraire, que de faire surgir, en positif, une citoyenneté qui ne se laisse plus enfermer dans la représentation, la délégation et la hiérarchie (républicaines ou pas).
Renoncer au pouvoir sur les hommes pour accéder à la possibilité de peser sur les décisions sans compter sur les élections pour y parvenir : voilà ce que, de Jean-Jacques Rousseau à Simone Weil, en allant jusqu'à des philosophes plus contemporains, il est grand temps d'étudier, afin de faire des propositions acceptables par les citoyens du monde.
J'observe que l'Université Paris 8 ne manque pas de philosophes, vivants ou morts, dont les œuvres méritent un examen permanent : d'Alain Badiou à Jacques Rancière, de Jean-François Lyotard à François Chatelet, d'Alain Brossat à René Schérer, d'Antonio Negri à Daniel Ben Saïd, sans oublier bien sûr, Gilles Deleuze inséparable de Félix Guattari. On trouve, chez ces écrivains, des contributions qui donnent de quoi repenser tous les discours convenus sur la démocratie.
Pour ma part, en m'appuyant sur les travaux de ces auteurs, je me retrouve, actuellement, proche du "survivant", le sociologue étatsunien, Mike Davis, qui met en garde contre la dérive économiste nous conduisant tout droit à une planète de bidonvilles. "Si rien ne change, dit-il, l'humanité future habitera dans des cartons". Penser la politique non en terme de partis, d'élections ou de pouvoir mais en terme de contribution à l'expression du "vouloir commun à tout un peuple conforme à la justice" (eut dit Simone Weil), telle sera, si je le peux et en ai encore le temps, ma pré-occupation désormais.
(1) - Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques, éditions Climats, distribué par Flammarion, 2006.
jeudi 24 janvier 2008
Quand Attali s'en va croissant.
La Société Générale? Cela ne va pas du tout. Moins cinq (milliards).
Le yoyo et le gogo! Un yoyo : pour le CAC 40 qui monte et qui descend. Un gogo: pour qui croira qu'un trader de 31 ans peut effacer des milliards d'euros des comptes de sa Banque, sans qu'on s'en aperçoive.
Le culte de la croissance dévore le monde et nul n'ose contester cet a priori.
316 propositions pour relever la croissance d'1%. Jacques Attali que Politis transforme en Attila, libéralise sans état d'âme. La seule proposition qui mérite l'examen : la fin des départements est déjà refusée. Le reste est une cynique liste de mesures qui forment un tout accablant. Que cet homme ait été conseiller de Mitterrand est instructif. Là où passe cet Attali-là le socialisme ne repousse pas.
mardi 22 janvier 2008
Crise boursière ou crise économico-écologique?
Et si "la pire crise financière depuis la seconde guerre mondiale" (selon Georges Soros) n'en était qu'à ses débuts?
Et si "la probable récession aux États-Unis" n'expliquait pas tout?
Et si nous vivions "des temps intéressants" comme le reconnaît, sans enthousiasme, Jean-Claude Junker?
Et s'il s'agissait d'un "krach programmé" comme l'annonçait Olivier de Ducla (1) et pas seulement d'une "purge" ou d'une "correction brutale" comme le suggère Christine Lagarde, notre ministre des finances?
Et si, à force de vivre au-dessus de nos moyens, nous avions cassé la tirelire?
Et si commençait une époque où l'on ne pourra plus courir après la croissance?
Toutes ces questions émergent brutalement de l'océan d'indifférence et de résignation dans lequel nous plongeaient les médias toujours rassurants, toujours aux ordres de leurs financeurs...
À tout vouloir fonder sur l'état de l'économie étatsunienne, on finit par attrapper la grippe dès qu'ils toussent. Et il est des grippes mortelles...
L'Euro recule. Il vaut ce matin moins d' 1,45 dollar. Pour continuer à faire des affaires, mieux vaut calmer cette progression qui conduisait à une trop faible compétitivité face aux Étas-Unis. Mais en est-on encore là? "La croissance sera inéluctablement inférieure en zone euro", sous la barre des 2%, sans doute.
En Asie, deuxième journée de panique boursière, de Tokio à Singapour. En Australie on n'avait pas connu une telle dégringolade (-7,05%) depuis 1997. Bref, à la vitesse d'internet, le monde entier apprend que nous entrons dans une crise économique dont nous maîtrisons mal, -si l'on s'en tient à des explications techniques- et les causes, et les effets, et la suite. C'est une crise politique.
Le capitalisme se porte mal. Il s'alite. Il a si souvent guéri que nul ne songe à s'inquiéter exagérément. Pourtant, s'il se redresse, comme il est probable, car la planète ne peut s'effondrer d'un coup, il cessera d'être triomphant. Sa fragilité est révélée. Ne s'en étonneront que ceux qui confondent la monnaie et le granit.
(1) Olivier de Ducla, Le krach programmé, éditeur : Jean-Cyrille Godefroy (15 mai 2003).
Dès le début de la crise boursière, il avait annoncé en temps réel une terrible chute du CAC 40. Olivier de Ducla, HEC, a fait toute sa carrière comme analyste et courtier des marchés internationaux. Directeur des achats du groupe Lesieur, Il s’est ensuite spécialisé dans l’étude théorique et l’analyse technique des marchés, fondant sa propre société d’analyse, Ducla international. Il était le seul des spécialistes à se déclarer baissier lors de l’enquête annuelle du Figaro économie en janvier 2007. Il explique par quels mécanismes la déroute des indices boursiers dans le monde va entraîner, si on ne fait rien, si les égoïsmes de caste continuent de prévaloir, une crise économique sans précédent. Crise économique, mais aussi morale politique et sociale, car celle de 29 n’aura rien été en comparaison de ce qui nous attend. C’est toute une génération qui sera sacrifiée.
lundi 21 janvier 2008
Le Der des ders
Lazare Ponticelli, dont il faut sans cesse répéter le nom pour ne pas l'oublier, cet immigré venu en France à 9 ans, né le 7 décembre 1897, a échappé à l'enfer de Verdun.
Lazare Ponticelli a indiqué à plusieurs reprises qu'il refusait des obsèques nationales, en estimant que "ce serait un affront à ceux qui sont morts avant moi".
Lazare Ponticelli, la dignité faite homme!
jeudi 17 janvier 2008
Le chanoine impudique
Mais soyons sérieux. Par où qu'on l'aborde, ce Saint-Nicolas, quasi évêque, est un catholique qui ne saurait être en odeur de sainteté. Qu'il puisse à la fois vivre ce qu'il vit tout en se faisant le défenseur des valeurs chrétiennes a de quoi surprendre! Un catholique intégriste, ou simplement traditionaliste, s'offusquera que ce double divorcé s'affiche à Rome, auprès du Pape, juste après s'être choisi une nouvelle et médiatique maîtresse. Un catholique pratiquant comprendra mal que ce qui est interdit aux humbles soit accordé aux grands par le Pape Benoît XVI, pourtant si attentif à la protection de la doctrine, (la politique aurait-elle ses quartiers réservés dans l'univers pontifical ?). Un catholique simplement exigeant, pour qui l'accueil de l'étranger, le refus de l'argent roi, le partage et l'hospitalité font partie du message évangélique aura quelque peine à accepter la mise en scène télévisuelle de cette rencontre ambiguë.
Le citoyen français, chrétien ou pas, se trouve, lui, une nouvelle fois enfermé dans une contradiction : le Président de la république a des droits et s'en sert, d'une part; mais il en abuse avec une constante effronterie, d'autre part, et il montre au monde entier qu'il se moque totalement des conventions ou des habitudes, les mieux fondées comme les plus infondées, qui sont celles qui accompagnaient, jusqu'à présent, l'exercice du pouvoir. Nicolas Sarkozy, en quelques mois, a réussi a incarner, seul, ce pouvoir qu'il délègue, reprend ou distribue, à son gré. Il est le Maître. Il est le Chef. Il est l'Imperator, le Conducator, le Caudillo et le Leader Maximo tout à la fois. Je n'ose écrire le Führer, le Guide suprême. En tout cas, il est le Prince (attention à la visite en Andorre). Et par-dessus tout, il est le Chanoine.
Trop, c'est trop. Et le culot d'enfer de ce personnage d'opérette à spectacle atteint ses limites. Il est l'impudeur même.
À quand la photo, dans Paris-Match, de Nicolas Sarkozy, à l'Élysée, cigare à la bouche et Carla Bruni sur les genoux, entouré de ses ministres, une coupe de champagne à la main, fêtant l'entrée dans l'année nouvelle, en présence du cardinal de Paris ou du primat des Gaulles venus dire la gratitude des catholiques pour la réinstallation de la fille aînée de l'Église au premier rang de la cour européenne?