vendredi 11 janvier 2008

Politique de civilisation : le mauvais plagiat

C'est devenu une manie politique : voler, telle une pie, ce qui brille dans le nid des autres! Provoquer la gauche en captant les idées qui sont nées dans ses rangs (il arrive qu'il y en ait encore) et, de préférence, en leur faisant dire autre chose que ce qu'elles annoncent. Ainsi en est-il de "la politique de civilisation". Il fallait bien aller voir à la source ce qu'il en était vraiment. Deux infos recueillies sur internet y ont suffi. J-P D.

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La gauche n'a pas hésité à dénoncer un "concept nouveau" qui "ne veut absolument rien dire". Nicolas Sarkozy n'a pourtant pas inventé l'expression "politique de civilisation". Il n'a fait que l'emprunter à Edgar Morin.

En 1997, Edgar Morin publiait ainsi un livre avec le politologue chevènementiste Sami Naïr, justement titré "une politique de civilisation" (Éditions Arléa). "Ce qu'il nous faut, c'est une politique de civilisation et pas seulement une politique économique ou sociale", reprenait, en 2002, l'économiste Henri Guaino, interrogé par le club séguiniste Appel d'R, rallié à la candidature de Jean-Pierre Chevènement.

Durant la précampagne électorale de 2007, il n'était pas question pour Nicolas Sarkozy de maintenir la "spécificité française", mais, au contraire, de "rompre avec un modèle social français dépassé". Mais c'était avant qu'Henri Guaino ne devienne la plume du candidat puis le conseiller du nouveau président de la République...

Reste à savoir ce que pense Edgar Morin de cette appropriation par Nicolas Sarkozy du concept de "politique de civilisation". Pas sûr, pour le moins, que le président de la République soit prêt à reprendre toutes les idées développées par le sociologue, plus keynésiennes que libérales et aux relents altermondialistes.

"Cette voie nous pouvons nous y avancer en France, et par là espérer la faire adopter en Europe, et faisant de nouveau de la France un exemple, elle nous permettra d'indiquer la voie du salut planétaire", concluait Edgar Morin. Une conclusion reprise en substance et sans complexe, dans ses voeux aux Français, par Nicolas Sarkozy : "Alors, que la France montre la voie ! C'est ce que depuis toujours tous les peuples du monde attendent d'elle".

D'après la note originellement publiée par Laurent de Boissieu, journaliste politique et auteur des sites france-politique.fr et europe-politique.eu, le 1er janvier au matin. Voir la source.
http://politique.hautetfort.com/archive/2008/01/01/politique-de-civilisation.html



Edgar Morin (Sipa)
Avec cette expression, la "politique de civilisation" prônée par Nicolas Sarkozy dans ses vœux télévisés, le président de la République s'est approprié un concept développé dans un livre d'Edgar Morin, Pour une politique de civilisation (éd. Arléa, 2002). "M. Sarkozy a repris le mot, mais que connaissent-ils de mes thèses, lui ou Henri Guaino ? Est-ce une expression reprise au vol ou une référence à mes idées ? Rien dans le contexte dans lequel il l'emploie ne l'indique", commente d'Edgar Morin dans Le Monde.

"Lorsque j'ai parlé de politique de civilisation, je partais du constat que si notre civilisation occidentale avait produit des bienfaits, elle avait aussi généré des maux qui sont de plus en plus importants", poursuit le sociologue. "Je m'attachais à voir dans quelle mesure on peut remédier à ces maux sans perdre les bienfaits de notre civilisation."

"Je ne peux exclure que M. Sarkozy réoriente sa politique dans ce sens, mais il ne l'a pas montré jusqu'à présent et n'en donne aucun signe", poursuit Edgar Morin. "Si sa reprise du thème de la 'politique de civilisation' pouvait éveiller l'intérêt, notamment de la gauche, non pour l'expression mais pour le fond, ce ne serait que souhaitable,"poursuit Edgar Morin.

Source : NOUVELOBS.COM | 03.01.2008

Des vœux miteux

Au cours d'une soirée sans humour, sans contenu et sans espoirs, la cérémonie des vœux, à Éragny sur Oise, s'est trouvée engluée dans un juridisme sot, servant à justifier qu'on ne dise rien, pour ne pas contrevenir à la réglementation des campagnes électorales...
J'étais à ma place, au milieu des invités et, fort heureusement, pas sur l'estrade, parmi les élus, entourant la maire, à l'écoute de sa maigre prestation.
Enfermés dans la logique courte de ceux qui n'aspirent qu'à durer et ne savent comment innover, les soi-disant socialistes et leurs alliés regardent passer les trains : le monde change; eux perdurent. C'est le meilleur moyen d'échouer.
Car les adversaires, nullissimes (!), de la municipalité sortante n'ont qu'à surfer sur la vague du rejet. Si vous ne voulez pas d'elle (sous entendu la maire sortante) votez pour moi (sous entendu l'ex maire sortie en 2001!). Quel choix! Si vous ne voulez pas de l'une, votez pour l'autre... Et tous ceux qui ont des idées à faire valoir, qui ont travaillé de leur mieux, que deviennent-ils? Pourquoi faut-il sombrer dans ce mauvais jeu du tout ou rien? Pourquoi s'en tenir à cette ultra personnalisation qui ne reflète pas la conjoncture locale réelle?
Je crains que ces vœux n'aient correspondu à cette phase de paralysie politique au cours de laquelle rien n'est possible parce qu'on ne demande aux électeurs rien d'autre que d'approuver ou condamner, jamais de proposer.
C'est, au moment même où se rouvrent des temps de création, qu'on enferme la démocratie dans une compétition où tout devient prétexte à exhiber la vedette et à fournir le spectacle : exactement le contraire de ce dont le pays a besoin. La cérémonie des vœux, alors, ne pouvait être autre chose que le théâtre d'un soir, avec un grand risque de rater la générale. Ce fut le cas.

Une ontologie qui épouvante

Le crime législatif a été commis cette nuit. La LDH en souligne la nocivité. J'y vois l'amorce d'un régime d'exception qui peut mener là où nous ne voulions pas que Jean-Marie Le Pen nous emmène.

Communiqué de la Ligue des Droits de l'Homme :


«Rétention de sûreté» : prison à vie sans jugement ?
Le projet de loi « relatif à la rétention de sûreté et à la déclaration d’irresponsabilité pour cause de trouble mental », adopté cette nuit en première lecture par l’Assemblée nationale, constitue une rupture d’une extrême gravité avec les principes fondamentaux de la justice républicaine.
Comme le relève la CNCDH dont la consultation a été une fois encore ignorée, la référence au concept flou de « dangerosité », appréciée par une commission administrative et non pas par une juridiction indépendante au sens de la Cour européenne des droits l’Homme, rompt le lien de causalité entre infraction et privation de liberté.
Si le parlement devait confirmer ce vote initial des députés, la loi française prétendrait désormais punir des personnes, réputées « criminels-nés » irrécupérables, non pour ce qu’elles ont fait mais pour ce qu’elles seraient, à un enfermement indéfini.
La LDH voit dans cette confusion entre maladie mentale et délinquance, entre « dangerosité » et culpabilité, un signe de plus de la dérive qui, loi après loi, s’attaque aux principes et aux valeurs protégés tant par les normes internationales des droits de l’Homme que par la tradition constitutionnelle française.
Paris, le 10 janvier 2008.

Qu'un homme pense que, parmi les autres hommes, il en est qui sont, dans leurs gênes, depuis leur origine, à tout jamais, des criminels : ce n'est qu'une erreur que la science comme la philosophie ne peuvent que récuser définitivement. Qu'un Parlement, dans sa grande majorité, suive cet avis, parce qu'il est celui du Président de la République, au point de mettre dans la loi que ce sont non plus des actes mais des personnes en leur être que les tribunaux doivent juger, c'est insensé et criminel. L'ontologie est la partie de la métaphysique qui s'applique à l'être en tant qu'être, indépendamment de ses déterminations particulières. Ce vote politique et philosophique en dit long sur la perversion extrêmement dangereuse dans laquelle on fait entrer le peuple français!

mardi 8 janvier 2008

J'ai eu politiquement tort

En écrivant, fin décembre :... "Et n'en parlons plus!", j'ai eu politiquement tort. Dans ce bref message que m'avaient inspiré les textes de Brossat et Badiou, j'ai commis l'erreur de lancer : "Tout est dit. Résister, c'est ne pas parler, désormais, en bien ou en mal, de ce personnage qui ridiculise la France". J'étais mieux inspiré en écrivant : "Il faut traiter les questions qui s'imposent à nous et pas celles que Sarkozy nous impose. Oui, il faut tourner la page avant qu'elle ne se tourne d'elle-même ou que les Français ne ferment, brutalement, ce livre et, en même temps, ce chapitre pitoyable de notre histoire".

La conférence de presse de Nicolas Sarkozy, aujourd'hui, me rappelle brutalement qu'on peut bien vouloir cesser de parler de l'homme; on ne pourra éviter de parler de la politique qu'il développe. Et puisque l'arrogance et le sans gêne en font partie, il faudra aussi, hélas, continuer à parler de l'homme qui affiche avec impudence sa solitude superbe, assumée dans l'exercice des pouvoirs qu'il exerce, de droit, ou qu'il s'arroge, de fait.

Comment sortir de la contradiction : "en" parler sans "en" parler? D'abord, en ne réagissant pas, sur le champ, à chaque manifestation du spectacle politique où la vedette continue son one man-show. En ne se laissant pas éblouir par l'éclat de chaque provocation. Les citoyens sont bousculés, mis devants des faits accomplis, matés comme des animaux domestiques ou hypnotisés comme l'oiseau devant le serpent. Il faut que ceux qui ne disposent ni du pouvoir des services de l'État, ni du pouvoirs des mots et des images, échappent à cette fascination. Ensuite, en analysant ce qu'il y a sous l'écaille des mots. L'abandon des 35 heures suffirait à élever le plus haut possible le niveau de l'opposition; il va falloir en convaincre une majorité de français.

Pour qu'un jour, bientôt ou plus tard, en tout cas dès que ce sera possible, on cesse de parler de ce prestidigitateur qui escamote les vraies questions, de cet illusionniste qui trompe les citoyens, il faut s'imposer le travail de démystification devant lequel les politiciens traditionnels ne peuvent que renâcler car Sarkozy fait ce qu'ils aimeraient savoir faire : jeter de la poudre aux yeux...

Résistance et non-violence. (1)

La faiblesse de la violence tient à ce qu’elle n’est pas efficace.
L’État dispose presque toujours de pouvoirs (ceux de la police et de l’armée) supérieurs à ceux des résistants.
Il convient donc de ne pas croire à la possibilité de prendre position dans le court créneau de ce « presque ».
La lutte idéologique doit être totale et c’est une lutte à mort.
La résistance à la doctrine libéralo-étatiste qui l'emporte, actuellement, en France, ne peut se développer que par la multiplication des combats non-violents.
Car il s’agit de combats : il restera une idéologie sur le carreau de l’histoire.
Mais il s’agit de non-violence : les armes à choisir ne sont ni des fusils, ni des gourdins, ni des bombes.
La difficulté du combat non-violent, c’est qu’il est mené par des hommes dont la culture n’est pas comprise. On admire Gandhi ou Martin Luther King. On ne croit pas vraiment que leur action a été décisive.
La résistance à l’idéologie néoconservatrice que Nicolas Sarkozi impulse avec autorité et efficacité oblige à faire un lourd travail qui ne dissocie plus la fin et les moyens. Il ne suffit plus d’avoir raison. Il faut le démontrer par l’action, mais pas en confondant la révolte et la révolution.
La non-violence retourne les perspectives traditionnelles des pouvoirs. Elle engendre donc la révolution sociale et politique. La révolte est, elle, une réaction contre la réaction ; elle est compréhensible (ô combien !) mais elle ne débouche que sur des changements fragiles et temporaires.
Le temps de l’action non-violente est revenu. Il ne consiste plus à mener des actions du type de celles que menèrent le Mahatma (pour l’indépendance contre l’Empire britannique, aux Indes) ou le pasteur noir américain (pour les droits civiques contre le racisme et la ségrégation, aux USA).
Il s’agit d’attaquer, je dis bien d’attaquer, les croyances faussement démocratiques à leur racine : celle, d’une part, de la délégation totale des décisions aux élus, en matière d’organisation des pouvoirs publics, celle, d’autre part, de la religion de la croissance et du progrès en matière de répartition de la richesse économique.
Ces deux mises en questions de croyances destructrices pour l’humanité portent des noms. Il s’agit de la fin des partis (à remplacer par la politisation citoyenne permanente appuyée sur l’informatisation) et de l'essor de la décroissance (à promouvoir comme choix de la sobriété et du partage face à une surproduction indépendante des besoins).
On peut encore définir le contenu de ces actions non-violentes comme une lutte écologique au quotidien, indissociable des luttes sociales visant à établir une justice durable. Les minorités aux pouvoirs, États, entreprises, associations ne peuvent agir pour toutes les populations humaines concernées ; il devient impératif que ces populations elles-mêmes interviennent et se prennent en charge y compris dans le détail de l’organisation économique.

Les philosophes peuvent-ils être croyants ?

Un ami me pose la question suivante qu'il juge néanmoins, et bien à tort, idiote :
"les philosophes, les vrais, pas ceux de salons, peuvent-ils être croyants ?"
Telle est ma réponse.


Non seulement la question n'est pas idiote, mais elle est fondamentale.
Le philosophe ne s'interdit aucune question.
Il ne s'en tiendra donc pas à des vérités qu'on lui demanderait de croire.
Mais qu'est-ce que croire?
Croire est polysémique : admettre? Accepter? Adhérer?
Le croyant est celui qui ne discute plus ce qu'il croit.
Il met ainsi sa foi en danger!
Dire d'une parole qu'elle est sacrée serait la banaliser.
Généraliser un propos en le marquant du sceau de l'indiscutable est faux.
Croire peut aussi avoir un autre sens : faire fond, avoir confiance.
Je crois que tu m'aimes..., alors je te donne ma foi.
Je me fie à toi. Je peux me fiancer. M'unir à toi.
Croire devient alors une question d'amour.
Mais croire quelqu'un et croire en quelqu'un sont deux.
Tenir pour vrai et tenir pour honnête, également.
Tenir pour sûr et tenir pour probable, tout autant!
Pour ma part, je ne crois pas
en Jésus Christ.
Souvent, je crois Jésus Christ.
J'attache valeur à sa parole.
Si une autorité à la quelle le croyant se réfère profère une erreur
alors doit-il la croire?
L'Église a condamné Galilée
et pourtant... la Terre tournait.
Il a fallu Jean-Paul II pour que le Vatican confesse cette faute!
Et le même pape encore, pour qu'on cesse de juger le peuple juif déicide!
La foi est tout autre : c'est le pari fait quand la raison rend les armes,
le choix de vie qu'on décide avant d'avoir pu tout comprendre.
On peut, certes, s'abstenir de faire ce saut dans l'inconnu,
mais en sachant que ce n'est pas plus sûr que demeurer dans le doute.
Le croyant ne croit pas; il sait. Ou croit savoir!
Et se trompe plus que quiconque.
L'homme de foi, au contraire, s'engage en bousculant ses doutes.
Croyants et croyances sont fragiles
et parfois insupportables ou dangereux.
La foi est le propre de l'homme.
Le philosophe n'a donc pas de croyances.
mais il sait la possibilité, la difficulté et les fondements de toute foi.
Il vit alors avec, ou sans, librement.

lundi 7 janvier 2008

Polluer, c'est s'approprier.

Michel Serres l'affirme et le répète plusieurs fois au cours de sa chronique du dimanche soir, sur France-Info :"Polluer, c'est s'approprier". S'approprier l'espace public. S'approprier l'espace public, indûment. Celui qui fume, pue, élève la voix ou même crie, sans tenir compte d'autrui, transforme en espace privé tout l'espace qu'il occupe. Il s'approprie ce qu'il pollue; il rend sale ce qui lui devient propre! Propreté et propriété sont deux.

Chacun est, dès lors, renvoyé à une question simple mais une question de fond : quel espace occupez-vous? Quel espace faites-vous occuper par votre corps? Le tabagisme passif nous aura fourni la triste occasion de vérifier que fumer tue et que fumer en public non seulement pollue mais confisque l'espace à son seul et illusoire profit.

Michel Serres nous conduit plus loin : à Bruxelles, dans le métro, des messages avertissent les porteurs de sac à dos qu'ils doivent porter leur sac à la main pour ne pas risquer de bousculer involontairement, de gifler les autres voyageurs. L'espace qu'on occupe a ses limites dans un cadre de civilisation. Interdire prend alors un sens nouveau : il est bon d'interdire à quelqu'un de prendre la liberté d'interdire aux autres de vivre! Rien à voir avec le "interdit d'interdire" de 1968! Il s'agissait alors d'interdire les interdictions de jouir de son corps, par exemple la culpabilisation de la masturbation. Il ne s'agissait pas d'imposer à autrui son corps et l'espace occupé par son corps!

Un autre exemple,
trivial mais révélateur, est fourni par le chroniqueur : il en est qui pissent dans les piscines, persuadés qu'ils sont de rester impunis! Ils s'approprient un espace en eau et le polluent sans vergogne. Ils n'ont même pas l'excuse de l'animal qui marque son territoire par son urine et ses déjections. Ils se croient seuls au monde et ce monde, donc, peut leur appartenir; ils le possèdent; ils en sont propriétaires. Polluer, c'est s'approprier.

Le tabac aura aussi pollué gravement les relations humaines. En plus de l'agression des corps, il a banalisé le mépris d'autrui, justifié l'égocentrisme, affaibli le sentiment citoyen et donné l'habitude de se comporter en propriétaire d'un domaine, élargi à l'environnement qu'on modifie en l'enfumant sans se poser de questions. L'interdiction de polluer par le tabac, c'est le refus de laisser
impunément "voler l'air", qui est vital! L'argument resservira.

Si la pollution est une appropriation indue -et je le crois-, il faudra bien, en effet, s'interroger sur une nouvelle approche du droit de propriété. L'écologie comprise comme une prise de conscience de nos limites planétaires nous l'impose.
Face à une société devenue individualiste, financiarisée et cynique, actuellement triomphante, et dont surgit le caractère obsolète, le choc avec un monde libertaire et antilibéral mais où la liberté d'être soi-même ne subirait pas les effets des libertés que s'accordent les propriétaires, s'annonce explosive.



http://www.france-info.com/spip.php?article59586&theme=81&sous_theme=173

dimanche 6 janvier 2008

De l'écologie du comportement politique local

• Les "militants" se noient dans le temps.
• L'action citoyenne est confondue avec le culte du chef.
• Le conseiller municipal approuve et n'agit pas.
• L'élu se montre et démontre mais n'anime pas la vie publique.

Derrière ces quatre affirmations se cache une critique politique résumée, - c'était hier...-, par la formule qui a fait fiasco : "faisons de la politique autrement". Oui, car : autrement-que-quoi?

Autrement qu'en se laissant dévorer par la "réunionnite", cette passion, cette exigence qui ne laissent plus le temps de lire, d'écrire, donc de penser. Qui ne vit pas une écologie du temps, qui ne gère pas ses rythmes de vie, cesse d'être efficace.

Autrement qu'en se laissant dévorer par les culte et service du leader en capacité de briguer un pouvoir et qui invite constamment à "penser comme", comme lui, ou elle... Qui ne vit pas une écologie de l'autonomie est nécessairement dominé et cesse d'être libre dans son action.

Autrement qu'en se laissant dévorer par la discipline de vote et de parti qui transforme un honnête homme en machine à voter, fonctionne sur la confiance et multiplie les votes d'acceptation de dossiers qu'on connaît à peine. Qui ne vit pas une écologie de la rigueur intellectuelle cesse d'être lucide dans ses analyses.

Autrement qu'en se laissant dévorer par ses dossiers, absorbé qu'on est dans les lieux de pouvoir, au contact des mêmes connaissances (collègues, personnel administratif, relations partisanes). Qui ne vit pas une écologie de la relation humaine, au contact des citoyens, cesse de les représenter véritablement.

Écologie, dans ces quatre domaines, garde le même sens : trier l'essentiel de l'accessoire, se limiter en s'acceptant dominé par le temps, observer et écouter la vie de tout habitant de sa cité, penser le local avec le global en se sachant membre d'un tout et non l'expression de ce tout. L'écologie, en politique, est une humilité en actes, une révolution efficace, modeste, non-violente et permanente face à la conception centralisée, militante-militaire, violente et autoritaire de la conquête du pouvoir telle que nous la voyons partout mise en œuvre.

samedi 5 janvier 2008

La transparence opaque

La transparence, souligne, aujourd'hui, 5 janvier, le journaliste Ivan Levaï, dans sa chronique hebdomadaire de France-Inter est une belle justification de la "people-isation" de la politique. Puisqu'il faut se montrer pour avoir un destin public, eh bien : montrons-nous, exposons-nous, exhibons-nous, déshabillons-nous... À chacun la possibilité de montrer ce qu'il veut de son intimité; ce choix devient une nouvelle forme de la politique. Pourtant, la pudeur ne consiste pas à masquer son corps mais à préserver son quant à soi, ce qui nous est propre et doit le rester. Qui est transparent risque de ne pas exister : on voit à travers lui, son vide.

Je me suis toujours défié du mot transparence. Curieux mot qui sert à cacher ce que l'on prétend vouloir montrer à tout le monde. On prend à témoin l'opinion qu'on ne lui dissimule rien alors que c'est faux ou pire : impossible. Ainsi en est-il de "la transparence de gestion" dans les finances communales. Il ne peut y avoir transparence pour au moins trois raisons : la complexité qu'aucune pédagogie du verbe ne peut surmonter, la rivalité politique qui interdit d'ouvrir à l'opposition la compréhension totale de ses intentions, et enfin l'opacité qui accompagne toute activité de construction publique d'un projet qu'on ne veut pas voir sabordé avant même qu'il soit achevé.

On confond transparence et honnêteté, loyauté, effort de vérité. Ce n'est pas la transparence du contenant qui compte, c'est la substance du contenu. Et accèder à ce contenu ne va pas de soi! De l'extérieur, au travers de la vitre, quand on a tiré les rideaux, on peut voir ce qui meuble l'espace privé et quels sont ceux qui y circulent. Aux Pays-Bas, cette large ouverture des fenêtres sur la rue fait partie de la civilisation locale. Ce n'est pas une transparence. On n'entre pas chez autrui comme dans un moulin et la "vie intérieure" n'est pas révélée ou dévoilée...

La transparence n'est pas en soi une valeur. C'est, au mieux, un avertissement lancé aux citoyens : on cherche à ne rien cacher de qui ne doit pas l'être mais cela n'empêche pas de cacher ce qui doit l'être. Prétendre à une transparence totale serait un mensonge. La transparence, invoquée, a tout propos comme une qualité politique, est un concept opaque.

Et puis, se vouloir transparent, n'est-ce pas s'afficher comme transpercé par la lumière, incapable d'en capter les rayons et donc privé de la possibilité de réfléchir la vérité, de réfléchir tout simplement, parce qu'on interdit au public de douter de la sincérité des informations fournies?

De quelqu'un qui est vide de pensée, qu'on voit de moins en moins, et qui, comme une vitre, brille parfois mais ne retient rien, on dit qu'il est transparent. Méfions-nous de la transparence, c'est un vocable ambigu, parfois une indécence bien plus grave que la nudité que chasse la paparazzi : ce peut être une tromperie intellectuelle, une faute contre l'esprit, une inversion de la perspective qui interdit de voir loin en satisfaisant, parmi les citoyens, les innombrables benêts qui ont la vue courte.

vendredi 4 janvier 2008

Une bonne année : 2008 privée de Dakar!

Pas de Paris-Dakar en 2008. Fini les "500 connards sur la ligne de départ", comme chantait, je crois, Renaud? Pas sûr! "Le choix de la sécurité" constitue-t-il le bon argument? Al-Qaïda a bon dos. Les 4 touristes français assassinés le 24 décembre, l'ont-ils été par des islamistes ou des brigands du désert? Le Dakar a tué avant qu'on ne l'annule! Plus de 50 morts depuis le début de l'épreuve dont 8 enfants. Mais on ne peut seulement compter les morts.

"Pour une fois que la parano anti-terroriste sert à quelque chose" s'exclame un médecin belge!. Sur le fond, en effet, c'est le culte de l'automobile, de la vitesse célébrée au milieu de pays misérables traversés sans vergogne, qui faisait question. Puisse le prix du baril, en 2009, avoir atteint des sommets rendant difficile la relance de cette "épreuve" qui n'a rien de sportif et qui est dévoreuse d'hommes.

Le maire et le conseil municipal...

Le maire et le conseil municipal... (l'expression est devenue banale et sert depuis des décennies) vont nous inviter à leurs "vœux à la population". Si l'expression est effectivement banale, elle n'en est pas moins fausse et ambiguë! Le maire (ou la maire) ne feraient-ils donc pas partie du Conseil municipal?

Dans notre pays républicain où le chef est roi, chaque maire a une cour et règne. L'ultra présidentialisation du régime n'a rien arrangé. Les cérémonies annuelles et leurs petits fours fournissent l'occasion de renouer avec la liturgie : "la laudation, nous rappelle le dictionnaire, est une partie de l'office qui se chante après matines et qui est principalement composé de psaumes de louanges". L'officiant est nécessairement le maire lui-même qui fait, à de très rares exceptions près, une description élogieuse de sa propre action. Autour de lui, les servants se congratulent...

Il y a quelque chose de ridicule et d'anti-démocratique dans ce spectacle politique. Le discours n'est plus un compte-rendu; il devient un panégyrique à peine camouflé, parfois un dythyrambe. Toutes les communes, pour un soir, apparaissent comme des paradis où les compliments pleuvent et où les difficultés sont vaincues d'avance.

Les maires, en leurs fiefs, restent souvent des seigneurs, des féodaux. Les adjoints sont les vassaux, Le personnel de mairie compose l'armée qui va à pied, les piétons, la piétaille qui doit obéir et réussir, car il y va du succès du prince, du duc, du comte ou du baron, selon la taille de la cité.

N'en voulons pas trop aux maires. Ils sont ce que nous les faisons, des autocrates que la législation installe dans "l'exercice solitaire du pouvoir". Le chef de cabinet, créature du maire, dispose souvent de plus de pouvoirs que le Premier adjoint. Les collaborateurs (comprendre les élites fidèles) pèsent davantage que le Bureau municipal où s'enregistrent et s'organisent des décisions prises ailleurs.

Historiquement, la fonction de maire a précédé la création des Conseils municipaux. Il fut un temps où élire le Conseil municipal ne signifiait pas désigner le maire! Formellement, certes, le maire reste encore élu par le Conseil municipal, mais c'est sans surprise et tout s'est joué avant. Pire, une fois élu, selon la loi, le maire ne dépend plus guère du Conseil et il faut qu'il ait tué père et mère pour être menacé de destitution. Si son budget n'était pas voté, on ne changerait pas de maire en le remplaçant par un autre conseiller, on revoterait.

Voilà tout ce que contient l'expression "le maire et le conseil municipal". Le maire existe à part du Conseil. Il est et n'est pas membre du Conseil municipal. C'est un être hybride, une créature bicéphale, soudée au corps municipal mais distincte de lui! Cette monstruosité démocratique a été parfaitement admise en France, le pays aux 36000 communes, là où chaque maire est autant pater familias, qu'entrepreneur, juge de paix ou maître des cérémonies.

Un temps viendra où l'on cessera de ne regarder que la tête, où on comprendra qu'aucune tête ne vit hors du corps. La démocratie balbutiante qui est la nôtre, où le pouvoir ne se répartit pas mais se concentre, ne pouvait faire l'économie de cette contradiction : l'élu monarque. Il faut croire que nous ne savons pas encore comment diriger ensemble! Alors on délègue (en fait on abandonne) à un seul, qui est aidé d'alliés et comparses mais pas d'égaux, le soin de représenter le peuple en sa diversité! Les maires qui auront siégé trente ans ou plus à la tête de leur commune auront démontré par l'absurde l'impossibilité de la cogestion municipale en France.

Un Conseil municipal ressemble à une assemblée de grenouilles qui coassent autour du roi. Comment s'étonner, dès lors, que, comme le dit La Fontaine, après Ésope, qu'en "se lassant de l'état démocratique" toutes ces braves grenouilles se fassent souvent manger leurs velléités d'être et d'agir en acteurs politiques?

mercredi 2 janvier 2008

La machine à broyer les "céréales sur pattes".

Je ne sais si je dois dire que je hais ce monde que j'aime ou que j'aime ce monde haïssable.
Un monde à vomir de peur et de honte où l'on rencontre encore le plaisir et la beauté! Un seul exemple me suffit à comprendre que la Planète est tout entière transformée en usine à tuer, à ruiner, à dominer.

Dans quel monde vivons-nous, en effet, qui veut nous faire croire que nous devons abattre, au Brésil, onze millions de poulets par jour, pour satisfaire les besoins alimentaires d'immenses populations un peu partout sur la Terre? L'entreprise géante, française, bretonne, sise à Chateaulin (29550), portant le nom de... Doux, se charge d'incuber, nourrir, trier, abattre, conditionner, transporter, par containers entiers, ces volatiles à courte vie dont on fait commerce, à bas coût, mais aussi au prix de conditions de vie pour le personnel employé qui sont innommables. "Est-ce ainsi que les hommes vivent?" dit la chanson; mais s'il était indispensable à l'homme de vivre ainsi, cela ne vaudrait pas la peine de vivre!

Ce monde mondialisé n'est pas le mien. Je loue les concepteurs des émissions de Thalassa d'avoir su montrer, sans avoir à démontrer, que le système dans lequel sont enfermés les marins de commerce n'est rien d'autre qu'une machine déshumanisante que les intéressés ne peuvent refuser mais que nous, nous pouvons refuser.

La mondialisation capitaliste est un monstre pire que Veau d'Or de la Bible qu'on adore jusqu'à en perdre sa raison d'être. Elle banalise l'horreur. Parmi les mythes religieux, Gog et Magog annonçaient la pire violence, celle de l'Antéchrist. Dans les trois religions du Livre, on en trouve trace. S'il est un sens à donner à ce mythe, aujourd'hui, c'est qu'il y a toujours la possibilité de penser et de réaliser pire que ce qui a été connu. La domination absolue de toutes les activités humaines "rentables" par les puissances financières rend la vie invivable.

Et pourtant même sur la cendre, les fleurs finissent par repousser! Qu'il serait simple de s'en tenir à refuser l'inhumanité triomphante. Chaque enfant qui rit déchire le voile noir dont on ne cesse d'entourer la planète. C'est ainsi.

Le directeur de l'entreprise Doux parle des poussins, poules et poulets comme de "céréales sur pattes" qu'il faut semer, protéger des pollutions et moissonner finalement, sans souffrance grâce à la mécanisation rapide du couteau industriel. Car "une fois qu'on a rempli le tuyau, il faut le vider" dit encore ce beau et fringuant responsable, noir de peau, au verbe choisi et soucieux de l'emploi de milliers d'acteurs, en Bretagne comme au Brésil et sans doute ailleurs.

Le meilleur des mondes, celui d'Aldous Huxley, n'est plus à inventer. Il est là. Ce n'est pas le mien même si j'y vis. Si aucun autre monde n'était possible, mieux vaudrait en finir au plus vite. Mais il est toujours possible à l'homme de penser et donc d'agir autrement. Non seulement je veux le croire, mais je le crois.

mardi 1 janvier 2008

Historique : le début de la fin du tabagisme

Entre 3 000 et 5 000 personnes meurent chaque année du tabagisme passif.

Depuis ce matin, tous les cafés et restaurants français sont devenus des zones «non-fumeurs» à l'exception des rares établissements qui ont aménagé un fumoir clos et ventilé. Les contrôles ne débuteront que demain.

Cette bonne décision d'un mauvais gouvernement doit être saluée sans hésiter.

La ville de Berlin et le Portugal abandonnent aussi la cigarette aujourd'hui. Les Pays-Bas prendront le relais dans six mois mais la majorité des cafés-restaurants y sont déjà non-fumeurs.

Jusqu'au dernier moment, les anti-prohibition auront fait entendre leur voix, parfois au sein même du gouvernement. Hier, André Santini, secrétaire d'État chargé de la Fonction publique et grand amateur de cigares, s'est ainsi tourné vers le chef de l'État pour réclamer « d'autres solutions» que l'interdiction.

Le président de la Confédération des buralistes, René Le Pape, qui a toujours combattu le décret, a lui aussi exprimé sa « déception ». « Nicolas Sarkozy, qui fume le cigare à l'Élysée, n'a pas tenu ses promesses de campagne , a-t-il dénoncé. »

Argument fumeux...

1er janvier 2008 : fin du tabagisme?


  • Entre 3 000 et 5 000 personnes meurent chaque année du tabagisme passif.
  • Depuis ce matin, tous les cafés et restaurants français sont donc devenus des zones « non-fumeurs » à l'exception des rares établissements qui ont aménagé un fumoir clos et ventilé. En pratique, les contrôles ne débuteront que demain i.

    Jusqu'au dernier moment, les anti-prohibition auront en tout cas fait entendre leur voix, parfois au sein même du gouvernement. Hier, André Santini, secrétaire d'État chargé de la Fonction publique et grand amateur de cigares, s'est ainsi tourné vers le chef de l'État pour réclamer « d'autres solutions» que l'interdiction. «En province, les cafés fumeurs des bourgades de campagne sont les derniers lieux de convivialité», a-t-il souligné.

    Le président de la Confédération des buralistes, René Le Pape, qui a toujours combattu le décret, a lui aussi exprimé sa « déception ». « Nicolas Sarkozy, qui fume le cigare à l'Élysée, n'a pas tenu ses promesses de campagne , a-t-il dénoncé. »

    «Vous verrez, a prédit hier Xavier Bertrand, comme c'est le cas aujourd'hui pour les avions et les cinémas, on aura du mal à imaginer dans dix ans qu'on fumait en France dans les restaurants."


lundi 31 décembre 2007

Chypre grecque ou Chypre turque?

Chypre et Malte, un peu plus d'un million d'habitants à elles deux, entrent lundi à minuit dans la zone euro. Chypre, à 22h00 GMT, et Malte, une heure plus tard, deviennent les 14e et 15e pays de la zone euro, un bloc qui passera à 318.000 millions d'habitants, dans l'attente d'une éventuelle intégration de la Slovaquie en janvier 2009. L'Euro et l'Europe se structurent. Et que vont devenir les Chypriotes turcs? Que pèsera leur livre?

Avec 800.000 habitants pour Chypre et 400.000 pour Malte, les deux îles de Méditerranée, anciennes possessions britanniques, indépendantes depuis les années 1960, font figure de petits poucets. A Chypre, où mêmes les deux bases britanniques de Dhekelia et Episkopi-Akrotiri (255 km2) passent à l'euro, la dernière semaine a en outre été marquée par une ruée sur la nouvelle monnaie, entraînant d'importantes queues dans les banques de la capitale Nicosie. L'événement est hautement politique: c'est la véritable indépendance par rapport à la Grande Bretagne qui commence.

Le tourisme, secteur clé de l'économie de l'île -la troisième de Méditerranée par la taille-, attire de nombreux Européens qui n'auront plus à payer des frais de change. L'arrivée de l'euro est toutefois perçue avec inquiétude par les populations, qui craignent une hausse des prix, comme dans d'autres pays. Selon des sondages récents effectués pour l'UE, près de 70% des Chypriotes estiment que l'euro engendrera une hausse de l'inflation (actuellement de 3%).
Dans les deux cas, la monnaie "sortante" est plus "forte": un euro équivaut à 0,429300 lire, la monnaie de Malte depuis 1986, et 0,585274 livre chypriote. D'un point de vue pratique, à Chypre, les livres pourront être utilisées jusqu'à fin janvier. Mais, selon des analystes, elles auront majoritairement disparu de la circulation sous 15 jours. Lors de mon voyage à Nicosie, j'avais découvert un pays riche. Ces îles en Europe font désormais partie de notre ère de vie mais qu'en sera-t-il quand l'avion sera moins utilisé?

31 décembre 2007

dimanche 30 décembre 2007

2008 : vers le quarantième anniversaire de la rupture politique

Guy Philippon est un Vert encore vert. Il est passé du PSU aux écologistes sans jamais trahir ni se trahir. Que ces quelques phrases de son blog accompagnent l'une de mes entrées dans l'année 2008. Il a écrit le jeudi 22 novembre 2007 :

" 1968 : des feux de rupture sur la planète entière

Incendies de 1968 sur tous les continents dans la même année ! Pourquoi cette concentration étonnante sur une année qui ne peut pas être due au hasard?

En France, on a traité les premiers révoltés « d’enragés » ! La rage est la plus contagieuse des maladies. Les idées circulent, les informations circulent. C’est le début de la « mondialisation ». Mais cette mondialisation de la contestation des modèles dominants, c’est l’horreur pour Sarkozy et ses amis ; d’où sa haine pour Mai 68. Ces ruptures de 68 ne sont pas ses ruptures à lui ! Elles ont eu des conséquences fondamentales sur les décennies suivantes, depuis le domaine des mœurs jusqu’à celui de la politique mondiale avec la dislocation du bloc soviétique, les forums sociaux mondiaux en lutte contre le libéralisme dominant, etc. Incendies de 1968 : causes diverses, mais partout rôle important des étudiants et des luttes contre l’autoritarisme dominant dans la société comme dans la vie politique. C’est valable aussi bien dans le monde communiste que dans le monde capitaliste. En France se rajoute le ras-le-bol de l’étouffoir gaulliste. Ne serait-ce pas, au moins en partie, ce rejet des « autorités politiques, économiques, religieuses » qui explique la haine des Sarkozys?"

jeudi 27 décembre 2007

L’humanitaire doit-il se taire ?

Huit ans de travaux forcés pour les six Français de L’Arche de Zoé. « Ce stupide amour collectif qu’il faut nommer l’humanitarisme » (Balzac) est-il responsable de l’action désastreuse sanctionnée par cette parodie de justice tchadienne ? La confusion dans les mots entraîne toujours vers l’erreur. Humanisme, humanitarisme, Droits de l’Homme, droits humains, «droit de l’hommisme», humanité, tout est mêlé… !

L’humanisme est une philosophie parmi d’autres. «L’existentialisme est un humanisme» disait Sartre.

L’humanitarisme est, dit le dictionnaire Robert, péjoratif. C’est un ensemble de « conceptions utopiques et dangereuses ».

Les Droits de l’Homme, depuis 1789, sont indissociables des droits du citoyen. C’est un rappel politique du caractère universel des droits de chaque homme face aux pouvoirs ? La Déclaration de 1948, écrite plus d’un siècle et demi après, sous le choc de la seconde guerre mondiale, est bien qualifiée d' «universelle».

Les droits humains sont, plus modestement, et face aux grands principes, ce que tout être humain peut revendiquer, avec ou sans l’appui des États. D’aucuns pensent que cette humilité est plus efficace que ne peut l’être une Déclaration mal respectée par les États de l’ONU.

Les « droits de l’hommisme » constituent une formule plus que péjorative ! Elle sert à ridiculiser et à fustiger les discours pompeux, sans rapport réel avec les conflits où sont mis en cause les droits humains.

Je relève, une fois encore, que chaque fois qu’apparaît le suffixe isme, l’esprit de système rend le vocable qui le porte restrictif, car la valeur magnifiée estompe toutes celles qui l’entourent et qui en sont, pourtant, indissociables. Mais l’homme est-il une valeur, la valeur ou un complexe de valeurs ? On ne peut le mettre en système ! L’homme a des droits ; ils sont communs à toute l’humanité ; ils sont universels ; c’est communément admis; mais il y a différentes conceptions de l’homme et point une seule. Dès lors il y a « des » humanismes et la totalité de l’homme planétaire ne saurait être inscrite dans ses droits !

Parler de l’homme et de l’humanité plutôt que de tous les dérivés qu’on a tirés de ces noms me semble une bonne discipline de pensée. L’homme-personne et l’humanité-espèce sont-ils au cœur de nos analyses ? Liberté, propriété, égalité, présents dans la déclaration de 1789, sont des droits qu’on a extrapolés jusqu’à les détourner de leur sens premier. La définition de l’homme reste et restera objet de débats. Dès lors, les Droits de l’homme, non seulement ne sont pas figés mais ne sauraient jamais être complets.

Humanitaire, que mot soit adjectivé ou nominalisé, est un vocable très ambigu. Pourquoi l’activité humaine serait-elle partagée entre ce qui regarde l’homme et ce qui ne le regarde pas? Qu’est-ce qu’une activité humaine non humanitaire? Pourquoi existerait-il une ère d’activités spécifique où l’on se pré-occupe des hommes en souffrance, de sorte que l’on puisse déléguer à des professionnels le soin de lutter contre le malheur ? Et puis, surtout, comment séparer l’action humaine de l’action politique ? Agir indépendamment des États, passe ! Agir sans juger des causes des tragédies qu’on rencontre. Impossible ! Alors, pour ne pas nuire, se taire ?

Les ONG ont ceci d’équivoque qu’elles refusent de se substituer aux États tout en s’y substituant. On le leur pardonne, à cause de leur utilité, mais il y a là, au cœur de leur action, un germe mortel de mensonge qui peut se révéler très pervers. La Croix Rouge est caractéristique de ce double jeu avec les pouvoirs. L’humanitaire devient alors une action diplomatique, une politique sans politique. Humanitaire et se taire riment bien ensemble… Et, quand n’a pas appris à se taire, on peut ou bien errer ou bien être contraint de se taire. S’ils rentrent en France les condamnés de l’Arche de Zoé seront invités à se taire. Sinon, on les fera taire.

mardi 25 décembre 2007

Noël 2007

Ce 25 décembre 2007, si j’avais quelque titre encore à me dire chrétien, en vérité, je devrais dire ceci…

Depuis le début de l’ère chrétienne, en tout lieu où a été prêché l’Évangile, au cœur du massage qui est parvenu jusqu’à nous, se trouvaient logées trois exigences que l’Église n’a jamais vraiment prises en compte : la non-violence, le non-avoir et le non-pouvoir.

La non-violence, selon Jésus, ne consiste pas seulement à tendre la joue gauche quand on est frappé sur la joue droite ! Elle signifie que tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. Autrement dit jamais la force n’est dans le meurtre. La paix n’est pas la non guerre et l’amour auquel sont appelés les hommes ne souffre pas l’exception de la domination par les armes.

Le non-avoir, selon le Christ, ne consiste nullement à gérer son bien avec honnêteté. Il signifie : « vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ». Autrement dit, sans la sobriété, il n’est pas de partage possible entre les hommes. C’est la pauvreté qui protège de la misère. La paix est dans la justice et l’amour auquel sont appelés les hommes ne souffre pas l’exception de la domination par l’argent.

Le non-pouvoir, selon le Fils de l’Homme , ne consiste pas à refuser les honneurs et les privilèges seulement ! Il consiste à refuser de fonder la société humaine sur une quelconque hiérarchie entre frères humains. L’homme ne vit pas que de pain et satisfaire les besoins de l’humanité ne suffirait pas. La paix n’est pas dans la soumission à des chefs et l’amour auquel sont appelés les hommes ne souffre pas l’exception de la domination par des élites.

« Le royaume de Dieu est à ceux qui ressemblent aux enfants » dit Jésus. Et il insiste : « Je vous le dis, en vérité : qui ne recevra pas, comme un petit enfant, le royaume de Dieu n'y entrera point. » Ni les coups, ni l’argent, ni les titres ne feront d’un enfant un homme ou une femme. Chaque enfant joue. Un enfant qui n’a pas assez joué ne sait rien du royaume de Dieu, c’est-à-dire de l’univers où le mot bonheur garde sens. Tout enfant est dépendant. Seul l’amour de ses parents lui permet de vivre. «Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère…» disait la chanson !

Noël pouvait signifier tout cela à la fois : non à la violence, non à la misère, non au pouvoir de l’homme sur l’homme. Jésus enfant en a été le témoin. L’enfant de la crèche a échappé au massacre des Innocents ; mais il est resté à la merci des soldats qui le traquaient. Marie n’a trouvé aucune auberge où accoucher ; et dans la bergerie où elle a trouvé refuge, elle est pauvre parmi les pauvres. Le roi Hérode craint le pouvoir du futur et imaginaire «Roi des Juifs», et le fait rechercher ; de même, les Grands Prêtres et les Romains qui le tueront quelque trente ans plus tard, à Jérusalem.

Sans moyens d’agir (par les armes), sans moyens de détenir (par la propriété) et sans moyens de régir (par la loi), le Christ ne dispose que de sa parole, la seule force qui puisse et va changer le monde. « Mon royaume n’est pas de ce monde » s’exclame-t-il. Cela n’a jamais voulu dire : mon royaume est dans le ciel ! Du reste le Royaume de Dieu n’est pas un royaume. C’est la société des hommes vivants et morts, avec ou sans roi. C’est notre histoire tout entière. Une histoire qui souffre atrocement des trois dominations : par la violence, l’argent et les puissants.

Noël est devenu une utopie dévoyée. La fête de Noël est célébrée par des foules qui oublient la violence faite à ceux qui sont privés de tout, par des citoyens-clients qui dépensent leur avoir et consomment dans la frénésie pour oublier leurs angoisses, par des célébrités qui étalent leurs fastes et leurs frasques avec ostentation, en oubliant le regard de ceux qui les voient s’exhiber devant eux, superbes et méprisants.

Accueillir l’utopie évangélique, qui est négation d’un tel monde où devient rare l’amour actif, devient fort dangereux. C’est pourtant le seul choix qui reste ouvert à l’homme véridique, que rien, pas même la menace de mort, la privation d’argent et l’inaccessibilité aux plus brillantes fonctions, n’empêche de réussir sa vie. « Ne pas dominer » ne deviendrait-il pas alors le maître mot ? N’être, ne pas se sentir, ou ne pas vouloir devenir supérieur à autrui : là est, peut-être, l’ascèse joyeuse, l’ambition véritable, la seule gloire qui vaille. Avec ou sans religion.

Oui, mais Dieu justement, me diront les « fidèles »? Et l’au-delà ? Et l’âme ? Et le péché ? Dieu ? S’il est, il est amour et nous voilà revenu au problème précédent, c’est-à-dire à ce que dit l’apôtre Jacques , ou Paul de Tarse , ou même Augustin d’Hippone qui affirment, chacun à sa manière : sans amour il n’y a… rien. Rien qui vaille ! Ne pas aimer est a-thée, plus encore si l’on « croit » en Dieu. L’au-delà ? Il n’a rien avoir avec un autre monde ; le nôtre est insondable, immense et bien plus que complexe ; il est déjà au-delà de l’espace et du temps tels que nous les avions pensés. Pourquoi s’y interdire l’espoir d’une vie meilleure qui nous conduirait au-delà… de nos vies brutalisées. L’âme ? Elle est ce que chacune des personnes vivantes porte au plus profond d’elle-même, son je, et c’est autant impénétrable qu’unique. Tout autre essai de définition constitue une extrapolation imprudente, philosophiquement. Quant au péché, c’est un mot-piège qui décrit les insuffisances et les crimes des humains, et culpabilise les fautifs alors que le « ne jugez point » devrait dire notre incapacité à sonder les reins et les cœurs. Les actes qui blessent gravement l’humanité ont des ressorts qui sont impossibles à mesurer et aucune confession n’en peut mesurer la gravité, ni en effacer l’erreur.

Noël, c’est la lucidité et la sérénité de retour, au moment où rejaillit la lumière dans notre hémisphère nord. C’est, par avance, parier sur l’au-delà du froid, l’au-delà de la nuit, l’au-delà de l’impuissance, l’au-delà du désespoir. À qui serait devenue impossible cette foi en la vie, en l’amour, en la solidarité, en la réussite de tous et de chacun, il resterait bien sûr, les cadeaux et la table du réveillon, dérisoire mais touchant sursaut de qui veut, en dépit de toutes ses ignorances, croire en « quelque chose » de bon et d’heureux, fut-ce un seul soir…

Le réveillon est le moment où l’on n’accepte de ne pas dormir pour rester ensemble. Réveillons-nous donc ! Mais pour ouvrir les yeux, pas pour ignorer une réalité qui, de toute façon, nous submergera. 2008 s’avance avec son cortège d’épreuves et d’espérances. Ceux qui ont choisi de fonder leur temps de vie sur le partage vont entrer dans un combat plein de risques. Agir par la seule force de la pensée et de l’amour est une gageure. Mais la violence, la richesse et la puissance ne cessent d’échouer. L’histoire de l’humanité et les événements de ce début de siècle le démontrent abondamment. Ou bien les hommes emprunteront une autre voie, ou bien ils quitteront la scène planétaire. À qui laisse, après lui, des êtres qui constituent de nouvelles générations, il ne reste plus qu’à passer du conte de Noël à la parole de Noël, celle qui peut encore donner à croire que la paix, la fraternité et la parité sociale ont un avenir.

dimanche 23 décembre 2007

... Et n'en parlons plus!

Après avoir lu Alain Badiou et Alain Brossat, tous deux professeurs de philosophie à l'université Paris 8, qui, l'un comme l'autre, ont écrit, chez le même éditeur, Lignes, un pamphlet politique virulent et lucide (1) concernant Nicolas Sarkozy, qu'y a-t-il encore à dire, concernant ce fantoche qui encombre notre espace politique?
Rien.
Tout est dit.
Il faut s'efforcer de vivre, de penser et d'agir sans se laisser prendre aux pièges de mots et de décisions qui seront vite obsolètes. Résister, c'est ne pas parler, désormais, en bien ou en mal, de ce personnage qui ridiculise la France. Il faut traiter les questions qui s'imposent à nous et pas celles que Sarkozy nous impose.
Oui, il faut tourner la page avant qu'elle ne se tourne d'elle-même ou que les Français ne ferment, brutalement, ce livre et, en même temps,ce chapitre pitoyable de notre histoire.
(1) Alain Badiou, De quoi Sarkozy est-il le nom, éditions Lignes, 2007.
Alain Brossat,
Bouffon imperator, éditions Lignes, 2008.

jeudi 20 décembre 2007

Le chanoine impudique.

"Bouffon imperator" est devenu aujourd'hui, selon le dictionnaire Le Robert : "dignitaire ecclésiastique, membre du chapitre d'une église cathédrale, collégiale, ou de certaines basiliques". Est-il "Chanoine titulaire, prébendé (oh!) ou honoraire"? La prébende, précisons-le, est un "Revenu fixe accordé à un ecclésiastique (dignitaire d'une cathédrale ou chanoine)" précise encore le dictionnaire, bref c'est un moyen de gagner plus en travaillant plus (un peu)...

Mais soyons sérieux. Par où qu'on l'aborde, Saint Nicolas, quasi évêque, est un catholique qui ne saurait pourtant être en odeur de sainteté. Qu'il puisse à la fois vivre ce qu'il vit tout en se faisant le défenseur des valeurs chrétiennes a de quoi surprendre! Un catholique intégriste, ou simplement traditionaliste, s'offusquera que ce double divorcé s'affiche à Rome, auprès du Pape, juste après s'être choisi une nouvelle et médiatique maîtresse. Un catholique pratiquant comprendra mal que ce qui est interdit aux humbles soit accordé aux grands par le Pape Benoît XVI, pourtant si attentif à la protection de la doctrine, (la politique aurait-elle ses quartiers réservés dans l'univers pontifical)? Un catholique simplement exigeant, pour qui l'accueil de l'étranger, le refus de l'argent roi, le partage et l'hospitalité font partie du message évangélique aura quelque peine à accepter la mise en scène télévisuelle de cette rencontre ambiguë.

Le citoyen français, chrétien ou pas, se trouve, une nouvelle fois enfermé dans une contradiction : le Président de la république a des droits et s'en sert, d'une part; mais il en abuse avec effronterie, d'autre part, et montre au monde entier qu'il se moque totalement des conventions ou des habitudes, les mieux fondées comme les plus infondées, qui sont celles qui accompagnaient jusqu'à présent, l'exercice du pouvoir. Nicolas Sarkozy, en quelques mois, a réussi a incarner, seul, ce pouvoir qu'il délègue, reprend ou distribue, à son gré. Il est le Maître. Il est le Chef. Il est l'Imperator, le Conducator, le Caudillo et le Leader Maximo tout à la fois. Je n'ose écrire le Führer, le Guide suprème. En tout cas, il est le Prince (attention à la visite en Andorre). Et par-dessus tout, il est le Chanoine.

Trop, c'est trop. Et le culot d'enfer de ce personnage d'opérette à spectacle atteint ses limites. Il est l'impudeur même.

À quand la photo, dans Paris-Match, de Nicolas Sarkozy, à l'Élysée, cigare à la main et Carla Bruni sur les genoux, entouré de ses ministres, une coupe de champagne à la main, fêtant l'entrée dans l'année nouvelle, en présence du cardinal de Paris ou du primat des Gaulles venus dire la gratitude des catholiques pour la réinstallation de la fille ainée de l'Église au premier rang de la cour européenne?

mardi 18 décembre 2007

La décroissance n'est pas la non croissance, mais l'anti-croissance

La décroissance n'est pas la non croissance, c'est l'anti-croissance! Décroissance est un mot provocateur qui révèle que le culte de la croissance débouche sur la mise à sac de la planète tout entière. La décroissance est un solde à établir entre le plus de croissance utile et le moins de croissance nuisible, en sachant bien que, désormais le moins l'emporte sur le plus! N'acheter que ce qui est nécessaire est insupportable en économie de marché quand le marché est nourri par les sollicitations énormes et souvent mensongères de la publicité! La décroissance, c'est la sobriété.

Si tous les hommes vivaient sobrement, il y aurait un plus de vie matérielle convenable pour la majorité des hommes et moins de déperdition d'énergie, de matières premières et d'alimentation pour les autres. S'il fallait, et ce n'est même pas indispensable, que tous les humains mangent, en moyenne, afin que personne ne meure plus de faim ou de malnutrition, un peu moins que ne le peuvent la majorité des seuls habitants des pays occidentaux, cela vaudrait grandement la peine! La décroissance n'exige même pas cela. Elle est simplement l'ardente obligation de ne plus rien gaspiller et de cesser d'augmenter, puis de réduire la production de ce qui n'a pas besoin d'être consommé. La difficulté ne serait pas de ne pas pas produire l'inutile; la difficulté est idéologique : changer de logique pour en finir avec le mythe trop bien installé de la croissance. La décroissance va devenir la condition du mieux être général mais il faudra sans doute encore bien des drames avant qu'on s'y résolve!

"Une charge démesurée"

Les Rroms roumains qui vivent en France dans la précarité (mais moins quand même que s'ils étaient restés en Roumanie...) constitueraient, quand ils sont sans emploi, "une charge démesurée" pour les services sociaux de notre pays. À présent, l'argument suffit à fonder l'obligation d'avoir à quitter le territoire français (OQTF), au bout de trois mois de
présence. En fait, la charge financière est proportionnelle au nombre de ces étrangers sans ressources qui fréquentent les hôpitaux pour se soigner, y accoucher ou se faire vacciner. Pour une population de quelques milliers de personnes, la charge n'est donc point aussi démesurée qu'il est dit. Ce qui est démesuré, c'est de recourir à des moyens de transports importants, y compris l'avion, pour reconduire chez eux, des familles qui n'effectuent de "départs volontaires" que contraints et forcés. Ce qui devient exorbitant, c'est de payer des fonctionnaires de police ou de l'ANAEM pour "accompagner" les Roumains jusqu'à l'entrée de la Roumanie. Les quelques centaines d'euros "offerts" aux familles pour qu'elles puissent rentrer dans leur ville ou village ne sont pas pris en compte dans le calcul de la charge démesurée... À vrai dire, on ne songe qu'à "faire du nombre", c'est à dire à renvoyer loin de nos frontières des indigents dont on veut se débarrasser quitte à le payer, cette fois, très cher.

lundi 17 décembre 2007

Extimité

C’est, paraît-il, Jacques Lacan qui a lancé le mot : « extimité », c'est-à-dire l’intimité extériorisée. Nicolas Sarkozy a remplacé Cécilia par Carla. On s'en foutrait s'il ne fallait pas qu'on le sache! Or, il nous impose de le savoir! Un homme public ne peut pas cacher sa vie privée, semble-t-il... Le Président de la République l'expose donc. Point d'hypocrisie, certes, mais mépris du peuple sans aucun doute. Un bras d'honneur est fait à l'ensemble des citoyens. "Je vis comme je le veux et vous emmerde!" J'ai tous les droits et c'est comme ça... Le Roi Soleil multipliait les bâtards et nul ne pouvait rien en dire. Retour au temps de la Cour de Versailles : un bon confesseur suffit à effacer les frasques. Un bon journaliste devrait pouvoir remplacer un curé! Peu après la Saint Nicolas, on nous apprend simplement que notre puissant monarque s'est choisi une nouvelle belle. Il n'y a pas six mois, les élans tendres du nouveau Président à l'égard de son ex femme, émouvait les gazetiers. Il va falloir s'habituer à une nouvelle star du showbiz politique qui sait chanter et conquérir tous les publics. Ce spectacle me lève le cœur. Il donne à penser que le pouvoir permet tout, y compris de coucher avec qui l'on veut. J'avoue que la discrétion des prédécesseurs de Sarkozy me convenait mieux. Je pouvais critiquer les cavalcades des coureurs de jupon qu'ils soient princes ou qu'ils soient roturiers. Là, je dois accepter que l'État incarné soit cynique y compris dans l'intimité. Cette philosophie des rapports humains m'est insupportable. Alain Brossat va la décrire, en son prochain livre, intitulé Bouffon impérator. J'y avais vu l'annonce d'un pamphlet politique. Je crains qu'il ne s'agisse de tout autre chose : la description d'une impudeur bien pire que celle de exhibitionnistes, l'impudeur de l'âme. Si les Français se font une raison, eh bien, eux aussi donneront d'eux-mêmes, à nouveau, l'image de ces veaux que Charles de Gaulle stigmatisait. Ils acceptent tout, supportent tout et en redemandent? Je ne crois pas. Le pays ne peut courir, à un tel rythme, vers le néant de ses espoirs en laissant un seul homme ne tenir compte que de lui-même.

vendredi 14 décembre 2007

Décolonisation sans repentance

Repentance signifie, pour Le Robert, "souvenir douloureux" et "regret de ses fautes". Décolonisation signifie, pour le même Robert, "cessation pour un pays de l'état de colonie; processus par lequel une colonie devient indépendante"; et encore : "libération de groupes humains ou de secteurs socioéconomiques tenus dans un état de dépendance, de subordination".

Décolonisation sans repentance voudrait donc dire : fin de la colonie mais sans "regret de ses fautes", sans "souvenir douloureux", sans reconnaissance de l'importance de la "libération", de la nécessité de "l'indépendance", de l'injustice de la "subordination"! Les colonisateurs passeraient aux oubliettes de l'histoire, mais sans jugement. Dans cet état d'esprit, on déplore sans accuser. On tourne la page sans avoir à assumer de responsabilité.

Un grand pays ne se déjuge pas, nous dit-on. Avouer ses crimes le déshonorerait-il? Surement pas. Ce qui prolonge la décolonisation, et continue à lui faire porter les fruits les plus amers, c'est qu'on ne la déracine pas. Refuser de la mettre au ban de l'histoire de l'humanité, c'est continuer à vouloir que la puissance des riches s'impose. Et si elle ne l'emporte plus par les armes, par l'administration, ou par la religion elle y parvient toujours par l'argent. Ainsi, les peuples, hier sous domination, souvent, le restent.

La colonisation des esprits (mais aussi celle des richesses matérielles) n'a pas cessé. Ce n'est pas seulement de repentance qu'il faudrait parler, mais de rupture, de vraie rupture, de rupture sincère avec des pratiques et des idéaux qui, loin d'être obsolètes, sont restés actifs dans la pensée de bien des dirigeants occidentaux.

Éloge de la minorité

Qui vit dans la majorité s'y avachit.
Les majorités sont structurellement conservatrices.
Les majorités sont construites pour durer.

Les minorités luttent pour exister.
Les minorités sont en perpétuelle recherche de développement.
Les minorités peuvent entrer dans des majorités changeantes.

Une majorité devrait n'être constituée que de minorités associées.
Une telle majorité n'existerait que par le débat.
Une majorité monolithe et massive devient, tôt ou tard, dictatoriale.

Un idéal démocratique voudrait que pour que s'épanouissent les sociétés, elles ne comptent que des minorités.
Car ils n'est pas bon que les minorités s'enferment dans leur statut de minorité irresponsable.
Parce qu'il n'est pas bon que des majorités soient sans contestation réelle "aux affaires".

Une opposition qui n'est que de mots est inutile.
Une opposition qui n'est jamais, et en rien, associée aux décisions se crispe et devient systématiquement négative.
Il n'y a de démocratie réelle et de majorité que grâce aux minorités actives qui s'unissent.

mercredi 12 décembre 2007

Propos iconoclastes

Je me suis sinon endormi, du moins éloigné de ce lieu d'écriture. J'y reviens avec ce texte qui risque d'en inspirer d'autres.

Feu la gauche.

Mieux vaut être à gauche que se dire de gauche.
Le mot gauche est obsolète.
Il ne signifie plus que « la non-droite »
Il est mort parce qu’il cloisonne.
Il empêche d’entraîner les peuples vers d’autres solidarités que celles des partis.
Il bloque y compris la signification du mot gauche tel qu’il fut employé par le passé.

Car ce vocable ne contient plus les valeurs suivantes :
- Refus de tous les privilèges dans l’esprit des Lumières.
- Solidarité active et préférentielle avec les plus démunis.
- Promotion collective organisée et militante.
- Rejet du profit comme moteur de l’activité humaine.
- Reconnaissance de l’égalité des hommes comme semblables.
- Défense de la liberté de conscience et non de celle de dominer.
- Recherche constante de la fraternité coopérative.
- Contestation de la hiérarchie sociale fondée sur des élites.
- Modestie et sobriété comme mode de vie des responsables.
- Contestation de l’organisation économique capitaliste.
- Valorisation du partage dans la justice.
- Engagement résolu contre le racisme et le colonialisme.
- Égalité de vie entre hommes et femmes.
-
L’objectif d’une politique de notre temps est de réintégrer ces valeurs abandonnées.
Mais aussi d’y ajouter des valeurs nouvelles :
- Prise en compte des limites planétaires physiques et démographiques.
- Redynamisation du concept de partage entre tous les peuples.
- Rejet de la mondialisation monoculturelle.
- Affirmation d’un altermondialisme respectueux des diversités humaines.
- Intégration de la dimension écologique dans toute politique économique.
- Contestation du système des États-nations, destructeur des peuples.
- Fin du mythe de la démocratie représentative sans démocratie effective.
- Sortie des limites : privé/public, entreprises/État.
- Redéploiement de l’associatif, du coopératif, de la solidarité économique.
- Mise en œuvre de politiques de formations à échelle mondiale.
- Lutte contre toutes les fermetures rendant impossible l’hospitalité universelle.
- Priorité accordée aux luttes contre l’exploitation généralisée des femmes.
- Recherche constante des moyens d’action non-violents efficaces.
- Information libre et complète, ouverte en toutes langues.
- Contestation du seul travail salarié et reconnaissance du travail volontaire.

L’opposition simple entre détenteurs du capital et détenteurs de la force de travail a vécu. Mais la lutte des classes s’est maintenue sous la forme de l’exploitation d’un nombre croissant d’êtres humains par un nombre restreint de profiteurs de plus en plus riches. Non seulement l’injustice génère toujours de la violence allant jusqu’à la guerre, mais, à présent, le monde entier est sous la menace de destructions irréversibles plus épouvantables encore que les guerres parce qu’elles proviennent de déséquilibres naturels affectant des populations innombrables et produits par une activité humaine prédatrice motivée par le seul profit.

La gauche traditionnelle est passé à côté de ce constat. Elle est restée prisonnière d’un schéma dual : nous retournerons au pouvoir chaque fois que les électeurs seront lassés des politiques conservatrices. Ce schéma est faux. Il ne faut pas craindre d’en sortir. Quitte à abandonner des mots (gauche, socialisme, communisme), privés de leur sens et qui ont servi à trahir.




samedi 20 octobre 2007

La semaine révélatrice

Semaine sinistre pour Sarkozy. Depuis son élection, il avait réussi à jeter de la poudre aux yeux des Français. Mêlant mythes et réalités, souplesse de langage et dureté de ses choix politiques, il semblait, pour le moment, intouchable...

Depuis la défaite de la France (non, de l'équipe française de rugby!) devant l'équipe d'Angleterre, au stade de France, s'il vous plaît, des événement, de nature diverse, se sont produits qui modifient le contexte politique.

Il peut sembler stupide de juxtaposer le sport, une grève, un divorce, un scandale financier, un durcissement supplémentaire de la politique d'immigration et un sommet européen! Sauf que le Président de la république actuel avait fait feu de tout bois pour se mettre politiquement en évidence. Il était à Cardiff, pour voir battre aux All Blacks; la grève des transports aura été la plus massive jamais connue depuis au moins 12 ans; la bulle people qui brillait devant les yeux éblouis des Français a explosé; la cassette antigrèves du patronnat, constituée depuis des décennies, révèle ce qu'est le MEDEF et le détournement vers la mise en cause du financement des syndicats ne suffira pas à masquer le scandale; le test ADN pour déterminer la parentalité, la bouderie de la Cité de l'immigration par le gouvernement, la chasse systématique aux étrangers en situation irrégulière disent assez que le pouvoir en place a pris le relais de Le Pen; la Constitution européenne mise au placard est remplacée par un traité "simplifié" moins européen encore que ne l'était le TCE et on annonce qu'il n'y aura pas reférendum. Autrement dit la politique spectacle va devoir être corrigée. On revient à la politique tout court.

Fini les récupérations nationalistes. La raclée infligée aux "Bleus" par l'Argentine, hier soir, oblige à plus de modestie. La Coupe du Monde de rugby organisée en France à grands coups de pub s'achève sur un échec retentissant. Cela n'empêchera pas Bernard Laporte d'entrer au Gouvernement, lundi, mais il est déjà dévalorisé et surtout il va servir de bouc émissaire après ce flop retentissant. Dommage, mais, comme son maître, il vivait dans l'esbrouffe et l'autoritarisme. Des joueurs déçus, des journalistes sportifs privés de copie, vont le lui faire payer y compris en allant jusqu'à l'ingratitude... Les défaites sportives ne sont pas des catastrophes nationales mais on a tout fait pour attiser, chez les supporters, une passion excessive de la victoire. Le sport opium du peuple? Le nuage de fumée se dissipe.

Finie l'évidence de la réforme sociale. Travailler plus pour gagner plus..., non seulement on n'en voit pas même les prémisses, mais on commence à comprendre qu'on casse y compris le peu de ce qu'on croyait être une sécurité pour ses vieux jours. Nous entrons dans une période de tumulte qui ne peut s'achever que par un conflit majeur. Les uns comptent sur la méthode Thatcher qui brisa, et pour longtemps, les forces syndicales, (François Fillon est prêt à remplir ce rôle de briseur de grève et plus encore de destructeur des résistances populaires). Les autres, bousculant les timidités syndicales et politiques, à gauche, sont prêts à entrer dans un conflit long et incertain autant par instinct de survie que par conviction. Ces motivations fragiles et pourtant fondamentales peuvent mener là où personne n'a prévu d'aller.

Fini le couple modèle. Cécilia ne sera pas Jackie. Elle en sait assez pour ne pas accepter de jouer le rôle de faire valoir. Elle laisse seul le comédien brillant qui l'empêchait d'être qui elle est. Plus de baiser sur la bouche à l'Élysée. Plus de représentation publique de la famille recomposée et cependant exemplaire. "Un célibataire à l'Élysée" titrait cruellement la presse. La presse aux ordres va s'empresser de banaliser cette rupture qui est le lot de tant de couples en France. En vérité, pour avoir voulu se servir de cette image de couple glamour, Sarkozy perd une partie de son aura. C'est, même si c'est injuste, une défaite politique.

Fini la mise à l'écart des patrons voyous. Ce sont ceux qui ont pouvoir de négociation avec les syndicats, au sein du MEDEF qui détournent des fonds considérables avec l'intention peu dissimulée d'acheter leurs interlocuteurs. Que Gauthier-Sauvagnac, mis en cause, ait, jusqu'à récemment, été le négociateur principal du MEDEF, dit assez que l'économique gouverne le politique et pas toujours en faisant la fine bouche sur les moyens employés. Sous les yeux des Français ces pratiques sont dévoilées. cela va laisser des traces.

Finies les précautions oratoires pour faire la chasse aux immigrés. On a des taux d'expulsion à respecter et on les respecte. Tout est entrepris pour limiter la présence étrangère en France. Y compris les membres de l'Union européenne sont soumis à cette loi d'airain non écrite. Vous pouvez circuler librement en Europe mais pas rester durablement en France. Si, en outre, vous êtes tsiganes, alors, non. pas de ça chez nous. Pour ceux-là, les bus, avec le concours de fonctionnaires zélés, sont tout près à vous ramener non pas chez vous, car parfois, il n'y a plus de chez soi, mais dans le pays d'où vous êtes venus. Après débrouillez-vous. Moins de regroupements familiaux, surveillance et complications administratives accrues, difficultés à s'employer dues non aux employeurs mais aux Direction de l'emploi; etc... Nous sommes rentrés dans un temps d'hétérophobie.

Fini le recours au référendum. On n'a pas encore vu venir le contrechoc de la substitution, à l'initiative de Sarkozy, (ce dont il se vante!) du traité simplifié au TCE. Il m'étonnerait que cela passe comme lettre à la poste. Ce qu'a défait un référendum seul un reférendum peut le refaire. Ce n'est pas ce qui se prépare. Le Parlement seul sera consulté. Si les socialistes, comme il est probable, s'alignent, on ira au devant de protestations importantes. D'autant que ce traité n'est nullement simplifié et gomme y compris les symboles politiques européens (hymne, drapeau...). Je ne vois pas en quoi ce qui a fait rejeter le TCE serait devenu obsolète. Entre les gouvernements et les peuples d'Europe le fossé va se creuser ne fut-ce que parce qu'on veut prendre les décisions les plus fondamentales par dessus la tête des intéressés. La démocratie dont on se gargarise est en péril.

La France n'est plus dans les stades. Les Français s'éveillent. Ils ont été anesthésiés. Nous allons vers une contestation progressivement grandissante des objectifs politiques de l'omni-Président. Cela semble aller plus vite que prévu. Tant mieux.

vendredi 19 octobre 2007

Rupture avec la rupture

Un non événement politique, une rupture conjugale, a pris un contenu politique parce que ceux qui avaient voulu faire de leur union un symbole public, une forme de l'attrait vis à vis d'une personnalité politique, ont brisé leur contrat. Et ce contrat n'était pas seulement matrimonial!

Nicolas Sarkozy, quoi qu'il fasse et dise, à présent, aura été celui qui a voulu faire de son épouse un instrument de la politique présidentielle et l'intéressée a regimbé. Trop fière pour être chosifiée, elle a repris sa liberté qui n'est pas uniquement sa liberté affective qui est aussi une liberté citoyenne. Elle ne sera pas "la première Dame de France" d'un Président qui décide de tout dans la vie de tous ceux qui l'approchent!

Quel que soit le fond de la pensée de Cécilia ex-Sarkozy, elle nous rend le service d'être la première à rompre avec un mythe politique, et elle le fait après avoir mis en terre son premier époux, Jacques Martin, un insolent professionnel, qui n'avait aucun tabou et osait les pires diatribes politiques comme les grands chansonniers, seuls, en sont capables.

Sarkozy a voulu la rupture. Il l'a. Une rupture de pure forme, qui ne changeait rien à la politique de renforcement du pouvoir de l'argent, mais une rupture de génération, une rupture culturelle. La banalisation du divorce a pris force d'État. On peut même s'en réjouir. Mais, il y a bien davantage dans ce non événement médiatisé à l'extrême : le donneur de leçons, le monarque-people a reçu un camouflet. Une large partie de son électorat conservateur n'appréciera ni cette manifeste perte d'autorité au sein même de sa famille ni l'affaiblissement de "l'institution du mariage" dont les autorités publiques ont en charge de la protection.

Cécilia María Sara Isabel Ciganer-Albéniz a rompu avec la rupture, en rompant avec le mensonge. Puisse-t-elle, à présent, pouvoir vivre dans l'authenticité. Mais la presse lui en donnera-t-elle le temps et la possibilité? Elle a joué avec un feu auquel on fera tout pour qu'elle se brûle.

samedi 13 octobre 2007

L'autoroute A104 sera au cœur du prochain mandat municipal

L'une le veut; l'autre l'accepte; les autres se taisent. La traversée de la commune d'Éragny par l'autoroute A104 sera au cœur du prochain mandat municipal. En plein Grenelle de l'environnement, alors qu'on découvre, enfin, que le développement du tout routier a été et devient une catastrophe planétaire, on discute pour savoir quels aménagements rendraient supportable ce qui, de toute façon ne l'est pas.

Muriel de Coster (une revenante dont on se demande comment elle a pu réunir autour d'elle y compris ceux qui la fustigeaient) qui se voit de nouveau maire, ne cache pas qu'elle soutiendrait ce que le député de la circonscription désire : prolonger la Francilienne, "qui se fera qu'on le veuille ou non" (Voir Le Parisien du 11-10-2007). Dominique Gillot (la maire sortante), qui admet le principe du prolongement, plaide pour une atténuation des nuisances, tant dans la réalisation du projet futur que pour l'aménagement de la RN184. Les autres, qui semblent incapables, actuellement, de penser une alternative à ce duel sans cesse recommencé, n'osent pas aller devant les médias pour dire leur double refus : celui de la personnalisation déplorable de l'enjeu municipal, d'une part, et surtout celui de l'inéluctabilité d'une autoroute prolongée au travers d'un tissu urbain dense entraînant un nouveau massacre de l'environnement local et régional, d'autre part.

Ceux qui n'acceptent pas ce faux dilemme entre le sûr et le possible, et qui disent non, en étant, simplement, en avance de quelques années sur ce que les contraintes écologiques amèneront à faire, de toute façon, oui, ces citoyens doivent se réveiller. Inutile de tenir, en haut lieu comme dans chaque ville, des discours généraux sur la réduction de l'effet de serre tout en continuant à faire comme avant, et sans même envisager cette pause, ce moratoire que craignent tant les technocrates (les autos-crates?), eux qui savent bien que, d'ici quelque temps, ce ne sera plus possible.

Verts ou pas, les écologistes ne peuvent laisser passer cet événement sans de nouveau réagir. Ils ont toute légitimité pour le faire. Ils n'ont pas démérité ayant été les seuls à parler clair pendant le débat public avorté sur l'A104. Qu'ils soient ou pas candidats à des élections, (municipales, cantonales ou régionales...), ils doivent se faire entendre sauf à ne plus exister.
Et non seulement sur un projet d'autoroute qui symbolise et condense toutes les divergences sur la conception de l'organisation de la vie publique, mais également sur tout ce qui rend le vivre ensemble plus écologique, mieux partagé, davantage écouté.

Si la démocratie, tellement malmenée partout, conserve encore son sens, ne restons pas spectateurs et, finalement, simples juges des conflits électoraux à venir! Entrons dans l'arêne pour que notre propre vie soit prise en considération et pas seulement des dossiers ou des intérêts personnels. Tous les citoyens ne peuvent être physiquement candidats sur une liste mais ils peuvent être tous candidats dans la définition d'une autre façon d'agir en politique, en
ne s'en remettant pas aux seuls élus présents ou à venir pour décider de leur propre sort!

jeudi 11 octobre 2007

De la pédophilie.

La pédophilie est un crime. Encore faut-il savoir clairement pourquoi. Il est impossible de penser une relation enfant/adulte sans violence, car domination il y aura toujours. S’il n’y a pas égalité entre partenaires sexuels, il n’y a pas échange sexuel, il y a rapt. Rapt, selon le Robert, est depuis des siècles, assimilable à viol.

Le viol, comme l’étymologie l’indique, est une violence et toute violence est à proscrire entre personnes humaines. En matière de sexualité, aussi bien entre adultes qu’entre adultes et enfants, entre hommes et femmes, comme entre hommes ou entre femmes, la violence est une destruction d’autrui que rien n’autorise, même le consentement de la victime.

Les moyens pour s’opposer à la violence pédophile sont multiples. Actuellement on privilégie l’empêchement. On ne prend pas assez en considération ce qui conduit à ces déviances. Bracelets électroniques, hôpitaux fermés, castration chimique, internements ne peuvent suffire à cerner le phénomène !

Imposer le sexe à un enfant est une monstruosité qui ne vient pas uniquement du vouloir propre d’un adulte ; c’est le passage à l’acte de quelqu’un qui a perdu les principaux repères de toute vie en société.

Deux points essentiels ne sont guère abordés : l’accompagnement ou le soin du pédophile, d’une part, la connaissance de ce qui engendre cette distorsion comportementale, d’autre part. On écrit beaucoup sur les pédophiles ; peu sur la pédophilie, parce que cela obligerait à regarder de près et la nature humaine et l’organisation de la vie des hommes en groupe.

Le pédophile viole-t-il la nature ou s’y soumet-il ? Y a-t-il une sexualité qui tourne vers l’enfant comme il en est une qui tourne vers des partenaires de même sexe ? Ce qui était condamné, voici quelques dizaines d’années, et l’est encore en certains pays, accompagné par les plus graves des sanctions, est admis facilement de nos jours. C’est l’homophobie qui peut conduire devant les tribunaux, et pas l’homosexualité.

Est-ce donc que, violence sexuelle mise à part (mais est-ce pensable !), on pourra, dans un certain temps, considérer, comme les Grecs de l'Antiquité, que le jeune éphèbe est un partenaire possible ? Il me semble que la question mérite examen. Je l’ai, pour ma part, tranchée mais je ne dispose pas des moyens d’imposer mon refus de toute relation sexuelle entre adultes et enfants, car il y faut bien plus que des principes moraux. Il s’agit d’appréhender une connaissance de notre humanité bien plus finement que nous n’avons fait jusqu’ici. J’ouvre donc ce débat sulfureux avec moi-même autant qu’avec les penseurs, ethnologues sociologues et philosophes. Il y va, je crois, de notre santé sociale.

mercredi 10 octobre 2007

La France réac.

La France a le gouvernement qu'elle voulait et qu'elle mérite.
La droite traditionnelle n'est d'ailleurs pas la seule à l'avoir voulu.
La gauche, par sa trahison et ses contradictions, l'a rendu possible.
Nicolas Sarkozy incarne cette évolution.
Car, contrairement à ce que beaucoup pensaient, il y a bien eu rupture.
Pas une rupture de fond, une rupture de style, de rythme et de formes...
La rupture que Sarkozy voulait : de génération et de dynamisme.

La France cynique l'emporte.
Rien ne vaut plus que le mérite, le succès et la réussite.
Même si ce doit être au détriment d'autrui.
Gagner, vaincre, l'emporter : la France-rugby fait un triomphe.
Écraser, bosseler, cogner : la gloire va au plus fort.
La douceur est médiocrité.
L'idéologie de la guerre s'avance sournoisement.

La France est engloutie sous les mensonges et les discours habiles.
Les médias sont le plus souvent aux ordres.
Entre la croissance, le 4.40 et les 40 années de cotisation retraite,
Il n'y a place, sur les écrans, que pour la mode filiforme et les polars sanglants.
Les images et les sons se juxtaposent, se croisent, se disloquent
et permettent notre décérébration.
Résister n'est plus seulement dire non, c'est fermer les yeux et les oreilles.

La France réac est à son zénith.
Tous les talents sont mis au service de la dissimulation.
Nous ne sortirons pas de cette mélasse sans violences.
Tragédie que nul ne peut espérer ni empêcher.
Mais il ne fallait pas entrer dans cette impasse.
Nous n'en sortirons pas en reculant mais en s'usant les ongles
(ou en se rompant les reins) pour franchir le mur qui nous bouche l'avenir.

mardi 9 octobre 2007

Je n'en suis plus...

De cet ensemble humain dont j'ai sous les yeux le spectacle quotidien, à coup sûr, je ne fais plus partie. Je n'en suis plus.

Non que j'ai cessé de me penser membre de la famille humaine, non pas que j'aie perdu le goût de vivre..., tout au contraire. Je suis d'un autre monde, d'une autre terre, d'une autre planète plus réels que ceux qui nous sont mis dans la tête en images et en mots. Le faux univers qu'on persiste à nous présenter comme le seul où nous puissions vivre ne m'intéresse plus.

Rien qu'aujourd'hui, j'ai vu des enfants rroms parmi les ordures et les rats, n'ayant d'autre raison de vivre que celle que leur procure le dynamisme vital de leur jeunesse. Leurs parents étant sans doute coupables d'être venus là, ils n'ont droit ni à l'école, ni à l'eau courante, ni aux toilettes, ni aux poubelles. Cela ne se passe pas dans les favelas d'Amérique latine mais à Bonneuil... en France! Le seul élu que j'ai rencontré m'a rappelé qu'il ne fallait pas confondre les soucis humanitaires et les nécessités politiques.

On se prépare, du reste, très bien à maîtriser les éventuelles révoltes des misérables. On vient de doter les polices municipales du pistolet électrique Taser (1). Cela ne tue pas souvent; ça blesse un peu; ça secoue très très fort; ça protège des méchants...

Dans un pays où l'on s'équipe de tels outils pour "maintenir l'ordre" sans que protestent les citoyens, je cesse d'être concerné. Je n'en suis plus. Je suis ailleurs car je veux jusqu'au terme de ma vie échapper au culte de la violence (fut-elle "légitime"), à l'enfermement dans le stress et le harcèlement, au cynisme banalisé. De ce monde de désespoir je fais mon deuil. J'ai faim de sourires.

Je préfère l'utopie qui offre un horizon au réalisme qui sacrifie les innocents.

(1) La décision est acquise : le pistolet à impulsion électrique Taser X-26 va équiper la police municipale. La ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie compte l'annoncer lors d'une réunion avec l'Association des maires de France (AMF), qu'elle s'apprête à réunir vers le 11 octobre. Le décret du 24 mars 2000, qui excluait jusqu'ici de l'équipement des policiers municipaux le Taser, arme classée en 4e catégorie au même titre que le fusil à pompe, sera ainsi modifié.

LE MONDE | 04.10.07 |

dimanche 7 octobre 2007

Le rugby et l'opium du peuple

Les Néo-Zélandais sont, hier soir, redevenus les Blacks.
On les avait dépouillés de ce vocable pour se rassurer,
pour les réduire à ce qu'ils sont : de simples hommes.

La presse n'en titre pas moins, ce matin : les Bleus ont vaincu les Blacks...
Le bleu, couleur de la droite française, l'emporte, ainsi, sur le noir, couleur du mal absolu.
Les Blacks (devenus gris le temps d'un match!), ne pouvaient que pâlir à Cardiff...

Ils seront donc honnis dans leur pays!
Vindicte bien injuste!
En sport le droit de perdre ou de gagner n'était-il pas, jusqu'ici, une évidence...

Qui était dans les vestiaires, à la fin du match,
avec Fillon, Rachida Dati (?) et Laporte..., futur ministre?
L'homme qui gagne, bien sûr : Nicolas Sarkozi.

Car le message, subliminal, c'est : avec Sarkozi, la France gagne.
Subliminal : "message construit de manière à atteindre l'inconscient du consommateur".
Le consommateur, en l'occurence, c'est bel et bien le citoyen français.

Depuis des mois, on a envahi l'espace publicitaire avec le Mondial de rugby.
Jamais ce sport n'avait été porté si haut
On a mis l'argent qu'il fallait pour séduire l'opinion.

Le rugby, sport populaire, sport de lutte, sport amateur (sport d'amis)
laisse la place au rugby, sport de conquête, de force et de domination,
le sport professionnel l'emporte (sport du fric, demain du dopage...)

Je le constate, le rugby aussi,
le sport qui fut une activité fraternelle sur les stades,
est devenu une variante de l'opium du peuple.

mardi 2 octobre 2007

Le parti des Verts meurt, épuisé.

Depuis hier soir, 1er octobre, je sais qu'à moins d'un bien imprévisible miracle, il me sera impossible, en 2008, par simple honnêteté intellectuelle, de rester membre des Verts.

En renouvelant ma cotisation, en 2007, j'avais considéré que je ne pouvais, de moi-même, en dépit de graves divergences, me retirer du seul parti écologiste existant en France. Même si la formule "parti" me semblait promise à transformation voire à disparition, je ne regrettais ni le temps passé ni l'engagement que j'avais pris depuis une douzaine d'années.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je vais, ainsi qu'il m'était arrivé, une première fois, après plus de vingt années passées au parti socialiste, me détacher des Verts pour des raisons qui sont, de nouveau, celles pour lesquelles j'avais adhéré! Je m'étais, en effet, éloigné, en 1993, d'un parti dont je pressentais qu'il n'avait plus de socialiste que le nom. Je vais, en 2008, aller vivre ma citoyenneté sans parti après avoir constaté que l'écologie politique n'est plus portée par les Verts, dès lors qu'ils n'ont plus aucun message qui leur soit propre, en tout cas crédible et lisible pour les Français.

Tant qu'il s'agissait de débats d'idées, il m'était possible de tenir ma place au sein d'une organisation disparate, touffue, complexe, riche de sa diversité. Jamais je n'ai regretté ma présence aux journées d'été des Verts. À présent, il s'agit de tout autre chose : les militants Verts qui me sont géographiquement les plus proches, conscients de la maigreur de leurs effectifs et de la faiblesse de leur impact électoral, incapables d'autonomie, vont, dès le premier tour des municipales, sauf rare exception, s'associer au PS ou être absent dans les communes où ils ne comptent pas même un seul adhérent.

Même les trahisons spectaculaires et successives (la dernière étant, paraît-il, selon la presse de ce jour, la prochaine nomination au Conseil Constitutionnel, par le Président de la République, de Michel Charasse, sénateur PS), ne suffisent pas à empêcher les militants Verts de se laisser absorber par un partenaire qui ne veut d'eux que leur petit supplément de voix! Là où se prennent les décisions collectives, dans les communes, au Conseil municipal, les strapontins valent-ils mieux que l'absence de siège, le faire valoir permettant d'élever la voix vaut-il mieux que le silence? Cela reste à démontrer.

Tout est donc fini. J'assiste à un suicide politique. Les Verts se meurent. Au moment où la thématique écologique s'empare de la société, les Verts, impuissants, n'en peuvent tirer... parti. Il va donc falloir un autre outil pour donner aux citoyens les moyens d'affirmer une écologie sans complexe et osant occuper la place qui lui revient à distance de tous les productivismes, de la croissance sacralisée, bref du champ de la domination libérale.

Je ne vais pas partir. Je vais, comme Daniel Zimmermann, mon ami, le disait de sa sortie du parti communiste, "oublier" de reprendre ma cotisation. Mes solidarités locales et amicales sont désormais inopérantes en politique!

Je n'irai plus, dans l'immédiat, participer à aucune assemblée des Verts "officiels". J'y perd plus que mon temps; j'y perds mon énergie intellectuelle et ma créativité politique. Je m'y ennuie. Aucun enthousiasme ne s'y déclenche plus. Ce parti est, d'un coup, devenu vieux, plus vieux que je ne le suis psychologiquement moi-même. Le temps qui me reste à vivre ne peut plus être passé dans cette médiocrité et ce conformisme.

J'ai trop faim de politique pour me laisser enfermer dans l'une de ces deux impasses : ou bien être là où l'on ne sert à rien ou bien n'être là que pour servir de béquille à un PS de plus en plus boîteux. Car, de même qu'on voudrait réduire, désormais, en France, tout le débat politique dans le duel UMP-PS, on va vouloir, commune par commune, monter le chantage suivant : qui n'est pas avec moi est contre moi; si tu n'es pas à l'UMP tu n'es pas à droite; si tu ne soutiens pas le PS, tu n'es pas à gauche. Je ne tomberai pas dans ce piège même si, pour cela, je devais fermer les yeux sur les élections locales prochaines, là où je m'étais tant investi depuis 1977.

Car je pense que rien de neuf ne peut surgir de cette fausse alternative. Les générations nouvelles ne vont pas longtemps se satisfaire de ce jeu vieillot! La chance historique qu'offre le débat sur l'avenir planétaire et la conscientisation écologique des terriens va bousculer la donne. Les écologistes trahissent et se trahissent en n'étant pas d'abord et avant tout au cœur de cette quête d'une autre politique et d'une autre façon de la mener.

En résumé :
- Je reste chez les Verts probablement jusqu'aux municipales et m'exprimerai comme tel.
- Je ne participe cependant plus à la vie de ce parti à moins qu'il ne change d'orientation.
- J'écris et contribue à l'affirmation d'une politique "alterékolo" et populaire.
- Je m'associe à la recherche et à l'action citoyennes locales, antilibérales et hors parti.
- J'affiche un engagement écologique plus déterminé que jamais.

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