mercredi 15 août 2007

Un sur six milliards

Sarkozy par-ci.
Sarkozy par-là.
C'est ainsi,
on n'y coupe pas...

La presse s'empresse auprès de lui.
La politique people triomphe.
La pollution médiatique est à son comble.
"Et moi, et moi, et moi..." chantait Dutronc!

Ce ne sont pas seulement les Chinois qu'on oublie.
Ce sont les hommes et les femmes ordinaires,
ceux qui font notre quotidien, les anonymes,
bref, le monde réel, sans doute sans intérêt...

Le combat culturel commence dans les journaux.
Ignorons cet homme qui n'est qu'un homme.
N'entendons ce qu'il dit que s'il a quelque chose à dire.
Allons chercher le jus sous la mousse des mots.

Je rêve d'un boycott médiatique
d'un journal qui s'occupe du sort des hommes,
pas de la mise en spectacle d'un homme de pouvoir,
simplement de ce qui fait la vie des Terriens.

Quand se souciera-t-on des humbles,
des méconnus, des sans grade,
de ceux qui agissent sans brio,
c'est-à-dire de l'inverse des Sarkozy : oui, des anonymes?

lundi 13 août 2007

L'omniprésident

Le Canard enchaîné donne à Nicolas Sarkozy le titre d'omniprésident.

Il est partout. Il fait tout. On ne voit que lui. Il parle à la place des autres. Il est le furet qui passe partout et s'introduit partout. Il est sans gêne. Il est l'incarnation du pouvoir jusqu'à la caricature. Il est pressé. Il ne lui a pas fallu plus de deux mois pour s'imposer, pour trouver son style, pour faire taire ceux de ses proches qu'il inquiète.

L'homme est dangereux parce qu'attirant. Les Français l'acceptent tel qu'il est. L'état de grâce perdure. La France prend en partie modèle sur ce personnage qui réussit et qui n'a cure des critiques déversées sur lui. Il y a, dans cette figure de roman, quelque chose de Rastignac et de Méphistophélès.

"Le petit Nicolas" n'a rien d'un personnage comique de bande dessinée. Bien qu'on l'ait, depuis longtemps, comparé à Iznogoud, celui qui veut prendre la place du vizir, il échappe au ridicule car tout le monde, ses ennemis comme ses amis, tous ont compris qu'il est lui-même, à présent le vizir! Est-ce la preuve vivante qu'on peut réussir en usant et en abusant des outils de la démocratie? Le croient, du moins , les ignorants et les ambitieux.

Plus dure peut être la chute. J'en sais plus d'un qui y comptent et qui l'attendent. De l'ex-Président dont l'image est tombée en poussière en quinze jours, jusqu'aux déçus de l'élection présidentielle qui rêvaient, pour eux-mêmes, de cette domination d'un seul, tous attendent le faux pas, l'excès de pouvoir, la concommitance de la régression économique avec le quinquennat pour voir se dégonfler la baudruche.

Erreur! Même les baudruches tiennent debout dans le système présidentiel français. Tous ceux qui n'existent que pour et par le chef de l'État le serviront en toutes circonstances. Les talents ne manquent pas autour du petit Bonaparte de ce siècle.

Deux ou trois conditions sont à remplir pour que l'omniprésident soit un simple président puis un ex-président : la première est que soit remporté un combat culturel radical afin de rendre impossible des relations politiques, administratives et citoyennes faussées, autoritaires, élitistes et impitoyables; la seconde est que la France abandonne un modèle démocratique qui n'en est plus un! On verra bientôt que l'endroit et l'envers de cette même médaille est fort difficile à graver, et à fondre, car changer de philosophie politique et de contenu démocratique tout à la fois, suppose bien plus que de l'intelligence! Il y faut l'occasion de l'événement et une forte participation populaire. On en est loin. Troisième condition peut-être : le rapprochement des peuples de l'Europe de plus en plus conscients que leurs sorts sont liés.

Michel Serre disait hier, dans sa chronique hebdomadaire de France-Info, que la philosophie n'est qu'une suite de défaites, bien qu'avec le temps, elle seule puisse rendre compte de la complexité de la condition humaine. Le soir, sur Arte, était de nouveau présenté le film de Richard Attenborough, sur Gandhi. On y rapporte que celui sans qui l'Empire britannique aurait tardé encore à quitter l'Inde, rendait compte de son combat politique non violent en expliquant que l'histoire finit toujours par donner tort aux tyrans et aux assassins. Il démontrait aussi que le pouvoir décisif appartient au peuple, pas aux hommes de pouvoir. On peut en rire, il n'en reste pas moins que la violence politique ne connaît que des triomphes temporaires, non pas fugaces, (ils peuvent avoir des effets longs), mais non durables.

L'omniprésent Sarkozy n'est ni un tyran ni un assassin mais il a placé son action sous le signe de la pire égocratie, pas celle de l'autocrate ou du prince de sang, celle du chef d'entreprise qui, in fine, est seul à décider de l'essentiel. C'est un piège redoutable : il conduit à s'enfermer dans des logiques brutales pouvant mener à des affrontements terrifiants.

Les opposants de cette majorité fondue en un seul représentant ont la responsabilité de ne pas entrer dans son jeu, de ne pas faire semblant d'être dans le système démocratique traditionnel. La cinquième République est dépassée mais pas dans le sens d'un plus démocratique, bien plutôt dans le sens d'un retour à l'ordre, tel que le conçoivent, depuis toujours, les possédants. La régression est systémique. Elle s'appuie sur un fond politique qui n'a jamais été absent en France. Il ne suffisait pas, en 1793, de supprimer la personne du Roi pour supprimer son être politique. Un peu plus de deux siècles après la Révolution française, les philosophes ont, de nouveau de quoi intervenir. La monarchie est de retour.

dimanche 12 août 2007

Le ciel n'est plus immense; il est impensable

Marie est montée au ciel. Les catholiques vont fêter cela d'ici quelques jours. Je retrouve, aujourd'hui, une note griffonnée où j'écrivais : "le ciel n'est plus immense; il est impensable".

Les certitudes terrestres sont mal en point. Ne voila-t-il pas qu'aurait été découverte une nouvelle planète à quelque vingt années-lumière? Autant dire à côté. Les journalistes, comme d'habitude, après avoir annoncé cet événement qui révolutionne la pensée, n'en disent plus rien... Nous voici amenés à
croire non plus le discours des prêtres sur le ciel mais celui des astronomes! Le ciel que scrute des hommes armés de leur calculs et de leurs outils d'observation n'en finit pas de s'étendre et de se complexifier! C'est ce qu'on nous dit. C'est ce que nous sommes incapables de vérifier. C'est pourtant ce qui n'est pas douteux...

Le ciel dont on parlait aux enfants, au catéchisme, apparaît bien petit et bien moins mystérieux. L'infini était un mot qui faisait peur mais qui ne pouvait qu'être vague. L'infini, désormais, a ceci de neuf qu'il est bien plus qu'une idée; c'est une réalité dont on peut apprendre qu'elle n'est pas encore mesurable! Oui, le ciel n'est plus immense mais il est impensable ou plutôt :
le ciel est bien plus qu'immense; il est impensable puisqu'incommensurable. L'espace reste insaisissable mais pourtant, il est là. On y entre, même si c'est en ses très minces franges, aux abords de la Terre. Le ciel n'est plus l'autre monde; c'est le nôtre!

Qu'on puisse seulement dire que les astres se comptent par milliards ou plutôt sont innombrables, réduit notre pensée à bien peu. Un domaine sans limites s'ouvre. Les religions, une fois de plus, vont devoir réviser leurs représentations du monde. Les sots qui en sont à contester Darwin vont devoir faire face à un discours scientifique bien plus dangereux : le ciel n'est pas ailleurs et nous sommes déjà dedans, dans son infini toujours impénétrable mais déjà présent. Il eut fallu au Pape casser non pas l'œuvre de Galilée mais sa lunette. Mettre l'œil au téléscope suffit à faire basculer dans l'émerveillement ou l'horreur. Ce ciel n'est pas vide, bleu ou noir; il est peuplé, nuit et jour, par une lumière ponctuée qui juxtapose des taches et des éclairs si nombreux qu'on dirait qu'aucune place n'est laissée aux interstices interstellaires! Illusion supplémentaire : au contaire, entre ces tous ces astres si rapprochés existent des espaces, des intervalles infranchissables le temps d'une vie humaine, des béances sans fond. Bien sûr, un astrophysicien rirait de ma naïveté, cependant comme pour les étoiles, si vaste soit son savoir par rapport au mien, il n'en sait guère plus.

Le ciel est par dessus le toit si bleu si vaste, écrivait Verlaine.
Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l'horizon
Et le futur est son royaume
, chantait Jean Ferrat.
La philosophie et la poésie sont encore les moins mauvais modes d'approche de la réalité humaine. Nous avons perdu un ciel; nous en avons retrouvé un plus étonnant encore. Le sort de l'homme est tout autre que ce que l'on en croit. Et ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle...

samedi 11 août 2007

Un citoyen pas très catholique

J'ai eu la surprise de m'entendre moi-même dire, à haute voix, que je n'étais pas catholique. C'était la première fois de ma vie. Par honnêteté, j'avais voulu préciser, à quelqu'un qui m'interrogeait, que je ne serais sûrement pas un catholique bien représentatif devant le Vicaire général du Val d'Oise en visite à un campement de Rroms. C'est, je crois, ce que je voulais dire. En fait, et pour parler bref, parce qu'on me demandait pourquoi je ne viendrais pas à la rencontre de ce personnage d'Église, j'ai lâché : "...parce que je ne suis pas catholique".

Je ne suis, en effet, pas très catholique aux yeux de bien des catholiques. Mais le suis-je à mes propres yeux? Cet épisode m'a conduit à repenser que je n'avais pas longtemps été catholique au sens où l'entend la hiérarchie catholique.

Enfant, je suis allé au catéchisme parce que ma mère m'y envoya, comme y allaient presque tous ceux qui avaient mon âge. Après ce qu'on appelait la Communion Solennelle, je restai catholique parce que, dans le Livre des Actes des Apôtres qui trainait dans la chambre de mes parents, j'avais lu des récits épiques qui exaltaient l'adolescent que je devenais, avec une priorité fondamentale : les chrétiens étaient ceux, et seulement ceux, qui mettaient tout en commun. Plus tard, j'ai cru trouver, dans la famille de celle avec qui j'allais vivre, la mise en œuvre de ce principe de partage absolu. Je sus assez vite que ce n'étais pas tout à fait vrai, sauf pour Claire, ma compagne (je ne voulais pas dire ma femme). À l'École Normale d'Instituteurs, ce "séminaire rouge", je m'accrochais à cette évidence que catholique signifiait universel et que par conséquent, le religieux pouvait communiquer avec toutes les cultures. J'y trouvais une source d'inspiration pour la laïcité qui était la mienne, c'est à dire un respect d'autrui qui autorisait à chercher passionnément l'unité du monde en dépit des innombrables et souvent heureuses différences qui le constituent.

Au seuil de la vieillesse, je constate que l'Église catholique n'a pas suffisamment, ni assez vite, évolué pour pouvoir demeurer ou devenir catholique. Son universalité n'est que de façade. Je dois donc admettre, que cela me plaise ou non, que je ne suis plus catholique parce que je ne pense plus comme pensent la majorité des catholiques. Le catholicisme est un ...isme comme un autre, c'est-à-dire un système. Or, il n'y a pas de système universel. Ceux qui l'ont pensé, qu'ils soient inspiré par leur foi ou par la raison, ont conduit l'humanité vers la violence et le meurtre. L'universel n'est pas Un; il est divers et complexe. La richesse du monde est dans sa multiplicité. Catholique, par conséquent, selon moi, non dogmatique et non sectaire puisque universel, est un mot qui, ainsi lu, ne veut rien dire pour un Pape ou un évèque, un protecteur de la foi...

J'ai la chance et le malheur de lire, occasionnellement, une publication qui traine sur le bureau de mon très vieux beau-père : Famille chrétienne. J'y relève exactement l'une des visions du monde qui rend le catholicisme creux et pervers. Je m'y suis, récemment, à y regarder de près, trouvé décrit comme l'un de ces relativistes d'où provient tout le mal, ce qui signifie, notamment, que je fais l'erreur gravissime de ne pas comprendre qu'il n'est qu'une vérité, celle dont l'Église a la garde, une seule. S'en éloigner conduit à l'horreur sociale, politique et générale. Cet intégrisme idéologique qui apparaît partout, au cœur des religions, est bien là, en Europe, en France, dans une revue ayant pignon sur rue.

La philosophie que je fréquente ne permet pas de céder à ces affirmations péremptoires qui transforment les meilleurs des hommes en bourreaux. Dès qu'il est impossible de penser autrement que ne le veut le pouvoir, que ce soit celui d'un État ou d'une Église, alors la dragonnade n'est pas loin.

Pour finir la description de ma distanciation par rapport au catholicisme, je dois revenir sur cette prise de conscience fulgurante qui me fit comprendre, bien avant de savoir quoi que ce soit du marxisme et des luttes ouvrières, que ce qui fondait les premières communautés de chrétiens , c'était le partage. De là me vint que chaque homme pouvait être mon semblable et que le plus proche de mes semblables s'appelait le prochain. De là me vint que celui qui aime son prochain comme lui-même ne peut, en aucune circonstance, le tuer. De là me vint que nul ne se peut placer au-dessus de tout autre, forcément son égal, et qu'il n'est aucun autre pouvoir que celui du service. De là me vint, enfin, que celui qui n'est pas radicalement du côté des pauvres, des non violents et des détachés du pouvoir ne peut se réclamer du Christ et de sa Parole, rapportée, bien des années plus tard, par ceux qui ont écrit les Évangiles.

J'ai cessé d'être catholique parce que je suis catholique, comme j'ai cessé, sur un tout autre plan, d'être socialiste parce que je suis socialiste, d'être communiste parce que je suis communiste, d'être écologiste parce que je suis écologiste, d'être anarchiste parce que je suis anarchiste. Aucun adjectif qui se termine par le suffixe "iste" ne pourra jamais me définir tout entier. Je n'appartiens entiérement à aucun parti, chapelle ou nation et aucun groupe humain ne peut s'emparer de moi. Je tiens à mes multiappartenances, y compris celles qui sont contradictoires, car elles m'obligent, alors, à chercher comment surmonter mes contradictions.

Aujourd'hui, il n'y a plus, me semble-t-il, d'alternative autre que celle-ci : ou bien être catholique (plus largement chrétien), c'est engager sa vie dans cette liberté absolue par rapport à l'argent, à la force et au pouvoir, ou bien l'on n'est ni catholique ni chrétien.

Et Dieu, me direz vous? Il vous semble, peut-être, que je l'oublie un peu! Et bien Dieu, -peut-on, d'ailleurs, employer ce mot s'il a le sens infini que lui donnent les hommes?- ce Dieu, qui n'est, de toute façon, rien de ce qu'on en dit, et qui, s'il est, ne peut se trouver défini autrement que ne le fait le Christ, ("Dieu est Amour"), ce Dieu-là serait au travail dans la construction du monde, terrestre autant que céleste, et donc, sur la planète terre, par l'intermédiaire de ceux dont il est question dans le Sermon sur la Montagne : les humbles, les pacifiques et les pauvres.

Que ceux qui croient en cette utopie improbable se réclament du Christ et qu'ils se disent chrétiens et catholiques, passe, mais alors, tous les autres, les bavards qui sont "comme l'airain sonnant", les onctueux qui parlent et n'agissent guère, tous ceux là, les plus nombreux, mentent. Quant à moi, qui ne sait plus s'il est catholique, je ne sais si je mens ou pas, mais je sais que je ne peux plus me ranger parmi ceux dont j'ai si longuement constaté qu'ils mentent.

dimanche 5 août 2007

Sarkozy ou la realpolitique dévoilée

La libération des infirmières bulgares contre des ventes d'armes à la Lybie trouble l'opposition en France. Pourquoi?
Que ce soit vrai ou faux, ce qui importe, c'est qu'on puisse, devant l'opinion publique, aux yeux du monde entier, faire ce que d'autres États font dans le secret. Là est la nouveauté.
J'exècre les choix politiques de Sarkozy mais je dois reconnaître qu'il ne masque pas ses choix et les assume. Je rêve d'une politique autre aussi bien assumée!
Le dictateur lybien est devenu fréquentable, donc on le fréquente.
Beaucoup plus modestement : on s'aligne sur les États-Unis, alors pourquoi, en tant que chef d'État, n'y passerait-on pas ses vacances?
C'est la culture politique de Nicolas Sarkozy, dont on verra bientôt, les effets ravageurs qui fait de moi un opposant radical, mais j'admire son culot et la façon dont il impose ce qu'il est et ce qu'il fait.
Nous allons beaucoup souffrir mais c'est une chance, me semble-t-il, d'avoir pour adversaire, un homme qui agit, plus que ses prédécesseurs, à visage découvert.

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