lundi 19 septembre 2011

La Palestine existe : reconnaissons-le !

Nous voici, clairement, au cœur d'un débat très politique : faut-il, dès à présent, un État pour la Palestine ?



Ce qui domine, me semble-t-il, c'est l'impuissance de la communauté internationale à faire entendre son soutien à la Palestine. Un État n'est pas une fin en soi. D'accord ! Au reste, est-ce l'État qui restera pertinent, à la fin du siècle, pour déterminer les politiques ? La France, elle-même, restera-t-elle l'État-nation indépendant qu'elle veut être, au sein d'une Europe perpétuellement inachevée ? Voire ! L'État-nation (inventé en France !) est un leurre : il y a bien plus de 194 nations sur Terre et l'ONU n'est pas l'Organisation des Nations Unies.

C'est, en quelque sorte, "l'organisation des États-Unis"..., (mauvais jeu de mots !) pour dire, tout de même, la domination absolue des USA ! Car quoi, aucune majorité ne peut, à l'Assemblée Générale, empêcher le veto "étatsunien" ? À quoi sert alors l'ONU ? Que plus de 120 États soient favorables à l'existence d'un État palestinien ne compte pour rien ! Seules les décisions du Conseil de Sécurité ont une légitimité juridique internationale, mais contrôlée par les cinq membres permanents...

Il y a donc deux débats engagés, à l'occasion, de ce qui va se discuter, cette semaine, à l'ONU :
• Le droit des Palestiniens à une patrie et à un gouvernement reconnus sera-t-il pris en considération, enfin ?
• La politique internationale est-elle sous la coupe des quelques (actuelles ou anciennes) grandes puissances ?

Nous ne sommes plus au 15-12-1988, date à laquelle l'Assemblée Générale de l'ONU avait reconnu le droit des Palestiniens à un État. En vain. De nouvelles données ont modifié le rapport de forces au Moyen-Orient :
• Les "indignés" israéliens manifestent massivement une autre volonté de vivre en Israël et avec les voisins d'Israël.
• Le "printemps arabe" a révélé que les Arabes ne peuvent plus être présentés, notamment en Israël, comme les ennemis de la démocratie.
• Un gouvernement d'extrême droite nationaliste en Israël, le premier de l'histoire d'Israël, perd progressivement sa légitimité politique.
• S'appuyer sur la complaisance égyptienne, soutenue par les USA, n'est plus possible en Israël, après la chute de Moubarak.
• L'indignation internationale et, notamment, celle du puissant voisin turc, devant le blocus de Gaza, se manifeste de plus en plus.
• L'argument selon lequel l'Iran est dangereux avec sa menace d'armement nucléaire se retourne contre Israël qui s'en est déjà doté !

Au niveau des relations internationales, dans un contexte économique et écologique qui se dégrade, le statu quo devient intenable.
• Les États-Unis et l'Union européenne peuvent craindre le rebond d'anti-occidentalisme que le veto US déclenchera.
• On ne peut accepter indéfiniment qu'une question non résolue depuis 1948 continue de perturber l'état du monde et menace sans cesse la paix.
• Israël, État qui s'affirme démocratique, fournit un contre témoignage qui nuit à l'action politique des promoteurs de la démocratie.
• La violence d'État opposée à une violence populaire, enferme le gouvernement israélien dans un surarmement qui lui nuit.

Prendre position n'est pas penser à la place des Palestiniens. Il me semble que, même avec des risques d'échec patents, la revendication d'une reconnaissance de la Palestine par l'ONU va dans le bon sens. Il n'y a guère d'autre voie pour intervenir dans la situation au Moyen-Orient dans un environnement bouleversé, notamment en Égypte et en Syrie.

La volonté du peuple palestinien commence à s'exprimer par des moyens non-violents; c'est le moment d'en être solidaire. On ne négociera pas avec l'actuel gouvernement israélien : sans attendre son retrait, il faut imposer l'idée que la Palestine existe et existera. La volonté d'un grand nombre d'Israéliens d'aller vers une société plus juste est une chance à saisir : une Palestine libérée garantirait leur avenir.

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