dimanche 25 avril 2010

Et si l'on essayait l'amour...

L'amour dont il s'agit n'est ni l'empathie, ni la tendresse, ni la compassion, ni la charité. Non que tout cela soit sans intérêt, mais il s'agit d'un tout autre amour du prochain, l'amour de celui qui, étant mon égal, ("aimer autrui comme soi-même") ne peut rien subir que je ne sois prêt à subir moi-même. Ni la violence, ni la misère, ni la domination n'ont la moindre place dans le message de Jésus Christ. En paroles comme en actes.

Utopique ? Oui ! Irréaliste ? Non !

S'il est un message, une "Bonne Nouvelle", un évangile qui a été transmis sans jamais être pris au sérieux, ni pris en compte, c'est, contrairement à ce qu'on nous chante à coups d'hymnes ou de sermons, celui qui a conduit la Christ à la mort.


Tribune, tabernacle et confessionnal se ressemblent : ce ne sont pas des lieux de vérité.

La religion (car, univoque, elle sépare) détruit le religieux (qui, lui, relie et ne divise pas). Le jugement, la condamnation, l'exécution du Christ font bien partie de ce qu'il annonçait et les prêtres devaient se tourner vers les puissants pour faire taire ce porteur d'espoir terrestre autant que céleste.

Le Christ n'était pas encore né que sa jeune mère, enceinte, rendant visite, dit-on, à sa cousine Élisabeth, chante et loue un Dieu qui "a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles","comblé de biens les affamés, et renvoyé les riches les mains vides" (Luc, chapitre 1, versets 46 à 56). Que n'a-t-on mis cette femme à mort, elle aussi ? On a bien essayé de la trouver et de l'assassiner, elle et son nouveau-né, sous Hérode, mais, nous dit-on, elle a fui, en Égypte.

Car, si l'on ôte la gangue théologique, si l'on écarte les paroles pontifiantes, si l'on ne retient que le cœur de la parole de Jésus, tout tient en peu de mots qui peuvent encore bouleverser l'histoire du monde.

Si "mon royaume n'est pas de ce monde", ce n'est pas qu'il projeté vers le Ciel, c'est qu'il n'est, sur cette Terre, ni visible, ni recherché. Un monde sans pouvoir (pouvoir sur la personne de l'autre), sans violence (exercée fut-ce au nom du droit), sans argent (non la monnaie, mais le capital accumulé), un tel monde est considéré comme une fantasmagorie (une représentation imaginaire et illusoire, donc dangereuse).

Ce qu'annonce le Christ méritait la mort parce qu'il engendrait le refus de la condition de dominé. Il faut entendre ce que rapportent, des propos de cet Émancipateur, ceux qui les ont entendus, écrits (et traduits selon leur langue et leur propre culture). Entendre, et donc comprendre avec notre langage du XXIe siècle : "si Dieu est, il ne peut qu'être amour. Puisqu'il faudra mourir, bats toi avec la mort : tu ne peux en triompher qu'en te dépassant, en la dépassant, par l'amour".

Et cela signifie que le pouvoir, le savoir, et l'avoir des puissants, des savants et des riches ne peuvent permettre aux hommes de vivre ensemble dans l'égalité, la connaissance et le partage. Sourds au monde réel, les maîtres de l'époque ne peuvent saisir cela sans réagir, avec leurs armes qui sont toujours celles du sceptre, de la tiare et de l'épée : le bannissement, l'excommunication, et le meurtre.

Rien n'a vraiment changé, et c'est le principal élément de doute qui rend inaudible la voix du Christ. Comment de telles paroles ont-elles pu être, à ce point, oubliées, détournées, falsifiées ? Pourquoi ceux-là même qui étaient porteurs d'un véritable message d'amour, ont renoncé à se démarquer du trône et du sabre ? Pourquoi se sont-ils, même, installés dans des palais, que ce soit ceux des Princes ou ceux des Évêques. Il ne s'agit pas là de trahison mais, et c'est bien pire, d'infidélité. Les infidèles ont changé de place : ce sont ceux-là mêmes qu'on nomme les fidèles qui ne se réclament plus de Jésus Christ, ou qui, de fait, lui attribuent un visage et des enseignements qui ne sont pas les siens.

L'Église, les Églises, de Rome ou de Constantinople, ont renoncé à essayer l'amour. Elles ont perdu l'esprit et les langues, dissipé leur inspiration et inventé une langue incompréhensible. Face à elles, les peuples n'ont eu le choix qu'entre la résignation, le fanatisme ou la soumission. Siècle après siècle, l'Institution s'est calcifiée. Les communautés qui constituaient "le peuple de Dieu", sont devenues des sociétés rigides. On a pu y dénoncer et tuer, au nom de Dieu, ceux qui contestaient l'État, (siège du pouvoir). On a pu y rejeter, comme impie, celui qui osait penser par lui-même, hors de l'Université, l'Alma Mater (le lieu du savoir). On a pu y rechercher ce qui interdit de voir en l'autre un frère, la richesse, (quelle que soit la matière de l'avoir).


Toutes les religions sont des appropriations indues de la vérité.

Dieu, s'il est, est patient. Il n'appartient à personne. Il n'habite aucune église, mosquée, temple, pagode ou synagogue. Pas davantage les lieux, parlements, châteaux ou banques d'où l'on prétend dominer la planète. Sûrement pas les avions, chars et bombes qui peuvent, aujourd'hui, éliminer, de la surface du Globe, l'humanité, par tranches ou, en une seule fois, tout entière...

La verticalité des pouvoirs, l'universalité des savoirs, la mondialisation des avoirs, nous ont fait entrer en de nouveaux temps historiques. Les hiérarchies empruntées à un Dieu imaginé par les Grands sont contestées par l'horizontalité planétaire. Nous sommes ramenés aux questions religieuses fondamentales : pourquoi vivons-nous ? Comment vivre ensemble ? Avons-nous un autre objectif que celui de disparaitre dans la mort ? Les réponses politiques, scientifiques, économiques sont insuffisantes. Les structures que nous nous sommes données, pour vivre en société, sont devenues, lentement, obsolètes.

Et si l'on essayait l'amour...


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Transformer des pierres en pain, se jeter du sommet du Temple, s'incliner devant le Diable.
Les trois tentations du pouvoir sont là : dominer, faire des miracles et s'enrichir.
Autrement dit obtenir, au nom de Dieu, : "le règne, la puissance et la gloire".



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