lundi 22 décembre 2014

Le droit ne suffit pas.


L'invocation du droit est devenu une incantation.
Les défenseurs des droits de l'homme s'y réfèrent constamment.
Malheureusement les mots lancés, qu'ils soient écrits ou criés, cèdent devant les faits.
Sous nos yeux, la discrimination s'étend et s'étale au rythme de la richesse.

Moins de pauvreté statistique ne peut freiner l'augmentation de la misère.
Car l'écart entre les plus riches et les plus pauvres est devenu abyssal.
Toujours plus d'humains sur terre exigerait toujours plus de partage.
Mais il n'en est rien et c'est la cause première de l'extension de la violence.

Le droit religieux du Décalogue biblique est passé sous silence ou ridiculisé.
L'absolu du « Tu ne tueras pas » est désormais obsolète et prête à sourire.
Il est même des droits assassins : la charia en est un.
Le droit de la République, lui-même, est, soit violé soit détourné.

Les Droits de l'Homme ne sont nulle part prioritaires.
Les États font reposer leur légitimité sur la force.
L'élitocratie, la ploutocratie, l'oligarchie occupent la République.
La res publica, la « chose publique » est passée sous le joug du privé.

Il ne suffit pas de changer des lois pour constituer un État de droit.
Le droit peut être « la raison du plus fort » comme le dit la Fable de La Fontaine.
Le droit sans droiture, sans vertu, est la justification des puissants.
Le droit, s'il n'est que l'affaire de juristes s'éloigne de la justice.

Les religions monothéistes, en créant l'absolu des dogmes, ont justifié l'implacable.
Leur droit est une soumission à une volonté qu'elles disent être celle de Dieu.
Le droit n'est pas sacré et n'est que ce qu'impose l'homme à l'homme.
Les sociétés d'obéissance, tôt ou tard, deviennent meurtrières.

Pour qu'existe une société de droit doit régner l'équilibre.
Les régimes dits démocratiques produisent un droit de plus en plus inégalitaire !
II est vain d'« aimer son prochain comme soi-même » s'il n'est son semblable.
Non identiques mais équivalents dans notre être, nous avons tous droit à une parité effective .

La fraternité, qui n'est pas un droit, peut seule cimenter les droits véritables.
Une loi n'est pas bonne parce que c'est la loi.
L'accumulation de lois vaines et vite abolies détourne du droit.
Le seul droit qu'on peut aimer est celui qui résulte du débat citoyen.

Il est désespérant de devoir rabâcher ce que nous savons depuis des siècles.
Rabelais, La Boétie, Montaigne, La Fontaine, Rousseau, Hugo sont nos phares.
En France, ils ont tracé un chemin dont on s'est sciemment détourné.
On y a vu la voie de l'anarchie alors qu'il s'agissait de la voie de l'autonomie.

À présent, le droit est non ce qui libère mais ce qui oblige, il a perdu son sens.
On en est si loin que le droit est devenu la forme donnée à un ordre haïssable.
C'est pourquoi le droit ne suffit plus : il est la lettre qu'a déserté l'esprit.
Il est « l'organisation des pouvoirs publics » au lieu d'être la charte de l'en commun.

On a figé la démocratie dans des processus électoraux qui la ruinent.
Sans projet pour la cité, choisir les élus qui légifèrent n'est plus crédible.
Tant que le plus fort, le plus riche et le plus puissant dominent, le droit est leur droit.
Les Déclarations générales et généreuses, universelles, alors deviennent creuses.

Une loi n'est pas bonne parce que c'est la loi.
L'accumulation de lois vaines et vite abolies détourne du droit.
L'unique droit qu'on peut aimer est celui qui résulte du débat citoyen.
La fraternité, qui n'est pas un droit, peut seule cimenter les droits véritables.

Et il n'est pire dictature que celle des textes morts.
Sans la spiritualité de penseurs libres rien de neuf ne peut jaillir.
Or, les Terriens ont besoin de croire en autre chose que ce qui les contraint.
Il faut oser sortir de la religion du droit qui ne vaut pas mieux que les autres.

Quand les traditions sont l'interdiction du changement, elles trahissent.
Quand les sachants prostituent leur savoir pour conserver leur rôle, ils trahissent.
Quand les citoyens confient la politique à des professionnels, ils se trahissent.
Quand les économies dévorent, aliènent, gaspillent et gavent, elles nous trahissent.

Non, tout ne va pas droit dans notre société occidentalisée et mondialisée.
Le droit non plus ne va pas droit dès qu'il régule les dérégulations.
Il est deux droits : celui de nos choix communs de vie et celui des maîtres de ce temps.
L'un est souple, adaptable, modifiable mais l'autre est intransigeant et violent.

Dans « l'Ancien Régime », le droit dépendait du pouvoir divin du Roi.
Le Prince avait droit de vie et de mort sur ses sujets.
Nous avions cru échapper à cet ordre fatal par des révolutions populaires.
Le retour de monarques, escortés de leur cohorte de valets, s'est effectué en douceur.
Dis moi où la loi se fonde sur la violence et je te dirai où meurt le droit.
Plus, observe où la mort donnée est banale et tu sauras quel droit triomphe.
Le droit aura plus tué que protégé.
Tous les dictateurs se justifient par le rappel du droit qu'ils instaurent.

Il nous faut cesser de prendre le moyen pour la fin !
Aucun droit républicain ou religieux n'a de caractère absolu.
S'en remettre à un droit n'assure plus la paix civile.
Imposer des lois transforme les hommes en esclaves.

Si les droits de l'homme ne sont pas les droits des humains, ils sont vains.
Le droit n'est que la forme de la règle et pas la règle elle-même.
Le droit est plus qu'un texte : c'est une entente et un accord qui engagent.
C'est la quête d'une vérité impossible à figer.

Qui ne professe pas la foi considérée comme vraie serait un mécréant !
Je le suis donc en affirmant que la foi de toutes les idéologies totalitaires détruit l'humanité.
Penser droit, c'est penser libre et pas penser comme.
Ne cherchons plus la voie droite, unique et indiscutable : elle fait errer.

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