dimanche 12 août 2007

Le ciel n'est plus immense; il est impensable

Marie est montée au ciel. Les catholiques vont fêter cela d'ici quelques jours. Je retrouve, aujourd'hui, une note griffonnée où j'écrivais : "le ciel n'est plus immense; il est impensable".

Les certitudes terrestres sont mal en point. Ne voila-t-il pas qu'aurait été découverte une nouvelle planète à quelque vingt années-lumière? Autant dire à côté. Les journalistes, comme d'habitude, après avoir annoncé cet événement qui révolutionne la pensée, n'en disent plus rien... Nous voici amenés à
croire non plus le discours des prêtres sur le ciel mais celui des astronomes! Le ciel que scrute des hommes armés de leur calculs et de leurs outils d'observation n'en finit pas de s'étendre et de se complexifier! C'est ce qu'on nous dit. C'est ce que nous sommes incapables de vérifier. C'est pourtant ce qui n'est pas douteux...

Le ciel dont on parlait aux enfants, au catéchisme, apparaît bien petit et bien moins mystérieux. L'infini était un mot qui faisait peur mais qui ne pouvait qu'être vague. L'infini, désormais, a ceci de neuf qu'il est bien plus qu'une idée; c'est une réalité dont on peut apprendre qu'elle n'est pas encore mesurable! Oui, le ciel n'est plus immense mais il est impensable ou plutôt :
le ciel est bien plus qu'immense; il est impensable puisqu'incommensurable. L'espace reste insaisissable mais pourtant, il est là. On y entre, même si c'est en ses très minces franges, aux abords de la Terre. Le ciel n'est plus l'autre monde; c'est le nôtre!

Qu'on puisse seulement dire que les astres se comptent par milliards ou plutôt sont innombrables, réduit notre pensée à bien peu. Un domaine sans limites s'ouvre. Les religions, une fois de plus, vont devoir réviser leurs représentations du monde. Les sots qui en sont à contester Darwin vont devoir faire face à un discours scientifique bien plus dangereux : le ciel n'est pas ailleurs et nous sommes déjà dedans, dans son infini toujours impénétrable mais déjà présent. Il eut fallu au Pape casser non pas l'œuvre de Galilée mais sa lunette. Mettre l'œil au téléscope suffit à faire basculer dans l'émerveillement ou l'horreur. Ce ciel n'est pas vide, bleu ou noir; il est peuplé, nuit et jour, par une lumière ponctuée qui juxtapose des taches et des éclairs si nombreux qu'on dirait qu'aucune place n'est laissée aux interstices interstellaires! Illusion supplémentaire : au contaire, entre ces tous ces astres si rapprochés existent des espaces, des intervalles infranchissables le temps d'une vie humaine, des béances sans fond. Bien sûr, un astrophysicien rirait de ma naïveté, cependant comme pour les étoiles, si vaste soit son savoir par rapport au mien, il n'en sait guère plus.

Le ciel est par dessus le toit si bleu si vaste, écrivait Verlaine.
Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l'horizon
Et le futur est son royaume
, chantait Jean Ferrat.
La philosophie et la poésie sont encore les moins mauvais modes d'approche de la réalité humaine. Nous avons perdu un ciel; nous en avons retrouvé un plus étonnant encore. Le sort de l'homme est tout autre que ce que l'on en croit. Et ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle...

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