lundi 11 juin 2012

Pas de parti pour l'écologie

Plusieurs approches justifient qu'on puisse penser qu'il n'est pas de parti pour l'écologie.

La première, très générale, consiste à affirmer que la politique est chose trop sérieuse pour la confier aux partis politiques. L'écologie, axe ou centre de toute politique, pour quiconque voit et comprend, autant qu'il le peut, la réalité du monde, n'a pas besoin, par conséquent, de parti.

La seconde approche, plus politicienne, consiste à constater que, depuis 1974, à part quelques poussées à l'occasion d'élections européennes ou régionales, aucun parti "vert" n'a jamais pu, en France, peser suffisamment face aux partis traditionnels et surtout au PS. Les élections parlementaires, au Sénat comme à l'Assemblée nationale, et a fortiori les élections présidentielles, n'ont jamais pu donner une place utile à un parti se réclamant de l'écologie qui, dès lors, n'avait plus d'autre raison d'être que de témoigner.

La troisième approche consiste à considérer que le mode de scrutin, les institutions monarchistes de la Ve République, bloquent tout accès des écologistes à des responsabilités politiques majeures. Le déficit flagrant de démocratie, en France, use, inexorablement tout parti qui voudrait échapper au bipartisme : PS ou UMP et, notamment, le parti Vert, appelé à présent EELV, qui ne pourra jamais, quoi qu'il en ait dit, "faire de la politique autrement".

La quatrième approche est la plus délicate : il conviendrait à tous les partis traditionnels que l'écologie échappe à la politique ou soit récupérable par chacun d'eux. "Pas de parti pour l'écologie" est une formule qui ravirait les professionnels de la politique si... cette écologie n'était, désormais, non seulement présente dans tous les partis, mais au cœur de toute la société parce qu'elle en est devenue la principale constituante.

La cinquième approche, enfin,  est celle de Simone Weil administrant la preuve que tout parti est "une machine à excommunier", autrement dit un outil de fragmentation et non d'unification de la vie citoyenne. Selon elle, les partis confisquent la politique et en limitent l'accès. L'écologie qui couvre la totalité de la vie commune ne saurait, alors, avoir sa place dans les limites souvent sectaires d'un parti.

Ces cinq approches débouchent sur la même conclusion : on peut mettre l'écologie à la porte des partis et des parlements, elle rentre par les fenêtres de la société tout entière. Les écologistes n'auront pu enfermer l'écologie dans un parti, mais les adversaires de l'écologie n'auront pu, davantage, l'enfermer dans la prison des idéologies utopiques. L'écologie c'est l'organisation pratique, au quotidien, de nos vies, à tous les niveaux individuels et collectifs,  du local au global, dans le respect maximal de tous les équilibres naturels.



Plus encore : l'écologie est indissociable désormais de l'économie. Non que "l'économie verte" ou "le développement durable" ait le moindre avenir (ces expressions sont confuses et ambiguës) mais la gestion des affaires du monde devient tout simplement impensable si l'on oublie, si l'on minimise, ou si l'on écarte les pré-occupations dont dépend le devenir même de l'espèce humaine.

Alors, à bas les partis et vive la politique : s'il n'est pas de parti pour l'écologie, il n'est pas de politique sans écologie.

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