samedi 15 novembre 2008

Du G8 au G vain.


L'économie mondiale n'est-elle qu'un supermarché?

Aujourd'hui, Debelyou, en fin de parcours, accueille les représentants de vingt États-nations pesant les deux tiers de la population mondiale et fournissant 90% de l'activité économique.

On admet donc que la prétention des huit États les plus industrialisés à faire la pluie et le beau temps en économie ne peut que prendre fin. Ce serait une bonne nouvelle si l'on ne constatait que ces vingt "Grands" oublient le dernier tiers des humains et, en nombre d'États représentés à l'ONU, les quelques 190 autres États, (sans compter les nations sans États et les États non présents à l'ONU).

Au reste, est-ce bien du sort des Terriens que les porte-parole des États présents au G20 vont se préoccuper? Entre les régulateurs et les dérégulateurs, si le débat est vif, il ne porte pas sur le fond de la crise systémique mais sur le meilleur moyen de sauver ce système. Entre Sarkozy, qui veut repenser le capitalisme, et Bush qui voit dans toute régulation financière mondiale une "dérive collectiviste, protectionniste et défaitiste", il y a débat sur les moyens, pas sur les fins.

La "relance concertée de la croissance" que le G20 pourrait annoncer renvoie tous les partenaires à la sempiternelle question écologique : peut-on décider de produire plus quand les limites sont atteintes? Peut-on, surtout, continuer à produire davantage ce qui était produit jusqu'à présent, dès lors qu'on sait que ne consomment pas assez les absents du G20 tandis que les présents, notamment ceux qui viennent du G8, consomment trop, et mal, au risque d'affamer des centaines de millions de personnes?

Tant que le G8 ou le G20 ne se préoccuperont pas du "G tous", ce sera une rencontre prestigieuse de plus pour rien, un G vain.

La crise est un mal pour un bien : elle oblige à se poser les questions qu'on ne voulait pas poser. Entre la surveillance des marchés (par qui et pour qui?) et la liberté des marchés (au profit de qui?), entre le socialisme mondialisé et le le libéralisme sans contrôle, y a-t-il un intermédiaire ou faut-il, résolument, rechercher une troisième voie qui évite les écueils de l'étatisme et de la loi de la jungle. Celui qui organisera la société humaine sera-t-il, encore et toujours, le plus fort ou le plus riche? À moins que ce ne soit les deux à la fois, le mieux armé des États étant, bien sûr, étroitement lié aux plus fortunés!

Aucune volonté politique n'a, jusqu'à présent, permis de s'avancer dans cette troisième voie qui ne serait ni la planification autoritaire (qui, du reste, a historiquement échoué), ni le libéralisme effréné (qui semble, -il faut y insister-, avoir atteint ses limites). Il y a crise, surtout, parce que l'on ne sait que faire. Aux opinions, prises à témoin, on ment effrontément : en quelques mois, on lui a fait savoir qu'on était passé d'un monde de facilités à un autre monde, d'austérité, mais on veut, en même temps, faire croire que c'est conjoncturel et que, tôt ou tard, on sortira de ce tunnel dans lequel on vient d'entrer!

Les tunnels sont, certes, faits pour qu'on en sorte, l'ennui est que non seulement on n'en connaît pas la longueur, mais que l'on ignore si la machine économique, en s'étouffant, ne risque pas de nous y immobiliser! Michel Rocard a beau rappeler que "s'il y avait une autre économie possible que l'économie de marché, ça se saurait", il confond deux ignorances : celle de ceux qui croient encore à la possibilité de remplacer l'économie capitaliste par l'économie étatisée, soit disant au nom de l'intérêt de tous, et l'autre ignorance, celle de ceux qui pensent que puisque l'économie soviétisée a échoué, l'économie capitaliste est devenue irremplaçable. Dès lors, aucune alternative politique n'est plus concevable.

On comprend mieux la souplesse et l'adaptabilité des politiciens, de droite (quelle droite?) comme de gauche (quelle gauche?) qui, de Sarkozy à Strauss-Kahn, ne pensent qu'à faire mieux fonctionner le système, pas à le remplacer, quitte à modifier un peu, voire beaucoup, leur discours. Pour l'un, qui est, il est vrai, à la tête d'un État, les pouvoirs publics doivent garantir le bon fonctionnement des outils bancaires indispensables au développement économique capitaliste; pour l'autre qui est, il est vrai aussi, à la tête du Fonds monétaire international, il est de l'intérêt du capitalisme de ne pas sacrifier, de façon irresponsable, les besoins sociaux des populations.

Quant à chercher comment échapper au dilemme : plus d'efficacité et moins de justice ou moins de justice et plus d'efficacité, il n'en est pas question. Ce serait lâcher la proie pour l'ombre. Alors...? Alors, seule une crise titanesque peut contraindre à sortir de cette quadrature du cercle. Les hommes vont devoir inventer ce qu'ils ne savent ni penser ni faire. L'angoisse planétaire tient à ce que l'on ne sait encore quand cette révolution, indispensable et sans cesse retardée, va commencer. À moins que la dite révolution, silencieuse, lente, masquée et verte n'ait déjà commencé, à l'insu de la majorité des hommes.


Au G.vain les savants bavardages n'y pourront rien. On ne reviendra pas en arrière. Et cela en dépit des risques d'une marche vers l'avenir qui nous conduit... l'on ne sait où. Une planète limitée mais entière, habitée par des hommes limités mais solidaires, restera habitable si, et seulement si, tous ses habitants s'en donnent les moyens actualisés intégrant modération et paratage. Et ce n'est pas encore fait...


Une Terre déchirée, un symbole parlant mais inconcevable : aucun homme ne serait là pour la voir!

À quel prix va s'effectuer cette prise de conscience urgente et nécessaire, sans égale au cours de l'histoire humaine?

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