vendredi 29 février 2008

Contribution au débat municipal du 9 mars 2008

L'excessive personnalisation de la campagne des élections municipales, n'est ni saine ni juste.

Non, il ne s'agit pas seulement de choisir à Éragny sur Oise, où je réside, entre deux personnes : Dominique Gillot et Muriel De Coster, mais entre plusieurs politiques, et puisque les électeurs auront à choisir entre trois listes, la plus élémentaire démocratie aurait exigé qu’on plaçât, fut-ce formellement, les candidatures sur le même plan.

Car il s’agit, en effet, d'un scrutin de listes. À la différence de ce qui se pratique dans quelques autres pays d'Europe, le maire, en France, n'est pas élu directement. Il est élu par les conseillers municipaux, après le scrutin. Ce n’est pas eux qui dépendent de lui mais l’inverse.

Le maire, donc, n'existe pas seul. Il est indissociable de l'équipe qui l'a choisi comme animateur et porte-parole. Parler de la seule tête de liste et de son équipe contient deux erreurs : c’est un peu vite oublier que la tête de liste est dans cette équipe ; c’est considérer que les colistiers appartiennent à leur porte-parole, ce qui est inexact.

Ces évidences sont masquées, à la fois, par la médiatisation qui fait d'une élection un "match" avec ses vedettes, par la présidentialisation de nos institutions qui fait, en France, du premier des élus un chef, mais aussi par le culte des personnalités, auquel certains d'entre les militants politiques succombent, au risque d'enfermer leurs responsables dans un rôle de gourous!

La dignité du maire et de tous les autres conseillers municipaux, y compris ceux de l'opposition, exige qu'on s'écarte de cette mise en spectacle, de cette personnalisation d'une confrontation où le débat perd largement de son intérêt. Enfin, au XXIe siècle, la revalorisation de la politique dont nous avons tant besoin, suppose que nous partagions effectivement les responsabilités au lieu de tout mettre sur les épaules d'un seul ou d'une seule.

L'élargissement progressif aux citoyens des dispositifs de décision comme le souhaitent, de plus en plus, les habitants de nos communes, supposent que l'équipe municipale soit décentralisée. Les citoyens en sont de plus en plus conscients, mais, hélas, nous en sommes loin.

mardi 26 février 2008

Questions autour d'un vol "vert"?

"Les écolos britanniques ont accueilli froidement le premier vol commercial «vert» initié par Virgin dimanche. Il carburait, pour 20 % de l’un de ses quatre réservoirs, à l’huile de coco et de babassu. Selon le Mouvement pour le développement mondial (WDM), cette initiative ne serait qu’un «coup de pub avec de dangereuses conséquences pour la planète». Accusés d’entraîner la déforestation et de menacer l’agriculture de subsistance dans les pays du Sud, les biocarburants seraient une mauvaise réponse à la question climatique. Pis, si tous les vols britanniques utilisaient ces carburants, souligne WDM, la réduction des émissions ainsi obtenue serait annulée en un an, par la simple augmentation du trafic. Selon Kenneth Richter, des Amis de la Terre, «si Virgin voulait sérieusement réduire l’impact de l’industrie aéronautique, il soutiendrait la campagne pour inclure l’aviation dans les objectifs gouvernementaux de réduction des émissions de CO2». Le gouvernement s’est engagé à réduire ses émissions de 60 % d’ici à 2050, mais refuse d’inclure l’aviation dans ses calculs."(1)

Nous traversons une phase de manipulation de l'opinion publique! Au lieu de poser les questions difficiles, on cherche à convaincre les citoyens qu'on va tout changer en ne changeant rien. Quitte à mettre beaucoup d'argent dans ces opérations publicitaires!

Oui ou non, faudra-t-il, à tous prix, réduire les émissions de gaz à effet de serre, dans les 40 ans qui viennent? Oui ou non, faut-il commencer tout de suite? Oui ou non, faut-il réduire progressivement, mais dès à présent, l'usage des carburants fabriqués à partir des énergies fossiles (pétrole et... uranium!). Oui ou non, l'aviation est-elle concernée par ces limites tracées autour de l'industrie aéronautique? Oui ou non, les biocarburants constituent-ils une réponse acceptable au remplacement du pétrole ou cela ne règle-t-il rien? Oui ou non, la flambée des prix alimentaires, qui apparaît, est-elle liée à cette double cause : la diminution des espaces agricoles réservées à l'alimentation, d'une part, et l'augmentation
inéluctable du prix du pétrole dont les compagnies maîtrisent la croissance sans risque immédiat pour elles-mêmes, d'autre part? Oui ou non, une croissance économique indéfinie, sans contenu ni limites, n'interdit-elle pas, désormais, une autre croissance : celle du bien être de l'humanité? Oui ou non, pouvons-nous engager une modification des procès culturels permettant de supporter la fin des fausses évidences, afin de vivre le XXIe siècle sur des fondements tout autres, où le savoir et l'équité permettraient de vivre plus sobrement mais avec plus de plaisir?

Quel exemple que ce "vol vert"! Si remplacer le kérosène par l'huile de coco conduit à diminuer les ressources vitales des humains et aggrave la pollution par la suppression, comme en Indonésie, de forêts entières, l'économie de marché (de dupes?) a-t-elle encore un sens? Impossible de dire : nous ne savions pas! Si nous acceptons cet abandon, autant laisser aller l'humanité jusqu'à l'épuisement de ses ressources, elle n'en souffrira pas davantage mais achèvera, à coup sûr, sa course historique avec l'illusion d'avoir pu prolonger un mode de vie qui la condamne! Jamais la formule cynique "après moi le déluge" ( plus exactement : "tout cela durera bien autant que moi", de Louis, dit le Bien-Aimé!) n'aura trouvé un emploi plus justifié.

(1) Source : http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/312182.FR.php

lundi 25 février 2008

Écologie et politique argentine

Montrer les dégâts produits par l'appât du gain et soutenir les victimes des désastres écologiques ne plaît pas à tout le monde! Yann Arthus-Bertrand en fait les frais. Une nouvelle mise en évidence de la complémentarité entre les luttes populaires et l'action écologique. Exemplaire.

Bloqués dans leur hôtel depuis cinq jours et interdits de sortie du territoire argentin, le photographe Yann Arthus-Bertrand et son équipe de dix personnes sont en attente de leur comparution devant un juge à Puerto-Iguazu, petite ville touristique du nord-est de l'Argentine, après que trois plaintes ont été déposées à leur encontre.

Ils ont été arrêtés mercredi à l'aéroport de la ville de Posadas, après un tournage sur les problèmes suscités par le barrage hydroélectrique de Yacyreta, un ouvrage qualifié de « monument de la corruption » par l'ancien président argentin Carlos Menem et très critiqué pour ses conséquences écologiques désastreuses.


Yann Arthus-Bertrand affirme qu'il s'agit d'un coup monté qui vise à bloquer le tournage réalisé ces derniers jours sur un sujet très sensible : le barrage de Yacyreta, situé sur le Rio Parata.

"Nous sommes venus, dit-il, travailler en Argentine pour l'émission de France2, Vu du ciel, inspirée du livre de Fred Pearce sur la mort des grands fleuves. Au départ, les relations avec l'agence de tourisme qui nous suivait durant le voyage étaient excellentes. Tout a basculé à Posadas, lors du tournage sur le barrage, après une série d'interviews très fortes auprès des derniers habitants du village d'El Brete. L'eau doit encore monter de cinq mètres mais ils ne veulent pas quitter leurs maisons. Ces gens résistent depuis plus de dix ans, malgré les pressions. En racontant leur histoire, ils hurlaient, ils pleuraient... Le soir même, en rentrant à l'hôtel, l'agence nous a réclamé de lui verser l'intégralité du voyage en liquide...


Vu l'importance des sommes nécessaires à un tournage, il n'est pas question pour nous de nous déplacer avec une valise de billets. Un versement bancaire depuis la France était prévu. Au début, nous avons pensé qu'il y avait un malentendu, que le virement n'avait peut-être pas été effectué.

Le matin, nous avions encore tourné dans le village d'El Brete. Une fois terminé, nous allions à l'aéroport pour poursuivre notre voyage vers le sud, toujours organisé par la même agence de voyage qui, entre-temps, avait reçu la confirmation du transfert bancaire. Là, les accompagnateurs sont devenus très nerveux... Dix minutes plus tard, une quinzaine de policiers ont débarqué, nous ont arrêtés et conduit au commissariat, où la plainte nous a été notifiée. Dans la soirée, nous avons été transférés ici, à Puerto Iguazu, ce que je n'interprète que comme un moyen d'éviter toute mobilisation en notre faveur. Les ONG locales qui se battent au côté des expulsés du barrage attendaient beaucoup de notre venue. Pour elles, la volonté des autorités est claire : nous interdire de parler du scandale du barrage et des milliers de déplacés. L'hélicoptère qui devait filmer le barrage a été interdit de vol et cloué au sol. En fait, nous étions suivis par la police dès l'arrivée dans le village d'El Brete. Et encore le lendemain matin.

Le juge d'Iguazu nous a entendus une première fois jeudi et libérés sous caution avec interdiction de quitter la ville. Nous n'avons même pas pu être confrontés à la personne qui nous accuse ! Vendredi, nous avons appris avec stupeur qu'un garde-forestier d'un parc naturel où l'équipe avait travaillé et un chef de l'ethnie guarani également rencontré lors du tournage avaient eux aussi porté plainte. Nous sommes tombés des nues ! Sans doute des pressions ont-elles été exercées sur ces gens. Les interviews s'étaient pourtant très bien passées. Il n'était en rien question d'argent.

Deux avocats nous assistent, l'ambassade de France nous soutient. Il nous faut bien sûr respecter la loi argentine. Mais pour ceux qui voudraient nous faire taire, c'est raté : nous ne donnerons pas nos cassettes !"

Source : http://www.leparisien.fr/home/info/faitsdivers/articles.htm?articleid=296083953

dimanche 24 février 2008

"Casse toi, pauvre con"!

Ce n'est pas un propos de bar ou de cage d'escalier, c'est une parole présidentielle que rapporte l'AFP (1). Il n'y aurait pas de quoi s'offusquer si c'était le premier dérapage mais, après bien des sorties de la route des bons usages, et cela bien avant son élection, le Président de tous les Français apparaît décidément incontrôlable (y compris par lui-même) et adopte un comportement qui n'a plus rien de spontané. C'est donc un trait de caractère. Le personnage devient inquiétant. Les Français le sentent.

La sanction des sondages (38% d'opinions favorables seulement moins d'un an après mai 2007) n'est ni suffisante ni réjouissante. D'abord, parce que cela excite l'irritation du bonhomme qui fut toujours très attentif aux sondages, et risque de lui faire commettre d'autres impairs bien plus graves, ensuite parce que ce n'est pas sa politique qui est sanctionnée, dès lors que François Fillon obtient, lui, 58% d'opinions favorables, (+ 19%, et cela en quelques mois!). Sans doute les sondés veulent-ils montrer qu'entre l'indignité de l'un et la discrétion de l'autre, le choix est vite fait, mais il n'en reste pas moins et, c'est l'essentiel, que s'accumulent des nuages lourds de menaces au sein desquels le lien entre les risques considérables de la politique ultralibérale et les dangers d'une politique provocatrice et vulgaire, ne peut encore être fait.

De là à ce que les Français renvoient la vilaine formule : "Casse-toi alors, pauvre con", à la tête de celui qui les discréditent, il n'y a peut-être qu'un pas, de toute façon bien difficile à franchir. Mais..., on ne joue pas avec l'honneur d'un peuple. Et quand celui qui les représente est sans honneur, tout peut arriver!

PARIS (AFP) — La visite de Nicolas Sarkozy au Salon de l'agriculture samedi matin a été marquée par un échange d'invectives entre un visiteur et le président, séquence filmée qui a été diffusée dans la soirée sur le site Le Parisien.fr.
Très entouré, souriant, le chef de l'Etat prenait un bain de foule et serrait des mains quand un visiteur d'un certain âge et portant des lunettes lui a lancé: "ah non, touche-moi pas".
"Casse-toi, alors", a répondu M. Sarkozy.
"Tu me salis", a enchaîné le badaud.
"Casse-toi alors, pauvre con", a répliqué le président.




vendredi 22 février 2008

Écologica

Écologica (1) est un livre, le dernier signé d'André Gorz, qu'il a conçu avant de mettre fin à ses jours en septembre 2007.

Il s'agit d'un testament politique me semble-t-il. Ce document est le bienvenu quelque temps avant que ne soit commémoré, vilipendé ou déformé le message de mai 1968, lors des inévitables commémorations accompagnant le tout prochain 40e anniversaire.

Sartre, Illich, Jean-Marie Vincent, Dorine et... les hackers sont les points d'appui choisis par Gorz pour tenter d'expliquer comment s'était construite sa pensée. Sartre, pour l'émergence du sujet politique : "le sujet est toujours un mauvais sujet, rebelle au pouvoir et à la règle, à la société comme appareil total" formulait le philosophe. Illich, pour le choix des seules techniques conviviales, celles qui accroissent l'autonomie du sujet. Jean- Marie Vincent pour le dépassement du marxisme vulgaire qui conduit à penser que "le socialisme ne vaut pas mieux que le capitalisme s'il ne change pas d'outils". Dorine, sa compagne "sans qui rien ne serait". Et le hacker (auquel fait inévitablement penser Jérôme Kerviel, le trader de la Société générale...), ce "dissident du capitalisme numérique"...

"La sortie du capitalisme a déjà commencé" affirme André Gorz, non que le prolétariat soit de retour (il a dit "adieu au prolétariat") mais parce que l'idéologie du travail qui a sous-tendu la doctrine capitaliste (ainsi que bien des messages de syndicalistes marxistes ou pas) est à bout de course. L'appel à "travailler plus" ressemble à un chant du cygne qui se fait d'autant mieux entendre qu'il est lancé comme un défi au réel.

De plus en plus de production est devenu possible avec de moins en moins d'heures travaillées dans les sociétés hautement développées. Et si l'on devait, un jour, retrouver un plein emploi, ce serait nécessairement en continuant à réduire le temps d'emploi rémunéré ou en diminuant davantage le coût de l'heure de travail payée. On ne gagnera plus d'argent, désormais, qu'en vivant moins bien.

On a connu le "produire plus pour gagner plus et mieux satisfaire les besoins humains". On sait ce qu'il en est advenu. Le "travailler plus pour gagner plus" n'en est qu'une variante cynique qui a déjà cessé d'éblouir les dupés qui l'avaient crue.

L'écologie politique, dès lors, ne peut que reprendre, approfondir et radicaliser la critique du capitalisme. La prise de conscience mondiale qui conduit à une pseudo découverte de la menace que subit l'espèce humaine et tout le vivant planétaire, (car il y a bien longtemps que le danger s'annonçait) peut soit être détournée, pour quelque temps, vers le capitalisme vert, c'est-à-dire le détournement du profit vers les inévitables adaptations à effectuer pour survivre, soit conduire à des bouleversements historiques dont nous n'avons aucun modèle préétabli et par conséquent aucune possibilité de les prévoir avec certitude.

Il y a grande urgence mais il n'y a pas de solution connue à cette nécessité du dépassement du capitalisme. Urgence parce que le système implose comme a implosé le système soviétique. Vide politique parce que tous les acquis démocratiques qui ont accompagné le capitalisme depuis un peu plus de deux siècles sont en crise. Nous entrons dans une période fascinante et périlleuse dont, en 1968, nous n'aurions pu rêver : les sept milliards d'humains disposent des moyens de subvenir à tous leurs besoins à conditions de les diminuer de tout ce qui leur a été présenté comme des besoins et n'en étaient pas.

Contre toute attente historique, l'économie de l'immatériel, comme le démontre André Gorz, limite le travail humain et tend à la gratuité. Le capitalisme n'en peut sortir indemne. Nous n'avons donc le choix qu'entre la lente, progressive et complexe mise en œuvre de la convivialité qu'aura pensée (mais non vue!) Illich, et... rien.

Le temps critique et contradictoire de l'espoir et du désordre a commencé.

(1) André Gorz, Écologica, Galilée, Paris, 2008.

mercredi 20 février 2008

Le pire des mondes possibles

En ce mois de février, à Bruxelles, j'ai vivement ressenti que nous aurions toutes les raisons de désespérer : la misère s'accroît et cotoie les insouciants qui jouissent des possibilités de consommer sans entrave. Sur la Grand'Place, superbe, les visiteurs d'un jour, bruyants, filmaient, flashaient avec ostentation et impudeur. Il n'y a plus d'autre souci pour ces clients du marché du tourisme que de "faire" une ville, c'est à dire de l'avoir sur les tablettes de ses voyages, preuves photographiques à l'appui...

Mais là n'est pas le plus angoissant. Dans le quartier où se juxtaposent les immenses édifices européens, celui de la Commission, celui du Conseil des Ministres, avec, un peu à l'écart, le Parlement, on sent de façon quasi charnelle que les 30 000 fonctionnaires ici (au moins!) sont payés à traiter des problèmes vitaux par dessus la tête de ceux qui ont à les vivre. Le sens du Traité de Lisbonne surgit d'un coup : le monde du savoir et du pouvoir est, là, bien installé, au service de l'avoir. Les innombrables modestes subiront les décisions et, démocratie ou pas, n'y pourront rien.

Depuis moins d'un demi-siècle, "le pire des mondes possibles"(1), comme le dénomme Mike Davis, sociologue américain, s'est étalé partout à la surface de la Terre. Toute organisation internationale, toute puissance militaire se sont avérées incapables de s'opposer à la progression de la misère. Plus de 200 000 bidonvilles sur la planète, (dont Bombay est la capitale mondiale avec 10 à 12 millions de squatters vivant en taudis) regroupent d'immenses populations, de Mexico et Caracas en Amérique du Sud, du Caire au Cap en Afrique, de Gaza et Bagdad jusqu'à Bombay en Asie...! S'il est une preuve et une seule de l'échec violent du néo-libéralisme, elle est là : plus passent les années et plus le monde se coupe en deux avec une minorité de nantis croissant moins vite que la majorité des miséreux. On peut ne pas le voir et ne pas le savoir mais la réalité s'impose : "une humanité de trop" impossible à intégrer dans le système économique et social dominant tend à devenir démographiquement majoritaire.

Face à ce désordre géant deux voies et deux seules sont ouvertes : celle de la contrainte physique des superpauvres des mégavilles et celle du renoncement à la croissance des richesses réservées aux favorisés. "Ce n'est pas à cause de la pauvreté urbaine que les bidonville existent mais à cause de la richesse urbaine" affirme Gita Verma (2). Produire pour produire ne peut satisfaire les besoins puisqu'il faudrait produire non ce qui surabonde et qui se vend mais ce qui manque et qui ne peut s'acheter!

L'Europe tourne le dos à la réalité du monde. Les États Unis l'affrontent par la force. Les États émergents copient les recettes qui ont réussi aux pays industrialisés et ne sont pas reproductibles. L'impasse économique et politique est totale.

Quand tous les motifs de la désespérance se trouvent réunis, qu'y opposer sinon une espérance active et opiniâtre ultime défi au pire des mondes possibles. L'espérance des "partageux" des "utopistes" et des "résistants"...

(1) Mike Davis, Le pire des mondes possibles, édition La Découverte/Poche, Paris, 2007.
(2) Gita Verma, Slumming India, London, 2003.

jeudi 14 février 2008

Si le futur roi d'Angleterre s'en mêle...!

Le jour du "Jugement dernier" se rapproche, selon le prince Charles! Halte au catastrophisme mais oui à la plus extrême vigilance. Rien n'est écrit mais oui, nous sommes en danger. JPD

BRUXELLES (Source vérifiée)

Le prince Charles, connu pour son activisme en faveur de l'environnement, a appelé jeudi l'Europe à faire encore davantage pour lutter contre le réchauffement climatique, prévenant que l'heure du "Jugement dernier" se rapprochait dangereusement.

"L'horloge du jour du Jugement dernier pour le changement climatique avance toujours plus vite vers les douze coups de minuit. Nous n'agissons tout simplement pas assez vite" pour faire face au défi du réchauffement, a affirmé l'héritier de la couronne dans un discours devant le Parlement européen à Bruxelles.

Si le monde ne prend pas la mesure des défis à venir, "le résultat sera une catastrophe pour tout le monde", a-t-il mis en garde.

"La banquise au pôle Nord fond si rapidement que certains scientifiques prévoient qu'elle disparaîtra complètement l'été dans sept ans", s'est-il inquiété. "Le simple fait qu'un tel événement soit concevable constitue un nouvel appel à se ressaisir, alors que nous progressons tels des somnambules vers le bord du gouffre", a ajouté le prince Charles.

Il a notamment plaidé pour associer plus étroitement le secteur privé aux efforts des pouvoirs publics et des ONG dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Il a salué les récentes propositions de la Commission européenne pour parvenir à l'objectif d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l'UE de 20% par rapport à leurs niveaux de 1990 d'ici à 2020 et, sur cette même période, de porter à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation.

Mais il a estimé qu'il faudrait aller "bien plus loin". Et il a invité l'Europe à intensifier ses efforts pour convaincre les Etats-Unis et les grands pays émergents de s'associer plus nettement aux efforts sur le climat.

L'UE doit oeuvrer à "forger un dialogue réellement efficace avec la Chine, l'Inde et les Etats-Unis, qui reconnaisse clairement les implications du changement climatique en termes de sécurité" pour la planète, a-t-il dit.

Bruxelles (Source vérifiée)

mercredi 6 février 2008

Rupture

Je doute encore de ce que je vais écrire, et pourtant, je ne doute pas que l'écrire cessera de me faire douter.

Je ne veux pas de l'Europe qu'on me prépare ni pour moi, ni pour ma descendance. Passer du fascisme au stalinisme, puis de ces totalitarismes assassins au capitalisme triomphant ne contient aucun germe d'espoir. Ceux qui le veulent, l'acceptent ou n'y font pas face sont des traîtres à la cause humaine. Je n'ai plus rien à faire avec eux.

Ce qui s'est passé à Versailles, lundi passé, 4 février, contient toute la désespérance politique : pour n'avoir pas le pire, on accepte le moins mauvais (voilà pour l'acceptation du vote par le parlement du traité de Lisbonne -incertain devant le peuple, assuré devant les assemblées-); pour éviter le vote passionnel des Français et leur censure possible du pouvoir, on les empêche de voter (voilà pour l'acceptation par les "représentants" du peuple d'une mission que leurs mandants ont été jugés incapables de remplir!).

Que le référendum soit un outil dangereux pouvant tourner au plébiscite. C'est vrai. Que les électeurs ne soient pas en mesure d'examiner les conséquences d'une organisation des pouvoirs publics assez importante pour qu'on doive modifier la constitution avant d'en saisir les parlementaires. C'est faux.

Il y a donc eu forfaiture : le crime politique qui ne se pardonne pas. Je peux pardonner à des hommes qui se trompent. Je ne pardonne pas l'erreur elle-même, et une une erreur de ce calibre! J'en ai fini à jamais avec les socialistes et les écolologistes qui ont préféré un réalisme imaginaire à la résistance démocratique.

Je me découvre entier et donc, sans doute, criticable pour cela, mais l'avenir jugera. Et sans tarder...

samedi 2 février 2008

L'actualité de Gandhi, l'oublié inoubliable.

Le 30 janvier 1948, voici 60 ans, Mohandas Karamchand Gandhi, l'un des pères fondateurs de l'Inde moderne et défenseur de la non-violence comme moyen révolutionnaire, était assassiné peu après avoir conduit l'Inde à l'indépendance. L'anniversaire a été pratiquement oublié en France! Quand, il y a peu, le Président de la République française s'est rendu, pour deux jours, en Inde, rien n'a été repris par la presse qui ait été une allusion au Mahatma.

L'Inde, elle, n'a pas oublié. Gandhi a été reconnu comme le Père de la nation en Inde. Son anniversaire, le 2 octobre, y est un jour férié. Cette date a été déclarée Journée internationale de la non-violence par l'Assemblée générale des Nations unies en 2007.


Pourtant les très importantes commémorations ne sont pas allées jusqu'à reprendre le message de Gandhi le non-violent qui n'aurait sans doute pas admis que son pays soit devenu une puissance nucléaire, comme la Chine et le Pakistan voisins!

Car Gandhi est mort désespéré! Il a été plus influent que quiconque et sa non-violence, appuyée par des foules immenses, loin d'être une non action, a été une action politique déterminante. Pourtant Gandhi pensait avoir échoué puisque le Pakistan et l'Inde se sont affrontés de façon abominable, puisque hindous et musulmans se sont séparés dans la haine.

Gandhi a eu le grand tort d'avoir raison trop tôt. Rien ne vaut tant que la paix entre les peuples et toute politique qui exacerbe les conflits se condamne elle-même. L'histoire, en général, ne tarde pas à en fournir les preuves. Le temps est venu de penser la politique en lui donnant, comme Gandhi l'a fait, une dimension non violente.

Bien entendu la non violence du XXIe siècle aura peu à voir avec celle du siècle passé. Ce n'est pas Jacques Attali, auteur d'un livre récent sur Gandhi, qui est le mieux placé pour dire le chemin qui rendrait inutile le recours à la force armée. Impossible de ne pas rechercher aujourd'hui, de la désobéissance civile de Thoreau, jusqu'à l'obtention des droits civiques pour les citoyens noirs de Martin Luther King, en passant par le droit à l'autodétermination politique du peuple indien de Gandhi, les moyens de donner, à tout être humain,
pouvoir sur sa vie sans qu'il soit nécessaire de donner la mort.

La civilisation est devenue incompatible avec le recours à des moyens de mener la guerre tellement puissants, sophistiqués et efficaces que le mal combattu devient moins haïssable que ce que produisent comme malheurs les armes des États croyant soutenir une cause juste! Il faudra bien sortir de cette spirale infernale de la violence de masse! Gandhi avait ouvert une brèche dans les certitudes des hommes politiques. Il faut l'élargir. Il est grand temps!

vendredi 1 février 2008

Le retour du péché originel.

Les théologiens me le pardonnent : même si bien des catholiques pensent autrement, le plus grand nombre d’entre eux et beaucoup de Français non catholiques « croient » que le mal est inné. Autrement dit, avant même que de naître, l’homme est voué au péché. Le baptême seul peut l’effacer et encore faut-il, de loin en loin, procéder à des opérations de rénovation qu’on appelle confessions.

De telles hérésies(1) de la pensée conduisent à ce que les sénateurs, dans leur majorité, viennent, pour la honte de la France, d’adopter : quiconque est réputé dangereux restera en prison au terme de sa peine ! On ne juge plus les faits. On juge les personnes. On condamne à la mort carcérale ceux qui pourraient nuire.

Ce concept du bon et de mauvais, inscrit définitivement, et depuis toujours, au fond du cœur de l’homme, élimine tout espoir de voir l’humanité être autre chose que ce qu’elle est : un repère de monstres ! Il n’y a plus, dès lors, qu’a éliminer du champ social ces violents de naissance dès qu’on les a repérés. Et, si possible, dès l’école maternelle, avant qu’ils aient commis leurs forfaits.

La France n’était pas et n’est toujours pas le pire des régimes politiques, mais elle est mal partie ! Elle a déjà cessé d’être une référence pour les Droits de l’homme. Sur ce fondement idéologique de l’innéité du mal, le retour de la peine de mort est à la merci de la première horreur sociale venue. On peut prélever l’ADN des faucheurs de champs OGM. On peut karchériser les voyous (éradiquer la saleté humaine là où elle croupit). On peut incarcérer, juger et condamner, avec autorité et superbe, des innocents, comme c’est arrivé à Outreau, sans que rien ne s’ensuive puisque le juge devient le prêtre qui dit, sans jamais errer, le bien et le mal. On peut aussi entraîner tout un peuple dans cette course contre le mal et pour l’épuration de la société. Cela a mené les USA à la guerre d’Irak après le traumatisme du 11 septembre, au triomphe des ultra conservateurs religieux. Et là…

Si l’instituteur, aux yeux du Président de la République, est moins qualifié que le curé pour dire le bien, ce n’est pas parce qu’il n’est pas respectable, c’est parce qu’il ne sait pas que tout est écrit et que l’on ne fait pas un honnête homme, ni même un homme intelligent de celui qui est programmé pour devenir un assassin ou un sot.

La France regimbe, les sondages fragilisent le pouvoir en place, mais, en moins d’un an, une œuvre de destruction considérable a été accomplie sur la base de ces principes qui veulent que la sécurité ne s’installe que par la force, car l’homme est ainsi fait qu’il est un loup à museler !

Attention : beaucoup approuvent cette conception pessimiste de l’être humain ou s’inclinent devant cette doxa : depuis la Shoah et le Goulag , on sait que l’équilibre social ne tient qu’à un fil, le fil de l’épée.

Depuis qu’un sociologue, Max Weber, a affirmé que l’État seul détenait le monopole de la violence légitime, on ne se pose plus de questions : qui a le pouvoir détient aussi le droit de faire violence à la vérité. Qui ne se dresse pas contre cette folie n’est plus un citoyen.

(1) Le Robert donne une définition non confessionnelle du mot et je l’adopte : « théorie, qui heurte les opinions considérées comme justes et raisonnables »

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