vendredi 25 février 2011

De très "petits Machiavel"...

Les plumitifs de la presse écrite et les beaux parleurs de la presse orale, du moins certains d'entre eux, cherchent à nous entrainer dans la grande peur d'un "remake" de 2002.


Au secours, Hugo, ils sont devenus fous

Il s'agirait, pour Sarkozy et ses conseils en stratégie électorale, de faire monter les voix de Marine Le Pen pour placer le candidat PS en troisième position et donc..., l'emporter, avec facilité,au second tour de l'élection présidentielle.

Bien entendu, un seul candidat PS nous éviterait cette catastrophe : DSK !

Calculs à la désespérée !

Les intérêts de Sarkozy et de DSK, en fait du capitalisme français, sont-ils, aujourd'hui, à ce point associés qu'on ne veuille envisager que deux hypothèses : celle où le sortant et DSK seraient inévitablement opposés et celle où la candidate FN se glisserait dans le trio de tête, de telle sorte qu'elle fasse élire inmanquablement son adversaire : DSK (auquel la droite du PS déjà se rallie, tel Manuel Valls), ou Sarkozy (qui n'est plus sûr, du reste, d'échapper à la troisième place !).

La réalité est pourtant plus subtile !
D'abord quels seront les effets conjugués de la crise économique et de la grande Révolution arabe sur les électorats européens, dont la France ! Ensuite, est-il absolument certain que les échecs cumulés de Sarkozy vont lui permettre de demeurer en fonction ou, à tout le moins, de faire acte de candidature, en 2012 ? Enfin, le surgissement d'une candidature écologique de poids, dans l'hypothèse de la candidature de Nicolas Hulot, ne peut-il modifier sensiblement les rapports de force à droite comme à gauche ?

Rien, dans le contexte véritablement historique auquel non seulement nous assistons mais dans lequel nous sommes impliqués, ne peut exclure un "coup de théatre" qui déstabilise complétement le jeu électoral, pourtant bien huilé et bien organisé, depuis des décennies, en France ! Toute chose égale par ailleurs, la démographie ne pèse pas sur les peuples uniquement là où des dictateurs ont régné (avec notre "aimable compréhension") ! Ce sont non seulement les potentats, mais leurs régimes, qui sont actuellement mis à mal. Or notre propre régime, depuis 1958, a pris un "coup de vieux" que nous sous estimons. La révolution politique, et pas seulement sociale, porte les espoirs d'une démocratie effective où les citoyens ne seraient plus les simples spectateurs ou approbateurs des politiques qui les concernent mais où ils en deviendraient les acteurs. À l'aune de cette mutation radicale, les calculs électoraux ne pèsent pas lourd.

On oublie aussi, me semble-t-il, que la Vème République a changé de nature. Le lien direct entre le peuple et le Président, cassé dès 1969, et qui a conduit De Gaulle à se retirer, n'a jamais été renoué solidement. Sinon ne se serait jamais produite aucune cohabitation. Nous avons vécu dans une illusion gaullienne mais ce n'était que l'ombre de De Gaulle qui planait sur nos institutions ! On n'en avait retenu que la domination absolue de l'exécutif sur le législatif, la présidentialisation de la politique de la France et la facilité de se maintenir au pouvoir quel que soient les désaveux électoraux. Pire, en faisant coïncider, à partir de 2002, la durée des mandats du Président et des députés, sur cinq ans, et en plaçant les présidentielles juste avant les législatives, on a brisé ce qui restait de la structure gaulliste du pouvoir : une majorité présidentielle et une majorité Parlementaire associées mais pas confondues. Or, il semble bien que nous soyons parvenus au terme de cette période ultra présidentielle obsolète où les représentants du peuple ne sont plus des "godillots" mais des fantômes !


Le grand Macchiavel conseillait au Prince de gouverner en jusant de la force et de la ruse...

Les petits Machiavel ont beau faire assaut d'hypothèses permettant de faire perdurer une situation intenable, il ne peut que se produire des événements qui changent la donne en France, déjà décalée par rapport aux pratiques institutionnelles européennes. Nicolas Sarkozy aura rendu à son pays la chance d'avoir déconsidéré la monarchie républicaine. Il faut passer à autre chose et ce n'est pas la simple alternance avec un personnage vieillissant et enfermé dans des logiques libérales qui peut redonner du dynamisme à notre pays.

Le PS, tel qu'il est actuellement, se condamne en ne produisant que des candidatures de remplaçants et pas des candidatures de renouveau. Si, pour éviter un nouveau drame, il fallait que la gauche de gauche, quel qu'en soit le Front, et les écologistes, se rallient à une candidature du type Aubry ou Hollande (les seules sans contradiction !) et ce, dès le premier tour, nous ne pourrions que déplorer un moindre mal, et donc un nouvel échec doublé d'une nouvelle insupportable attente. Et pourtant, au bilboquet français de la politique, le choix de politiques alternatives est limité, si l'on demeure dans le cadre des possibilités électorales du moment, et seuls des événements nouveaux pourraient modifier ce que les sondages révèlent : une fluidité rendue inévitable faute de véritable nouveauté.

Je ne peux, à ce jour et à cette date, considérer qu'il faille, d'ores et déjà, faire un pré-choix, mais je pense qu'il faut exclure de voter pour une simple alternance qui déplacerait le champ politique sans y rien changer. Dans les mois qui vont venir, les petits calculs des petits esprits vont se révéler dépassés par ce que le monde nous donne à voir ! Les alliances étant impossibles dans un système dominé par les partis, (même si, abstraitement, le Front de gauche et le NPA, ensemble, approcheraient les 15%,!), il m'apparait que le seul vote tactique crédible soit, pour le moment, à rechercher du côté de l'écologie, mais à la condition que les mêmes erreurs ne soient pas renouvelées, la première d'entre elles étant d'annoncer un ralliement automatique au PS ?


La politique défigurée par ses composantes antagonistes.


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