mercredi 12 septembre 2012

Vivre en couple

Tout un buzz entoure la proposition de loi tendant à permettre le mariage de personnes de même sexe.

On n'ose aborder la question de fond qui est : qu'est-ce que le mariage ?


Il est un mariage religieux et un mariage civil. En voici deux qui ne signifient pas la même chose. Le premier affirme le caractère sacré de l'union, fondatrice de la famille et perpétuatrice de l'espèce humaine ; le second reconnaît l'existence sociale d'un couple et assure l'avenir de la transmission du patrimoine aux enfants.

Christine Taubira n'est pour rien dans ce débat de société qui transcende ce qu'un ministre de la Justice peut annoncer à un moment donné de l'histoire de son pays. Ce qui se dira au Parlement, et qui ne manquera pas d'intérêt, ne pourra que servir à établir un compromis entre ce que la majorité d'un peuple peut entendre et l'évolution inéluctable des mœurs.

Au début du siècle passé on décapitait encore, en France, des avorteuses. Dans nombre de pays, l'homosexualité est encore un crime puni de mort.

Il y a, en effet, à maintenir et à transformer, au fur et à mesure que le temps passe, dans nos pratiques de vie, y compris les plus intimes. Il n'est ni vrai, ni d'ailleurs possible, qu'un droit, un dogme, une morale fixent à jamais des comportements. À l'inverse, il n'est aucun "progrès" qui conduise à des attitudes indifférenciées, au gré des goûts et des désirs de groupes humains s'étant affranchi des normes en vigueur.

La norme et le normé ont laissé accroire que, dans tout ce qui concerne le sexe, le "normal" s'impose à tous. La norme est fixée par la loi ; le normé est celui qui ne peut qu'obéir à la loi ; le normal est le comportement rassurant de celui qui a la conviction de vivre comme tout le monde.

La vie est plus complexe. On a déjà dû admettre que deux personnes de même sexe se pacsent, c'est à dire puissent vivre en couple sans déclencher la vindicte publique. Une autorité locale en peut être le témoin officiel et cette nouvelle forme de partage du quotidien est, comme on dit, passé dans les mœurs. Les couples ainsi constitués sont à l'abri de la solitude administrative et pécuniaire au moment du décès de l'un d'eux. Si des enfants vivent auprès de ces couples leur sécurité affective et matérielle n'est pas assurée.

Le moment est peut-être venu de réfléchir à ce qu'est vivre en couple. Le couple ne résulte pas du mariage ; en général il le précède. Il peut même y avoir couple sans mariage. L'absence de mariage ne contraint pas les couples à se pacser ! La constitution d'un couple ne dépend pas de l'attirance sexuelle, de la nature de cette attirance voire même de son existence. Vivre ensemble est une chance et une aide mutuelle que rien n'interdit. Le sens donné à ce rapprochement dont tout le voisinage est témoin revient au couple lui-même.

Le mariage n'est pas nécessaire. Le mariage, s'il est décidé, est une fête sociale dont le couple est le centre et le prétexte. Le mariage reste, en ce début de siècle, la reconnaissance publique d'une union qui peut n'être pas, comme c'est le plus souvent, une union hétérosexuelle. 

Ce qui a changé, depuis plusieurs décennies, ce n'est pas l'apparition de l'homosexualité qui a toujours été présente dans l'histoire humaine, c'est son acceptation comme une réalité qui n'est plus considérée comme une perversion. Le reconnaître ne conduira pas l'espèce humaine vers l'homosexualité généralisée ! Mariage ou pas (ce qui dépend de la volonté du couple concerné), ce qui importe c'est qu'un couple ait droit de cité.


Le contrat (de mariage, ou de type Pacs) a besoin d'être simplifié et précisé. Tout mariage est un pacs puisque, selon son nom même, c'est un pacte civil de solidarité. Le mariage civil apporte, en plus, une dimension familiale dont des enfants issus du mariage ou adoptés pourront bénéficier.

Vivre en couple, c'est organiser une solidarité qui peut s'étendre à d'autres personnes à commencer par les enfants. Les nombreux parents célibataires ne peuvent, nouveau compagnon ou compagne ou pas, que souhaiter la protection la meilleure pour leur enfants. La société doit répondre à cet espoir légitime.

Le temps n'est plus où les couples étaient stables (nécessité économique obligeant) et de courte durée (la durée de vie étant bien plus brève). Le mariage traditionnel correspondait à cette situation sociologique. La distinction laïque entre le civil et le religieux, qui ne faisait pas obstacle aux convictions religieuses, reposait sur l'existence d'unions officialisées le plus souvent. Le vilain mot de concubinage ("état d'un homme et d'une femme qui vivent en communauté, dans la même résidence, comme mari et femme, sans être mariés ensemble" dit le dictionnaire), avant d'être banalisé, a été fort péjoratif. "L'union libre" n'avait guère meilleure presse. Cette stigmatisation des couples irréguliers est en train de cesser car cela conduirait à mettre au ban trop de familles. Irons-nous au bout de cette constatation ?

Vivre en couple est un droit. La protection des enfants qui vivent avec ce couple est indispensable et à la société et à chacun des couples-mêmes attachés à ces enfants. Cette double exigence commande la recherche de formules qui sortent les débats de leur caractère intransigeant et néo-normatif. La souplesse, qui n'est pas le laxisme, suppose que rien ne fasse obstacle aux choix de vie des humains dès lors qu'ils ne font violence à personne.


Vivre en couple peut se penser avec ou sans mariage, avec ou sans pacs, mais pas avec ou sans responsabilité vis à vis de ceux qui viennent au monde, non par hasard et pas n'importe où, et qui ne peuvent être sans famille quelle que soit la composition de celle-ci.

En fait, la mariage homosexuel est un faux problème. C'est du mariage qu'il faut revoir le contenu en veillant à ce que toute domination sexuelle ou patrimoniale soit bannie. C'est la possibilité de faire un autre choix de couple que le mariage qu'il faut admettre, ce qui revient à améliorer le contenu de la loi relative au Pacs. C'est l'introduction de la meilleure place possible pour l'enfant dans le mariage hétéro ou homosexuel, comme dans le Pacs hétéro ou homosexuel qui doit être examinée, avant même de se soucier du sort des adultes. Enfin doit être envisagé la possibilité, pour un couple, non marié et non pacsé, d'entrer dans un contrat social nouveau, allant au-delà de la parole que se donnent les amants, dès qu'apparaît un nouvel humain dont l'avenir est immédiatement en cause quels que soient ses parents.

On n'en a pas fini avec l'examen de toutes les conséquence sociales de la vie en couple. La liberté, dont nos civilisations se réclament, ne conduit pas vers l'irresponsabilité ceux, celles, ceux et celles qui font, à un moment donné de leur existence, le choix très personnel de vivre en couple.


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