mardi 29 mars 2011

Une laïcité qui va à l'encontre de la laïcité !



La laïcité n'est ni un respect des religions, ni un confinement du domaine religieux dans la sphère privée. La laïcité est bien plus : le respect de la liberté de penser, toutes religions, athéisme et agnosticisme inclus. La laïcité, c'est le refus de l'État, de tous les pouvoirs de l'État, d'influencer les choix fondamentaux des citoyens. C'est l'acceptation, sans exception, que toute personne puisse occuper une place et un emploi dans la cité, sans considération pour ses affirmations politiques, philosophiques et religieuses, dès lors qu'elle ne se livre à aucun prosélytisme.

Car le prosélytisme, voilà l'ennemi ! C'est le contraire du débat d'idées. C'est la recherche d'une influence psychologique, intellectuelle, idéologique, exercée à partir des positions sociales qu'on occupe dans la société. Toutes les opinions ne se valent pas même si elles sont sincères ; ce sont les personnes porteuses de ces idées qui, elles, se valent et méritent respect, y compris quand on les désapprouve !

La laïcité est un anticléricalisme, mais nullement une irréligion ou une anti-religion. C'est le rejet de la domination directe, ou occulte, d'une église ou d'autres clercs. C'est un espace de liberté ouvert à quiconque veut changer de religion, y renoncer ou, au contraire, en devenir membre.



La laïcité a une histoire qui la lie au catholicisme plus qu'au protestantisme ou à d'autres religions, car c'est l'Église catholique qui a fait peser tout le poids de son cléricalisme sur la vie politique, et plus encore en Italie ou en Espagne, mais cette époque est révolue.

La laïcité doit tenir compte que la seconde religion des Français est à présent l'Islam, ce que, voici un siècle, nous n'imaginions même pas possible. L'acceptation par l'Église catholique, puis sa reconnaissance, après de nombreuses décennies, de la valeur de la laïcité, a changé la République. Une même évolution est en cours parmi les musulmans. Elle ne prendra pas autant de temps pour aboutir, en dépit des résistances intégristes qui persistent en mainte mosquée.

Le débat sur la laïcité qu'envisage de lancer le parti sarkoziste est pervers. Il ne pose pas la question de la liberté de pensée mais, en réalité, en dépit de plusieurs déclarations rassurantes, la question de la compatibilité de l'Islam avec l'identité française. Il relaie la propagande du Front National qui n'hésite pas à contester le droit à la prière publique de ces musulmans qui n'ont pas de lieux de culte ! C'est un débat qui a des visées souterraines : associer la France a sa culture chrétienne, d'abord, en se contentant de tolérer les apports nouveaux sans les considérer comme constituants de l'identité française.


La laïcité exclut cette conception-là de la laïcité dite "positive" mais qui, de fait, replie la France sur son passé judéo-chrétien. Les porte-parole des six religions présentes en France, disent, actuellement, tout autre chose, dans la tribune qu'ils co-signent et ci-dessous publiée ! Et c'est un événement... Il ne manque à ce texte qu'une seule chose : les citoyens a-religieux ou athées ont, eux aussi, leur place pleine et entière au sein de la République.


Les six religions s'opposent ensemble au débat sur la laïcité tel que le lance l'UMP

LA TRIBUNE DANS SON INTÉGRALITÉ :


La Conférence des Responsables de Culte en France a été créée le 23 novembre dernier et elle regroupe six instances responsables du Bouddhisme, des Églises chrétiennes (Catholique, Orthodoxe, Protestante), de l’Islam et du Judaïsme. Cette initiative est justifiée par la volonté d’approfondir notre connaissance mutuelle, par le sentiment de contribuer ensemble à la cohésion de notre société dans le respect des autres courants de pensée, et par la reconnaissance de la laïcité comme faisant partie du bien commun de notre société.

La laïcité est un des piliers de notre pacte républicain, un des supports de notre démocratie, un des fondements de notre vouloir vivre ensemble. Veillons à ne pas dilapider ce précieux acquis. Il nous parait capital, pendant cette période pré-électorale, de bien garder sereinement le cap en évitant amalgames et risques de stigmatisation.

Nous signons ensemble cette tribune sans aucun esprit polémique ou partisan. Une parole commune nous semble néanmoins nécessaire. Notre cohésion au sein de la Conférence que nous avons fondée, est significative dans notre société française. Elle a été rendue possible grâce notamment au climat de coopération instauré entre les religions, que la "laïcité à la française" et ses évolutions depuis plus d'un siècle ont permis.

Mais cette cohésion ne signifie pas pour autant uniformité ! Elle ne nous engage nullement en faveur d'un quelconque amalgame syncrétiste ou d’un nivellement de nos positions individuelles et celles des cultes que nous représentons. Nous travaillons ensemble dans la confiance, en intégrant nos histoires et identités respectives. Nous continuons à avoir des approches différenciées sur telle ou telle question, sans pour autant faire de nos différences des facteurs d'opposition. Nous sommes déterminés à réfléchir et à œuvrer ensemble sur la durée, en relation avec les autorités et les forces vives de notre pays, afin que le facteur religieux y soit un élément de paix et de progrès.

L'accélération des agendas politiques risque, à la veille de rendez-vous électoraux importants pour l’avenir de notre pays, de brouiller cette perspective et de susciter des confusions qui ne peuvent qu'être préjudiciables. Nous en sommes conscients. Cela ne doit pas nous dissuader pour autant de rappeler l'essentiel quand il le faut. Nous restons très attentifs aux évolutions profondes de notre société, notamment celles qui concernent les religions, dans le respect du cadre de la République. Ces évolutions appellent parfois des adaptations voire des améliorations du cadre juridique et règlementaire de l’expression et de la vie des cultes en France. Nous ne manquerons pas d’être une force positive de propositions dans ce sens.

Faut-il dans le contexte actuel un débat sur la laïcité ? Le débat est toujours signe de santé et de vitalité. Le dialogue est toujours une nécessité. Il a un rôle majeur dans une société libre, démocratique et respectueuse de la personne humaine. Mais un parti politique, fût-il majoritaire, est-il la bonne instance pour le conduire seul ? Ce ne sont ni les débats, ni les travaux qui manquent dans ce domaine ! La Loi 1905 est déjà plus que centenaire. Elle a permis d’apporter depuis lors des solutions à des questions nées de nouvelles situations et des évolutions de notre société dans un monde de plus en plus rapide. Tous les cultes adhèrent sans réserve à ses principes fondamentaux tels qu’ils s’expriment en particulier dans ses deux premiers articles. Mais les modalités d’application de ces principes restent toujours perfectibles. Faut-il recenser tous les colloques et autres séminaires qui ont abordé en long et en large la question de la laïcité et de ses applications dans notre pays depuis des années? Faut-il rappeler, dans la période récente, les travaux étendus et exhaustifs de la Commission présidée par le Professeur Jean Pierre MACHELON qui ont donné lieu à un rapport sur les « relations des cultes avec les pouvoirs publics » remis au ministre de l’intérieur le 20 septembre 2006 ? Ce rapport avait abordé d’une manière approfondie les différents aspects liés à l’exercice du culte en France dont celui du « support institutionnel » de son exercice dans notre pays. Faut-il rappeler de même les travaux du « Groupe juridique inter-cultes » qui travaille depuis 2007, dans le prolongement des recommandations du Groupe MACHELON, au sein du Ministère de l’intérieur, et où siègent des représentants des principaux cultes ? Ce groupe a bien fonctionné et a permis la publication de plusieurs circulaires dont la dernière, du 23 juin 2010, conjointe aux Ministères de l’intérieur et des finances, aborde d’une manière détaillée à l’attention des préfets, des directeurs départementaux des finances publiques et des trésoriers payeurs généraux, les différents aspects liés au « support institutionnel de l’exercice du culte en France » ? Faut-il rappeler aussi la production intellectuelle abondante d’articles et d’écrits divers, ainsi que les nombreux ouvrages qui paraissent sur l’histoire, les fondements, la pratique et les perspectives de la laïcité en France ? La liste en sera longue. Elle illustre parfaitement toute la richesse et la profondeur de notre expérience française de la laïcité. Nous y reviendrons lors de la rencontre publique que nous comptons organiser en octobre prochain.

Secouée par des crises à répétition, politique, économique, financière et morale, la période actuelle manque de lisibilité mais sans doute pas d’espérance ! Le devoir de ceux qui sont « en responsabilité » consiste à éclairer le chemin et à élaborer des solutions conformes au bien de tous. N'ajoutons pas de la confusion dans la période trouble que nous traversons. Nous militons ensemble pour une laïcité de bonne intelligence.

La laïcité n’est pas séparable des valeurs fondamentales que nous partageons, en particulier de la dignité et du respect de la personne humaine et de sa liberté inaliénable. Ces valeurs qui ne peuvent s’épanouir que dans la confiance mutuelle source de paix pour notre société.»



SIGNATAIRES :

Cardinal André VINGT-TROIS, président de la Conférence des Évêques de France
Avec Mgr Laurent ULRICH, vice-président de la Conférence des Évêques de France
Pasteur Claude BATY, président de la Fédération protestante de France
Avec le pasteur Laurent SCHLUMBERGER, membre du Conseil de la Fédération protestante de France, président du Conseil national de l’Église réformée de France
Métropolite EMMANUEL, président de l’Assemblée des Évêques orthodoxes de France
Avec le Métropolite Joseph, secrétaire de l’Assemblée des Evêques orthodoxes de France
Et Mr. Carol SABA, porte-parole de l’Assemblée des Évêques orthodoxes de France
Grand Rabbin Gilles BERNHEIM, Grand Rabbin de France
Avec le rabbin Moshé LEWIN, porte-parole du Grand Rabbin de France
M. Mohammed MOUSSAOUI, président du Conseil français du culte musulman
Avec M. Anouar KBIBECH, secrétaire général du Conseil français du culte musulman
Révérend Olivier WANG-GENH, président de l’Union bouddhiste de France


http://www.leparisien.fr/societe/laicite-les-six-religions-s-opposent-ensemble-au-debat-29-03-2011-1383927.php



vendredi 25 mars 2011

Mais qu'est-ce donc que l'antisémitisme ?

Loin de moi la pensée que je puisse fournir une nouvelle définition du mot ! Ce qui m'intéresse, à la suite du débat qui a opposé, hier soir, 24 mars, Alain Finkielkraut et, principalement, Alain Badiou, sur FR3, dans le cadre de l'émission de Dominique Taddéi Ce soir ou jamais, c'est l'utilisation politique de ce vocable.
http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/?page=emission&id_rubrique=1355



Alain Badiou et Éric Hazan, (ce dernier directeur des éditions La Fabrique), viennent de sortir un petit livre L'antisémitisme partout, Aujourd'hui en France. Ils y dénoncent une traque de l'antisémitisme qui va jusqu'à s'en prendre aux "mauvais Juifs" coupables de contester la politique israélienne.
http://www.lafabrique.fr/catalogue.php?idArt=556

Alain Finkielkraut est philosophe, professeur à l’école polytechnique, producteur et animateur de l’émission « Répliques » sur France Culture. Sa dernière contribution sur l'antisémitisme se trouve dans le livre : J Call, un appel à la raison des juifs européens, qui vient de paraître chez Liana Lévi (plusieurs intellectuels juifs y demandent que le gouvernement israélien négocie avec les Palestiniens, dans le but de promouvoir une solution acceptable par les deux parties, seule garantie d’un accord durable).
http://www.jcall.eu/?lang=fr

Deux thèses irréductibles s'affrontaient, hier soir :
• Israël est le seul refuge géographique et historique des Juifs; c'est un petit État, fragile, menacé, qui ne peut que lutter pour sa survie. Le soutenir est une obligation absolue pour qui ne veut pas la disparition d'un peuple, d'une culture, d'une tradition religieuse qui ont contribué à faire le monde occidental.
• Israël est un État comme les autres dont la politique peut être critiquée, ce qui ne fait pas de ceux qui s'opposent à son action, notamment à l'encontre des Palestiniens, des antisémites !

La position d'Alain Finkielkraut, habile débatteur, est intenable. Pour lui, la montée de l'antisémitisme en France serait directement liée à la la présence d'opposants à Israël, dans les milieux de la jeunesse d'origine arabe, agressant les Juifs, enfants ou professeurs, qui affirment leur judéité.

La position d'Alain Badiou est inverse. Elle consiste à dire que les jeunes des milieux populaires, où se comptent de nombreux Français, fils et petits fils d'immigrés, sont à l'abandon et rejettent, certes parfois avec maladresse, les agresseurs des Palestiniens, notamment ceux de Gaza, dont ils se sentent solidaires.

Savant dialogue de sourds ?

Voilà qui me conduit à affirmer, avec le peu de courage dont je suis capable, ce que je reproche non aux Juifs dans leur ensemble, mais à un grand nombre d'entre eux qui, selon moi, salissent l'apport fondamental de leur peuple à l'histoire humaine.



Il est quelques repères dont je ne puis me passer :
N'est pas antisémite celui qui affirme que les Arabes sont des Sémites.
N'est pas antisémite celui qui rappelle que Jésus était un Juif.
N'est pas antisémite celui qui note que Marx aussi était un Juif.
N'est pas antisémite celui qui souligne que la Shoah n'excuse pas les fautes actuelles d'Israël.
N'est pas antisémite celui qui soutient le Juif Stéphane Hessel apportant son soutien à Gaza.
N'est pas antisémite celui qui déplore la haine anti-arabe qu'expriment des citoyens israéliens.
N'est pas antisémite celui qui condamne l'élévation d'un mur qui ne protège pas les Israéliens.
N'est pas antisémite celui qui pense qu'Israël se met en danger en s'isolant diplomatiquement.
N'est pas antisémite celui qui dénonce une politique de colonisation sans avenir.
N'est pas antisémite celui qui souffre de voir la misère sans fin des Palestiniens.
N'est pas antisémite celui qui s'angoisse à l'idée qu'Israël détienne le feu atomique.

On pourrait allonger encore, hélas, cette liste, et les erreurs, voire les crimes commis par des Arabes, ne justifient pas une politique qui ne sert pas les intérêts à court, moyen et long terme, ni des Juifs dans leur ensemble, ni d'Israël, en particulier.

L'antisémitisme, c'est ce qui nuit aux Juifs. Mais là il y a débat. C'est un débat dont il faut évacuer toute attitude raciste (ce serait parce que juifs - ou arabes- que les comportements des peuples intéressés seraient ce qu'ils sont !). Non ! C'est un débat politique et philosophique : la Shoah concerne d'abord les Juifs, mais pas qu'eux. Ce crime d'État sans égal a blessé l'humanité dans son entier. Toutefois, il y a deux différences : les descendants des victimes des camps d'extermination peuvent légitimement se sentir plus atteints que les non-Juifs dans leur être même ; ces mêmes descendants ont une connaissance de l'horreur qui rend incompréhensible et terrifiant, pour nous tous les hommes, qu'on puisse sombrer dans des politiques appuyées sur la violence la plus sophistiquée.


Hannah Arendt

Les crispations idéologiques, identitaires et droitières, auxquelles les penseurs juifs les plus célèbres ne nous avaient pas préparés, (des philosophes de l'école de Francfort, à Hannah Arendt en passant par la Française Simone Weil) lèsent un apport dont nous avons encore besoin.

lcoledefrancfort.jpg

mercredi 23 mars 2011

Contre la "discipline républicaine"

La discipline républicaine n'a de républicain que le qualificatif ! Elle impose aux petites formations de se rallier aux grosses par intérêt électoral. Plus, elle fait passer le candidat arrivé en tête au rang de candidat à privilégier absolument, au second... Dans les scrutins à deux tours, circonscription par circonscription, elle vassalise les candidats arrivés avec ne fut-ce qu'une voix de retard. Elle culpabilise ceux qui, s'ils peuvent se maintenir, -avec un seuil de 12,5% des inscrits, il y en a peu, dans les élections cantonales !-, qui, par leur présence, pourraient faire perdre leurs alliés. En clair, le plus souvent, il est exigé que les non socialistes s'alignent sur les socialistes. Ces "partenaires" auront de rares strapontins dont le nombre ne sera, de toute façon, jamais proportionnel à l'influence électorale réelle de la formation sacrifiée.

Impossible, dans les scrutins uninominaux à deux tours, (et les élections cantonales de 2011 en sont un bon exemple !), de faire émerger des élus qui ne soient pas des notables connus ou des représentants des partis dominants (UMP et PS, pour l'essentiel !).

S'agissant des candidats dits "de gauche" l'obligation de l'union est quasi religieuse et ceux qui, dans le passé, affirmaient que l'union est un combat, ont perdu ce combat.

L'Union de la gauche est un terme qui fut utilisé pour désigner en premier lieu une alliance électorale conclue entre le Parti socialiste (PS), le Mouvement des radicaux de gauche (MRG) et le Parti communiste français (PCF), de 1972 à 1977, sur la base du Programme commun de gouvernement.

Le terme d'Union de la Gauche fut réemployé, plus récemment, lors des Élections régionales françaises de 2010 pour désigner les listes constituées par le PS, Europe Écologie et le Front de Gauche pour le second tour afin de faire face aux listes de la Majorité présidentielle.

La majorité plurielle est le nom de l'alliance de partis de la gauche française de 1997 à 2002. Cette alliance correspond au gouvernement de Lionel Jospin. Cette alliance politique a souvent été désignée du vocable de "Gauche plurielle", les Verts étant couramment classés à gauche bien que se considérant eux-mêmes comme un courant de pensée nouveau différent de la droite et de la gauche. La gauche plurielle, avec François Hollande, était devenue "la gauche durable", (sous entendu la gauche qui s'étant élargie aux écologistes atteint un seuil permettant de se maintenir longtemps aux affaires).



On voudrait, à présent, pour 2012, nous refaire le coup de la gauche unie, de la gauche plurielle ou de la gauche durable ! Passe encore pour le parti communiste qui n'a plus d'ambition autre que celle de sauver quelques sièges, mais toute formation qui forme l'espoir de s'élever au niveau du PS ne peut s'enfermer dans cette dynamique ! La gauche unie a permis au PS de dévorer l'électorat PC et de marginaliser l'électorat radical. La gauche plurielle a permis de tenir en laisse les écologistes trop ambitieux... La gauche durable serait celle, réussie, dont avait rêvé Lionel Jospin en installant les élections législatives dans le suite de l'élection présidentielle.

Le Front de gauche, récemment apparu, est travaillé par des ambitions contradictoires ! Son élément communiste cherche toujours à bénéficier de l'élan socialiste en attendant des jours meilleurs ; son élément "parti de gauche", plus impatient, compte récupérer les électeurs que le PS déçoit. Objectivement, la "discipline républicaine" sied au PCF mais n'est qu'une nécessité temporaire et regrettable pour le PG.

Quant aux écologistes, c'est au sein de leur nouvelle famille, Europe-Écologie les Verts, au sigle aussi bizarre que peu attractif (EELV), que git la contradiction : l'alliance avec le PS est recherchée non pas pour maintenir mais gagner de nouveaux sièges (ce qui agace les communistes) mais avec l'espérance, entretenue par certains scrutins régionaux ou européens, de rejoindre, voire dépasser, les scores socialistes... Les scrutins uninominaux leur sont, pour cela, défavorables, tandis que les scrutins proportionnels les propulsent vers des succès qui ne sont pas... durables !



Dans la 5ème République, il est hors de question de faire représenter les divers courants politiques selon leur poids dans l'opinion. La bipolarisation est un argument efficace pour obtenir le respect de la "discipline républicaine", celle qui tue les petites formations avant qu'elles ne s'épanouissent ! Les candidats du Front national, qui ont pu peser presque autant que l'UMP, en mars 2011, n'obtiendront aucun élu, ou très peu ! Au lieu de leur interdire l'accès à la représentation, par interdiction pure et simple, on les laisse s'enferrer dans des campagnes ne débouchant sur rien d'autre que l'affirmation de thèses reprises par une partie de l'UMP afin de récupérer leurs voix !

Cette pratique est injuste et dangereuse. Le piège dans lequel les sarkozistes viennent de tomber le révèle ! Le "siphonnage" des voix lepénistes ne marche plus. Le vote nationaliste, sécuritaire et subtilement xénophobe, est retourné vers le FN. Il correspond à une tendance actuellement croissante en Europe. À vouloir conserver la légitimité républicaine du FN, pour mieux récupérer ses électeurs au second tour, on risque d'encourager non une formation mais une politique à laquelle les Français déçus, désenchantés, voire désespérés, peuvent se rallier par provocation puis par habitude !

La "discipline républicaine" (tous unis face à l'extrême droite) n'est plus acceptée. Ni, à droite, par les électeurs chauffés à blanc par une UMP qui a basculé dans une nouvelle idéologie du type "travail, famille, patrie"; ni à gauche, où les électeurs des organisations qui ne se résignent pas au leadership du PS (PG, EELV, NPA), ne sont plus obéissants aux consignes des appareils.



Le fond de la situation que cette analyse révèle, c'est que "le big one" politique qui peut surgir avant, pendant, ou après l'élection présidentielle de 2012, peut entrainer la fin de la bipolarisation, donc la fin de la Vème République elle-même. Ce dont, pour ce qui me concerne, je ne saurais me plaindre.

Il est temps, en effet, que la République cesse d'être un agencement partisan et redevienne ce qu'elle fut, dès l'origine, et le reste : la res publica, la chose publique, l'intérêt général, le service public, la fin des privilèges, la disparition de la monarchie ou de l'oligarchie. Les événements, parfois cruels, qui, se passent en ce monde, actuellement, en indiquent la nécessité, l'urgence et la possibilité. À chacun de nous le même message est adressé : que la vieille politique "dégage"...


mardi 22 mars 2011

Nous voici entrés dans une histoire nouvelle.



Nous allons sortir du nucléaire.
Nous allons sortir des dictatures.
Nous allons sortir de l'oligarchie.

Est-ce que je rêve ?
Oui, je rêve, mais je sais que ce sont les rêves qui changent l'histoire.
Pas le réalisme.

Et là, le rêve ne peut que tourner en réalité.
Avec bien des souffrances, mais inéluctablement.



Le nucléaire, c'est la mort en cages qu'on veut apprivoiser.
Mais il y a toujours une cage qui se brise.

Les dictatures, c'est l'humanité en cages qu'on veut asservir.
Mais vient toujours l'événement auquel aucune cage ne résiste.

L'oligarchie, c'est la démocratie en cage qu'on étouffe.
Mais surgit toujours la volonté populaire qui est le vrai pouvoir.

Au Japon qui fut le premier à subir la Bombe nucléaire,
six réacteurs vont, de nouveau, lâcher leur poison invisible,
peut-être pendant des siècles,
condamnant, alors, tout un territoire terrestre.

Au Maghreb, et dans le Machrek, une lente révolution s'installe.
Elle chasse, un par un, des monarques séniles.
Elle redonne sa place historique au monde arabe.
Elle interpelle un occident qui se nie lui-même.

En France, notamment, le peuple s'ébroue.
Il découvre l'imposture dont il souffre.
Il cherche à briser la chape qu'on a coulée sur lui.
Il rejette les fausses solutions avant d'avoir découvert la bonne...

La mondialisation de la politique s'oppose à celle de l'économie.
Le nucléaire sans retour, qui gangrène le monde entier, va être contesté.
Les dictatures encouragées par l'occident vont toutes chuter.
L'oligarchie des riches et des élites camouflée en démocratie va reculer.


mardi 15 mars 2011

L'indécence dans l'indécence



Déclarer indécente la réouverture du débat sur le nucléaire est... indécent ! Qu'on ne puisse, en France, -car on ne se retient pas dans le reste du monde- aborder, en plein drame, une question qui intéresse le monde entier, sans être taxé de récupération politicienne est indigne, indécent !

Et qui traite les écologistes d'indécents ? Xavier Bertrand dont la délicatesse est bien connue ! Claude Allègre dont la tendresse à l'égard de l'écologie est évidente ! Et, à présent, Ségolène Royal, dont la sagesse politique nous est apparue si souvent...

L'indécence est dans cette façon de parler de l'indécence... des autres !

Ce qui est indécent, c'est de ne pas accepter ce que l'événement, dans son immense brutalité, nous impose et nous enseigne de force : l'industrie nucléaire est à la merci d'une autre énergie, l'énergie des séismes ou/et des inondations, avec ou sans tsunami. Il peut, pendant des décennies, ne rien se produire, dans et autour des centrales nucléaires, puis... un jour !

Aux USA, en URSS, au Japon, une catastrophe majeure a été évitée, de très peu (Three Miles Island), ou n'a pu l'être (Tchernobyl) et maintenant bouleverse, pour longtemps, la seconde ou troisième puissance industrielle au monde (à Fukushima). Et il faudrait se taire, par respect pour les malheureuses victimes, parce que le tsunami a tué plus que l'explosion des centrales, parce que la France n'a pas d'autre choix énergétique qui assure son indépendance, parce que le charbon a été bien plus meurtrier que l'atome, parce que nous afaiblissons une industrie qui concourt à notre croissance, parce que la France est une puissance nucléaire dont l'autorité repose sur sa capacité civile et militaire... Que sais-je ? Où est l'indécence ?

Sont-ils indécents les Autrichiens, les Allemands, les Suisses prêts à renoncer au nucléaire, prêts à exiger que la France cesse d'imposer ses menaces à l'Europe entière ?

N'est-il pas indécent d'avoir proposé à Khadafi d'acheter notre technologie nucléaire ?



N'est-il pas indécent de vendre à la Chine, à l'Inde, les pays les plus peuplés de la planète, inondables, non à l'abri de séismes, des centrales nucléaires qui ne peuvent satisfaire d'immenses besoins en énergie mais qui peuvent être à l'origine de risques pour les populations.

Est-il décent, même si nous étions à l'abri, en France, de faire commerce avec des pays fragiles pour exporter nos savoir faire ?

L'évidence est que la fausse transparence dont on se vente est devenue une indécence parce qu'on ment, parce qu'on ne veut rien remettre en question, parce que l'on agresse ceux qui n'ont pas attendu mars 2011 pour contester la pérennité de l'industrie nucléaire au XXIe siècle.

L'indécence, c'est qu'il n'y a jamais assez de malheurs accumulés pour que les profiteurs se montrent discrets. AREVA, EDF et les partis politiques français, de l'UMP au parti communiste ne broncheront pas de leurs certitudes. Là est l'indécence.


lundi 14 mars 2011

Transparence ! Vous avez dit transparence !

Rien n'autorise à suspecter les bonnes intentions de ceux qui en appellent à la transparence. Toutefois, sous le mot, se cachent des sens qui ne convergent pas ! Pour les uns, la transparence signifie le partage total de la seule l'information ; pour les autres, il s'agit du partage de tous les éléments de la décision.

On peut ouvrir les dossiers sans laisser les citoyens y introduire des modifications pesant sur l'objectif à atteindre. On peut, au contraire, associer les citoyens à la compréhension mais aussi à la détermination des choix à opérer.



La transparence est souvent un alibi. On croit être transparent parce qu'on rend compte. Tout se passe comme si on laissait les passants voir à l'intérieur d'une maison, en ouvrant les volets, mais sans leur permettre de franchir la porte. La transparence des vitres, incassables, fait du citoyen un spectateur ou un voyeur, pas un acteur.

La démocratie a besoin d'une transparence d'une toute autre limpidité. Quand il devient nécessaire de recourir à des sites d'informations tel Wikileaks pour savoir ce que disent, pensent et font les dirigeants de nos pays, il est évident qu'il y a tromperie sur la réalité qu'on nous montre. Constater qu'il y a un grand écart entre ce qui est présenté dans les médias "légitimes" et ce que nous dévoilent les "voleurs" d'information fait chuter la confiance !

Qu'il soit nécessaire de faire état de sa volonté de transparence produit l'effet inverse de celui qui est recherché. Y a-t-il donc quelque chose à dissimuler ? La transparence n'est qu'apparence. Elle n'a pas de contenu. Elle ne laisse voir que ce qu'on veut laisser voir.



Un des moyens de se montrer transparent en restant maître de la décision consiste à proférer des vérités partielles qu'on présente comme complètes. L'art oratoire pervers d'un acteur politique repose sur un talent qui, mieux que le mensonge, permet de donner à croire qu'on se livre à des confidences. Bref, la transparence ainsi pratiquée tue la concurrence : on séduit pour empêcher un rival de proposer une alternative.

La transparence des partisans de l'énergie nucléaire est d'une habileté redoutable mais, bien entendu, leur dossier n'est qu'entr'ouvert et les portes des centrales, elles, sont closes pour les contestataires.

La transparence des comptes des entreprises, des associations et même des collectivités publiques, est relative. La complexité des chiffres, pourtant affichés et lisibles par quiconque, rend incontrôlable les activités et les choix effectués.

La transparence des jugements des magistrats laisse souvent pantois les bénéficiaires autant que les victimes des décisions de justice. Un langage abscons, l'obligation de confier sa défense à un spécialiste du droit, enlève au plaideur le pouvoir de s'exprimer librement. C'est "en toute clarté", dans la lumière des tribunaux qu'on cherche une vérité, nue sous ses voiles transparents, mais inaccessible.



Décidément, je renâcle quand j'entends prononcer ce mot, transparence, où, comme dans l'eau la plus pure, on peut se retrouver noyé.

Archives du blog

Résistances et romanitude

Résistances et Changements

Recherche Google : rrom OR tsigane